Le logiciel libre, un enjeu politique et social – Comment agir avec l’April pour le promouvoir et le défendre Capitole du Libre

Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets, et Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques à l’April, vous proposent une présentation des différentes actions menées par l’association pour la promotion et la défense du logiciel libre.

Étienne Gonnu : Bonjour à tous, bonjour à toutes. Je crois qu’il est l’heure.

Isabella Vanni : C’est bon !
Bienvenue à cette présentation qu’on a intitulée « Le logiciel libre un enjeu politique et social. Comment agir avec l’April pour le promouvoir et le défendre ».
Moi c’est Isabella Vanni, je suis coordinatrice vie associative pour l’April et mon collègue.

Étienne Gonnu : Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques. Je dois vérifier pour être sûr de ne pas me tromper !

Isabella Vanni : Nous sommes là pour vous présenter les actions de l’April [1], l’association pour laquelle nous travaillons.
Une première information : l’April existe depuis 1996, donc on a déjà plus de 25 ans. C’est une association qui a été fondée par un groupe d’étudiants en informatique et qui, au départ, était exclusivement en mode bénévole, qui avait effectivement pour but de promouvoir l’informatique libre. Assez vite, au début des années 2000, les personnes de l’association se sont rendu compte que c’était important aussi de défendre le logiciel libre, pas seulement de le promouvoir, parce que des lois, des accords commerciaux, des pratiques funestes pouvaient mettre en péril, en danger, les libertés des utilisateurs et des utilisatrices de l’informatique. L’association a donc décidé de se donner les moyens pour pouvoir mener aussi ces combats-là qui nécessitent du temps, qui nécessitent des compétences et qui ne pouvaient pas, du coup, être menées exclusivement par des bénévoles. C’est comme ça que l’association est devenue une association avec une équipe salariée. N’empêche qu’il y a aussi toujours des bénévoles, des membres actifs, c’est important de le dire.

Dans l’équipe salariée nous sommes aujourd’hui quatre personnes, l’équivalent de trois postes et demi temps plein. Il y a moi, coordinatrice vie associative, Étienne, chargé de mission affaires publiques ; on a un délégué général, Frédéric Couchet, qui fait partie aussi des fondateurs de l’association et Elsa Pottier qui est plutôt sur la partie assistance administrative, logistique.

On a près de 3000 membres, dont environ 2500 personnes physiques. On a environ 180 entreprises membres, on a aussi une centaine d’associations, une dizaine de collectivités, trois syndicats. Pourquoi j’insiste sur les membres ? Parce que, déjà, ils nous donnent un poids politique, ils nous permettent d’être mieux entendus par les décideurs politiques et aussi parce que c’est notre principale source de revenus, 96/97 % selon les années. C’est important, pour nous, de pouvoir financer l’association presque exclusivement grâce à des personnes qui nous font confiance et qui, à travers leur adhésion, à travers leurs cotisations, nous soutiennent sur la durée. C’est hyper-important.
Je vous ai aussi parlé de bénévoles. Les membres actifs sont bien évidemment essentiels pour notre association : on a beaucoup de groupes de travail, on le verra plus tard dans la présentation ; on a beaucoup de projets qui pourraient tout simplement ne pas exister sans les membres actifs et les bénévoles. Je tiens à le dire et je profite de l’occasion pour les remercier.

Étienne Gonnu : C’est clair. Merci à toutes ces personnes qui font vivre l’April.
On en a parlé quand on a préparé la conférence. Je voulais rebondir et rappeler qu’en tant que salariés nous sommes vraiment fiers de bosser à l’April. On sait que dans beaucoup d’associations, malheureusement, il y a une forme d’épuisement des équipes, dans certaines et pas forcément à dessein. À l’April, il y a vrai souci de créer un environnement de travail serein, humain, bienveillant. Je tiens à remercier Frédéric Couchet en tant que délégué général et tout le conseil d’administration de l’April qui a vraiment ça à cœur.

Comme Isa l’a expliqué, je m’occupe vraiment des dossiers institutionnels. Je vais rebondir sur une chose qu’Isa a pu dire au sujet des cotisations. Ce sont des cotisations qui sont plafonnées, ce qui est extrêmement important, parce que ça nous garantit une indépendance par rapport à des membres individuels, mais aussi par raport à des entreprises ou des collectivités. Du coup ça nous garantit une indépendance réelle et même, aussi, une indépendance structurelle, c’est-à-dire que quand on va voir des décideurs politiques – c’est plutôt moi qui vais le faire, ça fait partie de ma fonction – on peut démontrer qu’on est éthiquement indépendants, on n’a pas ce type de dépendance.

Donc, depuis 1996, l’April est animée par une éthique, celle du logiciel libre et nous sommes convaincus de cette idée « logiciel libre, société libre », une traduction française, assez littérale, de l’expression free software, free society qui a été proposée par la Fondation pour le logiciel libre [2]. C’est vraiment quelque chose dont nous sommes convaincus. Je pense que ce n’est pas au Capitole du Libre que j’ai besoin de convaincre de ce qui peut nous paraître comme une évidence, malheureusement ça ne l’est pas pour tout le monde. C’est d’ailleurs pour ça que l’April, Framasoft [3], La Quadrature [4] et toutes les associations plus locales, comme Toulibre [5] ou même les organisations comme celle du Capitole du Libre [6], sont nécessaires pour faire avancer ce combat du logiciel libre.

Je n’ai pas besoin de vous en convaincre, mais je voudrais juste en profiter pour partager avec vous comment je présente ces choses-là dans le cadre de ma fonction de chargé du plaidoyer politique de l’April, notamment lorsque je vais être amené à rencontrer des parlementaires par exemple dans le cadre d’auditions. J’aime beaucoup partir de cette phrase que j’aime beaucoup qui est Code is Law, « le code est loi », une expression qui a été proposée par Lawrence Lessig [7], un juriste américain, entre autres fondateur des Creative Commons. Que veut dire Code is Law, « le code est loi » ? En gros que le code va poser des règles qui vont conditionner l’exercice de nos libertés fondamentales sur les réseaux informatiques. Ça va aussi conditionner l’exercice de certaines missions de service public par des administrations. Le code va aussi, parfois, être assez directement une traduction de la loi, c’est-à-dire que la loi va imposer des choses, on peut penser à Parcoursup ; Parcoursup est le produit d’une loi mais qui va être interprétée par du code.
Le poids politique du code, dans notre société, est très loin d’être marginal et c’est d’autant plus important si on aspire à un cadre politique démocratique.

Justement, puisque je parle démocratie, il y a beaucoup de définitions possibles de la démocratie, mais quand on parle de lois, quels sont les critères, on va dire structurants, pour que, à minima, on soit dans un cadre démocratique :
il faut pouvoir connaître les règles qui vont s’imposer à nous ;
il faut aussi connaître les processus d’élaboration de ces règles, il faut qu’on les connaisse, qu’ils soient transparents ;
il faut qu’on puisse, d’une manière ou d’une autre, participer à leur élaboration et qu’on ait aussi des moyens de remettre en cause et de réinterroger la manière dont ces lois ont été écrites.
Je pense que nombreuses sont ici les personnes qui se disent « tiens, ça m’évoque un peu les quatre libertés fondamentales du logiciel libre : l’accès aux règles, la capacité d’agir dessus, la transparence sur ces règles ». En fait, si on parle d’informatique, si on parle de lois, il ne peut y avoir de démocratie, de système démocratique sans logiciel libre dès lors que l’informatique fait un petit peu partie des rouages du système politique.
C’est un argument que j’ai poussé : dès lors qu’on parle de souveraineté numérique, cette notion qui est effectivement très en vogue, ou qu’on défend une de nos revendications historiques qui est la priorité au logiciel libre et aux formats ouverts, c’est essentiel aussi de le rappeler, dans le secteur public. L’April pousse, incite les gens à donner une priorité au logiciel libre dans leurs usages quotidiens ; on considère surtout que ça doit être une règle, un principe normatif fort pour donner cette impulsion politique : les administrations doivent utiliser en priorité du logiciel libre. Ça ne veut pas dire exclusivité, il ne faut pas être hors-sol, les administrations ont des besoins dont certains, malheureusement, ne sont pas couverts par du logiciel libre, mais elles doivent raisonner ce choix : « y a-t-il du logiciel libre ? Comment est-ce que je peux adresser mon besoin qui s’appuie sur des logiciels sans faire l’impasse sur les libertés informatiques ? » En fait, les quatre libertés fondamentales correspondent à des besoins des administrations en termes de conditions impérieuses de mission de service public. Elles doivent pouvoir mutualiser, elles doivent pouvoir changer d’éditeur, elles doivent pouvoir accéder au code, etc. Si elles se privent de l’une de ces libertés, en n’utilisant pas du logiciel libre, elles doivent le justifier.

C’est quelque chose qu’on pousse. Ce n’est pas la loi qui va le faire toute seule, mais il y a aussi besoin d’une impulsion au niveau politique en ayant un principe normatif fort, en tout cas nous en sommes convaincus. Cette idée fait son chemin, parce que notamment en 2021, si je ne me trompe pas, le député Philippe Latombe a remis un rapport sur la souveraineté numérique [8] et une des nombreuses recommandations qu’il fait est de systématiser le recours au logiciel libre dans les administrations en faisant du logiciel privateur, ce n’était pas son terme, une exception dûment justifiée. C’est effectivement exactement ça qu’on défend.

C’est vraiment, on va dire, une action de promotion qu’on fait : on promeut et on défend le logiciel libre à l’April.

D’un point de vue institutionnel on a également des actions de défense, l’une d’elles étant de lutter contre et de faire la lumière sur les situations de dépendance des administrations à certains éditeurs privateurs, je vais citer Microsoft en tête, pas qu’il soit, finalement, plus privateur que les autres, Google, Amazon et tout ça, les enjeux sont globalement les mêmes, mais on sait que Microsoft a un appui, une assise assez historique dans de nombreux ministères, malheureusement. Un des combats historiques de l’April a été de lutter contre ce qu’on a appelé l’Open Bar Microsoft au ministère de la Défense. Si je parle d’Open Bar Microsoft/ministère de la Défense est-ce que ça vous parle ? Est-ce qu’il y a des personnes qui n’ont jamais entendu parler de l’Open Bar ?
Il y a eu un Cash Investigation dessus à l’époque, en 2016. En gros, en 2009, il y avait eu ce qu’on appelle un accord-cadre, un accord très général entre le ministère de la Défense et Microsoft [9] qui permettait au ministère, très facilement, l’accès aux logiciels de Microsoft, un contrat qui a été fait dans des conditions particulièrement opaques, le ministère de la Défense, maintenant ministère des Armées, s’appelle « la grande muette ». Il y a effectivement un gros défaut de transparence là-dessus. C’était renouvelé tous les quatre ans et, en gros, ça alimentait la dépendance de ce ministère à Microsoft. On avait lutté là-dessus parce que les conditions étaient vraiment dramatiques en termes d’opacité, rien n’allait. Dans d’autres ministères il y a des situations un peu similaires. Celui-ci était emblématique et on s’est dit que si on arrivait à faire tomber cet accord, il pourrait y avoir un effet boule de neige.

Un des outils institutionnels à disposition, on s’en sert beaucoup sur ce dossier-là, mais qui va nous servir par ailleurs, un outil dont n’importe qui peut se saisir, c’est ce qu’on appelle les demandes CADA, qui sont des demandes d’accès aux documents administratifs. Tout citoyen, toute citoyenne peut demander à une administration – il y a quelques exceptions bien sûr – l’accès à un document qui a été produit ou reçu – elle a pu le commander par ailleurs – qu’elle a en sa possession. Ça peut être beaucoup de choses, notamment des contrats qui ont été passés.
Donc nous faisons le grain de sable, nous faisons le poil à gratter, on les embête un peu avec nos questions CADA pour, en fait, avoir des éléments pour comprendre et faire la lumière sur ce qui a pu se passer.

Isabella Vanni : Parfois les éléments arrivent et parfois non ! Parfois ils arrivent caviardés !

Étienne Gonnu : Oui. Il y a des délais, normalement ils sont censés nous répondre dans le mois, on va plus être dans les six mois, quand ils nous répondent ! C’est un peu un jeu ! Il y a défaut de transparence important.
Quoi qu’il en soit, on a appris, en 2021, que ce contrat n’avait pas été reconduit et que maintenant le ministère des Armées va s’appuyer sur une centrale d’achat qui s’appelle l’UGAP [Union des groupements d’achats publics] [10]. Formellement c’est quand même une amélioration, c’est-à-dire qu’il n’y a plus une dépendance formelle, contractuelle, directe, à Microsoft. Théoriquement n’importe quel autre outil disponible dans la centrale d’achat est mis un peu sur un pied d’égalité ; c’est une amélioration formelle. Après, dans la pratique, Microsoft est toujours très implanté dans le ministère, donc il y a une dépendance, il y a besoin d’une stratégie de sortie et de mener une vraie politique publique de priorité au logiciel libre, je refais le pont avec ça.

Par ailleurs on a appris, à nouveau par des demandes CADA et grâce aussi à des questions écrites, qui est un autre outil qu’on utilise : on propose des questions écrites à des sénateurs/sénatrices ou à des députés pour un peu demander au gouvernement ce qui se passe. Grâce à la réponse à une de ces questions écrites, on a appris qu’une étude avait été conduite au ministère des Armées sur l’opportunité de s’équiper en poste de travail libre. On a obtenu communication de cette étude. Par contre, l’étude proposait les options sur ce qui allait être fait ensuite, mais on ne sait pas s’il y a eu une suite à cette étude. On les pousse, on essaye. La Commission CADA a dit « vous avez le droit d’obtenir communication de ce document », mais on n’a pas encore eu de réponse, donc on ne sait pas encore s’il y a eu des suites là-dessus. C’est aussi du travail de longue haleine.

Défendre le logiciel libre d’un point de vue institutionnel c’est aussi un travail de veille important. C’est pour cela qu’il est important d’avoir quelqu’un de salarié : j’ai ce temps dédié, en semaine, pour pouvoir garder un peu un œil sur ce qui se passe, parce qu’il y a parfois des propositions de loi, des projets de loi ou d’autres cas, souvent ce sont des propositions de projets de loi, qui ne vont pas du tout concerner directement les libertés informatiques, mais, parce que mal rédigées ou mal pensées, vont pouvoir impacter les libertés informatiques.

Pour prendre un exemple, ça a été récemment le cas d’une loi qui voulait imposer la présence d’un logiciel de contrôle parental sur les machines pour permettre aux parents d’avoir accès à ces outils. En tant qu’April on n’a aucun avis sur cette question, on peut sans soute en débattre, on peut être pour ou contre, en tout cas ce n’est pas l’objet de l’April. Par contre, la manière dont cette loi était rédigée initialement pouvait laisser craindre une interdiction de fait de vendre des ordinateurs sans système d’exploitation, parce que, sans système d’exploitation il ne peut pas y avoir, bien sûr, de logiciel de contrôle parental, du coup est-ce qu’on peut encore vendre de telles machines, donc est-ce qu’on peut encore en acheter ? Pour agir il a déjà fallu identifier l’existence de ce risque. Là aussi c’est un travail de veille, je le fais au maximum, mais plus on est nombreux et nombreuses à garder cet œil-là mieux c’est, d’où l’importance d’une veille collective pour faire remonter ce genre de risque. Bref, on l’a identifié, on a pu contacter les groupes parlementaires, le rapporteur ; à force d’échanges, il a été explicitement dit que ça ne concernait pas les machines vendues sans système d’exploitation.

C’est ce genre d’action qu’on peut mener en défense. Il y a d’autres exemples, celui-ci est un exemple récent.

En termes de promotion, et là on dépend aussi des contextes politiques, en tout cas on a identifié, bien sûr, que les questions sont souvent présentées comme le numérique durable, le numérique sobre, le numérique dans la transition écologique, il y a beaucoup de manières de le dire et il y a clairement un enjeu qui se dessine. Les politiques se saisissent de plus en plus de cette question-là, donc l’April aussi parce que ce sont des opportunités. Nous sommes convaincus que le logiciel libre est élément de réponse. Ce sont des questions politiques sur lesquelles on peut aussi faire avancer la connaissance et sensibiliser au logiciel libre. En tout cas nous sommes convaincus qu’il n’y a pas d’informatique durable sans logiciel libre.

Il y a déjà eu quelques propositions de loi et projets de loi sur lesquels on a pu proposer des choses. Par exemple, quand il n’y a plus de support pour un logiciel il faut que les sources soient rendues accessibles pour que quiconque puisse aller s’en saisir. On sait bien que tout le monde ne va pas aller faire automatiquement du support sur des logiciels qui ne sont plus maintenus à jour ; ce qui est important c’est de garantir cette liberté-là.

On a porté des amendements avec d’autres structures – Halte à l’obsolescence programmée, Green IT, pour ne citer qu’elles –, l’accès sans restrictions techniques ou juridiques aux spécifications des API. On a aussi porté un amendement qui est à moitié passé, tout l’enjeu c’est de le formuler en texte de loi, en gros comment interdire les bootloaders, comment interdire ces mesures qui interdisent l’installation d’autres systèmes d’exploitation. La formule proposée c’était l’interdiction des mesures ou pratiques qui interdisent ou restreignent l’installation d’autres logiciels. Ça a été repris mais assorti d’un délai, c’est-à-dire que c’est interdit sauf pendant la période de conformité légale de deux ans, ce qui affaiblit énormément la question et, surtout, ça valide le principe que les éditeurs et les fabricants sont légitimes à mettre ce genre d’outil attentatoire, privateur de liberté.

Ce sont des exemples de choses qu’on a pu porter et là, clairement, dans le contexte de cette nouvelle législature, on sait que des propositions et projets de loi vont revenir sur cette question, donc nous allons aussi essayer de monter en compétences parce que ce sont des questions assez complexes. Moi j’essaie de former ; on a une liste de discussion, un groupe de travail dédié à ces questions-là, et plus on est nombreux et nombreuses à venir apporter nos réflexions là-dessus, plus on se renforcera et on sera en mesure de proposer des choses plus constructives, plus efficaces.

Je vais juste finir mon monologue et mentionner, avant de repasser la parole à ma collègue, les initiatives auxquelles l’April contribue : Territoire Numérique Libre [11], une initiative portée par l’ADULLACT [Association des Développeurs et Utilisateurs de Logiciels Libres pour les Administrations et les Collectivités Territoriales], une association pour le logiciel libre au niveau des collectivités, un label qui a sept ans maintenant, qui est, en gros, sur le modèle des villes fleuries ; on distribue des arobases : plus une collectivité est libre mieux elle sera labellisée. Cette année, il y a eu 23 villes labellisées, c’est une belle initiative à laquelle l’April participe en tant que membre du jury.

Isabella Vanni : On a parlé de l’action on va dire institutionnelle, plaidoyer politique, de promotion du logiciel libre, de sensibilisation aussi à des candidats, des élus, des décideurs politiques en général.
On a aussi des actions de sensibilisation qui sont plutôt adressées au grand public et, pour ce faire, on a un groupe de travail qui produit des documents, des ressources de sensibilisation. Vous en voyez quelques exemples ici, dailleurs, vous trouvez aussi toutes ces ressources sur le stand de l’April au Capitole du Libre.

Il peut y avoir des affiches qui peuvent aussi être déclinées en dépliants.

L’Expolibre [12] est affichée en grand format, je crois que c’est un format A0. L’idée c’était de fournir un outil qui peut être facilement monté, qui a de jolis visuels qui attirent le regard, d’ailleurs merci à Antoine Bardelli, notre graphiste bénévole qui fait de super choses pour nous, pour l’April. Il y a une explication pédagogique sur ce que sont les principes, la philosophie du logiciel libre. On va même plus loin, on parle aussi de projets collaboratifs qui s’inspirent des principes du logiciel libre comme Wikipédia et OpenStreetMap [13] ; là vous avez un exemple de panneau. C’est un outil très intéressant parce que ça peut être facilement monté. On met toutes nos ressources en licence libre, donc n’importe qui peut les télécharger, les modifier, les partager à volonté et en toute légalité. On a aussi imprimé sur bâche des exemplaires de l’Expolibre que des bibliothèques nous ont loués. C’est donc une action très simple à mettre en pratique : on les expose, tout simplement, et les personnes peuvent les lire par elles-mêmes.
Ce qui est intéressant c’est qu’on a aussi un outil, le Quiz Expolibre, qui permet d’aller plus loin dans la discussion. Ça peut être une façon d’engager la discussion sur les stands, notamment avec le grand public, avec les personnes qui ne connaissent pas ou peu le logiciel libre. On n’est pas là pour mettre des notes « tu as donné une mauvaise réponse ! ». Non ! On est là, au contraire, pour discuter, pour montrer, pour expliquer, même de façon un peu ludique, ce que sont les principes. Je peux vous dire qu’à la première question « qu’est-ce qui définit le logiciel libre ? », il y a encore aujourd’hui des personnes qui disent connaître très bien le logiciel libre et qui répondent que la gratuité est un critère de définition, ce qui est faux ! Comme quoi ça reste utile.

On a, bien sûr aussi, des autocollants. Dans les associations il y a pas mal de geeks à qui les autocollants plaisent beaucoup. On a fait aussi des sous-bocks. Donc ça peut être des documents avec des explications et ça peut être aussi des goodies et, dans ce cas-là, c’est plutôt pour faire connaître l’association. On fait aussi des tee-shirts, bien sûr.

Tous ces documents sont des outils utiles, notamment lors d’événements comme le Capitole du Libre, mais aussi des évènements qui ne sont pas forcément libristes. Par le passé on a participé à la Fête de l’Huma, à la Grande Braderie de Lille, aux Geek Faëries, un festival sur l’imaginaire ; on a participé à des événements qui étaient organisés plutôt par des mouvements intéressés par l’écologie et par l’impact que le numérique peut avoir sur l’environnement.
Ça peut donc être des événements libristes, ça peut être d’autres types d’événements.

Du fait que c’est sous licence libre, n’importe qui peut effectivement réutiliser ces ressources qui sont disponibles aussi sur un site qui s’appelle En Vente Libre [14], je ne sais pas si vous connaissez. Il y a des personnes qui connaissent En Vente Libre ? Super. J’en profite pour en dire deux mots. C’est un site géré par une association, il n’y a que des bénévoles, et c’est un site où vous pouvez trouver plein de documents et de goodies de plein d’associations qui promeuvent le logiciel libre. Il y a, par exemple, l’April, il y a Framasoft, il y a Ubuntu, il y a La Mouette [15], je crois, pour LibreOffice, il y a l’association 42l, une association d’étudiants qui a changé de nom tout récemment, maintenant ça s’appelle La Contre-Voie [16] ; il y a vraiment plein d’associations.
Si vous souhaitez soutenir les associations qui promeuvent le logiciel libre, vous pouvez les soutenir via l’achat, par exemple, d’un goodie. La plateforme de En Vente Libre permet aussi de faire des dons à ces associations. N’hésitez pas à aller faire un tour sur ce site.

On produit donc des documents de sensibilisation et on fait une autre chose pour sensibiliser le grand public : on mobilise les organisations locales avec, notamment, le Libre en Fête.
L’April, comme on vous a dit, est une association nationale, nous sommes une petite équipe de quatre personnes, on ne pourrait pas faire grand-chose pour sensibiliser tout le monde. On a donc besoin, et c’est magnifique, on collabore, on fait des actions complémentaires aux actions que font, sur le terrain, les associations de promotion du logiciel libre, notamment les GULL, les groupes d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres qui font un travail magnifique, qui sont, pour la plupart, des bénévoles qui, tout au long de l’année, font des initiatives, par exemple des permanences, des fêtes d’installation, des conférences pour sensibiliser le grand public et pour l’aider à installer des logiciels libres, pour l’aider à comprendre comment les utiliser.
Libre en Fête [17] est une initiative qui existe depuis plus de 20 ans, elle est organisée, coordonnée par l’April et, au cours de cette manifestation, au cours de cette initiative qui a lieu autour du 20 mars – on a choisi une date emblématique, l’équinoxe de printemps – plein d’évènements sont organisés partout en France, des événements de découverte du logiciel libre et de la culture libre en général et qui sont destinés surtout au grand public. Pourquoi a-t-on fait cette initiative ? Justement pour inviter les GULL, les groupes d’utilisateurs et utilisatrices de logiciels libres, à proposer des événements, mais aussi pour inviter d’autres organisations, par exemple des médiathèques, des espaces publics numériques, des fab labs ou hackerspaces, des clubs informatiques, etc., à proposer des évènements, ce qui permet d’aller chercher, en fait, de nouveaux publics. Bien évidemment nous mettons à disposition un site web avec des visuels et c’est à nouveau la main d’Antoine Bardelli derrière cette belle bannière. On fait les appels à participation, donc on coordonne vraiment l’initiative, en l’occurrence c’est moi qui m’en occupe, donc on mobilise les organisations locales.

Il y a un autre moment dans l’année, plutôt en septembre, mi-septembre, qui s’appelle La Fête des Possibles [18]. Cet événement, cette initiative, n’est pas une initiative de l’April, c’est une initiative du Collectif pour une Transition Citoyenne et ce n’est pas une initiative libriste, c’est une initiative plus générale, en fait comment construire un monde plus durable, donc ça inclut plusieurs thématiques dont l’informatique libre. Ce collectif est venu nous chercher, nous sommes devenus partenaires de ce projet parce que ce collectif, comme je vous le disais, retient que l’informatique libre est l’une des briques sur laquelle on peut construire un monde plus juste, plus durable. C’est donc un autre moment de l’année où l’April mobilise le réseau des organisations locales de promotion du logiciel libre, c’est donc un autre moment dans l’année où on peut sensibiliser de nouveaux publics.

Étienne Gonnu : Puisque tu parles de sensibiliser et de toucher de nouveaux publics, c’était aussi l’objet d’un autre de nos projets dont nous sommes très fiers qui est Libre à vous !.
Libre à vous ! [19] est une émission de radio de l’April, une hebdomadaire sur Cause Commune. Cause Commune est maintenant une radio FM qui diffuse en Île-de-France, qui a demi-temps d’antenne partagé avec une radio qui s’appelle radio Aligre. Pour l’historique, à la base c’était une webradio portée par l’association Libre à Toi qui, en 2018, a candidaté et donc obtenu cette part de bande FM. Je ne sais plus dans quel sens ça s’est fait, si c’est nous sommes allés à leur rencontre ou si ce sont eux qui nous en ont parlé, en tout cas ce sont des amis, ça s’est fait assez naturellement et, assez rapidement, nous avons décidé de rejoindre cette aventure, de proposer une émission qui a d’abord été mensuelle, qui est rapidement devenue une hebdomadaire, parce que ça permet de traiter plus de sujets, d’inviter plus de monde et de mieux fidéliser, c’est le terme, un public.
Puisque nous produisons ces émissions, bien sûr nous les enregistrons et nous les diffusons en podcast par ailleurs.
Comme vous voyez c’est tous les mardis de 15 heures 30 à 17 heures, ce qui n’est pas le meilleur horaire pour toucher du monde, mais c’est l’horaire durant lequel l’équipe salariée est disponible et c’est une garantie parce que c’est beaucoup de travail d’assurer une hebdomadaire. C’est un vrai projet collectif, qui associe aussi beaucoup de bénévoles, notamment sur le traitement des podcasts, sur les photos, pour la transcription des émissions, d’ailleurs je vais y revenir après.
Nous sommes à la sixième saison de Libre à vous !, nous avons fait 158 émissions avec des sujets très variés, par exemple un sujet sur DevOps, la pratique de DevOps ; la semaine dernière sur la question du numérique et de la transition écologique, sur la science ouverte. On a reçu des projets comme Nextcloud, Matomo, Tracim. On a reçu des députés, Philippe Latombe qui est intervenu pour présenter son rapport ; Alexis Kauffmann, que vous connaissez peut-être, un des fondateurs de Framasoft, qui fait maintenant une mission pour le logiciel libre au sein du ministère de l’Éducation, il est chef de projet logiciels et ressources éducatives libres et mixité dans les filières du numérique à la Direction du Numérique pour l’éducation au ministère de l’Éducation nationale. On essaie d’avoir cette variété de sujets. Ça nous permet de donner un temps de parole à d’autres structures, Framasoft, La Quadrature du Net pour ne citer qu’elles, mais aussi beaucoup d’autres associations.
Nous sommes très fiers de Libre à vous !
Que dire de plus ? Le podcast c’est très bien et c’est important de le faire, bien sûr, mais le podcast va plutôt toucher des gens qui ont probablement déjà entendu parler de nous ou, du moins, sont sensibilisés aux questions du logiciel libre, la question les intéresse. Avec la bande FM, on peut vraiment toucher des personnes qui peuvent tomber sur l’émission. C’est très difficile de savoir à quel point c’est le cas, en tout cas on a déjà eu des échos comme quoi des gens nous ont effectivement découverts via la FM. Ça permet de toucher des personnes qu’on aurait, sinon, beaucoup de mal à toucher, donc on a cette volonté d’être grand public. Le sujet DevOps n’est pas le meilleur exemple, encore que tout sujet peut être rendu accessible ; j’ai trouvé que les personnes qui étaient intervenues sur DevOps avaient été remarquables de vulgarisation, ce qui n’est pas un exercice évident. C’est pousser les gens à se dire « tiens, il y a des questions intéressantes derrière, comment puis-je creuser, notamment en m’appuyant sur l’April et sur d’autres structures ? »
On ne diffuse que des musiques libres, ce qui est aussi une manière de valoriser l’existence de ces productions.
Donc un vrai projet collectif, comme je disais. Nous avons aussi appris à faire la régie, je ne pensais pas qu’en venant bosser à l’April j’apprendrais à tenir une régie, ce qui est aussi très amusant à faire.

Je vais en profiter pour faire un peu de pub. Ça fait aussi, pour nous, partie de ce projet collectif : nous sommes très sensibles aux retours des personnes qui nous écoutent : est-ce qu’il y a des points d’amélioration qu’elles identifient, des sujets que ces personnes aimeraient qu’on traite ? On va publier, courant décembre, un questionnaire. Si vous voyez passer ce questionnaire, nous sommes vraiment très preneurs. C’est intéressant comme exercice, mais on parle dans un micro, on ne sait pas qui nous écoute, on ne sait pas ce que les gens pensent si ce n’est, parfois, sur des stands où on a plutôt de bons retours, ça fait chaud au cœur. Tout retour fait très plaisir à avoir, même c’est de la critique constructive.

Dernier point peut-être, je pense qu’il est important de le dire, en tout cas nous sommes très vigilants à cela : on fait très attention à avoir une représentation aussi paritaire que possible, à surtout inviter des femmes qui participent au monde du Libre. On a mesuré, on est à 30 % d’intervenantes femmes, sachant que dans les communautés du Libre c’est plutôt 10 %. Pour nous c’est un effort important à faire, qu’il est nécessaire de faire. Nous avons cette démarche proactive d’aller chercher des femmes, parce qu’il y a, en fait, beaucoup de femmes compétentes.

J’ai brossé, mais si vous voulez en savoir plus parce que c’est vrai qu’on pourrait en parler des heures, c’est vraiment un projet dont nous sommes très fiers : on a prévu une conférence, demain, pour parler plus longuement de l’historique, de comment on construit, les différentes questions qu’on a pu se poser, comment on organise une émission.

Isabella Vanni : Comment participer, comment contribuer.

Étienne Gonnu : En fait il y a beaucoup de manières différentes de contribuer, pour vous inviter aussi à rejoindre l’aventure si ça vous tente. Il y a d’ailleurs des manières plus ou moins engageantes en termes de temps. N’hésitez pas à venir nous voir demain.

Je parlais des transcriptions, on a un groupe de travail Transcriptions à l’April. Une transcription c’est le fait de traduire en texte des contenus audios et vidéos. C’est un groupe de travail historique de l’April qui produit un travail remarquable, en particulier, elle n’est pas toute seule, Marie-Odile Morandi qui est l’animatrice, qu’on salue parce qu’elle va transcrire cette émission. Merci Marie-Odile.

Isabella Vanni : Et Ève aussi, une nouvelle recrue qui a l’air top, qui aide, qui transcrit et relit énormément.

Étienne Gonnu : Merci Ève.
Toutes les émissions sont transcrites ainsi que de nombreuses conférences, interviews, des extraits d’interviews à la télé, bref !, vous m’avez compris. Beaucoup de transcriptions. On a un site dédié [20] pour les mettre en valeur. Pour donner un ordre d’idées, en 2021, ce sont 159 transcriptions ce qui représente plus de 110 heures d’enregistrements, un très gros travail. Pourquoi le fait-on ? Parce qu’en termes d’accessibilité, c’est extrêmement utile ; ça permet de faire de la recherche textuelle pour retrouver des citations, ce qui est très utile en termes d’archivage ; en termes d’indexation également pour retrouver des choses.

Isabella Vanni : Ça permet d’aller plus vite si vous n’avez pas le temps d’écouter une émission d’une heure trente !

Étienne Gonnu : C’est vraiment un travail très important qui, je trouve, s’inscrit pleinement dans l’éthique qu’on défend.
Un autre projet auquel contribue l’April, Isa ?

Isabella Vanni : Un autre projet phare de l’April, depuis désormais quelques années, c’est le Chapril ; le site chapril.org [21] est notre contribution au collectif CHATONS [22], je sais que tout le monde sait ce que cet acronyme veut dire, je suis quand même obligée de l’expliquer, c’est le Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires, j’ai tout bon ! On tenait absolument à participer à cette initiative qui a été lancée par Framasoft dans le but de « dégoogliser Internet », donc de proposer des alternatives aux services des géants du Web qui exploitent les données personnelles des utilisateurs et utilisatrices. Nous sommes donc parmi les premiers chatons, je pense qu’aujourd’hui il y en a près de 100. On a tenu à participer à cette initiative et, à présent, on propose 13 services libres, décentralisés, vous les avez tous là, les plus demandés par le public. Dans mon entourage je fais toujours la promotion notamment du système de visioconférence basé sur Jitsi ; de l’outil de sondage pour choisir une date ; de l’outil de partage de fichiers lourds. On a aussi une instance Mastodon, qu’on a appelée Pouet.

Étienne Gonnu : Je veux juste préciser qu’on a fermé les inscriptions sur Mastodon pour le moment. Suite au rachat de Twitter et de l’exode, somme toute relatif, vers Mastodon, on a eu une très forte affluence, donc il faut qu’on se cale pour répondre à la demande. Excuse-moi.

Isabella Vanni : Tu as bien fait, d’ailleurs ça me permet de dire que tous ces services sont gérés principalement par des animateurs et animatrices bénévoles et ils nous disaient, justement, que les comptes de notre instance, donc de pouet.chapril, avaient explosés, quand je dis explosés ça veut dire de plusieurs centaines de nouveaux comptes.

Étienne Gonnu : Je crois que ça a triplé.

Isabella Vanni : Nous avons été obligés, pour l’instant, d’arrêter, c’est temporaire, l’ouverture de nouveaux comptes pour donner le temps de modérer les messages, de faire un minimum de modération et de nettoyage.
C’est la même chose aussi, je crois, pour Valise, qui est le nom que nous avons donné à notre instance Nextcloud. Je crois qu’on a des comptes avec un espace de stockage relativement petit, le but étant surtout de faire découvrir le service pour que les gens se rendent compte que c’est une alternative très valable à d’autres espaces de stockage en ligne que je n’ai pas envie de citer. En fait, c’est une façon de tester le service et, pourquoi pas, si on est en est content, d’aller éventuellement plus loin et d’aller vers un service peut-être payant, il y a des chatons qui proposent Nextcloud à un prix tout à fait correct.
Je tenais à dire que ce sont vraiment des bénévoles, pour la plupart, qui sont derrière ces services.

Les administrateurs de l’infrastructure Chapril sont des administrateurs April qui gèrent aussi, d’ailleurs, notre infrastructure, l’infrastructure de l’association et pour être anim/admin, animateur et administrateur ou administratrice des services, il faut, bien sûr, quelques compétences techniques, mais on peut aussi apprendre. On recrute aussi des personnes qui ont envie de s’investir et de prendre en charge effectivement l’animation de l’un de ces services.
Les besoins sont surtout sur Mastodon, ou Pouet si vous voulez, sur la visio, donc le service basé sur le logiciel libre Jitsi, sur Nextcloud aussi, donc la Valise, et sur Mobilizon qui est un autre service qui permet de promouvoir en ligne son événement.

Étienne Gonnu : Puisque tu parles de contribuer, il y a plein de manières de contribuer à l’April, déjà dans les groupes de travail [23]. On vous a parlé du groupe de travail Transcriptions. Il y a différents niveaux d’engagement, on n’est pas obligé d’arriver et de transcrire tout de suite une heure et demie de conférence. Je pense qu’il y a un recensement des différentes propositions de contenus à transcrire, ça peut être de courtes vidéos de cinq minutes, ça peut être simplement relire les transcriptions qui sont déjà faites, c’est une manière de contribuer et c’est, en fait, écouter et lire des contenus intéressants, ce qui permet aussi de se motiver.

Isabella Vanni : Ça permet d’apprendre plein de choses et d’être au courant de l’actu.

Étienne Gonnu : Sur ce qui est travail, par exemple sur les affaires publiques, ce que je fais, on a besoin d’aide pour faire de la veille, pour relire des actus, pour partager des analyses, pour juste, en fait, poser des questions « je n’ai pas compris ça », ce qui aide à enrichir les échanges. On a un groupe de travail et c’est une des seules listes, si ce n’est la seule, réservée aux membres de l’April, parce qu’on reçoit des documents en confidentialité sur lesquels on va pouvoir échanger. C’est une question de confiance envers les personnes qui vont pouvoir nous transmettre ces documents qui doivent rester sous diffusion restreinte.

Isabella Vanni : Le groupe Sensibilisation, je prends le relais. Oui, bien sûr, on a déjà parlé du groupe Sensibilisation pour la production des ressources de sensibilisation.

Il y a le groupe de travail Libre Association, avec sa liste de discussion dédiée, qui cible davantage les relations entre logiciel libre et monde associatif. C’est d’ailleurs dans le cadre d’une réunion lancée par la personne qui anime le groupe de travail Libre Association, qu’est né, par exemple, un projet comme Bénévalibre, à nouveau un service en ligne, décentralisé, qui permet de saisir en ligne son bénévolat, donc un outil très utile à la fois pour les associations et pour les personnes qui sont bénévoles.

Il y a aussi un groupe de travail et une liste de discussion où plusieurs centaines de personnes sont inscrites, le groupe Éduc, qui traite plutôt des rapports entre le monde de l’éducation et le logiciel libre.

Il y a aussi le groupe de travail Site web, parce que l’April a plusieurs sites, pas que le site de l’association, on les a déjà vus ensemble, par exemple le site de l’émission de radio Libre à vous !, le site Libre à lire !, le site du Libre en Fête.

Étienne Gonnu : C’est sur Spip [Système de publication pour l’Internet]. S’il y a des personnes qui font du Spip, qui veulent travailler sur du Spip. En fait, par exemple sur libreavous.org, on a envisagé de rajouter une fonctionnalité pour faire de la recherche croisée avec le site des transcriptions. Ce sont des sites qui sont vivants. Si vous avez envie de travailler sur du Spip n’hésitez pas à nous contacter pour contribuer.

Isabella Vanni : Une autre façon de contribuer, trois/quatre fois par an nous organisons des April Camps, ce sont deux journées au minimum de travail, normalement c’est un week-end, à la fois en présentiel, si possible, et à distance aussi. C’est l’occasion de se rencontrer entre membres de l’April, entre soutiens et entre personnes qui veulent découvrir, qui sont intéressées par nos sujets, par nos batailles, donc tout le monde est le bienvenu. Cela permet d’avancer sur des projets en cours, voire de lancer de nouveaux projets. Une association vivante a aussi besoin de moments de convivialité, de rencontres si possible physiques ; c’était plus compliqué ces dernières années, mais ça recommence.

Étienne Gonnu : Il y a des apéros une fois par mois, du coup à Paris, mais on relaie aussi les apéros décentralisés, faits ailleurs.

Isabella Vanni : Les apéros sont un moment pour rencontrer l’équipe salariée, les membres du conseil d’administration, de connaître mieux l’association, de voir s’il y a des actions qui vous intéressent et c’est aussi, bien sûr, un moment plus informel, plus convivial, pour nous rencontrer.

Étienne Gonnu : On essaye aussi, si des associations locales nous contactent pour dire « on organise un apéro, est-ce que quelqu’un de l’April veut nous rejoindre pour participer à l’apéro et représenter l’April ? », que ce soit des membres salariés ou des membres du conseil d’administration ; on fait au mieux, en fonction de nos disponibilités, pour participer. De fait les locaux de l’April sont à Paris parce que c’est là où est l’Assemblée, où sont la plupart des administrations, donc c’est logique qu’on soit à Paris, mais on essaye d’être disponibles.

Isabella Vanni : Et, bien sûr, une autre façon de contribuer c’est d’adhérer à l’association, pas que parce que les cotisations payent les salaires donc permettent de mener les actions qui ne pourraient pas être menées par des bénévoles, mais aussi parce que, de part la nature de notre association, plus on a de membres, plus on est écoutés. C’est important de le rappeler.

Étienne Gonnu : N’hésitez pas. Je pense que nous serons un peu disponibles après la conférence. S’il y a des questions on va y répondre tout de suite et on sera au stand de l’April, avec des bénévoles, dans le village associatif.
Merci beaucoup de nous avoir écoutés et, si vous avez des questions, nous serons ravis d’y répondre.

Isabella Vanni : Merci.

[Applaudissements]

Public : Merci pour la présentation. J’avais une question sur ce que vous avez dit à la fin. Vous avez parlé de ceux qui travaillent à l’April et qui sont à Paris. Il y a environ 3000 membres dans l’association. Si, par exemple, je fais un événement autre part dans la France, est-ce que vous avez une sorte de cercles d’ambassadeurs, en quelque sorte, qui pourraient représenter l’April ?

Isabella Vanni : Je prends la parole. Oui. On a une page qui liste les personnes intervenantes au nom de l’April ; on liste les noms des personnes et les sujets qu’elles connaissent le mieux. Normalement, vous pouvez faire une demande via notre formulaire de contact et on transmettra effectivement aux personnes qui habitent le plus près. On aimerait bien avoir un membre du conseil d’administration par département, ce n’est pas possible ! Autant que possible, bien évidemment, on transmet l’information en interne.
Il faut rappeler que les membres du conseil d’administration sont des bénévoles, donc ils ont aussi une activité, la plupart du temps, il faut voir avec leurs disponibilités. Il ne faut pas hésiter surtout parce que si jamais on n’a pas la possibilité de venir, soit parce qu’on n’a pas une personne sur place ou pour des raisons autres, des contraintes, on peut rediriger les personnes vers d’autres associations qu’on connaît, qui sont locales. On a aussi cette action de coordination, de mobilisation, donc n’hésitez pas à nous contacter, on essaiera de vous aider à monter votre événement.

Public : Merci beaucoup. Deuxième petite question : est-ce qu’on peut retrouver les slides sur Internet ?

Isabella Vanni : Tout à fait, toutes nos présentations sont sous licence libre, bien sûr. Là aussi on a une page qui s’appelle « Conférences données par l’association », je crois, où on met effectivement en ligne le diaporama en format odp et en format pdf. Donc c’est possible, bien sûr, de prendre les diapos, d’en faire ce que vous voulez pour parler de l’April ou du logiciel libre en général.

Étienne Gonnu : Normalement je le fais la semaine prochaine, si vous voulez y accéder et qu’elles n’y soient pas encore, c’est que j’aurai oublié, n’hésitez pas à me contacter.

Public : Bonjour. J’aurais aimé savoir si vous intervenez au niveau européen et comment.

Étienne Gonnu : Ça nous est arrivé. La difficulté, au niveau de l’Union européenne, c’est que si on n’est pas sur place c’est très difficile de trouver une oreille, ça fonctionne comme une sorte de huis-clos, ce n’est pas le bon terme, il y a une concentration au niveau de Bruxelles qui fait qu’il faut une équipe sur place pour être vraiment efficace. En ce moment on n’intervient pas. Il nous est arrivé d’intervenir, historiquement notamment contre le brevet logiciel, c’était avant que j’arrive. L’April a eu une très grosse action sur la lutte contre les brevets logiciels.
Nous sommes intervenus sur la directive droit d’auteur parce que ça a mis en place le filtrage automatique des contenus soumis au droit d’auteur, en gros pour éviter qu’il y ait des contenus soumis au droit d’auteur qui soient diffusés sans l’autorisation des détenteurs de droits. À la base il y avait une vraie crainte que les forges logicielles soient concernées, c’est là que l’April est intervenue. Il y a eu exclusion des forges logicielles parce que, en fait, tout le monde a levé la voix pour dire qu’il y avait un vrai danger pour les forges logicielles et que ça allait contre la logique même. Beaucoup d’entreprises sont intervenues, notamment Bosch, parce que, visiblement, Bosch produit du logiciel libre et ils sont intervenus pour dire que là, vraiment, ça allait poser de gros problèmes. Ça a aussi donné une force à cette voix à laquelle l’April a contribué à sa hauteur. Même une fois cette exception obtenue nous sommes restés mobilisés – je ne vais pas vous faire toute la genèse parce que c’est une directive assez complexe –, mais on imagine bien à quel point automatiser le filtrage de tout contenu soumis à du droit d’auteur sur les réseaux informatiques était contraire à l’éthique qu’on défend. Puisqu’on avait commencé à mettre des forces nous sommes restés jusqu’au bout. Le résultat final n’est pas très satisfaisant, même s’il y a eu quelques évolutions positives parce que d’autres associations ont suivi plus longtemps la chose.

Donc il nous est arrivé d’intervenir, ça nous arrivera sans doute à nouveau sur certains cas, notamment parce qu’on a identifiés certains axes comme importants, par exemple la vente forcée : quand vous achetez un ordinateur vous êtes obligé d’acheter le système d’exploitation avec, c’est du droit de la concurrence et c’est le niveau européen qui est compétent.

Si on voit, au niveau européen, un véhicule législatif qui nous permettra d’agir, sans doute qu’on essaiera de se mobiliser, mais c’est difficile, ça prend du temps, donc on est vraiment plus sur de l’opportunité dans ces cas-là.

Public : J’ai une question sur l’éducation des enfants, notamment sur les outils libres. On voit bien, à priori, qu’il y a des tablettes qui sont maintenant à disposition des enfants pour leurs devoirs, pour leurs activités. Est-ce que dans ces tablettes-là on exige que ce soit des logiciels libres et pas que Microsoft par exemple ou des GAFAM qui soient dedans ? Est-ce que vous intervenez là-dedans ?

Étienne Gonnu : On essaye. C’est vrai qu’il y a là un enjeu évident. Je parlais de priorité au logiciel libre dans les administrations, pour nous il y a clairement un enjeu dans l’éducation et en particulier dans ce qu’on met dans les mains des élèves. Là, je pense qu’on pourrait parler d’une exigence en termes d’éducation, en termes d’outils qu’on utilise : le numérique comme un fait social, en termes de développement d’imaginaire des enfants par rapport à l’objet que sont ces outils, le logiciel libre est incontournable, il y a clairement un enjeu.
Pareil, de la même manière, si on voit des projets de loi, des propositions de loi qui vont nous permettre d’intervenir pour proposer des principes forts, une priorité au logiciel libre, que les élèves doivent utiliser du logiciel libre, on le fera. C’est vrai que le ministère de l’Éducation est un très grand ministère, très complexe. Il y a des choses très graves, des adhérences et des dépendances à Microsoft, Google, Amazon, qui sont fortes et inquiétantes. Pour d’autres logiciels privateurs, par exemple on sait qu’autour de Pronote ce n’est pas qu’une question de logiciel libre, mais il y a beaucoup de questions en termes de libertés informatiques autour de l’usage très important de cet outil-là.
On intervient un peu comme on peut. Nous restons une petite structure et notre rôle est plus sur les principes importants pour rappeler l’éthique, pour défendre et pousser à cette hauteur-là. On soutient les agents, que ce soit les professeurs ou au niveau de l’administration du ministère lui-même, pour créer un contexte politique favorable pour qu’ils puissent être armés et qu’ils aient un rapport de force favorable pour pousser du logiciel libre, que ce soit au niveau des écoles, etc.

Il y a des choses intéressantes. La Direction du numérique pour l’éducation [24], qui est un service parmi cette immense administration qu’est l’administration de l’Éducation nationale, porte des choses très intéressantes. Pendant le confinement ils ont notamment développé BigBlueButton, un système, un outil de visioconférence libre. Ils ont réussi à pousser ça, maintenant c’est passé à l’échelle, tous les professeurs ont accès à cet outil-là. Il y a des avancées intéressantes et des choses plus compliquées.

Le groupe Éducation que mentionnait ma collègue a aussi cet intérêt, il ne propose pas forcément des choses très concrètes, mais c’est un espace d’échanges entre professeurs libristes qui peuvent échanger sur leurs pratiques, ils peuvent dire « j’ai rencontré ce problème-là, est-ce que vous l’avez rencontré aussi ? Comment l’avez-vous surmonté ? », avoir ces espaces d’échanges de pratiques est important.
C’est un enjeu essentiel.
Je ne sais pas si tu voulais compléter Isa. Je ne sais pas s’il y a d’autres questions.

Grand merci d’avoir pris ce temps pour nous écouter. N’hésitez pas, nous sommes disponibles pour répondre à d’autres questions.

Isabella Vanni : Merci beaucoup.

[Applaudissements]