Luc : Décryptualité. Semaine 47. Salut Manu.
Manu : Salut Mag.
Mag : Salut Luc.
Luc : Qu’a-t-on au sommaire ?
Manu : Cinq jolis articles.
Mag : La Tribune, « L’open source, un atout caché pour l’Europe dans la course au leadership numérique ».
Manu : Ne pas donner la liste des auteurs ?
Mag : C’est vrai qu’ils sont hypers nombreux, mais c’est positif qu’ils soient nombreux !
Manu : Oui. En fait ce sont pas mal de responsables de diverses associations, de ce que je vois. On va quand même citer le premier Stéfane Fermigier qui représente le CNLL [Union des entreprises du logiciel libre et du numérique ouvert]. C’est un édito, une opinion qui a été publiée sur le site de La tribune, qui parle justement de la filière européenne du logiciel libre. C’est plutôt intéressant et effectivement on sent que ça pousse un peu en ce moment. Il y a pas mal d’entreprises libristes qui veulent faire entendre leur voix et qui veulent dire aux autorités « les gars, on existe, arrêtez de n’investir que sur les boîtes américaines, faites-nous grossir ». Je pense que ça va un peu dans ce sens-là.
Luc : Ça parle de business mais aussi d’autonomie, de souveraineté, de ce genre de choses. C‘est de l’économie mais pas que.
Mag : Article suivant. Numerama, « Et si l’on ouvrait de force le code source des logiciels qui ne sont plus mis à jour ? », par Julien Lausson.
Manu : C’est un vieux sujet qui peut être rapproché plus globalement des œuvres dites orphelines. Si on considère que les auteurs sont les parents d’une œuvre, il y a des logiciels, au même titre que des chansons ou des textes pour qui on ne sait plus qui sont les auteurs ou qu’on a perdu le lien avec les auteurs, pour lesquels on voit bien que les choses n’évoluent plus.
Mag : Les auteurs ou les éditeurs.
Manu : C’est exactement ça. Un logiciel qui n’évolue plus alors que pourtant, derrière, il y a une communauté, on pourrait rapprocher ça un petit peu de ce côté perdu, donc pourquoi ne pas autoriser légalement à ce que quelqu’un s’en occupe à la place, ait le droit, tout simplement, de passer l’œuvre dans le domaine public, par exemple.
Mag : Si on n’a plus de contact ni avec l’auteur ni avec l’éditeur comment fais-tu pour obtenir le code source ?
Manu : C’est une des problématiques du sujet. Il y a plein de manières de l’envisager. Ça pourrait notamment être intéressant à l’origine, quand on est le client d’un logiciel privateur, d’insister, de demander, d’obliger à ce que l’éditeur mette le code source dans une forme de coffre-fort numérique qui serait ouvert par un notaire, par exemple, ou quelqu’un d’équivalent, dans certaines conditions. Par exemple l’entreprise d’origine est morte serait une des conditions qui pourrait permettre, j’imagine dans ce cas-là, d’ouvrir le code source et de le faire évoluer par d’autres moyens.
Mag : Siècle Digital, « L’Open Source : le moteur d’un avenir meilleur pour tous », par Bassem Asseh.
Manu : Vraisemblablement, de ce qu’on a vu, c’est à la fois un élu local du côté de Nantes, mais c’est aussi le vice-président de GitHub, GitHub Europe, Afrique et Moyen-Orient. C’est plutôt intéressant parce qu’il parle d’innovation en général. Son côté élu et chef d’entreprise, pourquoi pas, je suis preneur, surtout que le discours qu’il est met en avant est plutôt prometteur, il promet beaucoup d’innovation. J’aime bien, il va parler autant d’open data, de partage des données pour se battre contre le Coronavirus et de plein d’autres choses, c’est plutôt sympa. Je le recommande volontiers comme article.
Mag : The Conversation, « Quand l’open data et l’open source deviennent des leviers pour accélérer la transition écologique », par Martin Régner.
Manu : Là aussi ce n’est pas mal, c’est appréciable. Effectivement on sait qu’on a des gros problèmes planétaires écologiques, de plusieurs natures. Le logiciel libre [1] est un des facteurs qui nous permettra de faire évoluer tout ça dans le bon sens.
Luc : Notamment en permettant de faire tourner du matériel moins puissant ou très ancien, donc de changer moins souvent de machine.
Mag : Tu veux dire qu’on va lutter contre l’obsolescence ?
Luc : Oui.
Mag : MacGeneration, « Un État allemand va faire passer 25 000 PC sous LibreOffice, Linux devrait suivre », par Félix Cattafesta.
Manu : C’est le Schleswig-Holstein, dans le nord de l’Allemagne. Effectivement, ils ont affiché là des ambitions considérables, ils veulent passer toutes leurs administrations locales sous autre chose que du logiciel privateur, donc Windows et Office, essentiellement, les choses qui sont les plus coûteuses et qui vous bloquent avec un fournisseur de manière assez définitive, en tout cas c’est très compliqué d’en sortir. Là ils vont sortir par phases, vraisemblablement. On croise les doigts parce qu’il y a eu d’autres cas de transition en Allemagne, avec Munich notamment, qui ne s’étaient pas toujours bien passés parce que ça bougeait au gré des majorités politiques locales.
Mag : Si, la transition s’était bien passée, c’est juste qu’après ils avaient fait demi-tour.
Manu : Et re demi-tour plus tard !
Luc : Ils n’avaient même pas eu le temps d’aller jusqu’au bout de leur transition parce que c’est effectivement très compliqué de migrer depuis tous ces systèmes où il y a à la fois des compétences et des infrastructures en place ; changer c’est très long.
Mag : On parle de quoi ce soir ?
Luc : On va s’inspirer de deux articles de la revue de presse, donc l’appel de toutes les associations européennes disant que l’open source est un atout caché pour l’Europe et également la tribune de Bassem Asseh qui dit que l’open source est un moteur pour un meilleur avenir pour tous. On aurait préféré qu’ils parlent de Libre, mais voilà !
Il y a donc cette idée qu’on connaît un petit peu parce que dans le monde de l’informatique, notamment dans ce qui est connu par le grand public, il y a un certain nombre de héros et de choses comme ça qui sont mises en avant comme étant des grands succès.
Manu : Steve Jobs, Bill Gates.
Mag : Tu sors !
Luc : On ne peut pas nier que Steve Jobs, notamment, a fait l’objet d’un quasi-culte ; on disait que c’était une sorte de génie absolu, incontournable.
Manu : Il a amené l’iPhone, Monsieur, l’iPhone et l’IPod, voyons !
Mag : Le culte de la personnalité, ça me fait juste penser à Staline.
Manu : Tout de suite ! Tu es dure !
Luc : Oui. En plus de ça l’objet de ces trucs, aussi bien que soient pensés ces produits – je pense que ça reste quand même de bons produits, mais il y a quand même des trucs absurdes dedans – c’est quand même d’enfermer les utilisateurs et ce n’est pas juste nous qui le disons. Pendant des procès qu’il y a eu entre Apple et Samsung, des mails de Jobs envers tous les directeurs d’Apple ont été rendu publics. C’est écrit noir sur blanc dans les mails que la stratégie consiste à lier à tous les produits ensemble pour enfermer tous les utilisateurs ; donc ce n’est pas de la paranoïa de notre part, c’est une stratégie. Ça plus plein d’autres choses, notamment quand l’iPhone est arrivé, il y a eu énormément de censure, tout le côté très bien pensant puritain des Américains, etc., dont Jobs était un grand défenseur, s’est imposé aux gens. Donc j’ai un peu de mal à le considérer comme un héros.
Manu : Heureusement, on en a plein d’autres en ce moment. Qui est-ce qui va dans l’espace et qui va permettre de sauver l’humanité en conquérant Mars ? On en a quand même deux sur le tremplin !
Mag : Un héros qui n’a pas de cap et de slip moulant, moi ça ne m’intéresse pas !
Mag : Jeff Bezos a une grosse fusée ! Elon Musk aussi, mais elle n’a pas le même côté phallique !
Luc : C’est vrai que la fusée de Bezos a le bout renflé au sommet et ça, ça change tout. Hormis le côté complètement con de dire qu’on va sauver l’humanité en allant sur Mars, ce qui n’a aucun sens, d’autres l’ont expliqué bien mieux que moi, on a ce modèle de gens qui sont considérés comme des héros, la presse les met en avant, ils ont plein de fans, mais, au final, ce sont des gens qui pont poursuivi leur intérêt personnel. Un mec comme Bezos est, pour moi, une plaie, à la fois du côté humain : il y a des drames dans ses entrepôts. Un chiffre m‘a impressionné : aux États-Unis, dans les entrepôts d’Amazon, le taux d’accidents du travail est de 80 % supérieur à la moyenne nationale américaine, ce qui est absolument considérable. Il y a plein de choses, on ne va pas rentrer dans le détail, mais ce type est dangereux, il y a des gens qui meurent, il y a des gens qui ont leur vie ruinée à cause de lui.
Dans le domaine économique aussi : Amazon va surveiller les vendeurs tiers pour voir ce qui marche et ensuite faire des copies qu’il va vendre et mettre en avant. En tout cas Amazon est très fortement accusé là-dessus, il y a des affaires en cours.
Manu : On peut rappeler que Microsoft avait eu longtemps une politique de Embrass, Extend, Extinguish, où, en gros, il reprenait des idées ou même des produits des concurrents, il les intégrait et il les redistribuait gratuitement en cassant le marché et les concurrents mettaient la clef sous la porte au bout d’un moment.
Luc : Heureusement c’est fini parce qu’ils se sont mis au Libre !
Manu : Ils se sont largement mis au Libre et on peut imaginer qu’ils ont changé un peu leur modèle.
Mag : Ou pas !
Luc : Ou alors ils ont décidé de faire la même chose avec le Libre.
Manu : Pour l’instant ce n’est pas encore fait mais effectivement, cela reste envisageable.
Luc : Donc tous ces grands hommes, qu’on est censé admirer, ont finalement de petites ambitions. Certes ils peuvent être l’homme le plus riche du monde, mais que fait Bezos avec ses milliards ? Il se construit une fusée pour aller dans l’espace et tu te dis que tu peux peut-être faire des choses plus utiles pour l’humanité.
Manu : Il fait des cartons, beaucoup de cartons avec un smiley dessus et il les envoie partout sur la planète. Tu pourrais dire qu’il a sauvé l’humanité pendant le coronavirus parce qu’il a permis…
Mag : Ah !
Manu : Mince ! J’ai une libraire qui est en train de tomber d’apoplexie !, mais il a permis de nourrir, en tout cas d’envoyer plein de gadgets dans le monde entier. C’est important les gadgets !, on ne se rend pas compte.
Luc : On ne va pas répondre !
Mag : Non, on ne répond même pas. L’indifférence c’est la meilleure attaque.
Luc : Ce sont de modèles que l’on retrouve indépendamment que ces mecs surpuissants que tout le monde admire.
Mag : Ou pas !
Luc : En tout cas que plein de gens essayent de nous vendre comme modèles.
Mag : Que les médias nous obligent à admirer.
Luc : Oui, mais tu as tout le mouvement des startups avec tous ces gens qui montent des boîtes et qui se disent « mon objectif c’est de devenir millionnaire en me faisant racheter par une de ces grosses boîtes » et où on poursuit ce modèle de réussite personnelle de devenir riche.
Manu : On peut même dire que tu contribues à une forme de pyramide parce que toutes ces petites boîtes, en tout cas parfois innovantes, sont rachetées parce que, justement, leurs idées un peu novatrices ont besoin de rajeunir le mastodonte et tous les mastodontes qui tournent n’arrivent plus, eux-mêmes, à innover. Microsoft, particulièrement, n’arrive pas à se remettre en cause. C‘est trop compliqué, c’est trop dangereux de remettre en cause toute la structure. Bouffer des petits, les laisser grossir ou les manger un petit plus tard, ça permet, par exemple, de faire Instagram.
Mag : Ils les rachètent, ils les étouffent et puis ils vont chercher la nouveauté. Cercle vicieux !
Manu : Oui, il y a de ça. En gros, eux-mêmes n’ont plus vraiment de moyen d’innover par eux-mêmes. Donc l’ambition des petits patrons des petites boîtes, c’est effectivement de devenir des licornes. Les licornes ce sont des petites boîtes qui arrivent à faire un milliard de revenus. Effectivement, il y en a beaucoup qui veulent juste se faire revendre. Ce sont des mariées, on rend jolie la mariée et ensuite on la vend à une grosse boîte, souvent américaine, qui va en faire quoi ? On ne sait pas trop, récupérer les clients, parce que c’est souvent ce qui se passe.
Mag : C’est nulle comme ambition, en fait !
Manu : Oui, mais ça permet, c’est ce qui est amusant, de remplir des contrats on va dire de prestige. Tu vois, tu as réussi dans la vie parce que tu as vendu très cher ton entreprise.
Luc : On arrive à faire courir des gens derrière, notamment tous les gens qui vont bosser dans les startups et à qui ont fait valoir que si on travaille différemment...
Manu : On est disruptif !
Luc : C’est ça !
Mag : Pour une qui se fait racheter, dont les propriétaires vont être riches, il y en a combien qui vivotent ?
Manu : Ils disent, en gros, que c’est un sur dix.
Luc : C’est un petit peu comme dans le domaine de la musique, où on a des systèmes de rétribution qui sont extrêmement inéquitables avec des gens qui veulent gagner au loto. Éventuellement avec le talent en plus ou le fait d’être poussé, etc., mais il y a cette même vision de dire « je veux être au top et je veux être le gagnant d’un système où il va y avoir essentiellement des perdants, mais mon ambition c‘est d’être le meilleur, en tout cas celui qui est sur le dessus ». D’un point de vue moral, c’est quand même petit bras, même si le résultat est impressionnant, il faut avoir un petit caractère !
Manu : Je soupçonne quand même que certaines de ces personnes qui, par vanité ou arrogance, veulent aussi laisser une trace. Dans quelle mesure les plus gros milliardaires du monde ne veulent-ils pas laisser comme trace dans l’histoire « j’ai été le numéro un, le numéro un en argent accumulé ». Oui, ça n’a pas beaucoup de sens, mais finalement tu te démarques et peut-être que tu resteras dans l’histoire. Bill Gates est resté des années et des années comme le numéro un des hommes les plus riches de l’humanité.
Luc : Face à ça, évidemment si on en parle, c’est qu’on a un contre-modèle qu’on aime bien qui est celui du logiciel libre. Je pense notamment à Blender [2] qui est, pour moi, un projet libre exemplaire. Ton Roosendaal est le mec qui, en gros, a fait avancer Blender, qui a animé le projet. Au début, il y a une vingtaine d’années, Blender était un logiciel propriétaire, qui avait été passé d’entreprise en entreprise qui avaient fait faillite. Ton Roosendaal a lancé une souscription, on ne parlait même pas de financement participatif à l’époque, pour racheter les droits et pour le placer en Libre. Dans des interviews il expliquait que oui, il aurait pu devenir riche – le mec est un manager, il sait diriger des structures – mais, au final, il a trouvé bien plus de satisfactions à développer un logiciel libre de 3D, d’avoir une communauté vivante qui fait aussi de l’Art Libre, parce que ce n’est pas juste le logiciel, que cette réussite a bien plus de sens pour lui que s’il avait beaucoup d’argent.
Manu : On pourrait le comparer avec les créateurs de Wikipédia qui sont entrés dans l’histoire à leur manière. Wikipédia est un phénomène qui laisse sa trace, là aussi, mais qui n’a pas rendu les gens qui en sont les créateurs des milliardaires.
Mag : Mais quand on voit le nombre d’utilisateurs, c’est quand même vachement impressionnant !
Manu : Et ils font quelque chose qu’on peut facilement décrire comme bénéfique à l’humanité.
Mag : Dans 50 ans je suis sûre qu’on ne saura plus qui est Bill Gates, alors que Wikipédia sera toujours là, en train d’être augmentée chaque jour.
Luc : Tout le monde peut y participer. J’ai contribué il y a fort longtemps, un peu après le début.
Mag : Ne dis pas ça, ça fait tout de suite vieux !
Luc : Mais je suis vieux ! On ressent un enthousiasme incroyable à contribuer collectivement à un projet qui nous dépasse, où ce n’est pas notre petit ego, notre petite reconnaissance, même si, quand on est on est un contributeur régulier et efficace, on finit par avoir de la reconnaissance parce que les gens voient bien ce que les autres font. Si c’est de qualité on a une reconnaissance, mais qui est une reconnaissance profonde et pas juste une question de frime de savoir de savoir qui a la plus grosse fusée. Ce sont des choses qui sont accessibles à tout le monde et on n’est pas à savoir qui va être en haut du panier, à se tirer la bourre par vanité, mais bien à travailler tous ensemble à construire quelque chose qui rend nos vies meilleures.
Manu : Ce que j’espère, et je croise les doigts, c’est qu’on va plus tendre vers une société de l’intelligence des foules. J’ai l’impression que le logiciel libre construit sur le fait d’avoir des groupes de gens – on dit foule, mais c’est un peu péjoratif – qui sont éduqués, qui ont une connaissance dans un domaine et on sait qu’il y a des manières de construire sur ces groupes de gens. L’intelligence des foules, je crois qu’il y a un bouquin sur le sujet où on arrivait vraiment à faire ressortir les phénomènes émergents, on va dire, qui seront très intelligents et très constructeurs. Alors qu’il n‘y a encore pas si longtemps on voulait des héros. Un Bill Gates, d’une certaine manière, c’est une sorte de héros, mais c’est un héros à tort, c’est-à-dire que c’est un héros du point de vue des médias, du point de vue de ce qu’on veut en construire quelque chose ; c‘est une image. Ces héros-là ont permis de conduire plein de gens et de les manipuler, sans aucun doute, alors que les communautés du logiciel libre et d’autres sont des communautés qui viennent du bas pour aller vers le haut, à mon avis, et permettent d’éviter ce côté culte du héros.
Mag : C’est toujours une question de communication. C’est plus facile d’interroger une personne, un héros, que plein de gens dans une communauté. C’est un raccourci que font beaucoup de médias et je trouve ça fort dommage !
Luc : C’est aussi une question de concentration de capital.
Mag : Tu ramènes tout à l’argent !
Luc : De fait je pense que toutes ces boîtes et toutes ces choses-là prennent de l’ampleur parce qu’elles brassent de l’argent, c’est ça qui fait tourner une bonne partie du monde, et on ne parle pas trop du reste.
Manu : À mon avis elles ont aussi une force marketing qui doit être considérable, planétaire.
Luc : Très bien. Je dirais plus de Libre, plus d’auto-organisation et on se retrouve la semaine prochaine.
Manu : À la semaine prochaine.
Mag : Salut.