- Titre :
- Le traçage numérique contre le Covid-19
- Intervenant·e·s :
- Hippolyte Girardot - Charline Vanhoenacker - Alex Vizorek
- Lieu :
- Chronique d’Hippolyte Girardot, France Inter
- Date :
- 3 avril 2020
- Durée :
- 3 min 40
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- Licence de la transcription :
- Verbatim
- Illustration :
- Géolocalisation par ElisaRiva de Pixabay - Licence Pixabay
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Transcription
Alex Vizorek : Quand on dit concision, clarté et l’antithèse de cela, on pense évidemment à Hippolyte Girardot. Comment va-t-il ?
Hippolyte Girardot : Ça va mal, je suis très énervé parce que j’ai compris un truc. En écoutant un peu les infos, etc., j’ai compris comment l’humanité s’est volontairement soumise, couchée pour toujours ou presque à cause d’un petit virus qui l’a occupée une année au max mais a réussi à vaincre toutes formes de résistance. Je ne sais pas si vous savez mais une des solutions envisagées pour accélérer le déconfinement serait d’utiliser les données générées par nos smartphones pour pister les interactions des personnes infectées par le Covid. C’est Édouard Philippe qui nous l’a dit l’autre jour, tranquillement.
Et au même moment, des chercheurs de l’université de Oxford viennent justement de présenter une application très pratique, assortie d’un sondage très opportun, indiquant que huit Français sur dix seraient prêts à installer cette application. En échange d’aller boire des bières un peu plus tôt en terrasse, ils seraient prêts à 80 %, 80 % quand même, à accepter une application de pistage des contacts des personnes infectées. Excusez-moi, ce ne sont pas des Gaulois réfractaires, ce sont des moutons à la recherche d’un barbecue ! Sans déconner ! On est en train de franchir un fossé, mais dément ! C’est Le Meilleur des mondes de Huxley, c’est génial ! Cette solution technologique brillante a déjà été expérimentée dans des pays où pour des raisons historiques, politiques, religieuses, à tort ou à raison peu importe, la notion de liberté individuelle compte beaucoup moins que le corps social et national. À Pékin c’était magnifique, on pouvait suivre les personnes infectées sur son téléphone et décider, par exemple, de ne pas aller faire ses courses dans le marché où elles étaient passées, etc.
C’est un traçage incroyable et ce traçage permet aussi et surtout de vérifier que les personnes contagieuses restaient confinées, à la maison. Ce qui permettait au reste de la population de vivre normalement, c’est-à-dire de boire, évidemment, s’amuser, bien sûr, et aussi, tu avais oublié mec, de travailler. Parce qu’au bout du tunnel, on aura plutôt les 60 heures que le happy hour, il ne faut pas rêver !
Ce traçage, c’est l’équivalent de la laisse rétractable pour les chiens. Il croit qu’il est libre, mais non ! Il a l’exacte liberté de la longueur de sa laisse. Parce qu’au bout d’un certain nombre de 15 jours, vous avez remarqué que 15 jours c’est la nouvelle unité de mesure – 15 jours, 15 jours – qui osera dire « je ne fais pas confiance au GAFA ni à leurs idiots utiles que sont les gouvernements, je préfère me restreindre que devenir cet objet connecté réseau, boulot, dodo. Je confine donc six mois de plus. » Qui osera faire ça ? Et même qui pourra faire ça ? Le Premier ministre a dit : « Non, ça ne se passera comme ça, on partira sur une base de volontariat ». Ah ouais ! Excusez-moi. Le million de Parisiens qui s’est cassé à la campagne, il était volontaire d’être tracé par Orange ? Tout de suite, on a dit : « Non, ne déconnez pas, c’est anonyme ; c’est anonyme ! Il n’est pas envisagé de pister des individus en particulier. » Non c’est vrai. Mais le patron d’Orange a ajouté « bien que ce soit techniquement possible ». Je vous explique encore une fois : quand c’est techniquement possible, en général, ne vous en faites pas, ça arrive. Quand on a découvert la fission nucléaire, on a compris qu’il était possible d’en faire une bombe, techniquement, et on a vérifié. Eh oui, techniquement c’était possible !
Charline Vanhoenacker : Hippolyte Girardot, merci.
Alex Vizorek : Hippolyte Girardot, je rappelle que vous n’êtes si ni sur Twitter ni sur Facebook, vous n’avez pas de smartphone non plus !
Hippolyte Girardot : Non.
Charline Vanhoenacker : On ne peut pas vous pister.
Hippolyte Girardot : Je préfère les pigeons voyageurs. Moi je suis pour les pigeons voyageurs, je suis pour qu’on vive nu, dans la rue, avec des pigeons voyageurs pour communiquer. On sera tranquilles comme ça.
Alex Vizorek : On est au bout du raisonnement. Là on y est.