A l’Ubuntu party 11.04 Jeanne Tadeusz et Claire Corgnou sont intervenues lors d’une conférence pour parler de la place des femmes dans le Logiciel Libre.
Durée : 27min39s
Lieu : Carrefour numérique, Cité des sciences et de l’industrie
Licence : Creative Commons license by-sa 2.0
Transcription
Claire Corgnou : Bonjour.
On va parler de ce sujet important que sont les femmes dans le Logiciel Libre. On est deux nanas, chacune avec une communauté, en tous cas une association. Jeanne travaille à l’April et moi je suis une bénévole de Mozilla. On est chacune un peu emblématique aussi dans notre parcours, Jeanne est la geek de son couple, moi je suis pas très geek à la base, pas du tout technique etc, mais par contre aujourd’hui j’ai décidé de m’impliquer pour donner un peu plus de visibilité aux femmes dans le Logiciel Libre, parce qu’en tant que bénévole et utilisatrice je considère que c’est important que les femmes soient un peu plus présentes dans le Logiciel Libre.
Alors en fait on part d’un constat simple : « Les femmes dans le LL c’est la portion congrue ». Il faut être un petit peu Wonder Woman pour réussir à s’imposer dans ce milieu en tant que femme. La dernière enquête FLOSS Pol montre que dans le logiciel propriétaire il y a 28% de femmes, c’est déjà pas terrible, mais dans le LL on est à 2%. Alors selon les enquêtes cela peut monter à 6%, ce qui est énorme, mais ça ne dépasse pas les 6%, ça c’est clair et net.
Or on est dans le LL, les femmes représentent donc la moitié des utilisateurs, normal, d’Internet en tous cas. Le LL permet de créer un Internet à son image, c’est un tout petit peu embêtant, les femmes doivent laisser les hommes décider pour elles manifestement, puisqu’elles ne sont que 2%. Donc pourquoi est-ce que les hommes décideraient pour nous, finalement, de ce que doit être l’Internet ? Il y a une vraie nécessité pour les femmes de se mobiliser.
Et comment ces femmes sont réparties ? Alors ça c’est une étude qui a été faite chez Mozilla, pour le coup on a essayé de recenser toutes les femmes employées et on voit bien sûr qu’elles sont surtout dans le marketing. Donc ça c’est un autre problème on va essayer d’en analyser les causes. Pourquoi toutes les femmes seraient dans le marketing et pas au développement ? Le développement pour le moment c’est assez simple, en vrai développeuse chez Mozilla, il y en a une.
Donc on va essayer de comprendre les causes.
Jeanne Tadeusz : Donc, là juste pour rappeler les stéréotype que l’on a. Les filles elles ont droit à leur ordinateur, y a clic droite, clic gauche et tapis de souris. C’est un peu limité mais c’est quelque chose que tout le monde ici a entendu à un moment ou un autre, nous en tout cas toutes les filles qu’on connaît qui sont dans le libre on l’a toutes entendu, et c’est effectivement quelque chose qui pose problème parce que c’est usant de finalement se justifier face à ses blagues qui peuvent être répétitives et parfois un peu lourdes.
On a essayé d’identifier, quelques raisons, pour les reprendre de manière un peu plus ordonnée :
- tout ce qui est discrimination et blagues sexistes, donc l’exemple du fer à repasser, c’est un exemple typique.
- Il y a aussi des questions d’orientation, tout ce qui est pression familiale et sociale, qui est aussi importante.
- Il y aussi les questions de problème d’accès aux ordinateurs. Parce qu’un ordinateur c’est un truc de mec, du coup les filles, on leur propose pas. C’est parfois aussi simple que cela.
Sur les questions d’orientation, de pressions familiales et sociales, ça c’est pour reprendre un comics que j’aime beaucoup, qui vient de XKCD. Je pense que tout le monde ici connaît ou presque. Quand un mec va se louper dans une communauté informatique, on va lui dire : « Bon ben tu t’es mal débrouillé ». Si une fille se loupe, c’est parce que c’est une fille. C’est quelque chose qui est, je pense très fréquent, je l’ai déjà entendu, c’est vrai qu’il est difficile d’avoir des statistiques là-dessus, mais c’est quelque chose que tout le monde a vécu à un moment ou un autre. Alors on peut dire que ce n’est pas très grave, parce que finalement c’est juste une expérience, c’est comme ça. Sauf que finalement, il y a quand même un ressenti très important qui se crée à partir de ce genre de chose, c’est le côté où on va se retrouver stéréotypé et à l’inverse on va mettre une pression supplémentaire sur toutes les femmes pour que finalement elles ne fassent pas honte à l’ensemble des femmes. Parce que quand une femme se loupe, ce sera la faute de toutes les femmes. Il y a vraiment un mécanisme qui se crée où finalement il y en a certaines qui n’osent plus rien faire simplement parce qu’elles vont mettre en danger un groupe qui est assez important.
Après si on veut reprendre des statistiques sur les questions de pressions familiales et sociales, on voit que, par exemple, les filles représentent environ 60% des élèves en lycée général, elles représentent 45% en S, il y a déjà, clairement, un biais qui se fait dès le début. Après si on reprend des études qui sont plus techniques, 96% des femmes vont se retrouver dans 4 BTS qui vont être le secrétariat, qui vont être le marketing, ou qui vont être ce type de métier. Donc déjà il n’y a plus grand monde dans l’informatique. Et ça ce sont des causes qui sont beaucoup plus structurelles et qui sont néanmoins réelles.
Cela peut être aussi parce que, finalement, l’éducation, le système ne va pas chercher à aller contre la pression sociale, contre l’envie des parents, contre ce qui est annoncé comme étant normal. C’est-à-dire que lors d’un conseil de classe, si on dit : « Bon ben cette fille, elle a pas envie de faire des études, elle va aller dans le secrétariat », elle va aller en secrétariat, POINT. Même si elle pourrait être bonne en maths, il n’y aura pas du tout d’incitation pour qu’elle aille faire autre chose éventuellement.
Tous ces mécanismes-là représentent finalement une dés-incitation pour toutes les filles pour aller dans l’informatique et dans le Libre en particulier. En plus il faut bien comprendre que les questions d’orientation se font très tôt, elles se font au lycée et au lycée on ne choisit pas tant un métier, on choisit un style de vie, on choisit une orientation, on choisit comment on voit sa vie plus tard. C’est-à-dire que quand on doit lutter contre des stéréotypes, quand on doit lutter contre un certain nombre de visions des choses, on va avoir tendance à se dire : « Bon ben je vais faire ce qui correspond à ce que l’on attend de moi finalement. » On va faire : « Je suis une fille, je n’ai pas envie de me retrouver qu’avec des mecs », ce qui à 17 ans peut se comprendre. Et donc, du coup, il va y avoir, même parfois, l’absence de prise en compte à ce niveau-là.
Moi c’est quelque chose que j’ai vécu aussi. Au lycée, j’ai fait des sciences, quand j’ai vaguement envisagé à une époque de faire quelque chose qui serait plus orienté vers la chimie, la réponse était : « Pourtant t’es une vraie fille ». Bon, il y a quand même beaucoup de travail à faire, clairement à ce niveau-là au point de vue réflexion. Et donc tout cela, ça conduit à ce type de chiffres. La première utilisation d’un ordinateur est à 12 ans pour les hommes, à 14 ans et demi pour les femmes. Le premier achat d’ordinateur est à 15 ans pour les hommes, à 19 ans pour les femmes. C’est lié donc, l’achat d’un ordinateur ou l’initiation sur un ordinateur, c’est qu’on pousse les garçons à le faire alors que pour les filles ce sera nettement moins le cas. Idem pour l’achat. Il y a tout un ensemble de facteurs qui sont évidemment structurels mais qui sont néanmoins réels qui vont poser beaucoup de soucis pour l’intégration et la présence finalement des femmes dans l’informatique et dans le Libre.
Claire Corgnou : Par rapport à cela, il y a un vrai enjeu de société c’est que vous n’êtes pas sans savoir que souvent les femmes font des emplois à mi-temps, parce qu’il y a le fameux temps partiel subi etc... Donc il y a aussi le côté, les femmes vivent dans une précarité de travail, d’accès aux technologies, d’accès à certaines formations comme vient de nous l’expliquer Jeanne. Là dessus, le Logiciel libre peut jouer un rôle important pour ces femmes puisqu’elles ont besoin d’outils gratuits, ouverts, qui vont leur permettre un apprentissage qu’elles n’ont pas pu avoir à cause de ces pressions familiales et sociales. Le LL peut leur apporter des choses. D’où l’importance, une fois de plus, d’accueillir au sein des communautés toujours plus de femmes. Pour aussi répondre à leur demande. Parce que quelque part elles ont des besoins plus importants, plus impérieux que certains hommes au niveau de l’accès à certaines formations.
Il y a une autre raison qui est propre au LL. Maintenant qu’on a vu les causes structurelles, un peu génériques qui expliquent que les femmes font très peu d’études scientifiques, etc... Il y a des mythes qui sont particuliers au LL et dont les femmes doivent s’affranchir, démontrer que ce sont des mythes et pas des réalités.
- Le premier mythe : Codito ergo sum Si vous codez pas, vous servez à rien. Les vrais bons libristes sont ceux qui codent, ce sont les hackers, les génies et donc une femmes qui n’en est pas un puisqu’elle a déjà eu ces retards à la formation les trois quarts du temps etc... même si elle veut rentrer dans une communauté, elle va se dire : « Mince, je ne code pas, bon ben ils vont tous se moquer de moi, donc c’est pas la peine ». Et voilà, elle se sera arrêtée à la première minute de son engagement. Alors que la réalité du LL c’est qu’il n’y a pas que les codeurs, y a tout ça comme engagement possible. Et encore c’est non-exhaustif :
- Localisation,
- Design,
- Support,
- Événements,
- Documentations,
- Bugs,
- Marketing,
- Code.
Si par exemple, on a envie de travailler beaucoup dans la transmission du savoir etc... on peut faire de la doc, justement organiser des événements, faire des conf, voilà. Donc ça c’est important aussi pour vous, notamment vous messieurs, de dire aux femmes qu’elles peuvent venir dans les communautés, elles y trouveront leur place. Même si elles ne sont pas des codeuses.
Le premier exemple chez Mozilla c’est Mitchell Baker, alors en plus quand on arrive aussi loin à être la chef de Mozilla avec une coupe de cheveux pareille, c’est que quand même on peut tout faire. Franchement... Ça c’était pour vous parler juste d’une expérience qui était intéressante aussi. Récemment on est allées dans le cadre de Mozilla au Sénégal pour participer à la création de Mozilla Sénégal, on est allées dans les universités et on s’est rendu compte que, oh surprise, que dans les universités d’informatique il y avait jusqu’à 40% de femmes. Ce que vous ne trouverez jamais ici. Donc là vous voyez Yanis, Yanis c’est la présidente du comité scientifique de son école en informatique. J’ai eu une grande discussion avec elle pour comprendre un peu cette présence des femmes et ce qu’elle m’a expliqué c’est que la conception des femmes en Afrique était tout à fait différente. Elles, elles sont souvent considérées comme une espèce de moteur des pays et du coup elles ont beaucoup de mal à aller à l’école parce que leur famille compte beaucoup sur elles, elles doivent un peu tout faire, s’occuper des enfants, aller chercher l’eau du puits etc... mais quand elles arrivent à aller à l’école, après elles sont aussi respectées qu’un homme. Elle me disait, par exemple, qu’à la sortie de son diplôme elle aurait un boulot tout aussi respectable que ceux des hommes et que dans l’informatique elle serait payée le même prix qu’un homme. A poste égal. Pour cela, on ne peut pas en dire autant malheureusement en France.
Que faire ? Alors là c’est juste un exemple, Jeanne va vous donner d’autres exemples. Moi c’est la première chose que j’ai faite à Mozilla, on a créé le Marteau womoz, pour chaque blague sexiste, un peu trop sexiste, un peu trop répétée. Donc par exemple, une des première fois où le marteau s’est abattu, c’est quand quelqu’un du bureau de Mozilla a collé un autocollant womoz sur le liquide vaisselle. Voilà
Jeanne : Donc que faire ? C’est vrai que là on a identifié beaucoup de problèmes, on a dit qu’il y avait pas mal d’enjeux, de vraies questions, des questions qui sont parfois aussi sur du long terme, donc ce n’est pas évident de facilement y répondre. Concrètement ce que l’on peut déjà évaluer aujourd’hui c’est qu’on a deux types de problème. On a le problème structurel qui fait que l’on a peu de femmes au départ. Après tout même dans l’informatique propriétaire, il n’y en a que 28%. Et après les problèmes plus conjoncturels qui font qu’il y a encore moins de femmes dans le Libre que dans le reste de l’informatique en général. Concrètement, il y a des initiatives qui ont déjà été mises en place. Il y a des groupes de femmes qui se créent, alors il y a des critiques là-dessus, ça discute régulièrement sur tout un tas de listes sur le sujet.
Mais en général, ce qui en ressort c’est que les femmes encore aujourd’hui dans les milieux libristes, se sentent isolées, seules et finalement ces mouvements ils sont là simplement pour soutenir. Parce qu’on est là, parce qu’on a envie de rester, parce qu’on a vu des communautés où il y avait des femmes qui en sortaient parce qu’elles n’en pouvaient plus et que créer un espace où elles se sentent en confiance, en sécurité pour simplement débattre de cette question, parfois simplement évacuer un certain vécu, un certain ressenti, ça peut être important aussi. À ce niveau-là, il y a un certain nombre d’initiatives qui ont lieu.
Après sur que faire concrètement, je pense sincèrement qu’il y a eu des évolutions ces derniers mois, ces dernières années dans tous les mouvements libristes. C’est quelque chose dont on est ravies, qui est fondamental, je crois, pour tout le monde. Pour qu’il y ait des femmes ici aujourd’hui c’est en partie grâce à ça. Notamment des gens qui ne soient pas informaticiens ou informaticiennes à la base, comme Claire et moi. Et ça c’est quelque chose qu’il va vraiment falloir continuer. Il n’y a pas de réponse toute faite. Je pense que c’est la seule conclusion que l’on puisse donner mais il y a toujours quelque chose d’important à faire, c’est de continuer à écouter, parce que que ce soit les femmes ou d’autres groupes minoritaires dans le Libre ou ailleurs, parfois il y a une tendance à dire que c’est pas vraiment vrai, que c’est pas vraiment grave et que les solutions à apporter, c’en est pas vraiment et qu’on va détruire l’esprit du Libre, on va pas faire la communauté comme on voudrait qu’elle soit. Ne jamais oublier que c’est plus facile de critiquer quand on est dans la majorité que dans la minorité. Et que les personnes qui s’expriment alors qu’elles savent que 90% des gens ne savent pas ce que c’est, et ce n’est pas une critique de ne pas savoir ce que c’est, c’est un état de fait, moi je ne pourrais pas dire, par exemple, ce que cela fait d’être noir dans la communauté du Libre, je n’en ai aucune idée, c’est la même chose, je pense que tous les mecs présents ici ou ailleurs ne savent pas ce que c’est d’être une femme dans le Libre, il y a un ressenti, un aspect subjectif que personne ne peut voir par ailleurs mais ça reste quelque chose d’important d’écouter, d’essayer de comprendre quels sont les problèmes et de trouver des solutions, tout ensemble mais aussi en respectant les voix, notamment lorsqu’elles sont individuelles, quand elles sont seules, notamment pour avoir un dialogue qui soit constructif entre toutes les personnes présentes.
Claire : L’autre chose qui est importante pour nous, on vous a listé quelques petites idées, ce qui nous semble pour le moment le plus important et le plus facile à faire. Donc :
- Rendre les femmes plus visibles.
- Lutter contre les discriminations.
- Aider les femmes à avoir confiance en elles.
- Valoriser toutes les contributions. Et pas uniquement les contributions en terme de code.
- Jeanne
- : FLOSS pol, c’est une étude qui a été faite, bon je n’ai pas les détails mais qui a été conduite sur deux ans et de manière scientifique et sérieuse par une étude de recherche. Alors là de mémoire je ne sais comment cela a été conduit mais ça se retrouve. Ça s’appelle FLOSS Pol, mais il y a des études scientifiques sur le sujet.
- Public au début inaudible
- : Il y avait un ??? où je suis allé...???... mais il y avait d’autres chiffres. Mes voisins qui été énoncés ??? Et quand on a commencé à discuter de la méthode et de ce qui, du sérieux de la méthode, il s’est révélé que c’était extrêmement douteux, de la part même des sociologues qui étaient là.
- Claire
- : D’accord. Nous on se sert effectivement pour le moment toujours de FLOSS Pol, parce que c’est la seule que l’on a identifiée comme étant sérieuse, comme étude. Donc elle nous a servi de point de départ à Womoz quand l’association s’est créée. On se sert de cette étude en accord avec Mitchell Baker, la présidente de Mozilla. Donc après, c’est dommage parce que l’on a pas d’étude plus récente et on continue effectivement à se servir de cette étude. Je fais plutôt confiance à Mitchell et plutôt confiance à mes consœurs qui s’appuient sur cette étude-là pour le moment. Et puis après, de toutes façons on se heurte... ça nous sert de point de départ mais comme disait Vivien, regardez un peu la salle et regardez le nombre de femmes qui s’y trouvent. De toute façon c’est juste pour dire que c’est parce que souvent on s’adresse à un milieu où les gens sont en attente de chiffres, mais quelque part on pourrait aussi se dispenser de ces chiffres. Parce que de toute façon, la réalité, elle est là, elle est visible. On ne peut pas dire... Enfin moi si vous me dites que vous pensez qu’il y a 50% de femmes dans le LL, sincèrement j’en serais très très étonnée.
- Toujours la même personne du public, mais sans micro
- : Je pense que .... il y a aussi un ....
- Claire
- : Oui, sauf qu’après il faut trouver des instituts qui s’y intéressent. Le Logiciel Libre étant déjà quelque chose auquel beaucoup d’instituts ne s’intéressent pas, on part déjà avec un handicap, il faut aussi qu’ils s’intéressent à la cause des femmes, deuxième handicap et en plus vous, là on parle de quelque chose qui s’appelle le Logiciel Libre, qui est quelque chose de mouvant, dont les membres des communautés ne sont pas toujours identifiés. Déjà on est obligé de le faire plus ou moins à la louche, parce que dans les membres des communautés vous avez les membres actifs, les membres qui ont des interventions ponctuelles donc voilà. Pour identifier tous les contributeurs en plus des salariés... voilà. Identifier parmi les salariés de Mozilla, c’est facile. Identifier parmi les salariés de l’April, c’est encore plus facile.
- Public dont on n’entend pas la question
- Claire
- : Mais il peut y en avoir beaucoup, mais les femmes peuvent être que des secrétaires.
- Public
- : Pourquoi... quelle évolution.... Petit résumé de ce que je n’ai pas dit dans le micro pour les gens qui nous écoutent sur Internet. Dans la défense de la cause des femmes dans le LL, il y a plusieurs étapes. Quand la cause sera un peu plus avancée on aura besoin d’outils quantitatifs pour savoir par où les femmes entrent, dans quels domaines elles s’impliquent, quelles formations elles ont suivies. Il y aura besoin de mesurer quelque chose. Là aujourd’hui, on a vraiment un problème structurel, on a un problème culturel, il y a besoin d’abord de sensibiliser les gens qui sont dans le milieu à l’existence du problème. Ça fait que quand vous faites une blague, ben vous faites une blague entre mecs mais la nana qui est au bout de la table, ça lui pose peut-être un problème et franchement les gars ne s’en rendent pas compte. Et ensuite, vous êtes d’accord, le fait que empiriquement on voit qu’il n’y a pas de femmes. Si on fait des analyses là-dessus, statistiquement on va avoir du mal à avoir des choses significatives juste parce qu’elles ne sont pas là. Et là vous demandez du quantitatif précis, ce n’est pas intéressant pour faire avancer le problème. Ce qui est intéressant c’est de communiquer auprès des gens qui sont là et leur faire réaliser qu’il y a quelque chose à faire et comment ils peuvent ajuster leur attitude pour ça. Voilà, c’est ce que je voulais dire.
- Public
- : Bonjour. J’avais une question. Au début de votre conférence vous évoquez le problème du bagage social, de la pression qui est mise sur le sexe féminin, donc le fait que les filles ne seraient pas faites pour les sciences et toutes ces sortes de choses. Est-ce que vous vous avez des contacts avec des associations qui justement s’intéressent à ce genre de problématiques, que ce soit à tous les niveaux, que ce soit la simple question de l’éducation à l’école, la simple question des filles dans les sciences en général, voire même tous les groupes qui touchent à l’identité sexuelle, les groupes LGBT ? Est-ce que vous avez des collaborations, des contacts ?
- Claire
- : Alors Mitchell Baker, la présidente de Mozilla a rejoint quelque chose qui s’appelle The Ada Initiative, qui réfléchit beaucoup à ces questions. Si vous allez voir sur internet, il y a tout un tas d’articles très intéressants d’ailleurs qui ont déjà été développés par ADA, ça fait déjà 5 ou 6 ans qu’ils travaillent dessus. Donc voilà, pareil. Ils sont un peu en train de défricher. Mais le fait que Mitchell les ait rejoints c’est pour nous très très significatif. Après on est en train d’essayer d’intervenir dans des écoles, on est en train de préparer plusieurs interventions. Au Sénégal, on a trouvé des filles qui ont essayé de faire le tour des écoles pour aller parler aux petites filles du potentiel informatique pour le développement du pays. C’est sûr que c’est quelque chose qu’il faut vraiment que l’on développe. Womoz n’a qu’un an et demi, donc pour le moment on essaye déjà de réunir des femmes, pour pas être que 4 ou 5 mais essayer d’être un peu plus nombreuses pour avoir aussi une action plus importante. Tout d’abord parce qu’à 5 on ne peut pas tout faire. Des idées et des objectifs, on en a plein, des moyens on n’en a pas tant que ça et du temps notamment, ça nous manque beaucoup aussi. Par contre, si vous connaissez des assoc, nous on serait ravies effectivement de pouvoir travailler avec elles, évidemment.
- Jeanne
- : Juste pour compléter sur ce point. Moi je viens au départ, plus du milieu diversité, égalité des chances, la difficulté que l’on a pour vraiment travailler ensemble, on vit dans pas dans le même milieu, on n’a pas les mêmes méthodes de travail, mêmes moyens de communication et de fonctionnement. C’est-à-dire que pour la plupart des asso que je connais, irc elles ne connaissent pas, les mails elles regardent ça une fois toutes les semaines, donc on essaye de discuter, on essaye d’en parler mais on a quand même un gros gros cap à franchir à ce niveau-là.
- Claire
- : Bon on n’arrête pas de nous faire signe que c’est fini donc on va arrêter là. Évidemment si vous voulez venir nous voir, alors là on va être obligées de se séparer malheureusement avec Jeanne, elle, elle sera au stand April et moi au stand Mozilla parce que l’on a un pauvre, le pauvre Pascal, il tient le stand de Mozilla depuis trois jours, donc je vais aller le relayer un petit peu mais on est évidemment à votre disposition pour parler de ces questions. Merci beaucoup.
- Jeanne
- : Merci à vous.
Et puis le plus important pour nous c’est : casser les codes en règle générale. Donc par exemple, cette photo, nous a fait beaucoup plaisir. C’est Tristan Nitot, le Président de Mozilla Europe qui fait la vaisselle. Voilà. Au bureau. Ça, ça nous fait plaisir et autre photo qui nous a amusé(e)s, récemment Mozilla a organisé un week-end d’intégration, je ne sais plus comment ils appellent ça, mais bon... Ils ont emmené tout le monde prendre un cours de cuisine et le tout le monde c’est de toute façon, une majorité d’hommes. Ce qui nous a permis d’avoir de belles photos comme celle de Greg avec sa toque. Au moins, pour une fois, on ne les a pas vus faire un séminaire de... je ne sais pas ce que vous faites d’habitude, jeux d’eau ou des choses comme ça. Ben non, cette fois-ci c’était la cuisine. Merci, merci Mozilla pour cette initiative.
Est-ce que vous avez des questions ?
rires
[NdT : On n’a pas entendu la question]
Et là, pour le coup, Jeanne a amené un pourcentage écrasant de femmes parmi les salariés de l’April. [2 femmes 1 homme sans compter les stagiaires] Effectivement on est obligé de s’appuyer pour le moins sur la perception. On a réalisé des enquêtes aussi au sein de la communauté Mozilla en envoyant des mails à tous les contributeurs que l’on avait essayé d’identifier via un nombre de mailing listes hallucinant et on a eu des réponses de femmes qui nous ont permis d’identifier certaines causes. Mais c’est pareil, pour le coup c’est absolument pas objectif et précis puisque nous ne pouvons nous appuyer que sur les femmes qui nous ont répondu.