- Titre
- : Obsolescence programmée vs durabilité planifiée -« why ! »des ordinateurs contre l’obsolescence.
- Intervenant
- : François Marthaler
- Lieu
- : Fêtons Linux - Genève
- Date
- : Mai 2014
- Durée
- : 46 min 51
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vers la vidéo
Transcription
Très bien, mesdames, messieurs, je crois que, si on ne veut pas arriver à la fin de la journée avec une heure de retard sur l’horaire annoncé, on va commencer cette petite conférence. On peut encore peut-être laisser les portes ouvertes pour permettre à d’autres personnes de se laisser tenter par le suivi de cette conférence que je suis tenu de garder dans un cadre de une heure maximum dont quarante minutes de présentation.
Si on parle beaucoup, ces derniers temps, ces dernières années, d’obsolescence programmée, force est de constater que c’est fréquemment avec des exemples à l’appui qui viennent du domaine de l’électronique voire de l’informatique, et comme je suis, on le verra, je le rappellerai tout à l’heure, depuis plus de trente ans un fervent défenseur du concept de développement durable, eh bien j’ai considéré que le défi de concevoir de la durabilité dans le secteur de l’informatique était un défi passionnant qui devrait être un moteur. Voilà.
Je me permets de faire un bref récapitulatif de mon parcours professionnel parce qu’on pourrait parfois avoir l’impression que c’est un parcours un petit peu décousu, en zigzag. La réalité est plutôt celle d’une démarche parfaitement rectiligne et cohérente. Il faut remonter en 1980, il y a trente-quatre ans, lorsque je crée « La Bonne Combine », atelier de réparations en tous genres à Lausanne, qui existe toujours, qui répare toujours des milliers d’appareils chaque année, des produits qui se trouvent dans le ménage, de l’électroménager à l’électronique, en passant par le mobilier, les luminaires et que sais-je. Objectif, déjà à l’époque, essayer de lutter contre le gaspillage. J’avais le sentiment en 1980 que la camelotisation, c’était le terme consacré, la camelotisation du matériel ménager notamment, était juste, avait atteint les limites à ne pas dépasser et j’étais persuadé que les consommateurs se révolteraient rapidement et qu’il y avait donc un intérêt à proposer des services pour faire durer les objets qu’on avait, ma foi, payés fort cher. La réalité de l’histoire a été plutôt dans le sens inverse, la camelotisation s’est poursuivie jusqu’à ce qu’on finisse par parler d’obsolescence programmée, parce qu’il y a des cas effectivement patents à ce niveau-là, genre la machine à café avec son petit programmeur électronique qui compte le nombre de cafés et puis qui s’arrête en réclamant un service de réparation après x cafés. Voilà un bel exemple d’obsolescence programmée au sens strict.
Après ce qui s’est passé, c’est que « La Bonne Combine » a connu un certain succès, notamment dans les médias et je me souviens avoir entendu à plusieurs reprises des clients me dire « Ouais, mais écoutez, c’est bien joli ce que vous faites, c’est sympa de réparer les appareils, de lutter contre le gaspillage et contre la raréfaction des ressources, mais enfin, chaque fois que vous réparez un appareil, c’est un appareil neuf qui n’est pas fabriqué, qui n’est pas vendu. Vous tuez de l’emploi industriel ! » Et cette idée m’a tellement dépassé, qu’on puisse avoir dans la population une telle idée, que je me suis engagé sur le tard à reprendre des études à l’École des HEC de Lausanne pour essayer de savoir, bon sang de bonsoir, mais qu’est-ce qui dans la théorie économique libérale exigerait qu’on détruise la planète pour pouvoir soutenir le développement économique ? Évidemment, vous ne serez pas surpris d’apprendre que rien de tel ne figure dans aucune théorie économique classique ou néo-classique, c’est même exactement le contraire, puisque dans la théorie néo-classique, à l’équilibre général des marchés, dans une situation dite de concurrence parfaite, le bénéfice des entreprises est de zéro et on est dans une situation d’allocation optimale des ressources, en ce sens que le maximum de satisfaction et de bien-être est procuré aux consommateurs sous contrainte du minimum d’inputs en intrants, capitaux, main-d’œuvre, matières premières et énergie. Donc si l’économie fonctionnait réellement telle que la théorie la décrit on devrait arriver à une situation qui se rapprocherait assez de ce que postule le développement durable, qui lui, rajoute la notion de raréfaction des ressources.
Sorti de ces études, je me suis dit qu’après avoir réparé pendant quinze ans les camelotes fabriquées par d’autres, j’allais essayer d’apporter du conseil aux fabricants pour fabriquer dans une perspective durable. J’ai fondé le bureau d’investigation sur le recyclage et la durabilité et puis des rencontres du hasard ont fait que je me suis retrouvé candidat puis élu au Grand Conseil vaudois et cinq ans plus tard, candidat élu à la succession de Philippe Biéler qui était le premier conseiller d’État Vert dans le canton de Vaud. Pendant cette dizaine d’années passée à la tête du département des infrastructures, j’ai beaucoup fait avancer l’idée de développement durable, et j’ai notamment eu la responsabilité de l’informatique et beaucoup promu les solutions open source qui s’imposent, théoriquement, encore plus dans les collectivités publiques que dans les entreprises privées. Ces dernières étant plutôt en concurrence, on pourrait imaginer que l’esprit coopératif des logiciel libres devrait mieux fonctionner entre collectivités publiques. Ce n’est pas tout à fait ce qu’on observe, en réalité il y a bien des domaines où, pour la même tâche publique, les vingt-trois cantons inventent ou se font vendre vingt-trois solutions informatiques pour gérer le même genre de problème. Résultat j’ai fait en sorte que le mouvement de mutualisation de solutions informatiques entre collectivités publiques suisses, voire au-delà, s’accélère et le canton de Vaud a mis à disposition des autres cantons toute une série de logiciels dont la plate-forme CAMAC qui gère le complexe processus de demandes et d’octrois des permis de construire, qui est déjà utilisée par plusieurs cantons : dans le Tessin, deux cantons alémaniques et trois cantons romans.
Et puis voilà, j’ai pris ma retraite politique. J’avais assez donné et atteint les objectifs que je m’étais donnés dans cette fonction et puis, parmi une dizaine de projets, il y avait celui de promouvoir les logiciels libres dans la vraie vie, et c’est comme ça que j’ai été amené à créer « why ! open computing » qui veut vendre les premiers ordinateurs durables évidemment sous Linux. Je vous expliquerai en quoi l’un est absolument indissociable de l’autre.
Intéressant de noter qu’en tant que distributeur suisse du domaine informatique nous avons dû adhérer à la Swico, qui est association des entreprises du secteur qui, accessoirement, gère la taxe anticipée de recyclage. À ce titre-là, on reçoit leur rapport. Le dernier rapport annuel que j’ai reçu, qui portait sur le bouclement de l’exercice 2012, nous présentait ce tableau assez effrayant avec l’évolution des quantités totales de déchets électriques, électroniques en Suisse entre 2000 et 2012. Voyez qu’on est à peu près stables entre 2000 à 2002, mais entre 2002 et 2012 on passe de quantités totales de 35 000 à 130 000 tonnes de déchets en Suisse. Multiplication par 4 ! Je ne veux pas dire que c’est une preuve de l’obsolescence programmée, mais à l’évidence l’activité économique comme le nombre d’appareils qui se trouvent dans les ménages ou les entreprises n’a pas été multiplié par 4 en 10 ans, il y a certainement cette dimension de raccourcissement de la durée d’utilisation de la durée de vie de ces appareils.
Alors comment s’y prennent les marques et les fabricants pour gérer, on va dire, si ce n’est provoquer cette obsolescence accélérée. Je vois en tout cas deux leviers principaux. Le premier, bien sûr, ce sont les logiciels qui ne sont pas compatibles. En gros, vous avez certainement tous une fois ou l’autre vécu cette mésaventure. Voulant utiliser un nouveau logiciel pour pouvoir ouvrir des fichiers qui vous ont été transmis de l’extérieur, vous vous apercevez qu’il faut changer l’OS parce que l’OS est trop vieux pour supporter le logiciel. Puis le nouvel OS, vous ne pouvez pas l’installer sur votre machine qui n’est pas assez puissante, pas assez récente ou qui a des composants qui ne sont plus gérés par le nouvel OS, donc vous changez d’ordinateur. Et puis à la fin des fins vous vous apercevez qu’il n’y a plus moyen de trouver un driver pour votre vieille imprimante sur cette nouvelle machine, et vous changez encore l’imprimante et dieu sait quoi d’autre. Ça, c’est vraiment la manière la plus aisée et facile de forcer les consommateurs à renouveler de manière anticipée leurs équipements, soft et hardware, conjointement.
Et puis après il y a le caractère démontable, donc la possibilité qui existe de réparer ou de mettre à niveau votre machine pour qu’elle soit toujours dans la course bien des années après son achat, respectivement les prix des réparations des pièces détachées. Sur le caractère démontable ou peu démontable, je ne peux pas m’empêcher de briser une lance à l’encontre de Apple qui a certainement la palme en la matière. J’ai vu récemment une petite vidéo du démontage du dernier MacBook Pro Retina. Il faut juste savoir deux trois choses quand même. Pour ouvrir, juste pour ouvrir le boîtier il vous faut un outil spécial qui est un tournevis qui a été inventé par Apple pour Apple, tournevis pentalobé, alors que la plupart des outils du type Torx sont hexalobés. Donc sans l’outil, que vous ne trouvez évidemment pas dans un commerce quelconque, qu’on peut dégotter sur internet il est vrai, sans l’outil vous n’ouvrez même pas votre appareil.
Puis après si vous l’ouvrez, c’est généralement statistiquement pour faire la première chose, réparer la première chose qui tombe en panne dans un ordinateur portable, c’est l’accumulateur qui a une durée de vie qui peut osciller, selon l’usage qu’on en a, entre dix-huit mois et peut-être trois ans. Et bien les accumulateurs dans cet appareil sont collés dans le boîtier. Donc il faut trouver des combines incroyables, pour parvenir à réchauffer la colle, décoller la batterie, puis enfin la remplacer. C’est juste invraisemblable d’imaginer que le composant le plus évident, enfin qui devrait être renouvelé un peu comme les pneus d’une voiture plusieurs fois sur la durée de vie de l’appareil ne puisse être changé par le consommateur lui-même, ni même par le réparateur du quartier, ni le fils de la voisine qui touche un peu.
Eh bien les choses ne s’arrêtent pas là, pour bien montrer qu’il y a une volonté délibérée, du fabricant en l’occurrence, d’empêcher la réparation, la mise à niveau. Deuxième exemple c’est que sur ces nouvelles machines les barrettes mémoire sont soudées sur la carte mère maintenant. Donc vous ne pouvez pas rajouter, vous ne pouvez pas acheter une machine, parce que vous n’avez pas les moyens de mettre plus, avec 8 gigas de RAM, en vous disant demain je passerai à 16 ou à 32 gigas. Vous avez intérêt à viser juste tout de suite et puis à payer le prix de la mémoire maximum dont vous pensez avoir l’utilité sur le long terme. Malheureusement la plupart des gens ignorent cette impossibilité de mise à niveau. Puis alors où les choses commencent à devenir assez retorses, c’est quand on découvre que le disque SSD, parce qu’évidemment il n’y a plus de disque mécanique dans ces machines, le disque avec la mémoire flash qui fonctionne comme un disque dur, c’est une technologie tout à fait standard que plusieurs fabricants produisent, sauf que, Apple a fait développer un connecteur spécial au lieu d’utiliser le connecteur mSATA qui est utilisé par tous les autres constructeurs. Ils ont fait développer un connecteur spécial, ce qui fait que si vous voulez avoir un disque SSD parce qu’il est tombé en panne et qu’il ne conserve plus la mémoire, vous n’avez pas d’autre choix que de passer à la caisse chez Apple qui vraisemblablement vous convaincra qu’il n’y a pas beaucoup à rajouter pour avoir un appareil neuf de la dernière génération. Voilà le genre de choses que l’on voit.
Et puis sur la politique des prix, juste une petite anecdote, je ne vais pas être très long là-dessus, mais il y a quelques mois, à la Bonne Combine précisément, un client a rapporté un laptop avec un écran cassé, parce que malheureusement il l’avait posé sur une chaise, puis après il s’est assis sur la chaise en oubliant que l’appareil était posé dessus. Écran brisé. Le prix de la pièce chez l’importateur à Zurich : 700 francs. Mais il se trouve et c’est là qu’on voit qu’il y a des politiques tarifaires qui vont vraiment dans le sens d’une obsolescence programmée, c’est qu’exactement la même pièce, on peut la trouver sur internet et se la faire livrer dans les trois jours depuis le Canada pour 70 dollars. C’est moins du dixième du prix. Alors, bien évidemment, dans le premier cas, 700 francs la pièce plus la main-d’œuvre, la personne, même sur un laptop qui a deux ans et demi, dans le cas précis, renonce à faire la réparation, achète un nouveau. Dans le second cas, 70 dollars plus la main d’œuvre, c’est évident que la réparation sera effectuée.
Malheureusement il y a une limite à tout, comme le disaient déjà les économistes du Club de Rome, une croissance infinie, c’était à la fin des années septante, une croissance infinie dans un monde fini, ce n’est pas possible. Eh bien, figurez-vous, qu’on commence, enfin que les industriels commencent à s’en inquiéter. D’une part parce qu’on commence à prendre la mesure des impacts de la production, des impacts environnementaux de la production de ces appareils. Là vous avez un petit graphe qui sort d’une étude du laboratoire fédéral d’essai sur les matériaux, l’EMPA, avec à gauche les impacts sur l’environnement de la fabrication, au milieu les impacts sur l’environnement de l’utilisation puis à droite les impacts sur l’environnement, en réalité les bénéfices, liés à la récupération de matières premières notamment, les bénéfices du recyclage, la phase d’élimination.
En bleu foncé ce sont les ordinateurs de bureau avec écran cathodique, on va les oublier parce qu’ils n’existent plus. En vert ce sont les ordinateurs de bureau avec un écran plat. En orange les ordinateurs portables. Ce qui est intéressant de noter ici, c’est qu’entre la colonne fabrication et puis la colonne correspondante utilisation, il y a peu près un facteur quatre à cinq. Ça veut dire que sur la durée de vie, l’ordinateur, que l’on vous invite à remplacer plus rapidement parce que le nouveau est plus écologique, eh bien, va engendrer un impact sur l’environnement cinq fois inférieur à celui qu’il a déjà provoqué lors de sa fabrication. Conclusion en termes de développement durable, il n’y a qu’une seule réponse à apporter c’est de faire durer ses appareils le plus longtemps possible.
Et puis, maintenant, justement c’est ce que je disais à l’instant, les industriels commencent à se rendre compte que ceci ne pourra pas aller à l’infini. Il y a certains composants absolument nécessaires à la fabrication de ce genre d’appareils qui sont en voie de raréfaction totale, voie d’épuisement, à des horizons de dix, quinze, vingt ans et qui se sont décidés, là c’est de nouveau la Swico en collaboration avec l’EMPA, qui se disent, eh bien maintenant on va essayer déjà de récupérer l’indium et le néodyme, qui sont deux de ces métaux que l’on dit sensibles pour leur rareté et des conditions dans lesquelles ils sont extraits et qui commencent à manquer. Et on va essayer de récupérer ça, quelques milligrammes par kilo, dans des montagnes de déchets, aujourd’hui ces métaux sont malheureusement perdus. Donc on voit bien qu’on sera gentiment amenés à concevoir une économie circulaire, fermée sur elle-même, un peu comme la nature fonctionne, où les déchets des uns servent à la croissance et au développement des autres, dans une boucle fermée.
Alors comment « why ! » va t-il faire pour réaliser, concrétiser l’objectif d’ordinateurs durables, qui puissent durer plutôt dix ans que trois à cinq, comme ça semble être le cas aujourd’hui. Eh bien tout d’abord c’est la qualité de démontablité. Pas tellement la qualité intrinsèque, parce qu’au fond il s’agit de composants pour la plupart du temps assez standards, de fabrication Intel ou normalisée, qui peuvent aisément être remplacés. Et c’est ainsi que l’appareil est extrêmement démontable avec un tournevis courant, que tout le monde a dans le ménage, et puis, dès la mise en vente du produit, on trouve sur iFixit.com aux États-Unis, je précise que la plate-forme a été traduite depuis peu en allemand, en italien, en français, en espagnol, une plate-forme collaborative où sont publiés les guides pour faire toute opération de réparation, de mise à niveau sur ces machines. Je crois que c’est une première mondiale. Il y a des milliers et des milliers de guides sur iFixit.com, mais tous ces guides ont été réalisés par des gentils bricoleurs qui ont pris le temps de mettre leur savoir, leurs compétences techniques à disposition de la communauté. Là c’est la marque elle-même qui se préoccupe de tout faire pour que ses appareils puissent durer le plus longtemps possible, ce qui en soit constitue un modèle économique assez révolutionnaire.
Deuxièmement, évidemment on mise sur les logiciels libres. Pourquoi me direz-vous ? Ce n’est pas seulement par affection, mais tout simplement et concrètement parce que la machine que j’ai là devant moi, fabriquée en 2013, eh bien je n’ai absolument aucune certitude que Windows, elle tourne aussi très bien sous Windows, que Windows 2025 sera toujours capable de gérer tous les composants qui se trouvent à l’intérieur. En tout cas je ne peux avoir aucune garantie de la part de Microsoft à ce sujet, et puis j’ai même furieusement l’impression que la réponse, enfin j’aurais tendance à dire spontanément que la réponse est négative. Or avec le modèle des logiciels libres, je pourrai toujours, même dans dix ans, au besoin réinstaller la vieille version Ubuntu 12.04, qui était sur la machine et qui gérait bien ce hardware-là en 2013. Et puis il y a toute la maturité de ces systèmes d’exploitation Linux et en particulier la simplicité d’utilisation pour un non geek qu’offre Ubuntu, avec des mises à jour régulières. En fait votre système d’exploitation ne sera pas le même dans dix ans que ce qu’il était aujourd’hui, ni même il ne sera le même à fin de la période de cinq ans pendant laquelle la version Long Term Support sera maintenue, parce qu’il y a toutes les semaines des mises à jour y compris sur le noyau Linux. Voilà.
Et puis l’autre constat, et là, c’est à nouveau l’économiste plutôt que l’écologiste qui parle, c’est l’incroyable modèle des logiciels libres qui fait qu’on a, en réalité contrairement à ce que d’aucuns pourraient imaginer, non pas des logiciels gratuits qui ne valent rien, mais au contraire des logiciels gratuits qui sont les plus performants, qui sont développés avec les coûts de production les plus faibles, tout ça grâce à une « coopétition », comme disent certains, c’est ce mélange de coopération et de compétition. Pour faire court, je crois qu’on peut dire que le fait de pouvoir réutiliser tout morceau de code qui fonctionne bien dans un autre projet, fait qu’évidemment on construit plus rapidement les choses, mais aussi qu’ils s’améliorent extrêmement rapidement ces logiciels, et qu’on se retrouve dans une situation où, en gros et pour caricaturer, si vous n’avez pas le meilleur produit qui soit au monde, vous disparaissez à peu près aussi vite que votre logiciel a été lancé au départ.
Et puis la logithèque que l’on trouve sur Ubuntu permet vraiment à n’importe qui, sans rien connaître à l’informatique de sélectionner un programme adapté à sa machine, cliquer sur un bouton installer, tester le logiciel, éventuellement le désinstaller tout aussi simplement. Et on a vraiment accès à un patrimoine logiciel en perpétuel développement, amélioration, et évidemment toujours respectant les standards ouverts qui nous permet d’univers informatique ou de système d’exploitation sans risque de ne plus pouvoir accéder aux donnés que vous avez vous-même générées, qui sont les vôtres, indépendamment du logiciel qui a permis de les générer.
Puis après le dernier élément qui me sensibilise beaucoup là-aussi en tant qu’économiste, c’est que j’ai fait le calcul que lorsque l’état de Vaud développait des projets importants en informatique, avec des solutions propriétaires, plus de la moitié des coûts traversait l’Atlantique pour aller dans la poche des éditeurs, alors que dans le modèle open source, lorsque l’on faisait des projets open source, la quasi totalité de l’argent restait en Suisse et quelque part promouvait la création d’emplois, l’innovation, la maîtrise technologique locale. C’est pour ça qu’on a fait un gros effort pour déployer un réseau de partenaires. C’est toutes ces petites entreprises qui ont une connaissance de Linux parce que, je rappelle juste que sur les serveurs, Linux occupe à peu près deux tiers de parts de marché quand ça n’est que 1 % sur le poste de travail. En gros quand les informaticiens se posent la question de savoir quel logiciel utiliser, s’agissant du système d’exploitation, c’est Linux qui est choisi, puis quand c’est le particulier, on préfère rester dans le cocon douillet de Mac OS X ou de Windows. C’est malheureusement ainsi ! Bref pour rassurer tout le monde, j’ai voulu démontrer avec une carte qui comprend aujourd’hui plus de cent trente spécialistes Linux dans toute la Suisse que, si on quittait les bras de sa marque fétiche pour embrasser Linux, on ne serait pas tout seul, il y a des possibilités de tester, d’acheter, d’obtenir des conseils, des réparations, ou voire chez certains, de suivre des cours de formation sur Linux pour débutants ou plus pointus, si nécessaire. Alors voilà, j’ai lancé un pari que j’espère bien gagner, avec quand même quelques atouts pour lui puisque, à l’heure où je vous parle,« why ! »est la seule marque qui propose un ordinateur portable, je dis bien portable, avec Linux pré-installé dessus et puis c’est une première mondiale en ce sens que c’est la première fois qu’une marque fait tout pour que ses produits durent le plus longtemps possible.
Et puis, autre source de satisfaction, c’est que cette démarche s’inscrit clairement dans une tendance, un trend tout à fait passionnant, l’open hardware qui vise en gros à faire ce qu’on a fait sur les logiciels libres et qui a fait leur succès, dans le domaine du hardware et des machines, avec le respect des règles que je viens d’évoquer sur l’interopérabilité, la modularité, la réparabilité et, au fond, mettre en ligne les plans ou concevoir de manière collaborative les plans d’un appareil complexe comme le smartphone qui est présenté ici. C’est à peu près la même chose que de mettre sur Internet, à disposition de tout le monde, les plans sur comment démonter et réparer. C’est un peu la même démarche, et cet open hardware je pense qu’il ira très loin quand on sait que Google, par exemple, a investi 12 milliards et quelques de dollars pour racheter Motorola Mobile et puis signer un contrat l’an dernier avec Phonebloks. C’est le projet d’un designer hollandais qui propose de construire un smartphone par éléments séparés et distincts. Ils doivent évidemment être normalisés qu’ils puissent s’échanger les uns les autres, pas seulement dans un but de réparation, mais parce que vous pourriez avoir besoin d’un écran plus grand, parce que vous avez une mauvaise vue ou que sais-je, ou bien parce que vous avez envie de renoncer peut-être à la caméra, je dis n’importe quoi, au profit d’un accu de plus grande capacité qui vous permet, dans un long trek de dix jours sans prise électrique, d’aller plus loin. Ça c’est proprement révolutionnaire. Ça signifie que si ce projet aboutit, ce dont je ne doute pas une seconde, vous pouvez être un petit commerçant qui imagine un certain assemblage, destiné à une certaine clientèle, de ces différents composants, pour faire un smartphone vraiment adapté, soit vous pouvez être un petit industriel. Je ne sais pas, je prends l’exemple de notre fabricant national, enfin un de nos fabricants nationaux de piles et accumulateurs, Leclanché à Yverdon, qui bat de l’aile depuis de fort nombreuses années, qui pourrait proposer, à tous les clients du produit estampillé Google et surtout à l’échelle d’un marché mondial, des accumulateurs particulièrement performants, alors pas au prix de la camelote fabriquée en Chine, mais voilà, d’autres prix et puis écouler des quantités de produits dans ce sens-là sur un objet qui soit durable et réparable.
Après on sort même du secteur de l’informatique, enfin pas tout à fait, parce que je vous invite à aller regarder, je pourrais en faire une conférence pour elle même, le site OpenSourceEcology.org. C’est un projet qui vise à créer un kit de démarrage pour une nouvelle civilisation. En gros l’idée c’est de permettre à un village, par hypothèse africain, de produire lui-même, d’entretenir tous les appareils nécessaires à son développement, du tracteur au groupe électrogène, en passant d’ailleurs par le haut-fourneau, ben oui, pour fabriquer l’acier dont sont faits les autres appareils et en passant par la table de découpe, laser ou autre, pour fabriquer d’autres produits. Tout ça avec des plans qui sont publiés, disponibles, vous avez accès à tout ça. On est vraiment à un changement de civilisation.
On observe ici aussi la dynamique formidable des logiciels libres en ce sens que tout est parti de l’histoire d’un paysan américain qui casse pour la deuxième fois son tracteur et qui se dit je vais le faire moi-même, maintenant, mon tracteur. Il fera exactement ce que je veux, si il casse je sais à qui m’en prendre, mais j’en ai marre ! Et puis il fait ça, il a peu une drôle d’allure le tracteur, mais il fait ce qui est attendu de lui et puis à l’issue de ça, il a encore passé quelques heures à documenter tout ça sur internet. Et c’est comme ça que ce projet de kit de démarrage pour une nouvelle civilisation est parti. Et puis c’est marrant parce que qui c’est qui est derrière cet opensourceecology.org ? C’est une certaine fondation Mark Shuttleworth, le fondateur de Canonical, qui est l’éditeur de Ubuntu puis qui a fait fortune en Afrique du Sud dans le domaine des systèmes de sécurité, si je ne m’abuse.
Et bien voilà, la boucle est bouclée. Vous voyez bien que open source, open hardware, durabilité, autonomie, revenir à des échelles de production plus petites. J’évoquais à l’instant le haut-fourneau. Oui, je dis haut-fourneau parce que c’est comme ça qu’on appelle ça aujourd’hui. Ce sont ces trucs où il faut s’appeler Mittal, avoir une société qui pèse des milliards de capitalisation boursière pour racheter des installations absolument gigantesques. Là on parle d’un haut-fourneau, qui ressemble, avec les dernières technologies de four à induction, à ce que nos ancêtres faisaient à l’âge du fer, il y a trois mille cinq cents ans. Donc on change d’échelle, complètement. Et, au fond, on va un petit peu vers une sorte de mondialisation à taille humaine, alors que c’est, jusqu’ici, le contraire qui s’est produit avec des entreprises de plus en plus gigantesques. Je lisais l’autre jour que Foxconn, ceux qui fabriquent en Chine les ordinateurs Apple, emploient plus d’un million de collaborateurs. Incroyable ! Et puis si vous n’avez pas cette taille-là, eh bien vous n’êtes pas compétitif. Ben donc tout ça est en train de changer. Je vous invite à aller jeter un petit coup d’œil, parce que c’est absolument passionnant. Évidemment ça me donne plein d’idées, parce qu’après l’ordinateur why !, pourquoi ne pas imaginer, je ne sais pas moi, la machine à laver« why ! »La machine à laver qui aurait un Rasperry Pi, ce petit ordinateur taille de crédit, avec son petit programme qui pilote tous les composants, et puis au lieu de changer dans cinq ou six ans la machine à laver pour en acheter une plus écologique, vous allez télécharger sur internet, sur le site de « why ! » le dernier programme qui lave encore plus écologique, que vous installez sur la machine. Ou alors vous lancez un petit programme de diagnostic et la machine, avec votre portable why !, par hypothèse, et la machine vous dit quel est le composant défectueux et vous accédez directement à la page iFixit qui vous dit combien de temps ça va prendre, combien coûte la pièce, si c’est difficile ou pas difficile, à portée de tout le monde ou pas, que d’effectuer la réparation.
Voilà un petit peu les perspectives que ça ouvre, assez magiques. Et puis j’aurais atteint mes objectifs lorsqu’on pourra donner moyen au chauffeur de taxi-brousse en Afrique de continuer à faire rouler des voitures en arrachant l’ordinateur de bord, vous savez, celui qui empêche le véhicule de démarrer si la ceinture de sécurité du conducteur ou du passager n’est pas fermée, ce qui évidemment pose des problèmes dans ces pays-là. Remplacer ça par un petit ordinateur open source dont les programmes peuvent être téléchargés, et qui permettent de faire des diagnostics et qui permettent de réapprendre à réparer soi-même ces machines qui sont devenus des ordinateurs roulants.
Voilà. J’ai magnifiquement tenu mon temps de parole. J’espère avoir suscité votre curiosité. On peut maintenant passer à une petite séquence de questions-réponses. La parole est à qui veut la prendre. Il y a un micro qui va être apporté à qui a un commentaire à faire.
Public : Bonjour. J’ai deux questions, ou deux remarques. La première est-ce que vous pensez, vous avez baigné dans le monde politique, est-ce que vous pensez qu’au niveau politique il y aura, à terme, une certaine incitation des fabricants ou des distributeurs ou du monde commercial en général, à fabriquer, à mettre en vente des produits qui seront un peu plus durables qu’aujourd’hui ? Que ce soit sous forme d’incitation, ou même quelque chose de plus contraignant, par exemple aujourd’hui la plupart des appareils mobiles ont, enfin les fabricants ont été forcés je crois par l’Union européenne de se mettre d’accord sur un connecteur de recharge, bon c’est un petit détail, mais qui permet avec l’USB ou micro-USB de se connecter partout, alors qu’il y a cinq ans c’était la merde quoi ! Est-ce que ce serait imaginable que quelque chose vienne, que ce soit au niveau national, que ce soit au niveau plus large, mais à travers le monde politique, pour forcer ou inciter les constructeurs à aller dans ce sens-là ?
François Marthaler : Merci pour cette vaste question. En gros je résume. Qu’est-ce que le monde politique peut faire ? Ou comment légiférer pour favoriser des solutions plus durables, en particulier l’interconnexion, l’interopérabilité des appareils entre eux, pour éviter de devoir tout changer dès qu’il y a un composant qui est défectueux, par exemple ? J’aurais tendance à dire pas grand-chose. J’aurais tendance à dire pas grand-chose, parce que force est de constater sur la base de mon expérience politique que la politique et en particulier les législations sont plutôt toujours en retard sur ce qui se passe dans la vie réelle. Alors que le pouvoir qu’ont les consommateurs de tourner le dos à des comportements abusifs de la part de tel ou tel fabricant est probablement un levier qui pourrait faire changer beaucoup plus vite les choses. Je pense à cet égard à ce site en Allemagne, créé par un prof d’uni, invitant à donner des exemples d’appareils tombant en panne, avec marque, modèle, etc, juste après la fin de la garantie, pour pouvoir documenter scientifiquement ce phénomène. Et je peux vous dire que ça fait du mal parce que de plus en plus les gens vont commencer à aller regarder ce genre de sites ou voir certaines plates-formes en ligne, vont les intégrer dans leur shop pour vous permettre d’accéder directement à ce type d’informations pour orienter les comportements. Puis détournant l’intérêt des consommateurs pour les produits non conformes à ces critères de durabilité, faire en sorte que ces comportements disparaissent petit à petit.
En revanche, ce que par exemple pourrait faire le monde politique, j’en ai d’ailleurs fait une proposition qui a été étonnement lue sur notre page Facebook, c’est l’idée d’un label normalisation. En gros, on pourrait imaginer que, comme il existe un écolabel européen, il existe un label de normalisation européen qui fait que quand vous achetez un produit vous savez que si un jour il vous manque un composant, que vous avez besoin d’une pièce de rechange ou d’un composant plus performant, vous n’êtes pas le bec dans l’eau parce que le fabricant n’existe plus ou ne veut ou ne peut plus vous livrer la pièce. En gros le critère de réparabilté ou de normalisation, ce serait simplement ceci, que les composants qui sont dans l’appareil proposé peuvent s’acheter en dehors du fabricant du produit ou de la marque du produit. Voilà. Ça c’est une idée toute simple qui ne fera pas hurler à droite, qui n’est pas contraire à la liberté du commerce et de l’industrie, qui améliore la circulation de l’information, en la synthétisant, parce que un label c’est plus facile que de lire toutes les prescriptions, même la fiche énergétique, il faut déjà avoir une certaine habitude pour comprendre ce qui y figure. Un truc tout bête quoi ! Vous achetez cet appareil, le fabricant ne veut pas vous le réparer, eh bien vous pouvez aller n’importe où, vous trouverez quelqu’un qui peut se fournir les pièces et qui peut vous réparer le produit. Voilà, c’est une idée de ce qui pourrait être fait et que j’ai déjà poussée, parce qu’évidemment j’ai mes entrées encore sous la coupole fédérale pour faire avancer ce genre d’idées.
Public : J’aurais une dernière question surtout par rapport à ce que vous démontrez, le tracteur open source, les équipements qui sont achetés dans le commerce et qu’on pourrait faire soi-même. Moi il y a une grosse barrière que je vois là, ce sont les questions de certification, de barrière de conformité, ce genre de chose, dans cinq ans avec un Raspberry dans un marché politique. C’est sympa mais à mon avis par les geeks. La machine à laver, avec le Raspberry qui commande le cycle de lavage, quand on sera quelques geeks, comme ça, ça ira, mais le jour où ça sera dans le commerce ? Ma question c’est est-ce que ce n’est pas une grosse barrière ce genre de choses, en tout cas chez nous, en tout cas en Europe, aux États-Unis, comme dans les pays occidentaux.
François Marthaler : La question est comment est-ce qu’on fait pour réaliser des produits open hardware dans des domaines où toutes sortes de certifications, de marquages du type CE doivent être légalement obtenus. C’est une excellente question. C’est vrai que si vous bricolez pour vous-même dans votre garage, il n’y a pas de souci, mais si vous commencez à faire du commerce, vous ne mettrez pas sur le marché un produit qui ne répond pas, qui n’est pas estampillé avec toutes les normes CEN, CENELEC et consorts.
Mais c’est justement là que le modèle open hardware, tout comme open source, est intéressant, c’est que, au lieu de tout seul dans votre coin, vous êtes à l’échelle européenne des centaines, potentiellement des milliers qui peuvent se répartir les coûts d’une certification, laquelle d’ailleurs peut être très partielle, parce qu’au fond, on peut faire certifier l’appareil de base, du départ, qui lui la mécanique ne va peut-être pas évoluer aussi rapidement et il n’y a plus à certifier que le composant, si on remplace le Raspberry Pi par autre chose, il n’y aura plus que ce composant-là à faire certifier. Moi je pense qu’on pourrait faire évoluer en tout les cas les législations de certification pour faire en sorte qu’une machine donnée ne doive pas repasser par toutes les étapes de certification mais uniquement celles qui concernent les composants qui ont été modifiés à l’intérieur, ce qui permet de simplifier le problème, ce qui permet de répartir la charge et puis rendre les choses possibles. Faire certifier comme il se doit une voiture que vous auriez construite vous-même à la swaro ( ?), pour obtenir le droit non pas de rouler mais d’être vendue sur le marché européen, c’est juste inimaginable. Donc la question est bonne mais la réponse pourrait être le fait que, avec Internet, et je pense qu’on n’a pas encore pris toute la mesure de ce que rend possible de totalement nouveau cet Internet et ses réseaux et ses collaborations de l’individu avec un autre, ou des milliers d’autres individus, c’est la possibilité de regrouper des besoins. Le crowdfunding fait aussi partie de cette mouvance qui est en train de changer complètement la donne, qu’il s’agisse de trouver des moyens financiers, de développer des projets, de développer de meilleurs projets, d’avoir de meilleures idées qui correspondent mieux aux besoins des consommateurs ou aux exigences de l’environnement. Tout ça est devenu fabuleusement plus simple aujourd’hui que ça n’était le cas il y a dix ans.
- Public
- : Bonjour. C’était juste une remarque. Je ne comprends pas du tout, parce que j’ai trouvé sur Wikipédia matériel libre. Dans ce cadre-là j’ai trouvé Openmoko, donc c’est un téléphone qu’on peut normalement faire évoluer, etc, qui a été fait par le réalisateur qui s’appelle openmoko.org et puis ça a été repris par openphoenux.org, et puis je ne comprends pas parce qu’il n’est pas connu en Suisse. Voilà. Il y a des choses qui se cachent, mais que ce n’est pas connu, c’est vraiment impossible.
- François Marthaler
- : La question est : « Pourquoi est-ce qu’on ne vend pas d’openmoko en Suisse ? C’est ça ? » Téléphone open hardware qui répond à ce critère-là. Je n’en sais rien. C’est même tellement vrai que j’avoue j’ai entendu parler de ce projet mais je ne me suis jamais intéressé, parce que voilà, juste dans l’immédiat je n’ai pas besoin de téléphone portable. Mais je pense que ces projets-là ont de l’avenir, notamment avec toutes les polémiques qui tournent autour de la manière dont certaines agences américaines notamment espionnent nos conversations téléphoniques, nos mails et le reste. Je pense qu’on aura besoin de solutions ouvertes, notamment ouvertes à l’examen du fait qu’elles ne comportent pas de failles.
- Public
- : Bonjour. Tout d’abord merci pour cet exposé très intéressant. Ensuite une question, enfin, deux questions même. On sent qu’il y a une certaine réticence du monde politique suisse pour rester dans le domaine logiciel et matériel à tout ce qui est open source. Par exemple la décision par le tribunal administratif de ??? il y a quelques années de revenir à des logiciels propriétaires ou la décision du tribunal fédéral suite au ??? qui avait été déposé par des sociétés œuvrant dans l’open source pour certaines licences de logiciels. Alors une question bien simple. Pourquoi, en Suisse, une telle réticence et une pratique politique de limiter ces extensions ? Et deuxièmement qu’est-ce qu’on peut faire pour infléchir cette volonté.
- François Marthaler
- : Bonne question. Qu’est-ce qu’on peut faire dans les administrations publiques suisses, en particulier au niveau de la Confédération pour faire en sorte que l’open source soit mieux promu et surtout plus utilisé qu’il ne l’est aujourd’hui. Je me souviens, juste pour l’anecdote, d’une petite entreprise fribourgeoise qui avait fait exactement ce que fait« why ! »en mettant Linux pré-installé sur des ordinateurs pas chers. Elle les a principalement vendus à des agriculteurs, qui, quelque temps plus tard, ont demandé à se faire rembourser parce que l’office vétérinaire fédéral venait de mettre en ligne un outil dans lequel devait être obligatoirement être déclarées les entrées et sorties d’animaux dans les fermes, avec Silverlight. Et puis ! Eh ! Eh ! Malheureusement Silverlight, ça ne marche sur les navigateurs qui tournent sous Linux. Depuis on a trouvé des moyens de contourner le problème, mais ça c’est juste inimaginable. Ça me fait bondir et c’est assez régulier qu’on tombe sur des cas de ce type-là. Mais bon ! Vous dire d’où vient la volonté, je ne saurais pas trop. Mais il y a une chose que j’ai pu observer quand même, c’est que si vous vous mettez à la place d’un chef de projet informatique dans une administration publique, d’ailleurs c’est la même chose dans une organisation privée, si un projet construit sur des solutions disons Microsoft, pour prendre un exemple au hasard, foire, ben ce sera la faute à Microsoft en gros ! Et puis on va leur adresser des lettres chargées pour exiger que tout fonctionne dans un délai sous peine de sanctions financières. Si le même projet construit sur des briques open source foire, alors c’est le chef de projet qui saute, clairement. Et je pense que ça c’est un des éléments d’ordre psychologique, au fond, qui explique pourquoi ceux qui prennent les décisions au quotidien pour orienter des projets vers du libre ou vers du non libre, font plutôt le second choix que le premier.
- Organisateur
- : Une dernière question ? Je crois qu’on a terminé. Merci beaucoup.
- François Marthaler
- : Merci. Merci à vous.
Applaudissements.