Quoi de neuf chez Framasoft ? - Radio RMLL 2015

Titre :
Quoi de neuf chez Framasoft ? Framasoft 2015.
Intervenants :
Pierre-Yves Gosset - Pouhiou - Quesch
Lieu :
Radio RMLL 2015 - Beauvais
Date :
Juillet 2015
Durée :
41 min 35
Pour écouter le podcast

Transcription

Quesch :
On est sur radio RMLL, on est en direct depuis Beauvais, depuis l’antenne universitaire de Beauvais, et on est avec ?
Pouhiou :
Avec Pouhiou.
Quesch :
Avec Pouhiou. Et ?
Pierre-Yves :
Pierre-Yves.
Quesch :
Et Pierre-Yves, de Framasoft ?
Pierre-Yves :
Tout à fait.
Quesch :
Tout à fait. Voilà. Ensemble. Et donc Framasoft, pour les personnes qui ne connaissent pas du tout ?
Pierre-Yves :
Qu’est-ce que c’est ? C’est ça ta question ?
Quesch :
Oui. Qu’est-ce que c’est ?
Pierre-Yves :
Framasoft [1], c’est un réseau de sites web, c’est aussi une communauté et c’est aussi une association qui visent, toutes les trois, à promouvoir le logiciel libre et la culture libre par le biais de différentes actions, depuis maintenant plus d’une dizaine d’années.
Pouhiou :
En gros, l’idée c’est vraiment d’essayer de faire un peu le trait d’union entre cette magnifique communauté du Libre qui crée du logiciel, qui crée de la culture, qui crée tout un tas de créations de l’esprit, et d’amener toutes ces créations vers M. et Mme Tout-le-Monde qu’on appelle, nous, M. et Mme Dupuis-Morizot.
Pierre-Yves :
Parce que les pauvres M.et Mme Michu !
Pouhiou :
Ils en ont marre.
Pierre-Yves :
Ils en ont marre.
Quesch :
La grosse campagne par rapport à ce que tu nous disais Pierre-Yves, on a Dégooglisons Internet.
Pierre-Yves :
Oui, qui est une campagne qu’on a lancée en octobre 2014, donc ça ne fait pas si longtemps que ça, qu’on avait annoncée, d’ailleurs, aux RMLL 2014 [2]

à Montpellier. Et les objectifs de cette campagne que vous retrouverez sur le site degooglisons-internet.orgDégooglisons Internet, sont triples. C’est de, premièrement, sensibiliser le grand public aux dangers de la centralisation du web, c’est-à-dire que, aujourd’hui, comment est-ce qu’on fait pour ne pas aller dans l’espèce de trou noir, d’aspirateur à données, que sont GAFAM c’est-à-dire Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft, et, un petit peu prévenir le public. Ça, c’est l’objet du site web.

Le deuxième objectif qu’on a c’est de démontrer, donc là, c’est un petit peu plus ambitieux, puisqu’il s’agit de mettre en face de chaque service de Google, Facebook, etc., un service libre, parce qu’il y a des alternatives libres qui permettent de quitter Google, de quitter Facebook, etc., mais ça prend du temps, c’est un petit peu compliqué, parfois, à installer, etc. Et donc, exactement comme le disait Pouhiou, nous, Framasoft, on essaye d’être le trait d’union, la porte d’entrée, pour montrer, regarder un petit peu comment ça fonctionne, par exemple Diaspora par rapport à Facebook ou par rapport à Twitter. Regarder comment fonctionne EtherPad, Framapad par rapport à Google Docs, etc. Là, aujourd’hui, sur ce deuxième objectif de démonstration, on en est à peu près à un tiers, un quart du chemin, puisqu’on a prévu d’étaler ça sur trois ans. On a déjà plus d’une dizaine de services, mais il y en a encore des dizaines qui vont sortir les années à venir.
Et le troisième objectif de cette campagne Dégooglisons c’est d’essaimer. C’est-à-dire qu’on ne vise pas du tout, évidemment,

Quesch :
De devenir un autre Google.
Pierre-Yves :
Voilà exactement. La blague qui court en ce moment, c’est comment est-ce qu’on va « déframasoftiser » Internet. L’idée, évidemment, c’est d’essayer de construire un réseau d’acteurs indépendants, libres, engagés, qui vont, ensuite, pouvoir prendre le relais de nos actions en attendant qu’on ait tous des FreedomBox, des boîtes internet, des Cozy Cloud, etc., qui fonctionnent chez chacun. Donc voilà, c’est ça le projet Dégooglisons Internet.
Pouhiou :
Il faut bien se rendre compte que, évidemment, on ne se pose pas du tout en concurrence, ce serait ridicule. En gros, le budget annuel de Framasoft, c’est 2,7 secondes du chiffre d’affaires annuel de Google.
Quesch :
Deux secondes ?
Pierre-Yves :
2,7. N’oublie pas ! Excuse-moi !
Pouhiou :
On n’est pas loin des trois. Si tu arrondis, tu arrondis à trois.
Quesch :
Ce n’est pas possible !
Pouhiou :
Donc clairement, on ne va pas se poser en concurrent. Mais par contre, on peut montrer que c’est possible, donner envie aux gens et faire en sorte qu’il y ait de plus en plus de possibilités.
Quesch :
C’est vrai que c’est intéressant quand on parle. Juste l’Etherpad, eh bien on sait que ça fonctionne, on sait que c’est intéressant, mais c’est encore mieux de montrer par l’exemple. Voilà, tu peux aller sur un pad, ça montre.
Pierre-Yves :
Le principe est très simple. C’est que, pour installer Etherpad, ce n’est pas, non plus, d’une simplicité, justement ce n’est pas très accessible à M. et Mme Dupuis-Morizot. L’idée c’est de dire « allez-y, testez sur Framapad comment fonctionne Etherpad ». Vous voyez que ça fonctionne, vous l’utilisez. Finalement le besoin se crée lui-même et vous répondez à ce besoin via un outil libre et puis le jour où vous dites « mais je passe ma journée à créer des pads chez Framapad, chez Framasoft, autant l’installer ». Et là, du coup, on fournit des tutoriels, qui sont en français, qui sont grand public, sur lesquels on fait, d’ailleurs, un parallèle avec l’agriculture, puisqu’on explique qu’il faut, un petit peu, préparer la terre.
Quesch :
Cultiver son jardin.
Pierre-Yves :
Exactement, c’est très candide. Et à un moment donné, il faut savoir se prendre en main et être acteur, vu que tout l’objet, finalement, de Framasoft et de pas mal d’autres associations du Libre, c’est de savoir comment est-ce qu’on passe de la société de consommation à la société de contribution. Donc, il faut devenir contributeur et acteur.
Quesch :
En parlant de contribution avec les contributrices, contributeurs, Pouhiou, ton rôle dans Framasoft, c’est quoi exactement ?
Pouhiou :
Justement ça va être, d’une part, d’aider à communiquer vers M. et Mme Dupuis-Morizot, vers la famille Dupuis-Morizot, parce que c’est une famille très élargie, on est tous un peu Dupuis-Morizot,
Quesch :
Dix-huit enfants apparemment.
Pouhiou :
Hou là, si tu savais !
Quesch :
D’après les dernières infos.
Pouhiou :
Enfin voilà, l’idée ça va être, donc, de communiquer vers le grand public, donc d’aider à faire, eh bien des articles blog, des communiqués de presse, etc. Mais une grande partie aussi de mon travail va être, justement, d’accueillir les nouvelles énergies et de les aider à s’exprimer au mieux chez Framasoft. L’idée de Framasoft, en fait, c’est qu’on a une association, avec des bénévoles de l’association, qui sont là pour mettre les murs de la maison, pour faire le ménage, pour que la maison soit prête et dispo, afin que tout un tas de personnes bénévoles rentrent dans cette maison et viennent y soutenir les projets déjà existants, y créer des projets, etc. Nous, on a envie d’offrir cette liberté aux personnes qui veulent démocratiser, promouvoir du Libre, et nous on bosse pour ça. Et j’essaie donc, en fait, de faire le lien entre les personnes qui rentrent dans la maison et celles qui continuent à l’entretenir pour qu’on rajoute des étages.
Quesch :
OK. Animation de la communauté.
Pouhiou :
Exactement. Donc typiquement, on a un forum, maintenant, des bénévoles, qui s’appelle FramaColibri.org [3], en hommage à ce magnifique réseau Colibri qu’on porte dans notre cœur, et surtout en hommage à cette petite légende du colibri. Tu sais, il y un incendie dans la forêt, tous les animaux fuient, et puis il y a un animal qui voit le colibri qui fait des aller-retour entre le lac et la forêt. Il fait : « Qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce que tu fais ? » Il voit qu’il apporte une goutte, à chaque fois, de l’eau du lac pour essayer d’éteindre. Mais il fait : « Tu n’y arriveras jamais ». Et le colibri le regarde et fait : « Je fais ma part, tout simplement ! » Et donc voilà, si tu veux venir, si tu veux faire ta part ça comptera. C’est avec des gouttes d’eau qu’on fait des Dégooglisons Internet. Donc, on a ce forum-là que j’essaie d’animer, et j’essaie de faire ce lien-là.
Pierre-Yves :
Tout à fait. Justement, on a fait, un petit peu, ce pari-là, de se dire qu’il manque souvent, dans les communautés du logiciel libre, des capacités d’accueil et de médiation avec le public. C’est quelque chose que nous on a constaté, évidemment depuis des années, sur lequel Framasoft n’était pourtant pas la pire. Je ne juge pas les autres associations, mais on faisait, nativement, on portait beaucoup.
Pouhiou :
On portait une attention.
Pierre-Yves :
C’était dans l’ADN de Framasoft de faire attention au public, mais on s’est dit qu’on n’était pas forcément très bons, et surtout pas à niveau des demandes et des propositions d’aide qu’on pouvait recevoir. Donc on s’est dit « il manque vraiment quelqu’un qui puisse le faire ». Soit on a une communauté de plusieurs milliers de bénévoles et, entre guillemets, « ça tourne et c’est organisé ». Framasoft ce n’est pas ça du tout. On est plutôt, on va dire, un groupe de potes qui se disent « bon, voilà, on va se lancer dans la Dégooglisation d’Internet, c’est rigolo, c’est sympa ». Sauf que, évidemment, quand le projet prend forme, prend corps, et qu’il se développe, on voit bien que, justement, il faut savoir attirer d’autres personnes et leur dire « eh bien, par exemple, tu peux nous aider, là, sur une traduction, là tu peux nous aider ».
Pouhiou :
On a besoin d’un tutoriel.
Pierre-Yves :
Voilà, on a besoin d’un tutoriel, on a besoin, un petit peu, d’aide en adminsys sur tel logiciel qu’on ne connaît pas très bien, etc. Et c’est comme ça qu’on agrandit la famille et le nombre de personnes qui viennent dans cette maison dont parlait Pouhiou tout à l’heure.
Pouhiou :
Il faut bien se rendre compte, alors d’une part, que nous, on a eu une surprise formidable, c’est que, quand on a lancé Dégooglisons Internet, c’était un pari fou, à l’origine.
Pierre-Yves :
On avait bu. Disons-le on avait bu.
Pouhiou :
Chut ! Ne dévoile pas nos secrets de potion magique. Donc oui, quand on a lancé Dégooglisons Internet, c’était un pari fou. Il y a eu un véritable engouement, et on a eu des propositions d’aide qui ont afflué de partout mais qui nous ont submergés. Parce que nous, déjà, on s’est lancés bille en tête dans ce projet, donc on était déjà submergés de travail par ce projet-là.
Quesch :
Quand tu vois la liste des outils à mettre !
Pouhiou :
Ah oui.
Pierre-Yves :
On n’a peur de rien.
Pouhiou :
Et on a eu des propositions d’aide qui ont afflué de toutes parts. On n’a pas forcément su y répondre parce qu’on s’est faits submerger, et du coup, on a vu qu’il y avait ce besoin, cette envie-là de partager et, de toutes façons, Dégooglisons Internet, on n’y arrivera pas sans vous. C’est évident. C’est-à-dire qu’il faut absolument que ce projet vous vous en empariez, que ce soit en partageant pour informer et sensibiliser les gens aux dangers de GAFAM. Bien sûr on entend Snowden, les révélations de Snowden, bien sûr on voit les horreurs de la loi renseignement et de tout un tas d’autres lois liberticides et scélérates, mais, quand bien même, il y a le besoin de rappeler « attention, il y a des aspirateurs à données, il y a des entreprises, la première et la deuxième capitalisation boursière au monde, Apple et Google, respectivement, qui font quelque chose de très grave ». Donc il faut que vous partagiez, il faut que vous participiez, si vous voulez venir vous relever les manches, parce qu’on a besoin de tout le monde, et si jamais vous pouvez aussi donner des sous parce que c’est ainsi aussi que Framasoft vit.
Quesch :
Donc il y a des campagnes de dons ?
Pierre-Yves :
Alors, sur les campagnes, elles sont, en fait, plus ou moins permanentes. À partir du moment où on a lancé ce projet-là, on s’est dit qu’il fallait réussir le pari, et que ça allait nous demander pas mal d’argent, en fait essentiellement pour embaucher et créer de l’emploi. Si on veut employer les termes économiquement « novlaguiesques », nous avons créé de l’emploi. L’idée, évidemment, de rester toujours sous forme associative et sur une petite structure, mais il faut de l’argent pour les serveurs et pour les salaires. Ce sont, essentiellement, les deux postes de dépenses qu’on a. Nos comptes sont publiés sur le réseau Framasoft, ils sont accessibles publiquement.
Quesch :
Framacomptes ? Je ne sais pas !
Pierre-Yves :
On pourrait. Si je me souviens bien c’est sur contact.framasoft.org/asso [4]. Voilà. Enfin vous cherchez, vous trouvez.
Quesch :
Beaucoup trop compliqué. Framacomptes, ça devrait être !
Pierre-Yves :
Framacomptes. Voilà. On y pensera. On va finir par monter une boite de noms de domaine, à force d’en acheter. Donc la campagne, elle est permanente. Par contre là, le projet était lancé en octobre 2014, eh bien à l’occasion de ces RMLL 2015, à Beauvais, ce qu’on voulait c’était faire un point. Neuf mois après où est-ce qu’on en est ? Qu’est-ce qu’on a fait ces neuf derniers mois ? Et puis, eh bien qu’est-ce qui va venir dans les trois/quatre mois qui viennent, pour que, un an après le lancement de la campagne, on puisse dire « bon, alors qu’est-ce qu’on a foutu ces neuf derniers mois ? » Eh bien on a sorti plein de sites.
Pouhiou :
Un réseau social. Un moteur de recherche.
Pierre-Yves :
Framasphère.
Quesch :
Réseau social ? Réseau social c’est Framasphère ?
Pierre-Yves :
Framasphère [5], qui est basé sur Diaspora.
Quesch :
Donc c’est un nœud Diaspora ?
Pierre-Yves :
C’est un pod Diaspora, donc un nœud diaspora, effectivement. Si vous êtes inscrit sur Framasphère, évidemment, vous pouvez dialoguer avec des gens qui sont sur JoinDiaspora, des gens qui sont sur Diaspora Brésil, diaspora.de, etc. Donc l’idée, c’est évidemment d’avoir un réseau social, et ce qu’on espère encore une fois, c’est vraiment l’objectif, c’est que les gens utilisent les tutoriels qu’on a faits pour pouvoir installer leur propre pod Diaspora et ça commence à se faire. Enfin là, on avait eu la bonne nouvelle du parti politique Nouvelle Donne qui a installé son propre pod Diaspora pour éviter d’envoyer, évidemment les gens proches de Nouvelle Donne sur Facebook, qui, évidemment, aurait pu les suivre, collecter de l’information, tracer, faire les profils, etc. Donc ils ont monté leur propre pod Diaspora. Ils nous avaient envoyé un petit mail en disant : « On a utilisé, un petit peu, le tuto et la démarche de Framasoft, etc. » Donc ça, ça fait toujours plaisir.

EtherPad, donc Framapad [6], qui est un outil de rédaction collaborative, qui est basé sur un logiciel libre qui s’appelle EtherPad. Il y a quand même deux choses importantes cette année. La première, c’est qu’on voit une explosion du nombre d’utilisations des pads. Aujourd’hui on est quasiment à mille pads créés par jour. Donc, quand on commence à créer vingt-cinq mille à trente mille pads par mois, eh bien il faut assumer et on a fait pas mal d’adaptations sur EtherPad pour ça. Donc on propose des choses qui permettent, par exemple, de créer un pad qui va être valable pendant six mois et, au bout de six mois sans modification, le pad est détruit parce que, forcément, nous on n’a pas pour but d’archiver la France entière ou le monde entier. La deuxième chose c’est qu’on prévoit, dans quelques semaines, dans trois/quatre semaines, à la fin du mois, la sortie d’un plugin qui s’appelle MyPads, dont on avait lancé le financement participatif il y a un an tout rond, et donc, un an après, les gens qui ont donné à MyPads vont voir le plugin MyPads sortir. J’en ferai une démonstration, tout à l’heure, à quinze heures.

Pouhiou :
Vingt.
Pierre-Yves :
Quinze heures vingt, dans l’amphi Bunuel, de l’IUT, de Beauvais.
Quesch :
C’est dans l’amphi, d’accord.
Pierre-Yves :
Ouais. Et donc, je vais faire une conf Dégooglisons, et j’en profiterai pour montrer MyPads.
Pouhiou :
C’est ça, pour moi, une des grandes réussites de cette campagne. Si tu veux, c’est que, en montrant « tenez, regardez, il y a un logiciel libre qui s’appelle EtherPad, qui peut vous permettre de remplacer Google Docs et d’écrire de manière collaborative ». et les gens s’en emparent, il y a un véritable engouement. Du coup le logiciel prend de l’importance, prend de la valeur parce qu’il est utilisé, et du coup, les gens sont venus, ont accepté de financer un bout de code en plus, un gros bout de code, je crois qu’on est à plus de soixante mille lignes de code sur MyPads, donc c’est un énorme bout de code, pour avoir des fonctionnalités qui n’étaient pas disponibles. Là c’est très important de dire « regardez, plus on utilise du logiciel libre, plus on le dissémine, plus il prend de la valeur et plus il va s’améliorer et avoir des fonctionnalités. »
Quesch :
Et en plus on peut participer au développement.
Pierre-Yves :
Oui, vous pouvez. Il est publié sur notre GitLab, qui est un autre projet qu’on a sorti cette année, vu qu’on a sorti notre propre forge logicielle. On a quitté GitHub, qui reste, lui aussi, un aspirateur à données, qui, malheureusement pour les développeurs, est devenu quasiment un incontournable, et on souhaiterait qu’il redevienne contournable. Donc il y a un projet en logiciel libre qui s’appelle GitLab, qui s’installe quand même assez facilement. Au départ, GitLab fonctionnait uniquement pour Framasoft, donc on a migré nos projets GitHub vers notre GitLab, sur ghit.framasoft.org [7]. Et puis, quand Google code a annoncé qu’ils allaient fermer leurs portes, on s’est dit « bon, eh bien, OK, nous on va ouvrir les nôtres ! » Et on a ouvert notre GitLab à tout le monde. C’était au mois de mars, on est début juillet, aujourd’hui on héberge plus de mille projets logiciels sur notre forge logicielle. On a vu des gens, on peut le dire, ce n’est pas un secret, des gens d’Etalab déposer des bouts de code dessus, etc. Donc ça participe à la réflexion de tout ça. Ce que je voulais dire aussi sur Mypads, c’est que, évidemment, ça va fonctionner avec Framapad, mais on est bien d’accord que le code est libre. Et surtout, on a quand même beaucoup investi de temps et d’énergie, surtout Fabien, le développeur, pour faire en sorte que ça fonctionne en tant que plugin EtherPad. Ça veut dire que lorsque vous avez votre instance d’EtherPad installée chez vous, dans votre entreprise, etc., vous allez pousser un bouton, pour installer Mypads, et ça va fonctionner. Point barre.
Quesch :
D’accord. Donc là, si on gère un EtherPad, il faut qu’il soit à jour, déjà.
Pierre-Yves :
Oui. Voilà. Tu vas sur, je ne sais pas, pad.laquadraturedunet, la quadrature.net/admin/plugin et, évidemment, il faut être l’admin du site, tu as un login, un mot de passe à rentrer, évidemment.
Quesch :
Je viens de tester, ça ne marche pas, là.
Pierre-Yves :
Eh bien oui, forcément. À mon avis, je ne suis pas sûr qu’ils t’auraient filé les logins et les mots de passe de la Quadrature. Ça ne m’étonne pas plus que ça.
Quesch :
C’est bizarre ça.
Pierre-Yves :
Pareil pour le pad.april.org, etc. Et donc les administrateurs du pad ont juste un bouton à pousser pour installer Mypads, et donc, le gros intérêt derrière, c’est qu’il y a une énorme communauté de gens qui utilisent des pads partout sur la planète. Notamment, nous on a travaillé un petit peu avec la SNCF pour ça, et qui ont des besoins justement, pour rendre ces pads privés à un public type. Ça va être le public, évidemment, éducation, derrière, pour voilà, dans les écoles, pour faire en sorte de grouper ces pads, et puis on arrêtera de les perdre, aussi, ce sera quand même vachement pratique.
Quesch :
Un professeur. Oui, parce que c’est vrai que c’est intéressant d’avoir des pads et de pouvoir les grouper.
Pierre-Yves :
Eh bien voilà. C’est ça.
Pouhiou :
Et puis même, un professeur pourra créer des groupes d’utilisateurs dans son MyPads, des groupes d’utilisateurs, donc la classe de 5ème B, la classe de 4ème A, la classe de seconde 2, tu vois, et, par groupe, ce groupe aura un classeur de pads qui lui sera partagé, dont le professeur serait l’admin. Je pense que ça peut vraiment être très utile et on a parlé avec des gens de l’Éducation nationale, enfin des gens travaillant dans l’Éducation nationale, ça semble très attendu.
Quesch :
Ouais. D’accord. Et donc ça va être disponible ?
Pierre-Yves :
Fin juillet. Officiellement, on va le rendre public, ça ne sert pas à grand-chose de faire une annonce fin juillet, début août. Il n’y aura pas grand monde pour la voir. Donc on va sans doute attendre septembre ou début octobre.
Quesch :
En bêta ?
Pierre-Yves :
C’est déjà disponible en bêta.
Pouhiou :
Et là, on vient de publier un article Framablog aujourd’hui pour dire où on en était, parce qu’on rend compte, évidemment régulièrement, des avancées. C’est tout à fait normal, ce sont les gens qui ont financé, c’est normal de leur rendre des comptes. Il ne manque plus que dix fonctionnalités à coder pour arriver à la release candidate. Voilà.
Pierre-Yves :
Et donc, dans tous les autres projets qu’on a sortis, je ne vais pas tous les lister parce que ça prendrait un petit temps et je pense que la demi-heure serait trop vite écoulée, mais on a sorti aussi, alors des petits outils, des raccourcisseurs d’URL, un catalogue OPDS. Donc, un catalogue OPDS, c’est ce qui permet d’avoir une bibliothèque, finalement, d’ouvrages libres sur sa liseuse.
Pouhiou :
Sur son téléphone, sa tablette.
Pierre-Yves :
Ou sur son téléphone, etc. On a sorti quoi d’autre, Pouhiou ?
Pouhiou :
On a sorti un hébergeur d’images qui fait du chiffrement. C’est basé sur Zérobin de SebSauvage.

Framabin [8], donc, qui permet de partager, en gros, des secrets, puisque c’est du texte qui va être chiffré de bout en bout. Nous on ne peut rien savoir de ce vous mettez sur notre serveur comme texte, ou comme bout de code, ou comme conversation. Et ce texte-là, vous pouvez décider qu’il s’autodétruira à la première vision, ou au bout de cinq minutes, une heure, un jour, une semaine, un mois, un an. Donc des petits outils comme ça.

Pierre-Yves :
Il y a aussi, ça me revient, j’avais perdu le fil, il y a aussi toute une partie améliorations qu’on apporte sur les outils, au fur et à mesure, et donc là, l’idée c’est de dire, eh bien, quand on a sorti un outil dans la campagne Dégooglisons, il faut non seulement le maintenir, mais il faut aussi l’améliorer. Il y a eu pas mal d’améliorations d’outils. Donc, j’ai parlé d’EtherPad, je vais juste en citer deux autres. Il y a le Framindmap [9]

qui, au départ, permet de faire des cartes heuristiques, c’est-à-dire des cartes mentales, et donc de dessiner, un petit peu, des idées, de les partager avec d’autres. Et en fait, le problème c’est que justement, avant, on ne pouvait pas les partager, on pouvait faire sa petite carte mentale, l’enregistrer au format PNG, et puis ça se limitait à ça. Là, le gros avantage, c’est qu’on a changé de logiciel et on utilise maintenant un logiciel qui s’appelle WiseMapping, et qui permet, lorsque quelqu’un s’est créé une carte mentale avec un compte, de pouvoir la partager par e-mail, enfin. On rentre l’adresse e-mail d’une personne, on va créer un compte, et on va pouvoir aller regarder la carte mentale, la modifier, l’améliorer, et comme ça, par itération, finalement construire des cartes mentales à plusieurs. L’autre produit qui a été quand même largement amélioré, aussi, ces derniers mois, et ça va continuer, c’est teFramadate.

Pouhiou :
« Framadeite » !
Pierre-Yves :
« Framadate », si tu veux ! Ça dépend, je change, des fois ça peut être « date », « Framadate », ça fait très allemand.
Quesch :
Pas du tout !
Pierre-Yves :
Si, si un petit peu, je t’assure. Et du coup « Framadate », c’est un projet dont on s’attendait à ce qu’il ait un petit peu de succès, mais aujourd’hui c’est plusieurs centaines de sondages qui sont créés chaque jour. C’est devenu, je pense, un vrai concurrent à Doodle et forcément, il y a de grosses attentes des utilisateurs derrière, et l’idée c’est, évidemment, de l’améliorer petit à petit. Et donc là, on a fait aussi des choses qui vont permettre, par exemple, de retrouver ses sondages, quels sont les sondages dont je suis administrateur, de faire du graphe par rapport aux réponses, de prendre en compte les réponses oui, non, si nécessaire, etc.
Pouhiou :
Là, tout ça, c’est déjà en test en version bêta. Cette version-là s’appelle openbar, donc openbar.framadate.org, et vous pouvez la tester. Et en plus de ça, on a même des membres qui nous ont fait des tutoriels pour aider les personnes à créer un sondage de dates, puisque, là aussi, si vous n’utilisez plus Doodle, vous pouvez perdre les repères, les habitudes, que vous aviez sur Doodle. Donc voilà, tout simplement un beau sondage, très clair et très précis, c’est tout bête mais ça aide énormément.
Pierre-Yves :
Si vous voulez la liste, assistez à ma conf ou revenez voir les vidéos et autres.
Quesch :
Sur Framalistes ?
Pierre-Yves :
Sur Dégooglisonsinternet.org [10]
Pouhiou :
Dégooglisons tiret internet.
Pierre-Yves :
Dégooglisons tiret internet point org. Et, du coup, vous aurez la totalité des services qu’on a mis en place.
Pouhiou :
Et qu’on va mettre en place.
Pierre-Yves :
Ceux qui sont fonctionnels et ceux qu’on va mettre en place.
Quesch :
Et le planning pour les futurs mois.
Pierre-Yves :
Parce qu’il y en a plein qui arrivent, là, dans les mois qui viennent.
Pouhiou :
Je pense qu’on va beaucoup parler de partage de fichiers à l’automne.
Quesch :
Ah Bon ?
Pierre-Yves :
Ouais. On tease un peu. C’est pareil. Je vais en parler tout à l’heure. On peut en parler un peu.
Pouhiou :
On peut faire un petit ’’teasing’.
Quesch :
On peut faire un teasing.
Pierre-Yves :
Allez, un petit teasing. Quand on va relancer, tout à l’heure.
Pouhiou :
Stop, stop. Non pas plus.
Pierre-Yves :
C’était trop ?
Pouhiou :
N’en dis pas trop !
Pierre-Yves :
Tout à l’heure tu posais la question des campagnes et donc, eh bien forcément, ça coûte des sous. Pour relancer un petit peu la campagne et continuer à obtenir des sous c’est surtout ça, parce que comme on vit des dons, s’il n’y a plus de dons, il n’y a plus de projets.
Quesch :
Vous arrêtez de vivre ?
Pierre-Yves :
Non, on n’arrêtera pas de vivre, c’est juste qu’on fera autre chose et du coup, eh bien les projets ne fonctionnent plus. Mais bon, encore une fois, ils seront libres, chacun pourra les reprendre. Mais l’idée c’est quand même d’essayer de réussir ce pari, d’aller au bout des trois ans, et donc, dans ce qu’on va mettre en place, il y a quand même un gros projet qui est très attendu qui est le partage de fichiers, c’est-à-dire l’alternative à Dropbox. Là-dessus, évidemment, si vous êtes libristes, vous connaissez ownCloud, Seafile.
Quesch :
Ubuntu One ? Non ?
Pierre-Yves :
Non. Alors là, si tu veux me troller sur Ubuntu One, je vais me faire plaisir.
Quesch :
Non, je veux continuer.
Pierre-Yves :
Ah OK. « Framadate » ! Et donc, on va essayer de proposer, d’ici octobre, un service de partage de fichiers, alternative, donc, à Dropbox, et sur lequel on essaiera de proposer la même offre, c’est-à-dire du deux gigas, sur lequel on va pouvoir synchroniser les fichiers. Donc, si vous êtes étudiant, eh bien, vous ne perdrez plus votre thèse. Comme j’ai déjà vécu ça un certain nombre de fois !
Quesch :
Oui. On sent le vécu.
Pierre-Yves :
Oui, je pense à des gens en particulier, qui ne connaissaient pas, etc., et qui, du coup, aujourd’hui utilisent Dropbox, ce qui moi, me fait quand même mal au cœur. Et donc, l’idée, c’est de dire « utilisez un service qui ne vous espionne pas ». Je rappelle qu’au conseil d’administration de Dropbox vous retrouvez Condoleezza Rice, ancienne Secrétaire d’État à la Défense américaine pendant la deuxième guerre en Irak.
Pouhiou :
Message subliminal.
Pierre-Yves :
Voilà.
Pouhiou :
De Bush.
Quesch :
De l’administration Bush ?
Pouhiou :
Oui.
Pierre-Yves :
Bush 2.
Quesch :
Bush W.
Pierre-Yves :
Voilà. On va sortir aussi, probablement, un service de partage de gros fichiers, temporaire. C’est-à-dire pour remplacer les Wetransfert, etc. Là c’est « j’ai fait mes photos de vacances, j’ai 50 mégas à partager avec mon cousin. Comment je fais parce que ça ne passe pas par mail ? Je ne sais pas ce que c’est que le FTP, etc. » Là vous aurez un service qui permet de déposer le fichier pendant quelques jours et, du coup, votre cousin peut le récupérer, le télécharger et c’est tout bon. Évidemment, ce sera chiffré de bout en bout, c’est-à-dire que même nous, nous ne saurons pas ce qui est hébergé sur le serveur. Il sera chiffré lors de l’expédition, ça veut dire que même à la réception, nous, sur nos serveurs, on ne sait pas ce qu’on reçoit.
Quesch :
OK.
Pierre-Yves :
Dans les services qui sont préparés aussi, un service de pétitions, pour éviter que les gens aillent tous, moi ça me fait mal de voir des pétitions du Libre qui sont créées chez Avaaz ou chez Change.org, qui sont des sociétés qui proposent un produit hyper intéressant, ça utilise quand même la force d’Internet, le collaboratif, on fait de l’innovation sociale par le numérique, ou digital, enfin peu importe.
Quesch :
Digital, numérique.
Pouhiou :
Non de la « diginovation ».
Pierre-Yves :
De la « diginovation », voilà, vendu. Très bien, j’achète. Et du coup, comment est-ce qu’on va sortir un petit peu de ça ? Eh bien en proposant un outil de pétitions qui ne nous espionne pas, dont on ne stockera que très temporairement les adresses mail, etc. Donc, ça c’est qu’on va essayer de sortir au mois d’octobre, disons. L’été est quand même déjà bien entamé.
Quesch :
Ce n’est plus du teasing, c’est une bande annonce à l’américaine.
Pierre-Yves :
On peut avoir une explosion ? Des bruits ?
Pouhiou fait des bruitages :
Le monde est en danger ! Google, Facebook et Apple nous espionnent. Allons-nous survivre ?
Pierre-Yves :
Voilà. Et donc, d’ici la fin de l’année, on a encore comme projet Framatalk, qui essaiera, tant bien que mal, d’utiliser WebRTC pour lutter contre Skype.
Quesch :
Pour pouvoir discuter, enfin, à plusieurs.
Pierre-Yves :
Voilà, exactement, ce que proposent, un petit peu,
Quesch :
Skype ou Hangout.
Pierre-Yves :
Skype ou Hangout. Ce que propose déjà Firefox, avec Firefox Hello, mais sans passer nécessairement par Telefonica, qui est, aujourd’hui, le partenaire de Firefox Hello, ce qui fait un peu mal au cœur. Après, la technologie est en rodage, ça ne m’a pas plus choqué que ça qu’ils utilisent Telefonica. Dans les services aussi, il y aurait un Framaform. Framaform c’est une grosse demande qu’on a nous, autour des associations, qui nous posent souvent la question.
Quesch :
Pour faire des sondages ?
Pierre-Yves :
Voilà. Des sondages, des questionnaires. Ça peut servir.
Pouhiou :
Des formulaires.
Pierre-Yves :
Tous types de formulaires.
Quesch :
Qu’on ne reçoive pas des Google Docs, en lisant le formulaire.
Pouhiou :
Malheureusement, tu as quelle alternative aujourd’hui ?
Quesch :
À part installer un énorme…
Pierre-Yves :
Voilà, un énorme CMS, et puis faire toi-même. Et le configurer, c’est un petit long. Des fois on veut juste dire : « Qui peut venir à mon spectacle ? Avec telle et telle option », etc. Donc on a des assos culturelles, on a des particuliers, etc., qui veulent construire…
Quesch :
C’est au-dessous de Lime Survey ?
Pierre-Yves :
Oui, complètement. Lime Survey est vraiment fait pour du questionnaire long, un petit peu complexe, etc.
Quesch :
Professionnel.
Pierre-Yves :
Et ça marche très bien, mais, des fois, on veut juste construire, enfin, les utilisations de Google Forms que moi je vois autour de moi, c’est souvent une question, trois champs avec des cases à cocher, un menu déroulant avec quatre options et puis voilà. Et puis on envoie ça à tout le monde, les gens remplissent, et ça remplit, en plus, le spreadsheet de Google, derrière. Donc là aussi, l’idée c’est d’essayer de sortir de ça, d’ici la fin de l’année. Après on aura peut-être des outils de gestion de projet. Là, du coup, je reste dans le teasing, on verra. Vraiment des outils de gestion de projet avec la liste des choses à faire, faites, etc., qu’on peut partager avec d’autres.
Quesch :
Framaprojet ? C’est ça ?
Pierre-Yves :
On ne donnera pas de nom pour l’instant.
Quesch :
Pas de nom ! D’accord.
Pierre-Yves :
Et des outils, aussi, d’aide à la prise à décision. C’est-à-dire que, parfois, on veut faire des choses un petit peu plus complexes que juste demander, enfin pour faire un sondage, ce n’est pas juste oui, non, peut-être. Des fois on veut des choses un petit peu plus complexes du genre « selon vous, la stratégie de telle association, voila ce que je propose, qu’est-ce que vous en pensez ? », et la réponse n’est pas oui, non, peut-être. La réponse peut être plus subtile que ça et l’idée c’est de proposer des outils d’aide à la décision, qui permettent de dire « moi, je pense que oui parce que, mais par contre, il faudrait résoudre tel problème avant, et donc je soumets une deuxième question ». Et en attendant, tant qu’on n’a pas résolu la deuxième question, on ne peut pas reprendre la première, etc.
Pouhiou :
Ça je peux déjà donner le nom. Ça s’appelle « Frama, moi je pense que oui parce que, mais par contre ». Point org.
Quesch :
Ce n’est pas mal, ça. Facile à retenir.
Pierre-Yves :
Exactement. Un tout petit peu long à taper, mais bon.
Quesch :
Et, autre actualité ? On a fait le tour, là, des actualités.
Pierre-Yves :
Non, on pourrait t’en donner.
Pouhiou :
Moi, j’en ai une. On a sorti quand même, on va parler un peu de culture.
Quesch :
C’est pour ça que je voulais que vous en parliez. J’ai vu passer un crowdfunding de Pouhiou. Je voudrais en parler.
Pouhiou :
Ah Ouais. Ça c’est à part. Déjà, Framabook, on a sorti un magnifique roman de Lilly Bouriot qui s’appelle Avant de dormir » [11]. C’est un roman entre du Neil Gaiman, du Lovecraft, enfin, une écriture très mature, une quête initiatique glauque, noire, sombre. On est plongé dedans à bras raccourcis, c’est formidable. Et cette femme, donc, a passé son bac de français avec son premier roman édité dans sa poche. Elle l’a écrit à l’âge de seize/dix-sept ans, je crois.
Pierre-Yves :
Dix-sept ans.
Pouhiou :
Dix-sept ans. C’est un truc formidable, et moi je suis ébaubi par son talent, et aussi, c’est la première fois qu’on fait ça, on a sorti la Thermodynamique de l’ingénieur [12], chez Framabook, qui est un manuel universitaire, d’Olivier Cleynen, qui a eu cette démarche formidable de dire « ce savoir-là, on le connaît depuis cent/cent cinquante ans. Au niveau ingénierie, on le connaît depuis au moins cinquante ans, c’est figé, ça ne va pas trop bouger, comme savoir, ce n’est pas une science qui va énormément évoluer. Donc j’ai rassemblé tout ça dans un cours, j’ai fait les schémas, je les ai pris aussi, évidemment, sur Wikimédia Commons, etc., et quand il n’y en avait pas je les ai faits. Ça, c’est fait, vous l’avez, c’est libre, vous pouvez vous l’imprimer vous-même, vous pouvez le télécharger. Bien évidemment, vous pouvez l’acheter chez Framabook aussi, et du coup, l’argent, ne le mettez pas dans les bouquins, mettez-le dans les profs, mettez-le dans les moyens en université, mettez-le dans de quoi faire des cours, et pas dans du savoir qu’on a déjà ». Et ça c’est vraiment une démarche, moi, que je trouve admirable.
Quesch :
OK. C’est du lourd. J’étais en train de regarder, Thermodynamique de l’ingénieur.
Pouhiou :
Ouais. Ce qui est génial, c’est que c’est du lourd, c’est hyper pointu. Tu as des formules mathématiques, pour moi ce sont des hiéroglyphiques tout ça. Et, en même temps, il te fait, aussi, des exercices, parce que c’est un livre universitaire. Il y a des exercices, et un des exercices, eh bien c’est : « Des étudiants mettent un pack de bière au frigo. Sachant que le coefficient de température du verre c’est ça, de la bière c’est ça, quand est-ce que les bières seront fraîches ? » Tu vois ! Donc, il le fait aussi avec de l’humour, avec des moments d’histoire, avec des anecdotes. C’est passionnant comme bouquin.
Quesch :
C’est en CC-BY-SA.
Pouhiou :
Tout à fait. C’est libre.
Pierre-Yves :
Tu ne voudrais quand même pas qu’on sorte quelque chose qui ne serait pas libre !
Pouhiou :
Tu as l’air surpris !
Pierre-Yves :
Ça m’inquiète que tu aies l’air surpris.
Quesch :
Je suis surpris parce que j’ai cliqué sur le bouquin, et je tombe sur un site super moche.
Pouhiou :
Qui s’appelle enventelibre.org [13], parce qu’on est en train de le reprendre, c’est normal.
Quesch :
C’est pour ça. Sinon, ça va.
Pouhiou :
Mais c’est quand même le site qui permet à Ubuntu, April, Wikipédia et Framasoft de vendre leurs produits.
Quesch :
Justement, je voulais parler de En Vente Libre. Il n’est pas, ce n’est pas qu’il est moche. On ne va pas, non plus, critiquer. Il est ce qu’il est.
Pierre-Yves :
Je te rappelle que En Vente Libre n’a plus grand-chose à voir avec Framasoft. C’est un site qu’on avait monté avec Ubuntu-fr et Framasoft. Il se trouve que, aujourd’hui, En Vente Libre est une asso à part.
Quesch :
Tout à fait.
Pierre-Yves :
Donc, c’est un peu comme le crowfunding de Pouhiou, ça n’a pas grand-chose à voir avec Framasoft aujourd’hui.
Quesch :
Mais pour dire que les bouquins sont en vente.
Pierre-Yves :
Oui, ils sont en vente, évidemment. Tout l’objet de la collection Framabook, c’était de répondre aux gens, enfin à la critique des gens qui venaient nous dire : « Votre truc du logiciel libre, là, c’est bien joli comme utopie, mais ça marche parce que c’est du numérique, donc on peut faire du copier-coller. Mais par contre, on ne peut pas faire le copier-coller d’un sandwich ou d’un livre. Et donc il y a des coûts. Donc, faire du libre, du sandwich libre, de la bière libre ou du livre libre, ça ne marche pas.
Pouhiou :
Et moi, ce dont je me suis rendu compte avec mes romans, puisque mes romans sont édités chez Framabook, c’est que plus il y a de téléchargements, plus il y a d’achats. Et vraiment ! Il n’y a pas de problèmes là-dessus.
Quesch :
Tout à fait. C’est vraiment mathématique. Ah oui ! Plus un livre, plus un savoir est diffusé, plus tu as envie.
Pierre-Yves :
Tout à fait.
Pouhiou :
Sachant que la relation ne va pas être la même. C’est que, la plupart du temps, les gens vont dire : « Ouais, j’ai commencé à lire, ça m’a bien plu, je me suis dit tiens je vais plutôt lire sur papier ». Ou alors : « J’ai lu, j’ai aimé et puis je n’avais pas de thunes et tout ça. Bon, très bien, et j’ai téléchargé, je l’ai passé à des copains. Et puis là j’ai un peu de thunes, j’ai envie de soutenir ta démarche, donc je vais m’acheter le livre, comme ça moi j’aurais un souvenir et toi, tu auras un peu de sous ». Tu vois.
Quesch :
Et en plus, c’est un bouquin que je vais pouvoir passer, parce que le numérique ! C’est moins facile de filer…
Pouhiou :
Exactement. Tout le monde ne lit pas en numérique encore.
Quesch :
Voilà. Alors qu’un bouquin, on peut retrouver. Je n’ai pas encore retrouvé dans des foires aux livres des Framabooks.
Pierre-Yves :
Eh bien peut-être un jour.
Quesch :
Peut-être un jour.
Pierre-Yves :
Là, les livres sont libres, donc on encourage tout le monde, toutes les personnes qui vont dans des foires aux livres, pourquoi pas, d’amener des Framabooks, de les imprimer, de les acheter.
Pouhiou :
Vous pouvez les faire imprimer vous-même. Il y a tout un tas d’imprimeurs en ligne qui font ça très bien. Vous avez les fichiers sources, vous n’avez pas de souci, c’est libre.
Quesch :
D’accord. Donc ? On a fait le tour, je crois.
Pierre-Yves :
Non, on n’a pas fait le tour.
Quesch :
Non, on n’a pas fait le tour ?
Pierre-Yves :
Ça tombe bien, moi, je pourrais encore raconter plein de trucs.
Quesch :
Non, non. Pas d’accord.
Pierre-Yves :
Pas d’accord. Il y a une actualité qu’on n’a pas du tout mise en avant, d’abord parce qu’elle est récente, et ensuite parce qu’elle excitera beaucoup moins les libristes et le grand public, que les sorties de projets.
Quesch :
On ne sait jamais !
Pierre-Yves :
Parce que c’est aujourd’hui pour ça qu’on vient nous voir et qu’on vient nous dire : « Ah mais, et ça, ça sort quand ? Et ça, ça sort quand ? Et le mail, et le machin ? »
Quesch :
Oui, parce que moi j’attends le Gmail, le Framamail.
Pierre-Yves :
On en reparle après.
Pouhiou :
Il va nous falloir des moyens pour ça, nous, plutôt 2017. Il faut des moyens.
Pierre-Yves :
Exactement. On en reparlera. C’est que, on a quand même pas mal bossé sur la reconnaissance de Framasoft. En fait, on a fait une demande d’agrément « jeunesse et éducation populaire », qui nous a été accordé il y a quelques mois, quelques semaines même, donc c’est un peu frais encore. Et l’idée, c’était de dire que ce qu’on fait, finalement, c’est de l’éducation populaire. On essaye, tout simplement, de rendre le citoyen à la fois capable et plus en mesure d’accéder à des savoirs, de les partager et d’y contribuer. Encore une fois, la question de la contribution est pour nous complètement centrale. C’est comment est-ce qu’on va se dire : « Oui, je vais écrire un livre. Oui je vais contribuer à Wikipédia. Oui je vais soutenir financièrement tel ou tel projet du Libre ». Et ça, ça nous paraît tout à fait essentiel. On espère que cette reconnaissance du milieu de l’éducation, enfin « jeunesse et éducation populaire », nous ouvrira des portes qui, aujourd’hui, ne sont pas fermées, mais qu’on n’a jamais vraiment poussées, sur lesquelles on n’a pas eu vraiment beaucoup d’échanges, c’est-à-dire comment est-ce qu’on diffuse et comment est-ce qu’on essaime ce qu’on fait. Encore une fois, on est très sollicités pour intervenir à droite, à gauche, etc. C’est très bien de demander à quelqu’un de Framasoft de se déplacer, mais ce n’est pas notre rôle. Nous, notre rôle, il est d’être sur Internet. Il est, évidemment parfois, d’être face au public. Mais on est une trentaine de membres, clairement, on ne va pas pouvoir intervenir dans toutes les écoles de France et de Navarre. Donc avoir cette reconnaissance « jeunesse et éducation populaire » nous permettra, j’espère, de sensibiliser les réseaux un petit plus au monde du Libre. Ça fait déjà des années, notamment dans le groupe April, il y a un groupe. C’est Pouhiou qui fait des bêtises à la radio.
Pouhiou :
Des bruits bizarres.
Pierre-Yves :
Ne casse pas tout ! Du coup, c’est quelque chose qu’on essaie de mettre en avant, parce qu’on a besoin aujourd’hui, enfin, il y a un chaînon manquant, qu’on identifie, c’est entre les communautés de développement, les communautés même, parfois, de promotion du logiciel libre, et les utilisateurs. Et c’est comment est-ce qu’on les rapproche ? Et taper à la fois sur le côté « jeunesse et éducation populaire », sur les espaces publics numériques, sur les réseaux, pourquoi pas scolaires, même si je pense que l’Éducation, malheureusement.
Pouhiou :
Ou périscolaire. Je peux parler de l’expérience que j’ai eue avec la ligue de l’enseignement 31.
Pierre-Yves :
Vas-y, tout à fait.
Pouhiou :
Étant sur Toulouse, j’ai des amis qui travaillent là-bas, et qui m’ont demandé de faire une formation sur le numérique, le droit d’auteur et le Libre, auprès d’un ensemble de directeurs de centres de loisirs type CLAC, centres aérés, etc. Ils sont avec des publics enfants et adolescents, et donc j’ai fait une formation là-dessus, de quatre heures, sur le numérique, sur le Libre, et vraiment, les personnes en redemandaient. C’était une initiative locale parce que, justement, on se connaît avec une nana qui bosse là-bas, qu’elle avait bien identifié ce besoin, qu’elle avait un pote dont elle savait qu’il était valide pour faire ce type de formation. Tu vois ? Il faudrait que ça se développe, et le gros avantage c’est que j’ai touché, je ne sais plus, il y avait une vingtaine, une trentaine de directeurs et de directrices de centres, qui, par ailleurs, vont toucher leurs animateurs et animatrices, qui, par ailleurs, vont toucher leur public. Et donc là on a vraiment un effet pyramidal qui est juste énorme, et on espère que ce genre d’initiative, pour l’instant isolé, qui se fait parce qu’il y a de l’opportunité.
Quesch :
Se reproduira.
Pouhiou :
Ouais, que ça se reproduise. C’est vraiment, à mon avis, une belle opportunité de parler de ces thématiques-là, avec des gens qui sont, entre guillemets, « déjà convaincus ». C’est-à-dire que ce sont des gens qui partagent nos valeurs, et dès qu’on leur explique que leurs valeurs ont une réalité sur les internets, que ça s’appelle le logiciel libre, que ça s’appelle la culture libre, ces personnes-là sont ravies et s’engouffrent avec délices là-dedans.
Quesch :
Oui. Merci de l’avoir rappelé, parce que, sans ça, on aurait zappé cette partie. Donc là, je crois qu’on a vraiment fini.
Pierre-Yves :
C’est toi qui le dis.
Quesch :
Parce qu’en plus Pouhiou est en train de foutre le bordel partout. Il fait tomber des trucs et tout.
Pierre-Yves :
Il te casse tout.
Pouhiou :
Moi c’est comme ça ! Je ne retiens pas mon enthousiasme d’être avec toi, présent à cette table.
Quesch :
Exactement. Donc on a fait le tour. On n’oublie pas, on a le site Framasoft pour aller voir tous les projets.
Pouhiou :
framasoft.org. Vous avez tout.
Quesch :
Framabook, les pads, le nouveau truc qui remplace Gmail. Ces trucs-là.
Pierre-Yves :
Voilà, c’est en place, c’est caché.
Quesch :
C’est caché. En matière de recherche.
Pouhiou :
Il faut cliquer au bon endroit.
Pierre-Yves :
Ah oui. On n’a même pas parlé de Framabee [14], moteur de recherche.
Pouhiou :
On a dit qu’il y avait un moteur de recherche, Framabee, qui est la bête qui butine le net, et qui est un métamoteur, donc qui va chercher sur plein de moteurs, tout en anonymisant vos requêtes. C’est toujours dur à dire « anonymisant ».
Quesch :
Avec un plus beau logo que DuckDuckGo.
Pouhiou :
Ah. Nous, il est plus radioactif, j’ai envie de dire. Mais nous, l’avantage, c’est qu’il y a trois noms, si tu veux. C’est-à-dire Framabee, c’est l’abeille qui butine le Net, ça c’est pour toi. Si, à un moment donné, tu as besoin de faire sérieux, tu vois les clients, machin chose, tu dis : « Allez donc sur trouvons.org ». Tu vois ? Et puis tu as envie de t’éclater avec tes potes ou ta famille, tu fais « Eh demande à tonton Roger », parce qu’il y a tontonroger.org, et c’est le même site.
Quesch :
Ah, ce n’est pas mal. Avec un logo qui change ou il est toujours le même ?
Pierre-Yves :
Non, on a gardé le même, mais on pourrait changer.
Pouhiou :
Oui. Mais le titre change à chaque fois.
Pierre-Yves :
Tout à fait. On pourrait changer les logos. Bonne idée.
Pouhiou :
Fais-nous des logos libres et on les changera à chaque fois. Allez !
Quesch :
OK. Pas de problème, je t’en fais trois. Eh bien merci à Framasoft.
Pierre-Yves :
Merci à vous.
Pouhiou :
Merci.
Quesch :
Framasoft.org
Pouhiou :
Et Dégooglisons tiret internet point org.
Quesch :
Dégooglisons internet.org. J’ai réussi à le dire. Je suis trop content, j’espère qu’on a enregistré.
Pierre-Yves :
C’est bon.
Pouhiou :
Merci à toi, merci à vous.
Quesch :
Merci.
Pierre-Yves :
Et bisous.

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