- Titre :
- Décryptualité du 7 décembre 2020 - Notre lettre de Noël à Thierry Breton et Margrethe Vestager
- Intervenants :
- Manu - Luc
- Lieu :
- April - Studio d’enregistrement
- Date :
- 7 décembre 2020
- Durée :
- 15 min 28
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Revue de presse pour la semaine 49 de l’année 2020
- Licence de la transcription :
- Verbatim
- Illustration :
- santa-claus-santa-christmas-red, Pixabay - Licence Pixabay
- NB :
- transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Description
Thierry Breton et Margrethe Vestager présenteront le 15 décembre une « refonte complète de notre régulation des services et marchés numériques » au niveau européen. Puisqu’il nous reste une semaine pour rêver au mieux et que Noël approche, nous dressons la liste de ce que nous aimerions voir dans un tel texte.
Transcription
Luc : Décryptualité. Semaine 49. Salut Manu.
Manu : Salut Luc.
Luc : Le sommaire.
Manu : Cinq petits articles. On sent que ça se rapproche de Noël, le travail diminue.
Luc : lesoir.be, « Carte blanche : « Un espace numérique au service de tous les Européens » », une tribune de Thierry Breton et Margrethe Vestager.
Manu : On va en parler juste après. C’est un sujet intéressant.
Luc : Ce sera le sujet.
76actu, « Insolite. Un projet de robot maraîcher, piloté avec un smartphone, près de Rouen », un article de Fabien Massin.
Manu : Je trouve ça intéressant parce que c’est de l’innovation open source, on met en partage, et il y a du matos là-dedans pour faire du maraîchage avec, effectivement, un petit peu automatisation. Je kiffe, j’adore l’idée. Pour l’instant ça reste des petits projets, malheureusement, ce n’est pas encore dans des quantités où on peut en avoir partout en ville, mais j’aimerais bien.
Luc : Le Monde Informatique, « La Fondation Linux crée une certification pour débutant », un article de Jacques Cheminat.
Manu : Certifier des gens pour le logiciel libre, c’est intéressant notamment pour les entreprises ou le monde universitaire.
Luc : En gros, c’est une sorte de diplôme qui dit que la personne sait ce qu’elle fait.
Manu : Exactement. En tout cas, qu’elle sait mieux ou moins pire que d’autres. Ça permet d’avoir une sorte de reconnaissance, ce n’est pas mal. On va voir si ça se déploie à grande échelle, parce que c’est vrai qu’il y a des enjeux assez conséquents. J’image que ça va être quelque chose de numérique, ça paraît obligé à notre époque.
Luc : ZDNet France, « Open source : Les vulnérabilités mettent en moyenne quatre ans à être corrigées », un article de Charlie Osborne.
Manu : GitHub c’est une grosse plateforme qui héberge du logiciel libre, donc ils ont accès à plein d’informations sur les développements et, eh bien oui, effectivement, sur les failles. Donc il y a plein d’outils qui tournent, qui mesurent, qui essayent de savoir ce qu’il y a comme failles. On peut les mesurer, on peut les pointer, mais on ne les corrige pas forcément tout de suite, même si on sait qu’elles sont là.
Luc : Dans le propriétaire, ça ne va pas nécessairement très vite non plus !
Manu : Oui, mais on ne sait pas !
Luc : Mais on ne sait pas !
Manu : Voilà ! Ça fait une grosse différence, sachant que tout ça c’est piloté aussi. Il y a des entreprises qui ont tout intérêt à essayer de répertorier tout cela, c’est leur business.
Luc : Pour vendre des services là-dessus.
ZDNet France, « Internet Archive passe au logiciel libre pour numériser livres et journaux du XIXe siècle », un article de Thierry Noisette.
Manu : Ça c’est kiffant parce qu’on remonte de vieilles informations, on va dire matérielles, et on les virtualise, en tout cas on les digitalise ou on les numérise ou on les…
Luc : C’est-à-dire qu’on les met dans un ordinateur.
Manu : Oui, d’accord, mais on le fait avec du logiciel libre cette fois-ci et ils se sont rendu compte qu’il y avait plein de logiciels privateurs qui le faisaient auparavant et qui coûtaient de l’argent. Finalement, avec les innovations de ces derniers temps, la communauté des libristes, il y avait moyen de numériser en utilisant des outils seulement libres et, même mieux que ça, de les améliorer pour faire en sorte que ça fonctionne encore mieux qu’avant, plus rapidement, avec une qualité plus aboutie. C’est vrai qu’on doit pouvoir numériser les vieux journaux complètement, y compris faire de la reconnaissance de caractères pour pouvoir faire de la recherche.
Luc : Notre sujet de la semaine c’est donc ce truc européen, je ne sais pas comment l’appeler.
Manu : C’est bien « truc » ! « Machin » ça marche aussi pas mal.
Luc : Thierry Breton qui est Commissaire européen en charge du marché intérieur et du numérique et Margrethe Vestager qui n’est pas tout à fait française, j’imagine, vice-présidente exécutive de la Commission européenne en charge de la concurrence ont un petit projet.
Manu : Oui. Un projet de loi ou de règlement européen. Ce ne sont pas des petits projets parce qu’on sait tout de suite que ça touche pas mal de choses. Ils veulent faire plein de trucs bien, combattre la haine, s’assurer que les informations sont vraies, virer tout ce qui est dangereux ou contrefait et puis s’assurer que les GAFAM payent des taxes, en tout cas contribuent et ne tuent pas les petits commerces.
Luc : Donc un énième projet de régulation des GAFAM, parce que ce sont essentiellement eux les cibles, qui viendrait de l’Europe, avec tous les sujets, la haine sur Internet, tous ceux que tu as cités, etc., qu’on connaît bien, qui ont également été discutés au niveau national et ça fait des années que ça dure. Donc nouvelle initiative à plus grosse échelle.
Manu : Ça fait peur parce que généralement, quand ils pondent ce genre d’initiative ils en sont tout contents, tout fiers, mais, en fait, ils ne comprennent pas forcément de quoi il s’agit. Ils débarquent avec leurs gros sabots, ils écrasent plein de fonctionnements, ils essayent de mettre en place des systèmes qui vont parfois donner plus de pouvoirs aux GAFAM, le contraire de ce qu’on voudrait.
Luc : Oui. Je note qu’eux mentionnent encore la responsabilisation des hébergeurs, des tiers, donc les GAFAM, notamment dans tout ce qui est modération. À eux de censurer, d’empêcher la haine, d’empêcher ceci, cela, c’est-à-dire leur donner du pouvoir arbitraire, parce que, derrière, ils n’ont pas les moyens, ni humains ni techniques, de faire ça de façon intelligente. On a vu que ce genre de dispositif, notamment dans les dernières lois en France, a tendance à se répercuter sur les petits acteurs dont les chatons [1] et les trucs communautaires qui se retrouvent avec des contraintes de type « il faut réagir en une heure 24 heures sur 24 », ce qui n’est pas possible quand on est un truc associatif.
Manu : Tu n’as vraiment pas de cœur parce que si, c’est possible, mais bon, effectivement, il y a des gens qui ne vont pas dormir la nuit. C’est un détail !
Luc : C’est un petit peu compliqué à faire quand on est bénévole. Il y a plein de choses.
Manu : On sent que c’est une liste un peu fourre-tout. Ils disent que ce sont les services et les marchés, probablement qu’ils veulent enlever le géo… comment on dit déjà ?
Luc : Géoblocking, c’est ça ?
Manu : Oui, effectivement. C’est le fait qu’on puisse vendre des contenus à différents prix en fonction du pays dans lequel on achète.
Luc : Ou interdire à des gens à l’étranger d’y accéder.
Manu : Effectivement, tout ça ne va pas dans le sens de l’Europe et du marché unique. Moi, de ce point de vue-là, pour une fois, j’approuverais qu’ils enlèvent ces blocages-là, ça nous, aiderait, nous citoyens.
Luc : On est complètement d’accord sur le fait qu’il y a du boulot et que c’est nécessaire. On sait qu’aux États-Unis les GAFAM sont un peu dans la ligne de mire des institutions anti-monopole, contre les trusts, avec cette menace d’éclater ces entreprises en disant « vous devez découper ». Si on prend par exemple Amazon, ils vendent des produits, mais ils vendent également des services cloud, des serveurs. Une décision là-bas pourrait dire « ça doit être maintenant des entités totalement différentes ».
Manu : En théorie, je suis convaincu, étant donné la taille du marché européen, et ils s’en vantent, qu’on pourrait imposer le même genre de chose et dire à Amazon « maintenant tu ne fais plus d’informatique en nuage, tu dois la dégager dans une autre filiale que tu vends à quelqu’un ».
Luc : Voilà. En tout cas, tu ne peux pas en vendre en Europe ou tu dois choisir entre vendre tel service ou tel service et, si tu veux vendre les deux, il faut que ce soit deux structures différentes.
Manu : Ça, ça marche assez bien et on pourrait imaginer d’aller très loin dans ce sens-là. On pourrait, par exemple, dégager YouTube de Google.
Luc : En tout cas ce qu’on voit de l’article, qui n’est pas extrêmement précis, ce n’est pas tellement vers ça qu’ils se dirigent. On retrouve un peu les vieilles recettes mais plus fort, mieux.
Manu : Encore et encore !
Luc : D’ailleurs ils appellent à l’aide Spiderman.
Manu : Oui, parce que des grands pouvoirs, de grandes responsabilités… Franchement ! Et qui est-ce qui a des grands pouvoirs, qui sont les super héros dans l’histoire ? Ce sont les GAFAM.
Luc : Oui, effectivement, donc c’est un peu consternant !
C’est bientôt Noël, on est en décembre, du coup on s’est dit qu’on pourrait faire un peu notre liste au père Noël en disant « qu’est-ce qu’on voudrait dans cette loi – qui n’y sera pas – si on avait le choix ? »
Manu : Je pense que c’est l’occasion. On peut faire des demandes.
Luc : Sachant que ça se discute la semaine prochaine.
Manu : En tout cas ça se présente. Ils vont mettre en place, démarrage de quelque chose.
Luc : Du coup, on en saura un peu plus sur ce qu’ils veulent faire exactement. C’est le moment d’en parler parce que, après, de toute façon, ce sera trop tard.
Manu : Et puis on sera tellement dégoûtés de ce qu’ils auront sorti. On sera juste cachés sous nos draps pendant toute la période des fêtes.
Luc : OK. Qu’est-ce que tu voudrais dans ta liste au père Noël ?
Manu : Le premier truc que je voudrais c’est qu’ils arrêtent d’embêter tous les hébergeurs qui ne font aucun commerce, pas de publicité, pas d’abonnements ou quoi que ce soit, et qui hébergent des contenus qu’ils n’ont pas le droit, normalement, étant donné le droit d’auteur.
Luc : OK. Tu veux autoriser les pirates dès lors qu’ils sont bénévoles, c’est ça ?
Manu : Exactement. Donc tous les PeerTube [2] du monde pourraient se monter, héberger ce qu’ils veulent comme contenu, des musiques, des vidéos, des œuvres littéraires, tant que ce que ce n’est pas commercial. C’est reste compliqué à démontrer, bien sûr.
Luc : Ce qui est commercial ou pas, ce n’est jamais facile.
Manu : Oui, on le sait, mais on sait aussi que ça nous éviterait pas mal de problèmes et de galères sur tous ces petits hébergeurs bénévoles, notamment les chatons, je pense que ça pourrait être apprécié.
Luc : Oui, ça pourrait aussi être l’occasion de mettre en place une sorte de licence globale qui avait été proposée à l’époque de la mise en place d’HADOPI [Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet], sous une forme plus ou moins variée. Dès lors qu’on parle d’un volet fiscal, on pourrait imaginer qu’au lieu de se reposer sur le système publicitaire et des GAFAM pour payer comme ils veulent, sur des critères qui les arrangent et sur des sommes qui les arrangent aussi, qu’on prélève pour financer différents créateurs, mieux contrôler combien d’argent va à la création et se dire aussi qu’on casse cette logique propriétaire entre le nombre de vues ou ce genre de choses.
Manu : Ça reste compliqué. Je pense que tu es bien optimiste parce que la licence globale [3] s’est déjà fait dégager en mode « ça ne peut pas fonctionner », alors que pourtant ça fonctionne bien dans un milieu qu’on connaît.
Luc : Oui, dans le monde de la radio. On n’en bénéficie pas parce qu’on met nos podcasts sous licence libre et ce n’est pas tout à fait compatible. Mais, par exemple dans le monde de la radio associative, il y a un fonds qui est financé par des prélèvements sur les radios et les télés commerciales et quand quelqu’un, dans le milieu associatif, dans les radios libres, associatives, fait de la création originale, eh bien il peut présenter un dossier, récupérer de l’argent et ce n’est pas négligeable ; il n’y a pas de quoi vivre, mais ce ne sont pas des sommes complètement ridicules.
Manu : Ça peut casser le système, au moins dans une certaine mesure.
Il y a autre truc que j’aimerais bien demander au père Noël, un mot à plein de syllabes, un gros mot.
Luc : Interopérabilité.
Manu : Tu l’as vu, effectivement. C’est déjà trop et le concept n’est pas forcément simple. Si on essaye de résumer, l’interopérabilité ?
Luc : C’est l’idée que des systèmes différents fonctionnent tous de la même manière et discutent ensemble. C’est la prise de courant. On a plein de matériels issus de plein de constructeurs différents, on a plein de maisons, mais partout, en tout cas dans des zones géographiques déterminées, toutes les prises rentrent les unes dans les autres, ça marche et le courant est identique.
Manu : J’avais un exemple technique. À une époque, il y avait un serveur de chat sur des serveurs Google, qui, en fin de compte, est basé techniquement sur un outil qui s’appelle Jabber [4].
Luc : Un outil libre.
Manu : Qui est libre, un super outil, ça faisait plaisir que Google l’utilise. Et moi depuis mon poste, sur mon serveur, avec une autre instance, j’arrivais à communiquer avec ma famille qui était sur Google. Donc il y avait une interopérabilité des données, mais, du jour au lendemain, pour je ne sais plus pour quelle cause, mais je n’ai pas tellement confiance dans la fiabilité de ses causes, eh bien Google a décidé de ne plus être interopérable avec les autres serveurs, hors des siens. C’est un petit dommage ! On pourrait demander que la Commission européenne tape un peu du poing sur la table et oblige les acteurs, notamment les gros, à partager les flux de données.
Luc : Oui et on pourrait également étendre ça à tout ce qui est identification, ce qu’on appelle le SSO [single sign-on] qui est un système, en gros, où on s’identifie une fois sur plein de sites différents.
Manu : En gros, tu en as marre d’avoir 10 000 mots de passe à stocker dans ta mémoire à court terme.
Luc : C’est ça. Aujourd’hui, les gens s’identifient massivement avec leur identifiant Facebook, avec leur identifiant Google et c’est un très bon outil pour ces boîtes-là pour traquer les gens et savoir par où ils passent sur Internet et tout ce qu’ils font de leur vie sur Internet. Récemment, un article a levé le fait que Facebook avait admis qu’il traquait les gens.
Manu : Non !
Luc : Ils n’étaient pas censés le faire, même si personne n’est pas dupe.
Manu : Ce qui est rageant, en plus, c’est que ces systèmes d’authentification sur un point unique, ce sont des systèmes qui sont déjà standards. Il y a des normes, il y a des outils, des librairies, ce n’est pas très difficile de pouvoir s’authentifier avec autre chose que Facebook ou Google, il faut juste que ce soit prévu par le site sur lequel on veut s’authentifier. Là il y aurait sûrement un effort à faire, par exemple obliger à avoir plus de deux acteurs d’authentification.
Luc : Et on pourrait passer par un système de service public de l’identification, parce que l’infrastructure est un truc essentiel sur Internet. De la même façon qu’on a des règles, des routes, des infrastructures qui sont en partie gérées par la puissance publique, on pourrait dire, par exemple, on a un service public des systèmes d’identification qui sont autorisés, qui sont reconnus, qui ont été testés et les GAFAM devraient nécessairement passer par ce système-là. Du coup, on pourrait imaginer que les chatons aient leur propre système SSO, etc., dès lors qu’ils sont adoubés par une institution publique qui ne dépend pas des GAFAM.
Manu : Qu’est-ce que tu ferais contre la haine en ligne ? Parce que ça reste un sujet super compliqué. Comment tu t’assures qu’il y ait de la modération en temps réel qui ne soit pas arbitraire, gérée par une entité centrale comme YouTube ?
Luc : Pour moi c’est un problème insoluble à la base. Internet, dès son début, ça a été des communautés. La seule chose qui marche à peu près, mal, et c’est compliqué, mais c’est la seule chose qu’on ait, ce sont les humains qui sont personnellement impliqués et qui croient en ce qu’ils font. Effectivement, les GAFAM payent des gens au lance-pierre dans des pays où les gens ne sont pas payés bien cher.
Manu : Et des gens qui ont ensuite des gros problèmes psychologiques parce qu’ils voient toutes les horreurs.
Luc : Oui, parce qu’ils voient toute la merde et tous les trucs comme ça. Pour moi, par exemple, on pourrait imaginer avoir, un peu comme les prud’hommes, des sortes d’institutions dans lesquelles il y ait des internautes, des gens qui soient élus – comment ils arrivent là est à voir – et à qui on pourrait faire appel quand on a le sentiment qu’on a été traité injustement par un GAFAM. Aujourd’hui, un youtubeur quelconque qui se fait dégager ou n’importe qui sur Facebook, on a eu de multiples exemples dans la presse, eh bien il est face à mur, il est personne face à un mastodonte qui, s’il ne veut pas lui parler, ne lui parle pas. Or, par rapport à la liberté d’expression, c’est essentiel de se dire que la décision finale n’appartient pas aux GAFAM, mais elle appartient aux gens eux-mêmes et le modèle des prud’hommes, où ce sont des gens issus du monde du travail qui sont élus, est assez intéressant parce qu’il remet de la démocratie dans le système.
Manu : Ça me paraît vraiment compliqué à monter en charge, mais effectivement, dans tous les cas, je pense qu’il faut qu’il y ait de l’humain dans la modération, mais décentralisé. Qu’on ait plein de serveurs différents, à peu près interopérables entre eux, un Mastodon [5] ou un PeerTube, c’est parfait. C’est justement fait pour partager des vidéos, partager des contenus, et faire en sorte qu’il y ait des petites communautés de modération qui vont galérer, bien sûr, mais qui vont faire un travail de fourmi au jour le jour.
Luc : Et on pourrait casser le système d’îlots. C’est-à-dire que YouTube, comme on le voit sur PeerTube, donnerait des vidéos issues de plein de fournisseurs de vidéos différents au lieu de se contenter des siennes et de faire toute la sélection en mettant en avant uniquement ce qu’il veut.
Manu : On peut aller plus loin encore, on peut dire qu’on l’oblige à être neutre. Il y a la neutralité du Net, il y a la neutralité des recherches, donc obliger à ne pas se mettre en avant et à ne pas bloquer d’autres gens sur des critères qui sont à lui, des critères arbitraires ou bien des critères qui lui permettent juste de gagner de l’argent et de mieux contrôler les gens.
Luc : Et ça c’est tout à fait valide pour Google, mais également pour Amazon qui, notamment par rapport à ses vendeurs tiers, userait beaucoup de ce système-là pour placer ses produits et ce genre de chose.
Manu : Il a aussi été question de taxation. J’ai réfléchi, je ne vois pas de solution. Comment fait-on pour taxer les GAFAM, dans l’état actuel du monde ?
Luc : Ce n’est pas évident, mais déjà, ce qu’on pourrait faire au niveau européen, c’est arrêter de mettre en place un système de concurrence fiscale entre les États, parce que, aujourd’hui, l’Irlande en joue beaucoup et a gagné pas mal d’argent avec. Finalement, c’est une sorte de concours au moins-disant. Il faudrait harmoniser le système fiscal au niveau européen.
Ça fait beaucoup. Je rajouterais peut-être un truc ou deux, que ce soit techniquement agnostique, c’est-à-dire qu’il y ait des normes et que les utilisateurs ne soient pas bloqués parce que, par exemple, ils utilisent du GNU/Linux.
Manu : Oui. On pourrait mème aller jusqu’à dire qu’il ne doit pas y avoir de vente liée. Mais ça c’est un vieux sujet, ça va être compliqué là, maintenant.
Luc : Ou proposer la standardisation des CGU, c’est-à-dire que tu as, par exemple, dix modèles de CGU standards.
Manu : Les conditions générales d’utilisation.
Luc : Parce qu’aujourd’hui il y en a dans tous les sens et personne ne peut savoir comment ça marche parce que c’est trop compliqué et que c’est fait pour être illisible. Or, si on dit « voilà, vous en avez dix, vous devez en choisir une », eh bien là ça commence à pouvoir être compréhensible.
Manu : Bon ! Ce n‘est déjà pas mal, je ne suis pas sûr qu’on ait tout ça pour l’année prochaine.
Luc : On a d’autres idées, mais le temps nous manque.
Manu : On va tout envoyer et on revient vers vous, nos chers auditeurs, on vous dira ce qui est passé.
Luc : Et si ça ne marche pas, on essayera de contacter quelqu’un d’autre.
Manu : À la semaine prochaine.
Luc : Salut !