Interview de Marie-Jo Kopp Castinel - Primevère mars 2015

Présentation

Titre
 : Interview de Marie-Jo Kopp Castinel
Intervenants
 : Marie-Jo Kopp Castinel - Stéphanie Lucien-Brun
Lieu
 : Primevère - Salon de l’alter-écologie - Lyon
Date
 : Février 2015
Durée
 : 7 min 02

Lien vers la vidéo

Transcription

Stéphanie Lucien-Brun
 : Bonjour. Donc nous sommes avec Marie-Jo, ici à Primevère, donc en mars 2015. Marie-Jo est-ce que tu peux nous dire qui tu es ?
Marie-Jo Kopp Castinel
 : Je suis ici en tant que présidente de l’association La Mouette et nous avons un stand aux côtés de l’espace numérique de Primevère.
Stéphanie
 : Alors La Mouette ! La Mouette, c’est une association qui travaille sur quoi ?
Marie-Jo
 : La Mouette c’est la promotion de la bureautique libre dans le monde francophone. On est basé à Mions, mais on essaye de couvrir tout le monde francophone et avec un engagement sérieux sur le projet LibreOffice.
Stéphanie
 : D’accord. Donc promotion de la bureautique libre. Concrètement, la bureautique libre, de quoi on parle ? C’est quoi une bureautique qui ne serait pas libre ?
Marie-Jo
 : Une bureautique qui ne serait pas libre ce serait une bureautique propriétaire, comme Microsoft Office par exemple, avec Word/Excel. À l’inverse, le pendant, la bureautique alternative libre, je prends l’exemple de LibreOffice, on pourrait aussi parler d’Open Office, c’est une suite bureautique totale, qui va remplacer Word/Excel/Powerpoint avec Impress, Calc, Writer, très concrètement, avec des formats standards, avec un outil qui est gratuit, mais libre ne veut pas dire gratuit, nous le savons ici, et avec des formats standards.
Stéphanie
 : D’accord. Alors la bureautique libre, pourquoi c’est important ?
Marie-Jo

 : C’est important, j’en parlais tout à l’heure avec des gens, de pouvoir continuer à écrire ses mémoires, tranquille, avec des formats standards. Je suis sûre de pouvoir relire mes documents dans vingt ans. Je ne suis pas dépendante d’une société commerciale qui m’impose son format et qui m’impose, éventuellement, de racheter une nouvelle version et donc qui devient propriétaire de mes propres données. C’est un petit peu complexe, et aujourd’hui les dernières versions de Microsoft sont vraiment très orientées Big Brother

.
Stéphanie
 : D’accord. Donc la bureautique libre ce sont des outils bureautiques. Ça marche comment ? J’installe ça sur mon ordinateur ? Dans le cadre professionnel, si mon employeur me pousse à utiliser un logiciel est-ce que je peux installer une autre solution ? Comment ça s’organise ?
Marie-Jo
 : Dans un contexte professionnel, je ne vais pas me fâcher avec les DSI, que je connais par ailleurs, donc on respecte le choix, bien sûr, de l’administration, de la collectivité ou de l’entreprise. À titre personnel, je peux télécharger LibreOffice sur le site fr.libreoffice.org, je le télécharge gratuitement, je l’installe simplement en faisant suivant, suivant. Ça cohabite parfaitement avec Word/Excel, ça ne va pas abîmer ma machine, je n’ai pas besoin de désinstaller l’autre dans un premier temps, et je peux l’utiliser comme ça, que je sois sur un Windows, sur un Linux, sur un Macintosh.
Stéphanie
 : D’accord. Donc les outils bureautiques libres, je les installe sur mon ordinateur et c’est finalement un des premiers moyens que je peux utiliser pour renforcer mes libertés numériques.
Marie-Jo
 : Oui.
Stéphanie
 : Et m’assurer que je vais produire des documents que je pourrai à nouveau lire dans une dizaine d’années, etc. Puisque tu as parlé de standards, d’ouverture, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?
Marie-Jo
 : Je prends l’exemple souvent de la photo. Aujourd’hui, quand je prends de photos de mes vacances, j’enregistre dans un format, JPEG, est-ce que j’ai la certitude que je pourrai revoir ces photos dans trente ans ? Est-ce qu’il y aura toujours un outil capable de relire ces photos ? C’est la même chose dans la bureautique, c’est la même chose dans un traitement de texte. Est-ce que je suis sûre que le bouquin que je suis en train d’écrire, il y aura toujours un outil capable de relire ce bouquin dans vingt ans ? Or si le format est connu, qu’il est documenté, ce que sont les logiciels libres, il y aura toujours un outil capable de le refaire. Si c’est un format propriétaire, eh bien la société aura pu, soit arrêter tout bêtement son format, ou d’exister, soit avoir changé son format. Je n’ai donc aucune certitude qu’un outil existera encore.
Stéphanie
 : OK. Donc outil numérique libre comme garantie de ma liberté à venir et actuelle de faire ce que je veux et d’assurer une pérennité de ce que je produis.
Marie-Jo
 : Et d’être propriétaire de mes documents.
Stéphanie
 : D’accord. Donc Je suis réellement propriétaire de mes documents. Une autre question Marie-Jo. Aujourd’hui il y a de plus en plus de services qui se développent en ligne, avec de la bureautique en ligne. Par rapport à ça, aujourd’hui, vous, défenseur de la bureautique libre, qu’est-ce que vous imaginez comme alternative à développer, pour que cette liberté je puisse aussi l’avoir en ligne, avec ce que j’utilise en ligne ?
Marie-Jo
 : Vous parlez, par exemple d’Office 365 ou de choses comme ça ?
Stéphanie
 : D’Office 365, de Google Docs, enfin qui sont des solutions en ligne.
Marie-Jo
 : Je ne voudrais pas dire de bêtises. Je n’ai pas suivi du tout les remarques là-dessus. Il y a des versions en ligne qui sont en train de se finaliser sur LibreOffice, il y aura aussi des choses. Ce qui est important c’est le format de toutes façons.
Stéphanie
 : D’accord.
Marie-Jo
 : L’outil c’est une chose, mais on reste sur le format. Si on est sur le format Open Document, à la limite quel que soit l’outil, je récupère mes données.
Stéphanie
 : D’accord.
Marie-Jo
 : Moi je le vois comme ça.
Stéphanie
 : La question essentielle c’est d’être vigilant sur les formats qu’on utilise, pour être sûr d’être sur des formats dont on reste propriétaire.
Marie-Jo
 : Oui.
Stéphanie
 : Pourquoi La Mouette est depuis plusieurs années à Primevère, donc salon de l’altérité, des alternatives ?
Marie-Jo
 : On adore être présent à Primevère, d’abord parce qu’on est aussi avec toute l’équipe des libristes et que c’est important pour nous de nous retrouver, mais parce que c’est un public très intéressé, le public de Primevère, qui pose des questions, qui ne connaît pas du tout. C’est-à-dire que le grand public ne sait même pas qu’il existe des alternatives libres dans le monde numérique. Et ça nous permet de toucher de gens et de leur dire c’est quoi LibreOffice. Sur d’autres salons, on aurait plutôt des gens qui nous poseraient des questions techniques. Là, on est vraiment dans du grand public et on explique que ça existe et pour nous c’est très important de toucher le grand public.
Stéphanie
 : Donc c’est un endroit idéal pour effectivement sensibiliser et expliquer, montrer qu’il existe.
Marie-Jo
 : Ah oui. Et puis un public super intéressé, intéressant et ce ne sont pas toujours des publics qui écoutent ce qu’on dit.
Stéphanie
 : D’accord. Alors si on veut en savoir plus sur la bureautique libre, sur la façon dont agit La Mouette, sur comment faire évoluer ses pratiques, sur quels sites on vous retrouve ?
Marie-Jo
 : La Mouette, ce sera www.lamouette.org, contact chez lamouette.org. Après vous avez le site, bien sûr, LibreOffice, fr.libreoffice.org. Et puis ensuite vous avez les associations locales qui peuvent aussi vous aider, à Lyon c’est l’ALDIL dont je fais partie aussi d’ailleurs, qui peut prendre le relais sur tout ça.
Stéphanie
 :OK. Donc on trouve de la ressource en ligne, on trouve de la ressource en proximité, donc ce n’est pas si compliqué de faire évoluer ses pratiques numériques vers plus de liberté.
Marie-Jo
 : Et je pense que quand les gens le savent, ils le font facilement.
Stéphanie
 :OK. Eh bien merci pour toutes ces explications. Merci beaucoup Marie-Jo.
Marie-Jo
 : Merci Stéphanie. Bon salon !

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.