Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Le logiciel SPIP, logiciel libre destiné à la création de sites web, c’est le sujet principal de l’émission du jour, l’occasion de découvrir ou d’en savoir plus sur ce logiciel libre qui permet de créer des sites web et qui est également, dès l’origine, un projet politique marqué. Avec également au programme la chronique de Jean-Christophe Becquet qui va nous parler d’un guide pédagogique pour découvrir son territoire grâce au goût, et également la chronique de Typhaine Bonnet sur le droit à la décompilation des logiciels.
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’émission est libreavous.org qui est fait avec le logiciel libre SPIP. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.
Nous sommes mardi 23 novembre 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui mon collègue Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques à l’April. Bonjour Étienne.
Étienne Gonnu : Salut Fred.
Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons commencer par un petit quiz en lien avec le sujet principal qui est SPIP. On vous donnera la réponse très rapidement, je pense, dès la réponse à la première question du sujet long d’ici une quinzaine de minutes. La question est : en quelle année est né le projet du logiciel libre SPIP, en tout cas sa première version. Vous pouvez aller sur le salon web de la radio, causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous pour proposer vos réponses.
Chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April, sur Le livret du petit goûteur
Frédéric Couchet : Texte, image, vidéo ou base de données sélectionnée pour son intérêt artistique, pédagogique, insolite, utile. Chaque mois, Jean-Christophe Becquet nous présente une ressource sous une licence libre. Les auteurs et autrices de ces pépites ont choisi de mettre l’accent sur les libertés à accorder à leur public, parfois avec la complicité du chroniqueur. C’est la chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April. Le sujet du jour : Le livret du petit goûteur, un guide pédagogique de l’association Pic’assiette.
Bonjour Jean-Christophe.
Jean-Christophe Becquet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Pic’assiette est une association engagée dans l’éducation à l’environnement et en particulier dans l’éducation à l’alimentation citoyenne et à l’agriculture durable. Elle partage, sous licence libre Creative Commons BY-SA, Le Livret du petit goûteur. Il s’agit d’un guide pédagogique pour découvrir son territoire grâce au goût.
Le livret sert de support aux classes du goût, une approche qui vise à faire naître le plaisir gustatif, favoriser la curiosité et l’ouverture au monde. On trouve en entrée le vocabulaire des sens, une liste de mots pour décrire les sensations autour des aliments : croustillant, moelleux, soyeux, suave, onctueux… Le guide est prévu pour être complété par l’enfant lors d’une séance de dégustation axée sur les 5 sens. Eh oui, on peut s’amuser à nommer le son de chaque aliment qui craque, croque, croustille ou crisse ! La ronde des saveurs aborde le plaisir gustatif. Un schéma sur l’olfaction montre comment le parfum d’un aliment participe à la dégustation. La vue, quant à elle, nous renseigne sur la couleur, la forme, l’aspect d’un produit, mais attention, elle peut aussi nous induire en erreur. La dernière partie du guide met en lumière le lien entre les aliments et le territoire : d’où proviennent les produits ? Qu’est-ce qu’une Appellation d’origine protégée ? Que signifient les sigles officiels comme Label rouge ou Agriculture biologique ? L’évocation du pélardon, des plantes et du miel des garrigues finira de nous mettre en appétit.
Le choix d’une licence libre permet de favoriser la diffusion du livret et, par là même, la propagation des méthodes et des enjeux défendus par l’association. D’ailleurs, l’association Pic’assiette est lauréate de l’appel à projet du Programme national pour l’alimentation 2020-2021. Elle pourra ainsi accompagner l’essaimage de cette démarche d’éducation à l’alimentation sur les territoires au niveau national.
La mise en page du livret du petit goûteur a été réalisée sous Scribus par Terre Nourricière, une structure associative qui conçoit des supports de communication pour étendre la portée d’actions et structures qui nous mènent vers un monde plus éthique, responsable et solidaire. Scribus est un logiciel libre de PAO, Publication Assistée par Ordinateur. Le choix d’un logiciel libre est parfaitement cohérent avec les valeurs défendues. Si vous voulez découvrir ce fabuleux logiciel, le site FLOSS Manuals propose un manuel de prise en main de Scribus en français et sous licence libre. Je donne les liens dans les références de l’émission.
L’association Pic’assiette a aussi réalisé un guide intitulé Nos paysages agricoles aux 4 saisons qui invite à découvrir le territoire du Grand Pic Saint-Loup à travers l’alimentation, les paysages et l’agriculture. Ce guide est lui aussi disponible sous licence libre.
Le groupe de travail Sensibilisation de l’April conçoit des supports pour faire connaître les enjeux du logiciel libre. Comme Le livret du petit goûteur, ces documents sont réalisés avec des outils libres et partagés sous licence libre pour encourager leur diffusion et leur réutilisation, mais aussi leur amélioration et leur adaptation. Par exemple, l’Expolibre, qui présente les enjeux du logiciel libre en une dizaine de panneaux, a pu être traduite en anglais, en espagnol et en italien.
Frédéric Couchet : Merci Jean-Christophe pour cette chronique. Je précise que le guide fait 16 pages, que le pélardon est un très bon petit fromage au lait cru de chèvre, si je me souviens bien, et que la licence CC By SA, Partage dans les mêmes conditions, est une licence qui permet la réutilisation et la modification y compris pour des raisons commerciales, à condition que les versions rediffusées modifiées soient sous la même licence, ce qu’on appelle partager dans les mêmes conditions.
Jean-Christophe, je pense que ta prochaine chronique sera plutôt en janvier parce que le mois de décembre va être court côté Libre à vous ! avec les vacances de fin d’année. Je te souhaite de passer une belle fin de journée et on se retrouve en 2022.
Jean-Christophe Becquet : Ça marche. Bonne fin de journée. Bonne fin d’année du coup à tous et rendez-vous en janvier 2022 pour la prochaine chronique « Pépites libres ». Bonne fin d’émission. À la prochaine.
Frédéric Couchet : Merci Jean-Christophe.
Nous allons faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Après la pause musicale nous aborderons notre sujet principal qui portera sur SPIP, le logiciel libre de création de sites web.
En attendant nous allons écouter The Fugitive par Evan Finch. On se retrouve dans 2 minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : The Fugitive par Evan Finch.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter The Fugitive par Evan Finch, disponible sous licence libre Creative Commons, Attribution, CC By. Vous trouverez une présentation de l’artiste sur le site auboutdufil.com. Je vous en lis un passage : « Evan Finch est un YouTubeur, musicien et producteur indépendant américain aujourd’hui installé à Taipei (Taïwan). Sur sa chaîne YouTube, il publie des vidéos dans lesquelles il filme sa propre réaction à l’écoute des nouvelles sorties musicales dans les genres pop punk, emo, post-hardcore ou encore emo rap. Bien que sa chaîne YouTube représente la majeure partie de son activité sur le web, il publie une à deux vidéos par semaine, Evan Finch n’est pas seulement un critique musical. Il est également musicien : il chante, pratique la guitare et produit sa musique originale sur ordinateur », donc produit et propose des musiques sous licence libre. Vous trouverez évidemment toutes les références sur le site libreavous.org.
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons passer à notre sujet principal.
[Virgule musicale]
SPIP, logiciel libre destiné à la création de sites web, avec Arnaud Martin, Anne-lise Martenot et Jean Galland
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur SPIP, logiciel libre destiné à la création de sites web, avec Arnaud Martin de 23Forward, Anne-lise Martenot alias Touti et Jean Galland alias chankalan, qui a notamment contribué activement à la mise en place de deux sites qui sont basés sur SPIP, libreavous.org, le site consacré à notre émission de radio, et librealire.org, notre site consacré aux transcriptions faites par le groupe Transcriptions de l’April.
Tout de suite, avant d’oublier, parce que des fois cela nous arrive d’oublier, le site web de SPIP, le projet dont on va parler, spip.net, et on aura tout à l’heure, assez rapidement je pense, la réponse à la question quiz que je vous ai posée en introduction.
On va vérifier que tout le monde est au téléphone parce qu’on a eu un petit problème technique tout à l’heure. Arnaud est-ce que tu es avec nous ?
Arnaud Martin : Oui. Salut.
Frédéric Couchet : Salut. Touti, est-ce que tu es avec nous ?
Touti : Oui, tout à fait.
Frédéric Couchet : Jean, est-ce que tu es avec nous ?
Jean Galland : Oui. Bonjour tout le monde.
Frédéric Couchet : OK. Super. On va commencer par une petite question traditionnelle de présentation rapide, succincte. On va commencer dans l‘ordre inverse de celui que j’ai fait à l’instant. On va commencer par Jean Galland.
Jean Galland : J’utilise SPIP depuis la version 1.8.3, je ne vais pas donner la date, comme ça je ne donne pas d’indications pour la réponse à la question piège. J’ai donné un coup de main pour réaliser les sites libreavous et librealire et on verra lesquels suivront.
Frédéric Couchet : D’accord. Touti.
Touti : Ça fait pas mal de temps que je suis sur SPIP. Au départ j’ai surtout fait des contributions en me présentant comme un homme, en tout cas non genrée, et aujourd’hui je vis professionnellement de SPIP en auteur de créations multimédia.
Frédéric Couchet : D’accord. On reparlera tout à l’heure de ce sujet du genre. On va finir par la présentation personnelle d’Arnaud Martin.
Arnaud Martin : Salut. Touti n’a pas précisé qu’elle faisait des choses avant SPIP, donc on s’est plus ou moins croisés, on croisait un peu les mêmes réseaux dans les années 1996,1997 jusqu’en 2000 où on faisait ce qu’on appelait du Web indépendant. Je participais à un groupe qui s’appelait minirézo qui avait besoin d’un site qui s’appelait uZine. Du coup, j’ai participé à la création de la toute première version de SPIP — je n’ai pas compris votre histoire de date donc je ne donne pas de date pour le moment —, du coup on a codé la toute première version de SPIP. Depuis on a continué à faire de l’activisme. Moi, ensuite, j’ai continué à faire encore autre chose, je continue sur SPIP, mais avec SPIP j’ai fait un outil qui s’appelle Seenthis, qui est un réseau social, depuis 2008, un réseau social très politique. Maintenant, comme Touti, je vis de SPIP en faisant des sites web professionnels.
Frédéric Couchet : OK. Merci Arnaud. On va revenir tout à l’heure sur la date parce que je me suis basé sur une actu de SPIP publiée cet été.
Vu que tu viens de parler, Arnaud, du minirézo, du Web indépendant, des années 1996/1998, le premier sujet qu’on souhaitait aborder, parce que SPIP, au-delà d’être un logiciel libre – on parlera tout à l’heure de ses fonctionnalités –, ce qui va nous intéresser plus, dans un premier temps, c’est plutôt l’histoire de ce projet, pourquoi il a été créé, quand, comment, et le lien qu’il y a effectivement avec ce que tu as évoqué tout à l’heure, le minirézo et le Web indépendant. Arnaud, toi qui es l’une des personnes à l’origine de SPIP, est-ce que tu peux nous raconter un petit peu cette histoire, en quelques mots, de l’origine de SPIP ?
Arnaud Martin : Est-ce que je peux donner des dates ou pas ?
Frédéric Couchet : Maintenant tu peux donner des dates.
Arnaud Martin : OK. D’accord. Vers 1996/97, on se retrouve sur le Web chacun dans son coin. Moi je fais un webzine qui s’appelle Le Scarabée, d’autres copains font des choses intéressantes, souvent avec des noms d’animaux, et on se retrouve un peu tous. Dans la bande il y en a qui sont devenus un peu connus, par exemple Mona Chollet qui faisait son site web Périphéries ; David Dufresne qui était presque un de nos anciens parce qu’il était là depuis un ou deux ans de plus que nous. On fréquente Valentin Lacambre et Laurent Chemla qui sont encore aussi des grands anciens pour nous. Nous, nous nous mettons à faire du web éditorial, ce qu’on appellerait aujourd’hui plutôt des blogs, qu’on appelait à l’époque des webzines. On se réunit pour fabriquer un site qui s’appelle uZine, qui existe toujours en tant qu’archive, avec un « z », uzine.net, et on fait de l’activisme sur la liberté d’expression. On se retrouve aussi à croiser des réseaux d’activistes sur la liberté d’expression, sur les télés et radios libres, sur la surveillance comme Touti, donc on fréquente un peu tous les mêmes réseaux. Et, aux alentours de 2000, on a besoin de relancer notre site uZine parce qu’on commence à être plusieurs, assez nombreux, à vouloir publier régulièrement et, à la main, ce n’est plus possible. Donc on a besoin un outil pour publier, un outil qui permette de travailler à plusieurs sur un site web et de travailler en publiant des articles sans devoir refaire le HTML à chaque fois et refaire le graphisme à chaque fois, ce qu’on faisait jusque-là. Donc on code SPIP en 2000 et on le sort publiquement en 2001 pour servir un logiciel libre largement utilisable.
SPIP sort avec uZine 2, qui deviendra ensuite uZine 3, la nouvelle version de notre propre site où il y a beaucoup d’activistes de gauche, ce sont quand même des mouvements très libertaires ; on est tous en train de faire du Web très libertaire. Une des personnes qui rejoint le développement de SPIP et qui va l’utiliser va être Le Monde diplomatique, donc Philippe Rivière. Du fait que Le Monde diplomatique utilise cet outil, l’outil devient quand même un peu connu dans les milieux de gauche, évidemment, donc l’outil devient très utilisé pour les associations, pour les enseignants, puisque les enseignants lisent Le Monde diplomatique. Donc, vers 2004/2005, ça devient un très gros outil, vraiment très utilisé. Via notamment un certain nombre d’enseignants et de médias l’outil devient aussi utilisé par les ministères, ce qui est un peu surprenant pour des libertaires ! On se retrouve avec la moitié des ministères français qui utilisent SPIP, à peu près toutes les ambassades de France dans le monde utilisent SPIP pour faire leur site web et ça donne encore de la crédibilité à l’outil. Donc l’outil devient, de 2005 à 2008, un très gros CMS utilisé vraiment très largement.
Depuis l’outil est toujours utilisé, comme tu le sais. Effectivement, aujourd’hui on va plus parler de CMS à la mode genre WordPress et Drupal, mais SPIP est toujours là, il est toujours développé. On vient de sortir, je ne sais pas s’il faut que je le dise, c’est peut-être la news de cet été, il y a toujours de l’activité, on a sorti une version 4 qui est absolument magnifique, qui est toujours très puissante, qui permet de faire beaucoup de choses avec un site web et il y a toujours une très belle équipe pour développer autour de SPIP.
Frédéric Couchet : D’accord. J’ai oublié de le préciser, n’hésitez pas à nous rejoindre sur le salon web de la radio, site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous, j’ai vu qu’il y a une question, je vais la relayer juste après. Je vais d’abord préciser que, par rapport à la question quiz, je visais la version 1.0 qui est sortie en 2001 et dont vous avez fêté les 20 ans cet été avec la version 4.
Touti, par rapport à l’explication qu’a présentée Arnaud, si j’ai bien compris vous vous êtes un peu connus à cette époque dans d’autres domaines, enfin dans d’autres réseaux notamment, sans doute, autour des réseaux de lutte contre la vidéosurveillance, etc., si je me souviens bien. Est-ce que ce côté finalement très marqué à gauche du projet que présente Arnaud est quelque chose qui t’a poussée à t’investir ou, plus globalement, qu’est-ce qui t’a poussée à t’investir dans ce projet à cette époque-là ?
Touti : En fait, j’ai fait les Beaux-Arts à Paris. On était un petit peu cantonnés, on ne pouvait pas faire de vidéos, on ne pouvait pas faire de choses comme ça. Moi j’avais vraiment la nécessité de diffuser mes créations et mes idées, mes idées politiques. À cette époque-là, à la fin du siècle dernier, je travaillais pour des effets spéciaux au cinéma. Quand j’ai vu la place que prenait l’informatique et ce que ça pouvait devenir – j’étais aussi préoccupée des libertés – du coup, avec des amis, nous avions monté « Souriez, vous êtes filmés ». On avait besoin d’un site internet et quand on organisait des manifestations, etc., on se servait des réseaux internet. Ce qui m’intéressait c’est que ça a été tout de suite une fenêtre sur le monde, avec la possibilité d’envisager une organisation sociale non pyramidale, donc c’était évidemment « youpi, on y va à fond ». Quand SPIP est apparu c’était un peu l’outil d’expression et de partage que j’attendais.
En 2001, j’arrête complètement de travailler comme salariée, j’arrête le cinéma, j’arrête toutes ces histoires de post-production et d’ultralibéralisme et je cherche plutôt à donner un sens à ce que je fais. SPIP était impeccable pour ça, parce que ça m’intéressait de participer à un projet collectif qui aille dans ce sens-là, c’est-à-dire vraiment ne pas avoir une vie débile à fabriquer. De toute façon je me heurtais moi-même au plafond de verre en tant que femme dans la post-production de cinéma et j’avais envie de tenter l’aventure du Net, c’était vraiment sympa. Voilà, c’est un peu ça qui m’a motivée et puis les nouvelles idées. À l’époque Flickr n’existait pas, Facebook n’existait pas, donc l’idée de réseau collectif et de donner à chacun les moyens de se les approprier, c’était beau !
Frédéric Couchet : D’accord. Jean, de ton côté, je ne me souviens plus si tu as précisé la date de ton implication dans SPIP, quelles sont les raisons qui t’ont poussé à contribuer à SPIP, à participer, et quelle est ta position par rapport à cette présentation initiale d’un logiciel qui est positionné, on va dire politiquement ?
Jean Galland : Je suis resté longtemps assez extérieur aux gens qui fabriquent SPIP, je suis utilisateur depuis 2005 et j’ai trouvé que ce n’était pas mal. En fait, je cherchais un logiciel et je sais un petit peu pourquoi j’ai pris ça. Il y a quelque chose qu’il m’intéresserait de préciser. En écoutant aussi d’autres en parler, pourquoi je suis resté, en tout cas pourquoi j’utilise SPIP ? Je connaissais rezo.net sans savoir que c’était fait avec SPIP et, en même temps, j’ai décidé d’utiliser SPIP pour faire des sites web. Il y a un lien entre les deux, il y a peut-être de la politique dans le code qui fait qu’on s’y accroche, que ça nous plaît. C’est un petit peu une question que je pose.
Frédéric Couchet : D’accord. Mais ce n’est pas ce qui t’as attiré au départ. Tu cherchais un outil pour créer des sites web, quelque chose qui soit accessible sans avoir à faire, comme Arnaud le disait au début, du HTML qui est le langage de base pour faire des sites web, sans avoir à faire du HTML à la main. C’est ce qui t’intéressait ?
Jean Galland : Oui. Je voulais donner, soit à moi soit à d’autres, la possibilité de maîtriser l’information, de publier sur le Web en maîtrisant la technique. Donc oui, SPIP me l’a permis, complètement. Peut-être que juste ça ce n’est pas innocent.
Frédéric Couchet : D’accord. Je vais relayer deux questions qui sont sur le salon web, qui sont un petit peu liées. La première c’est Marie-Odile qui demande ce qu’est le Web libertaire. C’est Arnaud qui en a parlé au début, Arnaud, est-ce que tu peux nous donner une définition de ce qu’est le Web libertaire, s’il te plaît ?
Arnaud Martin : Liberté d’expression et politiquement plus proche des mouvements anarchistes autogérés, donc très marqué à gauche.
Libertaire n’est pas à confondre avec libertarien. Le Web à l’américaine, on va dire, est très marqué par des mouvements qui sont plus libertariens, qui sont assez typiquement américains. Le Web français était quand même plus marqué vers l’anarchie politique. On a en commun la liberté d’expression mais, en même temps, pas n’importe comment et avec une question politique beaucoup plus présente.
Frédéric Couchet : D’accord. Deuxième question, c’est peut-être toi qui vas répondre ou quelqu’un d’autre, une question d’Étienne : comment s’est inscrit le choix de publier SPIP comme logiciel libre par rapport à ces convictions libertaires que tu viens de décrire ? Comme tu fais partie de l’équipe d’origine, Arnaud, c’est peut-être toi qui vas répondre.
Arnaud Martin : Je veux bien. Je me souviens très bien de Fil qui a posé le point du logiciel libre rapidement. C’était très clair pour lui.
Frédéric Couchet : Philippe Rivière, précisons. Le nom de Fil c’est Philippe Rivière, journaliste au Monde diplo.
Arnaud Martin : Qui était, qui est indépendant, qui a donc très rapidement, dès les origines, travaillé sur SPIP, il fait partie des trois qui avons tenu le logiciel pendant quelques années jusqu’à ce que l’équipe s‘étoffe, ça a été vraiment le cofondateur très important avec Antoine Pitrou.
L’idée c’était de pouvoir travailler à plusieurs, je pense que ce n’est pas la peine de trop insister sur cet aspect logiciel libre, évidemment, pour un travail décentralisé, à plusieurs sur un logiciel, selon une logique plus ou moins autogérée, le logiciel libre est quand même indispensable, sinon vous faites une entreprise. Mais comme il ne s’agissait pas de faire une entreprise mais de travailler et de contribuer chacun, le logiciel libre était logique.
Il y a un autre aspect qui est peut-être plus indirect et qui est très important dans SPIP, qui le différencie de beaucoup d’autres logiciels du même genre, c’est l’idée que SPIP ne sert pas qu’à publier un site web. À l’origine, SPIP sert aussi à apprendre à faire du Web et ça a été très important dans l’histoire de SPIP dans les années 2000 ; la première décennie a été très marquée par ça. Beaucoup de gens qui font aujourd’hui du Web, sont des professionnels ou des amateurs éclairés, ont beaucoup appris en faisant SPIP. C’est-à-dire comment on structure un site web, comment on s’exprime en ligne, ensuite comment on gère une petite communauté si on est plusieurs sur un site web et comment on code un site web. Contrairement à un outil comme WordPress qui est très « je télécharge le truc, je clique sur un bouton et j’ai une interface graphique », SPIP va vous demander de travailler ou va vous pousser à travailler. SPIP va vous faire, de base, un site qui vous permet de publier, qui vous permet plein de choses, mais assez rapidement vous allez avoir envie de mettre un petit peu les mains dans le cambouis, moins qu’avant l’ère des CMS, mais par rapport à beaucoup d’autres logiciels, pour faire un joli site vous allez avoir envie de bidouiller. C’est le principe de SPIP, vous allez devoir bidouiller dans votre propre code, donc si vous allez bidouiller dans votre propre code la logique est toujours celle du logiciel libre et du hack. Donc c’est un logiciel avec lequel on essaye de vous apprendre qu’il faut être un hacker, vous allez apprendre du code des autres, vous allez modifier le code des autres et vous allez progresser de cette façon-là.
Frédéric Couchet : On va revenir tout à l’heure sur le fonctionnement de SPIP, le projet.
Tu as parlé de l’aspect communauté, contribution. Je voudrais revenir sur l’introduction qu’a faite tout à l’heure Touti. Je ne sais pas si c’est dans le cadre du projet de SPIP, tu as cité le fait que tu es arrivée dans les projets de façon non genrée. Historiquement, en tout cas actuellement et même il y a 20 ans, c’est vrai que la place des femmes et dans l’informatique et dans l’informatique libre est vraiment réduite. Comment s’est passée cette arrivée ? Est-ce que c’est dans le cadre du projet SPIP que tu es arrivée de façon non genrée, c’est-à-dire pour ne pas faire penser que tu pouvais être une femme ? Comment ça s’est passé ? Plus tard on parlera peut-être un petit peu rapidement de comment ça se passe aujourd’hui.
Touti : Ce qui m’intéressait c’était le côté technique. Je connaissais l’informatique puisque je faisais des effets spéciaux et ce que je faisais c’était numérique, j’avais bossé pour Palettes, j’étais infographiste, je m’étais toujours un peu intéressée à l’aspect informatique. Je ne sais pas s’il y avait déjà IRC, peut-être qu’il y avait déjà IRC
Frédéric Couchet : Oui, ça existait déjà.
Touti : Le chat collectif et on échangeait pas mal par mails, on était dans des groupes de discussion et j’avais pris un pseudo. C’est vrai aussi que c’était une époque du Web où on était tous anonymes ; je considérais que mon travail était anonyme, donc non genré, donc j’avais un pseudo, ce n’était pas Touti à l’époque. Personne ne me connaissait, donc je faisais des propositions, je publiais de la documentation. Les gens qui ne me connaissaient pas ne savaient pas que j’étais une femme ; j’écrivais au masculin. Peut-être parce que je n’avais pas envie de rentrer dans cette espèce de relation de subordonnée que je voyais parfois et je n’avais pas envie de dire qui j’étais ni en tant que femme ni en tant que personne. Je participais à un logiciel libre, j’étais anonyme. À partir du moment où Emmanuel Saint-James m’a forcée un peu à faire un coming out on va dire.
Frédéric Couchet : Je pense qu’on a perdu quelqu’un. C’est peut-être Touti qu’on a perdue. On va lui laisser quelques secondes le temps de revenir pour qu’elle poursuive. J’ai entendu un bip, peut-être qu’elle a eu un appel. On va attendre quelques secondes, sinon on passera à une autre thématique, on reviendra, évidemment, sur ce sujet-là. Est-ce que Touti revient ? Je vous préviens, on passe par un pont téléphonique parce qu’on a eu quelques soucis au niveau de la régie, on ne sait pas du tout si la personne va rappeler ou pas. Je vais en profiter pour vous rappeler qu’on a deux beaux sites Web qui sont faits en SPIP, libreavous.org consacré à l’émission Libre à vous !que vous écoutez en ce moment...
Tu es revenue ?
Touti : Excuse-moi !
Frédéric Couchet : Vas-y, je te laisse reprendre là où tu en étais. Tu parlais d’Emmanuel Saint-James qui t’avais encouragée à faire un coming out.
Touti : Emmanuel Saint-James m’avait encouragée un peu à faire un coming out en disant que j’étais une femme, donc en signant mon code, désormais il fallait que je signe mon code. Après, par obligation aussi, j’ai pris des positions on va dire féministes, et puis j’ai expliqué ma situation, que j’élevais ma fille seule, que dans le temps que j’avais je ne pouvais pas m’exclure de ma position, de mes obligations familiales, que je ne pouvais pas me rendre aux réunions, etc. C’était bien et c’est vrai que j’ai peut-être réussi aussi à faire bouger des choses parce qu’il y avait encore pas mal de femmes sur SPIP. Je ne sais pas si, maintenant, on est très nombreuses. J‘aimerais bien qu’il y en ait d’autres qui viennent. Allez, les copines, venez ! Un peu plus de sororité et un peu plus de bienveillance. Je pense que SPIP a pas mal travaillé là-dessus, je n’y suis pas pour rien non plus. On a beaucoup travaillé sur l’écriture inclusive, ne serait-ce que l’icône utilisateur qui, au départ, était un homme avec une cravate ou des choses comme ça.
Ce sont des petits détails, n’empêche que c’est aussi une invitation à ce que des femmes participent et à tous les niveaux. J’ai retrouvé des chiffres : dans le logiciel libre il n’y a que 2 % de femmes, peut-être qu’aujourd’hui il y en a un peu plus, mais c’est vrai que sur SPIP on aimerait bien tous et toutes qu’il y ait plus de femmes, c’est une nécessité.
Frédéric Couchet : J’ai justement une question par rapport à ça, pour vous trois d’ailleurs, par rapport au fait que SPIP a été présenté comme un projet politique très marqué à gauche. Je suppose, mais ce n’est qu’une supposition, vous allez le dire, que cette action je dirais d’inclusivité, de bienveillance par rapport à des personnes comme les femmes, c’est quelque chose qui est naturel dans le projet ; c’est ma supposition. Est-ce que c’est naturel ? Est-ce que la prise en compte de l’écriture inclusive, en tout cas les questionnements, les icônes dont parle Touti, est-ce que ce genre de discussion est quelque chose qui a été accueilli de façon naturelle ou, au contraire, est-ce qu’il y aune sorte de réaction parce que 99,99 % des développeurs SPIP sont des hommes ? Qui veut répondre ? Arnaud, Jean ou même Touti, bien sûr. Va-y Touti.
Touti : Si je regarde de mon côté, il y a qu’en même eu une nécessité de bousculer la communauté pour qu’elle en prenne conscience. Je crois qu’on en discutait avec Arnaud qui peut prendre la parole peut-être par rapport à ce dont on parlait, par rapport au libéralisme. Peut-être que dans le logiciel libre le fait qu’on est dans le go go go, vas-y tu codes et derrière on reprend, enfin celui ou celle qui a envie de reprendre reprend, il n’y a pas d’organisation hiérarchique, c’est vraiment un milieu à la fois ouvert et, en même temps, il faut y faire sa place. Peut-être qu’il y a ce niveau-là de concurrence qui est difficile à appréhender et pour lequel il faut avoir suffisamment confiance en soi.
Frédéric Couchet : D’accord. Arnaud, là-dessus comment ça se passe au niveau du projet SPIP ?
Arnaud Martin : À mon avis pas très bien. C’est un souci vraiment important.
Je pourrais peut-être donner quelques noms parce qu’on a eu quelques très belles contributions, certaines sont encore là, certaines sont des amies. Il y a Touti qui est quand même un des piliers de SPIP, il y avait Pascale Louédec qui a beaucoup fait vivre SPIP de manière très importante, Romy Duhem-Verdière, Perline doit être encore dans les listes, je ne sais pas, je pense, Alexandra Guiderdoni et puis Diala Aschkar avec qui nous avons trois enfants – on vit ensemble –, qui a fait l’interface graphique de la version 1.9 je crois. Donc la contribution des femmes dans SPIP n’est pas nulle du tout, par contre c’est effectivement une communauté où est quand même beaucoup dans l’entre-soi masculin. Je confonds aussi un petit peu avec Seenthis où on se pose aussi ces questions-là, qui sont toujours problématiques. Je sais qu’on essaye aussi d’avoir des lieux de discussion qui ne soient pas hostiles, qui soient avec des chartes. Sur Seenthis on avait mis en place une charte. Il me semble qu’on a une charte sur SPIP, Touti.
Touti : Oui. On a une charte sur SPIP.
Jean Gallandi : Bien sûr. Il y a une charte qui a été mise à jour et actualisée, il y a peut-être quatre ou cinq ans déjà. Je te laisse continuer.
Arnaud Martin : C’est ça. Donc on a une charte et j’ai l’impression que ce n’est pas trop le premier souci de tenter d’avoir des lieux de création qui seraient au minimum pas hostiles ou pas dangereux. Ça ne marche pas si bien que ça puisque, à part Touti, en ce moment il n’y a pas énormément de monde pour être proche des femmes.
C’est plutôt l’effet pratique. Sur les idées c’est un milieu très politisé donc les discussions sont généralement très positives. Je sais qu’on a quand même encore eu des réactionnaires sur le langage inclusif, mais, grosso modo, l’équipe est très pour, ça a mis du temps à venir mais ça vient. Le problème c’est comment on inclut les femmes, comment on inclut le temps de travail et puis, je suppose, les réflexes.
Le fait que ce soit politisé n’est pas forcément un cadeau. Dans les milieux purement libertaires il y a aussi des problèmes d’inclusion des femmes, des hommes qui parlent. Je pense que l’aspect technique rend les choses plus compliquées. Si je reprends avant, quaqnd on était avant SPIP et avant la technique, quand on militait au minirézo il y avait quand même beaucoup plus, à mon avis, de femmes et une meilleure visibilité, quand on faisait la liberté d’expression, la surveillance. Touti, je ne sais pas quelle est ton expérience, mais il me semble que c’était un peu plus, un peu mieux représenté.
Touti : Disons que pour avoir milité dans des milieux de gauche, je ne peux pas dire qu’ils soient vraiment très intéressés par le féminisme. C’est vraiment un problème de société. Je pense que sur la durée, réussir à durer, réussir à s’impliquer dans un projet. Évidemment, tu t’impliques dans un projet peut-être que tu peux aussi en vivre professionnellement. Au départ, pour moi, ce n’est pas professionnel. C’est parce que j’ai des idées que j’ai envie de développer, que je ne trouve personne pour les développer, donc je suis autodidacte, j’apprends le PHP et, en même temps, SPIP m’aide à apprendre. Maintenant il y a des API et il y a plein de choses dans SPIP, c’est vraiment un outil assez génial.
Peut-être aussi que les femmes s’usent plus rapidement dans des communautés qui fonctionnent avec un certain libéralisme et assez concurrentiel puisqu’on se retrouve aussi à devoir en vivre. On est perméables à une société à la fois patriarcale et libérale. Je crois qu’il faut vraiment faire attention, à chaque fois, à accorder peut-être plus de temps, à accorder plus d’écoute, à redire. Par exemple sur Mozilla, sur PHP, ou sur d’autres groupes il y a des groupes de femmes. Comment faire un groupe de femmes sur SPIP quand je me retrouve seule ? Et comment me retrouver, moi, à porter cette question féministe alors que j’ai aussi vachement de choses à faire ? Il n’y a pas que la question des femmes qui m’intéresse, ce n’est pas parce que je suis une femme que je dois m’en occuper, les hommes doivent aussi s’en occuper parce que c’est leur intérêt.
Frédéric Couchet : Tout à fait.
Touti : Des fois c’est sur moi que se portent les reproches, alors que je n’en fais pas une question personnelle mais une question politique. Pour moi la politique c’est le vivre ensemble.
Frédéric Couchet : Je précise qu’on va consacrer bientôt une émission justement à ce sujet-là, on en a parlé un petit peu avec Touti en préparation parce que ça mérite au moins une émission, voire deux, même si on a déjà parlé de ce genre de sujet dans l’émission, mais on va essayer de revenir sur ce sujet encore plus en détail.
On va faire une pause musicale parce que le temps passe très vite ce qui va vous permettre de boire un coup d’eau et moi aussi parce que la gorge me gratte. Nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter Inn Of Good Fortune par Solas. On se retrouve dans environ trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Inn Of Good Fortune par Solas.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter em>Inn Of Good Fortune par Solas, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Sur le site auboutdufil.com, l’excellent site auboutdufil.com, vous trouvez une présentation de l’artiste Solas qui s’est spécialisé dans la fantasy music et qui propose ainsi des musiques viking, médiévales, celtiques ou inspirées de la musique traditionnelle irlandaise. Je vous renvoie sur auboutdufil.com ou libreavous.org pour retrouver la présentation complète de l’artiste
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre notre sujet principal qui porte toujours sur SPIP, le logiciel libre destiné à la création de sites web, avec nos invités Arnaud Martin, Anne-lise Martenot dite Touti, Jean Galland dit chakalan.
Juste avant la pause on parlait d’un sujet très important et je vous disais qu’on allait y consacrer une émission, voire plusieurs, très bientôt.
On va changer un petit peu de sujet parce que je vois l’heure qui avance, on va parler un peu de technique, pas trop technique quand même.
Jean Galland : Je peux dire une petite chose encore ?
Frédéric Couchet : Vas-y Jean.
Jean Galland : Je lis sur le chat que l’écriture inclusive a le mérite d’être un bon filtre à réacs. Pour modérer un petit peu, enfin modérer je ne sais pas, relativiser, il me semble que dans SPIP ça ne fonctionne quand même pas mal et que, malgré tout, il y a des précautions qui sont prises pour inclure tous ceux qui veulent participer et, de fait, exclure ceux qui sont un peu réacs.
Frédéric Couchet : D’accord. OK. Ceci est dit. On ne va pas relancer ce sujet parce que, sinon, on ne pourra pas aborder les autres thèmes, on en reparlera sans doute. Touti sera notre invitée si elle accepte pour cette émission-là, avec, sans doute, une ou deux autres personnes impliquées dans des communautés libristes, ce qu’il est évidemment difficile de trouver aujourd’hui, comme on l’a dit tout à l’heure, malheureusement le pourcentage est très faible.
Je voudrais, avant qu’on parle du fonctionnement du projet, de la structure humaine, qu’on parle un petit peu de ce qu’est le logiciel SPIP, ce qu’il permet. Jean, comme tu as la parole ça tombe bien, si je me souviens bien tu es autodidacte sur l’apprentissage de SPIP. Est-ce que tu peux nous parler un petit peu de la technique de SPIP ? Quels sont les principes de base de l’utilisation de SPIP ?
Jean Galland : Ça utilise les technologies comme tous les autres. Au final c’est du HTML, du CSS, du JavaScrip, tout ça avec du PHP. SPIP est un langage un peu intermédiaire entre ça, qui vient s’inclure pour travailler dans un environnement assez facile. Le langage de boucle de SPIP va permettre vraiment très finement de programmer tout ce qu’on veut pour peu qu’on regarde un peu la documentation. Il a des filtres, il y a des critères, il y a beaucoup de choses pour travailler dans un environnement assez optimisé, avec la gestion du cache et des autorisations, et puis sécurisé. En gros, quand on utilise le langage SPP, on peut faire des erreurs de code, je suis d’accord, mais on peut pas faire de grosses boulettes. Il y a des choses qui marchent, qui ne marchent pas, mais on a un langage qui s’appréhende assez facilement, qui interroge une base de données, évidemment, dont on tire les informations pour les afficher sur un site public.
Frédéric Couchet : Il y a une notion importante dans SPIP qui est la notion de squelette. C’est quoi un squelette ?
Jean Galland : Tout à l’heure, je voulais dire à propos des contributions qu’il y en a qui contribuent vraiment de diverses manières – d’ailleurs il y a plein de manières de contribuer à tout logiciel libre, que ce soit dans les traductions, dans le code dur, dans l’organisation ou même dans la charte –, il y a plein de niveaux et c’est tout ça qui fait le logiciel en lui-même.
Frédéric Couchet : Ma question c’était : c’est quoi un squelette ?
Jean Galland : Si j’ai contribué à SPIP c’est juste par quelques petits squelettes. Ce sont des modèles de site qu’on va afficher sur un site public. Il y a une interface privée qui est, de toute façon, un peu tout le temps la même pour gérer les informations, paramétrer, configurer le site, et puis une interface publique qui va présenter, finaliser en fait l’affichage des informations, le graphisme, un peu le JavaScript et puis la ventilation des informations dans toutes les pages du site.
Frédéric Couchet : Est-ce qu’une personne sans compétences techniques informatiques qui nous écoute qui se dit je vais avoir besoin de créer un site web, tout à l’heure Arnaud parlait des écoles, par exemple l’école où sont mes enfants, quelles compétences informatiques faut-il ? Est-ce qu’il en faut ? Quelles sont les difficultés pour la prise en main de l’outil ?, si tu peux répondre à la question parce que ce n’est pas évident.
Jean Galland : Déjà avoir un serveur – peut-être un serveur à soi – c’est peut-être une connaissance technique qu’il faut et, au moins savoir faire du FTP (File Transfert Protocol), du transfert de fichiers, une base de données. Si on veut l’installer, je dirais qu’il faut quand même savoir tout ça.
Frédéric Couchet : J’ai une question et après je poserai la même à Touti et à Arnaud. Tu dis, effectivement, avoir un serveur ou héberger son propre serveur, mais est-ce qu’il existe des hébergements spécialisés SPIP ? C’est-à-dire des entreprises qui proposeraient pour le grand public ou pour les collectivités, les associations, du SPIP qui est déjà préinstallé et qu’il ne reste plus qu’à créer son site. Est-ce que ça existe ?
Touti : Non, on n’est pas là-dedans. Excuse-moi je prends la parole. Par exemple quand tu prends un compte sur Gandi où tu peux avoir ton nom de domaine, etc., on ne te propose pas SPIP par défaut, on va te proposer WordPress ou Drupal. Tu n’as pas du SPIP par défaut. Après tu as des hébergements spécifiques à SPIP. Cédric Morin a beaucoup travaillé dans la communauté SPIP et a monté Nursit qui fait de l’hébergement SPIP.
Frédéric Couchet : Donc ça existe. OK.
Touti : En fait il héberge vraiment beaucoup de sites sous SPIP. Moi je fais aussi hébergement sous SPIP, pour SPIP, pour mes clients. Mais réellement, quand, par exemple, tu vas sur OVH, sur Gandi ou sur des gros hébergeurs, il n’y a pas la possibilité d’installer SPIP par défaut, pas en applique.
Après, SPIP c’est génial parce que tu as un système qui s’appelle le spip_loader qui est un fichier que tu installes en FTP sur ton serveur, tu le lances en ligne à partir d’un navigateur et ça installe SPIP.
Arnaud Martin : Malgré tout, je crois qu’il y a quand même une installation de SPIP sur les installeurs automatiques des hébergeurs, par contre je ne sais plus du tout comment ça s’appelle [Softaculous, Note de l’intervenant].
Frédéric Couchet : On cherchera. En tout cas, les personnes peuvent retenir que c’est un mécanisme facile avec un seul fichier d’installation et qu’il existe des structures qui proposent de l’hébergement spécialisé SPIP. Effectivement, il faut sans doute quelques connaissances au départ, mais, en fait, ça se fait assez rapidement. J’ai regardé un peu les squelettes justement récemment, la puissance des squelettes permet de faire des choses vraiment très pointues. Les personnes qui veulent s’intéresser par exemple à la technique du flux RSS de libreavous, libreavous.org/rss, vous verrez qu’il est entièrement généré par un squelette, avec des tests, en fonction d’un certain nombre de conditions, donc c’est vraiment très puissant.
Arnaud, de ton côté, tu as une longue expérience de SPIP vu que ça fait 20 ans que tu en fais. J’ai l’impression que SPIP a toujours été un outil qui avait comme objectif, en tout cas comme qualité, d’être accessible par rapport à d’autres types de logiciels de création de contenus de sites web ou autres. J’ai l’impression qu’il y avait cette fonctionnalité, cette ambition d’être accessible. Est-ce que je me trompe ou est-ce que c’est la réalité ?
Arnaud Martin : Oui et non, c’est très paradoxal. Dans l’utilisation de SPIP il y a deux utilisations typiques.
La première qui est d’installer, de configurer, de fabriquer le site et l’autre qui est de gérer le site.
Le principe de gérer le site c’est de faire le travail éditorial qui consiste à écrire des articles, les discuter, les négocier. Ensuite, si on a des forums, gérer les forums, faire tout le travail éditorial qui se fait avec tous les CMS et qui, avec SPIP, était quelque chose d’assez précurseur à l’époque, qui est vraiment le principe. C’est très facile. Ça a été une des grandes forces de SPIP dès les années 2001/2002. Quand je dis que des classes se sont mises à utiliser SPIP c’est parce que des gamins, dans ces classes, se sont mis à publier des choses sur le site web de la classe. Donc c’est très facile et ça reste très facile. C’est à la fois très facile et très puissant. On a vraiment des choses très intéressantes. Il y a des caractéristiques de SPIP qui font que c’est très intéressant mais c’est facile.
De l’autre côté tu as l’installation, on vient d’en discuter avec Touti et Jean, elle n’est quand même pas monstrueuse. Effectivement, on n’est pas parti sur l’idée d’un truc presse-bouton, c’est-à-dire le côté « je vais sur un prestataire, j’appuie et clic !, j’ai un très beau site x. On a toujours un petit bloqué pour que, par exemple quand tu installes le site, il ne soit pas très beau tout de site. Les squelettes de base, c‘est-à-dire les templates ou le look de son site quand tu installes SPIP, ce n’est pas très joli, c’est lisible, c’est accessible.
Frédéric Couchet : C’est moche !
Arnaud Martin : Oui, c’est assez moche ! C’est accessible, c’est lisible. Par contre, pourquoi c’est là ? C’est fait parce que ce sont des squelettes qui vont être conçus pour te montrer que le code est très simple. Il est à la fois très simple et très complet et ça permet de faire des choses très propres. Ce code est fourni pour que toi tu apprennes à faire des progrès. Après tu vas pouvoir télécharger des choses plus maquettées, déjà faites, mais ça n’a jamais été le but premier de SPIP. Par rapport à un WordPress où tu vas payer un euro ou même gratuitement et tu vas avoir des trucs très jolis tout de suite, ce n’est pas le but de SPIP. Le but c’est que tu apprennes à le faire de toi-même pour être libre. Ce n’est pas juste utiliser quelque chose qui va te faire des jolis trucs, c’est pour apprendre à les faire et en apprenant à les faire on espère que tu seras beaucoup plus libre, que tu vas avoir une courbe de progression beaucoup plus progressive et qui va t’emmener sans limites. On a plein de gens qui ont appris comme ça et qui sont devenus des professionnels de l’Internet sans être des pousses-boutons qui ont besoin d’une interface graphique pour tout faire.
Frédéric Couchet : Quelque part c’est une approche émancipatrice.
Arnaud Martin : C’est exactement ça. Donc ça demande un peu de boulot. Le but c’est que le boulot est un boulot, pour nous, politique. Le but c’est bien de t’amener à essayer, à regarder un peu comment c’est fait sous le tapis. C’est une expérience qu’on a tous eue, avec Touti en parlait tout à l’heure. Comment avons-nous appris à faire du HTML ? En allant voir les sites web qui nous plaisaient et en regardant le code HTML qui leur permettait de faire ça.
Les squelettes de SPIP c’était le but. Par défaut, par exemple, les squelettes d’un site sous SPIP sont accessibles. Si tu ne fais pas une manipulation particulière, tout le monde peut aller voir comment est codé ton site, alors que normalement on planque ce genre de choses. Mais là, tu peux trouver assez facilement le code d’un site et voir comment quelqu’un a structuré son site pour le faire.
Frédéric Couchet : Petite précision importante, commenter son code dans ce cas-là. Le squelette du flux RSS de libreavous est commenté parce que, sinon, il est incompréhensible et vous ne le commentez pas uniquement pour les autres personnes mais pour vous-même, dans six mois, pour vous souvenir de tout ce que vous avez fait. C’était une petite précision.
Est-ce que quelqu’un veut rajouter quelque chose sur cette partie-là avant qu’on parle du fonctionnement du projet qui est aussi vraiment essentiel parce que le temps passe très vite. Est-ce que sur la partie fonctionnalités de base ça vous va ?
Touti : Tu veux parler de code, de fonctionnalités de base, je pense que oui, c’est accessible aux débutants, ce que je trouve super intéressant. Même s’il faut aussi créer et installer une base de données, maintenant tous les hébergeurs te proposent une base de données. Il suffit d’installer le SPIP et de pointer dessus quand tu ouvres ton fichier, le fameux spip_loader qui te demande quelle base de données tu veux utiliser. Franchement aujourd’hui, quand tu as un accès FTP, installer un site SPIP ça prend cinq minutes. Si tu sais installer une base de données et utiliser du FTP, ce qui n’est pas effectivement donné à tout le monde, mais il y a quand même pas mal d’explications partout pour y accéder. Après, quand tu regardes la base de données, c’est clair que c’est un niveau technique un peu plus haut, on va dire, mais tu peux très bien voir les tables de liens, les tables principales pour les objets, tu peux créer des objets, tu peux interroger des bases à distance, tu peux créer du multi-domaine. Tu peux aussi utiliser SPIP-Cli qui est une installation de SPIP via un terminal. Tous les degrés techniques sont maintenant mis sur notre propre serveur Git. On est sorti de SVN.
On peut reprocher à SPIP d’être un peu trop français ou un peu trop anglais et de ne pas toujours avoir un super code, mais maintenant je pense que toutes les API qu’il y a permettent de faire des sites très poussés au niveau technique, par exemple pour des Tours Operator avec des commandes de séjours ou des choses comme ça. Là je travaille pour la région Occitanie, je récupère des flux JSON que j’affiche à nouveau. C’est génial. Ce sont des choses que je n’ai jamais pu faire avec des outils comme WordPress, rien qu’en regardant la base de données tu ne comprends pas comment ça fonctionne.
Frédéric Couchet : D’accord. C’est très clair, c’est très accessible. Je vais juste préciser que les API sont des interfaces de programmation. Tu as cité Git, c’est le logiciel qui permet de maintenir le code de SPIP et les évolutions et on va dire que JSON est un format de fichier, mais peu importe la partie technique de cet aspect-là.
Il nous reste une dizaine de minutes. On va revenir, parce que c’est aussi un point important et on n’en a pas encore vraiment parlé sur l’existence actuelle, c’est le fonctionnement du projet, on va dire la structure humaine de SPIP qui joue sans doute un rôle fondamental, Arnaud l’a un petit peu expliqué au départ. Déjà une première question : combien de personnes développent, on va dire, le cœur de SPIP ? Dans l’équipe, combien y a-t-il de personnes qui développent ? Souvent, quand on parle de logiciel libre, les gens s’imaginent qu’il y a 150 personnes, des milliers de personnes, des fois on est surpris par les chiffres. Arnaud combien y a-t-il de personnes qui développent SPIP actuellement ?
Arnaud Martin : Je n’en sais rien du tout. Il faut demander à Jean.
Frédéric Couchet : Excuse-moi. Alors Jean. Approximativement.
jean Galland : Je sais pas très précisément, on va dire une vingtaine.
Frédéric Couchet : D’accord. Une vingtaine. Comment ça fonctionne ? Est-ce que SPIP est une association ? Ce n’est pas une entreprise, on l’a compris au début. Comment fonctionne le projet ? Qui veut expliquer ? Vas-y Arnaud.
Arnaud Martin : Je veux bien. C’est un point qui me tient vraiment à cœur. Dans l’histoire de SPIP la question ne s’est pas directement posée, elle s’est plutôt présentée parce que, pour nous, ça a toujours été clair. SPIP n’est pas une entreprise, c’est le principe, et ce n’est pas non plus une association. Un des aspects très intéressants c’est que l’outil s’est développé au début à trois personnes, trois, quatre, cinq et, arrivé à un certain moment, l’équipe s’est stabilisée sur différentes branches. Ce qui fait qu’on a un outil, comme tu l’as dit, qui est le cœur de SPIP où là il y a entre 10 et 20 personnes qui sont quasiment en permanence dessus, qui font beaucoup de choses, sur le temps libre, évidemment, parce que personne n’est payé. Ça n’est pas non plus association. Il y a aussi la possibilité de développer des plugins. C’est ce sur quoi je me concentre pour être un peu tranquille, parce que, comme Touti l’a dit, c’est usant au bout d’un moment. Pour être un peu tranquille et avoir mon propre rythme je préfère me consacrer plus à des développements annexes ou sur le côté, comme ça je suis un peu tranquille dans mon coin. Ça fait des gros développements, il y a des gens qui ont fait des plugins dans SPIP qui sont des monstres, on l’a évoqué tout à l’heure.
Frédéric Couchet : , Arnaud, explique juste en une phrase ce qu’est un plugin.
Arnaud Martin : C’est un petit bout de code qui n’est pas fourni dans SPIP directement mais qui est très simple à ajouter à SPIP, qui va ajouter d’autres fonctionnalités, qui va changer le fonctionnement. Par exemple j’ai fait un plugin pour gérer les images responsives. Vous allez avoir des plugins pour gérer des formulaires, vous allez fabriquer des formulaires dans tous les sens ; vous avez des plugins qui vont vous mettre, Touti a initié pas mal ça, la possibilité de faire des achats en ligne, des paniers marchands, des possibilités de créer des objets dans la base de données, c’est-à-dire que SPIP fonctionne avec des rubriques et des articles. Si, tout simplement, vous voulez des fiches de livres, vous pouvez soit trouver un plugin qui va vous gérer des fiches de livres – je ne suis pas sûr que ça existe – soit, directement, fabriquer l’objet « fiche de livres » dans votre site web grâce à un plugin très générique qui vous permet de dire qu’une fiche de livre c’est le titre du livre, ce sont des auteurs, c’est un numéro ISBN, c’est une largeur, une épaisseur, un poids, un prix de vente au public, un code barre, etc. Vous allez définir tout ce qui définit la fiche du livre dans votre site.
Frédéric Couchet : D’accord. On a bien compris le principe.
Arnaud Martin : Donc ça donne une souplesse énorme à l’outil depuis la version 1.9, je crois, et la version 2 l’a complètement stabilisé, donc depuis 10, 12, peut-être 15 ans maintenant, SPIP fonctionne avec ce système de plugins. Donc vous pouvez participer aux plugins. Vous pouvez, d’une manière tout à fait intéressante, participer aux traductions de SPIP. Je ne sais pas combien de gens participent sachant qu’on a au moins 54 langues dans l’interface de SPIP, ce qui est quand même très unique, c‘est vraiment quelque chose ! Il faut essayer d’imaginer ce que c’est que de traduire dans 54 langues pour une entreprise comme, je ne sais pas, Microsoft, qui dispose de milliards en banque. SPIP traduit très rapidement toute son interface, à chaque fois qu’il y a des modifications, dans 54 langues, ce qui signifie une communauté de gens qui donnent du temps et de la compétence qui est absolument sidérante, puisque tout ce travail est gratuit. Vous avez la documentation qui est très importante. Parmi les gens que je vous ai cités il y a des gens qui sont plus spécialisés dans la documentation de SPIP et l’animation de la communauté. Tout ça s’est mis en place progressivement et, je trouve, est assez stable, fonctionne assez bien, d’une manière très décentralisée. Le core est un petit plus centralisé puisqu’on a les gens qui sont là depuis longtemps et qui ont un peu la charge, à un moment, de trancher. Si vous voulez participer dans SPIP c’est quand même un outil qui est très horizontal, très décentralisé, avec un fonctionnement imparfait notamment sur le rôle des femmes, on l’a bien dit, mais par rapport à une entreprise, par rapport aux problèmes d’argent, ce sont des choses qui sont tout à fait uniques.
Pour revenir à ça, pour aller rapidement, WordPress ce sont des centaines de millions de dollars de levée de fonds, Drupal ce sont des centaines de millions de dollars de levée de fonds, Mozilla c’était des centaines de millions de dollars pas de levée de fonds mais fournis par Google, par exemple pour implémenter le moteur de recherche. Ce sont des sommes absolument phénoménales. Ce sont des structures extrêmement structurées, qui sont des grosses entreprises avec un mode hiérarchique tout à fait établi, c’est un modèle de business tout à fait connu. SPIP n’est absolument pas ça. C’est très unique.
Frédéric Couchet : D’accord. Sur cette partie fonctionnement du projet, structure humaine, avant la question finale, Jean ou Touti souhaitez-vous ajouter quelque chose ? Jean.
Jean Galland : Oui. S’il n’y a pas de place de marché, en fait ça permet de ne pas être en concurrence, de tous œuvrer et participer à quelque chose qui convient à tout le monde mais qui est personnalisable par chacun. C’est quelque chose de très précieux et je crois que tout le monde y fait très attention dans SPIP.
Frédéric Couchet : D’accord. Touti veux-tu ajouter quelque chose ?
Touti : Je voudrais dire aussi qu’il y a un soutien assez sympa et bravo à tous les gens de la communauté qui tiennent IRC, aujourd’hui ce n’est plus IRC d’ailleurs.
Jean Galland : Libera Chat.
Frédéric Couchet : On va dire de la messagerie instantanée textuelle.
Touti : Voilà. Où vous trouvez toujours de l’aide notamment de Bruno Bergot. Je ne sais pas à quel moment il dort. Il finit toujours par répondre, il sait toujours où est la documentation, ce qu’il faut. Aujourd’hui sur tous les sites SPIP il y a une boussole, en haut, qui permet d’accéder à la traduction, à l’aide, etc. C’est plutôt chouette parce que ça fait vraiment une grande galaxie où tout le monde participe avec ses moyens. Ça peut être aussi bien participer aux forums en disant « tiens, il y a ça qui ne marche pas », ou « tiens, j’ai beaucoup aimé ça ». Ça fait participer, c’est le principe du logiciel libre, c’est bon de rappeler que c’est ouvert à tout le monde.
Frédéric Couchet : Très bien, c’est un bon rappel.
Question finale, en moins de deux minutes chacun et chacune : quels sont, selon vous, les éléments clefs qu’il faut retenir de cette émission ? On va commencer par Jean.
Jean Galland : Hou !
Frédéric Couchet : Tu peux faire en 30 secondes si tu veux !
Jean Galland : La liberté ça se prend, ça ne se donne pas.
Frédéric Couchet : OK. D’accord. Arnaud.
Arnaud Martin : Au-delà de l’utilisation, ce qui me semble intéressant c’est cet aspect organisation qui fait que vous pouvez venir à SPIP parce que c’est un outil qui va vous intégrer dans cette communauté. C’est-à-dire que vous n’allez pas juste l’utiliser de manière très consumériste, j’ai besoin de faire un site web, hop !, je fais le truc. Vous allez apprendre à faire votre site web en même temps que vous faites votre site web et vous avez une communauté qui va vous intégrer. Si vous commencez à développer vos compétences, cette communauté va vous intégrer pour vous aider. Vous allez participer à l’entraide, vous allez participer à du graphisme, à de la documentation, à de la traduction, éventuellement du développement de plugins ; ça peut prendre des années, mais c’est le chemin qu’on a un peu tous suivi dans cet outil. C’est cette aventure très humaine qui est très sympathique. Bien sûr, tout le monde est le bienvenu parce que c’est assez unique dans son genre. Vous n’allez pas contribuer à de gros machins commerciaux. SPIP reste un gros machin, très puissant, qui vous permet de faire des gros sites très compliqués, mais qui va vous intégrer progressivement et qui va vous apprendre à le faire au fur et à mesure. C’est cette communauté qui me semble toujours intéressante.
Frédéric Couchet : OK. Touti.
Touti : Quand je vois toutes les possibilités, les modularités, le fait qu’on puisse greffer des plugins sur le core, aujourd’hui au niveau développement, je pense qu’on peut intégrer normalement on doit passer à Composer, je parle au niveau technique, on est sur Git. Bienvenue à tous ceux qui veulent contribuer, des gens plus jeunes, etc. On a beaucoup dit que SPIP était mort, pour moi il n’est pas du tout mort. Toutes les personnes avec lesquelles je travaille sont, en général, super contentes parce que, justement, on peut vraiment faire de la haute couture. On reste dans l’artisanat, mais on fait de la haute couture. On peut aussi faire des petits sites et on peut aider les gens à avoir leur propre site et ne plus dépendre de plateformes qui les privent de leur liberté de comprendre, ne serait-ce que ça.
Frédéric Couchet : Super. Merci à vous. Je rappelle le site web de SPIP, spip.net. Nos invités du jour étaient Arnaud Martin, Anne-lise Martenot dite Touti, Jean Galland dit chankalan.
Je vous souhaite de passer une belle fin de journée et à bientôt.
Arnaud Martin : Merci beaucoup. À bientôt. Au revoir.
Touti : Merci.
Jean Galland : Merci. Au revoir.
Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Après la pause musicale nous aborderons le sujet du droit à la décompilation des logiciels. En attendant nous allons écouter Sacrifice par Eli Lortomy. On se retrouve dans 3 minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Sacrifice par Eli Lortomy.
Voix off : cause Commmune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Sacrifice par Eli Lortomy, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution. Vous retrouverez, toujours sur l’excellent site auboutdufil.com, une interview de l’artiste qui est un beatmaker français. Il dit : « Ce qui m’inspire dans la création musicale aujourd’hui ce sont les instruments à consonance, disons plutôt le classique comme le piano et le violon ainsi que les chœurs style orchestral. C’est pourquoi la plupart de mes instrumentales sont construites avec ces instruments, le tout mené par une batterie à rythmique Hip-Hop/Rap. Je pense que le mélange des deux est loin d’être opposé, au contraire il peut faire ressentir une grande émotion lorsqu’il est fait de façon la plus harmonieuse possible. ». L’interview se poursuit sur le site auboutdufil.com
[Jingle]
Chronique « In code we trust » de Typhaine Bonnet, avocate au cabinet Dune, sur le droit à la décompilation des logiciels
Frédéric Couchet : Évoquer, le code à la main, une règle de droit ou un procès en lien avec les œuvres, les données, les logiciels ou les technologies, c’est la chronique « In code we trust », « Dans le code nous croyons », de Typhaine Bonnet, avocate au cabinet Dune. Bonjour Typhaine.
Typhaine Bonnet : Bonjour Fred.
Frédéric Couchet : Le sujet du jour : le droit à la décompilation des logiciels.
Typhaine Bonnet : Bonjour à toutes et à tous.
Aujourd’hui, pour rester dans le thème de la chronique du mois dernier de Noémie sur le salarié et les logiciels, je vais m’intéresser au droit à la décompilation du logiciel.
Il s’agit d’un droit dont les contours ont été récemment rappelés par la Cour de justice de l’Union européenne dans un arrêt d’octobre 2021. La CJUE, la Cour de justice, est une institution de l’Union européenne qui va appliquer et interpréter le droit au sein de l’Union européenne ce qui va permettre d’avoir une interprétation uniforme.
Dans l’affaire qui nous intéresse aujourd’hui, elle opposait le Selor, un organe public de Belgique, à la société belge Top Systems. Top Systems fournissait des prestations de développement et de maintenance informatique pour le compte du Selor et avait développé des logiciels. Elle lui mettait à disposition un logiciel cadre avec des fonctionnalités et elle avait développé des fonctionnalités spécifiquement pour les besoins du Selor, donc le Selor détenait une licence d’utilisation sur ces logiciels.
Quelques problèmes de fonctionnement ont été constatés par le Selor, notamment lors de la mise en place d’un nouvel environnement. La société Top Systems n’était pas parvenue à un accord avec le Selor et elle avait introduit un recours devant les juridictions de l’État belge. Elle demandait, en fait, à faire constater d’une part que le Selor s’était livré à la décompilation du logiciel, donc en violation de ses droits exclusifs. Elle demandait ainsi la condamnation du Selor et de l’État belge au versement de dommages et intérêts au titre de la décompilation du logiciel et de la copie des codes sources qui avait été réalisée.
Pour rappel, au sein de l’Union européenne, la protection des logiciels est assurée par une directive qui date de 1991, qui avait été mise à jour en 2009, qui avait donc consacré le principe de la protection du logiciel par le droit d’auteur. Dans cette directive, on retient principalement quatre articles.
L’article 4 qui va définir tous les droits exclusifs qu’un auteur ou qu’un titulaire des droits va détenir sur ce logiciel, donc tous les actes qu’il va pouvoir autoriser ou interdire.
On a l’article 5 de la directive qui va prévoir les actes que peut faire un licencié, sans avoir besoin du consentement du titulaire.
Et on va avoir aussi l’article 6 qui est intitulé « Décompilation » et qui va indiquer que l’autorisation de l’auteur n’est pas nécessaire lorsque la décompilation du logiciel est réalisée pour l’interopérabilité du logiciel, sous réserve du respect de certaines conditions.
Ce sont ces articles-là qui ont posé des points de crispation puisque le Selor reconnaissait avoir précédé à la décompilation d’une partie du logiciel de Top Systems mais seulement dans le but d’en désactiver une fonction qui était défaillante. Il soutenait avoir le droit de procéder à la décompilation du logiciel dans le but de corriger certaines erreurs qui rendaient impossible le fonctionnement conforme à la destination du logiciel, c’est-à-dire que le logiciel ne pouvait être utilisé pour l’usage pour lequel il avait été créé.
À l’inverse, la société Top Systems soutenait que le Selor s’était livré de manière illégale à la décompilation du logiciel puisqu’au regard de la directive et de la loi belge, la décompilation ne serait permise qu’à des fins d’interopérabilité et ne serait pas permise pour corriger les erreurs qui affectent le logiciel.
Donc deux questions ont été soulevées devant la Cour.
Un licencié peut-il décompiler le logiciel à des fins de correction d’erreurs ? Si oui, est-ce qu’il faut satisfaire les conditions de l’article 6, article qui prévoit la décompilation à des fins d’interopérabilité ?
La Cour de justice, dans cet arrêt du 6 octobre 2021, nous livre, en fait, un raisonnement qui est assez pragmatique et vraiment très pédagogue. Elle va commencer par rappeler que seul l’auteur du logiciel ou le titulaire des droits va disposer du droit d’interdire ou d’autoriser notamment la reproduction du logiciel, sa traduction, son arrangement, sa transformation et également sa distribution. Ensuite elle va rappeler que, parmi ces actes, on ne retrouve pas l’acte de décompilation. Du coup elle va se livrer, on va dire, à un travail de définition de la décompilation et elle va reconnaître que décompiler un logiciel c’est reconstituer son code source, donc c‘est opérer une traduction du code objet en un code source et c’est le fait de reproduire ensuite ce code retraduit pour pouvoir corriger les erreurs. Donc elle constate que la traduction et la reproduction sont des actes qui sont soumis à autorisation de l’auteur. Puisque ces actes sont soumis à autorisation de l’auteur, le licencié peut réaliser l’acte de traduction et de reproduction pour pouvoir corriger des erreurs conformément à l’article 5 de la directive.
C’est tout le raisonnement auquel se livre la Cour de justice pour finalement reconnaître que oui il est possible de décompiler le logiciel seulement si c’est pour réaliser une correction des erreurs qui vont affecter son fonctionnement.
Dans un second temps, la question était de savoir s’il faut respecter les conditions de décompilation à des fins d’interopérabilité. Là la Cour a un raisonnement très simple, elle considère que décompiler un logiciel à des fins d’interopérabilité n’a pas du tout la même fonctionnalité que décompiler un logiciel à des fins de correction d’erreurs, donc elle considère qu’il n’est pas nécessaire de satisfaire les conditions de l’article 6 qui sont assez strictes puisqu’il faut pouvoir démontrer que le licencié a accompli cette décompilation, donc qu’il avait le droit de le faire. Il faut démontrer que les informations qui étaient nécessaires à l’interopérabilité n’étaient pas déjà facilement et rapidement accessibles et il faut aussi démontrer que la décompilation serait réalisée seulement pour l’interopérabilité.
C’est assez intéressant, on sait que ces conditions-là n’ont pas besoin d’être remplies pour pouvoir décompiler le logiciel à des fins de correction d’erreurs, mais elle prend quand même le soin de préciser que s’il y a une décompilation ça peut être fait seulement pour corriger les erreurs et on ne peut utiliser les informations qu’on peut en tirer à d’autres fins.
Elle va apporter encore quelques petites précisions qui sont assez intéressantes puisqu’elle va nous dire que si le code source est déjà contractuellement accessible, dans ce cas-là on ne peut pas décompiler le logiciel, ça n’a aucun intérêt, pour corriger les erreurs. D’autre part, elle va nous dire qu’il est possible, en fait, de prévoir cette correction des erreurs contractuellement et d’avoir des stipulations contractuelles qui sont spécifiques, donc elle va nous dire qu’il n’est pas possible d’exclure le fait de pouvoir corriger les erreurs.
En revanche, le titulaire des droits sur un logiciel et le licencié peuvent aménager cette possibilité de corriger les erreurs, notamment en prévoyant que le titulaire va s’engager, en fait, à réaliser une maintenance corrective du logiciel dès lors que des erreurs lui seront remontées.
Ce qu’il faut retenir de cet arrêt c‘est principalement le fait qu’en l’absence de stipulation contractuelle le licencié peut accomplir, sans l’accord du titulaire des droits, la décompilation du logiciel pour pouvoir procéder à la correction des erreurs qui vont affecter son fonctionnement, mais il ne peut pas utiliser les résultats de la décompilation à d’autres fins.
Après, évidemment, en matière de logiciel libre cet arrêt a une portée un petit peu plus limitée, comme le code source est déjà accessible grâce à la licence libre qui lui est associé, toute personne peut pouvoir modifier et adapter le logiciel pour corriger les erreurs. Il nous semblait quand même important de relever cet arrêt qui permet de clarifier un petit peu les règles applicables à la décompilation.
Frédéric Couchet : Tu as bien fait. Effectivement ça les éclaircit. Ceci dit, pour le logiciel libre il n’y a effectivement pas besoin de décompiler parce que, normalement, le code source est disponible avec les droits de modification. Par contre, le droit à la décompilation pour des questions d’interopérabilité peut être intéressant pour le logiciel libre, quand on développe des logiciels libres qui vont devoir être interopérables c’est-à-dire devoir fonctionner avec des logiciels tiers qui sont privateurs. Dans ce cas-là, il peut être intéressant, mais il faut que les conditions soient réunies, de pouvoir faire de la décompilation si les informations d’interopérabilité ne sont pas disponibles et souvent elles ne le sont pas, malgré le fait que, par exemple en France, il y a une autorité qui est normalement en charge de la régulation des mesures techniques de protection et de l’interopérabilité qui était intégrée à l’Hadopi qui va maintenant s’appeler, l’ARCOM [Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique], si je me souviens bien, avec la fusion CSA/Hadopi.
Typhaine Bonnet : Exactement. À partir de janvier prochain.
Frédéric Couchet : Voilà. Le droit reste toujours une matière absolument incroyable. Ceci dit je pense que tu penses la même chose sur l’informatique.
Typhaine Bonnet : Exactement !
Frédéric Couchet : En tout cas merci Typhaine. C’était la chronique « In code we trust » « Dans le code nous croyons » de Typhaine Bonnet avocate au cabinet Dune.
Je te souhaite une belle fin de journée et sans doute à 2022 pour la prochaine chronique.
Typhaine Bonnet : Merci. On se revoit en 2022.
Frédéric Couchet : Il nous reste un peu de temps. On va faire quelques annonces.
[Virgule musicale]
Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre
Frédéric Couchet : Dans les annonces de fin, je vais rappeler l’existence du nouveau beau site, fait avec SPIP, consacré à l’émission, c’est libreavous.org. Jean, que vous avions tout à l’heure, a activement contribué à sa création sous SPIP avec Antoine Bardelli pour le côté graphisme et Vincent Calame pour l’intégration des anciennes émissions, tous trois bénévoles au sein de l’April et on les remercie grandement.
Dans les actus que j’ai pu voir sur l’excellent site agendadulibre.org, qui lui n’est pas en SPIP, il est, je crois, fait en HTML pur si je me souviens bien, j’ai noté notamment, ce samedi 27 novembre 2021 à Marseille, une Fête d’installation de distributions logiciel libre organisée par l’association CercLL qui veut dire Cercle d’Entraide et Réseau Coopératif autour des Logiciels Libres. C’est le samedi 27 novembre 2021 de 14 heures à 19 heures dans la salle Foyer du peuple, à Marseille. Vous venez avec votre ordinateur et des personnes vont vous aider à installer une distribution en logiciel libre pour une utilisation quotidienne. N’hésitez pas y aller. Vous trouverez les informations sur le site agendadulibre.org.
Une chose dont on reparlera sans doute, je ne suis pas encore allé voir les détails exacts, la semaine prochaine, le 30 novembre 2021, ça se passe de 18 heures à 19 heures 30 à Paris, il y a la Soirée de lancement du jeu Gao&Blaze, créé par la coopérative La Boussole. La présentation de ce projet : « Gao & Blaze est une enquête narrative où les joueuses et les joueurs peuvent glaner des astuces pour protéger leur vie privée et réaliser un audit de leur téléphone s’ils ou elles le souhaitent. Gao & Blaze permet de prendre conscience de l’ampleur des données personnelles et sociales qui peuvent être divulguées avec l’installation d’une simple application ». C’est donc la soirée de lancement. C’est un jeu vidéo, donc il y a une application qui est en logiciel libre. Je suppose que dès le 30 novembre 2021 le jeu sera disponible en ligne et qu’on pourra le tester. Je vous dis qu’on va doute en reparler parce que ça a l’air d’être un projet vraiment très intéressant et ce que fait la coopérative La Boussole semble être également très intéressant au-delà de ce projet-là. Je vous rappelle, Gao & Blaze, vous allez sur agendalibre.org pour retrouver les références de l’annonce.
Notre émission se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Jean-Christophe Becquet, Typhaine Bonnet, Arnaud Martin, Jean Galland, Anne-lise Martenot.
Cette 123e émission, déjà,a été réalisée par Étienne Gonnu.
Cette émission est rendue possible grâce à une équipe en or, notamment pour la post-production des podcasts, qui a eu beaucoup de travail la semaine dernière : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, Quentin Gibeaux, bénévoles à l’April, Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org, toutes les références utiles, ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question, nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous. Faites connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles sur laquelle arrivent de nombreuses nouvelles émissions.
La prochaine émission aura lieu en direct mardi 30 novembre 2021 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur la libération de code informatique.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 30 novembre et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh tone par Realaze.