- Titre :
- GNU, pour « faire société » - Une lecture philosophique
- Intervenant :
- Véronique Bonnet
- Lieu :
- RMLL2015 - Beauvais
- Date :
- Juillet 2015
- Durée :
- 54 min
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- Support
- format PDF
Présentation
La philosophie GNU qui concerne non seulement l’informatique mais qui "touche à la vie même", pour reprendre l’expression de Richard Stallman, actualise des propositions de la philosophie des Lumières porteuses de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, et aussi des chemins ouverts plus récemment par Michel Foucault et Hannah Arendt. Cette communication a pour but, autour de l’idée de société, d’établir une articulation entre philosophie GNU et philosophie classique.
Transcription
Rencontres mondiales du logiciel libre – Beauvais 2015
GNU ne paraît pas nécessiter, dans l’immédiat, un commentaire serré. Acronyme récursif, aventure, projet GNU. Aventure lancée fin 1983 par Richard Stallman qui va commencer, ayant fédéré des programmeurs à écrire du code, en janvier 1984. Choix de cet acronyme récursif pour sa simplicité, pour son caractère très prononçable dans les différentes langues. Et aussi, pour cette spécificité qui fait que le projet GNU s’adresse à quiconque veut sortir d’une manière de faire société qui est aberrante, qui est étrange. Puisque cette manière est dissymétrique, cette manière est abusive et privatrice. Je ne sais pas exactement quel est l’état d’une chorale possible en début d’après-midi. Je propose d’ouvrir cette conférence par un des couplets de la Free Software Song [1], couplet assez sombre puisqu’il est question de personnes, hoarders, il est question de personnes qui spéculent. Il est question d’affairistes. Affairistes qui, alors que faire du code patrimoine culturel, patrimoine technologique qui s’adresse à toute l’humanité, devrait amener à partager, à apprendre au voisin à faire du code, voisin qui est aussi bien celui qui, par hasard est là, par hasard est le plus proche, mais qui peut être quiconque, qui pourrait aussi bien être le plus lointain… Moi, ce que je lis dans ce couplet, dans la spatialité de ce couplet, c’est que quelque chose, qui est vertical, quelque chose qui est dissymétrique, des piles d’argent, donc : rejoins-nous pour partager le logiciel et tu seras libre, hacker, tu seras libre. Hoarders can get piles of money, That is true hackers, that is true’, les affairistes peuvent élever leurs piles, leurs tours d’argent sonnant et trébuchant, hackers, c’est vrai. But they cannot help their neighbors, mais ils ne peuvent pas aider leurs voisins. Ce voisin qui ouvre, comme un horizon de partage possible et d’humanité possible, celui-là, il peut être tout à fait illégal, il peut être illicite de l’aider si les licences, si les copyrights qui rendent urgent le projet GNU, installent entre les humains des barrières. Installent dans la société des rapports dominants, des dissymétries, qui excluent qu’on puisse faire bénéficier l’autre de ce de quoi on bénéficie nous-mêmes. Très souvent, dans les différents textes qui tournent autour du projet GNU, Richard Stallman explique qu’il est immoral, qu’il est impossible pour lui qui apprécie tel programme, de renoncer à envisager à le partager.
Ce voisin est-ce que c’est celui de la communauté ? Est-ce que GNU permet de faire communauté ? Est-ce que GNU est un projet de société ? Est-ce que faire société avec GNU c’est exclure certaines caractéristiques, certaines structures, pour en privilégier d’autres ? Mais la société peut avoir la tentation d’entériner et même de prolonger des rapports de domination. Est-ce que le projet GNU n’est pas une tentative pour avancer en humanité ? Ces trois hypothèses, je vais donc les examiner successivement.
Comme mes outils sont des outils philosophiques. Comme je pratique ces outils depuis un certain nombre d’années, peut-être que la notion de « faire société » est moins limpide que ce gnou, que cet animal qui réunit les partenaires du Free Software. Et donc, peut-être est-il nécessaire, et je vais faire très vite, et j’espère, très simplement, d’expliquer pourquoi la question de la société se pose lorsque des humains sont réunis. Pour cela, on va faire une expérience très simple, on va la faire avec un philosophe qui s’appelle Sartre. C’est la thèse principale de sa Critique de la raison dialectique. Raison dialectique et pas raison analytique. Expérience très simple. J’ai une bouteille d’eau, j’ai un brumisateur. Je pose sur la table une bouteille d’eau. Je pose sur la table un brumisateur. Que se passe-t-il ? Rien. Pourquoi est-ce qu’il ne passe rien ? Parce que dans le monde des choses, dans ce que Sartre appelle le monde de l’en-soi, un brumisateur est un brumisateur, point final. Une bouteille d’eau est une bouteille d’eau. Par contre, nous sommes dans l’amphi Bunel, et là sont posés des êtres parlants, des êtres humains, qui ont choisi tel type de place. Qui, en fonction de tel rapport d’amitié, ont choisi de s’avancer, de se reculer, etc. Que se passe-t-il lorsque des êtres humains sont posés les uns à côté des autres ? Pas du tout la même chose que ce qui se passe lorsqu’on pose sur une table une bouteille d’eau et un brumisateur. Parce que, chacun étant entièrement lui-même, chacun reste lui-même, chacun des objets reste lui-même, il n’y a pas d’interaction. Il n’y a pas de manière pour la bouteille d’eau d’être affectée par le brumisateur. Par contre, vous savez très bien qu’en hiver, quand vous êtes dans une salle de concert et que quelqu’un se met à tousser, ou qu’il fait vraiment très chaud et quelqu’un se met à s’éventer, chacun de nos gestes, puisque nous, nous relevons du pour-soi… Le pour-soi : l’être humain n’est pas un être humain comme une bouteille d’eau est une bouteille d’eau. C’est-à-dire que l’être humain n’est pas directement lui-même. Ce qui veut dire que si vous posez dans une société, dans une communauté, dans une humanité, des êtres parlants ensemble, chacun va être affecté par tous les autres et va affecter tous les autres. Autrement dit, ça ne sera pas une somme : je pose une chose, je pose une chose, je pose une chose. Ça sera ce qu’on appelle une totalité, une totalisation. C’est-à-dire que chacun des êtres, dans une société, va, par ce qu’il dit, par ce qu’il fait, à la fois affecter tous les autres et être affecté par tous les autres.
Cette précision est assez importante. Du coup lorsqu’on parle des humains, les sociologues, les historiens vont parler de raison dialectique : il y a une dialectique qui se met en place puisque, chacun essayant de construire lui-même, va être, chaque fois qu’il est dans un groupe, être détotalisé, être retotalisé par tous les autres. Et il ne sera pas innocent, dans ce groupe, de pouvoir partager ou pas, d’avoir pour respecter la loi à oublier que l’autre pourrait avoir envie du même code, ou que le voisin souhaiterait qu’on lui donne tel coup de main en lui permettant d’implémenter tel logiciel qu’on a. Par exemple, la notion de data love, dans un contexte du pour-soi va être très pertinente, va être très importante, puisque les groupes humains ne cessent de s’affecter, chacun étant affecté par chacun et affectant tous les autres.
Vous allez voir qu’on va se servir, assez rapidement, de ce rappel de la différence entre des sommes d’objets et des totalités d’humains. Puisqu’il se trouve que le projet GNU, au tout début, répond, bien sûr, à un dysfonctionnement : tel driver ne peut pas être mis en marche par tel programme qu’étrangement l’utilisateur ne peut pas modifier. C’est-à-dire ne peut pas utiliser, sans même parler d’améliorer, sans même parler de modifier, pour l’instant. Mais surtout, le projet GNU se heurte, du même coup, et là c’est bien un dysfonctionnement qui est social, ça n’est pas simplement un dysfonctionnement technique, il se heurte à une atomisation. Puisque, du coup, si chaque utilisateur est contraint non seulement de ne surtout jamais prêter son programme, donner son programme, si chaque utilisateur lui-même, dans l’usage qu’il en fait, est arrêté constamment parce qu’il est comme rançonné par la nécessité de mises à jour de plus en plus chères, vous voyez bien en quoi le projet GNU, très vite, fédère, en tout cas, une communauté.
J’ai fait exprès, voilà. Vérifiez que vous avez bien compris l’histoire de la bouteille d’eau et de l’atomiseur, et des humains qui sont posés les uns avec les autres. Évidemment, si on prend GNU et Linux au sens propre, c’est-à-dire comme des lignes de code, on va parler simplement d’interactions technologiques. Mais c’est vrai que ce projet, que cette aventure, c’est aussi une histoire d’êtres parlants. Et c’est vrai que dans la communauté libriste, il va y avoir des histoires de détotalisation, de retotalisation. Est-ce qu’il est bien légitime, pour moi, de faire partie de cette association ? Est-ce que je peux, en même temps, sans virer tout à fait de bord, faire partie d’une autre ? En quoi telle fermeture de la communauté sur elle-même va-t-elle être porteuse d’un progrès pour l’humanité tout entière ? Etc. Voilà, je me suis amusée, là, à vous proposer le dynamique duo. Donc le manchot qui est utilisé, parce qu’il se trouve que Linus Torvalds libère ce noyau, alors que Hurd n’est pas disponible. Il va de soi qu’il y a deux lectures possibles. Il faut faire ici une lecture au sens de la somme, si on parle simplement de technologie. Une lecture au sens de la totalité, parce que cet emprunt n’est pas anodin. Il n’est pas anodin de dire Linux tout court, certains disent encore Linux tout court. il n’est pas anodin de dire, de lire, GNU/Linux. GNU qui fonctionne, donc, avec Linux.
Mon plan va être évidemment très simple, parce qu’il n’y a aucune raison de chercher midi à quatorze heures. Donc dans un premier temps je vais me pencher sur cette force de GNU, de GNU/Linux si on veut, qui fait communauté. Je vais parler de la communauté libriste. Deuxième moment, parce que c’est vrai que dès qu’on dit communauté il peut y avoir un soupçon de communautarisme, de transcendance, de dogmatisme, je vais parler du projet de société : faire société avec GNU. Et là, c’est vrai que ça engage beaucoup de références historiques et sociologiques. Et enfin, puisqu’il arrive que des sociétés fonctionnent à l’envers, ou soient dissymétriques, je parlerai de marcher vers sa propre humanité et vers l’humanité de l’autre, avec l’usage de l’informatique libre.
Je commence donc. Avant d’envisager ce qui, dans la notion de communauté, peut être réducteur. Et là je pense, en effet, au communautarisme. Et je vais me référer à des travaux de sociologues et d’historiens de l’informatique. Je voudrais dire à quel point — ça fait deux ans maintenant que je fréquente les communautés libristes— la communauté libriste, donc, dans la tentative de compréhension de ce qui est absurde et de ce qui fait sens dans le logiciel libre, on pourrait parler de la chaleur, on pourrait parler de l’énergie, du sens de l’autre de la communauté libriste. Pour ma part je préfère le singulier. Je suis donc membre de l’April [2], je suis membre du CA de l’April. April, association francophone, dans l’espace francophone, qui promeut et défend le logiciel libre. Il serait évidemment absurde que, en dehors de ses dossiers institutionnels, qui sont gérés de main de maître, qui concernent directement les débats, les pactes, les traités, les décisions ministérielles concernant l’interopérabilité, ce qu’on appelle le RGI, ce qu’on appelle les discussions très serrées autour de TTIP, il serait absurde que l’April soit, par exemple, absente ou se désintéresse des autres dimensions. Encore une fois, on est dans une tentative de constituer une totalité, une cohérence du vivre ensemble. Il serait évidemment absurde que l’April soit absente. Et, au contraire, elle relaie extrêmement fortement les préoccupations actuelles sur les suites du vote solennel de la loi renseignement, je donne un exemple. C’est pourquoi je préfère parler de la communauté libriste, à la fois dans son primat de l’utilisateur qui ne doit pas être un outil. Dans son respect de la manière de faire son informatique comme on veut. Et, en faisant son informatique comme on veut, se construire soi-même. Être en marche vers une identité. Être en marche vers une manière d’être. Simplement, c’est vrai que, assez vite, quand on a vu que cet horizon de préoccupations était large, et était cohérent, on peut se demander si, dans cette communauté libriste, comme il y a des associations, comme il y a des groupes particuliers, on pourrait se demander s’il n’y a pas, dans cette tribu, des tribus. C’est le terme, par exemple, qu’utilise l’un des grands historiens de l’informatique qui s’appelle Philippe Breton. Il est l’auteur d’un livre qui s’appelle La Tribu informatique. Et, dans cet ouvrage, il va, par exemple, se demander — à la manière, un petit peu, de Bachelard qui se demande ce qui fait courir les physiciens, ce qui fait courir les chimistes — Philippe Breton se demande ce qui, dans le logiciel libre, nourrit les rêves extrêmement divers de tel programmeur. Est-ce qu’il court derrière le grand rêve alchimiste de rendre animé ce qui était inanimé, en se passant, par exemple du féminin ? Qu’est-ce qui fait courir, dans la tribu libriste, les êtres qui sont davantage, et là je pense à Geekopolis, investis dans des représentations. Soit de science-fiction. Soit, éventuellement, de technologie, à la manière de Jules Verne. Dans La tribu informatique, ce qui est assez intéressant, c’est que Philippe Breton fait ressortir ce de quoi je parlais initialement avec ma bouteille d’eau. Lorsqu’on a à faire à de l’humain, on est constamment dans l’instabilité, on est constamment dans une reconfiguration, dans un travail. Étant donné que les rêves de tel, alors ça peut être le chamanisme — il y a un séminaire très intéressant rue d’Ulm les vendredis — est-ce que c’est le chamanisme ? Est-ce que c’est la science-fiction qui nourrit aussi, indépendamment de l’exigence éthique du respect de l’utilisateur, parce que les verrous numériques sont aussi des verrous existentiels, je reprends une expression de ce matin. Qu’est-ce qui, dans cette tribu, est commun ? Qu’est-ce qui est distinct ? Qu’est-ce qui est stable et qu’est-ce qui est instable ?
Je vais, pour essayer de répondre à cette question, me référer aux travaux d’une sociologue des religions. Religions au sens large : des appartenances, des références fortes, des adhésions qui engagent totalement une personne. Elle s’appelle Danièle Hervieu-Léger. C’est un texte qui s’appelle Le pèlerin et le converti. Et, dans ce texte, elle montre, par exemple, que ce qui fait qu’une communauté tient, ce qui permet de faire communauté, ce sont quatre dimensions qui, en réalité, sont antagonistes deux à deux. Alors j’ai un tableau, je vais essayer de représenter la problématique de Danièle Hervieu-Léger. Elle va montrer, par exemple, premier antagonisme, première tension, et c’est vrai que la dialectique de progrès se nourrit aussi de ces tensions dans la communauté libriste, elle va montrer que pour qu’une communauté ait une unité, il faut, évidemment, qu’elle soit, d’une certaine façon, fermée. Il faut qu’elle se réfère à un certain nombre de postulats, à un certain nombre de présupposés. Par exemple, pour le logiciel libre, présupposer que si on verrouille l’informatique, alors c’est tout le devenir humain, c’est tout le devenir historique de chacun, que l’on verrouille d’une certaine façon, par une dimension privatrice. Sauf que, pour qu’une tribu, pour qu’une communauté, puisse avoir un enjeu, il faut, évidemment, qu’elle soit ouverte. Il faut qu’il y ait une ouverture. Il faut, par exemple, que l’April communique. Il faut, par exemple, que, régulièrement, soient proposés des apéros de travail. Il faut que, régulièrement, soient proposées des rencontres sur des salons où ne viennent pas que des geeks. Première opposition qui travaille la tribu, qui travaille la communauté.
Seconde : alors, elle est également très intéressante. Elle est vraiment très passionnante, celle-là. C’est la mise en tension entre ce que Mme Hervieu-Léger appelle l’intellectuel. Il faut qu’il y ait des textes. Il faut qu’il y ait des redéfinitions. Il faut qu’il y ait un travail conceptuel fort, si on veut qu’une communauté tienne. Mais, en même temps, peut-être qu’elle tient aussi par une dimension affective, par une dimension sensible. Celle-là même que Mme Hervieu-Léger repère chez Durkheim qui est l’un des grands sociologues. C’est-à-dire, il faut en même temps qu’il y ait une dimension sensible. Sans parler, bien sûr, de dimension fusionnelle. Mais une proximité, quelque chose comme travailler en bonne amitié. En tout cas l’expression existe, pour que cette tribu n’implose pas. C’est aussi une affaire de personnes, pas seulement de personnes intellectuelles, mais de personnes sensibles. D’où la question : est-ce que le terme de communauté est suffisant si, dans cette communauté, on veut faire émerger une éthique, une ouverture qui va être nécessairement universelle, qui entre en tension avec ce qu’on pourrait appeler le noyau qui, lui, est plus individué. Qui est plus fermé. Qui est plus représentatif d’une posture particulière. Tension entre le particulier et l’universel.
Ceci me permet de passer à une perspective qui est peut-être plus large. S’il y avait communautarisme, c’est-à-dire si on privilégiait cette dimension-là, peut-être que GNU, peut-être que toutes ces collaborations, tous ces pads, tous ces canaux, qui essaient de donner des outils pour faire connaître le logiciel libre, peut-être qu’il n’y aurait pas cet impact, si la communauté se referme sur elle-même.
D’où peut-être la notion de société, qui est plus large, « socius » veut dire l’allié. Faire société, c’est essayer, avec ses valeurs, avec ses propositions, d’entrer en interaction avec ceux dont spontanément on n’est pas nécessairement proche. Mais dont on voit qu’ils sont eux-mêmes prisonniers de démarches privatrices, de situations dissymétriques. Par exemple ces paysans à qui on vend une semence qui ne peut pas servir d’une année sur l’autre. Par exemple ceux qui, dans telle institution dont ils sont responsables, ont du mal parce qu’il n’y a pas d’interopérabilité, à préserver l’égalité de tous, de tous les usagers devant le service public. Bon, c’est sûr qu’à un certain moment le « faire communauté », pour être cohérent, devient un « faire société « GNU » est aussi un projet de société.
Comme, et vous avez raison d’être suspicieux, vous vous doutez bien qu’entre la société idéale, la société qu’on vise et la société factuelle, il peut y avoir tout à fait une grande différence. C’est vrai qu’en guise d’aide-mémoire, et par précaution, je vais commencer par me référer à quelques grands théoriciens de la notion de société, dont Victor Hugo. Victor Hugo qui dit, par exemple, c’est dans Choses vues. Victor Hugo — La Commune a eu lieu, Commune dont il dit que c’est une idée juste qui a abouti à une proposition fausse, dont il dit qu’à un moment elle a bifurqué. Vous voyez que là, par exemple, il représente, et là on revient à notre bouteille d’eau et à notre atomiseur, une égalité. Il décrit comme ça la Troisième République : « Une égalité d’aigles et de moineaux, de colibris et de chauves-souris, qui consisterait à mettre toutes les envergures dans la même cage et toutes les prunelles dans le même crépuscule ». Il y a des manières de « faire société » qui considèrent les individus humains comme des objets qu’on va ranger ou qu’on va aligner. Sans du tout leur permettre d’interagir, sans du tout leur permettre une dialectique d’expression particulière de leur humanité, et le respect qui va avec.
On pourrait, je ne vais pas multiplier ces références, mais soyons prudents… Vous avez le grand Pierre Bourdieu, le grand sociologue Pierre Bourdieu, et c’est vrai qu’il est important de toujours se rappeler des mises en garde de Pierre Bourdieu lorsqu’on essaie d’entrer dans un rapport collaboratif, dans un rapport de confiance et d’inter-relation dans un groupe. C’est vrai que, chez Bourdieu, il y a surtout deux textes très importants : Sens pratique et Questions de sociologie. Là on va regarder un petit peu Questions de sociologie. Chez Bourdieu, la société est un ensemble de champs de pouvoir, parce qu’on ne passe pas, comme ça, d’une société très impérative et très privatrice, à une société ouverte. Donc des champs de pouvoir, d’une génération à une autre, selon Bourdieu, on essaye d’inculquer à ses enfants des manières de rester dominants dans des champs de pouvoir. Ce qui revient, bien sûr, à des propositions qui consistent à ne même plus s’apercevoir qu’on est dans la reconduction du même. L’hypothèse de Bourdieu c’est qu’il y a constamment de l’impensé. Il y a constamment du tabou et du non-dit, lorsque donc des humains essaient de faire totalité, essaient de faire société, parce que les habitus, les manières d’exercer un pouvoir — alors ça peut être la manière de parler, ça peut être l’ego, ça peut être, pourquoi pas, du capital culturel incorporé, parce que l’œil se forme, parce que si on est allé très jeune dans un musée, peut-être qu’on aura plus de chances de voir l’étendue, la complexité d’un tableau, par exemple —, constamment ne jamais oublier que la notion de société factuelle ne doit pas être confondue avec le « faire société » que l’on peut viser à un moment ou un autre.
Comme la mise en garde de ce sociologue est relayée, d’une façon très intense, par la philosophie GNU, je vais, évidemment, faire un lien avec deux textes de Richard Stallman. Le premier texte — c’est dans une conférence, qui a été suivie d’un texte —, Quel niveau de surveillance une démocratie peut-elle endurer ? [3]. Quel niveau, une démocratie qui est une démocratie, peut-elle supporter ? Je pense que je n’ai pas besoin de commentaire particulier, vous voyez à quel point ce texte est actuel. Qu’est-ce qui fait qu’une démocratie reste une démocratie ? Le critère qui est proposé par Richard Stallman, c’est la possibilité, pour les lanceurs d’alerte, de rester des lanceurs d’alerte. C’est-à-dire de ne pas être inquiétés. De ne pas être emprisonnés. De ne pas avoir de comptes à rendre aux États par lesquels ils sont directement menacés.
Situation toxique. Vous avez constamment dans la philosophie GNU, ou dans des conférences, ou dans des articles, souvent dans le magazine « Wired », le magazine sur l’informatique américain, vous avez surtout des références à la toxicité de rapports sociaux qui étouffent la détotalisation/totalisation dont je parlais tout à l’heure. C’est-à-dire la possibilité, pour les humains, de ne pas être tranquilles comme une bouteille d’eau et comme un atomiseur.
Le deuxième texte de Richard Stallman, dont je voudrais parler, se trouve dans un texte très fondamental pour tous les humains, pas seulement pour les enseignants, qui s’appelle Pourquoi les écoles doivent utiliser exclusivement du logiciel libre [4]. Là, ce qui m’intéresse dans le texte américain, vous avez dans le titre ’’should be
, là on est bien dans un projet de société idéale, qu’on ne confondra pas avec une société factuelle. Et là, la toxicité dont je parlais à l’instant, se trouve, et pour Richard Stallman c’est vraiment la priorité des priorités, cette toxicité se trouve dans l’école même, qui est l’instrument d’émancipation, théoriquement, puisque faire apprendre l’informatique par des enfants en leur proposant des logiciels privateurs, c’est, et l’image est forte, exactement la même chose que leur proposer du tabac, que leur proposer, donc, des drogues dont ils ne pourront plus, par la suite, se passer.
J’ai proposé de vous diffuser « Ces développeurs ne donneront pas d’exemplaire gratuit à ces élèves et étudiants, une fois qu’ils auront leur diplôme », avant, mais sûrement pas après, parce qu’après, ce qui importe c’est de faire d’eux des sortes de chair à payer, des sortes de chair à data et chair à abonnement dissymétrique qui vont, évidemment, asservir. Et là on est comme dans une réification, c’est comme si on transformait les êtres sociaux en choses.
Qu’est-ce qui se dégage de ce parcours, aussi bien des mises en garde des sociologues, que des mises en garde de la philosophie GNU ? C’est que, peut-être, si on veut faire un projet de société qui soit vraiment un projet de société, il est assez important de vouloir faire humanité. Ne rien rabattre sur la dimension éthique, qui est la dimension à préserver, d’abord et avant tout, dans l’éducation elle-même. Je vais me référer à deux textes de Richard Stallman qui disent l’importance de cette dimension éthique, universelle, qui dépasse infiniment l’appartenance singulière à une tribu spécifique. Mais c’est très bien si la tribu assume cela, assumer son caractère ouvert et universel.
Le premier texte est extrait d’Idéalisme pragmatique. Ce qui est très fort c’est que « idéalisme » reste, néanmoins, le premier des termes. Pragmatique : on va avoir les mains dans le cambouis des institutions, des dossiers à défendre, des députés à contacter, de l’advocacy pas lobbying dans ce cas-là, de l’advocacy, du plaidoyer en vertu des impératifs éthiques à manifester. Mais, en tout cas, le pragmatique ne prend jamais le pas sur l’idéalisme. C’est la visée de l’universel qui est première. Vous avez la référence à une société meilleure, donc on est bien en fonction du critère du plus humain ou du moins humain, dans une perspective qui dit de la société qui est la société factuelle que, sans doute, elle empêche les interactions, elle empêche le respect, et la collaboration.
Je me réfère à un autre texte. Chaque fois je vous ai indiqué quelle est, dans Philosophy GNU, donc sur le site de la FSF : à quelle page vous référer. Donc "Pourquoi le logiciel doit être libre". Encore une fois, should be : on est dans du ’’should be. On est dans du « je dois ». On est dans un idéalisme pragmatique. Et là, l’hypothèse, c’est que, si on essaie de rationaliser ce qu’il en est des choix sociaux, on s’aperçoit qu’en réalité, on marche à l’envers. On s’aperçoit qu’on arrive à des formulations qui sont ubuesques, qui sont aberrantes. Vous avez aussi l’hypothèse que si un logiciel n’est pas libre, c’était comme si une recette de cuisine n’était pas libre, et là, si on a besoin de mettre moins de sel, on ne pourra le faire. De même qu’on ne pourra pas implémenter, dans le logiciel, telle fonctionnalité qu’on voudrait.
Ici vous avez une référence, toujours dans le même texte, Pourquoi le logiciel doit-être libre, vous avez donc l’hypothèse que le sens moral, la plupart du temps, se trouve écrasé. Ce qui contraint celui qui a du sens moral à être marginalisé. À être comme un laissé pour compte. Un être qui n’a rien compris à cet ordre tout à fait sage qu’on voudrait lui imposer. Et on s’aperçoit qu’on essaie de réduire les utilisateurs à une somme d’intérêts particuliers qui, bien sûr, méconnaissent la vocation qui est la sienne à s’humaniser dans un rapport aux autres.
En ce sens, et là je vais rapidement faire des liens avec deux philosophes qui sont, d’une part, Hannah Arendt, Hannah Arendt qui se demande quel est exactement le trop près ou le trop loin. C’est sûr que si on est dans une société factuelle, dissymétrique, où existent des rentes de situation — je pense à cette métaphore de Tristan Nitot [5], sur les clients de Google qui ne voient pas qu’ils sont exactement dans la même posture que les clients, les animaux qui sont clients d’une ferme, qui ne voient qu’on veut d’eux tirer, bien évidemment, des jambons, tirer d’eux des saucisses, des saucissons — vous avez chez Hannah Arendt et chez Foucault, qu’on va voir après, la question qui est très exactement la recherche de seuil qui s’oppose à la tribu informatique. Dans quelle mesure faire tenir ensemble des humains ? Faire tenir ensemble une société par une proximité qui ne doit pas être hystérique. Qui ne doit pas être fusionnelle. Mais qui ne doit pas, non plus, être atomisée. Je pense à un livre qui va sortir, à grand renfort de références à Google, qui prétend s’appeler Human, où on pose, exactement comme des choses, des êtres qui parlent sur fond noir, qui parlent les uns après les autres, et sans jamais se rejoindre.
Pourquoi cette structure étrange ? Là c’est Foucault qui parle, et l’une de ses thèses principales c’est que la plupart du temps, la vérité, au lieu d’aider à chercher le rapport juste à l’autre, au lieu d’être un contre-pouvoir, il se trouve que, la plupart du temps, le savoir est comme une arme. On va vous asséner que sans Google vous n’êtes rien. Que sans les réseaux sociaux vous êtes un déclassé. Alors que sans doute, c’est dans le logiciel libre lui-même que — alors plutôt que de parler de « réseaux sociaux » il faudrait parler d’interactions — que se trouvent les interactions humaines elles-mêmes.
J’ai dit ma fierté d’appartenir à l’April, qui, donc, promeut le free software. Qui essaie de ne jamais, dans ses argumentaires, utiliser des a priori, des formes dogmatiques, comme une arme. Qui essaie justement de se démarquer par respect de ceux qui l’écoutent, qui lisent ses déclarations de presse, qui lisent ses propositions. Qui essaie d’éclairer les rapports factuels tels qu’ils existent, dans une société qui est, actuellement, dominée par des GAFAM. Et les quatre libertés [6], qui sont défendues. Le free software ayant, évidemment, vocation à faire communauté. Parce que s’il n’y a pas la liberté 0, ça veut dire que, déjà, celui qui s’avance vers les autres est nié dans ses compétences mêmes. S’il n’y a pas la liberté d’étudier, s’il n’y a pas d’accès au code source, ça veut dire qu’il peut être un être manipulé. Il peut devenir la proie de ceux qui, sans vergogne, vont lui faire croire qu’il est client ou qu’il est bien servi. Distribuer, et c’est vrai que lorsque Richard Stallman parle de la liberté 2, il insiste sur sa dimension éthique qui est fondamentale. Améliorer, puisqu’il semblerait que la dialectique des rapports humains qui consiste à écouter, qui consiste à apprendre de l’autre, ce de quoi d’ailleurs on peut être sidéré, il se trouve que ces rapports humains sont éclairés et élargis par le free software.
Avant de prendre congé, je voudrais revenir à deux textes de Richard Stallman de Pourquoi le logiciel doit être libre. Je reviens à cette thématique du voisin. Encore une fois, le voisin c’est celui vers qui j’ai envie d’aller. Celui qui est, soit voisin de palier, celui qui se trouve respirer pas très loin de moi, qui est en même temps le plus proche et le plus lointain, parce que ça peut être quiconque. Et en quoi ce voisin — et il peut y avoir une atteinte en réalité à la moralité s’il y a respect de la légalité — en quoi ce voisin est-il, la plupart du temps, nié comme tel ? Ce qui est assez intéressant, c’est que Richard Stallman se réfère à Reagan. Rappelons-nous que, dans une interview restée célèbre, Mrs. Thatcher, avait dit — on lui posait la question, quand même, de la société, « quelle respiration encore possible dans les mesures gouvernementales qui sont prises » — et Mrs. Thatcher avait répondu : « such a thing as society », « qu’est-ce que c’est que cette drôle de chose qu’on appelle société ? ». Vous avez ici exactement, chez Richard Stallman, une référence à Reagan, qui, peut-être, aurait pu prendre encore des leçons d’ultra libéralisme chez Mrs. Thatcher. En tout cas, ce qu’on peut dire d’une façon sereine, c’est que le free software — bon, Si le grain ne meurt, et c’est vrai que l’Open Source tend à manger son Blé en herbe, ne va pas jusqu’au bout de la moisson — il semblerait donc que le free software, ait une vocation forte, grâce à vous. Et parce que nous interagissons. Et parce que nous ne sommes pas des objets meubles. Parce que nous sommes des êtres sensibles, aussi, et intellectuels, et ouverts, et fermés. Aussi, il semblerait donc que le free software ait vocation à faire communauté, nous y sommes, à faire société et à faire humanité.
Je vous remercie pour votre attention et suis ouverte à vos questions.
Applaudissements
- Organisatrice :
- On va prendre une seule question parce que, là, on est déjà un peu en retard.
- Véronique :
- Pardon.
- Public :
- Bonjour.
- Véronique :
- Bonjour.
- Public :
- Voilà, je voulais vous demander, comme vous êtes sociologue.
- Véronique :
- Je ne suis pas du tout sociologue.
- Public :
- Pardon ?
- Organisatrice :
- Rapide.
- Public :
- D’accord. Comme vous êtes sociologue.
- Véronique :
- Je ne suis pas sociologue
- Public :
- Ah bon !
- Véronique :
- Non, j’utilise les outils de philosophie. Je suis professeur de philosophie.
- Public :
- Ah d’accord. OK. Je voulais savoir, en fait, à votre avis, comment, justement, quelle serait une des manières de renverser la vapeur, c’est-à-dire de déconditionner les gens, non seulement à l’usage de logiciels privateurs, mais aussi à l’usage de services fermés, qui rendent dépendants, centralisateurs, Google, Facebook, etc ?
- Véronique :
- Comme je ne suis pas sociologue, comme j’essaie d’être l’humble traductrice de propositions du logiciel libre en rapport avec des concepts importants de la philosophie, je dirais que je suis allée, hier, à l’École 42 pour écouter, donc, Richard Stallman. C’était impressionnant parce que, vous voyez à quoi peuvent ressembler des étudiants de l’École 42, qui sont des geeks en pleine énergie, etc. Quand il est entré il y a eu un silence, on aurait cru… je ne sais, ça a duré trois heures. La réponse qu’il a apportée, c’est que ce déconditionnement commence par l’école. Or — et c’est pour ça que je dis ma fierté d’être à l’April — or, tant que l’école n’a pas migré vers une interopérabilité [7], tant qu’on s’obstine à faire croire qu’on peut enseigner l’informatique sans assortir cette informatique de la précaution que ça soit une informatique libre, et tant qu’il y a cette toxicité — dont parle d’ailleurs très bien Richard Stallman dans Pourquoi le logiciel et pourquoi l’école ne doit utiliser que des logiciels libres — il me semble que la priorité c’est d’y aller carrément-là, concernant les manières dont sont traités les êtres parlants, candidats à l’humanité, que sont les enfants. Mais là, encore une fois, j’essaye de voir ce qui, dans la philosophie GNU, permettrait de répondre. Je ne sais pas si j’ai répondu à votre question.
- Public :
- Sur la partie logiciel libre, mais sur la partie Google, Facebook, je suppose c’est la même chose, c’est-à-dire à l’école inciter les jeunes à utiliser autre chose.
- Véronique :
- Moi, il me semble qu’à partir du moment où on explique, et l’April a fait récemment à Geekopolis, lorsqu’on explique très clairement que s’inscrire sur Google c’est comme si on donnait directement son compte en banque, son sociographe, l’ensemble de ses correspondants, sans précaution aucune, sans même avoir lu les clauses, et sans même le savoir la plupart du temps, il me semble que si on explique tranquillement, si on prend le temps de dire ce qui est engagé, comment les documents qui sont déposés, même sur Google Docs, sont, du coup, propriété de Google, en plus dans un contexte législatif américain, je crois qu’il y a des effets intéressants. Et je l’ai fait. Et je ne sais toujours pas si j’ai répondu à votre question.
- Public :
- Merci.
- Véronique :
- Je vous en prie.
- Public :
- Bonjour. Une autre question.
- Organisatrice :
- C’est la dernière.
- Public :
- Pour continuer sur le problème de l’informatique libre à l’école, qui permettrait d’inverser la vapeur, je voudrais savoir quelles sont, par exemple, les actions que vous pouvez mener à l’April, et surtout une autre question pourquoi il faudrait faire de l’informatique libre à l’école ? C’est qu’il y une autre discipline dans laquelle l’enseignement correspond, finalement, aux quatre principes des logiciels libres, c’est-à-dire les mathématiques.
- Véronique :
- Oui, tout à fait.
- Public :
- Et, au fond, un programme informatique, ça, ça a été prouvé fin des années 50, début des années 60, par les mathématiciens, en fait un programme n’est qu’une preuve d’un théorème mathématique. Le théorème dit ce que fait le programme, et le programme, en fait, c’est la preuve lui-même du théorème. C’est quand même assez étrange qu’en mathématiques on expose les preuves et que, quand on enseigne l’informatique à l’école, eh bien la question de ce que c’est que la preuve, c’est-à-dire la code !
- Véronique :
- Vous me semblez quand même optimiste. Parce que je sais que quand j’avais encore des Terminales, j’ai failli causer des ennuis à un collègue de mathématiques, parce que j’avais travaillé avec lui les axiomes de Peano. Or, il était hors la loi, du point de vue de son inspection générale. C’était hors la loi, parler des axiomes de Peano, parler de ce qui sous-tend l’écriture des suites arithmétiques.
- Public :
- Ah, non, sans l’aborder forcément dans le contenu scolaire. C’est une question de méthodologie.
- Véronique :
- Bien sûr. D’accord.
- Public :
- Qu’on n’enseigne pas l’arithmétique de Peano au lycée, je peux le comprendre. C’est peut-être un peu difficile pour eux, même au collège. Mais ça n’empêche que les démonstrations sont publiques.
- Véronique :
- Oui, tout à fait.
- Public :
- Déjà les théorèmes sont connus. Les preuves sont montrées aux élèves. On leur apprend, d’ailleurs, à prouver. Et apprendre à prouver ou apprendre à programmer, finalement, c’est faire la même chose de manière différente. Enfin, c’est exactement la même chose.
- Véronique :
- Oui, absolument. Vous avez absolument raison, et c’est pour cela qu’on ne comprend pas bien pourquoi à chaque fois qu’on pose la question de la distribution dans un établissement, on dit que, d’une année sur l’autre, on efface tout et on réinstalle Windows. Effectivement, c’est étrange qu’on puisse accepter cette pratique de l’abstraction et du rapport à l’universel en mathématiques et pas en informatique. Là, je vous l’accorde totalement.
- Public :
- Juste pour donner une réponse, on ne fait pas d’argent avec un théorème.
- Véronique :
- Je crois que c’est très bien dit.
- Public :
- Avec du logiciel, oui.
- Public :
- C’est la même chose. Inaudible
- Public :
- Moi ça me paraît discutable que ce soit exactement la même chose. Ça a un rapport.
- Véronique :
- Il me semble que toutes les actions que mène actuellement l’April, concernant aussi bien l’Open Bar Défense, que l’Open Bar Santé. Bon, on ne peut pas parler d’Open Bar, tout à fait, concernant l’Éducation. Mais tant que la prévalence, alors que la circulaire Ayrault [8] est là quand même, qui recommande, donc, de privilégier le logiciel libre, n’est pas appliquée, c’est vrai qu’on ne comprend pas ces reconductions de position dominante. Absolument. Eh bien, écoutez, je vous remercie de votre patience
Merci Véronique.
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