Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une heure trente d’informations et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
Informatique embarquée et logiciels libres, c’est le programme de l’émission du jour. Avec également au programme, en début d’émission, la chronique de Gee intitulée « L’April a 28 ans » et, en fin d’émission, la chronique de Florence Chabanois sur le thème « On ne rigole plus et on se lève ».
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’émission est libreavous.org.
Nous sommes mardi 19 novembre 2024, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui, Bookynette. Salut Booky.
Bookynette : Salut Fred.
Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.
[Jingle]
Chronique « Les humeurs de Gee » – « L’April a 28 ans »
Frédéric Couchet : Nous allons commencer par la chronique « Les humeurs de Gee ». Gee, auteur du blog-BD Grise Bouille, vous expose son humeur du jour : des frasques des GAFAM aux modes numériques, en passant par les dernières lubies anti-Internet de notre classe politique, il partage ce qui l’énerve, l’interroge, le surprend ou l’enthousiasme, toujours avec humour. L’occasion peut-être, derrière les boutades, de faire un peu d’éducation populaire au numérique.
Le thème de la chronique du jour : « L’April a 28 ans ».
Bonjour Gee.
Gee : Salut Fred et salut à toi public de Libre à vous !.
Il paraît que ça porte malheur de souhaiter les anniversaires en avance, mais comme il y a des chances que tu écoutes cette chronique en podcast, quelque part, toi tu l’entendras peut-être plutôt en retard.
Donc, oui, c’est demain, le 20 novembre 2024, que l’April fêtera ses 28 ans. J’aurais bien refait des vannes sur les différents systèmes de comptage, comme lors de la 200e émission de Libre à vous !, mais 28 n’est un chiffre rond ni en décimal ni en hexadécimal ni en binaire, enfin, tout dépend de ce qu’on appelle rond, parce que, évidemment, en binaire, statistiquement un chiffre sur deux est un 0.
Alors 28 ans, dans la vraie vie, ça fout un petit coup de vieux, car on sent les 30 ans qui approchent. Amis jeunes, qui ont la vingtaine et qui s’inquiètent de voir les 30 ans approcher, je vous rassure, c’est pire quand ils s’éloignent.
Revenons à nos manchots. L’April voit le jour en 1996 sous Jacques Chirac, donc, de l’initiative de plusieurs étudiants du laboratoire d’informatique de l’Université Paris 8 de Saint-Denis. À l’époque on écrit APRIL en majuscules, parce que ça veut dire Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre.
Moi, en 96, je ne suis pas du tout dans le logiciel libre. À la maison, je pense qu’on a un ordinateur Packard Bell avec MS-DOS et Windows 3.1, que j’utilise principalement pour jouer aux Lemmings, à Prince of Persia ou à Day of the Tentacle, et ma culture libriste est tout simplement inexistante. Pour ma défense, j’ai alors 7 ans et demi.
On va se replonger un peu dans l’ambiance de l’époque, celle des années 90, parenthèse bénie après la fin de la guerre froide, la première, mais avant le 11 septembre 2001. Je ne dis pas ça juste par nostalgie, parce qu’à l’époque je suis un gamin et que mes seules préoccupations sont de savoir si j’aurais un œuf Kinder pour le goûter ou pas.
À cette époque, la télévision française ne dispose que de six chaînes, avec évidemment Les Minikeums sur France 3 ;
les numéros de téléphone viennent tout juste d’être étendus à 10 chiffres avec introduction des 01, 02, 03, etc. ;
on a des processeurs Intel Pentium qui tournent à 150 mégahertz. Si tu n’as pas les échelles en tête, en gros c’est entre 15 et 100 fois plus lent que les processeurs actuels, selon que tu considères un cœur tout seul ou pas ;
côté stockage, on a évidemment encore des disquettes, même si les cédéroms commencent à s’imposer, oui, on précise bien cédéroms à l’époque, pour les distinguer des CD audio ;
et les disques durs, quant à eux, pèsent quelques centaines de mégaoctets, soit quelques milliers de fois moins que les dispositifs de stockage actuels. J’ai d’ailleurs le souvenir de m’être fait enguirlander par mon papa, à l’époque, parce que j’avais essayé de copier un cédérom sur le disque dur, alors que, soyons un peu sérieux, la capacité du disque dur est largement inférieure à celle du CD. Oui, c’est un peu dur à imaginer aujourd’hui.
Évidemment, en 96, la diffusion d’Internet au grand public n’est encore que balbutiante, mais c’est quand même aussi l’année où le nombre de personnes utilisant le Web dans le monde, 36 millions, surpasse le nombre de gens utilisant le Minitel en France, soit 30 millions. Web auquel on accède par Netscape Navigator 2.0, ancêtre de Firefox et premier navigateur à supporter JavaScript.
En France, les foyers connectés à Internet sont autour de 100 000 et utilisent les tout nouveaux modems 56k.
Côté logiciel libre, la première version de Debian vient d’être publiée. Elle embarque la nouvelle version du noyau Linux, la 2.0. Il faudra encore attendre quelques années pour voir les premières versions stables des environnements de bureau Gnome et KDE.
On ne parle pas encore d’open source. D’ailleurs l’Open Source Initiative ne verra le jour que deux ans plus tard, en 98. En revanche, on parle de logiciel libre depuis déjà plus de dix ans, la fameuse Free Software Foundation ayant été, quant à elle, fondée en 1985.
Et l’April, donc, voit le jour en cette fameuse année 96, j’ai même retrouvé la page du Journal officiel qui nous dit : « Déclaration à la préfecture de la Seine-Saint-Denis. Association pour la promotion et la recherche en informatique libre. Objet : engager toute action susceptible d’assurer la promotion, le développement, la recherche et la démocratisation de l’informatique libre. » Même si, par la suite, l’acronyme a été abandonné tout comme la référence à la recherche, reconnaissons qu’en 28 années d’existence, l’April n’a jamais dévié de ce cap, avec pour boussole le logiciel libre.
Car si les années 90, c’était la décennie de l’essor de l’informatique grand public et du grossissement de la bulle internet qui éclatera à la décennie suivante, force est de constater que le paysage a bien changé par la suite. L’hégémonie du mobile, l’apparition des géants du numérique comme Google qui, contrairement au Microsoftiens, anti-Linuxiens primaires, n’ont rien contre l’open source, mais n’ont rien de libriste pour autant, les attaques contre nos libertés qui se multiplient, l’apparition de nouvelles menaces, comme les brevets logiciels, autant dire qu’en 28 ans, l’April a dû s’adapter et a donc bien changé également. Née comme une association de promotion du logiciel libre, l’April s’est petit à petit transformée en une association de lutte pour la défense du logiciel libre, de son monde et de tout ce qui va avec : liberté numérique et liberté tout court, finalement.
En 28 ans, ce sont des milliers de personnes et quelques centaines de personnes morales qui sont venues grossir les rangs des adhérents et adhérentes. L’association a, depuis, engagé quatre salariés et s’est imposée comme une des associations majeures dans le paysage du logiciel libre français et je ne dis pas ça juste parce que je fais moi-même partie du conseil d’administration depuis cette année ou pour fayoter, parce que Fred Couchet, fondateur de l’April, et lui-même salarié, est présent sur ce plateau, sans parler de Bookynette, présidente de l’April qui est à la régie ; c’est vous dire si je n’ai pas intérêt à dire de conneries. C’est super, l’April ! Bravo les gens, c’est bien !
Enfin, 28 ans plus tard, le combat est loin d’être terminé, bien au contraire. Si le logiciel libre est largement sorti de l’ombre et a cessé d’être confidentiel, la merdification du numérique, par les logiques de rentabilité à court terme, ne cesse de s’intensifier et, avec elle, la merdification de nos vies. Je ne vais pas vous refaire l’historique, on y passerait la journée. Je vous renvoie donc à mes différentes chroniques sur la fracture numérique, le métaverse, l’intelligence artificielle, etc.
Plus que jamais, souhaitons longue vie à l’April et profitons-en pour rappeler que l’association est en pleine campagne d’adhésion. Rejoignez-nous, parce que la fameuse nostalgie des années 90 ne doit pas nous faire oublier que c’est ensemble, là, maintenant, aujourd’hui, même dans un monde autrement plus sombre, que nos luttes permettront peut-être, demain, à un monde meilleur d’advenir. Oui, ça a l’air un peu bateau et béat d’optimisme comme phrase, pourtant, vous savez que ce n’est pas mon genre. Mais je vais vous dire, même si j’étais persuadé qu’on allait échouer, je pense que j’essaierais quand même.
Bon anniversaire à l’April, continuons la lutte, et salut.
Frédéric Couchet : Merci Gee. En plus, c’est extraordinaire, parce que Magali et toi vous êtes présents au studio et on me dit, dans l’oreillette, que la rédaction du Lama déchaîné veut intervenir. On va donc ouvrir l’antenne une cinquantaine de secondes à la rédaction du Lama déchaîné.
Message de la rédaction du Lama déchaîné
[Virgule sonore]
Gee : Ici, en direct de la rédaction du Lama déchaîné, nous vous parlons d’une actualité brûlante.
Bookynette : La campagne de soutien financier de l’April ?
Gee : Oui. Pour bien finir l’année, l’association a besoin de pas moins de 20 000 euros. Alors, pour vous convaincre d’adhérer ou de faire un don, elle nous a embauchés, bénévolement, pour publier un hebdomadaire chaque mercredi.
Bookynette : Mais c’est demain le prochain numéro, alors ?
Gee : Eh oui ! Et il y en aura jusqu’à la fin de l’automne. Ça parle des actions de l’April, de ses membres, mais pas que !
Bookynette : Il paraît qu’il y a même des mots croisés et des anecdotes rigolotes.
Gee : Oui, la plume a également été proposée à d’autres associations ou à des personnes non-membres.
Bookynette : Rendez-vous sur April.org/campagne. Le lien sera sur la page de présentation de l’émission.
Gee : On compte sur vous pour soutenir le travail essentiel de l’April.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : C’était, à l’antenne, Magali et Gee qui sont aussi en direct.
En tout cas, merci Gee. Je rappelle que ton site web c’est grisebouille.net sur lequel on peut te soutenir, on peut aussi te passer des commandes de dessins parce que tu es dessinateur. Pour avoir fait appel à toi pour un besoin personnel, je confirme que tu as beaucoup de talent et que tu es très réactif.
Gee : Merci beaucoup.
Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Après la pause musicale, nous parlerons d’informatique embarquée, donc nous allons pas mal parler du noyau Linux, et de logiciels libres.
En attendant, nous allons écouter À toi de jouer par KPTN, en duo avec le groupe 7Fridays. On se retrouve dans trois minutes vingt. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : À toi de jouer par KPTN, en duo avec le groupe 7Fridays.
Voix off : Cause Commune 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter À toi de jouer par KPTN, en duo avec le groupe 7Fridays, disponible sous licence Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA. Le site de KPTN, c’est kptn.org
[Jingle]
Frédéric Couchet : On va passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]
Informatique embarquée et logiciels libres avec Marta Rybczynska et Michael Opdenacker
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va porter sur l’informatique embarquée et les logiciels libres, avec nos invités Marta Rybczynska et Michael Opdenacker.
N’hésitez pas à participer à votre conversation au 09 72 55 51 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
C’est un sujet un peu particulier, assez technique, mais qui ne va pas être rendu trop technique par nos intervenante et intervenant. Déjà, nous allons commencer par la question classique de présentation personnelle, rapide, pour que les gens vous connaissent un petit peu mieux. On va commencer par Marta.
Marta Rybczynska : Bonjour tout le monde. Je m’appelle Marta Rybczynska et mon travail a un impact sur les milliards de devices que vous utilisez tous les jours. Comment suis-je arrivée là ? J’ai un double master en informatique et sécurité réseaux, ensuite j’ai fait une thèse en sécurité aussi. À l’époque, vers 2005, c’était assez difficile de se faire financer un travail sur la sécurité dans le Libre, j’ai donc fait un détour dans une société de semi-conducteurs et ça m’aide, aujourd’hui, parce que je comprends d’où viennent les bugs matériels.
Après ce passage, j’ai décidé de me lancer à mon compte. J’ai d’abord créé Syslinbit, puis Ygreky, pour travailler sur l’embarqué et surtout sur la sécurité du Libre. Aujourd’hui, je peux dire que je suis sur la sécurité du Libre 100 % de mon temps.
Frédéric Couchet : D’accord. Merci Marta. Michael.
Michael Opdenacker : Bonjour à tous et à toutes. Je suis Michael Opdenacker. Je suis consultant et formateur en informatique libre embarquée. J’ai commencé dans le Libre il y a à peu près 20 ans vraiment en tant que contributeur actif. J’avais créé une première société qui s’appelait Bootlin, que j’ai fait connaître dans le monde entier par des contributions à des projets libres comme le noyau Linux, mais aussi par des supports de formation qui sont partagés de façon intégrale sous licence libre, ce qui nous a fait connaître très vite : plus nous étions ouverts, plus nous partagions du code et de l’expérience, plus nous étions visibles et plus nous avions de clients pour financer nos activités et boucler la boucle.
Depuis, j’ai passé la main à deux collaborateurs et je suis repassé indépendant dans le cadre d’une société qui s’appelle Root Commit, pour ne faire plus que du conseil et de la formation.
Je suis aussi un libriste et adhérent de l’April d’assez longue date, peut-être pas autant que les gens dans cette salle, bien sûr. J’ai même eu notre prophète Richard Stallman à la maison quelques jours, et c’est une expérience, croyez-moi, que vous avez peut-être aussi vécue.
Frédéric Couchet : On ne va pas qualifier l’expérience d’avoir Richard à la maison pour l’avoir aussi vécue. Je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui ce soit encore le prophète de beaucoup de gens. Ceci est une autre histoire suite aux évolutions récentes de la FSF, la Fondation pour le logiciel libre, et de Richard Stallman.
En tout cas, merci pour cette présentation.
On va donc parler d’informatique embarquée et de logiciels libres. On peut peut-être commencer par définir ce que sont les systèmes embarqués, parce qu’il est possible que les gens qui nous écoutent ne connaissent pas du tout ce domaine. Est-ce que vous pourriez nous expliquer un petit peu ce qu’est l’informatique embarquée ? Qui veut commencer ? Michael, vas-y.
Michael Opdenacker : Pour moi, l’informatique embarquée, c’est l’informatique qui n’est pas embarquée dans un ordinateur normal. C’est donc l’informatique qui tourne sur tout autre chose qu’un PC ou un serveur. Ça tourne sur une petite carte électronique, plus ou moins grosse, qui a une fonction bien particulière, ça peut être une machine à laver, ça peut être un parcmètre, ça peut une couveuse. Peut-être que Marta a envie de citer d’autres exemples.
Marta Rybczynska : Nous avons de l’embarqué tout autour de nous : un frigo, une radio, un microphone, un téléphone portable sont tous des équipements embarqués que nous utilisons tous les jours, sans même parler des machines de vente des billets de métro. C’est partout !
Frédéric Couchet : D’accord. Donc, ce que tu appelais tout à l’heure device, c’est en fait un équipement, un matériel qui embarque une partie logicielle et la partie logicielle, c’est, quelque part, le système embarqué. Contrairement à l’informatique que la plupart des gens connaissent, avec un ordinateur portable ou un ordinateur de bureau avec lequel on interagit, là, dans le système embarqué, on interagit avec le matériel et aussi, un petit peu, avec le logiciel. C’est donc présent partout aujourd’hui.
Depuis combien d’années, à peu près, l’embarqué se développe-t-il ? Est-ce récent ? Avez-vous une idée ?
Marta Rybczynska : C’est aussi vieux que l’informatique elle-même. Si on part de l’histoire des logiciels libres : quand Richard Stallman a commencé, c’était avec un logiciel d’imprimante. C’était donc déjà embarqué.
Frédéric Couchet : D’accord, OK.
Avant de rentrer dans la partie logiciels libres au niveau de l’embarqué, ça veut dire qu’il y a principalement des grands acteurs, des grandes structures, des grands industriels dans l’embarqué. C’est plutôt un monde de grandes structures, parce que, tout à l’heure, quand on va parler de vos structures, on va se rendre compte que ce n’est pas du tout ce même niveau. Donc, ce sont principalement des acteurs industriels dans la téléphonie, dans l’automobile qui interviennent ?
Michael Opdenacker : Oui et non. Je dirais qu’il y a effectivement des grands systèmes, des gens qui font des puces sur lesquelles on va faire tourner du logiciel embarqué comme Arm, etc., des gens qui peuvent être assez connus dans le monde du téléphone, par exemple, mais il y a aussi des tout petits intégrateurs, des petites PME, qui vont faire des produits, par exemple un appareil particulier qui va faire le distributeur de billets de métro, pas forcément très gros, et qui sont spécialisés dans un produit particulier. C’est ce qui est un peu spécial dans l’embarqué, c’est qu’on a vraiment un logiciel sur mesure, avec juste les composants dont on a besoin. Donc on n’a pas toute une Debian, par exemple, qui est une distribution GNU/Linux, on n’a pas besoin de toute cette complexité, parce qu’on fait une seule chose et on la fait bien.
Frédéric Couchet : D’accord. Rappelle quand même ce qu’est une distribution GNU/Linux.
Michael Opdenacker : C’est quelque chose qu’on peut installer sur son PC, qui va fonctionner comme un Windows. C’est un ensemble de logiciels qui vont faire tourner l’ordinateur et apporter toutes les fonctionnalités qu’on attend : pouvoir se connecter à Internet, pouvoir afficher une vidéo, faire tourner les programmes de son choix.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc, ça permet de répondre à tous les besoins, en tout cas à un maximum de besoins des personnes, là où finalement, si je comprends bien, le logiciel embarqué répond à une fonctionnalité précise. C’est ça ? Marta.
Marta Rybczynska : C’est ça. On a une fonctionnalité principale dans l’équipement, par exemple la gestion d’un écran et d’un clavier là où quelqu’un va acheter les billets, et on ne permet pas d’utiliser les autres fonctions que, peut-être, cet équipement pourrait faire.
La particularité que je vois de l’embarqué en Europe, c’est qu’on a énormément de structures de cinq, dix, 20 personnes qui font ce type d’équipement et ce sont les logiciels libres qui ont permis ces développements.
Quand j’ai commencé ma carrière, mon premier travail, j’étais dans une petite société et, là, nous écrivions tout nous-mêmes. Ça allait dans les années 2000, mais aujourd’hui, écrire tous les logiciels qui gèrent les réseaux, qui gèrent le Bluetooth, qui gèrent toutes les puces électroniques qu’on utilise, ce n’est tout simplement pas possible, il faudrait une équipe d’une centaine de personnes et, pour la petite structure de dix personnes, ce n’est pas possible. Le développement de nouveaux produits vient du fait que ces petites structures sont capables de prendre tous les composants libres qui existent, de les assembler, d’écrire éventuellement une toute petite application pour la fonction que fait ce type d’équipement.
Frédéric Couchet : D’accord. Avant de rentrer dans le détail de la partie logiciels libres, est-ce que ça veut dire que, dans le monde de l’embarqué, il n’y a pas de logiciels privateurs, c’est-à-dire non libres, du tout ?
Michael Opdenacker : Ah si, parce que les applications développées par le créateur de la machine sont propriétaires. Elles n’ont aucune obligation, d’ailleurs, d’être libres. Donc souvent ces parties-là, ces briques métiers spécifiques à chaque matériel, sont propriétaires, privatrices. Par contre, ces gens-là peuvent collaborer sur l’infrastructure, sur toutes les briques communes qu’ils utilisent. D’ailleurs, c’est assez intéressant de voir ces sociétés qui collaborent ouvertement, qui partagent les efforts d’ingénierie pour améliorer les couches d’infrastructure qu’ils utilisent. Par exemple plein d’entreprises, souvent concurrentes, travaillent ensemble pour améliorer le noyau Linux, le cerveau du système.
Frédéric Couchet : Donc, si je comprends bien, en fait toutes ces structures, qu’elles soient petites ou grandes, voient avant tout un aspect pragmatique de la partie logiciel libre. C’est-à-dire qu’elles ont une base logicielle qui est le noyau Linux – peut-être détaillerez-vous après ce que fait ce fameux noyau –, un logiciel libre sur lequel ces structures peuvent rajouter une sorte d’interface qui peut être libre mais qui est souvent plutôt une interface privatrice ou propriétaire, c’est ça ?
Marta Rybczynska : Tout à fait.
Frédéric Couchet : On va parler du noyau Linux et d’autres outils, est-ce que vous pourriez expliquer ce que fait un noyau de système d’exploitation, notamment le noyau Linux ? Quel est son rôle ?
Marta Rybczynska : Le noyau permet d’utiliser les matériels. Aujourd’hui, les équipements qu’on a, les puces électroniques sont assez complexes et on a besoin de beaucoup de logiciels juste pour utiliser leurs fonctions. Et, au lieu d’écrire à chaque fois ces logiciels compliqués, on a une couche qui s’appelle le système d’exploitation qui nous fait l’interface. Assez souvent, pour tous les types de matériels similaires, ça offre la même interface aux développeurs de couches métiers et ça simplifie le développement de notre application derrière.
Frédéric Couchet : D’accord. Noyau Linux, tout à l’heure Gee, dans sa chronique, a évoqué la version 2.0 en 1996 ; la première version publique, c’est 1991, c’est ça ?
Michael Opdenacker : Tout à fait.
Frédéric Couchet : Est-ce que vous savez à partir de quel moment des industriels ou des structures ont commencé à s’intéresser à ce noyau pour, justement, s’en servir de base commune pour l’embarqué ? Est-ce arrivé tout de suite ?
Michael Opdenacker : Plutôt à la fin des années 90, si je ne me trompe pas, quand on a commencé à avoir des appareils connectés comme des caméras ou des appareils réseau qui n’étaient plus sur des PC, en quelque sorte, contrairement aux premiers serveurs sur Internet. À ce moment-là, on a fait marcher Linux sur d’autres plateformes, d’autres processeurs. Au lieu d’avoir le même microprocesseur que dans votre PC, vous avez un type de processeur qui ressemble plus à ce qu’on trouve dans les téléphones, par exemple.
Frédéric Couchet : C’est, en fait, un matériel particulier. On comprend bien que le choix du noyau Linux est un choix de mutualisation, sans doute de coût d’ingénierie. Est-ce aussi un choix de performance ? N’y avait-il pas d’autres noyaux qui auraient pu être utilisés ?
Marta Rybczynska : C’est possible ; je ne sais pas exactement comment ça s’est passé. Pour moi, la révolution dans le monde de l’embarqué du point de vue de l’utilisation de Linux, ça a été Android. Android utilise le noyau Linux et c’est le moment où Linux a commencé à être utilisé dans les milliards de téléphones. Il y a donc eu un effort financier assez important pour améliorer, corriger des choses, ajouter de nouvelles fonctionnalités. À partir de là, c’était un choix logique, pour toutes les autres sociétés, d’utiliser ce noyau avec le support de toutes les puces qu’on pouvait vouloir mettre dans son équipement.
Frédéric Couchet : Ce qui est intéressant, visiblement, c’est que ces structures-là contribuent directement à un système libre pour des raisons pragmatiques de business. Leurs contributions peuvent être réutilisées par d’autres structures, mais aussi par des développeurs ou développeuses indépendantes. C’est ça ?
Michael Opdenacker : Exactement. Je voudrais en profiter pour faire une comparaison avec Windows : avec Linux, on a un noyau et avec les Windows, on a des pépins !
Frédéric Couchet : Joli !
Michael Opdenacker : C’est pour cela qu’on a choisi un noyau.
Frédéric Couchet : Tout à l’heure, tu parlais de distribution GNU/Linux, là, on parle du noyau Linux. Dans une distribution GNU/Linux, il y a le noyau Linux, il y a les outils, il y a plein de choses autour. Pour l’embarqué, le principal logiciel qu’on utilise, c’est Linux. Est-ce qu’il y a des logiciels spécialisés ? Est-ce qu’on pourrait mettre, par exemple, une distribution comme Debian dans de l’embarqué ou est-ce qu’on doit développer spécifiquement quelque chose ?
Michael Opdenacker : Curieusement, effectivement, on utilise dans l’embarqué un projet qui s’appelle BusyBox. C’est un projet qui vient d’un ancien mainteneur de la distribution Debian qui s’appelait Bruce Perens. C’était une époque où il fallait une trentaine de disquettes pour installer une Debian. Il arrivait, parfois, que le disque dur soit planté. Ce qu’il voulait, dans ces cas-là, c’était pouvoir redémarrer sur une seule disquette son ordinateur avec tous les outils qui suffiraient – un petit éditeur de texte, des petites commandes pour le réseau –, pour réparer son disque dur et refaire marcher sa machine sans avoir à tout réinstaller. On a donc un petit projet, qu’on utilise pratiquement dans la quasi-totalité des systèmes embarqués, qui s’appelle BusyBox, et pour ceux qui connaissent, on retrouve des équivalents très simples, très légers, de commandes que vous trouvez sur une distribution GNU/Linux, les petites commandes qu’on tape. Il existe des versions beaucoup plus légères qui sont déployées pratiquement partout. Donc, quand vous avez un petit périphérique embarqué, un matériel embarqué, vous arrivez à vous connecter à distance dessus, vous pouvez retrouver votre éditeur, vous pouvez retrouver vos commandes si vous êtes informaticien, c’est très rigolo.
Frédéric Couchet : Je souris parce que sur le salon web, quelqu’un me demande comment ça s’écrit. C’est BusyBox, développé principalement au début par Bruce Perens. C’est donc le premier outil. Est-ce qu’il y en a d’autres ? On parlait tout à l’heure des distributions grand public ou pour serveurs, en général GNU/Linux, est-ce qu’il y a, entre guillemets, des distributions ou des outils « spécialisés » pour construire un système embarqué à base de Linux au-delà de BusyBox ? Marta.
Marta Rybczynska : Tout à fait. BusyBox est un outil qu’on met dans son système. Dans l’embarqué, on fait face à un gros problème : le processeur qu’on utilise a beaucoup moins de ressources qu’un processeur de PC. Le plus souvent, on a moins d’espace disque, donc on a besoin d’avoir une distribution beaucoup plus petite qu’une Debian, Fedora ou Red Hat standards. Pour ces raisons-là, on utilise des outils pour construire une distribution sur mesure. Et là, deux solutions sont les plus utilisées : Buildroot et Yocto Project. Certaines personnes essaient de tout faire depuis le début, mais, avec le nombre de logiciels qu’on a aujourd’hui, même si on a une petite plateforme embarquée, faire tous ces assemblages à la main devient assez compliqué. Donc, majoritairement, on utilise un de ces deux systèmes pour choisir exactement que ce qu’on veut mettre dans son système, ce dont on a besoin.
Michael Opdenacker : Au passage, c’est marrant pour ceux qui seraient nostalgiques des débats entre éditeur de texte Vim et Emacs. Dans l’embarqué, on a Buildroot ou Yocto et chacun a son camp, fait partie de son camp.
Frédéric Couchet : Pour être clair, ces deux outils sont des outils libres. Que font-ils exactement par rapport à BusyBox et quelle est la différence entre les deux, à part, peut-être, des différences d’équipe, je ne sais pas ? Que font-ils exactement par rapport à BusyBox ?
Michael Opdenacker : Ce sont des outils que vous lancez. Vous définissez une configuration, vous dites un peu ce que vous voulez mettre dans votre système, il y a différentes façons de le décrire, et, après, vous lancez l’outil et l’outil va compiler, va récupérer les sources, le code source de chacun des logiciels, par exemple du noyau Linux, de BusyBox et les autres sur Internet. Il se connecte, il les compile, compiler, ça veut dire transformer le code source en code machine. Après, ça vous crée une image que vous pouvez mettre sur une carte SD, par exemple, et vous démarrez votre machine avec ça. C’est prêt à l’emploi.
Frédéric Couchet : D’accord. Quelle est la différence entre les deux, à part que ce sont deux projets concurrents ? Est-ce qu’il y a vraiment des différences fonctionnelles par rapport aux besoins, par rapport au type de système embarqué qu’on veut ? Marta.
Marta Rybczynska : La différence est surtout dans la manière de décrire la façon dont on va construire son système. Les mêmes logiciels peuvent être inclus dans les deux. La différence, c’est la manière de configurer et la manière dont la personne qui développe le système va choisir ce qu’elle veut. Et là, on rentre dans les préférences comme entre Vim et Emacs.
Frédéric Couchet : D’accord. On parle de développeurs et développeuses. En termes de connaissances techniques, au-delà de connaître ces outils, faut-il connaître des langages de programmation ? Faut-il s’y connaître vraiment en types de processeurs ? Quelles sont les compétences pour entrer dans ce domaine ?
Michael Opdenacker : Je pense que ce qu’on voit beaucoup, quand on crée un système libre embarqué, c’est surtout du langage C pour écrire des applications de base et après un peu de ce qu’on appelle shell, c’est encore un langage de programmation, pour lier les programmes entre eux. Python aussi, de plus en plus, qui est un autre langage de script très populaire sur Internet.
Frédéric Couchet : Qui se développe beaucoup. Il n’y a pas très longtemps, la conférence Python a eu lieu à Strasbourg, la PyCon. J’espère qu’il y aura des vidéos de présentation.
Donc, entre guillemets, « n’importe quelle personne qui travaille dans l’informatique » peut finalement se mettre sur ce domaine. Dans mon imaginaire, pour être clair, je pensais qu’il fallait coder ce qu’on appelle bas niveau, c’est-à-dire vraiment tout maîtriser, passer beaucoup de temps à tout écrire pour faire de l’embarqué. Donc, quelque part, qu’il fallait des compétences un peu au-dessus de la normale. En fait, finalement, ce n’est pas le cas.
Marta Rybczynska : Non. On peut rentrer dans l’embarqué par la voie Linux et les systèmes de construction des distributions. Il y a un sous-métier, les embarqués avec les systèmes temps réel. Ce sont des noyaux qui sont encore plus petits pour les processeurs qui ont encore moins de ressources. On les utilise par exemple dans les montres connectées et là, le plus souvent, il faut rentrer beaucoup plus dans le matériel, parce que sur ces systèmes, les contraintes sont si fortes qu’il faut choisir manuellement quelles fonctionnalités, pas les logiciels mais les fonctionnalités qu’on veut inclure ou non. Et, assez souvent, il faut aussi écrire les petits modules qui vont gérer le matériel. Donc, là, il faut rentrer un peu plus dans les détails.
Michael Opdenacker : Par contre, pour quelqu’un qui a l’habitude, qui connaît bien Linux, en particulier ce qu’on appelle son interface texte en ligne de commande, où on tape des commandes sur un terminal, c’est franchement facile de faire ses premières armes avec l’embarqué. On démarre sur un noyau qu’on a compilé, on a un shell qui se lance, on peut commencer à taper des commandes, démarrer ce qu’on veut. Donc franchement, si vous connaissez déjà Linux, si vous avez une certaine habitude, une familiarité avec ce système, n’hésitez pas à vous lancer dans l’embarqué, c’est très facile. Vous pouvez, par exemple, prendre des petites cartes qui ne coûtent pas cher, comme une Raspberry Pi ou d’autres, vous trouverez plein de ressources pour les démarrer de 36 façons différentes avec la distribution de votre choix ou sur quelque chose que vous aurez construit sur mesure.
Frédéric Couchet : En fait, tu expliques qu’on peut se faire son propre système embarqué pour un besoin à la maison ou autre, par exemple pour piloter le chauffage ou des trucs comme ça.
Marta Rybczynska : Absolument. Et on peut faire ça sans aucune connaissance des matériels. On achète les petites cartes embarquées qui sont toutes prêtes. On a le support de ces cartes dans Yocto ou Buildroot. Il faut juste connecter le senseur aux autres équipements qu’on veut mettre, il y a plein de tutos sur Internet pour savoir comment faire. Ça se fait en un ou deux jours, pendant un week-end de fêtes de fin d’année, ça peut être un projet assez sympa à faire.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc l’embarqué ce n’est pas que dans une grosse structure, ce n’est pas que dans les grands environnements, ce n’est pas qu’en « production », entre guillemets, ça peut être aussi chez soi.
Michael Opdenacker : Il y a énormément de libristes dans ce domaine. C’est une communauté très vivante, on va dire.
Frédéric Couchet : D’accord. Nous allons faire une pause musicale avant de rentrer un peu dans le détail de ce que vous faites et aussi des défis.
Nous allons écouter You Will Be Wild par John Lopker. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : You Will Be Wild par John Lopker.
Voix off : Cause Commune 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter You Will Be Wild par John Lopker, disponible sous licence Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By. Tout à l’heure, j’ai oublié de donner le sous-titre qui est Trump Slaves, « Les esclaves de Donald Trump ».
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre notre discussion sur l’informatique embarquée et les logiciels libres avec nos invités Marta Rybczynska et Michael Opdenacker.
Juste avant, on parlait un petit peu technique. Là, on va commencer par parler des défis qui se présentent peut-être aux personnes qui développent ces outils, même qui les utilisent, parce que si l’informatique est partout, il y a des bugs, il peut y avoir des problèmes de surveillance, de contrôle, des problèmes de sécurité, d’ailleurs, j’ai envie de commencer par ça. Quels sont les enjeux de sécurité sur ces systèmes embarqués qui sont finalement présents chez nous, en fait ? Marta, je crois que c’est un peu ta spécialité.
Marta Rybczynska : Oui. Les problèmes de sécurité sont devenus énormes avec le nombre d’équipements que nous avons autour de nous. Ces dernières années, il y a eu plein d’attaques informatiques contre les équipements embarqués, certaines dans le contexte de la guerre en Ukraine, par exemple l’attaque sur les modems qui donnent l’accès aux réseaux.
Aujourd’hui, la nouvelle réglementation européenne qui s’appelle le Cyber Resilience Act est un gros sujet dans le domaine de l’informatique embarquée. C’est une réponse à ce sujet-là, parce qu’il y a énormément d’attaques et, pour faire court, la Commission européenne a décidé qu’il faut agir et qu’il faut rendre la sécurité dans l’embarqué, et pas que, obligatoire, sinon rien ne va changer. Donc, dans trois ans, on va avoir des exigences sur la sécurité informatique dans tous les produits disponibles sur le marché européen.
Frédéric Couchet : Si je me souviens bien, l’un des enjeux, le point essentiel dans le Cyber Resilience Act, c’est qui est responsable de la sécurité.
Marta Rybczynska : Tout à fait. Dans la dernière version, qui va être publiée la semaine prochaine [a été publié le 23 novembre 2024, NdT], le responsable c’est la société qui, pour simplifier, vend le produit. Dans la version précédente, il y avait la responsabilité du développeur qui a été totalement supprimée. Donc, vous pouvez développer sans risque, par contre toutes les exigences, toutes les obligations reposent sur les sociétés qui vont mettre ces produits sur le marché. C’est un gros sujet, surtout pour les petites entreprises qui n’ont pas l’habitude de sécuriser leurs produits. Ça va donc être un sujet sur lequel on va beaucoup discuter pendant les trois ans qui viennent.
Frédéric Couchet : D’accord. Je relaie une question. Tu viens de dire qu’il y aura de la sécurité dans les produits, est-ce que cela veut dire qu’il n’y avait pas de sécurité avant ?
Marta Rybczynska : Malheureusement, jusqu’à pas très longtemps, quand on achetait un petit équipement, le plus souvent le nom d’utilisateur c’était, par exemple, « admin », le mot de passe « admin », c’était toujours la même chose. On a toujours les routeurs WiFi qui sont configurés comme cela, ça permet aux attaquants de faire les réseaux d’équipements qui peuvent être utilisés, par exemple, dans les attaques. Sur les systèmes domotiques, on avait aussi beaucoup de problèmes. Une situation sur laquelle j’ai écrit beaucoup récemment : les aspirateurs qui ont des caméras et des microphones, et n’importe qui peut accéder à la caméra de l’aspirateur.
Frédéric Couchet : Excuse-moi, je vais poser une question : autant la caméra, je peux comprendre, pour se déplacer, mais le microphone, c’est parce que l’aspirateur est piloté à la voix ?
Marta Rybczynska : Parce qu’il donne un avertissement sonore quand la batterie est déchargée ou qu’il a fini le programme, mais quelqu’un peut enregistrer un fichier avec des insultes ou quelque chose d’autre.
Frédéric Couchet : OK, d’accord. Autre question sur le salon web. Tu as dit que ce serait dans trois ans. Pourquoi dans trois ans ? Parce que c’est un règlement européen ?
Marta Rybczynska : C’est un règlement. On peut dire que trois ans, c’est dans longtemps, mais non ! On a trois ans, mais on a 24 mois pour définir tous les standards qui, aujourd’hui, n’existent pas. Après quand ces standards de sécurité seront prêts, il y aura juste un an pour que tout le monde se mette en conformité. Dans l’embarqué, les sociétés travaillent déjà sur les produits qui vont être mis sur le marché dans trois ans.
Frédéric Couchet : Donc, avec un contexte qu’elles ne connaissent pas forcément.
Marta Rybczynska : Exactement !
Frédéric Couchet : OK. Je vois le problème. Sur la sécurité, Michael, tu veux ajouter quelque chose ?
Michael Opdenacker : Je voulais faire remarquer qu’on a quand même l’habitude d’associer le système d’exploitation Linux à une réputation de sécurité. Mais effectivement, comme disait Marta, il y a des pratiques qui sont faites sur votre ordinateur, sur votre PC, qui sont très rigoureuses, il y a un bon déploiement des mises à jour de sécurité. On est effectivement beaucoup moins rigoureux sur les systèmes embarqués. Ce qui nous sauve un peu, c’est la diversité génétique, je dirais, du Libre, c’est-à-dire que chacun va intégrer un peu la version du noyau son choix, telle version de BusyBox, telle version d’une bibliothèque logicielle et comme ce n’est jamais la même, finalement, on ne peut pas faire tomber tout Internet. Même si les infrastructures d’Internet sont vraiment basées sur des briques qui tournent sur des logiciels libres, comme ce ne sont pas toujours les mêmes versions, on ne pourra pas exploiter la même faille partout, en même temps, et faire tomber tout Internet, c’est un peu ce qui nous sauve. Je ne sais pas ce que tu en penses, Marta.
Marta Rybczynska : Il y a quelques jours, des statistiques sont sorties sur les failles les plus utilisées en 2023. La grande majorité des failles dans l’embarqué se trouvent dans la partie métier des équipements. Elles ne sont pas dans les composants libres des bases, elles sont dans les parties que la société en question a écrites pour les fonctionnalités spécifiques.
Frédéric Couchet : Tout à l’heure, avant la pause, on disait que ces parties spécifiques ne sont pas libres, on ne peut pas y accéder, donc on ne peut pas profiter de la sécurité par la transparence, en fait.
Michael Opdenacker : Exactement.
Frédéric Couchet : D’accord. Je suppose que ces outils se mettent à jour, entre guillemets, « quasiment automatiquement ». Quel que soit l’outil, prenons l’aspirateur dont tu parlais tout à l’heure, est-ce que la partie embarquée se met à jour ?
Marta Rybczynska : C’est une des exigences du CRA, parce que, jusque-là, ce n’était pas le cas.
Frédéric Couchet : D’accord. Alors qui met à jour ? Est-ce que ça sera automatique, l’outil lui-même va se mettre à jour, ou est-ce que la personne qui utilise son aspirateur pourra autoriser ou lancer la mise à jour ?, comme on le fait sur un ordinateur, parce que, parfois, il y a des mises à jour qu’on ne fait pas. Est-ce que ce sera automatique ou est-ce que ce sera conditionné à l’autorisation de la personne ?
Marta Rybczynska : La recommandation, c’est d’avoir une mise à jour automatique, mais avec le contrôle de l’utilisateur, si la personne souhaite faire la mise à jour ou non.
Frédéric Couchet : D’accord OK.
Autre enjeu peut-être, je ne sais pas, en tout cas, actuellement, il y a un mot clé pour beaucoup de gens, c’est IA, intelligence artificielle. Est-ce que l’IA est déjà entrée dans l’informatique embarquée, sous quelle forme ou pas du tout ?
Marta Rybczynska : C’est entré dans les formations. Je donne des cours sur les logiciels et je discute avec mes collègues qui donnent aussi des cours sur l’embarqué. Il se trouve que l’IA est capable de générer des réponses à la majorité des exercices qu’ils ont préparés jusque-là. Par exemple, un cours qui était prévu pour deux semaines, on met toutes les questions dans son IA préférée, les réponses sortent, les étudiants finissent le cours en une heure.
Frédéric Couchet : Michael.
Michael Opdenacker : Je pense à un autre défi, qu’on a beaucoup rencontré depuis le début, c’est la documentation du matériel. Pour faire marcher le noyau Linux sur un matériel particulier, parfois c’était très difficile de trouver de la documentation libre, en tout cas déjà même publique, sur le matériel pour écrire ce qu’on appelle les pilotes de périphériques, pour les faire fonctionner. Nous, les sociétés qui intervenons dans ce domaine, avons parfois des accords de non-divulgation avec les fabricants. Parfois, c’était la croix et la bannière : même si on est petit, on a une montagne de paperasse légale à faire pour arriver à avoir accès à la documentation, c’est insurmontable. En tout cas, c’est un gros problème pour les gens de la communauté qui sont contributeurs individuels, qui veulent participer à un projet, ce n’est pas toujours faisable de faire marcher le matériel de leur choix sous Linux, parce qu’ils n’ont pas la documentation. Ils doivent donc faire, par exemple, de l’ingénierie inverse, ce qui est extrêmement fastidieux, pour comprendre comment fonctionne un matériel. Je pense par exemple aux processeurs graphiques qui ont fait d’énormes progrès grâce à un travail de dingue de la communauté. Par exemple pour les puces Nvidia, dont on entend parler, ça a été un travail d’ingénierie inverse complètement hallucinant pour arriver à des performances qui sont, maintenant, parfois meilleures que celles des pilotes qui sont édités par les grosses sociétés comme Nvidia.
Frédéric Couchet : Rappelons que Nvidia est une des plus grosses capitalisations boursières au monde.
Tout à l’heure, Gee, je crois, a parlé des brevets logiciels dans sa chronique. Est-ce que le monde de l’embarqué est concerné par cette problématique des brevets, que ce soit aux États-Unis ou en Europe ?
Marta Rybczynska : Un peu, surtout sur l’algorithme d’encodage audio-vidéo. C’est un sujet qui revient régulièrement. Je l’entends de moins en moins, mais, de temps en temps, c’est encore un problème.
Michael Opdenacker : Pour les mémoires flash aussi. On ne pouvait pas utiliser certains systèmes de fichiers, certaines organisations des données sur la mémoire flash à cause de brevets de la société M-Systems. Ce sont des techniques qui ont été brevetées par certains éditeurs. Et même si on a la même idée, qu’on crée une implémentation qui est similaire, qu’on écrit un logiciel qui est similaire, le brevet va verrouiller l’idée. En particulier dans les pays qui reconnaissent les brevets logiciels, comme les États-Unis et le Japon, toute personne se retrouve dans l’impossibilité d’utiliser, en tout cas dans ces pays-là, des implémentations indépendantes, parce qu’on va marcher sur les pieds d’un brevet.
Frédéric Couchet : Sachant qu’en Europe, c’est officiellement interdit, mais qu’en fait, dans la pratique, l’Office européen des brevets en a accordé. Je pense qu’un jour on consacrera à nouveau une émission Libre à vous ! à ce sujet-là.
Tout à l’heure, vous avez parlé des petites structures. Vous êtes deux exemples de créateur et créatrice de petites structures. Comment les petites structures arrivent-elles à pouvoir émerger dans cette activité, dans ce domaine, et à se faire connaître ? Tout à l’heure, tu as un peu commencé à expliquer comment Bootlin est devenue connue dans le monde, mais comment faites-vous en tant que petites structures ? D’ailleurs, que faites-vous en tant que petites structures ? Quelle est votre activité aujourd’hui ? On va commencer par Marta.
Marta Rybczynska : Chez moi, c’est surtout du conseil et des formations. Comment je fais ? La visibilité de la société, c’est le travail de l’équipe dans le logiciel libre : envoyer les modifications, les nouvelles fonctionnalités, les corrections des projets sur lesquels on travaille pour acceptation dans la version principale. Le sujet important qu’on oublie assez souvent, quand on aime bien de développer et faire de nouvelles choses, c’est de parler de ce qu’on fait. Pour la visibilité de la société et aussi pour avoir de nouveaux contrats intéressants, il faut être présent aux conférences, il faut présenter le travail qu’on fait, ce qui permet d’avoir la visibilité qui est, assez souvent, au même niveau que la visibilité de sociétés de taille moyenne.
Frédéric Couchet : Donc, tu fais principalement la formation, mais est-ce que tu fais aussi du développement sur des projets ? Par exemple, est-ce que des structures clientes viennent te voir en disant « j’aimerais bien implémenter telle fonctionnalité dans un système embarqué » ? Est-ce que tu fais, ça aussi ?
Marta Rybczynska : Oui. On fait ça aussi. Et j’inclus le fait de mettre la solution en open source, le travail d’intégration, dans le repository principal. De temps en temps, il y a quelques allers-retours avec le mainteneur pour répondre à certaines exigences. Moi, j’inclus ça dans un travail, je ne facture pas en plus pour ce travail.
Frédéric Couchet : Est-ce que ça veut dire que tu refuses ? Ou, par exemple, si la structure cliente te dit qu’elle ne veut pas que ce soit libéré, est-ce que tu acceptes de faire quand même le travail ou pas ?
Marta Rybczynska : Aujourd’hui, je n’ai pas besoin.
Frédéric Couchet : Ah, d’accord ! C’est bien !
Michael Opdenacker : Pareil. On a suffisamment de projets pour choisir les projets les plus intéressants.
Frédéric Couchet : Tu parles de quoi ? Tu parles de Bootlin ou de ce que tu fais actuellement ?
Michael Opdenacker : Dans le cadre de Bootlin, parce que ma société est assez récente, mais j’espère que ce sera pareil. Si on a suffisamment de projets qui permettent de contribuer à des gros projets libres, Linux par exemple, on va dire au client « désolé, c’est soit ça soit on a d’autres clients, d’autres projets qui nous donnent plus de visibilité, plus d’occasions de participer au travail communautaire, donc d’être visibles et, après, d’avoir de nouveaux clients grâce à cette visibilité. »
Frédéric Couchet : Pareil, formation et développement.
Michael Opdenacker : Tout à fait.
Frédéric Couchet : Remarque sur le salon web que je relaye. En fait, vous faites aussi de la communication et c’est un travail à temps complet en plus du travail de développement, finalement.
Michael Opdenacker : Tout à fait, c’est bien ça. Mon idée, c’est un peu naïf peut-être, mais plutôt que de payer des sous à la régie publicitaire de Google, par exemple, pour donner de la visibilité à nos formations, autant avoir surtout des articles, plein d’articles techniques, plein de ressources techniques intéressantes pour les ingénieurs ou les utilisateurs qui vont travailler dans le domaine. Ils vont tomber sur notre site web grâce à ces ressources intéressantes et après, en suivant les liens, ils verront qu’il y a aussi des formations qui sont proposées, etc. Donc, proposer des ressources utiles aux gens qui interviennent dans notre monde, que ça soit des entreprises, mais aussi des passionnés qui s’intéressent au sujet technique.
Frédéric Couchet : Vous parliez de conférences. Est-ce qu’il y a des conférences sur ce sujet en France ?
Michael Opdenacker : Oui ! Par exemple le Capitole du Libre qui a eu lieu à Toulouse ce week-end. C’est globalement pour le logiciel libre, en particulier, mais il y avait quand même des sujets, peut-être, je ne sais pas, 20 %, 15 %, autour des technologies plus spécifiques comme l’embarqué.
Frédéric Couchet : D’accord. Mais y a-t-il des conférences vraiment spécifiquement orientées embarqué en France, ou est-ce que les principales sont aux États-Unis ou au Japon ? Ou peut-être en Belgique, en Allemagne, je sais pas ?
Marta Rybczynska : Aujourd’hui, je n’ai pas de statistiques, c’est juste mon opinion personnelle. Pour moi, la plus grande conférence sur l’embarqué, c’est le FOSDEM [Free and Open Source Software Developers’ European Meeting], à Bruxelles, le premier week-end de février. À mon avis, c’est là qu’il y a le plus de monde de l’embarqué disponible à ce moment-là.
Frédéric Couchet : D’accord. On a compris le modèle économique de vos structures. Est-ce que les projets dont on a parlé tout à l’heure, Yocto, Buildroot, BusyBox, sont des projets qui ont des modèles économiques ou est-ce qu’ils sont développés uniquement, entre guillemets, pour le « plaisir » de développer ? Est-ce qu’il y a des modèles économiques ou est-ce que des entreprises supportent ce travail ?
Michael Opdenacker : C’est effectivement intéressant d’en parler.
Le projet Yocto est le deuxième projet de la Fondation Linux, qui édite le noyau Linux ; leur deuxième projet, c’est Yocto. Ils voulaient un système industrialisable, un cadre pour permettre aux gens de faire comme avec les outils propriétaires pour créer leur système. C’est soutenu par une fondation. Des membres payent ce qui va permettre de financer des ingénieurs, financer de l’infrastructure, financer des machines et tout ça pour tester, etc. C’est le modèle de Yocto.
Côté Buildroot, c’est plutôt une association qui est française, d’ailleurs, qui est là plus pour collecter des sous, pour organiser des événements, pour payer quelques menus frais.
Ce sont plutôt les entreprises qui ont besoin d’une nouvelle fonctionnalité dans l’outil qui vont engager des prestataires comme Bootlin ou d’autres, ma société, pour rajouter la fonctionnalité dont elles ont besoin. Le financement se fait donc un peu au cas par cas, fonctionnalité par fonctionnalité. Les mainteneurs, les gens qui font vivre le projet au jour le jour, font ça sur leur temps libre ou c’est l’employeur qui leur permet de travailler, mettons deux heures par jour, pour continuer à animer le projet. Mais les grosses avancées sont directement financées par des clients.
Frédéric Couchet : D’accord. La Linux Foundation a plein de projets et, parmi ses gros membres, on a, de mémoire, Microsoft, IBM, je ne sais plus s’il y a Google dedans, il y a Red Hat, plein de gros acteurs.
Dans des domaines spécialisés de l’embarqué, y a—il des structures équivalentes ? La voiture par exemple ? Il y a de l’embarqué dans la voiture, est-ce que les industriels de la voiture, Renault, Peugeot, Dacia et compagnie, ont créé une sorte de consortium ou un regroupement qui leur permet de mutualiser des développements par rapport aux systèmes embarqués de base et, après, ils rajoutent leurs trucs propriétaires dessus. Est-ce que ça existe ?
Marta Rybczynska : Ça existe. J’en connais au moins deux : Automotive Grade Linux utilise le projet Yocto, ça c’est du côté la Linux Foundation, et je connais aussi Software Defined Vehicle, SDV, de la Fondation Eclipse, c’est encore un de mes clients, et là ce sont surtout les producteurs automobiles, que tout le monde connaît, qui se sont mis beaucoup sur ces logiciels ces dernières années.
Frédéric Couchet : D’accord. Finalement, ces structures, ces constructeurs automobiles, discutent entre elles pour demander ce qu’elles aimeraient bien avoir comme fonctionnalités communes, et, après, elles rajoutent leur interface, leurs besoins particuliers.
Marta Rybczynska : Tout à fait. L’exigence métier est assez forte et importante dans ce domaine, parce qu’il y a la certification pour la sécurité des utilisateurs et, en plus, elles ont certaines particularités, dans leurs produits, comme le fait qu’il y a énormément de processeurs qui communiquent ensemble dans une voiture. Des protocoles de communication particuliers sont utilisés dans les voitures et ils ont un projet qui développe le logiciel pour gérer ces protocoles.
Michael Opdenacker : Il y a des kilomètres de câbles dans une voiture, je ne sais pas combien.
Frédéric Couchet : D’accord. Il y a une question sur le salon web, peut-être un peu provocatrice : dans ces fonctionnalités rajoutées, y a-t-il des fonctionnalités pour truquer les tests de pollution ?
Michael Opdenacker : Il y en a eu, apparemment !
Frédéric Couchet : Apparemment, il y en a eu ! Si on revient au Cyber Resilience Act, finalement, dans le cas de la voiture, les personnes qui seront responsables seront les constructeurs automobiles et leurs fournisseurs de systèmes embarqués, normalement, si j’ai bien compris, en termes de responsabilité de sécurité.
Marta Rybczynska : Si je me souviens bien, le CRA ne va pas s’appliquer sur l’automobile parce qu’il y a une réglementation particulière. Ce n’est pas le meilleur exemple pour le CRA, mais, si le CRA s’appliquait dans l’automobile, oui, dans le cas de trucages des fonctions de sécurité, ce serait la société qui produit la voiture qui serait responsable.
Michael Opdenacker : Mais jamais le contributeur qui va écrire un petit bout de code, qui donne son code gratuitement et librement sur Internet.
Frédéric Couchet : Au début, dans les premières versions de ce texte, il y avait effectivement ce danger.
Michael Opdenacker : On avait très peur. Heureusement que des gens comme Marta se sont impliqués pour avoir les bons textes.
Frédéric Couchet : Ça me fait venir une question. Donc, visiblement, vous surveillez de près les évolutions de la réglementation.
Michael Opdenacker : Moi non, et c’est pour cela que j’adhère à l’April, parce que je sais que vous le faites pour moi.
Frédéric Couchet : Nous avons effectivement contribué un petit peu à relayer au niveau du CRA. Donc toi, Marta, tu suis la réglementation au niveau européen ou au niveau mondial autour de tout ce qui est embarqué, sécurité ?
Marta Rybczynska : Oui, parce que c’est un des moteurs, aujourd’hui, de la sécurité. Ce n’est pas qu’en Europe, il y a aussi la réglementation aux US, il y a la réglementation au Japon, en Corée. C’est devenu un sujet assez important. On a donc besoin de bien regarder ce qui se passe et d’intervenir pour rendre ces réglementations compatibles avec l’open source, parce que les personnes qui écrivent les lois ne connaissent pas forcément le Libre, ne connaissent pas ses modèles de développement. Ça peut être surprenant pour elles que quelqu’un vienne avec sa modification et que celle-ci soit acceptée dans le projet. Elles peuvent avoir l’impression que ce ne sont que des grosses structures et qu’il n’y a rien d’autre. Il y a donc plein de sujets qu’il faut expliquer. Il faut éduquer, encore !
Frédéric Couchet : Comme actuellement en France dans le projet de loi de finances, notamment concernant les logiciels libres de caisse. Je vous renvoie sur l’actualité, je crois qu’elle a déjà été publiée sur le site april.org.
Avant de passer à la question finale, on arrive bientôt à la fin, il y a une question sur le salon web : et en Chine ? On a parlé des États-Unis, du Japon, mais est-ce que, en Chine, il y a une activité forte autour de l’embarqué ou pas du tout ?
Michael Opdenacker : Oui, beaucoup de dispositifs sont créés. Après, pour faire respecter la licence, avoir le code source, je ne sais pas très bien, je manque un peu d’expérience, en tout cas, il y en a qui jouent le jeu.
Frédéric Couchet : D’accord. Sinon au niveau international, quels sont les principaux pays ? États-Unis, Japon, France aussi ?
Michael Opdenacker : Oui. L’Europe très forte et je dirais aussi l’Inde, la Chine.
Marta Rybczynska : L’Allemagne aussi. En gros, l’Europe est assez forte en embarqué. Quand on va aux conférences dédiées à l’embarqué, une très grosse partie des personnes vient d’Europe.
Michael Opdenacker : D’ailleurs, aux conférences américaines, il y a beaucoup moins de monde !
Frédéric Couchet : D’accord. On arrive au terme de ce sujet, avec la question traditionnelle. Pour conclure, quels sont les éléments clés, selon vous, à retenir, en moins de deux minutes chacune et chacun ?, ou l’occasion de rajouter quelque chose que vous auriez oublié. On va commencer par Michael et on laissera le mot de la fin à Marta. Michael.
Michael Opdenacker : Si vous deviez vous souvenir de quelque chose, c’est que l’informatique embarquée est plus simple que l’informatique classique, sur ordinateur je dirais. On met juste ce dont on a besoin donc, pour apprendre, c’est génial, parce qu’on peut comprendre comment fonctionne un ordinateur grâce aux technologies de l’embarqué. Il y a des petits tutos sur Internet juste lancer une ligne de commande sur un matériel complètement nu. Cette informatique embarquée est partout, dans tout ce qui n’est pas ordinateur. Voilà ce que je voulais que vous reteniez et le matériel pour se lancer est très abordable. J’ai des petits processeurs de type RISC-V, un nouveau jeu d’instructions qui est libre, qui coûte même moins de dix euros, sur lesquels on peut lancer Linux. C’est génial.
Frédéric Couchet : D’accord. Merci Michael. Marta.
Marta Rybczynska : L’embarqué, c’est la manière d’écrire un logiciel et de voir physiquement comment il fonctionne. C’est une énorme opportunité pour toute personne qui se lance là-dedans, parce que, d’un côté, en quelques jours, on peut créer un produit qui marche. De l’autre côté, si on contribue à un des projets fréquemment utilisés, son logiciel peut tourner dans des milliards de devices, des milliards d’équipements assez facilement.
Michael Opdenacker : Y compris sur la planète Mars !
Marta Rybczynska : Aussi.
Frédéric Couchet : Merci pour cette information sur l’informatique embarquée et les logiciels libres. On mettra toutes les références qu’on a citées sur la page consacrée à l’émission du jour, donc sur libreavous.org/227. On rajoutera celles qui ne sont pas présentes.
Je rappelle que nos invités étaient Marta Rybczynska et Michael Opdenacker.
Merci et à bientôt sur un événement ou dans une autre émission.
Marta Rybczynska : Merci.
Michael Opdenacker : Merci à vous.
Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : J’ai oublié de préciser que les pauses musicales ont été choisies par Michael et la troisième pause musicale, c’est un de mes groupes préférés, Michael, j’espère qu’on va avoir le temps de l’écouter entièrement.
Juste après la pause musicale, nous entendrons la chronique de Florence Chabanois sur le thème « On ne rigole plus et on se lève ».
En attendant, nous allons écouter Requiem for a fish par The Freak Fandango Orchestra. On se retrouve dans trois minutes quarante. Belle journée à l’écoute de Cause commune, la voie des possibles.
Pause musicale : Requiem for a fish par The Freak Fandango Orchestra.
Voix off : Cause commune 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Requiem for a fish par The Freak Fandango Orchestra, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.
[Jingle]
Message de la rédaction du Lama déchaîné
[Virgule sonore]
Gee : Ici, en direct de la rédaction du Lama déchaîné, nous vous parlons d’une actualité brûlante.
Bookynette : La campagne de soutien financier de l’April ?
Gee : Oui. Pour bien finir l’année, l’association a besoin de pas moins de 20 000 euros. Alors, pour vous convaincre d’adhérer ou de faire un don, elle nous a embauchés, bénévolement, pour publier un hebdomadaire chaque mercredi.
Bookynette : Mais c’est demain le prochain numéro, alors ?
Gee : Eh oui ! Et il y en aura jusqu’à la fin de l’automne. Ça parle des actions de l’April, de ses membres, mais pas que !
Bookynette : Il paraît qu’il y a même des mots croisés et des anecdotes rigolotes.
Gee : Oui, la plume a également été proposée à d’autres associations ou à des personnes non-membres.
Bookynette : Rendez-vous sur April.org/campagne. Le lien sera sur la page de présentation de l’émission.
Gee : On compte sur vous pour soutenir le travail essentiel de l’April.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : Nous allons passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]
Chronique « F/H/X », de Florence Chabanois, intitulée « On ne rigole plus et on se lève »
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec la chronique « F/H/X » de Florence Chabanois, présidente de La Place Des Grenouilles. Statistiques éclairantes, expériences individuelles et conseils concrets : votre rendez-vous mensuel pour comprendre et agir en faveur de l’égalité des genres.
Le thème de la chronique du jour : « On ne rigole plus et on se lève ».
Florence, c’est à toi.
Florence Chabanois : Bonjour Fred. Bonjour Magali.
Frédéric Couchet : Bonjour.
Florence Chabanois : J’ai une amie que j’admire beaucoup. Chaque année, elle pose deux mois de congés pour faire du bénévolat, sans solde. Elle aide son boss, enfin ses actionnaires, à faire plus de profits sans être payée pour. En effet, deux mois de travail, c’est 15 % d’écart de salaire entre les hommes et les femmes chaque année. Elle a du mérite de donner encore de son temps, car dans son couple – hétéro –, elle gère déjà les deux tiers des tâches domestiques. On n’est plus à ça près, vu son salaire, autant que ce soit elle qui fasse ces tâches, le matin, le soir, les week-ends ! C’est leur choix après tout, il et elle sont « complémentaires ». Tout le monde est d’accord, donc tout va bien. Les loisirs c’est surfait, et puis, lui, il a plus besoin de sport qu’elle. Je ne vais pas m’en mêler !
Je ne vais pas parler du fait qu’un mariage sur deux se termine en divorce et qu’une famille monoparentale sur trois vit sous le seuil de pauvreté, et qu’il s’agit de femmes 9 fois sur 10, que ces familles monoparentales. Ni du fait qu’il y a 40 % d’écart de pension à la retraite entre les hommes et les femmes, et que les femmes vivent plus longtemps, donc seules et pauvres ! Ah les femmes, ces êtres vénales !
Mon amie, c’est votre mère, votre sœur, votre pote, votre petite amie, votre fille maintenant ou plus tard. C’est peut-être vous aussi.
Cette année, les femmes travaillent gratuitement depuis le 8 novembre et jusqu’au 31 décembre. Cela correspond aux 15 % d’écart salarial entre les femmes et les hommes. Ce n’est pas un cas isolé, c’est une moyenne sur 14 834 000 femmes en France. Pour certains, ces écarts sont encore trop faibles, iels ont plus peur du wokisme que des requins. Le wokisme, c’est le féminisme pour les gens qui n’aiment pas le féminisme. Elles sont casses-ovaires, celles-là, à vouloir avoir l’égalité !
Sans même parler d’égalité, nous voulons vivre ! Tous les trois jours, en France, une femme est tuée par son conjoint ou ex-conjoint. 30 % des auteurs avaient été condamnés pour des faits de violence. Les féminicides constituent le point de non-retour d’un processus entamé bien plus tôt, empreint de violences sexistes.
La violence sexiste commence insidieusement, par du machisme ordinaire, des blagues sexistes. Si la femme répond, on la qualifie de chieuse, de pas drôle, d’hystérique, pour qu’elle se taise. C’est pratique ! Astuce : si votre blague ne s’applique pas à un homme, c’est une blague sexiste. Si vous avez un doute, testez-la sur un gars, ou vous-même, et voyez si vous riez.
Ensuite, la violence prend la forme d’invisibilisation, de dévalorisation, de contrôle de l’autre, puis se transforme en mépris tout court. Jusqu’à ce que votre moitié devienne un objet, votre objet. Ce qui rend intolérable toute tentative d’émancipation de sa part. En couple, le très célèbre violentomètre permet de se situer et d’évaluer quand la relation devient toxique.
- Tu te moques d’elle en public ?
- Tu rabaisses ses opinions, ses projets ?
- Tu lui fais du chantage affectif ?
- Tu la culpabilises ?
- Tu contrôles ses sorties ? Tu regardes son portable ?
- Tu ne supportes pas qu’elle te contredise ?
- Tu l’isoles de ses proches ?
- Tu l’humilies et la traite de folle quand elle te fait des reproches ?
- Tu pètes les plombs quand quelque chose te déplaît ? Ce n’est pas ta faute, tu es sanguin. C’est elle qui te cherche.
- Tu touches ses parties intimes sans t’assurer de son consentement ?, donc quand elle dort, ce n’est pas OK.
- Tu l’obliges à avoir des rapports, de façon ouverte ou détournée, alors qu’elle ne veut pas, qu’elle ne veut plus ? Tu le sais en fait. Arrête !
Dans une étude de 2024 auprès de 70 000 personnes étudiantes, une femme sur quatre a subi au moins une tentative d’agression sexuelle, une agression sexuelle, une tentative de viol ou un viol pendant son cursus ; cela monte à un tiers pour les personnes non-binaires et transgenres.
Plus d’une femme sur deux a déjà subi une violence sexuelle en France. Je répète : une sur deux. Neuf fois sur dix, la victime connaît l’agresseur. Cela ne veut pas dire qu’elle ne relationne plus avec ou qu’elle ne l’aime plus ou qu’il n’y a plus de bons moments.
6 % des victimes d’agressions sexuelles ont porté plainte en 2021. Une procédure coûte environ 10 000 euros. 86 % de ces plaintes sont classées sans suite. Au final, seulement 0,6 % des viols ou tentatives de viol ont donné lieu à une condamnation. Il y a mieux comme business modèle et pourtant, les gens croient encore aux femmes qui mentent pour s’enrichir. Donc côté justice, on repassera !
Restent nous, les citoyennes, citoyens, les agresseurs non conscientisés, les témoins, les victimes. On arrête de rire aux blagues pas drôles, de fermer les yeux devant la centième vanne de notre pote sur sa compagne, on dit ce qu’on pense quand on voit quelqu’un dépasser les limites d’une autre ou d’un autre, on se mêle de ce qui ne nous regarde pas. Il est temps de mettre un stop aux violences sexistes et sexuelles.
Le samedi 23 novembre, dans quatre jours, ce sera la manifestation nationale contre les violences sexistes et sexuelles organisée par le collectif Nous Toutes. À une époque où on déroule le tapis de velours rouge aux masculinistes, il est d’autant plus important d’entendre et de voir ceux et celles qui ne sont pas d’accord, et de se retrouver ; de découvrir de nouveaux slogans du type « je veux être libre, pas courageuse » ou « l’agresseur ne sonne pas, il a la clé » ou « ce n’est pas elle qui est habillée comme une pute. C’est toi qui penses comme un violeur ».
Si vous avez piscine ce jour-là, vous pouvez aussi prendre une demi-heure pour vous éduquer sur ces sujets. Savez-vous, par exemple, que 85 % des personnes transgenres sont agressées au cours de leur vie ? Que les femmes handicapées sont quatre fois plus susceptibles de subir des violences sexuelles que les autres femmes ? Écoutez des podcasts de Binge Audio, de Arte Radio sur le féminisme, suivez une formation en ligne gratuite de Nous Toutes, elles sont top !
Dernier point. En France, il y a un viol ou une tentative de viol toutes les deux minutes trente. Ce qui fait trois depuis le début de cette chronique.
Soutien à toutes les personnes victimes de violence en France. On vous croit. Ce n’est pas de votre faute. Solidarité avec les femmes du monde entier et à samedi.
Frédéric Couchet : Merci Florence. Je vais préciser que toutes les références, toutes les statistiques, toutes les sources, sont sur la page de l’émission, libreavous/227, que le site de La Place Des Grenouilles, c’est lapdg.fr. Comme nous sommes un tout petit peu en avance, tu peux peut-être expliquer ce qu’est l’association La Place Des Grenouilles dont tu es la présidente.
Florence Chabanois : Présidente et cofondatrice avec Sara Dufour.
C’est une association qui aide les personnes, femmes et hommes, même si nous sommes un peu plus focalisé sur les femmes, à résister aux injonctions de genre. On anime des conférences, des ateliers. On propose aussi une fresque antisexiste et on a un podcast. L’idée, c’est vraiment de s’éduquer, de se déconstruire, de savoir repérer, en fait, toutes ces choses qu’on a complètement intériorisées. Aujourd’hui, la société est comme elle est parce que ça fait des siècles que nous sommes baignés dedans, qu’on nous rabâche ça et c’est vraiment super dur pour tout le monde, en fait, de voir des problèmes dans des choses qui nous paraissent complètement évidentes. On a aussi un club de lecture. Quoi dire d’autre ? Est-ce que j’oublie quelque chose ? En tout cas, vous pouvez vous inscrire aux évènements, c’est gratuit, sur lapdg.fr. On a un événement mardi, à Paris, justement sur les violences sexistes et sexuelles, qui est gratuit. Je vous invite à venir. C’est un peu plus focalisé sur la thématique du travail.
Frédéric Couchet : C’est donc mardi 26 novembre.
Je vérifie sur notre planning qu’on te retrouve au studio mardi 10 décembre, dans un Café libre avec Pierre et Vincent, animation par Isabella.
Dans l’émission, on a parlé deux fois du Lama déchaîné, on pourra te lire en tant que Plume extérieure dans le numéro du 27 novembre, donc la semaine prochaine pour les personnes qui écoutent en direct. Donc mercredi 27 novembre, une petite plume extérieure, qui, d’ailleurs, nous a fait très plaisir et je t’en remercie grandement.
Florence Chabanois : Merci à vous.
Frédéric Couchet : Merci Florence. Donc au 10 décembre pour ta prochaine participation à Libre à vous ! dans un Café libre. Et belle journée à toi. Belle fin de journée.
Florence Chabanois : Super. Merci. Bye.
Frédéric Couchet : On va finir par quelques annonces.
[Virgule musicale]
Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre
Frédéric Couchet : Je ne vais pas vous le refaire, mais comme Gee et Magali sont là, si je ne le fais pas la rédaction ne sera pas contente. La campagne de l’April, Le Lama déchaîné, donc demain, mercredi 20 novembre, paraîtra le numéro 5, un numéro spécial, car c’est un numéro anniversaire, les 28 ans de l’April, avec, évidemment, plein de rubriques, notamment les mots croisés.
Dans les autres événements.
Journées d’études Faire système : approches alternatives du smartphone et limites planétaires, mercredi 20 novembre 2024, de 9 heures à 18 heures à Paris.
Je précise que les références de tous les événements dont je vous parle sont sur la page consacrée à l’émission du jour, sur libreavous/227 ou sur le site de l’Agenda du Libre.
Samedi 23 novembre, il y a le Campus du Libre à Lyon. Je crois que Magali sera présente, elle me confirme, donc vous aurez l’occasion de voir Bookynette. Excusez-moi, je l’appelle de temps en temps Magali et elle est un peu plus connue avec le surnom de Bookynette. Tu fais une conférence ?
Magali Garnero : Je fais une table ronde avec Angie Gaudion de Framasoft et Alexis Kauffmann.
Frédéric Couchet : Très bien, donc, vous aurez l’occasion de rencontrer Bookynette au Campus du Libre, samedi 23 novembre à Lyon.
À Annecy, il y a une réunion hebdomadaire du groupe d’utilisateurs et d’utilisatrices de logiciels libres, vendredi 29 novembre à 20 heures.
Et puis, du côté de Paris, il y a PSL XXL, les 7 et 8 décembre 2024. PSL, c’est quoi ? Chaque premier samedi du mois se tient un événement grand public au Carrefour numérique de la Cité des sciences et de l’industrie, Premier Samedi du Libre, et PSL XXL car, en décembre, l’événement se tient le samedi 7 décembre, mais également le dimanche 8 décembre. Donc venez aider ou vous faire aider à installer et paramétrer des logiciels libres et toute distribution GNU/linux ou Android. Il y aura également des conférences.
Côté radio, Cause Commune vous propose un rendez-vous convivial chaque premier vendredi du mois, à partir de 19 heures 30, dans ses locaux, à Paris, au 22 rue Bernard Dimey, dans le 18e arrondissement. C’est une réunion ouverte, avec apéro participatif, l’occasion de découvrir le studio et de rencontrer les personnes qui animent les émissions. La prochaine soirée radio ouverte aura lieu le premier vendredi de décembre, le 6 décembre.
Je vous invite à consulter sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, tous les autres événements en lien avec le logiciel libre ou la culture libre près de chez vous.
Notre émission se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour : Gee, Marta Rybczynska, Michael Opdenacker, Florence Chabanois.
Aux manettes de la régie, c’était son retour, merci à elle, Bookynette.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang 1, Julien Osman, bénévoles à l’April, et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci aux personnes qui découpent les podcasts complets en podcasts individuels par sujet : Quentin Gibeaux et Théocrite, bénévoles à l’April.
Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org/227, toutes les références utiles de l’émission du jour, ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.
Il n’y aura pas d’émission mardi 26 novembre, nous faisons une petite pause. La prochaine émission aura donc lieu en direct mardi 3 décembre à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur la Ville de Paris et ses actions autour du logiciel libre.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 3 décembre et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.