- Titre :
- Décryptualité du 8 avril 2019 - La chaîne YouTube e-penser face au rouleau compresseur des ayants-droit
- Intervenants :
- Nolwenn - Nico - Manu - Luc
- Lieu :
- April - Studio d’enregistrement
- Date :
- 8 avril 2019
- Durée :
- 14 min 40
- Écouter ou télécharger l’enregistrement
Revue de presse pour la semaine 14 de l’année 2019
- Licence de la transcription :
- Verbatim
- Illustration :
- Série Europe complète des billets en euro, ECB, Wikimedia Commons - Licence Creative Commons CC0 1.0 Universal Public Domain Dedication.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Description
Bruce Benamran, créateur de la chaîne YouTube de vulgarisation scientifique e-penser vient de passer sa chaîne en privé pour protester contre l’impossibilité de contester devant une entité indépendante les décisions des ayants droit. Une démonstration d’une informatique déloyale où les ayants droit font la loi.
Transcription
Luc : Décryptualité.
Voix off de Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.
Luc : Semaine 14. Salut Manu.
Manu : Salut Nico.
Nico : Salut Nolwenn.
Nolwenn : Salut Luc.
Luc : Sommaire.
Manu : On a sept jolis articles cette semaine.
Luc : Hou ! 20 minutes online, « Le mobile, je l’appelle le rêve de Staline », une interview menée par Michel Annese.
Manu : Interview de Richard Stallman, le créateur du logiciel libre, qui se plaint à nouveau du téléphone portable en indiquant que c’est juste un outil d’espionnage.
Luc : Il appelait ça le spyphone il y a quelque temps et effectivement c’est un super outil d’espionnage.
Usbek & Rica, « Deux tiers des Français préoccupés par leurs données personnelles », un article de Lila Meghraoua.
Manu : Ça indique essentiellement que la vie privée devient un sujet important pour les citoyens de notre beau pays ; c’est un sujet qu’on aime voir devenir plus important.
Luc : Petit rappel, ce n’est pas dans ta revue de presse, mais la semaine dernière on a appris qu’il y a des données Facebook, donc refilées à un des multiples partenaires, qui se sont retrouvées sur Internet. Il y en avait combien ?
Nico : Il y en avait 500 millions.
Nolwenn : 500 millions.
Luc : 500 millions de personnes ! Ça commence à faire bien, ce n’est pas mal, un demi milliard !
CXP, « Incontournable Open Source », un article de la rédaction.
Manu : Oui, en 2018 il y a eu pas mal de choses qui se sont passées, notamment des échanges de milliards de dollars. Red Hat a été rachetée par IBM pour 34 milliards. Ça indique essentiellement que le logiciel libre est un bijou ; il a une grosse valeur pour les entreprises qui se le récupèrent.
Luc : Mais pas pour vous, parce que vous n’y avez pas droit. Les grosses boîtes l’utilisent pour leur propre profit mais ne donnent pas de liberté à leurs utilisateurs. Les Numeriques, « Microsoft ferme le rayon “livres” de son Store », un article de Mathieu Chartier.
Manu : Là il y a un côté « on vous l’avait bien dit ! »
Luc : Oui, on vous l’avait bien dit !
Manu : Parce qu’effectivement il y a un magasin d’applications, enfin de contenus, qui est en train de fermer. En soi ce n’est pas choquant.
Luc : Les e-books.
Manu : Effectivement, des e-books protégés par des soi-disant DRM, des menottes numériques, et là, en fermant leur magasin, ils indiquent à tout le monde : « Attention les gars, on efface à distance vos livres achetés sur vos liseuses parce que ce ne sont pas vraiment les vôtres à partir du moment où il y a des menottes numériques dessus. »
Luc : Dès lors qu’ils ferment leur service, eh bien le système de contrôle des fichiers arrête de fonctionner. Il y a des dommages.
Manu : Oui, ils remboursent les livres, c’est bien le minimum !
Nolwenn : Oui, mais il y a aussi des notes qui sont associées à ces livres.
Manu : Sache que ça va. Ils vont te rembourser 25 dollars pour tout ce que tu as pu faire sur ton livre numérique. Tu es contente !
Luc : Hou ! C’est trop la fête.
Nolwenn : Grave !
Luc : L’ADN, « Écrans publicitaires : comment éviter d’envoyer ses données aux marques », un article de la rédaction.
Manu : Ça reparle d’informations personnelles, mais là c’est plus précis, ça concerne des écrans publicitaires.
Nico : Ce sont des écrans publicitaires qui sont arrivés dans le métro. Il y a des caméras qui essayent de détecter les téléphones et autres.
Manu : Et qui récupèrent des informations techniques.
Nico : Qui récupèrent des informations techniques du téléphone. Il y a un développeur qui a fait une petite page internet qu’on peut héberger n’importe où. Si vous y allez ça génère des adresses MAC, en fait les identifiants de votre téléphone de manière aléatoire et ça les soumet à l’agence de publicité en disant « je ne veux pas être suivi ». Du coup comme ça, on a démultiplié les possibilités de blacklister des centaines de milliers de téléphones dans la nature.
Luc : 01net., « Article 17 : cinq questions pour comprendre ce que cette nouvelle règle du droit d’auteur va changer », un article d’Amélie Charnay.
Manu : C’est l’article 17, mais en fait ça correspond à l’article 13 dont on se plaignait beaucoup ces dernières semaines, ces derniers mois, ça correspond à la directive droit d’auteur qui vient d’être passée au niveau européen.
Luc : Malheureusement !
Manu : Grand malheureusement, donc il y a plein de questions qui se posent. Allez jeter un œil sur ce genre d’articles-là, il y en a plein d’autres, il y a plein de choses qui vont se mettre en place à la suite de cette directive, notamment au niveau français.
Luc : Techniques de l’Ingénieur, « L’open source : des failles qui se multiplient », un article de Philippe Richard.
Manu : Ce n’est pas un nouveau sujet là aussi. Il y a des failles dans le logiciel libre, qu’ils appellent open source.
Luc : Dans tous les logiciels.
Manu : Oui. Il faut toujours rappeler qu’il y a plein de failles partout. Il se trouve que quand c’est du logiciel libre c’est plus facile d’en parler et c’est plus facile de mettre du monde pour corriger.
Luc : Et c’est plus difficile de le cacher.
Manu : Et c’est plus difficile de le cacher en général. Mais ça a aussi révélé dans le passé qu’il y avait des logiciels libres utilisés par tout le monde sur Internet, donc une grosse valeur, et que ces logiciels libres étaient parfois développés par une seule personne et il est arrivé qu’il y ait des failles. Maintenant on se rend compte un petit peu qu’il faut investir là-dedans : il faut encourager des développeurs, des équipes de développeurs et il faut s’assurer que l’infrastructure qu’on utilise pour l’informatique de tous le jours fonctionne encore et toujours.
Luc : C’est quoi notre sujet de la semaine ?
Nico : On va parler encore censure et YouTube.
Luc : On avait parlé d’une vidéo [1] il y a quelques mois suite à un truc du Joueur du Grenier qui est un type qui fait des vidéos assez marrantes sur des jeux, qui n’est pas du tout un libriste, qui est un peu sensible aux questions d’Internet mais pas tant que ça.
Manu : Surtout depuis qu’il a une chaîne internet et que l’article 13, dit article 17, est en train de passer.
Luc : Voilà, tout à fait. Donc à l’époque c’était assez intéressant de voir l’importance et l’influence et le système qui se mettait en place au niveau de YouTube par rapport à la gestion des droits d’auteur et des ayants droit. Si on résume le truc, quelqu’un qui fait une vidéo sur YouTube peut utiliser par exemple de la musique ou des images qui sont couvertes par un droit d’auteur, ou pas d’ailleurs, ou en tout cas qui sont revendiquées par un ayant droit qui dit : « Ces trucs-là sont à moi ». Dans le système de YouTube, l’ayant droit peut récupérer 100 % de l’argent généré par une vidéo dès lors qu’il y a ne serait-ce qu’un petit bout d’un truc qu’il a identifié à lui dans la vidéo.
Nico : Après le Joueur du Grenier et la musique d’Harry Potter qu’avait été revendiquée par Disney, il y a e-penser donc Bruce Benamran [2] qui fait de la vulgarisation scientifique sur une chaîne YouTube, qui a un petit million d’abonnés, donc ce n’est pas non plus un petit inconnu.
Manu : Il a une certaine notoriété, il passe avec des stars comme Alexandre Astier dans différentes conférences.
Nico : Donc il a fait une vidéo sur un petit blues man américain qui est mort il y a 70 ans.
Manu : Donc son œuvre est dans le domaine public.
Nico : L’œuvre est dans le domaine public et donc il a illustré sa vidéo avec dix secondes d’un extrait musical composé par cette personne-là. Un des ayants droit a décidé de récupérer la monétisation de cette vidéo-là. Bruce n’est pas du tout d’accord, bien entendu, puisqu’il y a le droit de citation en France.
Manu : Et en plus de ça c’est dans le domaine public.
Nico : Ce serait compliqué puisque la mélodie en elle-même est dans le domaine public, mais l’interprétation qui a été faite à ce moment-là, potentiellement est bien détenue par des maisons de disques ou autres. En tout cas il a dit : « Non, ça fait partie du droit de citation ; dix secondes sur une vidéo de plusieurs minutes, il n’y a pas photo ! » Donc il a un bouton « faire appel » dans YouTube. Sauf que cet appel-là est traité par l’ayant droit lui-même.
Luc : C’est un recours gracieux.
Nico : Voilà. Un recours en disant « voilà mes arguments, pourquoi j’ai le droit de faire ça et j’ai une légitimité de le faire ». Sauf que c’est l’ayant droit qui récupère ce truc-là et qui doit le traiter. Là l’ayant droit dit : « Non, moi je maintiens ma démonétisation. » Là il y a une espèce de deuxième appel possible de fait mais qui va encore une fois auprès de l’ayant droit, avec un mécanisme un peu particulier au sens où si jamais cet appel-là est refusé, toujours par l’ayant droit, vous recevez ce qu’on appelle un strike [3].
Manu : Un avertissement. Je viens de regarder la traduction.
Nico : C’est un avertissement dans YouTube. Le premier on vous supprime la vidéo en question et on suspend vos droits pendant une semaine ; au deuxième on vous supprime la vidéo et on suspend pendant deux semaines et au troisième eh bien on vous strike complètement votre chaîne YouTube, on vous supprime vos vidéos et votre compte disparaît juste de la surface de la planète. Donc Bruce Benamran a déjà plusieurs dossiers…
Nolwenn : Benamram ?
Nico : Benamran. Benamram. [Le nom exact est Benamran, NdT]
Nico : Il pensait déjà à plusieurs cas comme ça, en fait en cours de gestion. Il y a la première vidéo qui va se faire striker le 8 avril, il y en une autre qui va se faire striker le 24 avril, donc il attend son troisième strike prochainement ; donc ça risque de disparaître.
Manu : Il semblerait, on est en train de regarder quasiment en temps réel, que lui-même a réagi il y a deux jours et que sa chaîne a été passée en mode privé.
Luc : On enregistre lundi soir. Il n’y a plus rien ou presque sur sa chaîne. En gros c’est lui qui a pris les devants. À priori c’est ça ?
Nolwenn : Il n’y a plus rien ou presque sur sa chaîne ou c’est juste que nous on n’y a pas accès parce qu’on n’est pas abonnés à sa chaîne ?
Manu : Elle est marquée comme privée. Non, non. Même si on était abonnés, vraisemblablement elle est privée donc il n’y a plus que lui qui y a accès. Peut-être qu’il peut partager, mais globalement il a, en quelque sorte, retiré tout ce qu’il avait fait comme contenus sur YouTube. Il y a quelques exceptions mais c’est rare. En gros, d’après son compte Twitter, il l’a fait exprès, en quelque sorte, pour se plaindre à YouTube de ne pas avoir de tierce personne qui prend part dans son conflit avec l’ayant droit.
Luc : Oui. Parce que là-dedans YouTube, en gros si c’est l’ayant droit qui veut récupérer le pognon qui juge à chaque fois, YouTube là-dedans n’intervient pas.
Nico : Non. Et puis il pensait essayer de se rapprocher de YouTube en disant « attendez je fais des appels mais c’est toujours la même personne qui me répond. Il faut peut-être que vous tranchiez un peu et que vous m’aidiez. » En fait YouTube a dit : « Non, les conflits entre tiers ça ne nous regarde pas, vous voyez ça entre vous et nous on n’a pas notre mot à dire. » Ne pas prendre position c’est bien sûr prendre position !
Luc : C’est une neutralité qui n’est quand même pas très honnête.
Nico : Surtout que Bruce, en fait, a décortiqué tout le mécanisme de Content ID derrière et il montre bien…
Manu : Content ID ?
Nico : C’est le filtrage. En fait ce n’est pas un filtrage du coup, il explique bien comment ça marche, mais ce n’est pas un filtrage au sens où ce n’est un robot qui va prendre la décision. Les ayants droit mettent à disposition de YouTube l’intégralité de leur catalogue.
Manu : De ce qu’ils veulent référencer en tout cas.
Nico : De ce qu’ils veulent référencer. Le Content ID navigue dans YouTube à partir de règles en fonction du nombre de visiteurs d’une vidéo ou autres et va rapporter à l’ayant droit toutes les vidéos qui contiennent un morceau d’extrait sonore ou vidéo de son propre catalogue. Là il y a des outils pour, en gros, tout sélectionner, démonétiser. Donc c’est juste de l’abattage fait par l’ayant droit.
Luc : L’ayant droit n’a pas nécessairement l’obligation de justifier qu’il a effectivement les droits dessus. On peut imaginer sans mal qu’il ne va pas faire dans la dentelle et récupérer tout le pognon qu’il peut.
Nico : On en arrive à des cas comme e-penser. Il était intervenu à France 4 dans une émission qui a diffusé un magnéto de ses propres chaînes YouTube. Il se trouve que France 4 a réclamé la démonétisation de sa vidéo parce qu’elle considérait que c’était du contenu France 4 alors que non, c’était du contenu de e-penser qui était diffusé sur France 4.
Luc : La solution qu’il aurait ce serait de faire un vrai procès.
Nico : C’est compliqué. Déjà il faut trouver la bonne juridiction.
Manu : Comment ça ? C’est compliqué de trouver la bonne juridiction ?
Nico : Si on parle de YouTube, ça va être dans un tribunal au fin fond de la Californie. Il risque d’y avoir des ayants droit au Texas ou on ne sait pas trop où. Le droit français qui va donner le droit de citation. Le fair use qui existe aux États-Unis mais pas en Europe. C’est un vrai merdier abominable !
Luc : Hormis le fait que ça coûte une fortune. En gros, s’il se lançait là-dedans ça lui coûterait beaucoup d’argent. On peut supposer que ce sera fini dans dix ans et en attendant, l’ayant droit lui a le doigt sur le bouton et il fait ce qu’il veut.
Nico : C’est ça.
Manu : Sachant qu’on est dans un champ qui est en train de bouger. L’article 17 qui vient d’être voté peut chambouler tout ça.
Nico : Là, pour le coup, ça serait peut-être presque intéressant puisque l’article 17 imposerait d’avoir un tiers neutre pour justement les appels et les prises de décision en cas de conflit ce qui permettrait peut-être…
Manu : De résoudre ce cas-là en tout cas.
Nico : De résoudre ce cas-là en particulier. Après c’est toujours pareil, si le tiers neutre, en fait n’est pas si neutre que ça et est toujours à la solde des ayants droit parce que ça m’étonnerait que ça vienne d’un artiste ou d’un truc comme ça.
Luc : Là on voit Google. On peut supposer que vu tout ce qu’ils se prennent dans les dents avec les ayants droit qui veulent leur prendre l’argent et justement cette loi qui vient de passer qui vise quand même en grande partie à leur pomper de l’argent…
Manu : Et avec les États. La France a envie de récupérer de l’argent aussi.
Luc : Du coup ils ne veulent fâcher personne et ils vont dans le sens de celui qui tape le plus fort. Pour moi ça démontre que tous ces systèmes de surveillance automatiques sont inefficaces.
Manu : Et les systèmes de centralisation. Le contenu centralisé c’est un moyen facile de bloquer une personne sur toute son existence numérique quasiment.
Luc : Voilà. Celui qui a la main sur le système a le pouvoir, fait ce qu’il veut et peut choper 100 % des revenus d’une vidéo alors qu’il n’y a qu’une toute petite fraction qui est couverte par un droit d’auteur.
Nico : Après la centralisation a aussi des intérêts. Par exemple la modération est très difficile à faire dans un contexte distribué puisque, du coup, chaque personne va devoir se prendre par la main et faire le boulot, alors qu’on a vraiment des gros gains à tout centraliser et avoir une modération centrale avec des vraies personnes formées, y compris au niveau psychologique. Par exemple, si on parle de censure terroriste ou de la pédopornographie, il y a intérêt à avoir le cœur bien accroché.
Manu : Je pense que tu abuses en disant que les gens ont été formés. Il y a des documentaires là-dessus.
Nolwenn : Oui. Il y a le cas de Facebook qui est apparu il y a quelques mois où justement il y a des modérateurs qui sont en grande détresse psychologique parce qu’ils ont vu passer des choses vraiment pas sympas.
Manu : Et ils n’étaient pas formés du tout.
Nolwenn : Voilà.
Luc : Depuis le début d’Internet les modérateurs ce sont des communautés, ce sont en général des bénévoles qui font partie d’une communauté avec des gens qui se foutent sur la gueule comme partout. C’est plus ou moins bien, mais il y a quelque chose de foncièrement humain, de foncièrement social dedans et pas quelqu’un qui est payé pour cliquer toute la journée sur des trucs.
Manu : Il y a une alternative qu’on promeut ici, dont on discute régulièrement qui s’appelle ?
Luc : PeerTube [4].
Nico : PeerTube.
Manu : C’est décentralisé, c’est plutôt intéressant technologiquement, ça a été proposé à Bruce donc le responsable de e-penser, enfin le créateur de e-penser, malheureusement il a mal réagi.
Luc : Qu’est-ce qu’il a répondu ?
Nolwenn : En gros il a répondu que PeerTube il y a du « porn chelou » et des snuff movies.
Manu : Des snuff movies ? Hein ? Quoi ?
Luc : On ne va pas en parler ! Ce n’est pas un libriste. Il dit aussi qu’il est dans la défense de son bon droit, etc., mais l’alternative ne l’intéresse pas trop. C’était à peu près le même topo avec le Joueur du Grenier quand il avait fait sa vidéo. Ce sont des gens qui ont une grosse audience et à mon sens c’est une des faiblesses qu’on a aujourd’hui dans les alternatives qui sont proposées par le monde du Libre, c’est que techniquement ça marche et c’est prometteur ; il y a des gens hyper-motivés, hyper-compétents et pleins de talent, mais il y a cette question de ce que moi j’appelle l’économie de la rareté : il y a une rareté, c’est le fameux temps de cerveau disponible.
Manu : L’attention.
Luc : L’attention. Nos journées ne font que 24 heures, on passe quelques heures devant un écran. Le fait de découvrir quelqu’un, le fait de passer du temps à regarder, etc., tout ça c’est une rareté et aujourd’hui les GAFAM sont très forts pour maîtriser ça et dans le Libre on n’a pas grand-chose.
Nico : Il y a aussi l’économie tout court puisqu’il y a le problème de la monétisation. Ça pose beaucoup moins de questions avec des alternatives comme Tipeee, Patreon.
Manu : Donc des outils de don.
Nico : De don direct.
Luc : Il y a aussi des gens qui font de la pub directe, même si moi je n’aime pas la pub, ils peuvent être indépendants de la plateforme au niveau financier. Mais dès lors qu’ils n’arrivent pas à exister dans l’espace et à avoir suffisamment de public, même si ce qu’ils font est très bien, eh bien c’est foutu.
Nico : Ça ne marchera pas.
Luc : Ça ne peut pas marcher ! À mon sens c’est vraiment un truc sur lequel il faut réfléchir : nos propres alternatives et ce qu’on a à proposer.
Manu : Ça va sûrement évoluer et puis ça va évoluer au niveau de e-penser parce que là sa chaîne passée en privé ça va sûrement bouger, on va voir. Est-ce qu’on en parle ? Pour l’instant ça n’a pas été repris sur les médias. Peut-être qu’il n’est pas assez connu pour cela, pour l’instant. Peut-être que vous allez en entendre parler demain sur France 2 et on aura été les premiers à en parler, pour ce que ça peut servir. En tout cas bonne chance à lui quand même parce qu’il se trouve confronté à une machine invulnérable et ce n’est pas lui qui va pouvoir la faire tomber.
Luc : Très bien. Nous on reste indépendants de YouTube et on se retrouve la semaine prochaine.
Manu : À la semaine prochaine.
Nolwenn : À la semaine prochaine.