- Titre :
- Le Logiciel Libre
- Intervenants :
- Florent Poinsaut - Thomas Saquet - Richard Stallman
- Lieu :
- Qu’est-ce que tu GEEKes ? Man #2
- Date :
- janvier 2018
- Durée :
- 7 min 40
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- Licence de la transcription :
- Verbatim
- transcription réalisée par nos soins.Les positions exprimées sont celles des intervenants et ne rejoignent pas forcément celles de l’April.
Transcription
Tom : Est-ce que vous connaissez le point commun entre Firefox, VLC, WordPress, Android et Blender ?
Flo : Oui moi, ce sont des logiciels gratuits !
Tom : Oui, c’est vrai. Mais ce sont surtout des logiciels libres.
Flo : Ahhh ! Mais qu’est-ce que c’est-y donc qu’un logiciel libre ?
Tom : Le logiciel libre peut se définir en trois mots : liberté, égalité, fraternité.
Flo : C’est marrant, ça me rappelle quelque chose.
Flo : Le logiciel libre, même si on ne s’en rend pas forcément compte, occupe une place prépondérante dans notre société. D’ailleurs, nous avons cité plusieurs fois les expressions « logiciel libre » et open source dans nos précédentes vidéos et comme vous nous l’avez demandé plusieurs fois, il est grand temps qu’on vous explique.
Tom : La ré-exploitation de notre devise nationale pour définir le logiciel libre nous vient de Richard Stallman qui n’est autre que le créateur du mouvement du logiciel libre.
Richard Stallman : Je peux expliquer le logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité.
Flo : Liberté parce que cela respecte la liberté des utilisateurs. Égalité parce que tous les utilisateurs disposent des mêmes libertés et parce que personne n’a de pouvoir sur personne. Et fraternité parce que chaque utilisateur peut collaborer et partager avec les autres utilisateurs.
Tom : C’est donc l’utilisateur qui a le contrôle sur le logiciel et pas le contraire !
Flo : Ça veut dire que si un logiciel est libre, il est fourni avec quatre libertés.
Tom : On peut l’utiliser comme on le souhaite ; on peut étudier son comportement et l’adapter ; on peut créer et distribuer des copies ; on peut le modifier et redistribuer les versions qu’on a modifiées.
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Flo : Et tout cela est réalisable notamment parce qu’on a accès au code source du logiciel. Le code source c’est l’ensemble des instructions qui permettent fabriquer un logiciel. Et un logiciel qui donne accès à son code source est qualifié d’open source.
Tom : En gros, le concept fondamental derrière tout ça c’est la maîtrise et l’évolution de nos logiciels. Et c’est super-important à une époque où il y a du code informatique dans tout : il y en a dans nos téléphones, dans nos voitures, dans nos réfrigérateurs et même dans certaines poubelles.
Flo : Et en plus de tout ça, comme je le disais tout à l’heure, c’est gratuit !
Tom : C’est gratuit, mais ça ne veut pas dire que tous les logiciels gratuits sont libres. Il existe aussi des logiciels gratuits privateurs.
Flo : Le logiciel libre s’oppose en effet au logiciel privateur, couramment appelé logiciel propriétaire. Il est souvent produit par une entreprise qui conserve les sources cachées et qui demande une contrepartie à l’utilisateur pour accéder à son produit. Il prive l’utilisateur de différentes libertés comme celle de savoir comment sont traitées ses données à l’intérieur.
Tom : Le ticket d’accès peut-être monnayé, comme pour les produits de Microsoft ou d’Apple ; ou être gratuit, comme pour les produits de Google ou de Facebook, mais en échange ils récupèrent vos données pour vous proposer des publicités adaptées.
Flo : Les logiciels privateur et libre s’opposent encore de bien des façons. Très souvent, le logiciel privateur est l’offre d’une entreprise qui répond à un besoin pour faire de l’argent et donc pour survivre. A contrario, le logiciel libre répond la plupart du temps simplement à la demande d’une communauté sans le biais de la rentabilité.
Tom : Une autre différence fondamentale est la gouvernance du développement qui, d’une part, émane d’une décision hiérarchique dirigée par la rentabilité à plus ou moins court terme et, d’autre part, d’un accord de communauté.
Flo : Bon, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des communautés avec un leader tyrannique et des entreprises libérées où les choix sont démocratiques ; mais ces deux cas ne sont pas la norme.
Tom : Il y a un autre point important qui différencie les deux approches. Le comportement du logiciel et l’utilisation qui est faite des données collectées.
Flo : Le fait d’avoir accès aux sources d’un logiciel libre permet de vérifier ce qu’il fait et d’être sûr qu’il n’a pas un comportement non désiré caché dans son code : espionnage, détournement, etc.
Tom : Alors oui, vous allez peut-être nous dire « moi je n’y connais rien en code alors comment est-ce que je vais bien pouvoir vérifier ? » Vous pouvez vous appuyer sur une communauté qui aura pu le faire. Et tout comme vous pouvez lire les avis à propos d’un article avant de l’acheter, les avis sur les logiciels libres sont florissants avec un avantage en plus, c’est que l’auteur de l’avis a la possibilité de proposer lui-même l’amélioration souhaitée.
Flo : À ce propos, le vecteur principal qui permet au logiciel libre de vivre, c’est la contribution, c’est-à-dire les propositions de modifications du logiciel. Celles-ci peuvent être apportées par des bénévoles mais aussi par des employés d’entreprises qui ont compris l’importance de cette action.
Tom : D’ailleurs, il existe beaucoup de formes de contributions : on peut effectivement directement modifier le code du logiciel, mais il existe une myriade d’autres façons d’aider. On peut, par exemple, en parler à ses amis ; ou dessiner un logo pour une application ; ou participer à la traduction.
Flo : Ou encore corriger les fautes d’orthographe, donner son retour utilisateur, relire les documentations. Vous commencez à le comprendre, ce n’est parce que les logiciels libres sont accessibles gratuitement qu’ils ne nécessitent pas de moyens.
Tom : D’ailleurs certains développeurs et certaines entreprises en ont fait leur activité principale. Comment font-ils pour vivre ? Ou, plus généralement, est-ce qu’on peut gagner de l’argent avec un logiciel libre ?
Flo : Oui. Et il y a d’ailleurs plusieurs possibilités pour cela : fournir du support payant, mettre en avant un partenaire, avoir une offre de services créée autour de son logiciel ou demander des dons aux utilisateurs.
Tom : À ce propos, on vous rappelle que nos vidéos elles aussi sont libres. Nous travaillons activement sur le financement de notre activité et, pour ça, on a commencé par mettre en place une page Tipeee. Cette page Tipeee nous permet, si vous le souhaitez et vous le pouvez, de recevoir vos dons.
Flo : Un autre aspect à aborder, c’est la propriété intellectuelle. Spontanément, un logiciel appartient à son créateur. Il en est l’auteur et hérite des droits qui en découlent. Pour permettre le partage et l’organisation de la collaboration autour d’un logiciel libre, on lui appose une licence libre, un texte qui va spécifier que ce logiciel est bien fourni avec les quatre libertés citées précédemment.
Tom : Il en existe plusieurs qui différent un peu les unes des autres. Les plus connues sont sûrement la GPL [GNU General Public License ] et la MIT [Massachusetts Institute of Technology]. On vous met une liste des plus courantes dans la description.
Flo : Bien ! Maintenant prenons le temps de nous attarder sur deux exemples.
Tom : Premier exemple VLC [1]. Si nous ne connaissez pas VLC, c’est tout simplement un des lecteurs multimédia les plus utilisés au monde. Au départ, c’était le projet d’un étudiant et grâce à sa qualité et à sa publication comme logiciel libre, c’est aujourd’hui devenu une référence.
Flo : Ceux qui ont baigné dans l’informatique au début des années 2000 se souviennent sûrement qu’à l’époque, pour visionner une vidéo, il fallait récupérer le codec adapté permettant de la lire. En plus de nous faire télécharger des saloperies, ça changeait tout le temps ! La révolution apportée par VLC c’est qu’il embarquait tous les codecs existants. Donc c’était du Plug and Play, pas de question à se poser.
Tom : Et pour organiser le développement bénévole de VLC, il y a une association à but non lucratif qui s’appelle VideoLAN et qui ne vit que grâce aux dons. N’hésitez pas à les soutenir !
Flo : Et en second, Mozilla Firefox [2]. On ne présente plus Firefox le navigateur web libre. Vous utilisez peut-être Chrome de Google, Internet Explorer ou Edge de Microsoft, Safari d’Apple et j’en passe. Si c’est votre cas, prenez le temps d’essayer Firefox.
Tom : C’est l’une des productions de la Fondation Mozilla qui a à cœur de conserver un Internet qui bénéficie à tous. Et cela passe, entre autres, par le respect et la sécurité des utilisateurs. Et pour réaliser les développements de la fondation il y a une société, Mozilla Corporation, qui emploie plus de 1000 personnes et qui est principalement financée par des partenariats.
Flo : Pour conclure, le mouvement du logiciel libre est une voie vers la maîtrise populaire de l’informatique.
Tom : Et on le répète, mais à une époque où il y du code dans tout, le logiciel libre donne à chacun d’entre nous la possibilité d’agir, de ne pas subir et, en somme, d’être acteur de notre société.
Flo : Et ça, ce n’est pas rien !
Tom : Voilà ! Mission accomplie. Vous en savez maintenant beaucoup plus sur le logiciel libre. Merci à Karin de nous avoir demandé de traiter ce sujet. Si vous aussi vous avez des questions, faites comme elle, posez-les-nous.
Flo : Merci à tous d’avoir pris le temps de regarder cette vidéo. C’était le deuxième opus des Man. Si ça vous a plu…
Tom : Eh bien soutenez un logiciel libre.
Flo : Tipez !
Tom : Mettez un pouce en l’air.
Flo : Partagez sur les réseaux.
Tom : Abonnez-vous.
Flo : Et écrivez-nous un commentaire.
Tom : Et si vous voulez avoir une très belle collection de logiciels libres, nous vous invitons à aller faire un tour sur l’annuaire participatif du Libre de Framasoft, Framalibre [3].
Flo : Vous poussez aussi aller libre la pétition « Public Money ? Public Code ! » [4] qui demande à ce que les logiciels financés par nos impôts soient publiés sous licence libre.
Tom : C’était Flo et Tom pour Qu’est-ce que tu GEEkes !
Flo et Tom : Salut !