- Titre :
- Mastodon, l’utopie d’un Twitter meilleur
- Intervenants :
- Tristan Nitot - Erwan Cario - Camille Gévaudan
- Lieu :
- Émission 56Kast - Numéro 105
- Date :
- Avril 2017
- Durée :
- 34 min
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- Licence de la transcription :
- Verbatim
Description
Son nombre d’utilisateurs explose depuis avril ; Mastodon est un réseau social inspiré de Twitter, mais open source et décentralisé pour plus de liberté, moins de censure, de publicité et de harcèlement. Voyage dans cet espace prometteur.
Transcription
Camille Gévaudan : Bienvenue dans le 56Kast numéro 105. Je ne savais pas quoi mettre pour 105, pour faire une blague. J’ai proposé de passer aux Pokémon tellement je n’avais pas d’idée et Erwan m’a dit : « Mais non, c’est un nombre sphénique ! » Donc on va vous expliquer ça.
Erwan Cario : C’est le plus petit nombre sphénique impair.
Camille Gévaudan : Bonjour Erwan.
Erwan Cario : Bonjour Camille.
Camille Gévaudan : Bonjour Tristan Nitot.
Tristan Nitot : Bonjour !
Camille Gévaudan : De Cozy Cloud [1].
Tristan Nitot : Mais dites, c’est quoi un nombre sphénique ?
Erwan Cario : Vas-y. C’est toi qui fais la rubrique culturelle.
Camille Gévaudan : Ouais. Bisous ! Dis ce que c’est qu’un nombre sphénique.
Erwan Cario : Un nombre sphénique c’est un nombre qui est un multiple de trois nombres premiers différents.
Tristan Nitot : En plus, c’est impair. Il est forcément impair !
Erwan Cario : Ah non ! Eh bien non !
Tristan Nitot : Vas-y je t’écoute !
Camille Gévaudan : Eh bien non, pas forcément. Un nombre premier c’est un nombre qui peut être divisé par 1 ou par lui-même, donc 2, 3, 5, 7, 11, 13, etc. Et donc, un nombre sphénique, il faut que ce soit un entier strictement positif donc 1, 2, 3, 4, 5, etc.
Erwan Cario : Qui est multiple de trois nombres premiers différents.
Camille Gévaudan : Multiple de trois nombres premiers différents. Donc par exemple 30 parce que 30= 2 × 3 × 5 ; ce sont trois nombres premiers différents. 42 parce que 2 × 3 × 7 ; 66 parce que 2 × 3 × 11. Et comme ça, après, 70, etc. Et le premier qui est impair est 105.
Erwan Cario : Tu es content ?
Tristan Nitot : Ouais ! Je ne regrette pas d’être venu !
Erwan Cario : Voilà. Après il a d’autres caractéristiques, aussi.
Tristan Nitot : Continue, embraye là, sinon on est foutus !
Camille Gévaudan : C’est quoi ?
Erwan Cario : C’est un nombre, je ne sais plus si c’est triangulaire ou un truc comme ça, en fait.
Camille Gévaudan : Ouais, mais il aurait fallu réviser avant ce que tu voulais dire, parce que là.
Erwan Cario : Dodécagonal.
Tristan Nitot : Vas-y ! Embraye !
Camille Gévaudan : Tout de suite.
[Musique]
QUARTIER LIBRE
Camille Gévaudan : Aujourd’hui on va vous parler pendant une demi-heure du nouveau réseau social trop à la mode sur lequel on s’est inscrits, Tristan et moi, et après Erwan on l’a fait venir aussi parce que c’est un truc de djeuns, vachement branché ! Alors qu’en fait, pas du tout ! C’est un truc de geeks, où il y a des mots compliqués dedans, genre décentralisé, libre et tout.
Tristan Nitot : Ouais, mais c’est quand même vachement bien !
Camille Gévaudan : C’est quoi un mastodonte à part un mammifère qui vivait à l’ère tertiaire avec une trompe ?
Erwan Cario : C’est quoi la différence entre un mastodonte et un mammouth ?
Tristan Nitot : Là, il est en train de nous faire un plan à la Firefox. Est-ce que c’est un renard ou un panda roux ?
Camille Gévaudan : Je ne sais plus ; tu n’as qu’à aller voir sur Wikipédia.
Tristan Nitot : Alors moi, ce n’est pas là-dessus que je suis allé chercher. Personnellement, moi je suis occupé du réseau social un petit peu sauce Twitter, tu vois, mais en mieux, et qui décolle vachement à un moment où Twitter, quand même, plafonne depuis un bout de temps et multiplie les bêtises puisque, récemment, ils ont censuré des tweets sur, je crois, United.
Camille Gévaudan : La compagnie arienne américaine ?
Tristan Nitot : Voilà. Qui a viré un de ses passagers à coups de latte dans les fesses et dans la gueule, et évidemment, ils ont supprimé des tweets et ça, ce n’était pas une très bonne idée.
Camille Gévaudan : Ils ont supprimé des tweets qui critiquaient United, c’est ça ?
Tristan Nitot : Oui.
Camille Gévaudan : C’est propre, c’est bien !
Tristan Nitot : Et ça, ce n’était pas une super idée. Et juste à ce moment-là, il y avait un Allemand qui faisait un genre d’alternative à Twitter et, visiblement, ça aurait pu l’aider à décoller et il y a d’autres raisons qu’on va aborder.
Camille Gévaudan : La petite histoire, c’est donc cet Allemand, il s’appelle Eugen Rochko, il a 24 ans, et il a commencé à bosser sur ce truc début 2016. C’est un gros utilisateur de Twitter qui, en fait, a décidé, un jour, de faire ce qu’il aurait voulu que Twitter soit. Parce que Twitter c’était mieux avant, vous comprenez ! Déjà on en a marre des pubs, des tweets sponsorisés.
Tristan Nitot : Du harcèlement.
Camille Gévaudan : On en a marre du harcèlement. On en a marre, en fait, qu’il y ait trop de cons sur Twitter, parce que plus il y a de monde et plus les cons arrivent ! Et donc, il a fait son propre truc à lui, libre. Il a annoncé ça en octobre 2016 et tout d’un coup, alors je ne sais pas pourquoi, ça a décollé, c’était en avril 2017, on est passé de 15 000 à 400 000 utilisateurs en quinze jours. C’était la folie et aujourd’hui on est à…
Tristan Nitot : 500 000, je crois.
Camille Gévaudan : 465 000, c’était hier [25 avril, NdT].
Tristan Nitot : Oui. Eh bien je crois que ce matin j’ai vu 500 000. Voilà. Et ça continue de monter, donc c’est cool. On va peut-être donner une petite définition. Ça ressemble à Twitter, c’est un réseau social, donc les gens ouvrent un compte ; ils peuvent discuter entre eux en s’appelant par leur nom d’utilisateur commençant par @ et c’est ça qui ressemble à Twitter. C’est du microblogging, c’est-à-dire qu’on ne fait pas des tartines. Mais, là où Twitter est limité 140 caractères, Mastodon a plusieurs différences. La première, c’est qu’on est limité à 500 caractères !
Camille Gévaudan : Et là, on respire !
Tristan Nitot : Eh oui ! Eh oui, on respire, ça donne plus de place à la nuance et ça, c’est vachement sympa. Donc c’est moins acéré, moins dans ta gueule, voilà, etc. Et il y a un deuxième truc qui est aussi très important, même si c’est plus difficile à capter, c’est le fait que ça soit décentralisé ; qu’il y ait des instances, qu’il y ait plusieurs instances, en fait, de Mastodon [2] ; c’est-à-dire qu’il y a des îlots, en fait, de Mastodon, mais qui peuvent communiquer entre eux.
Camille Gévaudan : Le truc, c’est qu’au départ Mastodon c’est un logiciel. Donc si tu as envie de créer…
Tristan Nitot : Et il est libre. Logiciel libre !
Camille Gévaudan : Of course ! Donc si tu as envie de créer ton îlot Mastodon, tu installes ce logiciel sur ton serveur et après, les gens peuvent s’inscrire à Mastodon mais via chez toi.
Tristan Nitot : Voilà !
Camille Gévaudan : Et heureusement, ils peuvent communiquer les uns avec les autres. Je crois que quand tu es administrateur de ton instance, tu peux décider si ton instance va fonctionner en vase clos, ce qui est donc très pratique, effectivement, pour éviter le harcèlement. Par exemple, si tu veux faire une communauté très thématisée ou un safe space, comme on dit, où il n’y a pas de méchants, tu dis que les gens parlent entre eux. Ou alors, tu peux décider que ton instance est fédérée avec les autres. Du coup on se parle avec des multiples arobases dans le nom.
Tristan Nitot : Eh bien oui, parce que tu es ton nom @ ton instance.
Camille Gévaudan : C’est ça. C’est un peu comme une adresse e-mail en fait.
Tristan Nitot : Oui, sauf que ça commence par un @ au tout début. Moi je suis @nitot chez framapiaf.org.
Camille Gévaudan : Framapiaf [3] ! Ça ne serait pas Framasoft, du genre, qui aurait fait cette instance ?
Erwan Cario : L’innocente !
Tristan Nitot : L’innocente ! Et toi, c’est quoi ton adresse ?
Camille Gévaudan : Moi c’est khomille chez framapiaf.org.
Tristan Nitot : C’est dingue !
Camille Gévaudan : Quand ça commence par « frama » bien sûr qu’on va là.
Tristan Nitot : Évidemment, ce sont les copains de Framasoft qui ont commis cette instance. Merci à eux.
Camille Gévaudan : Dans les différentes instances, justement, en France c’est vaguement La Quadrature du Net qui a commencé à rameuter du monde. Leur truc s’appelle mamot [4], m, a, m, o, t .fr et après il y a eu Framapiaf et après il y en eu d’autres. Le truc marrant, avec les instances, c’est que maintenant il y en a vraiment des thématiques. Par exemple il y a witches, comme des sorcières, .town [5], qui est un réseau féministe queer, anarchiste sympathisant. Il y en a un qui s’appelle animalliberation.social [6], donc ce sont des militants pour les droits des animaux. Après tu en as spécial minecraft, spécial experts de la sécurité, spécial animé japonais. Il y a tous les CHATONS, alors les CHATONS ce sont les Collectifs d’hébergeurs alternatifs transparents ouverts…
Tristan Nitot : Neutres et solidaires.
Camille Gévaudan : Neutres et solidaires. Bien joué !
Tristan Nitot : Je ne me souviens que de ces deux-là.
Camille Gévaudan : Les IndieHosters [7] et compagnie qui ont fait des instances à eux.
Erwan Cario : Ce sont des instances ouvertes, toutes celles-là ?
Camille Gévaudan : Ouvertes ? C’est-à-dire ?
Erwan Cario : Qui communiquent avec les autres instances ?
Tristan Nitot : Oui. Où tu peux ouvrir un compte.
Camille Gévaudan : Il y en a deux particulièrement marrantes dont j’avais envie de parler : c’est oulipo.social, donc sur les principes du mouvement lollipo qui ont donné une contrainte. La contrainte c’est celle de Perec dans La Disparition : on ne peut pas utiliser la lettre « e ». C’est-à-dire que physiquement, si tu essayes de faire un tweet, enfin pardon, on dit un pouet sur Mastodon.
Tristan Nitot : Un « pout », alors !
Camille Gévaudan : C’est ça. De toutes façons, si tu essayes de faire un pouet avec un « e », il ne part pas. Donc les gens doivent écrire sans « e » et c’est très drôle. Et en réaction à ça, il y a quelqu’un qui a créé dolphin.town. C’est l’inverse, c’est-à-dire que tu ne peux twitter que des « e ». Donc, à la fin, tu fais des cris de dauphin. Ça fait eeeeeeeeeeeee !
Tristan Nitot : D’accord !
Erwan Cario : Là, la différence entre 140 et 500 s’atténue !
Tristan Nitot : Oui, mais la différence entre ça et Twitter, elle augmente, justement. Grâce à cette décentralisation, tu peux définir des règles locales qui fonctionnent sur l’instance, auxquelles les gens qui arrivent sont donc soumis. Et ça te permet de créer – alors évidemment dans ce cas-là c’est loufoque – mais dans d’autres cas, je pense à witches.town, tu as un certain nombre de règles. Alors moi j’ai noté, parce que c’est très intéressant : « Witches Town est là pour fournir un endroit accueillant sur Mastodon pour les personnes queers, féministes, anarchistes et compagnie ainsi qu’à leurs sympathisant⋅e⋅s. » Eh bien voilà ! Ce qui est super intéressant c’est que si tu fais partie de cette population-là et que tu en as marre de te faire harceler sur Twitter à cause de ton orientation sexuelle ou autre, eh bien tu vas là et tu sais bien que les gens qui sont sur cette instance vont respecter ton identité sexuelle, tes préférences.
Camille Gévaudan : Et s’il y en a un qui déconne à un moment, il va être banni et c’est tout !
Tristan Nitot : Éjecté. Et voilà ! Et ça ne veut pas dire qu’on le censure. C’est-à-dire qu’il n’a pas le droit d’être là, mais il peut être sur une autre instance et réciproquement. Chez les amoureux des animaux, si tu arrives et que tu postes une côte de bœuf saignante, eh bien ce n’est probablement pas bien accepté !
Camille Gévaudan : Sur l’instance animalliberation, il y a marqué « le spécisme fait partie des trucs interdits ». Tu as le sexisme, les discriminations et le spécisme. Chacun ses règles.
Tristan Nitot : Voilà.
Camille Gévaudan : Et d’ailleurs, c’était le but de Eugen Rochko dès le début. C’est lui qui a lancé la première instance qui s’appelait ? C’était quoi ?
Tristan Nitot : Mastodon.social.
Camille Gévaudan : Mastodon.social, voilà. Quand il en est arrivé à 45 000 utilisateurs il a dit : « Vous allez peut-être lancer vos propres instances parce que moi, je n’ai pas que ça à faire sur mon serveur. »
Tristan Nitot : Surtout que ça coûte des sous, quand même, une machine qui hoste 45 000 comptes, ça commence à coûter tous les mois.
Camille Gévaudan : Oui ! Et c’est lui qui a dit, enfin qui a commencé à montrer l’exemple, en donnant des règles, en disant : « Chez moi, c’est explicitement interdit de faire des discriminations sur le genre, l’orientation sexuelle, et je vous bannis. »
Erwan Cario : Et ce qui arrive à la création, parce que c’est une des problématiques qui était importante au moment des grosses problématiques du harcèlement sur Twitter ou sur Facebook ou sur les réseaux sociaux centralisés et mondiaux, c’est comment réagir. Et tous les gens se sont dit « il faut créer dessafe spaces, dont tu as parlé tout à l’heure, c’est-à-dire des zones où on sait que c’est bienveillant. Qu’on n’a aucun risque de se faire se faire harceler ou même, si ça arrive, c’est le harceleur qui lui sera mis en minorité et sera expulsé tout de suite, ce qui crée aussi des zones intéressantes, en fait. »
Tristan Nitot : Oui. C’est intéressant parce que sur Twitter, du fait du mode centralisé, ça rendait très compliqué ce genre de choses. C’est-à-dire soit tu censurais le gus et on ne peut pas accommoder, en fait, toutes les sensibilités en un seul endroit, mais si tu commences à décentraliser, là tu commences à avoir des chartes et des visions sur chaque instance et on peut créer ces safe spaces sans pour autant empêcher les autres de totalement s’exprimer. Si je mets une photo de côte de bœuf parce qu’il se trouve que je mange de temps en temps de la viande.
Camille Gévaudan : On parle pas mal de cuisine sur Mastodon.
Tristan Nitot : Oui. Mais je comprends que ça puisse choquer des personnes et donc je ne vais pas la poster là. Et il y a même une fonctionnalité dont il faut peut-être qu’on parle.
Camille Gévaudan : Il y a une gestion très fine de la confidentialité, justement, sur Mastodon.
Tristan Nitot : Voilà, exactement. De la confidentialité et aussi des trucs dits Content Warnings, c’est-à-dire que si je poste un truc qui peut ne pas plaire à certaines personnes, eh bien, au moment de la composition du message, je clique sur le « CW » — il y a un petit bouton « CW » — eh bien mon image ou mon propos vont être cachés et, au-dessus, il y a un champ qui est apparu et je peux mettre, en fait, une description du problème.
Camille Gévaudan : Tu as l’introduction, puis le reste qui est caché par un bouton. Donc ça peut servir aux images Not safe for work, ça peut servir aux images, tous les triggers warnings, les trucs qui peuvent choquer.
Erwan Cario : Les spoilers.
Camille Gévaudan : Les spoilers. Et j’ai aussi vu passer des usages assez marrants. Avant le premier tour on n’en pouvait plus, ça parlait d’élection présidentielle partout. Moi, je me suis muté tous les noms des politiques sur Twitter parce que je ne pouvais plus les voir, eh bien là il y avait des gens qui parlaient politique en mettant, en haut, « on parle politique » et après, tous leurs discours étaient cachés derrière le « Content Warning ».
Tristan Nitot : Et si tu veux le voir, tu cliques dessus, ça apparaît et puis, si tu ne veux pas, eh bien tu ne cliques pas ! Il suffit juste de mettre « attention c’est politique ».
Camille Gévaudan : Et même, plus généralement sur la confidentialité, tu peux régler si tes tweets par défaut apparaissent. Alors il y a le fil global, qui est la colonne où s’affichent tous les pouets — je suis désolée, c’est ridicule — tous les tweets de tous les gens sur toutes instances ; et tu as le fil local qui sont tous les tweets des gens sur ton instance. Et tu peux choisir si, par défaut, tes tweets s’affichent là-dedans ou pas ; ce qui peut aider aussi à ce qu’on arrête de t’emmerder et que les gens ne viennent pas, si tu as des propos polémiques sur un sujet, par exemple, qu’on ne vienne pas t’embêter avec ça, tu décides que ça n’apparaît pas sur les fils publics et que ce n’est que pour tes abonnés. Et après, tu as aussi la version message privé, « ne peut pas être trouvé via un moteur de recherche ». Enfin des trucs comme ça.
Tristan Nitot : Il faut peut-être parler de vocabulaire, non ?
Camille Gévaudan : Ouais, vas-y !
Tristan Nitot : Déjà, qu’est-ce que c’est une instance ? C’est un endroit qui héberge, enfin c’est un serveur Mastodon où se retrouvent des gens connectés à Mastodon sous un certain nombre de règles qui sont décidées par cette instance. Tu as parlé de pouet, aussi.
Camille Gévaudan : Je ne m’y fais pas !
Tristan Nitot : C’est la traduction de toot, en anglais. C’est-à-dire qu’il ne voulait pas de « tweet », évidemment, puisque c’est sûrement déposé par Twitter, mais ce petit message on l’appelle un toot in English et en français ça a été traduit par « pouet ». Pourquoi pas !
Erwan Cario : Pas la meilleure idée du monde !
Camille Gévaudan : C’est marrant, parce qu’on tâtonne et qu’on n’est pas beaucoup.
Tristan Nitot : Moi je suis preneur de vos alternatives.
Camille Gévaudan : Écoute, il faut y réfléchir, mais « pouet » ça ne va pas pouvoir rester. À un moment, en plus, si on veut convaincre les gens que c’est une bonne idée, que c’est un truc sérieux et tout, tu ne peux pas dire « on fait des pouets ». Au niveau de l’image quoi !
Tristan Nitot : Attends, parce qu’il faut quand même savoir que Twitter on fait des « cui », des « cui-cui », tu vois !
Erwan Cario : Oui.
Camille Gévaudan : Oui. Mais on le dit.
Tristan Nitot : Oui. C’est complètement con !
Camille Gévaudan : Oui. Les anglophones n’ont qu’à l’assumer. Mais nous, on ne s’en rend pas compte qu’on fait des « cui » quand on dit qu’on fait des tweets.
Tristan Nitot : Ouais ! On peut faire des « pouets » ou des toots. Tu veux tooter toi ?
Camille Gévaudan : Non. Pas trop non plus !
Tristan Nitot : J’attends, je vous mettrai une petite boîte à idées et j’attends vos Post-it. La notion de « retweet ».
Camille Gévaudan : Oui, on booste, je crois.
Tristan Nitot : Ça s’appelle booster. Donc en fait tu cliques avec ces deux flèches, comme un recyclage un peu, et ça, ça veut dire tu retweettes et beaucoup, comme un retweet, et ça, ça s’appelle un « boost », je booste ton message.
Camille Gévaudan : On ne like pas avec des cœurs, mais on met en favoris comme à l’époque où Twitter c’était mieux, avec une petite étoile.
Tristan Nitot : Oui, avec une petite étoile, une animation.
Erwan Cario : Du temps où c’était mieux !
Tristan Nitot : C’est vrai. Parce que je préfère mettre en favoris. Parfois il y a des trucs horribles dont je veux me souvenir et cliquer sur le bouton like dans Twitter, ça me fait mal aux fesses, vraiment ce n’est pas possible ! Je ne peux pas liker des horreurs ; par contre, je peux les mettre, malheureusement, en favoris, enfin dans un endroit où je vais m’en souvenir.
Camille Gévaudan : Alors Monsieur Nitot, est-ce qu’il y a des applis ?
Tristan Nitot : Mais complètement ! Déjà ça marche dans un navigateur web sur ton PC. C’est la façon première d’y aller. Sur un iPhone tu peux utiliser, comment ça s’appelle, Amaroq.
Camille Gévaudan : Amaroq. Et sur Android c’est ?
Tristan Nitot : Amaroq, par exemple. Et sur Android c’est Twidere ou Tusky. Parce que maintenant Twidere, le nouveau Twidere qui est un client Twitter, il permet aussi bien de twitter que de pouetter. Hou, ça c’est bien !
Camille Gévaudan : Ça commence à devenir technique !
Tristan Nitot : Je crois que c’est une version bêta pour l’instant, mais ça doit plaire à beaucoup de gens.
Camille Gévaudan : Ça va très vite parce qu’il y a de plus en plus d’utilisateurs, la courbe est incroyable, mais il y a aussi de plus en plus de développeurs. Si on va voir le truc de Mastodon sur GitHub, là, le nombre de développeurs explose en ce moment ; on en est à plusieurs centaines et ça va à une vitesse dingue. Tous les bugs, tous les trucs qui ne sont encore pas bien en ce moment sont résolus de semaine en semaine.
Tristan Nitot : Donc Amaroq, Twidere ou Tusky, ces deux derniers pour Android, Amaroq étant pour l’iPhone.
Camille Gévaudan : On va faire une pause What’s the fuck.
Erwan Cario : Ah bon ?
Camille Gévaudan : Oui, parce que j’avais envie de vous montrer des bonbons qui fondent.
Tristan Nitot : C’est comme ça quoi !
Camille Gévaudan : Ouais, c’est comme ça ! J’avais envie de vous montrer des bonbons qui fondent. Tu n’as pas envie de voir des bonbons qui fondent ?
Erwan Cario : Ouais !
Tristan Nitot : Si ! Si !
Camille Gévaudan : Sur fond de Vivaldi.
Tristan Nitot : Ah bon !
Camille Gévaudan : Tu n’as pas le choix !
Tristan Nitot : Vas-y ! Appuie sur le bouton !
[Melting Candy – Classic Music – Erwin Trummer]
Camille Gévaudan : C’est pour ça que j’aime Internet !
Tristan Nitot : Mange-moi !
Erwan Cario : Voilà, voilà !
Camille Gévaudan : Voilà.
Tristan Nitot : Tu as eu raison. Maintenant j’ai faim.
Camille Gévaudan : Moi aussi.
Tristan Nitot : Mais ce n’est pas grave. Je vais baver sur mes pompes. Bien !
Camille Gévaudan : Mastodon aujourd’hui, enfin hier [25 avril] en tout cas, il y avait 1311 instances avec un total de 465&nbs000 utilisateurs. L’une des grandes questions, à part « est-ce que ça va prendre ou est-ce que ça ne va pas prendre ? », c’est : « Quel va être le modèle économique de ce truc ? ». Parce que pour l’instant les instances sont faites par des gens qui sont très technophiles ou biens communs, etc., et qui offrent leurs serveurs, en gros, parce que c’est à peu près gratuit de s’inscrire partout. Sauf qu’on va bientôt voir arriver des instances payantes, non ? Un système d’abonnement ?
Erwan Cario : C’est gourmand, c’est assez gourmand quand même.
Camille Gévaudan : Ça ne va pas pouvoir continuer comme ça longtemps.
Tristan Nitot : Ça bouffe pas mal de ressources. Donc, ça veut dire qu’il faut bien qu’il y ait quelqu’un qui paye la facture des serveurs parce qu’il y a le prix des machines, le prix de l’électricité, qui est au moins aussi important, et puis l’hébergement, l’accès à Internet, etc., et la maintenance. Alors la maintenance, peut-être que des bénévoles peuvent donner du temps, mais c’est quand même une expertise qui vaut cher ; mais le reste c’est du vrai argent qu’il faut bien que quelqu’un sorte. C’est la grande question : comment est-ce qu’on va faire ? On sait déjà : chez Framasoft, ils sont dans une approche de dons. Donc si vous allez sur Framapiaf, c’est gratuit, mais régulièrement, quand vous vous connectez sur un service, on vous rappelle : « Ça ne serait pas mal de filer des sous », et il faut le faire ; personnellement je le fais et j’encourage tout le monde à le faire. Et on donne, comme ça, une fois de temps en temps, dix euros par ci, vingt euros par là, et ça va permettre de financer Framasoft et les alternatives à Framasoft qui sont encouragées par la démarche dite CHATONS, dont on parlait tout à l’heure. Le don est une bonne façon de faire, mais il y a de la place pour d’autres approches, peut-être des systèmes payants. Tu sais que Etalab — donc c’est un organisme d’État autour de la donnée — a lancé une instance pour les agents de l’État.
Camille Gévaudan : J’allais parler de ça. Si tu as adresse e-mail qui finit en gouv.fr, tu peux t’inscrire.
Tristan Nitot : Et d’autres trucs du même genre, mais oui, en .gouv.fr, eh bien tu as le droit ; c’est un outil qui est mis à la disposition des fonctionnaires pour pouetter en toute quiétude. C’est génial que l’État soit moderne dans cette approche.
Camille Gévaudan : Oui ! C’est bien qu’ils aient été là dès le début. Ce qui nous amène à la question des comptes vérifiés. Est-ce qu’on peut avoir confiance en l’authenticité des gens ou pas ? Parce que là, par exemple, si on voit quelqu’un qui est inscrit sur l’instance – alors c’est quoi ? C’est mastodon.etalab.gouv.fr – à priori, c’est que son identité a été vérifiée ; enfin ils ont plusieurs critères, donc on peut avoir confiance, c’est vraiment quelqu’un qui bosse pour l’État. D’autres ? Moi si je vois nitot @ autre chose que framapiaf.org, parce que là tu viens de me dire que tu étais vraiment dessus, comment je peux savoir que c’est toi ? Eh bien je ne peux pas ! Il n’y a pas de comptes certifiés parce qu’il n’y a pas d’unité de certification, parce que ce n’est pas central.
Erwan Cario : En même temps, il n’y a pas tant que ça de comptes certifiés sur Twitter non plus. Des comptes certifiés sur Twitter…
Camille Gévaudan : Non ! Mais en ces temps de fake news, faites attention à qui vous parlez, tout ça, c’est une vraie question. Il y a eu des initiatives. Numerama a eu une bonne idée : ils ont créé leur instance à eux en disant que toute leur équipe de journalistes aurait un compte en @numerama.social, je crois que c’est ça, et donc si on voit que quelqu’un nous parle en @numerama, c’est forcément quelqu’un de chez Numerama. Ce n’est pas pour le public.
Tristan Nitot : D’accord ! Et ce n’est pas ouvert à d’autres personnes. C’est réservé aux journalistes.
Camille Gévaudan : C’est leur équipe.
Tristan Nitot : Très bien ! C’est super ça. C’est une façon d’authentifier, finalement, les gens, et ça remplace la certification.
Camille Gévaudan : C’est ça. Alors si tu es très connu et très motivé, tu te fais ta propre instance perso, sur ton propre serveur, avec juste toi dessus.
Tristan Nitot : Moi j’ai une de mes collègues qui a fait ça, coucou aeris, qui fait ça et c’est juste lui. Mais enfin bon ! Il est un peu spécial, dans ce domaine.
Erwan Cario : Mais pour le coup, en fait, moi quand j’entends parler comme ça d’instances, d’un réseau social où les instances communiquent entre elles et ce genre de choses, on n’est pas à un coup d’essai. Il y a Diaspora qui était venu avant.
Camille Gévaudan : Diaspora c’était l’équivalent qui imitait Facebook, en fait.
Erwan Cario : Voilà ! Qui imitait Facebook, mais technologiquement, on était sur quelque chose d’assez similaire. C’est-à-dire qu’il y avait des instances de Diaspora qui pouvaient communiquer entre elles ; c’était, en fait, l’idée de toutes façons d’avoir un réseau social décentralisé par rapport à un réseau social centralisé. On a vu ce qu’est devenu Diaspora, enfin ce que n’est pas devenu Diaspora en tout cas, qui n’a ni remplacé Facebook.
Tristan Nitot : On peut dire que c’est devenu une ville fantôme, sans vouloir être désagréable. Il n’y a plus beaucoup de monde.
Erwan Cario : Plusieurs villes fantômes.
Camille Gévaudan : C’est un micro réseau social pour un niche de militants libristes super informés, quoi !
Tristan Nitot : Oui ! Et même, ce n’est pas super pratique quoi !
Tristan Nitot : J’aurai bien aimé.
Erwan Cario : En tout cas, ça n’a pas vécu à côté de Facebook. Ça n’a pas été une alternative à Facebook, à défaut de remplacer Facebook, ce qui n’a jamais été leur ambition, mais ça n’a même pas grandi comme alternative à Facebook, parce que…
Tristan Nitot : Parce que ? Parce que la loi de Metcalfe, virgule, bordel ! Point d’exclamation !
Erwan Cario : Explique !
Tristan Nitot : La loi de Metcalfe.
Camille Gévaudan : Quoi ?
Tristan Nitot : La loi de Metcalfe. Donc Bob Metcalfe qui est des fondeurs de, j’espère que je ne dis pas de bêtise parce que je ne l’ai pas relu, de 3Com, qui est une des premières sociétés qui a fait du réseau dont l’Éthernet en fait, eh bien il explique que la valeur d’un réseau croît en fonction du carré du nombre de nœuds du réseau. C’est-à-dire que plus tu as de gens sur un réseau, plus la valeur apportée aux utilisateurs du réseau augmente. Imagine-toi, quand tu étais le premier à avoir un téléphone ou un fax, eh bien au début tu t’emmerdais parce qu’il n’y avait personne, si tu étais le premier et le seul au monde à avoir un fax, tu ne pouvais pas envoyer à qui que ce soit. Un jour il y a eu un deuxième fax, là c’était super, tu pouvais parler à une personne. Et puis dans les années 80, il y a eu des millions de fax et là, le fax est devenu la manière normale d’échanger avant l’e-mail. Faire du business, c’était par fax. Et c’était pareil au niveau des e-mails : au début de l’e-mails, tu ne pouvais rien envoyer.
En fait, on est là dans cette période pas facile avec Mastodon, où il commence à y avoir un bouillonnement, mais il y a quand même l’essentiel des gens qui n’y sont pas encore. Ça a de la valeur si tes amis sont présents. Moi, j’ai plein de copains geeks et de collègues geeks donc forcément j’y trouve mon bonheur, mais pour M. et Mme Tout-le-monde ce n’est pas encore le cas.
Camille Gévaudan : Je pense que c’est ce qui a permis, déjà, de faire la différence de succès entre les débuts de Diaspora, où ça n’a jamais marché en fait, et les débuts de Mastodon où, pour l’instant, à son échelle, ça cartonne, c’est qu’il n’y a pas le même public. Diaspora ça imitait Facebook. Sur Facebook, il y a tout le monde, en fait, et pas forcément des gens très technophiles, et pas forcément des gens qui comprennent bien comment marche un réseau social. Sur Twitter, il y a un public plus geek, qui est celui qui a migré sur Mastodon pour l’instant, parce qu’il n’a pas eu peur de cette histoire d’instance, de décentralisé, qu’il a compris comment ça marche. Et eux ils ont migré. Et là, je crois qu’on est à la limite où il va falloir convaincre les autres.
Tristan Nitot : Oui.
Camille Gévaudan : Ça fait un petit peu peur quand on prononce le mot instance. C’est là qu’on va voir si ça marche vraiment ou pas.
Tristan Nitot : Mais cela dit, la qualité du logiciel Mastodon est quand même – ce n’est pas parfait – mais c’est super convivial.
Camille Gévaudan : C’est super convivial.
Tristan Nitot : À part cette histoire de comprendre : mais où est-ce que, comment je choisis mon instance, etc., ce n’est pas mal.
Camille Gévaudan : Par défaut c’est très noir, gris, un peu geek et tout, et nous, chez Framapiaf, c’est violet, c’est très joli. Ça ne fait pas peur, vous pouvez venir !
Tristan Nitot : Ça me rappelle un petit peu l’encre que tu utilises pour faire les ronds au-dessus de tes « i ».
[Rires]
Camille Gévaudan : Ça, c’était une vanne avant l’émission, je ne sais pas pourquoi. Ils ont décidé que j’écrivais à l’encre turquoise en mettant des ronds sur les « i », juste pour me provoquer.
Tristan Nitot : On le voit bien. [Tristan Nitot indique les notes papier de Camille Gévaudan].
Camille Gévaudan : Ce n’est pas moi qui ai fait le design.
Erwan Cario : Est-ce qu’il y a une ambition, comme ça, de remplacer, d’être une vraie alternative à Twitter ? Les gens qui utilisent Mastodon est-ce qu’ils arrêtent d’utiliser Twitter ?
Camille Gévaudan : Je pense que ça va s’additionner, mais tu ne peux pas remplacer Twitter.
Erwan Cario : C’est là la difficulté. C’est que, en fait, parce que c’est dans la catégorie des réseaux sociaux, on est donc sur du microblogging. Est-ce que c’est possible, humainement, de gérer deux plates-formes de microblogging différentes ?
Tristan Nitot : C’est une bonne question.
Erwan Cario : Moi, j’ai l’impression qu’on est face à cette problématique-là. C’est-à-dire que là il y a un attrait pour la nouveauté. On a vu des réseaux sociaux : il y a eu Quora, il y a eu Ello, il y a eu plein de choses qui ont proposé des alternatives ou des manières différentes d’aborder le réseau social. Et c’est vrai que je n’ai pas l’impression que la barrière soit particulièrement en termes d’interface, en termes d’usages ou tout ça, c’est en termes de « est-ce qu’on peut tweeter et être sur Mastodon en même temps ? »
Tristan Nitot : Moi ça me demande un effort, c’est vrai. Je fais cet effort de poster sur les deux réseaux, parce que sur Twitter j’ai une forte audience et sur Mastodon, moi je veux investir dans Mastodon parce que je pense que c’est l’heure de remplacer Twitter. Ça fait des mois qu’on s’emmerde sur Twitter, de toutes façons.
Camille Gévaudan : Si c’est un laboratoire d’idées, de nouvelles formes : il y en a qui essayent de faire des petites fictions en 500 caractères ; tu as le hashtag #MercrediFiction.
Tristan Nitot : Moi j’en ai publié un, il a eu vachement de succès. Je suis très fier de moi !
Camille Gévaudan : Si ça peut servir de modèle, si ça peut donner des idées à Twitter, montrer que les gens aiment bien telle ou telle fonctionnalité et qu’on a besoin de plus de 140 caractères, qu’on en a marre de la censure. Je ne sais pas ! Si ça peut créer des débats, c’est déjà gagné, en fait.
Erwan Cario : Ceci dit, une des applications qui ressort vraiment et que je trouve super intéressante, c’est l’application en termes de safe space. C’est-à-dire avoir une forme un peu moderne des forums de discussion, finalement. C’est-à-dire une forme sociale des forums de discussion privés qui préexistaient. C’est vrai que là on tombe sur quelque chose d’intéressant. C’est vrai qu’aujourd’hui, pour prendre un exemple, un jeune homosexuel qui débarque sur Twitter, ce n’est le bon endroit pour forcément se trouver des amis au départ, parce qu’il y a des risques.
Tristan Nitot : Il y a des risques de se faire vanner, harceler, etc.
Erwan Cario : Voilà. Après trouver un safe space où il y a une possibilité de communiquer là-dessus, c’est intéressant.
Tristan Nitot : Mais c’est génial ! Mais rien que pour ça !
Erwan Cario : C’est vachement intéressant !
Tristan Nitot : Et ce n’est pas limité aux jeunes homosexuels. Il y a vraiment une diversité, mais ne serait-ce qu’en politique.
Camille Gévaudan : Donnez un exemple, Monsieur !
Tristan Nitot : Ah bon ! Il faut le dire, il ne faut pas que ce soit catégorisé comme ça. On a tous des sensibilités différentes et il faut absolument faire un truc pour les macronistes, par exemple.
Erwan Cario : Est-ce qu’il y a des instances autres ?
Camille Gévaudan : C’est quoi ? Tu veux enfermer les macronistes dans une instance à eux ? C’est vachement dur !
[Rires]
Tristan Nitot : C’est de l’humour, ma petite dame !
Erwan Cario : Est-ce que ça existe ? Est-ce qu’il y a un Mastodon pro Trump ?
Tristan Nitot : Je n’en sais rien. Ce serait formidable !
Camille Gévaudan : Je crois qu’il n’y a pas encore de trucs très politiques.
Tristan Nitot : Un jour on débranchera Twitter, et il n’y aura plus que @realDonaldTrump qui parlera dans le vide. C’est ça qu’il faut faire !
Erwan Cario : Ça c’est un projet.
Tristan Nitot : C’est un bon projet !
[Rires]
Tristan Nitot : On est en train de riper. On va clôturer là, maintenant. C’est l’heure.
Camille Gévaudan : Vous avez vu l’heure. Moi, ce que je vous propose, Monsieur Nitot, c’est que vous reveniez dans un certain temps, qu’on fasse un bilan de ce qu’est devenu Mastodon.
Tristan Nitot : Avec plaisir. J’aurais juste une citation pour finir, du camarade Ploum [8], qui est sur Mastodon aussi, qui dit : « Mastodon est un réseau social. Twitter et Facebook sont des réseaux publicitaires. » Et pan !
Camille Gévaudan : Vachement bien.
Tristan Nitot : Mean drop, tout ça. C’est bon ? Ça y est, on emballe !
Camille Gévaudan : Venez jouer avec nous sur Framapiaf, donc Nitot, Erwan Cario, khomille, @framapiaf.org.
Tristan Nitot : k, h, o.
Camille Gévaudan : Ouais, mais comme sur Twitter ; vous allez me trouver. Parce qu’en plus j’ai des poils assez longs, parce que j’ai plein de vidéos sur des hamsters ; non, des cochons d’Inde, pardon ! Toute une histoire.
Tristan Nitot : D’accord. Vas-y !
[Musique]
À POILS
Camille Gévaudan : Je vais faire un petit retour sur une vidéo de janvier 2016 qui a fait 143&nbs000 vues ; ce n’est pas énorme, alors que le potentiel est énorme. Ce sont, je cite, des cochons d’Inde sautant au-dessus de la lave et ça ressemble à ça.
[Guinea Pigs Jumping Over The Lava – (The Lava Empire)]
Tristan Nitot : Oh mon dieu non ! Va-t-il tomber ?
Camille Gévaudan : Est-ce qu’il va toucher ? Non ! Il a sauté ! Bravo ! Alors il y a bien quelques bruits bizarres dans la vidéo qu’on n’entend pas trop d’ailleurs. Il réussit !
Tristan Nitot : Oh !
Camille Gévaudan : Mais ça manque un peu de drame.
Tristan Nitot : Ah ben non ! J’ai tout fait !
Camille Gévaudan : Pas dans la vidéo elle-même. Et donc l’auteur a fait appel à certain Andrew McMurry pour rajouter des effets spéciaux. Attention !
[Guinea Pigs Jumping Over The Lava – (The Lava Empire)]
Qui est cette chaîne qui s’appelle The Lava Empire ? Je me suis dit ils ne font que des vidéos, ils font sauter les gens par-dessus la lave. Eh bien non ! C’est un ou une anonyme qui filme ses sept cochons d’Inde. Enfin il y en a eu sept, mais après deux sont morts ; je crois qu’il n’y en a que cinq maintenant.
Tristan Nitot : Eh bien oui, tu as vu, il y en a quand même un qui a mis une patte dans la lave. Forcément, comment veux-tu t’en sortir. C’est bon ! Comment veux-tu t’en sortir ?
Camille Gévaudan : Moi j’aime beaucoup les bouteilles au fond. Il ou elle ne s’est pas rendu compte.
Tristan Nitot : Ça fait de l’alcoolisme. Ce n’est pas grave, mais c’est une maladie quand même !
Camille Gévaudan : Ces vidéos normales consistent à filmer des cochons d’Inde avec des petits meubles spécialement faits pour eux. Ce sont des hamsters ou des cochons d’Inde ? Ce sont des hamsters, non ?
Erwan Cario : À la régie on dit : « Non, pas des hamsters. »
Tristan Nitot : Pas des hamsters ; c’est juste que ça ne se mange pas ? T’en manges ? Tu n’en manges pas ? Non ! Il va falloir qu’on sorte par la sortie de secours, je crois bien !
Camille Gévaudan : Je suis perdue.
Tristan Nitot : C’est normal tu n’as pas Stabylo bossé. C’est bon !
Camille Gévaudan : Et de temps en temps, il ou elle poste de la vidéo où il saute d’un tapis à l’autre. La dernière c’était le mois dernier. C’est ça qui est fou, c’est que ce sont toujours les mêmes.
Erwan Cario : Les bouteilles sont parties.
Camille Gévaudan : Regardez, on dirait la première, mais non, rien à voir. Les bouteilles sont parties, c’était il y a trois semaines ça.
Erwan Cario : Il s’est entraîné avant.
Camille Gévaudan : Et c’est toujours la même chose.
Erwan Cario : Voilà ! On est en train de te perdre Camille. On est en train de te perdre !
Camille Gévaudan : Et j’ai encore une vidéo. Là, c’est la version où ils ont une carotte dans la bouche. Ils sautent avec une carotte dans la bouche.
Erwan Cario : C’est problématique comme fin, Camille !
Camille Gévaudan : C’est gênant, non ?
Tristan Nitot : Je te préviens si tu ré-cliques sur la première vidéo, je t’empêche !
Erwan Cario : Est-ce qu’il y a Malaise TV sur Mastodon ?
[Rires]
Camille Gévaudan : Ça fait deux fois que tu veux m’envoyer sur Malaise TV. Franchement, ce n’est pas sympa !
Tristan Nitot : On a la vidéo.
Camille Gévaudan : Moi je vous fais découvrir les tréfonds de YouTube. On a eu l’ASMR, on a eu les Youtube Poops, et maintenant ce sont les gens qui filment les hamsters qui sautent par dessus la lave entre deux tapis avec un carotte dans la bouche.
Tristan Nitot : Des hamsters. Ça s’affole à nouveau en régie.
Erwan Cario : Des cochons d’Inde.
Camille Gévaudan : Des cochons d’Inde, des hérissons, des mastodontes, des mammouths, peu importe, de toutes façons c’est un renard et ça n’a été jamais été un panda roux !
Tristan Nitot : Elle est au taquet. Il faut qu’elle prenne ses gouttes ! Dis au revoir à la caméra.
Erwan Cario : Ciao.