La précarité des utilisateurs d’informatique propriétaire quand l’éditeur change de modèle - Décryptualité du 22 octobre 2018 - Transcription

Titre :
La précarité des utilisateurs d’informatique propriétaire quand l’éditeur change de modèle - Décryptualité du 22 octobre 2018
Intervenants :
Manu - Luc
Lieu :
April - Studio d’enregistrement
Date :
octobre 2018
Durée :
14 min 38
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Revue de presse pour la semaine 42 de l’année 2018

Licence de la transcription :
Verbatim
Illustration :
Cloud Computing Image Wikimedia Commons. Licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported.
transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des orateurs·trices mais rendant le discours fluide.

Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas responsable de leurs propos.

Transcription

Luc : Décryptualité.
Voix off de Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.
Luc : Semaine 42. Salut Manu.
Manu : Salut Luc.
Luc : La fameuse semaine 42.
Manu : La grande semaine 42.
Luc : Qu’a-t-on au sommaire pour cette semaine ?
Manu : Cinq articles.
Luc : Centre Presse, « Frédéric Moreau, militant pour un monde plus libre », un article de Bastien Lion.
Manu : Ça parle d’une association poitevine, c’est d’où je viens et j’aime bien parce qu’ils promeuvent le logiciel libre. C’est plutôt sympa ; c’est un article qui parle un petit peu des activités locales.
Luc : Un gros utilisateur de logiciels libres.
Manu : Exactement. Si vous êtes dans le coin allez les voir, ça peut être sympa.
Luc :  : Developpez.com, « La Commission européenne donne son feu vert pour le rachat de GitHub par Microsoft, sans condition », un article de Michael Guilloux.
Manu : C’est une nouvelle importante pour nous. On en a déjà parlé. Le rachat de GitHub est quelque chose de très important parce que c’est une plateforme non libre, bizarrement, mais qui héberge beaucoup de développements de logiciels libres et qui vient d’être rachetée, là c’est confirmé, par Microsoft.
Luc : Quand ça avait été racheté ça avait fait un scandale. Ils avaient quand même besoin de l’autorisation au niveau européen notamment pour ce rachat, qui a été donnée sans condition en disant « il n’y a pas de problème ».
Manu : 7,5 milliards de dollars, ce n’est pas rien !
Luc : Le Monde.fr, « Mounir Mahjoubi : "L’État ne va pas demander une pièce d’identité pour aller sur des sites pornos", un article de Damien Leloup et Martin Untersinger.
Manu : C’est une interview d’un secrétaire d’État qui vient de changer de ministère.
Luc : Mounir Mahjoubi qui était déjà chargé du numérique avant.
Manu : Et il continue, mais là c’est dans l’Économie [ministère de l’Économie, NdT]] il me semble. Il discute un petit peu, notamment d’Internet, des accès à Internet et là, pour le coup, ça parle de sites pornos ; c’est rigolo dans un titre !
Luc : Oui. Il explique la volonté qu’il y a de limiter l’accès pour les mineurs.
Manu : C’est un vieux problème ; ce ne sera pas résolu aujourd’hui. Nous, ce qui pourrait nous embêter, c’est si jamais pour cela on contrevenait aux libertés. C’est toujours compliqué. C’est toujours un sujet un petit peu difficile.
Luc : La Tribune, « PeerTube : Le logiciel libre est une alternative crédible à l’hyperpuissance des GAFA », un article d’Anaïs Cherif.
Manu : Les GAFA, Google, Apple, Facebook, Amazon, qui sont énormes et YouTube.
Luc : Et Microsoft aussi qu’on aime bien rajouter.
Manu : Oui, GAFAM.
Luc : On parle plutôt de GAFAM.
Manu : Et puis là YouTube qui fait partie de Google.
Luc : Encore un article sur PeerTube, l’initiative de nos amis de Framasoft [1] qui vraiment a un bon relais ; on a très régulièrement des articles là-dessus.
Manu : Qui essayent de présenter un système de vidéos.
Luc : Décentralisé, où chacun puisse avoir un serveur dans son coin, donc un truc qui nécessite quand même des compétences.
Manu : Si vous voulez un serveur.
Luc : Et après, chacun peut afficher sur sa propre instance les vidéos des autres, mais sans avoir besoin de les héberger. L’Informaticien, « Licences logicielles – Éditeurs/entreprises : le clash ! », un article d’Alain Clapaud.
Manu : C’est ce dont on va parler aujourd’hui, des éditeurs de logiciels propriétaires, c’est le sujet de l’article en grande partie.
Luc : C’est un truc qu’on a souvent entendu sur le Libre disant « oui, mais ce n’est pas sérieux, les licences libres c’est trop compliqué juridiquement, il y a pas de garanties de ceci cela »
Manu : Instabilité.
Luc : Instabilité juridique et des fournisseurs, alors que quand on est avec un bon gros éditeur de logiciels propriétaires…
Manu : Comme Oracle [2] ou SAP [3].
Luc : Eh bien on est bien pépère parce qu’on est dans un monde bien contrôlé, bien propre.
Manu : Bien cadré. Bien encadré !
Luc : Voilà ! Si vous pensez ça ou que vous connaissez des gens qui vous sortent cet argument-là, allez lire cet article parce qu’il est édifiant ; on l’avait déjà évoqué plusieurs fois dans le podcast, il explique que notamment Oracle, mais ce n’est pas le seul, a une politique de contrôle extrêmement agressive et en fait, dans les licences, il y a des clauses qui autorisent la boîte à venir chez leurs clients pour faire des audits. Et les audits ce n’est pas « coucou on vient une après-midi pour regarder ».
Manu : Comment ça se passe chez vous ? Vous avez bien installé votre base de données Oracle ?
Luc : Et pour demander de double-cliquer à un endroit pour voir ce qui est installé. C’est énorme. Il y a quelques années il y avait eu un procès entre Mars, la boîte qui fait les barres chocolatées, donc très grosse boîte, et Oracle parce que, en fait, Mars en avait ras-le-bol parce qu’ils avaient plusieurs personnes à plein temps qui ne faisaient que répondre aux demandes d’Oracle, que ça leur coûtait une fortune et, en plus de ça, Oracle avait des demandes dans tous les sens, etc. Et ils avaient eu gain de cause à l’époque. Oracle ne s’est pas contenté juste de s’en prendre à Mars, ils font ça régulièrement.
Manu : Ils ont l’air d’aller tellement loin qu’ils aimeraient pouvoir installer des petits logiciels vérificateurs chez leurs clients, directement, pour s’assurer de l’utilisation de leur base de données.
Luc : Oui. Donc un petit logiciel espion.
Manu : Voilà ! Rien que ça !
Luc : MSI [constructeur de matériels informatiques, NdT] n’a pas réussi à le faire mais Oracle serait partante. On imagine que la NSA n’est peut-être pas très loin derrière.
Manu : Oui, ce sont des entreprises américaines.
Luc : Donc ils doivent collaborer, hein ! Bien sûr.
Manu : Il n’y a pas de raison ! C’est peut-être même obligatoire d’après la loi américaine.
Luc : Ce qui est intéressant c’est que, par rapport à cette question de la sécurité juridique, etc., il y a un des sujets qui remonte dans l’article qui est de dire que, au final, les licences ne sont pas si claires que ça et qu’il y avait quand même des marges d’interprétation importantes notamment sur ce qu’on fait payer et, certaines licences, ça va être au nombre de processeurs par exemple.
Manu : Et parfois même plus compliqué que le nombre de processeurs, parce que les processeurs peuvent contenir des cœurs et que les cœurs peuvent encore multiplier les usages. Parfois ils vont demander de payer par rapport au nombre d’utilisateurs de la plateforme ou de clients finaux de la plateforme et, encore mieux, c’est SAP qui a sorti ça dans les causes conflictuelles, ça a créé des gros soucis chez leurs clients, c’est qu’ils ont demandé à faire payer les utilisations indirectes. Donc ce sont les licences indirectes de leurs logiciels.
Luc : Donc ces petites notions sorties du chapeau. On a également l’AFPA [4] en France à qui Oracle avait demandé 13,5 millions d’euros en disant « vous utilisez tel et tel service », or ces services étaient intégrés dans un logiciel qu’ils avaient acheté légalement. Ils disent « on a acheté le logiciel pourquoi on devrait payer les licences des sous-logiciels qui sont utilisés par ce service-là », et ils ont eu gain de cause devant le tribunal ; mais il faut aller au tribunal !
Manu : Bonne chance ! Et là SAP, ils ont l’air de l’avoir mauvaise. SAP c’est une boite allemande, ils font un gros logiciel de gestion, énorme.
Luc : C’est l’usine à gaz par excellence !
Manu : Le truc horrible et là ils ont parfois multiplié les prix demandés par 10, y compris la boîte qui fait Budweiser, boîte de bière, eh bien ils se sont faits agresser par leur fournisseur de logiciels qui leur a demandé jusqu’à 600 millions d’euros.
Luc : On voit que cette sécurité, cette fameuse stabilité du monde propriétaire, c’est loin d’être une évidence. Actuellement — c’est la raison d’être de cet article — c’est en train de péter un peu partout. On parle d’Oracle qui est très en avant, mais il y en a d’autres.
Manu : Sachant que dans ces évolutions, c’est une des choses amusante qui est mise en avant dans l’article, ce sont les évolutions dans le temps. C’est-à-dire qu’on achète une licence à un moment donné, mais plus tard, avec les mises à jour du logiciel qui nous intéresse, qu’on utilise, et puis des mises à jour qui sont parfois poussées par le fournisseur, eh bien les clauses de l’achat, les clauses contractuelles peuvent changer, peuvent évoluer.
Luc : On n’est pas obligé d’accepter mais en même temps, combien de temps à l’avance on voit ces nouvelles licences ? Est-ce qu’on a le temps de passer son temps à les lire ?
Manu : Qu’est ce qui passe pour un logiciel qui est peut-être déjà un petit peu vieux, qui ne va pas avoir profité des nouvelles avancées, des corrections de sécurité ?
Luc : Tout à fait. Et puis si on veut sortir pour avoir un autre fournisseur ! Enfin tout ça c’est un boulot énorme et ça pose des vrais problèmes. Il y a un peu les mêmes du côté de Microsoft et de la bureautique avec Office 365 qui lui est plutôt un service mais avec cette idée de faire des mises à jour très régulières et il y a des gens qui disent : « derrière on a des trucs qui ont été développés sur des bases de bureautique qui sont des outils métiers, on ne peut pas se permettre de les remettre à jour tous les quatre matins à chaque fois que l’éditeur, qui ne fait lui que ça, a décidé de changer des éléments. »
Manu : On peut sentir que les éditeurs de logiciels propriétaires sont en train de pousser leurs clients captifs, leurs troupeaux de clientèle vers un nouveau modèle.
Luc : Oui, parce que souvent ce qu’on dit c’est que l’éditeur propriétaire a besoin de faire de l’argent. Donc il ne va pas saigner à blanc ses clients parce que sinon après…
Manu : Ce ne serait pas intelligent !
Luc : Ce ne serait pas intelligent.
Manu : Ce serait comme le parasite qui détruit son hôte, ce ne serait pas très futé.
Luc : Ça n’arrive jamais. Or justement, dans ces cas, c’est que la mode est au service hébergé, le cloud comme on dit.
Manu : Le nuage.
Luc : Le nuage
Manu : L’informatique « nuagique ».
Luc : Eh bien du coup Oracle, SAP, etc., font la même chose et donc ils ont envie de pousser leurs clients vers ces systèmes où ce sera sur abonnement ; ils font tout pour les dégoûter. Tu parlais des changements de licence, mais même en gardant la même licence, on peut très bien imaginer qu’avec ces systèmes d’audit, un auditeur se les réserve pour aller taper sur un client qui est manifestement malhonnête et qui ne paye pas ses licences.
Manu : Ou qui ne paye pas autant que voudrait son fournisseur.
Luc : Mais après il peut dire aussi « je vais faire du harcèlement et je vais les pourrir autant que possible ». Dans l’article ils disent par exemple que le service des gens qui font les audits c’est le même que le service commercial ; donc en gros, ils sont main dans la main.
Manu : Et qu’ils seraient payés au nombre d’infractions.
Luc : D’infractions qu’ils ont trouvées ; donc les auditeurs sont à charge pour essayer de plomber le client au maximum.
Manu : Ça ne donne pas envie ! Il y a des associations d’entreprises qui essayent de se défendre contre ça, qui achètent des licences en commun, mais même comme ça, elles ont l’air d’avoir du mal. Ça a l’air d’être une gageure.
Luc : Du coup on voit que cette fameuse stabilité, ce fameux modèle économique qui est censé protéger…
Manu : C’est un fantasme.
Luc : Voilà ! À partir du moment où c’est la fin d’un modèle, la fin du modèle des licences pour des très grosses boîtes comme Oracle ou autres…
Manu : Microsoft.
Luc : Eh bien du coup, elles peuvent passer en mode hostile et dégommer tout ce qu’il y a devant eux en disant « de toutes façons on est tellement gros qu’on est les seuls acteurs crédibles », en tout cas c’est ce qu’elles pensent. Et c’est toujours très compliqué de migrer. Ça démontre bien que cette fameuse prétendue sécurité est illusoire.
Manu : On va passer, ou en tout cas c’est ce que eux veulent, d’un modèle où on achète un droit d’utilisation, la licence, à un modèle où on va louer du logiciel hébergé par son fournisseur. Donc les données, ce que ça comprend, seront hébergées chez Oracle, chez SAP, chez Microsoft avec Office 365 et d’autres. Eux vont garantir le service, ce qui peut être propre, pratique, mais pour le coup, ils vont aussi s’assurer d’avoir une rente garantie.
Luc : Les vieux informaticiens qu’on a pu croiser nous ont expliqué que dans les années 80 IBM régnait en maître sur l’informatique ; il y avait une notion de location de logiciels. Ils avaient leur système, même si c’était local, leurs informaticiens sur place, mais tout était à eux et le client ne faisait que louer. Le jour où IBM disait « on fait une mise à jour, on change », ils changeaient et le client n’avait rien à dire. Microsoft avait son beurre initialement là-dessus : les boîtes en avaient marre d’être pieds et poings liés devant la volonté d’IBM.
Manu : Microsoft c’était la solution disruptive.
Luc : Et voilà ! Qui donnait finalement un peu plus de pouvoirs que ceux que IBM proposait. En revanche, sur ces systèmes hébergés, on retombe sur un système de type location de système où on n’est pas propriétaire du système, on n’est propriétaire de rien et totalement dépendant.
Manu : Et c’est ce modèle de la rente où mensuellement ou annuellement on va payer, qui est une garantie pour le fournisseur. C’est beau ! Il va pouvoir traire ses clients !
Luc : Et avec un contrôle accru. Par rapport à cette question du changement de modèle, qui fait que cette prétendue sécurité et cette prétendue bienveillance du fournisseur peuvent être remises en cause par un changement de modèle économique, ce changement de modèle peut également être parfaitement volontaire.
J’ai en tête par exemple Apple, quand ils avaient mis en place un iPad, c’était assez rigolo parce que la presse avait encensé l’iPad en disant c’est super, c’est beau c’est Apple, c’est génial…
Manu : Ils avaient vu Apple comme un sauveur.
Luc : En fait c’est le truc qu’il y avait derrière ! Apple leur a dit : « avec notre Store et notre machin vous allez pouvoir mettre vos articles, vos journaux sur l’Apple Store et comme nous on n’est pas là pour faire les trucs bénévolement, on va faire de la tune, vous allez enfin sortir de voter marasme et gagner de l’argent. »
Manu : C’était la sauvegarde [sauvetage, NdT] des médias. Les médias ont adoré donc on acheté ça !
Luc : Ils ont tous dit « c’est super », etc. Ils se sont équipés, les rédactions ont investi de l’argent pour être en mesure de produire leurs articles dans tout ce système-là. Et une fois que tout le monde a bien sauté le pas, Apple a dit « bon, eh bien maintenant on va prendre 30 % sur tous vos abonnements et on va vous imposer cette grille tarifaire dans laquelle vous êtes obligés de rentrer ». Ce qui fait que certains titres de presse étaient soit trop chers soit pas rentables, mais comme ça ils étaient coincés par ce système-là.
Manu : Et vous n’aurez pas le droit d’être vendus en dehors de notre Apple Store à des tarifs plus compétitifs.
Luc : Tout à fait ; donc avec des tas de clauses pourries, etc. Évidemment Apple avait choisi ce truc bien à l’avance.
On peut également citer Google Maps. Google Maps, service de carto que tout le monde a mis sur ses sites parce qu’initialement c’était facile, c’était quasi gratos au départ, et puis ils ont augmenté un petit peu les tarifs. Tout le monde les utilise dans tous les coins.
Manu : Oui c’était installé sur tous les sites, les institutions les installaient, les entreprises avaient un petit Google Maps dans un coin ; c’est hyper pratique, hyper joli.
Luc : Et puis il y a quelques mois ils ont fait exploser les prix. Il y a différentes catégories, mais on est arrivé facilement à des X 30, X 40, donc des trucs complètement hallucinants. Et il y a tout plein de sites où le menu carto a été éteint parce que ça coûte trop cher.
Manu : Ça coûte trop cher.
Luc : Si ce sont des sites qui ne génèrent pas beaucoup d’argent, on ne peut pas se le permettre et du coup on se retrouve le bec dans l’eau. Google a bien appâté son poisson et une fois que tout le monde est là ! Pff !
Manu : Changement de modèle, vous allez passer à la casserole !
Luc : Il y a des exemples réels mais c’est aussi mon côté un petit peu paranoïaque c’est que le changement de modèle peut venir également d’une contrainte. On voit avec SAP et Oracle, ils auraient peut-être pu rester sur le modèle licence éternellement, mais le modèle du cloud est là et on peut imaginer également une boîte qui détient des tas de choses et soudain son modèle se casse la gueule, ne devient plus rentable.
J’en ai parlé il y a quelque temps, c’est mon scénario catastrophe favori. Une boîte comme Facebook, par exemple, ses utilisateurs lui cèdent des droits patrimoniaux, droits d’auteur patrimoniaux sur tout ce qu’ils mettent sur Facebook, ce qui veut dire tout ce que les gens ont publié, les photos, les films et ce qu’ils écrivent, etc. Sur les milliards de gens qui sont sur Facebook, un certain nombre vont faire carrière et vont avoir de la notoriété. Eh bien si un jour Facebook devient non rentable, que le système se casse la gueule, que tout le monde trouve ça ringard, que le marché de la pub ne veut plus être là ? Eh bien ils sont assis sur un vrai trésor qu’ils ont le droit d’exploiter, de revendre, toutes ces choses-là. Ils ne le feront pas aujourd’hui parce que ça ferait un tel tollé que ça les coulerait, mais s’ils sont en train de couler pourquoi se priveraient-ils ?
Manu : Ou encore si la direction change. Il y a eu des appels à ce que Mark Zuckerberg quitte son poste parce qu’il avait fait deux-trois bêtises. On pourrait imaginer qu’une autre entreprise achète Facebook ou que Facebook doive être revendue par morceaux et que la base de données des données utilisateurs soit revendue dans un paquet qui soit transmis à va savoir qui.
Luc : On a bien des boîtes qui revendent les médicaments 20 fois, 30 fois plus cher, donc pourquoi pas cette exploitation-là ?
Manu : On a parlé de tous ces sujets-là déjà dans le passé, notamment parce que nous on présente souvent des alternatives : Google Maps, on en a parlé tout à l’heure, il y avait comme alternative intéressante OpenStreetMap [5], qui ne lève pas tous les problèmes, ce n’est pas le monde magique des Bisounours, clairement.
Luc : Il n’y a pas tous les services proposés par Google Maps.
Manu : Ce n’est pas aussi joli, souvent ce n’est pas aussi rapide, parfois c’est un peu lent, mais ça ne demande pas les mêmes coûts et ça demande quoi ? Essentiellement d’être un bon citoyen informatique.
Luc : Il y a les fonds cartographiques. Après ça n’est pas tout à fait comparable parce qu’on n’est pas sur les mêmes services. OpenStreetMap vise à produire un fond de carto qui est excellent mais pas nécessairement à fournir des services, même s’il y a des tas de gens qui ont tendance à les mettre, mais qui sont moins complets.
Manu : En fait pour les bases de données, pour les systèmes de gestion, il y a aussi des alternatives je pense à PostgreSQL [6], MySQL [7], qui sont des alternatives à Oracle qui peuvent être sympas et qui peuvent aussi passer par des fournisseurs qui vont vendre des services avec des contrats qu’il faudra vérifier aussi. Il y a des contrats de service, parfois même du cloud. Donc on n’est pas forcément à l’abri là-dessus, mais on a une petite indépendance sur le logiciel. C’est quand même vachement plus pratique.
Luc : Quand on repense à GitHub qui est dans la revue de presse, rachetée par Microsoft où on dit « il n’y a pas de souci ». Avant, Microsoft faisait du propriétaire et crachait sur le Libre. Aujourd’hui ils font de l’open source et disent que c’est super. Ils feront peut-être le chemin inverse ou encore autre chose dans cinq-dix ans et ce qu’on est en train de leur céder aujourd’hui il faut bien penser que c’est par rapport au changement de modèle économique que les choses se jouent et pas uniquement dans la situation ici et maintenant.
Et effectivement dans le Libre, que ce soit sur les logiciels que tu as cités ou sur PeerTube au niveau des services, on se donne les garanties et les moyens de ne pas être enfermés et de pouvoir rester indépendants quels que soient les choix faits par les gens qui nous entourent à l’avenir. Il faut penser long terme.
Manu : On en reparle pour la semaine prochaine.
Luc : Oui, déjà ce n’est pas mal. Salut tout le monde.