- Titre :
- Émission Libre à vous ! diffusée mardi 16 juin 2020 sur radio Cause Commune
- Intervenant·e·s :
- Noémie Bergez - Magali Garnero - Antoine Bardelli - Quentin Gibeaux - Laurent Poujoulat - Isabella Vanni - Béatrice Pradillon - Frédéric Couchet - William Agasvari à la régie
- Lieu :
- Radio Cause Commune
- Date :
- 16 juin 2020
- Durée :
- 1 h 30 min
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Page des références utiles concernant cette émission
- Licence de la transcription :
- Verbatim
- Illustration :
- Bannière de l’émission Libre à vous ! de Antoine Bardelli, disponible selon les termes de, au moins, une des licences suivantes : licence CC BY-SA 2.0 FR ou supérieure ; licence Art Libre 1.3 ou supérieure et General Free Documentation License V1.3 ou supérieure. Logo de la radio Cause Commune utilisé avec l’accord de Olivier Grieco.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
« Au cœur de l’April », ce sera le sujet principal de l’émission du jour. J’aurai le plaisir d’avoir avec moi plusieurs personnes actives au sein de l’April pour parler des activités de l’April, de son fonctionnement. Posez-nous toutes vos questions pendant le direct, nous y répondrons. Avec également au programme StopCovid et une présentation du label Territoire Numérique Libre ouvert à toutes les collectivités.
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.
Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France, en DAB+ 24 heures sur 24 et partout dans le monde sur le site causecommune.fm. La radio dispose également d’une application Cause Commune pour téléphone mobile.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’April c’est april.org. Vous y trouvez d’ores et déjà une page consacrée à cette émission avec les liens et références utiles, les détails sur les pauses musicales et toute autre information utile en complément de l’émission.
Nous sommes mardi 16 juin 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
Si vous voulez réagir avec nous, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission #libreavous.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.
Tout de suite place au premier sujet.
[Virgule musicale]
Chronique « In code we trust » de Noémie Bergez, avocate, qui porte sur l’application StopCovid sous l’angle du traitement des données personnelles des personnes utilisatrices
Frédéric Couchet : Évoquer le code à la main une règle de droit ou un procès en lien avec les œuvres, les données, les logiciels ou les technologies, c´est la chronique « In code we trust », « Dans le code nous croyons » de Noémie Bergez, avocate au cabinet Dune.
Déjà on a le plaisir d’avoir le retour de Noémie après quelques semaines d’absence. Bonjour Noémie.
Noémie Bergez : Fred, bonjour. Est-ce que tu m’entends ?
Frédéric Couchet : Là c’est parfait. Bonjour Noémie.
Noémie, tu souhaites aujourd’hui de nous parler de l’application StopCovid sous l’angle du traitement des données personnelles des personnes utilisatrices. Je te laisse la parole.
Noémie Bergez : Bonjour à tous. J’espère que vous vous portez bien.
La chronique de ce jour est consacrée à StopCovid, l’application pour smartphone développée dans le cadre du déconfinement.
C’est une première. Cette application a fait couler beaucoup d’encre avant même sa mise en œuvre. Beaucoup s’interrogent sur l’utilité de cette application ou, plus grave, les atteintes aux libertés publiques qu’elle pourrait engendrer. Y a-t-il suffisamment de garde-fous autour de cette application ?
Après avoir identifié les caractéristiques de StopCodvid et les conditions de son développement, nous reviendrons sur quelques avis émis par des experts et nous aborderons comment le public a réceptionné cette application.
Les caractéristiques de l’application.
StopCovid est une application mobile de suivi de contacts qui repose sur le volontariat des personnes et utilise la technologie Bluetooth. Elle vise à dépister et isoler les personnes infectées par le coronavirus et alerter les personnes en contact avec ces dernières.
Cette application est placée sous la responsabilité du ministère des Solidarités et de la Santé. Elle est disponible depuis le 2 juin 2020 en téléchargement depuis les plateformes des GAFA. On l’installe de manière non obligatoire, elle est gratuite, son téléchargement est gratuit. Elle implique pour son utilisateur l’acceptation de la politique de données.
En pratique, le smartphone va stocker une liste de pseudonymes temporaires des appareils qu’il a croisés pendant 14 jours, c’est ce qu’on appelle l’historique de proximité. Ensuite, l’application va alerter l’utilisateur ayant été récemment en contact prolongé à moins d’un mètre de distance et durant au moins 15 minutes avec une personne ayant volontairement déclaré avoir été testée positive au coronavirus. Donc L’utilisateur peut volontairement déclarer dans l’application qu’il est positif en saisissant pour cela un code transmis par son médecin ou un laboratoire. Cela va générer une alerte envoyée à l’ensemble des utilisateurs ayant été en contact rapproché avec lui les jours précédents et dans la limite des 14 jours.
Vraisemblablement, à la suite d’une alerte, l’utilisateur en contact va très certainement se faire dépister et, s’il le souhaite, il se confinera dans l’attente du résultat et de la suite du protocole. Il y est d’ailleurs grandement invité par l’application.
Cette application est présentée comme étant transparente et protectrice de la vie privée. Son objectif annoncé c’est de casser la chaîne de transmission du coronavirus.
L’application en elle-même, évidemment, traite des données de santé. Pour rappel, les données de santé sont toutes les données relatives à la santé physique ou mentale, passées, présentes ou futures d’une personne physique et qui révèlent des informations sur son état de santé.
En revanche, il n’y a pas de données de localisation des personnes qui sont utilisées via l’application puisque c’est la technique du Bluetooth.
Il faut savoir que les données collectées sont rendues anonymes car l’application va générer des pseudonymes au moyen d’identifiants.
Tout ça fait que cette application est soumise au Règlement général sur la protection des données, le RGPD.
Il faut également noter que l’application est temporaire et qu´elle n´a pas vocation à être proposée au public après la fin de l’épidémie. La durée de vie de cette application est en principe de six mois à compter de la fin de l’état d’urgence sanitaire.
S´agissant des conditions du développement de l´application.
Le développement a été confié à l´Inria, l´Institut national de recherche en informatique, qui est également en charge de la recherche en sciences et technologies du numérique. Dans le cadre du projet de cette application StopCovid l´Inria et un institut allemand ont publié le protocole ROBERT [ROBust and privacy-presERving proximity Tracing]. Ce protocole peut être utilisé pour la construction d’applications mobiles de suivi de contacts avec deux objectifs :
le premier, le respect de la réglementation sur les données ;
le deuxième objectif c’est de pouvoir être résistant à des attaques crédibles.
S’agissant de ce protocole la Commission nationale de l´informatique et des libertés, la CNIL, s’est prononcée dans son avis du 25 mai 2020, on y reviendra. Pour la CNIL, ce protocole est conçu dans une logique de minimisation et de protection des données, donc il est considéré comme satisfaisant.
S’agissant du code source de l´application, il est publié non pas en intégralité mais en partie, c’est d’ailleurs ce qui fait débat puisque la politique de publication du code source développé dans le cadre de ce projet est présentée comme reposant sur trois catégories : une partie restreinte non publiée qui serait des tests ou des parties critiques pour la sécurité de l’infrastructure ; une partie rendue publique sans appel à contribution qui correspondrait à des parties qui implémentent directement des spécifications très précises et une partie relevant de l’« open source », entre guillemets, avec des appels à contribution sur le cœur de l’application, notamment l’implémentation du protocole ROBERT.
Ces critiques sont continues et, jusqu’à présent, c’est vrai qu’elles ont notamment eu comme point principal de dire que les parties de ce code qui n’étaient pas soumises à des licences propriétaires étaient critiquables. Il n’y a pas eu publication sous licence libre de l’application et la CNIL avait en fait demandé, elle, nous le verrons un peu plus tard, que le code source soit librement accessible, ce qui n’a pas été suivi.
Il y a d’autres analyses qui ont été faites à propos de cette application. Plusieurs experts se sont prononcés dans le milieu médical — on a le Conseil national de l’ordre des médecins, le Conseil scientifique, l’Académie nationale de Médecine —, mais également dans le domaine du numérique avec le Comité Consultatif National d’Éthique, la Commission Supérieure du Numérique et des Postes.
De mon côté j’ai retenu les informations des avis de la CNIL, du Conseil national du Numérique et de la Commission nationale consultative des droits de l’homme qui m’ont semblé très intéressantes d’un point de vue juridique puisque la CNIL, à deux reprises, avant et après la mise en œuvre de StopCovid, s’est prononcée. Le 24 avril 2020 nous avons un premier avis de la CNIL sur le principe même de mise en œuvre de cette application. La CNIL indique qu’il faudra respecter certaines conditions pour être conforme au RGPD, elle insiste notamment sur l’usage volontaire de l´application, l’utilisation de pseudonymes, une utilisation temporaire et, évidemment, une conservation des données limitée dans le temps, la sécurisation des données, ainsi qu’une vigilance particulière pour le traitement des données de santé.
Pour la CNIL, la finalité de cette application doit être strictement limitée à l’alerte de personnes exposées au risque de contamination et surtout ne pas avoir pour objet de surveiller le respect des mesures de confinement ou d’autres obligations sanitaires ou bien même d’organiser une prise de contact avec la personne alertée ou de réaliser un suivi du nombre de personnes qui auraient été infectées, voire d’identifier des zones dans lesquelles ces personnes se seraient déplacées. La CNIL avait considéré que dans ces conditions la mise en œuvre de StopCovid, sous réserve qu’elle soit utile à la stratégie de déconfinement et qu’elle soit conçue de façon à protéger la vie privée des utilisateurs, était envisageable.
Le 25 mai 2020, la CNIL a rendu un second avis cette fois-ci sur le projet de décret encadrant StopCovid. La CNIL va rappeler que cette application doit être mise en œuvre avec prudence. Elle relève que l’application est utile et que le traitement est nécessaire et qu’il existe des garanties pour limiter les atteintes à la protection des données. Elle retient également que la durée limitée à six mois est satisfaisante. Elle émet cependant quelques critiques sur la manière de fonctionner de cette application, également aussi sur les informations qui sont transmises, notamment à l’égard des mineurs et des parents des mineurs. Elle évoquait aussi dans cet avis le libre accès à l’intégralité du code source de l’application.
Nous avons ensuite un arrêt également favorable par rapport à cette application qui a été émis par le Conseil national du Numérique avec quelques recommandations qui n’ont pas toutes été suivies d’effet.
En revanche, beaucoup plus limitée, la Commission nationale consultative des droits de l’homme s’était auto-saisie sur ce projet. Elle a considéré que la conformité à la seule réglementation sur la protection des données personnelles n’équivaut pas au respect des droits et libertés fondamentaux, donc elle émet un avis mettant en avant une atteinte disproportionnée.
L’Ordre des avocats du barreau de Paris a également déconseillé l’utilisation de cette application.
Aujourd’hui qu’en est-il ?
La CNIL a lancé dès le mois de juin une série de contrôles qui vont se poursuivre jusqu’à la suppression des données donc sur une période quand même de plusieurs mois et ces constatations pourront être suivies, si nécessaire, de sanctions.
Comment l’application est-elle reçue par le public ?
Le bilan est mitigé à ce jour. Il y a 1,5 million de téléchargements, ce qui représente à peine 2 % de la population française qui aurait téléchargé l´application. On ne sait même pas si ceux qui l’ont téléchargée en ont une fait une utilisation active ; est-ce que ce sont vraiment des utilisateurs ?, on ne sait pas. Le gouvernement a lancé une nouvelle campagne de communication qui est quand même teintée de certaines polémiques notamment sur la localisation des serveurs et également sur la maintenance et l’hébergement qui auraient été confiés à une société sans appel d’offres. Il faut savoir que dans d’autres pays de telles applications ont également été développées, proposées à la population et que certains ont commencé à suspendre leurs applications, notamment la Norvège.
En conclusion StopCovid est une application qui fédère peu d’utilisateurs, avec quelques points juridiques qui demeurent quand même assez flous. Donc on peut s’interroger sur l’avenir de cette application. Ce sera donc à suivre dans les prochains mois.
Frédéric Couchet : Merci Noémie. Je rajouterai que ce matin, dans un article, Mediapart explique que la collecte des données est beaucoup plus large que ce qui était annoncé et notamment prévu par le décret. Je renvoie les personnes qui écoutent l´émission à l´article de Mediapart et aussi, évidemment, aux références que nous mettrons sur april.org et causecommune.fm.
Merci Noémie pour cette reprise de chronique et j’espère qu’après la pause estivale on se retrouvera dans le studio de la radio pour ta prochaine chronique en septembre.
Noémie Bergez : Ce sera avec grand plaisir.
Frédéric Couchet : Merci Noémie. Passe un bel été.
Noémie Bergez : Merci. Au revoir.
Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : On va écouter Gimnastka par Alexandr Zhelanov. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Gimnastka par Alexandr Zhelanov.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Gimnastka par Alexandr Zhelanov, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
On va passer au sujet principal.
[Virgule musicale]
« Au cœur de l’April ». Plusieurs personnes actives au sein de l’April – Antoine Bardelli, Magali Garnero, Quentin Gibeaux, Isabella Vanni, Laurent Poujoulat, Frédéric Couchet – parlent des groupes de travail, des activités de l’April, son fonctionnement
Frédéric Couchet : Le sujet principal va porter sur l’April. Nous avons intitulé ce sujet principal « Au cœur de l’April ». Depuis 1996 l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre, diffuse l’esprit du Libre. Notre vision étant que la liberté informatique est un enjeu de société.
L’émission Libre à vous ! est un de nos projets, mais il y en a bien d’autres.
On va essayer aujourd’hui et également dans le cadre d’une deuxième émission mardi 30 juin, de vous faire découvrir les coulisses de l’association, quelques actions, découvrir les personnes, soit membres de l’équipe salariée soit bénévoles, qui nous permettent d’avoir une association vivante et active pour la promotion et la défense du logiciel libre. On va tenter, modestement, de vous diffuser l’esprit de l’April.
N’hésitez pas à participer à notre conversation, à nous faire des remarques, à nous poser des questions. Pour cela rendez-vous sur le salon web de l’association, site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous.
Avec moi il y a cinq personnes. Je vais simplement commencer par une petite question. J’avais prévenu chacun et chacune d’entre vous de vous présenter, d’où vous venez, ce que vous faites à l’April, de façon courte évidemment. Je vais commencer par l’ordre des gens que je vois affichés sur le salon Mumble. Mumble est l’outil d’audioconférence qu’on utilise pour l’émission du jour. Je vais commencer par Antoine Bardelli.
Antoine Bardelli : Bonjour. Je suis designer graphique, ou graphiste, et j’interviens sur la liste Sensibilisation de l’April.
Frédéric Couchet : Super. Magali Garnero.
Magali Garnero : Bonjour. Je suis libraire et j’anime les stands de l’April. Je fais aussi un peu de radio avec le Décryptualité, tous les lundis soir.
Frédéric Couchet : Merci Magali. Isabella Vanni.
Isabella Vanni : Bonjour à tout le monde. Je fais partie de l’équipe salariée depuis 2014. Je suis coordinatrice vie associative et responsable projets. Je m’occupe de la gestion des membres, de l’organisation administrative et des nombreuses actions liées à la sensibilisation, notamment auprès du grand public.
Frédéric Couchet : Laurent Poujoulat.
Laurent Poujoulat : Bonjour. Je suis informaticien, je suis membre de l’April depuis 2016. Je participe au Chapril comme animateur des services Valise et Mumble et je participe aussi au groupe de traduction GNU.
Frédéric Couchet : Bien sûr on aura l’occasion tout à l’heure d’expliquer ce qu’est le Chapril.
Dernière personne, Quentin Gibeaux.
Quentin Gibeaux : Bonjour. Moi c’est Quentin, alias QGuLL. Je suis membre de l’April depuis 2009. Je suis entré dans l’aspect technique en 2012 avec un stage pendant mes études. Je suis revenu après en 2016 en tant que bénévole sur l’admin-sys de l’April et je suis actuellement le scrum master de l’équipe admin-sys de l’April. On gère l’infrastructure et tous les outils nécessaires au fonctionnement de l’association.
Frédéric Couchet : Merci Quentin. Tout à l’heure on aura l’occasion d’expliquer ce qu’est un scrum master.
Première remarque que je vais faire : sur les cinq personnes qui sont présentes il y a deux informaticiens et les trois autres personnes ne sont pas informaticiennes. L’April n’est pas une association remplie d’informaticiens ou d’informaticiennes, au contraire c’est une association très diverses.
Vous avez vu cinq personnes avec moi, on va aborder plusieurs sujets. On fera une deuxième émission avec d’autres personnes. On va commencer par la partie sensibilisation. L’April c’est promouvoir et défendre le logiciel libre. Aujourd’hui on va parler plutôt parler de la partie promotion. On va commencer par le groupe de travail Sensibilisation notamment avec Antoine et Isabella qui sont deux personnes très actives au niveau de ce groupe.
Première question Isabella, est-ce que tu peux nous expliquer ce que fait ce groupe, les objectifs et le fonctionnement du groupe de travail Sensibilisation ?
Isabella Vanni : Le groupe de travail Sensibilisation a pour but de proposer des outils de communication pour sensibiliser notamment le grand public aux logiciels libres et aux formats ouverts. Quand je parle d’outils de communication, ça peut être plusieurs choses, ça peut être des flyers, des dépliants, des affiches, des autocollants, voire des panneaux d’information comme l’Expolibre, on en parlera peut-être tout à l’heure. Au cours des deux dernières années on a lancé aussi deux nouveaux projets, un quiz sur les enjeux de l’informatique et un jeu de plateau coopératif.
C’est important de dire que toutes les ressources sont disponibles sur notre site, elles sont publiées sous licence libre, cela va de soi. De cette façon tout le monde peut les utiliser, les partager, les adapter à ses besoins.
Pour ce qui concerne le fonctionnement, le groupe, en fait, a une liste de discussion dédiée, ouverte à tout le monde, n’importe qui intéressé à ces sujets peut s’inscrire, membre de l’April ou pas.
On fait aussi des réunions régulières chaque troisième jeudi du mois. Avant cette situation sanitaire particulière, on faisait des réunions physiques à Paris. Depuis le confinement, on a l’habitude de les faire à distance, ça marche très bien.
On a aussi une page wiki et on travaille énormément sur les pads, c’est-à-dire des documents collaboratifs auxquels chacun et chacune peut contribuer à distance.
C’est important de dire, comme tu le rappelais tout à l’heure, qu’on parle de la promotion, donc il ne faut pas être forcément informaticien/informaticienne pour participer au groupe. On parle de sensibilisation, des principes, de la philosophie du logiciel libre, donc n’importe qui intéressé par ce sujet peut participer, peut nous donner des idées, faire des relectures, faire des propositions, relever des points d’amélioration sur les ressources qu’on a produites. C’est vraiment un groupe ouvert à tout le monde.
Frédéric Couchet : Merci Isabella. Avant de passer la parole à Antoine, dans l’émission on va essayer aussi de mettre en valeur des points communs à l’ensemble des actions de l’April et des groupes de travail. Une chose importante que tu as dite c’est que la plupart, la quasi-totalité des activités de l’April sont des activités publiques, c’est-à-dire que n’importe qui, que la personne soit membre ou pas de l’April, peut participer à l’activité. Typiquement, pour le groupe de travail Sensibilisation, c’est simplement l’inscription sur une liste de discussion qui permet de participer et participer à des réunions, sans vérification que la personne est membre ou pas.
Parmi les outils que tu as cités un outil qu’on utilise beaucoup, tu as parlé du pad, en fait ce sont des bloc-notes, ce sont des outils en ligne qui permettent de modifier du texte sans avoir à se créer un compte, etc. Un autre exemple d’utilisation de blocs-notes c’est la préparation de l’émission Libre à vous !. Toute la préparation de l’émission Libre à vous !, si vous allez sur april.org ou sur causecommune.fm vous trouverez le lien, se fait via un bloc-notes dédié sur lequel on place nos idées d’émission, nos idées de personnes à inviter. Pour les musiques on a aussi un bloc-notes dédié. On les met, on les choisit là-dedans et d’autres personnes peuvent contribuer. C’est un point essentiel dans l’activité de l’April : c’est une activité qui peut être faite par n’importe quelle personne, qu’elle soit membre ou pas de l’April.
D’ailleurs Antoine Bardelli, toi tu es graphiste. Je ne me souviens pas si, quand tu as rejoint le groupe Sensibilisation, tu étais déjà membre ou pas de l’April, à la limite peu importe, en tout cas tu es arrivé il y a quelques années maintenant, plus d’une dizaine d’années je pense, à un moment où on avait bien besoin de graphistes, tu es arrivé dans le groupe Sensibilisation. Tu as commencé par travailler sur un projet qui existe toujours qui est un poster et un dépliant qui s’appelle « Le logiciel libre comment ça marche ? » Quelle a été ton expérience de contribution justement à ce groupe Sensibilisation ?
Antoine Bardelli : Isabella a déjà bien décrit le groupe. Effectivement, je suis arrivé il y a plus d’une dizaine d’années dans le groupe Sensibilisation parce que je voulais contribuer au logiciel libre. Avant, on va dire deux ans avant, j’étais déjà passé au logiciel libre, mais c’est vrai que j’avais envie de contribuer. Je me suis tourné vers quelque chose qui était le plus proche de mes activités, j’étais directeur artistique en agence à l’époque, ça m’intéressait le de mettre en application pour le logiciel libre que je ne trouvais pas forcément assez bien mis en valeur dans la communication en général, on ne le voyait pas forcément. Le logiciel libre, on va dire, n’a pas des moyens d’une entreprise pour se payer de la communication. C’était intéressant pour moi d’intervenir à ce niveau-là.
Quand je suis arrivé dans le groupe Sensibilisation il y avait effectivement, quand même, beaucoup de projets qui étaient en place, des choses qui étaient faites, mais il fallait quand même travailler l’aspect final pour qu’on puisse le diffuser avec plus d’impact vers le public, donc c’était une des premières phases, une des premières intentions quand je suis arrivé dans ce groupe. Après, bien entendu, dans la sensibilisation il y a tout un process – on va dire qu’on fait tous plus ou moins un petit peu comme on souhaite, ce n’est pas forcément un process établi –, mais il y a des étapes où on discute beaucoup sur ce qu’on peut faire, sur ce qu’on a envie de faire, ce qu’on a envie de prendre en charge et puis on propose. C’est-à-dire qu’on fait le travail un petit peu dans son coin, des fois, puis on propose une version et des personnes annotent, etc. Petit à petit on arrive à des outils de communication qui sont finalement assez aboutis, mais ça prend effectivement un certain temps.
Frédéric Couchet : C’était il y a combien de temps ? Est-ce que tu t’en souviens ?
Antoine Bardelli : C’était en 2011 [2009, correction de l’intervenant] à peu près.
Frédéric Couchet : D’accord. Je croyais que c’était plus ancien. 2011, ça fait quand même presque neuf ans et tu continues à contribuer. On parlera aussi tout à l’heure d’un autre projet, l’Expolibre, qui a commencé il y a bien longtemps et dont on vient de publier récemment une version italienne après les versions espagnole, anglaise et française.
Tu disais qu’à l’époque tu étais directeur artistique, par rapport à ton expérience d’avant, quand tu es arrivé dans la communauté du groupe Sensibilisation de l’April est-ce que c’était pareil ? Est-ce que les remarques étaient du même format ? Est-ce que c’était plus compliqué de travailler avec nous ? Comment c’était ?
Antoine Bardelli : Non ! Moi je suis arrivé dans univers qui est totalement différent. La création graphique ou la création artistique c’est relié au droit d’auteur et tout le monde travaillait avec des logiciels propriétaires. J’étais arrivé un petit peu comme le loup dans la bergerie. Effectivement, une fois qu’on a acquis tous les principes du logiciel libre, tout ce qui relève des licences libres, etc., on peut aussi faire la même chose. Donc effectivement, quand je suis arrivé, on se demandait un petit peu comment j’allais pouvoir participer.
Frédéric Couchet : Quand tu disais qu’on se demandait comment tu allais pouvoir participer, c’est-à-dire que ton expérience d’outils, notamment pour la création que ce soit d’images, de flyers, c’était que le logiciel libre était en retard ou pas à cette époque-là ?
Antoine Bardelli : Ce n’était pas un retard, c’était que ça prenait beaucoup plus de temps pour réaliser les mêmes tâches. Avec le logiciel propriétaire, les flux de production dans ce domaine sont assez avancés. Aujourd’hui on peut faire pratiquement tout ce qu’on veut avec du logiciel libre, sans problème, on peut faire la même chose. Il faut juste connaître les logiciels et c’est effectivement ce que j’ai fait en arrivant. J’ai vu que je devais passer par des logiciels libres à fond pour pouvoir produire des documents. Donc il y a effectivement une année où j’ai appris tous les logiciels libres qui étaient les plus proches de mon métier pour faire les documents de l’April.
Frédéric Couchet : Finalement ça t’a permis d’augmenter ta capacité de travail et de découvrir une nouvelle informatique. Par exemple aujourd’hui, si je me souviens bien, même pour tes clients tu fais tes sites web en Wordpress ou en Spip qui sont deux logiciels libres pour créer des sites web.
Antoine Bardelli : Oui, aujourd’hui effectivement le logiciel libre fait partie intégrante de mon offre on va dire professionnelle, de ce que je propose à mes clients. Oui, même s’ils n’en ont pas toujours conscience !
Frédéric Couchet : D’accord. En tout cas, sur le site de l’April, il doit y avoir un historique de nos productions de type sensibilisation, je pense que vous verrez un avant et un après un Antoine Bardelli sur la qualité. L’avant Bardelli c’est sans doute très noir avec beaucoup de texte. L’Après Bardelli il y a beaucoup plus de couleurs, beaucoup plus d’images, c’est beaucoup plus aéré, en tout cas c’est beaucoup plus joli et surtout beaucoup plus percutant pour les publics cibles.
Antoine Bardelli : La coupure ne se verra peut-être pas forcément si bien que ça, quand même, mais il y a effectivement des documents qui sont déjà beaucoup plus illustrés, on va dire. Effectivement, avant il y avait beaucoup de texte, c’était très verbeux. Il a fallu beaucoup travailler sur la réduction ou sur la synthèse des textes, bien avant de commencer à faire des choses visuelles. C’est pour ça qu’il y a des process qui sont parfois assez longs sur la liste Sensibilisation, parce qu’effectivement les textes ça se discute, beaucoup, alors que le graphisme, finalement, étant donné qu’il y a moins de graphistes ou de designers sur la liste, je suis un petit peu en autonomie.
Frédéric Couchet : Ça c’est un point intéressant. Je précise que sur le salon Quentin précise qu’on devrait parler de l’époque « pendant Bardelli » plutôt que « après Bardelli », parce qu’Antoine Bardelli est évidemment toujours avec nous et j’espère pour longtemps.
Justement, tu parles du process, je vais relancer Isabella sur ce sujet, sur la partie textuelle, pas sur la partie des images là où, effectivement, Antoine se retrouve peut-être un petit peu tout seul, donc on encourage également les gens graphistes, les personnes graphistes à rejoindre le groupe Sensibilisation. Donc pour les textes comment ça se discute ? Quel est le processus pour arriver finalement à un texte validé ? Isabella.
Isabella Vanni : C’est une bonne question. J’ai en tête deux possibilités. Déjà une personne qui a envie de proposer un outil, par exemple une nouvelle affiche, va proposer cet outil sur la liste de discussion, va peut-être ouvrir un pad pour commencer déjà à rédiger quelques suggestions de texte. Ça peut être aussi une proposition de ma part lors de réunions, je peux dire « je vous propose de travailler, de réfléchir à ce sujet », donc j’ouvre un pad ou bloc-notes, pour mieux me faire comprendre, et on commence à faire une « tempête de cerveaux », comme on dit en français, pour donner des idées. Donc on va dire que l’éditeur de texte en ligne c’est vraiment l’outil le plus pratique parce que c’est très intuitif, il n’y a pas besoin d’inscription. Il suffit juste de se connecter avec un navigateur et on peut commencer à écrire et, en plus, chaque contributeur a une couleur, donc il est aussi possible de suivre les propositions, il est possible de faire des commentaires. C’est une façon de travailler qui est très enrichissante, très inspirante et aussi très bruyante parfois, c’est-à-dire qu’il peut y avoir beaucoup de propositions, de variantes, de personnes qui ne sont pas d’accord sur une phrase, qui voudraient la reformuler, mais ça fait partie du processus et c’est comme ça qu’on arrive à faire un texte.
Frédéric Couchet : Tu disais effectivement que sur les textes il faut être précis, c’est de la sensibilisation. Il faut être d’autant plus précis que le texte peut être court. On va prendre un exemple qui est l’Expolibre. Le site web consacré à l’Expolibre c’est expolibre.org, ce sont actuellement huit panneaux de sensibilisation au logiciel libre. Les premiers panneaux, ce n’est pas nous qui les avions faits, il y avait beaucoup de texte et l’une des premières contributions d’Antoine a été de dire « il faut revoir le graphisme, mais il faut aussi réduire le texte ». Dans ce cadre-là, en réduisant le texte, forcément on met moins de texte, donc il faut être plus précis sur les mots en sachant qu’en plus l’Expolibre s’adresse au grand public. L’un des choix qui avait été fait, si je me souviens bien, ça a été aussi de dire de ne pas mettre des noms de logiciels ou autres pour ne pas dater l’Expolibre, parce qu’on considère que l’Expolibre doit être affichée dans des endroits où il y a des gens qui vont répondre aux questions.
Antoine, est-ce que je résume bien ta contribution sur la partie Expolibre et qu’est-ce que tu as retiré de ta version 2 en français et ensuite des différentes traductions ?
Antoine Bardelli : Effectivement, l’idée c’est de synthétiser.
Dans les versions 1 et 2 de l’Expolibre, il y avait vraiment beaucoup de texte, donc il fallait vraiment faire quelque chose de beaucoup plus synthétique sur l’Expolibre 3. Le fait de faire quelque chose de plus synthétique ça permet aussi d’avoir plus de place, de travailler et de mettre un petit peu en avant des visuels. Ça c’était effectivement l’objectif et je pense qu’on a relativement bien réussi ce projet. Il y a des projets qui sont effectivement du même ordre. Au début il y a beaucoup de contenu et puis il faut le réduire pour qu’il y ait vraiment une synthèse pour le grand public. Ça c’est effectivement très important.
Frédéric Couchet : Oui, tout à fait. Je vois sur le salon qu’il y a une remarque sur les pads, les blocs-notes. Effectivement, un outil ne suffit pas à lui seul, il y a toute une méthode de travail et justement une des actions actuellement de Isabella, on en parlera peut-être tout à l’heure, c’est d’accompagner les gens, les personnes à utiliser les blocs-notes et peut-être trouver des nouvelles versions, des nouveaux outils, pour permettre aux personnes néophytes de pouvoir contribuer facilement. Isabella tu en parles rapidement, maintenant, comme ça après on va passer à des aspects un peu plus techniques, mais on reviendra évidemment sur la sensibilisation. Isabella, justement sur ces fameux blocs-notes.
Isabella Vanni : Le pad est très utile, mais dans le cas d’un texte particulièrement long et complexe on s’est rendu compte qu’on avait du mal à recruter de nouvelles personnes contributrices, c’est-à-dire qu’on s’est rendu compte que c’était, comment dire, un peu brut et aussi un peu difficile pour ce qui concerne la navigation, c’est-à-dire que les personnes disaient « je ne trouve pas l’information, c’est trop long, je ne comprends pas trop ce qui se passe ». L’idée c’est de faire évoluer notre outil actuel pour que ce soit plus agréable à lire, pour que ce soit plus facile concernant la navigation et que, du coup, ça attire du monde et que ça donne envie de participer. L’outil c’est important, mais il faut aussi prendre en compte les besoins et les aptitudes des personnes qui souhaiteraient participer. Donc on est en train de chercher.
Frédéric Couchet : Exactement. Comme je le dis, l’outil principal qu’on utilise actuellement notamment pour préparer l’émission de radio c’est un bloc-notes, vous retrouverez les références sur april.org et causecommune.fm. Vous verrez que c’est assez long, mais tant qu’on n’a pas trouvé de meilleur outil on continue à l’utiliser. Le point important c’est que vous pouvez contribuer en proposant des sujets, en proposant des musiques, donc n’hésitez pas surtout pas.
Tu parlais de point technique, on va justement enchaîner avec l’aspect technique au niveau de l’April, même si, évidemment, on va revenir tout à l’heure sur la sensibilisation et qu’on ne s’en éloigne pas totalement, en fait, avec l’un des autres projets. On va passer un petit peu à l’admin-sys et à Chapril. L’admin-sys c’est donc l’administration système, c’est la gestion des serveurs et des services pour l’April et Chapril ce sont des services libres et loyaux proposés par l’April à toute personne qui souhaite les utiliser. On va déjà commencer par une courte explication sur ces deux groupes de travail. Pour l’admin-sys Quentin Gibeaux. Quentin, explique-nous ce que fait, quel est l’objectif de ce groupe de travail admin-sys et comment il fonctionne.
Quentin Gibeaux : Le groupe de travail admin-sys c’est une petite équipe de bénévoles tous membres de l’April. C’est une petite contrainte qu’on a : comme on gère un petit peu les données, on a un engagement personnel à faire les choses correctement, donc il faut au moins que les personnes soient adhérentes.
On est quelques bénévoles et on gère l’infrastructure, donc tous les serveurs, tous les services, tous les outils techniques qui permettent à l’association de fonctionner. Ça va être le site web, les différents services en ligne, ce Mumble qu’on utilise actuellement pour l’émission de radio. C’est à la fois du travail d’installation, beaucoup de travail aussi de maintenance, réparer les pannes quand elles surviennent, changer un disque dur quand il y a un disque dur à changer sur le serveur, etc.
La particularité de ce groupe, un peu comme pour tous les groupes de l’April, c’est de n’être composé que de bénévoles ce qui impose certaines contraintes, en fait, sur ce métier-là qui ne sont pas forcément présentes professionnellement : on est peut-être sur du temps un peu plus long que professionnellement car c’est suivant les agendas des gens qui contribuent. C’est pour ça qu’on a une organisation qui se force à avoir des réunions mensuelles pour faire le point sur l’infrastructure et à avoir une certaine agilité qu’on a mise en place pour pouvoir se forcer à se poser les questions des choses qui sont à faire en ce moment, les différentes urgences, etc. Après on a forcément adapté l’agilité pour qu’elle soit un petit peu plus sur le long terme que sur le court terme parce qu’évidemment c’est difficile d’être sur des temps très courts en tant que bénévole, mais c’est comme ça qu’on fonctionne.
Je voulais refaire un petit parallèle, du coup, avec ce qu’Antoine disait sur le fait de se forcer à utiliser des logiciels libres. On a la même chose, en fait, dans ce groupe de travail. Tous les outils de l’April sont des logiciels libres, donc c’est aussi intéressant professionnellement pour nous parce que ça nous pose dans un contexte spécial. Si notre métier c’est de faire de l’admin-sys, dans le contexte du travail on ne va pas forcément avoir les contraintes de n’utiliser que du logiciel libre, donc ça va être facile de tomber dans « on va utiliser tel logiciel privateur à côté et ne pas se poser la question de est-ce qu’il y a vraiment une solution libre disponible ? » Donc une manière aussi de s’émanciper dans ce groupe de travail c’est de se forcer à avoir ce contexte 100 % libre, de ne chercher vraiment que des solutions libres pour répondre à tous les besoins qui peuvent se présenter.
Peut-être, pour faire un petit parallèle avec Chapril, le projet Chapril a été créé dans un premier temps par l’équipe admin-sys parce qu’il fallait bien démarrer de quelque part, mais justement on l’a créé de manière à ce qu’il s’émancipe lui-même et toujours avec l’idée que ce soit indépendant l’un de l’autre, comme ça il n’y a pas de conflit sur l’infrastructure et sur les différents outils.
Frédéric Couchet : Quentin, sur le salon web mon collègue Étienne Gonnu, Isabella aussi et moi-même disons qu’on tient à saluer la réactivité des admin-sys de l’April car même si vous êtes bénévoles vous êtes très réactifs. Vraiment félicitations et un grand merci.
Tout à l’heure, en introduction, tu as employé un mot, scrum master. Il faut que tu mettes un terme à ce suspense, c’est quoi un scrum master en quelques mots ?
Quentin Gibeaux : En fait ça fait partie de la philosophie de l’agilité. C’est simplement une manière de concevoir le besoin et les choses à faire. On a défini plusieurs rôles : le product owner c’est la personne qui « gère » le produit entre guillemets ; le scrum master c’est la personne qui gère les scrums d’agilité. En fait, c’est simplement qu’il y a une personne qui se positionne dans la réflexion de « de quoi a-t-on besoin pour l’April » et il y a une personne qui va se positionner sur « comment répondre à ce besoin » et c’est cette personne-là qui va gérer l’équipe et dispatcher les tâches, le travail, suivant les bénévoles, les disponibilités et les choses à faire.
Frédéric Couchet : Antoine tu es le scrum master, on va dire que c’est toi qui animes l’équipe d’admin-sys, c’est une sorte de coordinateur. Moi je suis ce qu’on appelle le product owner en anglais, je ne sais pas comment ça se traduit, mais en fait, en gros, je représente l’association et j’exprime les besoins. Chaque mois, comme tu l’as dit tout à l’heure, à 21 heures sur Mumble on fait un point entre moi et l’équipe sur les besoins, où on en est, etc. C’est un travail d’équipe mais effectivement, la majeure partie de l’admin-sys de l’April est gérée par des bénévoles.
Tu viens d’expliquer que l’admin-sys c’est pour les services de l’April, pour l’association, ses membres, son équipe salariée. Il y a quelques années on a lancé le Chapril pour participer au collectif CHATONS de Framasoft. Laurent Poujoulat, tu fais partie du Chapril. Explique-nous ce qu’est le Chapril et qu’elle est la différence d’objectifs et peut-être la différence de fonctionnement, de complémentarité, avec le groupe admin-sys.
Laurent Poujoulat : Le Chapril c’est un groupe qui a pour but de montrer qu’on peut utiliser au quotidien des services libres, pas forcément directement des logiciels libres mais au moins des services libres, montrer aux gens qu’on peut se passer des services des GAFAM, tout simplement.
Pour ça l’April s’est dotée du groupe Chapril et, en se basant sur l’infrastructure construite par les admin-sys, on a un groupe d’admin-sys, non pas d’anim-sys, qui chacun va gérer un service.
Pour la gestion de ces services chacun choisit le service qui lui plaît le plus, évidemment on en discute, on ne met pas n’importe quoi, puis le met en place, le déploie dans l’infrastructure du Chapril et après le gère et l’anime, ou non anim-sys d’ailleurs.
Frédéric Couchet : D’accord. On va rappeler que les GAFAM sont les fameux géants du Net qui se gavent de nos données personnelles, Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft et autres.
Le site Chapril sur lequel vous pouvez trouver les services Chapril c’est chapril.org. Par exemple vous allez trouver un service de blocs-notes, vous allez trouver un service de copie de documents, enfin d’hébergement de fichiers, vous allez trouver un serveur d’audioconférence Mumble et d’autres services qui existent et qui vont arriver. D’ailleurs, dans l’émission du 30 juin nous aurons Christian-Pierre Momon qui est l’animateur du Chapril. Ces services, contrairement aux services de l’admin-sys, sont ouverts à toute personne qui le souhaite, qu’elle soit ou pas membre de l’April ; ils sont offerts librement et gratuitement et on a un engagement de les maintenir sur le long terme.
Je vois quand même que le temps file. On va faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : On va écouter Memories par Atch. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Memories par Atch.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Memories par Atch, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org, et sur le site de la radio causecommune.fm.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
Nous allons poursuivre notre tour d’horizon des activités de l’April et du fonctionnement de l’April.
Juste avant la pause musicale on parlait un petit de technique, on va y revenir après. Je voudrais qu’on aborde un nouveau sujet qui est un petit peu lié au premier, la sensibilisation, c’est la présence de l’April à des conférences, à des évènements, à des stands, donc de l’importance de la présence à ces évènements, quels types d’évènements, etc. Je vais commencer par demander à Magali Garnero qui a tenu de très nombreux stands pour l’April. Magali, est-ce que tu peux expliquer pourquoi il est important, selon toi, d’être présente à des évènements et à quels types d’évènements l’April est présente ?
Magali Garnero : L’April est présente à de nombreux évènements que ce soit des évènements pour libristes comme les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, les Journées du Logiciel Libre à Lyon ou le Capitole du Libre à Toulouse. Là on est un peu entre informaticiens, donc on tient au courant de toutes les actions que l’April fait parce que l’April fait énormément de choses, il est quasiment impossible de tout suivre.
Il y a d’autres évènements beaucoup plus grand public. On est allé à la Fête de l’Huma, on est allé aux Geek Faëries, à Geekopolis à l’époque où ça existait encore, au Paris Open Source Summit où là ce sont plutôt des gens du grand public, qui ne connaissent pas forcément grand-chose à l’informatique et on essaie, comment dire, de les sensibiliser aux enjeux du logiciel libre, à toutes les lois qui sont passées qui vont à l’encontre du logiciel libre ou, tout simplement, aux risques que les GAFAM — Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft — font peser sur le logiciel libre.
Frédéric Couchet : C’est l’occasion, je suppose, de diffuser, distribuer des documents de sensibilisation produits par le groupe Sensibilisation, que ce soit des dépliants, de mettre l’Expolibre, évidemment tu parles également du Chapril. Est-ce qu’il faut des connaissances particulières, notamment pointues, pour animer un stand de l’April, pour expliquer, pour être présent sur un stand de l’April ? Est-ce qu’il faut des compétences particulières ?
Magali Garnero : Il faut aimer parler. Il faut savoir communiquer avec des gens qu’on ne connaît pas, tout simplement, ne pas avoir peur d’aller vers les inconnus. Il faut quand même se tenir au courant de l’actualité de l’April et depuis des années, depuis qu’Isabella est là mais même avant avec Aurélia, il y a toujours une très bonne ambiance sur les stands, ce qui permet aux bénévoles de se connaître, de discuter, des fois il y a des projets qui se montent comme ça. C’est vraiment sympathique de participer aux stands sans avoir besoin de beaucoup de connaissances. Typiquement suivre la lettre d’information suffit amplement pour tenir un stand.
Frédéric Couchet : On va préciser que les groupes dont on a parlé juste avant et notamment admin-sys et Chapril, c’est un engagement un petit peu sur la durée, parce que l’admin-sys, si les serveurs de l’association tombent, eh bien on est mal ! Le service Chapril, comme l’a expliqué tout à l’heure Laurent, on s’engage à maintenir un service Chapril sur la durée parce qu’il va être utilisé par des personnes. Les stands, par contre, une contribution ponctuelle est possible. Je crois d’ailleurs qu’on a plusieurs membres dont la contribution est d’être présents à des stands ; ils prennent une journée ou deux parce que ce sont souvent des stands en semaine et ça permet à ces gens-là de contribuer ponctuellement à l’association.
Magali Garnero : L’avantage d’aller sur des stands, Christian et moi y allons souvent, Isabella également, c’est qu’à chaque fois qu’on est dans une autre ville que Paris on rencontre les bénévoles du coin. On rencontre la communauté locale qui n’ira pas forcément à d’autres évènements, dans d’autres villes. Donc ça permet vraiment de créer du lien dans les différents endroits où on va.
Frédéric Couchet : Je vais demander à Isabella ce qu’elle en pense. Je suis en train de regarder le salon web de la radio. N’hésitez pas à nous rejoindre sur le site web causesommune.fm, vous cliquez sur le bouton « chat » et vous nous rejoignez sur le salon #libreavous. Je vois que Danke revient sur la partie sensibilisation de tout à l’heure : « Le choix de l’outil libre comme postulat influence la méthode de travail à cause de sa moindre disponibilité. Ça peut être déroutant, voire bloquant, en fonction des personnes auxquelles on s’adresse. » Effectivement, c’est un point qui a été évoqué au début par Antoine, tout à fait. Néanmoins nous ne sommes pas des gens qui, disons, repoussons tout le monde. Si la personne n’utilise pas 100 % de logiciel libre, un point qui peut être important, c’est que la personne peut produire un document de sensibilisation avec un outil privateur, mais si elle peut l’exporter, d’ailleurs elle doit le faire si possible dans un format ouvert, ça nous permet de le récupérer et ensuite de pouvoir le modifier avec des logiciels libres, donc aussi l’importance des formats ouverts. D’ailleurs le groupe Sensibilisation a fait un dépliant et même un mini site web sur les formats ouverts que vous retrouverez en référence évidemment sur les pages consacrées à l’émission. C’était une excellente remarque, effectivement on essaye d’accompagner les gens comme le dit d’ailleurs Christian-Pierre Momon qui est sur le salon.
Isabella, Bookynette venait juste de parler des stands et de la bonne humeur. C’est vrai que c’est quelque chose qui me marque toujours, l’incroyable bonne humeur qu’il y a sur les stands, on sent presque, je vais dire, une famille, je ne sais pas. J’avais l’impression de ça, je suis marqué par le fait qu’il y a une vraie bonne ambiance sur les stands, on a l’impression d’avoir une petite famille, une petite communauté interne. D’ailleurs l’April c’est un petit peu ça, c’est un peu une communauté de différents projets qui, de temps en temps, se retrouvent lors d’évènements plus grands, que ce soit des assemblées générales, des April Camp sur un week-end, même sur des visioconférences.
Isabella Vanni : On a aussi parlédes apéros April ou pas encore ?
Frédéric Couchet : On n’a parlé des apéros April, effectivement. Vas-y, parle-nous des apéros April.
Isabella Vanni : Déjà, je suis contente d’entendre que vous vivez cette ambiance joyeuse et chaleureuse sur nos stands. Je suis de l’autre côté donc je suis bien, je suis contente d’avoir les bénévoles avec moi. Ça fait plaisir d’avoir cet autre point de vue.
Oui, on participe à des évènements qui sont organisés un peu partout en France, mais on organise nous-mêmes des évènements et tout particulièrement on organise un évènement par mois qui s’appelle l’apéro de l’April, qui a lieu un vendredi par mois. Ce n’est jamais le même vendredi, ça peut être le premier, le dernier, ça va vraiment dépendre de la disponibilité de l’équipe salariée pour animer la soirée. C’est un rendez-vous informel, autour d’un verre, qui permet de discuter des actualités de l’April, mais aussi de mieux se connaître. C’est vraiment important cette fonction d’animer la vie associative. On est une association, on a besoin de nos membres, donc on cherche aussi des occasions pour les voir, pour les connaître pour qu’ils se sentent bien à l’April.
Frédéric Couchet : C’est un point important parce que contrairement à beaucoup d’associations qui, quand elles ont une équipe salariée, finalement se reposent sur l’équipe salariée, à l’April on a toujours eu la volonté d’avoir à la fois une équipe salariée mais aussi des bénévoles. Effectivement les apéros c’est une façon de créer du lien mais aussi de lancer des projets. Les apéros ont lieu au local, à Paris, parce que l’équipe salariée est à Paris, mais, comme tu le dis, il y a aussi des apéros en région et évidemment si vous nous invitez à venir on viendra. Actuellement c’est un peu plus compliqué mais bientôt il sera de nouveau possible de voyager et de pouvoir aller à des apéros.
Avant de passer la parole à Magali qui veut intervenir, je vois que sur le salon web Françoise62_-_ nous dit « j’aimerais bien voir l’April chez nous ». En fait, l’April n’est pas loin de chez vous. Elle est déjà sur les listes de discussion que vous pouvez rejoindre et après, physiquement, il y a sans doute des évènements auxquels on peut participer, je ne sais pas du tout dans quelle région vous êtes. Quand des groupes d’utilisateurs et d’utilisatrices locaux organisent des évènements, nous on est présents, on peut se déplacer. C’est vrai que l’équipe salariée est basée à Paris, mais une bonne partie de l’activité de l’April se fait, en fait, en ligne. Pour répondre à Étienne qui est toujours sur le salon web qu’il y aura un retour des apéros à Paris au local en septembre et, je pense, à Boulogne-sur-mer. Je pense qu’on serait ravis d’aller à Boulogne-sur-mer si un apéro s’organise. On peut, et d’ailleurs c’est un appel aux membres et aux soutiens de l’April, si vous voulez organiser un apéro autour de l’April, on l’a déjà fait plusieurs fois, vous trouvez une salle, un café ou autre, et nous on vient pour parler de l’April et répondre à vos questions.
Je regarde sur l’autre salon, sur le salon interne Mumble qui voulait réagir. On va commencer par Magali qui souhaite parler et ensuite ce sera Quentin. Magali.
Magali Garnero : En fait, que ce soit les apéros organisés par l’équipe salariée, que ce soit les salons, il faut savoir qu’on est très bien traité en tant que bénévole. On arrive sur un stand, il y a Isabella qui dit « il faut faire ci, il faut faire ça », donc on sait exactement ce qu’il y a à faire. Ensuite on est abreuvé si on a soif. Elle est vraiment aux petits soins avec nous et l’ambiance est chaleureuse, les gens viennent nous rencontrer et sont heureux de retrouver l’April, ils sont heureux des activités qu’on fait ce qui fait qu’on se sent vraiment utile sur un stand où même à un apéro où on peut discuter de sujets bien pointus et c’est un bonheur d’être à l’April.
Frédéric Couchet : Quentin, tu voulais faire une remarque sur le 62. Je suppose que c’est le département 62.
Quentin Gibeaux : Oui. Je ne sais pas exactement, c’est peut-être dans le Nord, en tout cas c’est juste à côté, je crois que c’était peut-être en 2017, on avait fait un stand de l’April directement sur un évènement qui se situait à la Coupelle-Neuve. C’était un évènement un peu transversal où il y avait des associations écologistes, des associations un peu culturelles et, du coup, il y avait aussi un stand de l’April qui était venue sur cet évènement qui s’appelait Les Coquelicots, je crois que c’est organisé par l’association A Petits Pas. Je crois que ça revient tous les deux ans et ce n’est pas dit qu’on n’y pas retourne et qu’on participe à nouveau, donc c’est une occasion de venir nous voir. Après, s’il y a d’autres évènements sur d’autres villes de la région on peut aussi participer. Sinon, dans la région Nord-Pas-de-Calais, tous les ans on tient un stand avec les autres associations libristes de la métropole de Lille à la Braderie de Lille le dernier week-end d’août ou le premier week-end de septembre, je ne sais plus. Ce n’est pas forcément un stand April, c’est un stand commun, géré sans hiérarchie, de toutes les associations libristes du coin. Il y a Chtinux, il y a Cliss XXI, il y a d’autres associations du coin qui viennent et qui participent.
Frédéric Couchet : On va préciser que la Braderie de Lille c’est le premier week-end de septembre et, à Coupelle-Neuve, vous aurez le plaisir de rencontrer le trésorier, admin-sys, enfin multi-activiste à l’April François Poulain. Il habite pas très loin de Coupelle-Neuve ou même à Coupelle-Neuve, je crois, je ne sais plus exactement.
On parlait un peu de vie associative, tant qu’à faire parlons-en encore, peu importe le déroulé qu’on a prévu. J’ai envie de vous poser une petite question un peu personnelle, j’avais prévu sur la fin mais on va le faire maintenant, comme ça je suis sûr que je vais la poser. J’aimerais bien savoir pourquoi, individuellement, vous n’êtes pas tous et toutes obligés de répondre, vous avez le choix de ne pas répondre, pourquoi vous contribuez à l’April ? Qu’est-ce que ça vous apporte de contribuer à l’April ? Et qu’est-ce que vous avez éventuellement appris, soit sur le Libre soit sur vous, en contribuant à l’April ? Je ne donne pas d’ordre d’intervention. Vous me dites qui veut intervenir, j’espère qu’il y aura au moins une personne qui interviendra. Est-ce que quelqu’un veut répondre à cette question-là, sinon j’en désigne une ou un. Quentin. Vas-y Quentin.
Quentin Gibeaux : Moi, personnellement ça m’a permis déjà dès 2012, dans le cadre d’un stage, de découvrir aussi le métier d’admin-sys et de faire un petit peu une entrée professionnelle là-dedans. C’est aussi découvrir les outils libres dans ce cadre-là, comme j’ai pu le dire dans la partie sur le groupe Sensibilisation, et après on en retire aussi une satisfaction de faire quelque chose pour le bien commun et pas forcément pour soi-même.
Frédéric Couchet : Super. Je ne sais plus dans quel document on avait essayé un jour de lister un certain nombre de valeurs. Le bien commun notamment, l’intérêt général, l’utilité sociale revenaient assez souvent pour les personnes qui contribuent à l’April. Je vois que Magali souhaite aussi répondre. Vas-y Magali.
Magali Garnero : Quand j’ai découvert le logiciel libre je venais tout juste de monter ma librairie, je m’étais équipée en ordinateurs, mais j’avais pris le minimum du minimum parce que pas beaucoup de sous. Mon geek à domicile est venu et il m’a dit « si tu veux faire ci il y a LibreOffice, si tu veux faire ça il y a Inskape, si tu veux faire ça il y a Scribus » et il m’a apporté énormément de logiciels libres et gratuits qui m’ont vraiment aidée professionnellement. Je suis au contact de mes clients tous les jours, une trentaine de clients tous les jours, et j’adore partager ces connaissances-là, j’adore aussi former mes collègues au logiciel libre. Il y a vraiment une sorte d’échange de connaissances qui se fait et qui se fait à chaque fois. Sans le logiciel libre on ne pourrait pas transmettre aussi facilement parce qu’il y aurait toujours l’argent qui arrêterait les gens. Alors que là ils rentrent chez eux, ils installent le logiciel, ils le testent et après on en discute.
Frédéric Couchet : Oui, il n’y a pas de barrière à la contribution. C’est effectivement un bon point.
Je vois qu’Isabella veut aussi intervenir, j’en suis ravi, Vas-y Isabella.
Isabella Vanni : J’ai rejoins l’April d’abord pour des raisons professionnelles. Je cherchais un travail et j’étais tombée sur une annonce. Je suis allée tout de suite voir le site et j’ai été tout de suite assez impressionnée par la quantité d’informations, d’actions que l’association menait. J’ai vraiment vu le caractère militant de l’association, le sérieux. J’étais plutôt néophyte et, une fois arrivée, je me suis vite convertie au logiciel libre, non seulement au quotidien dans le travail, c’est-à-dire que de toute façon à l’April on n’utilise que des logiciels libres, bien sûr, donc il faut s’adapter à des nouveaux logiciels la plupart du temps, mais ce sont aussi les principes, la philosophie, auxquels j’ai adhéré.
Je rebondis un peu sur ce que Magali disait sur le partage. Je suis complètement d’accord, c’est le partage qui est vraiment une caractéristique qui me tient à cœur, c’est aussi l’échange. C’est-à-dire que, par principe, ce sont des logiciels auxquels n’importe qui peut participer, n’importe qui peut contribuer avec ses compétences. C’est ce caractère ouvert, ouvert à tout le monde, à toutes les compétences, qui me plaît, entre autres.
Frédéric Couchet : Merci. Antoine, toi aussi tu veux préciser, vas-y.
Antoine Bardelli : Oui effectivement. Quand j’ai adhéré, je me rappelle c’était essentiellement pour quitter un univers qui était très encarté. Il y avait effectivement beaucoup de logiciels propriétaires dans mon métier et c’était vraiment une façon de se libérer un peu de tous ces carcans. Il y avait aussi les aspects d’échange qui sont très importants et que j’ai trouvé bien plus présents dans les listes de l’April que, des fois, dans le cœur de mon métier.
Frédéric Couchet : Avant de passer éventuellement la parole à Laurent, je ne sais pas s’il voudra parler là-dessus, je voudrais qu’il parle un petit peu du Chapril. Antoine, vu que tu as la parole, un des projets auquel tu participes actuellement, un autre projet important notamment pour l’émission de radio, c’est le futur site libreavous.org. Est-ce que tu peux nous en parler rapidement ? Qu’est-ce que tu es en train de mettre en place et, question piège évidemment, quand est-ce que le site sera disponible ?
Antoine Bardelli : Ah ! Ah ! Ah ! Quand est-ce que le site sera disponible ? Pour l’instant on vient, enfin tu viens de valider le plan, puisque effectivement avant de faire le site web, il a quand même fallu savoir un petit peu ce qu’on faisait comme arborescence, comment on sortait de l’information du site de l’April et comment on faisait un site dédié à l’émission de radio. Effectivement, maintenant on est sur la phase de design, on va dire, sur laquelle je travaille en ce moment, après il faudra trouver un très gentil contributeur pour monter le site.
Frédéric Couchet : Ça se passe une autre liste de discussion qui, pareil, est ouverte à toute personne qui le souhaite. Toi tu as fait une proposition d’abord d’arborescence puis maintenant de plan de site. Il y a des échanges qui se font sur la liste. Il y a quelqu’un qui contribue aussi sur la mise en place, en tout cas à la réflexion vu que le site sera fait en Spip. Effectivement il y a eu une validation. Quand tu dis que « j’ai validé », oui je valide par rapport aux commentaires que j’ai reçus et aussi parce que c’est ma responsabilité. J’espère que le site sera ouvert pour la reprise de la saison 4 de la radio, de l’émission Libre à vous !, c’est-à-dire début septembre et si ce n’est pas prêt, eh bien ça ne sera pas prêt ! En tout cas il y aura un nouveau site. On demande sur le salon web de quelle couleur il sera. Est-ce que tu peux au moins nous dire quelles sont les deux couleurs majoritaires ?
Antoine Bardelli : Pour les sites April on part sur une base qui est généralement bleue, historiquement, et orange. Là je pense que j’ai plutôt envie de partir sur de l’orange ; à priori on va quand même garder un peu de bleu, mais c’est plutôt la tendance. Le design, la première version du design c’est pour ce mois-ci. Après, ça sera en fonction du délai des retours. Si ça doit sortir en septembre on aura deux mois pour développer.
Frédéric Couchet : Super. Je précise pour les personnes qui ont déjà vu le tee-shirt dont tu as fait le design récemment qu’il est aussi bleu et orange et dont les premières, ce n’est pas vraiment la première, on ne va pas revenir sur l’historique de ce tee-shirt, peut-être que ça pourrait faire l’objet d’une question Easter-eggs, c’est-à-dire quel est le problème avec la première version. En tout cas, on vient de passer commande de ces tee-shirts qui devraient arriver d’ici quelques semaines et qui seront disponibles lors des prochains évènements April quand il sera à nouveau possible d’avoir des évènements. C’est assez bleu et assez orange, en tout cas on aime beaucoup au sein de l’équipe.
Je vois que le temps file vite, je voulais que Laurent – je ne sais s’il a envie de répondre à la question que j’ai posée tout à l’heure, il me dira – revienne un petit peu sur le Chapril. Pourquoi je dis ça ? Parce qu’en fait, en préparant l’émission – je recherche la question, est-ce que je vais la retrouver ? Oui, je vais la retrouver – on a reçu une question. La personne souhaitait savoir comment va l’engagement bénévole à l’April. Est-il stable, en augmentation ou en baisse ? Y a-t-il de plus en plus de dossiers traités ou pas ?
Déjà, sur la partie dossiers purement institutionnelle c’est-à-dire la partie défense, on y répondra plus en détail le 30 juin. Certes, il y a une très forte baisse de l’engagement bénévole sur cette partie-là, on en parlera notamment avec mon collègue Étienne Gonnu qui est chargé de mission sur ces dossiers-là. Par contre, sur le reste, il y a peut-être un vieillissement de certains bénévoles on pourrait dire, y compris dans l’équipe salariée d’ailleurs, mais il y a de nouveaux bénévoles. Sur le groupe Sensibilisation, par exemple, il y a une forte activité mais également sur le Chapril, parce qu’en fait le Chapril a recruté récemment des nouveaux bénévoles. Comment vous recrutez et quel est le profil des personnes qui viennent d’arriver sur le Chapril ? Laurent.
Laurent Poujoulat : Les personnes qui viennent d’arriver sur le Chapril, les derniers arrivés sont des développeurs qui développent pour l’essentiel du logiciel libre, du moins en logiciel libre mais pas que, on ne peut pas toujours faire comme on a envie, hélas, qui ont une forte capacité technique et qui nous ont installé un dernier service, le kanban, qui est un support de la méthode agile.
Frédéric Couchet : Est-ce que tu peux juste nous expliquer ce qu’est un kanban ? C’est une sorte de tableau où on répartit des tâches entre « à faire », « en attente », « faites », etc.
Laurent Poujoulat : Voilà. C’est un tableau qui permet d’organiser un projet on va dire de manière sympathique et rapide. Initialement c’était fait avec des post-it sur un tableau blanc. On met par exemple les tâches à faire ou à réaliser sur une première colonne « à faire » avec la liste des tâches et puis on les passe sur la colonne « en cours » avec le nom de la personne qui va les suivre et ainsi de suite. C’est très visuel, c’est très ludique et ça va très vite. On a actuellement, en préouverture au Chapril, le service kanban qui est un support informatique qui simule tout ce qu’on faisait avec des post-it et des tableaux blancs mais de manière beaucoup plus sympathique. On peut associer à chaque carte, à chaque post-it, des documents, des informations, des états, des couleurs, etc.
Frédéric Couchet : D’accord. Je vois sur le salon qu’on nous rappelle que tu peux répondre à la question que j’avais posée à savoir pourquoi tu contribues à l’April, qu’est-ce que ça t’apporte ?
Laurent Poujoulat : J’ai utilisé beaucoup le logiciel libre avant d’arriver à l’April et un jour je me suis dit « OK, j’en profite énormément, que ça soit personnellement ou professionnellement d’ailleurs », du point de vue professionnel ça permet de réduire les coûts dans ma société de manière assez drastique, c’était l’argument massue je dois dire, pas forcément le meilleur mais le plus efficace. À un moment je me suis dit « qu’est-ce que je pourrais faire pour renvoyer l’ascenseur ? » Je traînais dans un salon, je suis tombé sur le stand April, et je dois dire que j’ai été convaincu là-bas de m’inscrire à l’April. Après on m’a demandé un petit peu ce que je pouvais faire et dans le temps que j’avais j’ai commencé par les traductions du groupe GNU qui est un groupe qui traduit les documents de la Free Software Foundation qui est anglaise, américaine, en français, pour pouvoir les diffuser plus largement. J’ai commencé comme ça. Un jour quelqu’un s’est avisé que j’étais programmeur, administrateur-système de métier et j’ai été recruté pour le Chapril.
Frédéric Couchet : D’accord. On va bientôt arriver à la conclusion de cette première émission. Tu viens de parler de Trad-GNU, traduction de la philosophie GNU, je vais juste préciser qu’en fait c’est un projet historique de l’April car c’est le premier projet, le premier groupe de travail qu’on a ouvert en 1996. Quand l’April a été créée on s’est dit « tiens, on va mettre en ligne des textes expliquant la philosophie du logiciel libre ». À l’époque, évidemment, il y avait déjà le site gnu.org qui existait et on s’est dit que le mieux c’est carrément de traduire ce que les personnes ont mis en ligne, ce sont souvent des textes de Richard Stallman. C’est un projet qui existe depuis 1996 et qui continue à pouvoir maintenir et traduire de nouveaux textes, souvent de Richard Stallman, du site gnu.org et également la newsletter, la lettre d’information de la FSF sur le site fsf.org, FSF c’est la Free Softrware Foundation, la Fondation pour le logiciel libre.
Je ne sais pas si quelqu’un, une personne a envie d’intervenir, une dernière intervention avant qu’on mette un terme à cette première émission, n’hésitez pas à me le dire sur le salon web sinon on va en rester là pour cette première émission. À priori personne ne veut intervenir. Isabella nous dit qu’on a oublié de dire que sur les stands c’est aussi un moment idéal pour recruter, proposer d’adhérer à l’April et également de rejoindre les groupes de travail. Juste préciser, on ne l’a peut-être pas dit, que le modèle de financement de l’April c’est exclusivement la cotisation des membres. On reviendra peut-être un peu plus sur ces détails le 30 juin notamment avec Elsa Pottier qui travaille à l’April justement dans la partie vie associative.
Antoine nous dit « comment adhérer ? » Vous allez sur april.org et vous pouvez nous rejoindre soit un adhérant soit en faisant un don.
J’en profite pour dire que l’assemblée générale de l’April aura lieu le 27 juin en visioconférence donc à distance. N’hésitez pas à rejoindre l’April avant pour participer à cette assemblée générale.
Quentin Gibeaux me précise que l’admin-sys April et le Chapril recrutent également. Vous trouverez toutes les informations pour nous rejoindre, pour trouver une manière de contribuer sur april.org. Antoine nous dit que la liste Sensibilisation recrute. En fait tout l’April recrute ! On recrute évidemment des bénévoles avant toute chose. Vous allez sur april.org, vous trouverez toutes les informations nécessaires.
Venez aux apéros. Invitez-nous à des apéros en dehors de Paris. Françoise, nous viendrons à Boulogne-sur-mer dès que ce sera possible, n’hésitez pas à nous inviter. On va dans un café, on discute un petit peu, on parle de l’April, etc.
Je remercie Antoine Bardelli, Magali Garnero, Isabella Vanni, Laurent Poujoulat, Quentin Gibeaux pour la participation à cette première émission. Je précise que la deuxième aura lieu le 30 juin avec d’autres personnes qui sont actives au sein de l’April. Ce sera la deuxième partie de « Au cœur de l’April ». Je vous remercie.
On va faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Nous allons écouter Friends par Les gueules noires. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Friends par Les gueules noires.
Voix off : Cause Commune, 93.1
Frédéric Couchet : L’avantage d’animer les émissions debout c’est qu’on peut danser. Nous venons d’écouter Friends par Les gueules noires, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org et sur le site de la radio, causecommune.fm.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
Nous allons passer maintenant au sujet suivant.
[Virgule musicale]
Interview de Béatrice Pradillon, de l’ADULLACT, pour présenter le label Territoire Numérique Libre
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre et finir avec la présentation du label Territoire Numérique Libre qui s’adresse à toutes les collectivités. Nous avons le plaisir d’avoir avec nous Béatrice Pradillon chargée de communication à l’ADULLACT, Association des développeurs et utilisateurs de logiciel libre pour l’administration et les collectivités territoriales, le site de l’ADULLACT c’est adullact.org et le site du Territoire Numérique Libre c’est territoire-numerique-libre.org.
Béatrice est-ce que tu es bien avec nous ?
Béatrice Pradillon : Oui, je suis là. Bonjour et merci pour l’invitation.
Frédéric Couchet : Merci à toi Béatrice d’être avec nous.
Première question simple : qu’est-ce que le label Territoire Numérique Libre ? À qui s’adresse-t-il, comment fonctionne-t-il et quel est l’intérêt pour les collectivités de candidater et d’obtenir ce label ?
Béatrice Pradillon : Le label a été créé en 2016 à l’initiative de l’ADULLACT. Le projet de ce label c’est vraiment de valoriser, au sein des collectivités territoriales, toutes les initiatives et les politiques en faveur du Libre. En fait il se passe beaucoup de choses dans les territoires, dans les collectivités, il y a beaucoup d’initiatives et même nous, l’ADULLACT, qui travaillons depuis 18 ans avec les collectivités, nous ne savons pas tout ce qui se passe dans ces collectivités. C’est une occasion à la fois de mettre en valeur ces initiatives d’une part et de permettre vraiment aux collectivités de faire un état des lieux, une évaluation de « où j’en suis au niveau de mes usages du Libre ».
On a créé un questionnaire qui est aujourd’hui réparti en cinq grandes parties et qui touche un petit peu à tous les domaines, à la fois la stratégie, les logiciels libres, les systèmes libres, l’open data, la communication, la formation. Ce formulaire permet à la collectivité de faire un état des lieux complet de ses usages, de son fonctionnement, de ses projets sur les cinq/dix dernières années. En fonction de ça elle va obtenir une note qui va aller de 1 à 5. Ce ne sont pas des étoiles ce sont des copyleft. Donc depuis 2016 nous attribuons chaque année ce label. C’est un label millésimé qu’on peut renouveler chaque année.
Je précise que le label va du niveau 1 au niveau 5, le niveau 1 étant en fait un premier pas dans le domaine du logiciel libre et le niveau 5 étant le niveau vraiment d’excellence en la matière.
Frédéric Couchet : D’accord. Combien y a-t-il eu de lauréats depuis la première édition ? Approximativement.
Béatrice Pradillon : On a une cinquantaine de collectivités labellisées en France, vraiment de tous types, des départements, des villes, on a aussi une région. On a eu aussi quelques établissements publics, la première année on a eu un SDIS, un Service départemental d’incendie et de secours, qui a candidaté. On a principalement des villes, des départements, des communautés de communes, communautés d’agglo et on se rend compte, en fait, que d’une année sur l’autre les collectivités qui ont été labellisées aiment renouveler leur label. Elles aiment voir un petit peu, refaire un état des lieux, donc on a beaucoup de collectivités qui reviennent vers nous d’une année sur l’autre.
Frédéric Couchet : Il faut préciser que le label est millésimé, donc chaque année il faut candidater à nouveau et ça peut permettre à une collectivité d’augmenter le niveau, par exemple de passer de 3 au niveau 4, donc de montrer une amélioration dans la prise en compte des libertés informatiques, que ce soit le logiciel libre ou les données publiques.
Béatrice Pradillon : Tout à fait. On encourage à le faire tous les ans, voire tous les deux ans pour les collectivités qui ont petit peu moins de temps à accorder. Ça peut vraiment permettre de se fixer des objectifs, de décider qu’on se donne deux ans pour atteindre par exemple le niveau 4. Ça peut être un marqueur pour la collectivité de sa progression.
Frédéric Couchet : Tout à fait. Ce label, on l’a dit, est organisé par l’ADULLACT, c’est une initiative de l’ADULLACT. Est-ce qu’il est organisé en partenariat avec d’autres structures ? Est-ce qu’il y a aussi le soutien de structures institutionnelles ?
Béatrice Pradillon : En fait, j’ai envie de parler, on parle en termes de comité d’orientation, c’est-à-dire que ce sont vraiment des structures qui sont déjà impliquées sur le sujet et qui nous aident chaque année à la fois à promouvoir le label mais aussi à repenser le questionnaire, le fonctionnement. Au sein de ce comité, il y a l’AFUL, l’Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres, l’April. Cette année nous avons ajouté, enfin coopté un nouveau membre, l’association Déclic qui est une association en fait de structures mutualisantes dans le domaine du numérique. Il y a le cluster NAOS [Nouvelle-Aquitaine Open Source], c’est le nouveau nom du pôle Aquinetic, et la ville de Saint Martin d’Uriage qui nous permet d’avoir aussi le point de vue des petites collectivités, le point de vue des élus. Ce qui fait qu’au sein de ce comité d’orientation on a à la fois des associations libristes, on a des associations de mutualisants, des entreprises du numérique libre et aussi des élus qui œuvrent chaque jour dans ce domaine-là. Ça permet d’avoir des points de vue très différents qui nous permettent aussi de faire avancer les choses chaque année.
Frédéric Couchet : C’est très bien et nous, au niveau de l’April, on est évidemment ravis de participer à cette initiative. C’est important que tu précises que le label n’est pas que pour les grandes collectivités. Toute collectivité, quelle que soit sa taille, peut obtenir un label de niveau 4 en fonction de ce qu’elle fait parce qu’évidemment la notation tient compte de la structure de la collectivité.
Béatrice, c’est la cinquième édition. Est-ce qu’il y a des nouveautés ? Est-ce qu’il y a un bilan ? Des candidatures manquantes ?
Béatrice Pradillon : La principale nouveauté de cette année, on a associé l’association Déclic au comité. C’est vrai qu’au niveau du fonctionnement même on n’a pas fait de changements cette année et même au niveau du formulaire, on a rajouté, on va dire, la notion d’influence au niveau du territoire, c’est-à-dire qu’on essaye de mesurer, de dire si une collectivité peut avoir influencé d’autres collectivités du point de vue des logiciels libres. On a apporté cette petite notion en plus. Dans l’ensemble on a voulu garder un formulaire assez similaire à 2019. C’est vrai qu’on est quand même dans une situation un petit peu exceptionnelle, on sait qu’en ce moment les collectivités ont beaucoup de priorités qui ne sont pas forcément de candidater à un label. Donc on s’est aussi dit que cette année en ayant un formulaire, un questionnaire, qui est semblable à celui 2019 on va aussi encourager les collectivités déjà labellisées à renouveler leur label. Remplir ce dossier ça demande quand même un petit temps d’investissement, donc on a voulu s’assurer que les collectivités n’aient justement pas de grosses nouveautés qui leur demandent un travail vraiment supplémentaire cette année.
Frédéric Couchet : D’accord. Le formulaire de candidature est en ligne depuis le 10 juin. Il faut le remplir. Quelle est la date limite ? Est-ce qu’un jury va se réunir ? Est-ce qu’il va se réunir physiquement et quand ?
Béatrice Pradillon : Cette année les dates de candidature vont du 10 juin au 15 octobre 2020 à minuit. En fait on conseille aux candidats de fonctionner en deux étapes : on a d’abord une liste de questions à télécharger, à imprimer, ce qui permet vraiment de faire le tour des services, d’aller voir les différents agents, les élus, de pouvoir préparer le dossier et, dans un second temps, de remplir le questionnaire en ligne sur Framaforms avant le 15 octobre. Il y a à peu près un petit peu plus de 100 questions, je crois, réparties en cinq parties. Ce n’est pas non plus un temps incroyable que de remplir ce questionnaire, certaines collectivités le font en une demi-journée sans problème.
Au niveau de la suite, on se laisse toujours cinq/six semaines à peu près de traitement des candidatures, donc ça veut dire qu’à peu près aux alentours de mi-novembre, fin novembre, on réunit le jury et ensuite on fait la remise des labels. Cette année on n’a pas encore de date déjà fixée, mais on sait que ce sera aux alentours de fin novembre. On va certainement faire ça à peu près en même temps que le salon des maires, comme on avait fait l’an dernier, je n’ai plus la date exacte mais c’est fin novembre.
Frédéric Couchet : Oui, ça doit être fin novembre. D’accord.
On encourage toutes les collectivités à candidater. Je vais rappeler le site web, territoire-numerique-libre.org, donc le label Territoire Numérique Libre.
Nous étions avec Béatrice Pradillon, chargée de communication à l’ADULLACT. Béatrice je te remercie de ta participation et au plaisir de se voir peut-être pour la remise des prix au salon des maires à la rentrée, fin novembre.
Béatrice Pradillon : Merci beaucoup pour l’invitation en tout cas.
Frédéric Couchet : À bientôt.
On approche de la fin de l’émission, Je vais regarder quelles annonces je peux faire.
[Virgule musicale]
Annonces
Frédéric Couchet : Une annonce importante. On vous a dit tout à l’heure dans la partie « Au cœur de l’April » que ce qu’on fait c’est majoritairement public. Nous sommes en train de préparer le bilan de la saison 3 de Libre à vous ! et de préparer la saison 4. Pour cela il y a le bloc-notes en référence sur april.org et sur causecommune.fm où vous pouvez déjà mettre vos commentaires, signaler ce qui vous plaît dans l’émission, les sujets, les chroniques, les points de vigilance, d’amélioration, des suggestions pour la saison 4 ; vous pouvez le faire quand vous voulez parce qu’on a besoin de vos retours et nous organisons une réunion sur Mumble, donc sur l’outil d’audioconférence ce vendredi 19 juin 2020 à 10 heures 30 jusqu’à midi maximum. N’hésitez pas à vous connecter sur le salon Mumble, toutes les informations sont sur le site april.org. Sinon vous pouvez contribuer sur le bloc-notes ou nous envoyer un courriel, vous trouverez les références sur le site april.org ou sur le site de Cause Commune, causecommune.fm.
Sinon il y a aussi une reprise d’activité physique. Par exemple à Digne-les-Bains il y a une cartopartie OpenStreetMap. OpenStreetMap est un projet de cartographie qui a pour but de constituer une base de données géographiques libre du monde. On en a déjà parlé dans l’émission à deux reprises. À Digne-les-Bains il y a une cartopartie, mes pensées vont à Jean-Christophe Becquet président de l’April qui habite Digne-les bains.
À Paris, à la Cité des sciences et de l’industrie, les ateliers reprennent, il y a notamment un atelier Inskape qui est un logiciel libre de dessin vectoriel qui reprend à partir du 30 juin.
Toutes les informations sont sur le site de l’agenda du Libre, agendadulibre.org.
Notre émission se termine. Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Noémie Bergez, Magali Garnero, Laurent Poujoulat, Antoine Bardelli, Quentin Gibeaux, Isabella Vanni, Béatrice Pradillon et également toutes les personnes qui étaient sur le salon web de la radio.
Aux manettes de la régie aujourd’hui William Agasvari, William anime les émissions Et pour cause et Cyberculture sur la radio. Merci également à Sylvain Kuntzmann, Antoine, bénévoles à l’April, Olivier Grieco le directeur d’antenne de la radio qui s’occupent de la post-production des podcasts.
Un nouveau merci à Quentin Gibeaux, le même que tout à l’heure, qui s’occupe de la découpe du podcast complet en podcasts individuels par sujet.
Vous retrouverez sur les sites april.org et sur causecommune.fm, une page avec toutes les références utiles.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission. Si vous avez aimé cette émission n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous. Faites connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.
La prochaine émission aura lieu en direct mardi 23 juin 2020 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur le réemploi informatique et les libertés informatiques.
Nous vous souhaitons de passer une agréable fin de journée. On se retrouve en direct mardi 23 juin 2020 et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.