- Titre :
- Décryptualité du 1er octobre 2018 - L’Arcep veut réguler les GAFAM
- Intervenants :
- Manu - Luc
- Lieu :
- April - Studio d’enregistrement
- Date :
- octobre 2018
- Durée :
- 15 min
- Écouter ou télécharger le podcast
Revue de presse pour la semaine 39 de l’année 2018
- Licence de la transcription :
- Verbatim
- Illustration :
- shadow-man-hand-up Openclipart Licence Creative Commons Zero 1.0 Public Domain
- transcription réalisée par nos soins.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas forcément celles de l’April.
Description
Sébastien Soriano, président de l’Arcep, veut « prendre la Bastille du numérique ».
Transcription
Luc : Décryptualité.
Voix off de Nico : Le podcast qui décrypte l’actualité des libertés numériques.
Luc : Semaine 39. Salut Manu.
Manu : Salut Luc.
Luc : On n’est que tous les deux.
Manu : Eh oui, en petit comité.
Luc : Du coup, on va se lancer directement avec la revue de presse.
Manu : Six articles cette semaine.
Luc : Belle sélection je trouve ; ils sont dans l’ensemble plutôt intéressants.
Manu : Et parfois originaux.
Luc : Oui ! ZDNet France, « C’est qui le patron sur Microsoft Azure ? Linux », un article de Steven J. Vaughan-Nichols.
Manu : C’est un article qui est intéressant parce que ça veut dire que Microsoft, sur ses serveurs informatiques, ce sont les serveurs de cloud computing, eh bien avoue aujourd’hui que plus de la moitié de ses serveurs sont sous Linux et que Linux est sa plateforme préférée pour déployer de nouveaux clients. Ça monte, ça monte ça monte ; si même Microsoft se met au logiciel libre !
Luc : Le chiffre augmente tout le temps et ça se fait au détriment de Windows Server, leur solution maison. Usbek & Rica, « Les sciences participatives au cœur de la recherche du futur ? », un article de la rédaction.
Manu : Toute une discussion sur un festival, le Turfu Festival, t, u, r, f, u.
Luc : Qui commence le 2 octobre, donc c’est maintenant.
Manu : À Caen ; ça a l’air assez sympa. Ils accueillent tout public notamment dans des fab labs pour faire, pour regarder de l’innovation et discuter un peu sciences.
Luc : C’est un plus que du fab lab parce que le fab lab ce sont ces espaces où on peut bricoler et apprendre par soi-même. Là, c’est vraiment l’idée de faire de la science soit, sur des petits niveaux, en partageant des informations ou en donnant de la puissance de calcul de son ordinateur, ce qui se fait depuis longtemps.
Manu : Ils parlent de SETI at home [1].
Luc : Voilà. Mais après ça il y a également des réseaux de surveillance ; il y a plein d’idées vraiment intéressantes et, en fonction des compétences que les gens ont, on peut participer plus ou moins et avec cette idée de décloisonner la recherche.
Manu : La rendre citoyenne, un peu comme le logiciel libre !
Luc : : Tout à fait. Clubic.com, « Firefox Monitor vous dit si vos données ont été volées », un article de Matthieu Legouge.
Manu : C’est un nouveau service qui est fourni par Mozilla, la grosse association qui est derrière Firefox et ce service-là, en quelque sorte, vous permet d’avoir une idée de la sécurité de vos données. Il y a plein de serveurs sur Internet qui ont été corrompus, qui ont été hackés, dont les logins et mots de passe, notamment, ont été perdus dans la nature. Vous pouvez aller sur ce site de Mozilla [2], mettre votre e-mail et on vous dira si votre e-mail a été volé, vraisemblablement, si le login et le mot de passe associé ont été volés et sont sur Internet.
Luc : On pense aux nombreux sites piratés qui ont déclaré le fait qu’ils se soient faits pirater. Et on peut s’inscrire ?
Manu : Oui. On peut s’inscrire pour recevoir des alertes.
Luc : Comme ça si jamais un site… ZDNet France, « Que se passe-t-il si vous essayez de retirer votre code de Linux ? », un article de Steven J. Vaughan-Nichols, encore lui.
Manu : Eh oui, mais un autre sujet qui continue sur ce qu’on présentait la semaine dernière déjà, c’est-à-dire que dans le monde du logiciel libre et notamment dans le développement du noyau Linux, il y a un code de conduite qui est en train d’être mis en place. Linus Torvalds, le développeur originel du noyau, a admis qu’il avait eu un comportement un peu inadmissible.
Luc : Voilà. On en avait parlé de loin en loin depuis quelques années, il avait la réputation de vraiment se conduire comme un connard et d’agresser les gens, de les insulter, etc.
Manu : Un peu agressif, c’est le moins qu’on puisse dire. Ce n’est pas sympa !
Luc : Et là, comme quoi il ne faut jamais désespérer de la condition humaine, il s’est dit qu’il fallait peut-être s’améliorer.
Manu : Conséquence, c’est qu’il y a des gens qui réfléchissent : qu’est-ce qui se passe si quelqu’un ne veut pas de ce code de conduite mais a contribué du code au noyau Linux, est-ce que cette personne qui ne voudrait plus participer a le droit de retirer son code ? Il y a un article qui discute de cela ; la réponse je vous la donne, gros spoil, normalement non, on ne peut pas retirer du code comme ça.
Luc : Normalement ! The Conversation, « Didier Deschamps, ou l’art de capturer la valeur », un article de Bérangère Lauren Szostak,
Manu : Je crois que c’est l’article le plus original qu’on n’a jamais vu dans la revue de presse !
Luc : Il faut voir.
Manu : Ah ! Il est costaud quand même ! Parce que ça parle de la coupe du monde de foot.
Luc : La tasse mondiale ! The world Cup. Non ?
Manu : Oui, oui, la tasse mondiale et de la possession de balle des Français qui ont gagné la Coupe du monde mais qui n’ont possédé le ballon pendant le match, il semblerait, que pendant 32 % de la durée du match, ce qui est peu. Normalement les gagnants de ce genre de match possèdent le ballon à plus de 50 %, et donc c’est quoi le rapport avec le logiciel libre ?
Luc : C’est une sorte d’analogie disant : on peut avoir des systèmes plus intelligents, de partage, etc., qui permettent d’être plus efficaces.
Manu : Notamment avec le logiciel libre où on partage la connaissance, on partage l’innovation, mais on en retire plus de valeur malgré le fait qu’on n’ait pas la possession.
Luc : Alternatives-economiques, « Gafa : « "Il faut prendre la Bastille numérique" », un article de Sébastien Soriano, qui est d’ailleurs une interview. C’est le président de l’Arcep [Autorité de régulation des communications électroniques et des postes].
Manu : Soi-disant le gendarme des Télécoms, ceux qui mettent en place les règles et qui contrôlent un peu Internet quelque part.
Luc : Il n’a pas de képi sur la photo !
Manu : Non ! Mais il a le pouvoir, donc on l’écoute attentivement et là il parle des GAFA ; GAFA c’est Google, Amazon, Facebook, Apple, de temps en temps on rajoute un M pour parler de Microsoft. En gros ce sont les géants d’Internet, les plus grosses entreprises mondiales qui arrivent à des valeurs de un trilliard de dollars — je crois qu’il y en a deux qui ont dépassé le seuil il y a peu de temps —, donc c’est quelque chose de considérable, eh bien ces entreprises-là, si grosses qu’elles sont, elles nous embêtent et elles embêtent le gendarme des Télécoms.
Luc : L’article est très orienté économie, c’est quand même Alternatives économiques.
Manu : Et institutions.
Luc : Et institutions. Moi je le trouve très intéressant mais très discutable ; il y a plein de choses où on n’est pas d’accord avec lui, mais le propos reste quand même très intéressant, donc c’est pour ça qu’on voulait en parler plus longuement dans ce podcast.
Manu : On pourrait presque entendre ça comme une analyse de ce que le président de l’Arcep voudrait faire, d’ailleurs !
Luc : Oui, c’est très politique. C’est ça qui m’a étonné, que je trouve un peu surprenant. Je pense qu’il a dû valider ça avec Mounir Mahjoubi parce que, notamment, il le cite. En gros, le point de départ est très juste, on en parle suffisamment ici, c’est de dire que les GAFAM maîtrisent énormément de choses et que, du coup, leur pouvoir ce n’est pas seulement d’avoir deux-trois données et puis de régner sur Internet, c’est qu’il y a de vraies conséquences dans le monde réel. Il cite Uber, il cite tous les commerces qui ont du mal à survivre face à toute la vente par correspondance d’Amazon et ce genre de choses.
Manu : Et le monde économique est en train de changer. On a l’impression que ça bouge en ce moment ; il y a des changements considérables en profondeur.
Luc : Il dit que personne ne l’a vu venir. Là c’est un des points où je dis : eh bien non il y a plein de gens qui l’ont vu venir, mais ce ne sont pas ceux qu’on a bien voulu écouter. Des tas de gens en ont parlé bien en amont en disant « l’informatique va radicalement changer le monde » et maintenant ça commence à devenir tellement visible qu’on ne peut plus faire semblant. Donc ça a ce côté un petit peu désespérant.
Manu : On peut supposer quelque part que là il présente ce qu’il voudrait faire et notamment son analyse c’est de dire nous, les institutions, on n’a pas assez agi et on n’agit pas assez. Donc on peut entendre quelque part « on doit faire des choses ». Il critique le monde économique en disant qu’au contraire on a laissé les entreprises à leurs bons moyens et à leur bon vouloir et que la conséquence ce sont des entreprises qui sont des monopoles de fait, des monopoles qui utilisent un effet réseau. Plus on est gros dans ce monde informatique, plus on devient gros et on en retire de la valeur économique.
Luc : Et plus on devient rentable ! oui.
Manu : Exactement.
Luc : Contrairement au monde matériel où le fait de grossir va faire toute une série de freins qui fait que devenir encore plus gros et plus efficace va être de plus en plus difficile. Et on va être obligé d’investir de plus en plus pour des gains marginaux de plus en plus faibles.
Manu : Moi, sur ce point-là je ne suis pas forcément d’accord. Je pense que plus on est gros plus on devient sclérosé par nature et que c’est difficile de sortir de cette sclérose ; mais c’est une analyse…
Luc : Mais quand même d’un côté, une fois que tu as mis en place tes serveurs, après tu fais grossir le nombre de serveurs que tu as, mais créer dix comptes ou un million, c’est à peu près la même chose.
Manu : De ce point de vue-là certes. Mais du point de vue des changements des services, on en a déjà parlé entre nous en dehors, mais les grosses entreprises et les GAFAM, notamment, ont terriblement peur des petits acteurs qui arrivent régulièrement sur le marché. Parmi leurs façons de faire : elles vont voler leurs fonctionnalités, les dupliquer et les réintroduire dans leurs systèmes qui sont plus gros et qui ont plus de clients ; ou elles vont racheter les petites entreprises, toutes ces petites start-ups qui se montent, qui ont de l’espoir et qui ont un futur, elles les rachètent et soit elles les incorporent dans leur propre entreprise, soit elles les étouffent.
Luc : D’ailleurs ça fait partie du business modèle : les gens qui font des start-ups, leur rêve absolu c’est de se faire racheter par une grosse boîte en disant c’est une façon de gagner le jackpot parce qu’on va leur filer un gros paquet de pognon à l’échelle individuelle pour, en gros, jouer avec ou fermer le machin.
Manu : Ce qui arrive assez régulièrement. Donc là il a cette analyse de dire : nous les politiques, nous les institutions, on n’a pas agi, on a laissé ce pouvoir partir dans les grosses entreprises et les grosses entreprises, aujourd’hui, elles sont mauvaises pour la société, notamment elles ne payent pas d’impôts et ça a des conséquences lourdes parce que ces impôts-là manquent aujourd’hui.
Luc : Ça c’est un des points où je trouve — on est tous les deux d’accord là-dessus — qu’il est un petit peu de mauvaise foi par rapport à ce truc-là.
Manu : Carrément !
Luc : Parce qu’à un moment il dit, en gros, « oui, les anarchistes de l’Internet, tout ça, ils ne voulaient pas de régulation étatique et, au final, c’est le monopole économique qui s’est mis en place », ce qui n’est pas faux. Mais en même temps, quand on pense à l’accord Microsoft-Éducation nationale par exemple.
Manu : Et quand on pense aux discussions entre l’Allemagne et la France pour taxer les GAFAM, qui ont échoué cet été, et qui auraient pourtant pu aboutir à quelque chose d’intéressant, de ce qu’on sait, pour que ces grosses entreprises qui échappent à l’impôt, enfin elles le payent !
Luc : Quand Fleur Pellerin s’occupait du numérique, il y a quelques années, elle avait fait une sortie sur l’open source, la partie vraiment business, en disant : ça manque d’une grosse structure, de quelqu’un avec qui on puisse parler. Et l’État adore les grosses boîtes. Voilà ils ont Renault, ils ont Veolia, ce genre de choses.
Manu : IBM, Microsoft. Ce sont des interlocuteurs de la taille d’un État.
Luc : Et là, je pense que le point majeur où il rate le truc – alors il ne peut pas trop taper sur l’État, parce qu’est quand même lui qui paye son salaire !
Manu : C’est la boîte-mère !
Luc : Mais je pense que, du coup, il rate quand même quelque chose d’essentiel, c’est que le système actuel ne sait pas gérer un tissu d’acteurs indépendants. Ça me fait repenser à l’autre article qu’on a lu sur la recherche partagée, notamment, où on montre que des gens éparpillés partout peuvent collaborer.
Manu : Et très bien !
Luc : Et ça, eh bien dans la culture étatique ce n’est pas possible. En France on a tendance à bien centraliser.
Manu : C’est une des caractéristiques de la France. On aime bien les champions nationaux. On a fabriqué des grosses entreprises de taille internationale alors qu’on n’est pas un gros pays et, comparé à l’Allemagne et à l’Italie par exemple, on a des entreprises énormes et donc on va dans ce sens-là, de regrouper les choses pour avoir des interlocuteurs de taille État, clairement ! Mais ensuite ça nous échappe.
Luc : Pour moi, c’est vraiment un des points principaux où, franchement, il est à côté de la plaque. En revanche, cette idée de la régulation, à mon sens, effectivement c’est nécessaire. On se souvient que Benjamin Bayart, il y a des années de ça, a parlé de Minitel 2.0 [3] et annoncé toute la dérive des GAFAM ; il l’a vu venir bien avant ! C’est pour ça quand il [Sébastien Soriano] dit « les anarchistes d’Internet, tout ça », c’est un petit peu vexant !
Manu : Il y a toujours un retard ; il y a un retard considérable à l’allumage. Je rajouterais c’est que l’État a aussi sa part, d’une autre manière, c’est qu’il permet aux grosses entreprises d’avoir des rentes, des systèmes de rentes ; ça s’appelle le brevet logiciel, ça s’appelle le droit d’auteur.
Luc : Il n’y a pas de brevets logiciels en Europe !
Manu : Il n’y a, officiellement, pas de brevets logiciels en Europe, mais tu sais très bien qu’il y a plein de brevets logiciels en tout cas et qu’on utilise ces attaques sur le droit d’auteur et sur les brevets pour casser les jambes des petits et même des concurrents. On a suivi les procès Apple-Samsung sur les coins arrondis des téléphones portables et les droits du design.
Luc : Le design, les modèles et les machins comme ça.
Manu : C’est juste atroce et tout ça, ça vient bien de l’État. Ce sont des règles étatiques qui créent des rentes, qui sont créées comme telles.
Luc : Et on sait que le brevet, au-delà de la question du logiciel, a été complètement dévoyé dans son objectif. L’idée initiale du brevet c’était de forcer les gens à publier leurs secrets de fabrication contre…
Manu : En échange ?
Luc : En échange d’une période de monopole, mais bien avec l’objectif que tout le monde puisse le faire après et que, du coup, l’économie se renforce et s’enrichisse en devenant de plus en plus efficace. Aujourd’hui ça a été complètement dévoyé et il y a des grosses boîtes qui mettent beaucoup d’argent pour empêcher que quoi que ce soit bouge, en fait.
Manu : On a vu Google qui rachetait LG, qui rachetait donc une boîte de téléphones. Cette boîte de téléphones n’avait plus d’avenir, mais elle avait un portfolio de brevets qui avait une valeur phénoménale pour se défendre ou attaquer les autres entreprises qui, elles-mêmes, déployaient plein de brevets qui ne servaient qu’à ça.
Luc : Donc lui, qu’est-ce qu’il propose pour faire machine arrière et aller dans le bon sens ?
Manu : La déconcentration.
Luc : Oui, la déconcentration. Alors ce n’est pas évident parce qu’il y a plein de grosses boîtes, il y a eu des mesures antitrusts aux États-Unis ça n’a jamais détruit les boîtes.
Manu : Ça les a freinées, probablement, mais c’est difficile à mesurer.
Luc : Oui. Mais IBM n’a pas été dégommée par ces trucs-là.
Manu : Ça reste une des plus grosses entreprises du monde.
Luc : Il y a une question sur les données que je trouve intéressante. Puisqu’on donne nos données et qu’il y a beaucoup de ces GAFAM qui ne prospèrent que par rapport à ça, c’est-à-dire que les données qu’on leur file leur permettent de faire de l’argent, d’être rentables et d’avoir du pouvoir.
Manu : Il parle de silos. En quelque sorte, les données qu’on a mises sont engrangées, sont stockées, comme des graines seraient stockées dans des silos, et elles sont utilisées ensuite par ces entreprises, mais que par ces entreprises parce qu’il n’y a pas d’interopérabilité qui permet de les ressortir.
Luc : Donc si la législation évoluait pour forcer la libre diffusion des données, par exemple sous licence libre.
Manu : C’est-à-dire qu’en gros, tu pourrais sortir ton profil plus facilement de Microsoft.
Luc : Ou même. À partir du moment où les données ont été données quelque part, elles peuvent être ré-exploitées par quelqu’un d’autre. Du coup, il n’y a pas de raison que ce ne soit qu’un seul acteur qui puisse les réutiliser. Ça pose plein de problèmes avec, notamment, les abus qu’il peut y avoir dessus. II y a une autre piste qui peut être très intéressante, qu’il n’évoque à moitié mais que moi je trouve très intéressante, qui est l’interopérabilité entre les systèmes. Pour faire un raccourci, avec le mail, quel que soit le fournisseur de mail qu’on utilise, on peut quand même échanger des messages. Le mail est interopérable. Or, si on est sur son petit service propriétaire, on échange par, je ne sais pas moi, message Facebook ou d’autres machins que nous ne connaissons pas parce que nous ne touchons pas à ces choses-là, eh bien on est coincé, on est obligé d’installer le système propriétaire fermé pour pouvoir communiquer avec des gens. On se retrouve avec x systèmes. Et ça, techniquement, c’est parfaitement contournable, on peut tout à fait faire des systèmes qui communiquent entre eux et où on puisse avoir Facebook d’un côté et puis avoir des nouvelles des gens qui seraient sur Twitter, Mastodon, Framasphère et ce genre de choses.
Manu : Je te dirais que les petits acteurs qui arrivent sur ces marchés de communication, en général eux sont interopérables ; ils sont interopérables avec les gros acteurs qui ont plein de clients. Donc si tu viens avec un nouveau protocole, avec une nouvelle plateforme, souvent tu vas essayer de te brancher sur de l’existant.
Par contre, ceux qui sont en place, les gros, les rentiers de ces services-là, eux ils ne veulent pas que les petits arrivent et s’installent. Par exemple Twitter : il y avait plein de librairies qui permettaient de suivre les fils de discussion de Twitter et Twitter a bidouillé ses accès pour bloquer certaines de ces librairies, casser leur fonctionnement, donc ils ont été un peu de mauvaise foi sur ces mécanismes-là, pas très sympas.
Je rajouterais, on en a parlé il n’y a pas si longtemps, le RGPD [Règlement général sur la protection des données] favorise la sortie des données et aide, en Europe en tout cas, à ce qu’on puisse extraire nos profils de certains de ces services.
Luc : C’est effectivement le minimum à exiger. Donc l’article est très orienté économie. Il va citer quelques économistes, etc. Je le trouve intéressant, il est vraiment à lire avec beaucoup de sens critique, parce que je pense qu’il est très politique.
Manu : Il est orienté !
Luc : Il est très orienté, mais il y a quand même un fond de réflexion derrière qui est vraiment intéressant, qu’on ne voit pas habituellement et certainement pas dans des programmes politiques qui sont très vagues. Là, on a des idées intéressantes qui peuvent être un bon point de départ de discussion.
Manu : À la semaine prochaine.
Luc : À la semaine prochaine.