Libre à vous ! Radio Cause Commune - Transcription de l’émission du 7 juillet 2020

Titre :
Émission Libre à vous ! diffusée mardi 7 juillet 2020 sur radio Cause Commune
Intervenant·e·s :
Emmanuel Revah - Marie-Odile Morandi - Étienne Gonnu - Elsa Pottier - François Poulain - Christian Momon - Véronique Fritière - Frédéric Couchet - Olivier Grieco à la régie
Lieu :
Radio Cause Commune
Date :
7 juillet 2020
Durée :
1 h 30 min
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Page des références utiles concernant cette émission

Licence de la transcription :
Verbatim
Illustration :
Bannière de l’émission Libre à vous ! de Antoine Bardelli, disponible selon les termes de, au moins, une des licences suivantes : licence CC BY-SA 2.0 FR ou supérieure ; licence Art Libre 1.3 ou supérieure et General Free Documentation License V1.3 ou supérieure. Logo de la radio Cause Commune utilisé avec l’accord de Olivier Grieco.

Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.

logo cause commune

Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.

« Au cœur de l’April », ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Plusieurs personnes actives au sein de l’April parleront des activités de l’April, de son fonctionnement. Posez-nous toutes vos questions pendant le direct, nous y répondrons.

Avec également au programme la chronique d’Emmanuel Revah, la chronique d’Isabella Vanni qui va nous parler d’un groupe d’utilisateurs et d’utilisatrices de logiciels libres sur la Côte d’Azur.

Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.
Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.

Vous trouverez sur le site de la radio causecommune.fm et sur le site de l’April, april.org, une page consacrée à l’émission du jour avec les références.
Nous sommes mardi 7 juillet 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, vous cliquez sur « chat » et vous nous retrouvez sur le salon dédié à l’émission #libreavous.
Je salue aujourd’hui à la réalisation de l’émission Olivier Grieco et j’ai le grand plaisir d’être de retour au studio après quelques mois d’absence.

Nous vous souhaitons une excellente écoute.
Tout de suite place au premier sujet.
[Virgule musicale]

Chronique « Itsik Numérik » d’Emmanuel Revah sur le thème « Râlages en vrac d’un vieux libriste »

Frédéric Couchet : Nous allons commencer par la chronique « Itsik Numérik » d’Emmanuel Revah. Je vais lui laisser expliquer le titre parce que, en fait, comme il l’a envoyé trois minutes avant l’émission, j’ai un petit peu oublié.

Bonjour Emmanuel, ça va bien ?
Emmanuel Revah : Ça va. Et toi Fred ?
Frédéric Couchet : Ça va très bien. De quoi vas-tu nous parler aujourd’hui ?
Emmanuel Revah : Aujourd’hui, j’ai essayé de faire un vrai sujet mais c’était un peu compliqué. Le sujet du jour c’est un peu « Râlages en vrac d’un vieux libriste ».
Frédéric Couchet : Ah oui ! « Râlages », parce que tout à l’heure j’ai dit « Ravages ». Excuse-moi, vas-y.
Emmanuel Revah : Il n’y a aucun problème.

Il y a un truc qui se fait depuis longtemps, ce sont des sites web, des services, des logiciels ou autres, pas forcément dans le Libre, qui ne disent rien sur ce que fait le truc. Le seul moyen de savoir c’est de s’inscrire. Tu vois, ces sites où tu as juste un formulaire d’inscription, ou alors tu as juste un lien de téléchargement ! C’est comme s’il y avait un arrêté préfectoral qui interdisait la documentation. Souvent il y a juste un tas de superlatifs, surtout le mot awesome qui veut dire « génial » ou « merveilleux ».

Si on se fie à la description courte, on pourrait croire que les trois quarts des sites autour des logiciels et services en ligne font exactement la même chose. La description qu’on voit un peu partout c’est : We are awesome people making awesome software for awesome users ou, en français, « Nous sommes des gens géniaux qui faisons des logiciels géniaux pour des utilisateurs géniaux ». Mais encore ! Et puis, c’est aux utilisateurs de décider si c’est awesome, non ? On dirait Donald Trump quand il se présente !
Il y a une petite vague de logiciels libres qui font un petit peu pareil, qui imitent un petit peu trop les pratiques de l’écosystème non-libre. La seule chose qu’on peut vraiment savoir en lisant ce genre de description, dans le cadre d’un logiciel libre, c’est que le projet tourne avec NodeJS et il se déploie, de préférence, avec Docker.
Après, il y a les services non-libres, centralisateurs, qui manipulent les utilisateurs via différentes méthodes dont l’appel à la production de dopamine, avec des micro-récompenses pour chaque action d’engagement et autres méthodes qu’on appelle dark patterns. D’après Wikipédia un dark patterns, en français « interface truquée », est une interface qui a été soigneusement conçue pour tromper ou manipuler un utilisateur. Eh bien ce genre de pratique et comportement se retrouve un petit peu dans le Libre aussi.
Vous avez déjà participé à une discussion sur un forum qui utilise le logiciel Discourse ? J’ai arrêté de le faire, c’est hyper-pénible, pour plein de raisons.

Par exemple, rien que le fait que le raccourci « CTRL F » fasse autre chose que ce que ton navigateur est censé faire, c’est du browser hijacking, c’est-à-dire que le logiciel web Discourse détourne la fonction de « recherche dans la page » qui est activée via les raccourcis « CTRL F » ou « / », pour faire son propre truc, c’est-à-dire une recherche sur le site du forum. Et la réponse des devs quand un utilisateur soulève le problème c’est : « Le CTRL F du navigateur ne fonctionnera pas puisque la majorité de la page n’est pas chargée dans le navigateur. Donc, ce que tu proposes, c’est de casser le site ».

Je vais expliquer un petit peu ce dernier truc. En gros quand on lit une page dans Discourse, un sujet, pas tout le sujet est chargé, ça se charge au fur et à mesure qu’on fait défiler la page donc CTRL F ne peut pas trouver ce qu’il y a tout en bas. D’ailleurs il n’y a pas de bas de page, ça c’est fini !

En fait, ce que propose l’utilisateur, c’est que le logiciel Disourse ne casse pas la fonctionnalité du navigateur. La fonction en elle-même, pouvoir chercher sur le site, ouais, pas de souci, mais juste, ne détournez pas le navigateur des utilisateurs parce que ça, ça s’appelle du browser hijacking et ce n’est pas bien.
En fait, le truc que je voulais dire à la base sur Discourse, c’est sur son modèle d’interaction avec les utilisateurs, il est basé sur l’économie de la dopamine. Pour chaque truc que tu fais tu reçois une médaille. Vraiment ! Tu postes un truc, médaille ! Tu réponds, tu likes, tu mets en favoris, médaille ! Médaille ! Médaille ! Ce n’est pas le seul logiciel libre à pratiquer ce genre de truc, mais c’est le premier exemple flagrant qui m’a traumatisé et même provoqué des cauchemars. C’est au point où je n’ai pas même cru que Discourse était un logiciel libre !
Autre truc en vrac, la documentation. Oui, c’était censé être le sujet du jour, mais je développerai plus tard. Depuis quand est-il devenu mal vu que de documenter son logiciel libre ?

Un exemple qui m’a causé une hernie, c’est Mastodon. Alors attention, c’est un projet plutôt génial, vraiment ! Si je râle, c’est que j’aime. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, en court, Mastodon est un service de média social ressemblant un petit peu à Twitter dans son fonctionnement, mais qui est décentralisé et fédéré. L’idée est de ne pas avoir de centre et, pour cela, les gens peuvent installer leur propre instance Mastodon. C’est génial ! Je prends. Moi je suis là-dedans depuis l’époque où Friendica s’appelait encore Mistpark. En gros, je suis un hipster du média social fédéré ! Bon ! Mais, au niveau de la doc, c’est autre chose. Je vais sur le site – c’était il y a plus de deux ans – je prends le code, je suis le guide d’installation, et bon ! J’y suis arrivé, mais contrairement à d’autres trucs que j’ai installés, je ne comprends absolument rien ! Ce truc tourne par malentendu et je ne suis pas seul à le dire.

Et les mises à jours, waouh ! C’est à moitié du hasard. Un jour je me suis retrouvé avec mon instance en rade tout l’après-midi. Je cherchais, mais rien. J’ai fini par taper toutes les commandes dans le désordre et, en fait, c’est la bonne méthode. Ça marche !

Un tel projet a besoin que ce soit le plus facile possible, sinon les instances, donc le réseau, risquent de tomber ou pire, se centraliser de nouveau. Si on veut que le plus de gens possible puissent héberger leur propre instance, si on veut donner le plus de chances d’avoir un vrai réseau de média social décentralisé et fédéré, il faut que ce soit plus facile et plus clair.

En leur faveur, il faut le dire, la doc commence un peu à ressembler vaguement à quelque-chose, mais quand j’ai tenté d’apporter une micro-correction, genre juste sur une phrase pour clarifier un truc, les gens sur IRC, qui sont d’ailleurs super cool, m’ont dit de passer par GitHub ! Et là. Non ! Mais vraiment ? Mais oui, vraiment ! Tous les logiciels libres sont sur Github maintenant, même les logiciels d’outils fédérés. Je sais bien que c’est difficile pour chaque projet d’auto-héberger son propre site et son propre Gitlab, mais bon, peut-être pas tant que ça en vrai, je ne sais pas. Le vrai argument pour héberger ses logiciels sur Github, quand on produit des logiciels de fédération et de décentralisation du Net, c’est que c’est plus facile de se rassembler tous autour d’une seule plateforme centrale. Non ?

Qui aurait cru qu’en 2020 il faut un compte Microsoft pour faire du logiciel libre ?
Je suis peut-être parti légèrement hors sujet, dans tous les sens. Peut-être ! En même temps, on s’en fiche ! Je n’ai qu’à dire que ma chronique est awesome, cette émission est awesome et vous qui écoutez, vous êtes Awesone.
Frédéric Couchet : En fait, tu es vraimentawesome. Sur le salon web de la radio, on a précisé que priver les utilisateurs et utilisatrices de CRTL F devrait être interdit par la Convention de Genève. J’ai trouvé ça très drôle ; c’est Étienne qui interviendra tout à l’heure. Je précise que ton exemple sur Mastodon me parle parce que je maintiens aussi une instance Mastodon et j’ai toujours l’impression que c’est un peu de la magie, par contre je n’ai jamais eu de souci de mise à jour contrairement, effectivement, à toi. On a l’impression que c’est un peu par magie que ça fonctionne, en tout cas ça fonctionne.

Effectivement, tu étais un peu hors sujet par rapport au sujet initial, mais ce n’est pas grave ! Après tout tu es un vieux libriste, tu es un petit peu le tonton Manu dans les déjeuners de famille qui, tout d’un coup, parle d’un autre truc.

En tout cas merci pour cette chronique dont le titre est « Râlages en vrac d’un vieux libriste » et non pas « Ravages en vrac d’un vieux libriste », j’avais mal noté au départ.
Emmanuel Revah : Pas encore !
Frédéric Couchet : Pas encore, exactement. D’ailleurs j’espère que tu auras tout l’été pour préparer ta chronique sur la documentation et qu’on se retrouvera à la rentrée pour la reprise, pour la saison 4 de Libre à vous !
Emmanuel Revah : Merci, c’était un plaisir et à bientôt.
Frédéric Couchet : À bientôt. C’était la chronique « Itsik Numérik » d’Emmanuel Revah.

On va faire une petite pause musicale.
Frédéric Couchet : On va écouter Floor Lights Delight par H-M O. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Floor Lights Delight par H-M O.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Floor Lights Delight par H-M O, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution. Vous retrouverez les références sur le site de la radio, causecommune.fm, et sur le site de l’April, april.org.

Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France, en DAB+ également et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Nous allons passer au sujet principal.
[Virgule musicale]

« Au cœur de l’April », avec plusieurs personnes actives au sein de l’April : Marie-Odile Morandi, Étienne Gonnu, Christian Momon, Elsa Pottier, François Poulain

Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec le sujet principal qui va porter aujourd’hui, pour cette dernière émission de la saison, sur l’April. Nous avons intitulé ce sujet « Au cœur de l’April ». Plusieurs personnes membres de l’April vont échanger pour expliquer un petit peu ce que fait l’April, son fonctionnement, ses actions.

Je vais saluer au fur et à mesure donc Marie-Odile Morandi. Bonjour Marie-Odile.
Marie-Odile Morandi : Bonjour.
Frédéric Couchet : Christian Momon. Bonjour Christian.
Christian Momon : Bonjour tout le monde.
Frédéric Couchet : François Poulain. Bonjour François.
François Poulain : Salut Fred.
Frédéric Couchet : Elsa Pottier. Bonjour Elsa.
Elsa Pottier : Bonjour.
Frédéric Couchet : Et Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.
Étienne Gonnu : Salut.
Frédéric Couchet : Tout le monde est avec nous donc c’est parfait.

N’hésitez pas à participer à notre conversation, à nous poser des questions. Pour cela rendez-vous sur le salon web de l’émission, site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous.

Depuis 1996, donc depuis bientôt 25 ans, l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre, diffuse l’esprit du Libre. L’émission Libre à vous ! est un de nos projets, mais il y en a d’autres. On va essayer de vous faire découvrir les coulisses de l’association, quelques actions, découvrir les personnes, soit membres de l’équipe salariée soit bénévoles, qui nous permettent d’avoir une association vivante et active pour la promotion et la défense du logiciel libre. On a déjà consacré une première émission sur ce sujet avec d’autres personnes, le 16 juin 2020, le podcast est évidemment disponible sur le site de la radio et sur le site de l’April. En gros, on va essayer de vous diffuser l’esprit de l’April avec mes petits camarades.

Il ne faut pas que je regarde ce qu’il y a sur le salon web parce qu’on me décentre, le réalisateur me déconcentre en mettant des commentaires. En tout cas rejoignez-nous et vous pourrez les voir.

Première question et je vais vous la poser dans l’ordre selon lequel vous êtes. On précise qu’on diffuse, pour la plupart des gens, sur Mumble, un outil d’audioconférence. Moi je suis au studio avec Olivier Grieco, le directeur d’antenne. Je vais vous demander de vous présenter, d’où vous venez, ce que vous faites à l‘April, en moins d’une minute. On va commencer par Christian.
Christian Momon : Dans la vie je suis développeur informatique de logiciels libres. Je fais des choses avec l’April depuis 1998 en fait. Je suis administrateur de l’April depuis 2016 et depuis 2019 je gère le groupe Chapril, entre autres.
Frédéric Couchet : Super. Merci. Elsa.
Elsa Pottier : Je ne viens pas du tout de l’univers informatique. Au départ j’étais bibliothécaire. Suite à une bifurcation dans ma vie perso et professionnelle, j’ai souhaité trouver une activité salariée à temps partiel dans une structure dont l’objet et la façon de travailler en équipe faisaient sens pour moi, donc j’ai été ravie d’intégrer l’équipe salariée de l’April en novembre 2017.

Qu’est-ce que j’y fais ? Je m’occupe du suivi de la gestion des membres, du suivi de la compta et, très récemment, j’ai commencé à m’impliquer dans le groupe Sensibilisation. Je suis très contente de m’intégrer petit à petit au volet militant qui est au cœur de l’April, qui est la raison pour laquelle ça fait sens pour moi d’y travailler.
Frédéric Couchet : Merci Elsa. Étienne.
Étienne Gonnu : Bonjour. Je suis Étienne Gonnu. Comme ma collègue Elsa je n’ai pas du tout un background informatique, je suis juriste de formation même si j’ai un lien plus direct avec le logiciel libre puisque je me suis spécialisé ensuite en droit du numérique. Pareil, en cherchant du travail, j’ai trouvé l’April et j’ai embrassé le combat du logiciel libre. Je suis un des permanents de l’association, précisément je m’occupe des affaires publiques. En somme, je fais du plaidoyer politique pour défendre et promouvoir l’éthique du logiciel libre, particulièrement au niveau des politiques publiques. On pourra détailler plus tard.

Par ailleurs, je suis une des personnes en charge de la régie pour Libre à vous ! et périodiquement je réalise et j’anime des émissions.
Frédéric Couchet : Merci. Marie-Odile.
Marie-Odile Morandi : Je suis Marie-Odile Morandi. J’ai enseigné pendant de très nombreuses années la Technologie-Collège au lycée Stendhal de Milan qui est un lycée français à l’Étranger et aujourd’hui je suis à la retraite. J’adhère à l’April depuis 2011. Je suis impliquée dans le groupe Transcriptions depuis 2011, j’ai succédé à Magali Garnero en tant qu’animatrice en 2015. D’autre part, je relis régulièrement les divers textes que produit l’April, les lettres interne et externe, les communiqués de presse et autres avant leur publication.
Frédéric Couchet : OK. Super. Et pour finir François.
François Poulain : Bonjour. J’ai rejoint l’April en 2005 à peu près. C’était au lendemain du rejet de la directive brevet logiciel et à la veille de la transposition de la directive EUCD [European Union copyright directive]qui allait devenir le projet de loi DADVSI [loi relative au droit d’auteur et aux droits voisins dans la société de l’information]. Aujourd’hui je suis administrateur et trésorier. Je passe aussi beaucoup de mon temps sur la partie administration système pour maintenir les serveurs et les services, les services web, mail, etc.
Frédéric Couchet : Merci François. Je vais préciser que si vous employez des sigles essayez de les expliquer. DADVSI c’est la loi droit d’auteur, on ne va pas entrer dans les détails.

Après cette petite présentation l’idée c’est d’essayer, pour les personnes qui écoutent, d’un peu mieux comprendre ce que fait l’April, son fonctionnement. Là on va parler de pas mal de sujets. On va commencer par un sujet qui est un peu central, le cœur de l’activité de l’April, c’est l’action institutionnelle, ce qu’on appelle le plaidoyer. Comme l’a expliqué tout à l’heure Étienne Gonnu, mon collègue Étienne, on a une personne de l’équipe salariée dont le travail est dédié à ces actions. Étienne, on va commencer par toi. C’est quoi l’action institutionnelle ? C’est quoi le plaidoyer ?
Étienne Gonnu : C’est vrai que quand on présente les actions de l’April, on distingue souvent, d’une part, les actions de sensibilisation ; je pense qu’Elsa pourra revenir dessus tout à l’heure et Isabella, lors de la première émission « Au cœur de l’April », en avait bien parlé, ça c’est plus l’aspect, on va dire, promotion. Et puis il y a les actions institutionnelles qui sont plutôt sur l’aspect « défendre », même si la distinction n’est pas si binaire que ça dans les faits.

Dans les grandes lignes, je pense qu’on peut définir les actions institutionnelles, le plaidoyer, comme étant ce qu’on va appeler la représentation d’intérêt. C’est la version française d’un terme anglo-saxon qui est sans doute plus connu, qui est le lobbying. C’est vrai que c’est un terme qui a tendance à être un peu mal perçu. En gros, en tant que représentant d’intérêt, ce qu’on va faire c’est qu’on va chercher à influer, influencer les politiques publiques. En gros, on va d’abord essayer d’avoir une influence sur l’élaboration et l’application des lois, sur les doctrines administratives, les politiques de marchés publics, toutes sortes de décisions politiques qui se traduisent de différentes manières et à différentes échelles, même si l’échelle principale de l’April va être l’échelle nationale. On va faire ça en produisant des argumentaires, on va avoir des actes de communication, on va prendre contact typiquement avec les parlementaires, mais avec les décideurs politiques en général, on va proposer des amendements sur des projets de loi, proposer des questions écrites. Il y a différents outils et leviers à notre disposition.

La spécificité de l‘April, puisque j’ai mentionné le côté lobbying aussi pour distinguer, l’intérêt qu’on représente, celui qui va un peu réunir nos membres en ce qui concerne le cœur de l‘April, ce n’est pas la promotion d’un intérêt particulier, d’un intérêt financier, mais c’est ce qu’on considère être l’intérêt général, en gros l’éthique du logiciel libre, le libre accès, le libre partage de la connaissance dans ses formes logicielles. En fait, on fait ça principalement autour d’un principe fort qui est la priorité au logiciel libre.
Frédéric Couchet : D’accord. Sur le salon web François intervient, il dit que les lobbyistes sont le plus souvent des acteurs de l’ombre, « nous on agit en toute transparence » et il précise que les lobbyistes défendent ce pourquoi on les paye. Par rapport à ce que tu disais à l’instant sur le terme de « plaidoyer » qui est très peu connu en France alors qu’il est très connu aux États-Unis, on défend effectivement une vision particulière de l’intérêt général qui est que, pour nous, le logiciel libre est un point essentiel pour une société libre. On ne défend pas des acteurs particuliers, on défend vraiment une vision politique d’une société qu’on estime libre, inclusive, égalitaire et ouverte, ce qui nous différencie effectivement des lobbies et la transparence est importante. Étienne je crois, en fait j’en suis même sûr, qu’une de nos façons de travailler c’est de publier au maximum tout ce qu’on fait, c’est-à-dire à la fois nos analyses mais aussi nos propositions d’amendements. Par exemple dans un projet de loi ou une proposition de loi, si on a des amendements qu’on va transmettre à des parlementaires, on les publie aussi sur le site ou, en tout cas, on donne l’essence même de ce qu’on a transmis aux parlementaires.
Étienne Gonnu : Oui, c’est sûr, ne serait-ce aussi que parce que c’est au cœur, je pense, de l’éthique qu’on défend. On va non seulement les mettre en ligne et les rendre accessibles, partager au maximum les liens et les liens les plus précis possible pour faciliter aussi, pour que les personnes puissent trouver l’information.

Là où je mettrais peut-être une différence par rapport au lobbying, ce côté de l’ombre, nous on agit en transparence, on le fait parce que c’est notre éthique, on défend quelque chose qui nous tient à cœur et ce n’est pas forcément à la personne qui va défendre son intérêt – tout le monde, finalement, est libre et doit pouvoir participer au débat public quel que soit le sujet – c’est peut-être plutôt aux cadres de procédure, aux règles, de venir exiger – et c’est peut-être ça qui va manquer en France, ce qui fait que cette action de l’ombre est possible – c’est le manque de règles claires qui poussent à la transparence. Ce n’est pas forcément aux représentants d’intérêt, aux lobbyistes comme on dit, aux personnes qui font du plaidoyer, de décider quelles règles seraient justes. Nous on le fait parce que ça correspond à notre éthique et effectivement c’est au cœur, on a vraiment la vigilance, le souci d’agir dans la transparence et c’est aussi une manière d’intégrer les gens dans notre action.
Frédéric Couchet : D’accord. Pour que les gens comprennent bien, tu l’as dit en introduction, tu es salarié de l’April. L’équipe de l’April, on va le rappeler, c’est une équipe de quatre personnes, il y a moi en tant que délégué général, toi sur la partie affaires publiques et on reviendra tout à l’heure sur Elsa et Isabella. Tu es salarié sur ces dossiers-là, on va dire du plaidoyer, mais comment se passe le travail avec les bénévoles ? Est-ce que tu travailles tout seul ? Est-ce que tu travailles avec des bénévoles ? Comment ça se passe ?
Étienne Gonnu : On a finalement des outils finalement assez classiques qui nous permettent de travailler ne serait-ce que déjà tous les deux pour commencer puisqu’on est, on va dire, moi à temps complet et toi une partie de ton temps consacrée aux actions de dossiers.

Ça va être une liste de discussion courriel qu’on appelle historiquement la liste Atelier mais qu’importe le nom. Là on va pouvoir échanger nos veilles, poser nos interrogations. C’est un outil classique mais indispensable.

Un autre outil qu’on utilise beaucoup et pareil, Isabella l’avait mentionné la dernière fois, qui est l’Etherpad, cet outil d’écriture collaborative en ligne, qui, pareil, permet de corédiger par exemple des communiqués, de corédiger des amendements, en fait de partager nos réflexions.

Il y a de l’aide bénévole qui se fait et, en fait, c’est notamment un aspect essentiel qui est la relecture et j’en profite pour remercier Marie-Odile pour le caractère très précieux de ses relectures, précieux pour l’orthographe mais vraiment pas seulement, c’est presque un intérêt marginal. Moi j’écris aussi avec mon passif, j’ai une formation en droit, j’ai une certaine grille de lecture et peut-être que parfois je vais faire des phrases, je vais prendre comme une évidence certaines terminologies, je vais écrire d’une manière qui va peut-être manquer de clarté et avoir des relectures bénévoles, même si c’est le regard, entre guillemets, d’un « non-expert » – même si Marie-Odile, typiquement, connaît très bien les sujets –, ça permet d’avancer vers un meilleur produit final qui soit justement plus accessible, plus compréhensible, en gros que ça fasse de la meilleure communication. Ça c’est un aspect de l’aide par les bénévoles qui est très important.

Sur la liste Atelier peut-être qu’on pourrait gagner en activité bénévole. On sait que ce sont des sujets difficiles peut-être que ça freine le sentiment de légitimité des personnes à intervenir, malheureusement.

Quelque chose de très important c’est aussi faire de la veille, faire ressortir des sujets, dire « j’ai vu passer tel document, tel rapport, il y a tel projet de loi qui se profile, est-ce qu’on ne pourrait pas agir dessus ? », et après on peut en discuter collectivement sur la pertinence de la stratégie, sur la pertinence d’agir parce que, comme tu le dis, on reste une petite structure, notre temps est forcément limité, donc on doit faire des choix en termes d’où est-ce qu’on peut agir, on ne peut pas agir partout. Plus on est nombreux, plus on peut couvrir de terrain. Voilà ! Je ne sais pas si je réponds correctement.
Frédéric Couchet : Tu réponds. Je vois que François veut intervenir, je vais lui donner la parole. Je voulais juste préciser qu’une des raisons d’être de l’émission Libre à vous ! c’est de rendre accessibles nos dossiers à travers des sujets qu’on traite régulièrement, soit nous-mêmes soit avec des personnes invitées. C’est une des raisons même de l’existence de l’émission Libre à vous !. Quand on l’a proposée à radio Cause Commune, c’était justement de pouvoir rendre accessibles à tout le monde ces dossiers institutionnels parce que ce sont effectivement des dossiers qui sont complexes et notre défi, chaque semaine, c’est d’essayer de rendre accessible un dossier ou un sujet en 45 minutes, une heure.

François tu voulais réagir, tu voulais intervenir. Vas-y.
François Poulain : Je ne voulais pas spécialement réagir mais si tu me donnes la parole je la prends. Ça peut consister aussi à trouver un rendez-vous avec un élu et discuter avec lui de la politique locale, comment on pourrait améliorer les choses. Ça peut passer par participer à des consultations ou aider à formaliser des propositions en vue de consultations, etc. L’action institutionnelle peut prendre beaucoup d’aspects sans forcément uniquement aller au charbon avec les députés, proposer des amendements très techniques. C’est un truc qu’on peut faire aussi à son niveau, avec les interlocuteurs qu’on arrive à trouver autour de soi.
Frédéric Couchet : Je ne pensais pas en parler directement, mais je vais passer 30 secondes la parole à Christian en lui posant une question, en tout cas en le lançant un sujet. Une des actions possibles dans le domaine institutionnel, dans le plaidoyer, qui ne concerne pas directement on va dire l’écriture de la loi telle que nous on peut y participer, c’est le contact avec les élus locaux, notamment par exemple via les municipales, une façon d’agir c’est, entre guillemets, « d’adopter » son élu municipal, que la personne soit maire ou soit simplement l’adjoint au maire en charge de l’informatique ou autre. Par exemple autour du Pacte du logiciel c’est sensibiliser les élus locaux.
Christian Momon : Je ne peux que confirmer. Le premier niveau d’action à l’April c’est de se tenir au courant en suivant la liste Atelier, en posant des questions à Étienne et puis, le deuxième mode d’action, ce sont les initiatives lancées par l’April, notamment le Pacte du logiciel libre ou les campagnes Candidats.fr qui consistent à suivre les campagnes électorales pour sensibiliser et contacter les candidats, et ça fonctionne. Il y a une dizaine d’années, quand on a commencé, les interlocuteurs avec qui on discutait ne savaient pas trop ce qu’était le logiciel libre. Aujourd’hui ils savent, on se fait engueuler quand on leur pose la question « est-ce que vous savez ce que c’est que le logiciel libre ? », ils nous engueulent « évidemment, j’en utilise tous les jours ! » Donc ça a bien progressé. Aujourd’hui on constate que les députés, les sénateurs, reprennent correctement les problématiques, les enjeux, pour faire des amendements et on est toujours là pour les encourager à le faire. On a même aujourd’hui des ministres qui se félicitent d’être à la pointe sur l’utilisation des logiciels libres, même si on constate que tous les amendements qui vont dans le bon sens sont quand même rejetés.
Frédéric Couchet : Excuse-moi Christian, tu parles de ministres du gouvernement précédent, du gouvernement actuel ?
Christian Momon : Il y en a qui sont restés. Typiquement le ministre de l’Éducation nationale est resté.
Frédéric Couchet : Attends. Excuse-moi Christian. Tu oses dire, en direct à la radio, que le ministère de l’Éducation nationale est en pointe sur le logiciel libre ?
Christian Momon : Ce n’est pas moi qui le dis, c’est monsieur le ministre qui l’a dit à l’Assemblée nationale en répondant, en disant que quand il était recteur d’académie il était en pointe sur l’utilisation des logiciels libres, il se l’est bien pétée en le disant. J’ai la vidéo, je peux le prouver, nous mettrons la vidéo en ligne.
Frédéric Couchet : D’accord. Tu mettras la vidéo en ligne. Je voudrais juste rappeler, quand même, que quand on n’a pas de pouvoir, ou pas grand-chose, effectivement on peut promettre plein de choses, mais quand on a le vrai pouvoir, finalement on ne fait pas grand-chose. Je me permets quand même de préciser. Oser dire que Jean-Michel Blanquer est à la pointe, en faveur du logiciel libre, c’est juste absolument pas possible.
Christian Momon : C’est lui qui le dit. Il se la pète
Frédéric Couchet : Peu importe, Christian ! D’accord, il se la pète.
Christian Momon : Ce qui est très intéressant aujourd’hui c’est justement de constater la position des politiques, ce qu’ils disent, et être capable de les contredire, rappeler ce qui est vrai, pas vrai, des lignes de combat, et l’April est très bien placée pour ça.
Frédéric Couchet : Ça montre aussi qu’il y a un désaccord d’approche au sein de l’April parce que, vous voyez, Christian a une approche – on ne va pas employer le terme qu’on emploie régulièrement avec lui – différente de la nôtre, mais factuellement ce gouvernement n’est pas en faveur du logiciel libre, bien au contraire. On va rappeler que régulièrement on parle des Open Bar Microsoft/défense, armées, hôpitaux, etc. Le gouvernement actuel, le nouveau, va sans doute combattre le logiciel libre comme les gouvernements passés l’ont fait depuis des années.

Christian merci, excuse-moi, on doit quand même avancer sur les sujets. Ce n’est pas moi qui t’ai lancé sur Blanquer, je me permets de te corriger, je suis aussi là pour ça.

Je voudrais passer la parole à Marie-Odile parce que tout à l’heure Étienne a indiqué le rôle important joué par Marie-Odile sur les relectures. Je voudrais savoir toi, Marie-Odile, comment tu vis ça. Comment la première qu’on t’a demandé de relire des textes un petit peu poussés ou autres, comment tu vis ça ? Effectivement, l’œil que tu apportes est essentiel. Comment tu vis ça ? Comment tu travailles là-dessus ?
Marie-Odile Morandi : La première fois, j’ai commencé sur la pointe des pieds, je me suis permis de proposer des corrections en étant sur IRC et, à ce moment-là, vous m’avez donné la possibilité de faire des corrections directement. Effectivement, je relis tout ce qui est banal, l’orthographe, la grammaire, je supprime les mots redondants et puis j’améliore. Et quand je ne comprends pas je vous pose des questions parce qu’il me semble que si je n’ai pas compris, parce que depuis longtemps maintenant je suis les dossiers, ça voudra dire que beaucoup d’autres personnes ne comprendront pas. C’est dans ce sens-là que je participe à ces relectures qui sont très enrichissantes.
Frédéric Couchet : D’accord. En tout cas elles sont très enrichissantes parce que tu nous apportes aussi une vision de personne qui ne connaît pas forcément les sujets, ça nous permet de clarifier les choses.

Vu que tu as la parole et je te la laisse, il y a un groupe important à l’April depuis quelques années qui a notamment repris de la vigueur depuis ton arrivée, c’est le groupe Transcriptions. Régulièrement, dans Libre à vous !, tu fais une chronique, « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture ». Quel est le but des transcriptions ? Comment ça se fait ? Est-ce que tu fais tout toute seule ? Est-ce que tu as des bénévoles qui t’aident ? Comment ça se passe le groupe Transcriptions ?

Marie-Odile Morandi : Je m’étais rendu compte et les personnes qui avaient transcrit avant moi s’étaient rendu compte que de nombreuses émissions qui traitent de logiciel libre, des libertés informatiques sont en ligne et il est tout à fait dommage de ne les avoir que sous forme audio ou sous forme vidéo.

Quand on transcrit on transforme en texte n’importe quel enregistrement audio ou vidéo, noir sur blanc, tous les mots que prononcent les intervenants sont écrits, tout ce qu’en entend. On obtient un fichier texte, on crée un fichier HTML qui est publié sur le site de l‘April.

Pourquoi on fait ça ? Il est clair que les moteurs de recherche trouvent encore plus facilement les textes, indexent plus facilement les textes, donc grâce à des mots-clefs on peut retrouver tout ce qui a été dit par une personne. Un des objectifs c’est l’indexation par les moteurs de recherche.

On reproduit de façon intégrale, très fidèlement les propos des personnes. Grâce à cette fidélité, en cas de nécessité on pourra retrouver exactement les propos qui ont été tenus par les intervenants, on pourra les réutiliser sans trahir leur pensée, en citant la source exacte. Donc un autre objectif c’est la réutilisation qui sera efficace en cas de besoin.

Une cible importante des transcriptions ce sont les personnes porteuses de handicap, les personnes malentendantes ou sourdes. En plus, quand on transcrit, on indique quelques particularités : le ton de la voix plus élevé, une imitation, les mimiques, la gestuelle. Ça renforce les propos, ça permet de mieux comprendre ce que les orateurs veulent transmettre. C’est un plus offert par la transcription aux personnes malvoyantes ou aveugles. Donc meilleure accessibilité.

Les trois mots importants, on les répète tout le temps, ce sont : accessibilité, réutilisation et indexation.

Dernière chose, parce que ça a été remonté par des personnes, lire demande moins de temps qu’écouter un enregistrement ou regarder une vidéo, donc les transcriptions permettent aux personnes dont le temps est mesuré d’en prendre connaissance rapidement avant d’approfondir si elles le désirent.

Et enfin pour moi, une des dernières choses, les transcriptions permettent de faire connaître l’April sous un autre volet, de diffuser tout ce que fait l’April, les logiciels libres, les libertés numériques.
Frédéric Couchet : D’accord. On va préciser que tu fais une grande partie du travail de transcription. On encourage évidemment les personnes à rejoindre le groupe Transcriptions de l’April. Je précise d’ailleurs que la plus grande partie des activités de l’April est ouverte même aux personnes non membres, donc les personnes qui veulent rejoindre peuvent s’inscrire sur la liste du groupe Transcriptions, vous pouvez trouver les références sur causecommune.fm et sur april.org. Nous vous encourageons à rejoindre ne serait-ce que pour faire des relectures.

Par rapport aux gens dont tu parlais qui préfèrent lire plutôt qu’écouter, je connais des gens qui lisent l’émission Libre à vous ! de l’April, c’est-à-dire que plutôt que de l’écouter en direct ou en podcast ils préfèrent lire la transcription que tu réalises, donc c’est un travail vraiment important que tu fais. Encore une fois, j’encourage les gens à t’aider et à nous aider à transcrire ces documents ou à les relire.
Marie-Odile Morandi : Bien entendu. Récemment deux relecteurs se sont inscrits, dont Véronique qui se reconnaîtra, qui trouve le travail très intéressant et qui envisage de commencer à transcrire. Donc merci à elle.
Frédéric Couchet : Super. Je redonne rapidement la parole à Étienne qui veut intervenir sur les transcriptions. Vas-y Étienne.
Étienne Gonnu : Juste pour dire que d’un point de vue aussi des actions institutionnelles ce travail-là est très précieux pour les raisons, pour les trois termes, indexation, etc., que Marie-Odile évoquait, parce que ça permet de retrouver des citations, ça permet de retrouver et de partager des références. Parce que, aussi, une des actions en partie de mon travail c’est une certaine présence sur les réseaux pour commenter un peu l’actualité en direct. J’utilise le terme anglais troller, mais en gros on va dire aller taquiner notamment certains décideurs publics pour rappeler qu’on est là, pour un peu avoir une action de poil gratter, on va dire, pour les pousser à agir.
Frédéric Couchet : Étienne on te perd régulièrement. On n’entend pas ce que tu dis, en fait.
Étienne Gonnu : Je me tais OK.
Frédéric Couchet : Je te reprends après quand c’est réglé, parce que là on entendait un mot sur deux.

n attendant qu’Étienne règle son souci, je voudrais demander à Elsa. Elsa, tout à l’heure en introduction, je ne me souviens plus des mots que tu as employés, mais tu as dit que tu étais contente d’avoir rejoint une association qui partage des valeurs que tu pouvais avoir, si je me souviens bien. Première question : est-ce que le fait que ce soit une association qui promeut les libertés informatiques a joué un rôle important ? Quel rôle ça a joué dans ton choix de rejoindre l’April ?
Elsa Pottier : C’est un peu ce que toi tu as employé comme termes tout à l’heure quand Étienne parlait du plaidoyer, du fait de défendre un intérêt général et pas des intérêts privés, tu as parlé de défendre une vision politique d’une société, je ne sais plus quels termes tu as employés, libre, inclusive, égalitaire ; ce sont des idéaux que je partage complètement. Après, je me sens totalement incompétente quant au champ informatique et, du coup, c’est une satisfaction pour moi de pouvoir contribuer à la promotion et à la défense des logiciels libres, avec des tâches que je peux faire.

Frédéric Couchet : D’accord. Justement on va préciser un petit peu les tâches. On va préciser que tu es à temps partiel, c‘est un poste qu’on a ouvert à temps partiel, mais qui te correspond aussi, tu cherchais un temps partiel pour des raisons personnelles. Ton poste de départ c’est l’assistance administrative et, on va dire plus globalement, la vie associative, donc c’est la gestion des membres, la compta. Explique-nous un petit peu ce que tu fais et quel est ton rôle au sein de l’équipe de l’April.
Elsa Pottier : Effectivement, je travaille à temps partiel ; c’était un de mes critères quand je recherchais un emploi parce que j’ai par ailleurs d’autres activités que je voulais poursuivre à côté, notamment associatives et bénévoles. Qu’est-ce que je fais ? La gestion des membres, leur suivi, enregistrer les cotisations, gérer les prélèvements, toutes les cotisations qui sont réglées par différents biais, traiter les demandes de résiliation, tout un tas de choses comme ça, la relance des personnes morales. Il faut quand même rappeler que l’April peut exister et travailler parce qu’on a des adhérents qui cotisent, sinon on ne pourrait pas avoir l’indépendance qu’on a et on ne pourrait pas travailler. Je fais aussi le suivi de la comptabilité. C’est tout un tas de tâches qu’on peut avoir plus ou moins de satisfactions à effectuer en tant que telles et, en même temps, qui sont indispensables au bon fonctionnement d’une association, donc je suis contente de pouvoir les effectuer.
Frédéric Couchet : Effectivement, comme tu l’as précisé, peut-être qu’on ne l‘a pas précisé, mais je crois qu’on l’a fait dans la première émission, le fonctionnement économique de l’association c’est la cotisation des membres, c’est notre principale source de financement. Aujourd’hui on a environ 4000 membres, à la fois des personnes physiques, des personnes morales – entreprises, collectivités, associations et autres. Pourquoi on a un poste dédié sur ça ? Ça prend du temps de gérer les cotisations, les relances, la partie aussi compta, mais c’est au-delà de l’aspect purement administratif parce que sinon, quelque part, on pourrait sous-traiter, c’est aussi l’importance du contact humain. Tu adaptes les courriels de relance en fonction des contextes, là, par exemple, le contexte sanitaire, et puis tu sais aussi orienter éventuellement par rapport aux questions que peuvent avoir les membres quand tu fais ce travail-là. C’est pour ça que j’appelle ça aussi de la vie associative, c’est au-delà de la gestion purement administrative.
Elsa Pottier : Oui, tout à fait. C’est aussi ça qui fait que c’est intéressant. Il y a quelque chose de l’interdépendance entre les différents rôles qu’on peut avoir les uns et les autres à l’April, les salariés, les bénévoles, les adhérents. Le rôle que j’occupe c’est aussi, un peu, de faire le lien entre les différentes personnes qui nous sollicitent.
Frédéric Couchet : On va préciser peut-être un point, je vais te demander ce que tu en penses et je précise à Olivier qu’après on fera une pause musicale, dans le fonctionnement de l’April, historiquement, l’équipe salariée et les membres du CA partagent la même liste de discussion. Les membres du CA ont aussi une liste interne, mais vraiment la plupart des discussions entre membres de l’équipe salariée et membres du CA se passe sur la même liste quel que soit le poste occupé par la personne. Même toi qui fais de l’assistance administrative à la base tu es sur cette liste-là ce qui te permet de voir les échanges, voire de réagir. Comment tu le vis ça, parce que ce n’est peut-être pas forcément le cas dans toutes les associations ?
Elsa Pottier : En effet. D’ailleurs c’est souvent un problème dans les associations militantes de savoir comment inclure la personne qui fait la gestion administrative dans le fonctionnement plus global de l’équipe et c’est quelque chose que je savais pas au moment où j’ai postulé, effectivement, mais que j’ai observé avec plaisir. Quand je disais que je cherchais une structure où la façon de travailler en équipe me plaise, il y a eu cette bonne surprise et je trouve cette horizontalité très agréable, cette possibilité d’échanger quelle que soit notre place dans l’équipe. C’est vraiment quelque chose de très positif.
Frédéric Couchet : D’accord. On reviendra tout à l’heure sur l’évolution de tes activités.

Je vais répondre à Omar, je vois qu’il y a une question sur le salon web, je rappelle causecommune.fm, bouton « chat ». La question : est-ce qu’on compte approcher le nouveau secrétaire d’État au numérique s’il y en a un ? Par principe, effectivement, on peut toujours solliciter des entretiens, c’est ce qu’on fait à chaque fois que des gens sont en charge de l’informatique ou autre. On va attendre de voir qui va être nommé. Si c’est le même type de ministre, rien ne changera dans les mois à venir au niveau gouvernemental. Je le répète encore une fois, malgré les propos qui ont été tenus tout à l’heure, que ce gouvernement est anti-logiciel libre et il n’y a pas de raison que ça change !

On va faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : On va écouter The Memory Too par Who Are You Lutra Lutra ??. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : The Memory Too par Who Are You Lutra Lutra ??.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter The Memory Too par Who Are You Lutra Lutra ??, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.

Vous écoutez l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Nous allons poursuivre notre discussion intitulée « Au cœur de l’April » autour des actions et du fonctionnement de l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Avec moi Christian, Elsa, Étienne, François et Marie-Odile.

Juste avant la pause musicale, nous parlions avec Elsa de la partie assistance administrative, vie associative, on va y revenir après. Là. je voudrais qu’on change un petit peu de sujet, qu’on parle de services libres et loyaux, je pense que Christian-Pierre Momon se prépare à intervenir, donc le Chapril. On a parlé depuis le départ de pas mal d’actions institutionnelles, de plaidoyer, mais l’April ne fait pas que ça, l’April propose aussi des services libres et loyaux. Christian Momon, c’est quoi le Chapril ?
Christian Momon : Le Chapril c’est le chaton de l’April et par chaton on fait référence au Collectif CHATONS, le Collectif des Hébergeurs, Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, initiative lancée par Framasoft et que l’on a décidé de soutenir. C’est la mise en place de services en ligne libres, éthiques et loyaux pour montrer que ça existe, les faire connaître, permettre aux gens de les découvrir, de les utiliser et de s’abstraire notamment des GAFAM.
Frédéric Couchet : Les GAFAM ce sont les gens du Web qui se nourrissent de nos données personnelles.
Christian Momon : Voilà, entre autres, qui centralisent les traitements, les données, les informations et pas forcément de façon équitable.
Frédéric Couchet : D’accord. Le site du Chapril c’est chapril.org. Ça existe depuis combien de temps ? Il y a quels services ? C’est quoi, c’est une activité bénévole de l’April ? C’est une activité bénévole et salariée ? Comment ça fonctionne ?
Christian Momon : Le Chapril a ouvert en 2018. L’idée a été validée en 2016. La mise en place a été faite en 2017. Donc ouverture en 2018 avec deux services et tout est géré par des bénévoles, entièrement par des bénévoles. Il y a une équipe de bénévoles qui gère l’infrastructure, les VM [machines virtuelles], les mises à jour, le monitoring, des choses comme ça. Et puis il y a une équipe qui se dédie à gérer les services un par un, ce qui permet de répartir la charge sur l’ensemble des bénévoles. J’ai dit que l’idée avait été validée fin 2016, un démarrage en 2018, on pourrait penser que c’est lent, mais en fait c’est fait sur le temps des bénévoles, donc on fait en sorte de ne pas surcharger les bénévoles et ça avance sûrement, doucement, à la vitesse des bénévoles mais dans de bonnes conditions qui font que les services fonctionnent et assurent.
Frédéric Couchet : Quels services il y a ? Les services majeurs actuellement disponibles ?
Christian Momon : Nous avons commencé avec deux services principaux qui étaient Mastodon, ce système de messagerie décentralisé. Nous avions aussi un Framadate. Nous avons maintenant neuf services. Il y a un logiciel de pad, du traitement de texte collaboratif. Nous avons un Paste pour partager du texte en copier-coller. Nous avons une valise, nous on l’appelle une valise à savoir une instance Nextcloud pour partager des fichiers, c’est une sorte de cloud où on peut partager des fichiers, des agendas, des listes de contacts. Nous avons très récemment ouvert un service de visiophonie avec une instance Jitsi. Nous avons aussi un service de messagerie XMPP. Qu’est-ce que j’ai oublié dans tout ça ? Nous avons un service de partage de fichiers avec Drop. Ai-je fait le tour ?
Frédéric Couchet : Je pense que tu as fait le tour. En tout cas, sur chapril.org, les personnes peuvent retrouver les services. Si des personnes veulent contribuer elles peuvent nous contacter sur chapril.org et, comme tu le dis, c’est une activité bénévole, ouverte à toute personne, que la personne soit membre ou pas de l’April, avec des compétences techniques par exemple pour maintenir un service ou des compétences autres, par exemple pour rédiger de la documentation. C’est ça ?
Christian Momon : Absolument. Le cœur est technique mais tout autour il y a besoin de faire de la gestion de projet, par exemple animer le groupe qui est quand même constitué de presque une quinzaine de personnes. Il y a du rédactionnel, il faut expliquer comment utiliser les services, présenter le Chapril, etc. Il faut faire des conférences et puis il faut aussi faire de la modération, genre répondre aux gens par courriel, donc pour ça il n’y a pas forcément besoin d’être technique.
Frédéric Couchet : D’accord. Je vois qu’Étienne veut réagir si son micro est retombé en fonctionnement. Étienne.
Étienne Gonnu : Est-ce que vous m’entendez sans grésillement ?
Frédéric Couchet : Vas-y, c’est bon.
Étienne Gonnu : Super. Je disais que les transcriptions aidaient beaucoup à l’action institutionnelle par ce qu’elles indexaient et de la même manière toute l’action de Chapril et globalement du Collectif CHATONS dans lequel le Chapril s’inscrit, aide aussi beaucoup, en fait, dans notre action de plaidoyer. J’assume très bien de défendre une certaine utopie et je pense que la bonne politique c’est ça aussi, c’est défendre des idéaux, mais grâce aux chatons en général, grâce au Chapril, on a la démonstration matérielle, concrète de ce que ça veut dire des services respectueux de leurs utilisateurs et utilisatrices avec un système fédéré, décentralisé, basé du logiciel libre, etc., et quand ça prend corps comme ça on est beaucoup plus efficace lorsqu’on veut défendre nos positions. Donc merci beaucoup pour tout ce que fait le Chapril et ce que font les chatons en général.
Frédéric Couchet : Christian a parlé un petit peu du Chapril. Il y a aussi une partie entraide, assistance. François, au niveau du Chapril, comment se passent l’entraide et l’assistance ?
François Poulain : En fait, pour préciser un peu, pour prendre en main les services, il n’y a pas à faire que de la technique. Il y a aussi répondre aux demandes des gens, des gens qui peuvent avoir perdu un truc ou qui cherchent à faire un truc et qui n’y arrivent pas précisément. Donc répondre aux demandes des gens, entraider comme ça, c’est aussi une compétence utile pour laquelle l’aide est la bienvenue.
Frédéric Couchet : D’accord. Marie-Odile, de ton côté, en dehors de tes activités de transcription est-ce que tu participes au Chapril ? Ou est-ce que, par exemple, les services du Chapril te servent dans ton quotidien auprès des personnes qui se disent « eh bien tiens je vais organiser une réunion », plutôt que d’ouvrir la réunion avec un site privateur, tu les renvoies sur le Chapril ?
Marie-Odile Morandi : Pour le moment pas tout à fait. Par contre, personnellement j’ai utilisé le service qui permet de sauvegarder un fichier volumineux et de le récupérer ailleurs. Je pense que c’est un service que j’utiliserai encore. Pour le reste, je n’en ai pas encore eu l’occasion, ça reste difficile de convaincre les gens pour ma part.
Frédéric Couchet : C’est difficile pour quelles raisons ? Pour les raisons d’habitude ou d’autres raisons ?
Marie-Odile Morandi : Oui, parce les gens ont pris des habitudes et je pense, c’est ce que je voulais dire, que je n’ai pas toujours les arguments suffisamment convaincants, la façon de s’exprimer, etc., mais j’espère pouvoir le faire prochainement.
Frédéric Couchet : D’accord. Tu parles justement des arguments. On a un groupe à l’April qui travaille à produire des outils, des argumentaires, mais aussi des outils de sensibilisation orientés quand même grand public, c’est le groupe Sensibilisation dont ma collègue Isabella Vanni a parlé le 16 juin 2020 dans la première émission « Au cœur de l’April ». Tout à l’heure, Elsa, tu as expliqué un petit peu ton rôle d’assistante administrative vie associative, mais tu as aussi expliqué que tu commences à contribuer à d’autres actions en dehors de ce champ on va dire de vie associative. Tu t’impliques notamment dans le groupe Sensibilisation et tu fais aussi du support à Isabella sur l’Expolibre qui est un outil de sensibilisation important, expolibre.org. Explique-nous un petit peu comment tu es venue là-dedans et comment ça se passe.
Elsa Pottier : Le support pour l’Expolibre ça reste quand même relié à mes tâches administratives parce que c’est surtout répondre aux sollicitations de personnes, d’associations, qui veulent faire venir l’expo ; c’est ce type de gestion-là.

Récemment, effectivement, j’ai commencé à m’impliquer dans le groupe Sensibilisation. C’est une partie, en fait, de l’April qui a tendance, depuis le début, à m’intimider un peu parce que j’ai un peu de mal, je dois construire mon sentiment de légitimité à m’occuper de ce champ-là et je suis contente parce que dernièrement ça commence à venir. Isabella a eu l’occasion de parler du Jeu du Gnou qui est en cours de construction. J’ai commencé à participer à la relecture des questions/réponses du jeu, je commence aussi à contribuer au catalogue de fiches qui sera utile à mettre à disposition des bénévoles, des personnes qui visitent les stands de l’April quand on pourra refaire ce type d’activité.
Frédéric Couchet : C’est marrant parce que si je pose la question à Étienne sur son sentiment de légitimité, je suppose que je vais entendre à peu près la même chose.

Étienne, par rapport à ton entrée, tu es entré à l’April en 2016, je ne me souviens plus exactement, mais assez régulièrement je crois qu’on a cette discussion, en tout cas ce retour sur le sentiment de légitimité. Est-ce qu’aujourd’hui tu as un sentiment de légitimité par rapport à ton action au sein de l’April sachant, on le rappelle, que tu es en charge des affaires publiques pour l’April ?
Étienne Gonnu : Je vais essayer de ne pas partir dans un tunnel parce qu’avec une question comme ça c’est possible !
Frédéric Couchet : Désolé pour la question, je ne t’avais pas prévenu en plus !
Étienne Gonnu : C’est une bonne question. Quand je suis arrivé à l’April, oui, effectivement, c’était une problématique que j’avais, une interrogation que j’avais, parce que j’arrivais dans une association où les personnes étaient engagées sur une cause qui leur tient à cœur, que moi je découvrais en partie même si j’avais beaucoup d’affinités pour l’éthique du logiciel libre. En fait, je ne la nommais pas comme ça alors que, politiquement en réalité, je partageais énormément, je crois qu’Elsa ne disait pas autre chose, je partageais énormément de cette éthique-là sans la nommer pareil. Là ça fait quatre ans, je suis arrivé en janvier 2016, et cette problématique est de moins en moins présente, parce que, personnellement, j’évolue dans ma vie, je gagne en confiance.

Je vais en profiter pour dire que je pense que ce sentiment de légitimité va beaucoup mieux parce que l’April offre aussi un cadre humain d’une rare qualité, une vraie cohérence humaine entre l’éthique qu’on défend et la manière dont l’April fonctionne, notamment dans son rapport aux salariés que nous sommes. On parle souvent de moyens ou de fins, à l’April on a bien compris que ce sont les moyens qui déterminent la fin. Que ce soit les membres du conseil d’administration comme peuvent l’être Christian, Marie-Odile ou François ou toi Fred en tant que délégué général, vous participez à maintenir un espace où on peut gagner en confiance et je pense que c’est comme ça qu’on peut un peu révéler nos talents.
Frédéric Couchet : Très bien.

Je vais juste préciser que tout à l’heure Christian a oublié de citer un des services du Chapril qui est Mumble, un outil d’audioconférence, qu’on utilise aujourd’hui pour diffuser ; je crois qu’il y a six personnes connectées actuellement sur le Mumble. C‘est juste pour préciser. Si vous voulez tester cet outil d’audioconférence vous pouvez le faire.

Je vais rester sur ce sujet abordé par Étienne juste à la fin. J’ai déjà eu l’occasion de dire que pour nous la priorité ça a toujours été le côté humain. J’en profite pour dire que ce n’est pas toujours le cas, c’est même rarement le cas dans le monde associatif contrairement à ce qu’on pense ; des fois le monde associatif est bien plus pourri que le monde, on va dire, traditionnel d’entreprises.

Il y a un truc qui m’a toujours intéressé en tant que délégué général, je suis un libriste de base, ce sont aussi, par exemple entre Étienne et Elsa, vos apports personnels dans nos réflexions. Elsa, je ne t’ai pas prévenue que je te poserai cette question-là, mais toi tu as apporté des choses par rapport à tes réflexions dans nos propres réflexions internes. Il y a eu des sujets divers et variés mais c’est quelque chose que tu as apporté. En tout cas je trouve que cette diversité humaine est une richesse et je voulais t’en remercier. Par rapport à la légitimité, est-ce que tu as mis du temps à être légitime pour intervenir sur d’autres sujets, on peut parler par exemple de la place des femmes ou autres ? Comment tu te sens par rapport à ça aujourd’hui ?

Je ne sais pas si ma question est claire !
Elsa Pottier : Je crois que c’est clair, en fonction de ma réponse tu pourras voir si tu étais assez clair dans ta question.

Je vais commencer par dire que je suis totalement d’accord avec ce qu’Étienne vient de dire sur le cadre humain qui est précieux et rare. C’est vraiment un plaisir de travailler dans ce cadre-là. Effectivement, comme tu le dis, c’est finalement assez rare dans le milieu associatif parce que dès que c’est militant on doit finalement travailler pour la cause et le reste c’est facilement oublié. Mais non, là il y a une vraie cohérence globale et c’est très précieux.

Dans mes autres activités, je travaille dans plusieurs assos féministes effectivement et je me suis assez rapidement, je crois, peut-être que je me refais le film, sentie légitime à avoir des propos par rapport à toutes les questions qui m’animent par ailleurs parce que justement, à l’April, il y a une qualité d’écoute et relationnelle qui est très présente, qui se sent, et je me suis rapidement sentie assez confortable pour venir aborder des questions qui m’animent par ailleurs. J’ai eu le plaisir de rencontrer un écho, ça ne veut pas dire que c’était consensuel, que tout le monde est d’accord et que c’est génial, au contraire il y a la place pour des débats contradictoires, des vrais questionnements de fond et c’est très agréable, très enrichissant.
Frédéric Couchet : Cool ! François je vois que tu disais sur le salon que l’activité sur certains sujets peut être intimidante. Tu parles de sujets en particulier ou plus globalement ?
François Poulain : En fait, ça peut être assez variable, mais pour certains sujets, oui. Je prends par exemple les brevets logiciels, ce sont des sujets qui sont longs, qui sont portés depuis très longtemps par nos adversaires et qui sont assez abyssaux en termes de complexité, donc c’est vrai que c’est très difficile. On peut suivre ça, mais c’est quand même assez difficile d’avoir un avis très rigoureux sans avoir passé des centaines d’heures sur la question.

C’est vrai qu’il y a plein de beaux débats au sein de l’April. Dans le passé il y a peut-être eu des débats un peu musclés, maintenant il y en moins et on ne s’en porte pas plus mal. Ce sont des choses qui peuvent nuire, on va dire, au sentiment de légitimité. Je trouve que la direction qu’on prend ces dernières années de ce point de vue-là c’est plutôt sain.
Frédéric Couchet : Je pense que la qualité des échanges est bien meilleure aujourd’hui qu’il y a quelques années. Je confirme.

Le temps file vite et je vous rappelle que vous allez avoir la question finale en tour de table. Est-ce que quelqu’un veut intervenir sur un autre sujet ou souhaitait rebondir sur quelque chose, sur un sujet qu’on a abordé, avant qu’on fasse le petit tour de table final ? Est-ce que quelqu’un veut le faire ? Vous me le dites sur le salon web ou vous prenez directement la parole, sinon on va faire le petit tour de table final sachant que je pense qu’on refera une autre émission plus tard à la rentrée parce qu’il y a plein de choses qu’on n’a pas encore abordées aujourd’hui, qui restent à aborder.

On va faire le petit tour de table final. La question finale que j’ai déjà posée la première fois, le 16 juin 2020, si vous voulez écouter le premier podcast, c’est pourquoi vous contribuez à l’April ? Qu’est-ce que ça vous apporte de contribuer à l’April et qu’est-ce que vous avez appris en contribuant à l’April, sur le Libre ou sur vous ? Vous n’êtes pas obligés de répondre à tout, mais un petit point final.

On va commencer dans le même ordre que tout à l’heure. Je prends l’ordre de Mumble. Christian.
Christian Momon : Je dirais que l’April c’est l’espoir d’un combat avec de l’expérience, des compétences et du nombre, ce qui fait que ça permet de faire un combat bien porté. Il n’y a pas de fatalité, la politique, l’informatique, même la covid, ça peut donner l’impression qu’on ne peut rien faire, rien faire contre ou rien faire pour que ça s’améliore. En fait si, on peut, l’union fait la force et à l’April, notamment, on peut faire ensemble plein de choses.
Frédéric Couchet : Elsa.
Elsa Pottier : C’est un peu ce que j’ai dit, ce que j’ai eu l’occasion de dire avant, c’est vraiment l’idée de contribuer à une œuvre plus globale, ça fait un peu gros de dire ça, mais c’est vrai. Œuvrer pour une société plus juste, plus égalitaire, dans le champ du logiciel libre plus spécifiquement mais le faire aussi en actes dans notre façon de travailler ensemble. Et qu’est-ce que ça m’a appris ? Chaque chose, comme tout, c’est un chemin. Dans l’univers libriste je me sentais intimidée, très intimidée au départ, et là je commence à me dire ce n’est pas du jour au lendemain qu’on devient un parfait libriste. Petit à petit on se libère, on s’émancipe, et c’est cool d’être dans ce chemin-là, aussi.
Frédéric Couchet : Merci Elsa. Je vais juste lire un truc que j’avais dit dans une conférence il y a longtemps, en 2011, une conférence que tu as regardée il n’y a pas très longtemps, je crois. En conclusion je disais : « Ce qu’on construit dans l’April c’est avant tout un cadre dans lequel les gens qui ont envie de créer et de partager peuvent se sentir bien et peuvent venir apporter leur pierre à l’édifice ». Ce que tu viens de dire me faisait juste penser à ça et c’est dans mes notes, donc je me suis permis d’intervenir dans le déroulé.

Étienne.
Étienne Gonnu : Ce que l’April m’a offert c’est assez précieux, c’est-à-dire un espace où travailler et avoir ce sentiment de sens. Travailler que ce soit sur les sujets qu’on défend, sur l’éthique qu’on défend, et puis dans la manière de travailler où je peux avoir le sentiment de m’épanouir, d’apprendre et, en fait, tout simplement de prendre du plaisir. J’ai rapidement ressenti ça et je m’en suis fait un critère pour confirmer que je me sentais bien à l’April : je ne me suis pas du matin, mais quand je me lève pour aller bosser à l’April, ce n’est pas mal, ce n’est pas trop compliqué !

Ce que ça m’a appris ? Je suis un idéaliste et ça m’a permis d’enrichir, ça m’a permis peut-être d’affiner en prenant un objet politique précis qui est le logiciel libre, à la fois de découvrir finalement un champ que je trouve vachement intéressant et ça m’a permis aussi d’étoffer, d’améliorer ma grille de lecture politique plus largement en partant, finalement, de cet objet-là. Je pense que ça m’a permis de progresser dans le chemin que je parcours, notamment au contact de personnes super au sein de l’April. Je vais mentionner aussi Easter-eggs qui est une boìte de logiciel libre, des gens formidables avec qui on déjeune tous les midis puisqu’on partage leurs locaux. L’April m’a aussi apporté ça : côtoyer des gens très cool.
Frédéric Couchet : En fait, à l’April, on n’a pas le blues du dimanche soir parce qu’on est content de retrouver le bureau, pas en ce moment malheureusement.
Étienne Gonnu : C’est ça.
Frédéric Couchet : Marie-Odile.
Marie-Odile Morandi : Je vais être un petit peu plus terre à terre. J’avais adhéré à l’April en 2011, mais je connaissais et j’utilisais des logiciels libres depuis bien avant grâce à Framasoft, on en a déjà parlé. Dans mon métier de prof, il était très difficile de faire changer les habitudes, les mentalités, souvent par manque de temps disponible de ma part pour bien expliquer l’éthique du logiciel libre, je n’avais pas l’argumentation suffisante. Je ressentais les choses, mais je n’arrivais pas à les exprimer clairement. En plus je suis une femme et si, en face de moi, un homme expliquait que les solutions GAFAM sont meilleures que les solutions libres que le lycée pouvait offrir, c’est lui qu’on écoutait. Lutter contre l’adversité demande une grande énergie, j’étais seule. Contribuer à l’April me permet, en quelque sorte, de pallier ce manque, ce presque échec, de compenser et de faire, finalement, la part que j’aurais souhaité pouvoir faire de façon plus convaincante, donc j’adhère à l’association et je participe.
Frédéric Couchet : Merci Marie-Odile.

Le dernier. François.
François Poulain : Je contribue à l’April en partie parce que j’ai trouvé une noble cause, que je trouve profonde et qui fait partie d’un mouvement de société très important. Je me reconnais complètement dans l’esprit de Richard Stallman, dans tout un tas de propos qu’il a pu tenir autour de « logiciel libre, société libre ».

Au-delà de ça, comme Étienne, j’y retrouve aussi énormément de belles personnes avec lesquelles on a tissé des amitiés fortes et ça fait plaisir de continuer à interagir, de grandir intellectuellement aux côtés de ces gens-là.

J’ai beaucoup appris notamment sur le côté relations humaines. Quand j’étais plus jeune c’était plus facile pour moi d’avoir des relations avec les machines, mais ça n’a pas la même richesse, pas la même complexité. Je pense que j’ai beaucoup appris sur ce segment-là en contribuant à l’April.
Frédéric Couchet : Merci. Merci à tous et à toutes. Je dois ajouter que c’est un grand plaisir d’agir avec vous pour la promotion et la défense des libertés informatiques. Je vous souhaite de passer un bel été et on se retrouve à la rentrée.
Christian Momon : Bel été.
Étienne Gonnu : Bel été.
Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale.
Frédéric Couchet : On va écouter Sandstrom par Alexander Nakarada. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Sandstrom par Alexander Nakarada.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Sandstrom par Alexander Nakarada, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC-BY.

Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM, en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.

Nous allons passer au sujet suivant.
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Chronique « Le libre fait sa comm’ » d’Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April, consacrée aux activités de Linux Azur

Frédéric Couchet : Parler d’actions de type sensibilisation menées par l’April, annoncer des événements libristes à venir avec éventuellement des interviews de personnes qui organisent ces événements, c’est la chronique « Le libre fait sa comm’ » de ma collègue Isabella Vanni qui est coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April. Bonjour Isabella.

Aujourd’hui, tu reçois Véronique Fritière, de Linux Azur, logiciels libres sur la Côte d’Azur. Je vous passe la parole.
Isabella Vanni : Merci Fred.

Nous continuons à prendre des nouvelles des GULL, c’est-à-dire les groupes d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres qui se donnent comme mission d’aider toute personne qui souhaite libérer sa machine à franchir le pas et, pour cela, nous les remercions vraiment beaucoup, car ils font un travail formidable et indispensable. On compte plusieurs dizaines de GULL en France, donc il y en a forcément un dans votre région, voire dans votre département ou ville. N’hésitez pas à consulter l’Agenda du Libre pour trouver le GULL le plus proche de chez vous. Le site de l’Agenda du Libre est bien sûr référencé dans la page de l’émission d’aujourd’hui. Aujourd’hui, comme le disait Fred, nous avons le plaisir d’avoir avec nous Véronique Fritière, présidente de l’association Linux Azur qui est un groupe d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres dont le périmètre d’action est principalement sur la Côte d’Azur, comme le nom le suggère. Bonjour Véronique.
Véronique Fritière : Bonjour Isabella. Merci de m’avoir invitée.
Isabella Vanni : Merci à toi d’être avec nous.
Véronique Fritière : Linux Azur exerce ses activités sur plusieurs pôles, soit des Maisons des Associations, soit des médiathèques. Elle œuvre sur Saint-Raphaël, Nice et Le Bar-sur-Loup principalement, mais elle a aussi œuvré à droite à gauche, Grasse, Antibes. On est en siège social à Antibes et de multiples villes nous ont prêté des locaux.

Le but c’est toujours de rassembler des experts et des personnes qui sont dans l’attente d’entraide. Nous œuvrons auprès d’un public qui a besoin d’aide soit en hardware, soit en software, c’est-à-dire qu’il faut, par exemple, changer une vis ou remplacer un moniteur ou…
Isabella Vanni : Ça va au-delà du logiciel.
Véronique Fritière : Pas que le logiciel, oui. Nous œuvrons à plusieurs titres, nous aidons les gens à réparer leur machine, à comprendre comment ça fonctionne et comment utiliser au mieux les logiciels.

On partage en général les sessions en deux parties, surtout à Antibes. Une partie, c’est l’install-party qu’on appelle Rencontre Accès Libre parce que l’acronyme ça fait RAL et c’est pour les râleurs !
Isabella Vanni : Est-ce que tu peux nous rappeler ce qu’est une install-party, parce que c’est une expression que tout le monde ne connaît pas forcément ?
Véronique Fritière : Une install-party, c’est le moment où les gens viennent autour d’une table et où on discute de la problématique, comme je disais, par exemple remplacer un moniteur ou, je ne sais pas, configurer une Rapsberry, comprendre le logiciel Inkscape ou la suite bureautique LibreOffice, etc. En parallèle, on fait des ateliers, là c’est un cours en fait – on n’a pas le droit de donner des cours quand on est une association, donc on appelle ça un atelier – et là on explique aux gens comment utiliser un logiciel libre. À la fin on leur donne un PDF ou une vidéo, peu importe. Voilà !
Isabella Vanni : Donc il y a une partie où les personnes expriment leurs besoins en termes, par exemple, de logiciel ou de matériel et après il y a une partie où on va voir un peu plus en détails un logiciel ou une application en particulier. C’est bien ça ?
Véronique Fritière : Non, c’est en parallèle. On organise ça en général à la demande des gens. Ils nous disent « j’ai besoin d’utiliser tel logiciel, je ne m’en sors pas » et là, pendant que certains s’intéressent aux problèmes de tous les jours, les autres se rapprochent d’un problème particulier qui est, par exemple, l’utilisation d’Inkscape. Bon, je dis ce logiciel parce que je l’aime bien et c’est souvent moi qui anime ce truc. On fait aussi sur le C, le code Python, peu importe. C’est vraiment à la demande de l’utilisateur.
Isabella Vanni : La demande se fait le jour même ou il y a moyen d’anticiper ? Vous recueillez les demandes le jour-même ?
Véronique Fritière : Non, les demandes se font à l’avance via notre liste de diffusion où on intervient sur tous les sujets et là, on décide ensemble que par exemple le mois prochain, le troisième vendredi du mois à Antibes, sera consacré à l’atelier sur le code Python en parallèle de l’install-party. Et là, les gens s’inscrivent sur le site parce qu’on a droit à une douzaine de personnes. Donc pour éviter qu’il y ait trop d’affluence ou qu’on se retrouve avec une salle vide parce que ça peut arriver, des gens demandent et finalement ils ne viennent pas, pour éviter ce genre de problème. Après, il faut que je demande à la Maison des Associations de nous partager la salle ou de la laisser entière, donc pour éviter du travail inutile à tout le monde, on les fait s’inscrire. Voilà !
Isabella Vanni : Pour proposer toutes ces activités, j’imagine qu’il y a mal de personnes actives dans votre association qui sont impliquées, tu as un nombre en tête ?
Véronique Fritière : On est un peu plus de 50. Je ne sais plus le chiffre exact. On est 50 membres, on a aussi des sympathisants, c’est-à-dire des gens qui ne sont pas membres de l’association mais qui sont actifs sur les listes de diffusion et, en moyenne, on a une dizaine de personnes qui s’activent vraiment pour toutes les activités. Certaines sont déjà sur place comme à la médiathèque de Saint-Raphaël, c’est quelqu’un qui ne fait pas partie de l’association, mais qui nous ouvre ses portes et qui permet à des libristes de venir.
Isabella Vanni : C’est très important de trouver des partenaires qui offrent des lieux pour les GULL. C’est très fréquent, effectivement, que les GULL tissent des liens avec des médiathèques, avec d’autres associations pour mettre à disposition des locaux.

Je voulais savoir, à part les listes de diffusion, si une personne sur la Côte d’Azur entend parler de vous, de Linux Azur, où est-ce qu’elle peut trouver l’information ? Mis à part l’Agenda du Libre, est-ce que vous faites aussi de la communication sur vos activités par d’autres moyens ?
Véronique Fritière : Oui. On est référencé non seulement sur l’Agenda du Libre, mais aussi sur les listes de l’AFUL [Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres] qui référence aussi de nombreuses associations – je le sais parce que c’est moi qui en suis en charge ; on est référencé auprès des médiathèques et des Maisons des Associations. Les gens peuvent aussi retrouver toutes les informations sur notre site principal linux-azur.org, sur notre wiki, wiki.linux-azur.org. On a aussi un téléphone mobile où les gens peuvent nous contacter, nous faire part de leurs problèmes et on répond à leurs demandes.
Isabella Vanni : Je souligne ça, parce que je pense que c’est rare qu’un GULL mette à disposition un numéro de téléphone, normalement c’est une adresse de contact, donc je salue cette mise à disposition d’un numéro de téléphone.
Véronique Fritière : Ce numéro de téléphone, à la base, c’est parce qu’on organise les Journées Méditerranéennes du Logiciel Libre et qu’on avait besoin d’un téléphone, entre guillemets, « anonyme », que ce ne soit pas tout le temps Pierre, Paul, Jacques qui reçoive les demandes, donc on avait tout centralisé sur un numéro de téléphone. On a pris un truc à deux euros, on ne s’est pas ruiné !
Isabella Vanni : Tant que ça fonctionne, pourquoi ça doit être cher !
Véronique Fritière : Voilà ! Ça fonctionne. En général, c’est la personne qui est en charge de l’activité du moment qui récupère le téléphone. Actuellement, c’est moi qui l’ai. Grâce à la générosité d’un des membres, je suis sur un Ubuntu Phone. C’est très agréable, au moins je reste dans le Libre du début à la fin ; c’est quand même quelque chose de très appréciable.
Isabella Vanni : Tout à fait. Véronique, je voulais te demander quelque chose par rapport à ce qui s’est passé dernièrement parce que, ces derniers temps, les activités des GULL ont été impactées fortement, comme plein d’autres activités d’ailleurs, par les restrictions dues à la condition sanitaire particulière. Je voulais savoir comment concrètement vous avez vécu tout cela à Linux Azur, comment vous avez réagi pour garantir un minimum d’activités, d’échanges avec le public pendant le confinement et pendant le déconfinement.
Véronique Fritière : Pendant le confinement on a travaillé exclusivement avec les listes de diffusion, les pads, une application qui passe par une URL qui s’appelle Jitsi. On s’est contacté par téléphone, on a utilisé tous les moyens de communication possibles mais qui ne sont pas IRL. En revanche, toujours pendant le confinement, on a une personne qui voulait donner une machine, donc on est allé la récupérer sur un parking. La personne l’a sortie sa voiture, on a tous pris du gel hydroalcoolique, on a récupéré la machine, on l’a mise dans l’autre voiture. Voilà. Donc ça ne nous a pas empêchés de continuer quand même à communiquer et à échanger de manière très active.
Isabella Vanni : Ça fait plaisir !
Véronique Fritière : Sauf qu’on n’a pas eu de rencontre IRL, ça c’est sûr.
Isabella Vanni : IRL, ça veut dire In Real Life, donc en présentiel, on va dire, en français.
Véronique Fritière : On n’a pas fait de présentiel. Et après le déconfinement, juste après, là on a commencé à refaire des choses à Saint-Raphaël qui nous a ouvert le samedi matin pour réunir les gens.
Isabella Vanni : Tu peux nous rappeler quel type de structure est à Saint-Raphaël ?
Véronique Fritière : C’est une médiathèque. En fait on a la médiathèque de Saint-Raphaël, deux médiathèques à Nice, la Maison des Associations à Antibes pour le siège social et une salle qui est dans une mairie à Le Bar-sur-Loup. Ponctuellement, on va aussi dans d’autres médiathèques, par exemple pour faire des ateliers imprimante 3D, etc.
Isabella Vanni : Ça fait un beau réseau.
Véronique Fritière : Oui, on a un très beau réseau, très agréable.
Isabella Vanni : Bravo ! Il faut le construire ce réseau.
Véronique Fritière : Oui, on l’a construit. On envisage de faire aussi des choses du côté encore de Nice, un petit peu à côté, ça s’appelle La Gaude, tout le monde ne connaît pas, c’est pour ça que je précise que c’est près de Nice. Ça nous permet, en fait, d’avoir des gens qui sont sur place et de ne pas faire aller et venir tout le temps quelques membres actifs. Tout le monde peut s’y retrouver s’il en a envie, mais si un jour moi je n’ai pas envie d’aller à Nice, je sais qu’il y a David ou Alain ou…
Isabella Vanni : Qui pourront accueillir les personnes.
Véronique Fritière : Qui pourront accueillir et surtout renseigner parce que ce qui est important c’est le discours, c’est expliquer aux gens l’intérêt du logiciel libre, la force !
Isabella Vanni : Les aider, mais aussi les accompagner, les orienter, expliquer comment ça marche, et aussi la philosophie.
Véronique Fritière : Complètement !
Isabella Vanni : Véronique, on me prévient, on m’informe que malheureusement notre temps pour aujourd’hui est terminé. Je te remercie beaucoup pour ta participation et peut-être qu’on se reparlera encore quand la nouvelle édition des Journées Méditerranéennes sera prête. Merci beaucoup Véronique.
Véronique Fritière : Je t’en prie. Merci à toi. Au revoir, Isabella.
Isabella Vanni : Au revoir.

Frédéric Couchet : Salutations ensoleillées, Véronique, et à bientôt.

Merci Isabella. C’était la chronique « Le libre fait sa comm’ » de ma collègue Isabella Vanni qui est coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April. Bonne journée Isabella.
Isabella Vanni : Bonne journée à tout le monde.
Frédéric Couchet : Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces.
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Annonces

Frédéric Couchet : Quelques annonces.

L’assemblée générale de l’April a eu lieu le 27 juin 2020, donc samedi dernier, en mode décentralisé grâce à la solution de visioconférence BigBlueButton mise gracieusement à notre disposition par la société Octopuce que nous remercions chaleureusement. Notre association générale avait été reportée suite évidemment aux conditions sanitaires.

Suite à cette assemblée générale, j’ai le plaisir de vous annoncer que Véronique Bonnet devient présidente de l’association et succède ainsi à Jean-Christophe Becquet. Vous les retrouverez tous les deux pour leurs chroniques respectives « Partager est bon » et « Pépites libres » à la rentrée, en septembre 2020, dans l’émission.
Cette émission du jour est la dernière de la saison, reprise en septembre. N’hésitez pas à nous envoyez des idées, des suggestions, à expliquer ce qui vous plaît dans l’émission, car nous allons profiter de l’été, évidemment, pour préparer la saison 4. Il y a aura des nouveautés, sans doute des nouvelles personnes dans l’équipe, du renfort pour la programmation musicale. On vous réserve ces surprises, on va travailler cet été à ça après quelques jours de repos et, bien sûr, il y a encore des évènements qui se passent dans le monde du Libre en France et ailleurs. Vous les retrouvez sur l’agendadulibre.org.

Si vous partez en vacances, on a mis en place une page avec l’ensemble des podcasts de Libre à vous ! que vous pouvez écouter, vous les emporter dans votre valise et vous pourrez écouter plein d’émissions.
Notre émission se termine. Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour : Véronique Fritière, Emmanuel Revah, Isabella Vanni, Elsa Pottier, Marie-Odile Morandi, Étienne Gonnu, François Poulain, Christian Momon. Je crois qu’on a battu le record de personnes invitées !

Aux manettes de la régie aujourd’hui Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.

Merci également à Sylvain Kuntzmann et Antoine, bénévoles à l’April et toujours Olivier Grieco qui s’occupent de la post-production des podcasts.

Merci également à Quentin Gibeaux, bénévole à l’April, qui découpe le podcast complet en podcasts individuels par sujet.

Je voulais faire un remerciement tout particulier à mon camarade, à notre camarade William Agasvari qui a réalisé les émissions à distance en période de confinement avec Mumble. Je pense que sans lui, malheureusement, on aurait eu des difficultés à diffuser. Je rappelle que William anime deux émissions sur la radio, une émission historique, Cyberculture le samedi et une émission le mardi soir si je me souviens bien, qui s’appelle Et pour cause !. N’hésitez pas à écouter en direct ou les podcasts si vous arrivez à les trouver !
Vous retrouverez sur le site de l’April, april.org et sur le site la radio, causecommune.fm, une page consacrée à l’émission du jour avec toutes les références utiles. N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer sur ce qui vous a plu, mais aussi des points d’amélioration. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission du jour et d’avoir écouté toute la saison, évidemment, de Libre à vous !.

Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous. Faites également connaître la radio Cause Commune, la voix des possibles. Pendant la période de confinement de nouvelles émissions ont vu le jour notamment Les 3 premières minutes, un concept absolument génial, les trois premières minutes d’une œuvre qui nous permettent de la découvrir, c’est vraiment super. Il y a plein d’autres émissions. Pendant l’été il va y avoir une grille particulière et, à la rentrée, il y aura sans doute, évidemment, des nouveautés.
La prochaine émission aura lieu normalement en direct mardi 1er septembre 2020 à 15 heures 30. On y parlera sans doute d’éducation, ce sera peut-être la rentrée des classes.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée et un excellent été. On se retrouve en direct à la rentrée et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.