Delphine Sabattier : Bonjour. Durant tout le mois de mai Politiques Numériques sera en spéciale pour des interviews de 30 minutes environ, avec un candidat tête de liste ou colistier. Ce sera l’occasion de découvrir leur vision pour l’Europe numérique de demain, leur appréhension des enjeux numériques dans l’espace européen et puis leur projet, précisément dans l’un de ces domaines : on parlera soit de cybersécurité, bouclier numérique, soit de résilience technologique, compétitivité numérique, soit d’énergie, innovation, sobriété numérique, ou encore de démocratie numérique avec ces sujets autour de l’éthique, de la régulation.
Mon premier invité aujourd’hui est Sven Franck. Bonjour.
Sven Franck : Bonjour.
Delphine Sabattier : Tête de liste du parti Volt France [1] et vous avez choisi de nous adresser plus particulièrement le sujet de la compétitivité et puis cette résilience technologique qu’on appelle de nos vœux au niveau européen.
On va commencer, déjà, par des présentations, peut-être. Parlez-nous un peu de vous, Sven. On va tout de suite l’entendre à votre accent : vous êtes né en Allemagne.
Sven Franck : Exactement, je suis Allemand, de Bavière, j’habite à Lille depuis 2012. Professionnellement, je travaille dans une entreprise de logiciels libres où je gère nos projets de recherche/innovation soit français soit européens ; c’était aussi mon sujet principal pendant mes études, gestion d’innovation. Je m’intéresse au sujet du logiciel libre, aux réseaux, au cloud, à tous ces enjeux.
Delphine Sabattier : Plus qu’intéressé, vous travaillez vraiment sur ces sujets au quotidien, vous êtes un expert technique.
Sven Franck : Exactement. Oui, expert administratif et technique, parce que les projets européens, comme les projets français, ce sont toujours plusieurs partenaires qui doivent travailler sur un sujet, donc j’essaye d’assurer que le projet aille dans le sens qu’il faut, à travers les frontières ou ici, en France.
Delphine Sabattier : Quand est-ce que vous vous engagez en politique ? À quel moment vous vous dites « je ne veux pas simplement porter ces sujets tout seul ou à travers mon entreprise, je veux que ça porte une voix différente en Europe. » ?
Sven Franck : De mon côté, je suis membre de Volt depuis 2018, c’est la première fois que je m’engageais dans un parti politique.
Delphine Sabattier : Qu’est-ce qui vous a décidé ?
Sven Franck : Après le premier tour de Macron contre Le Pen, je me suis dit « en tant qu’Allemand je ne peux pas voter, mais je cherche néanmoins à m’impliquer pour éviter que nous nous retrouvions avec un gouvernement d’extrême droite ». C’est donc à ce moment que j’ai commencé à regarder. J’ai rencontré Volt un peu après, ça me parlait parce que je suis allemand en France, ma femme est slovène, je dis toujours que je suis un Européen. Volt est un mouvement qui existe dans tous les pays en Europe, avec un programme commun et ça parle à mes convictions.
Delphine Sabattier : Qu’est-ce que c’est que Volt, précisément, le projet Volt ?
Sven Franck : C’est un mouvement fondé par trois étudiants, après le référendum sur le Brexit, qui se battent contre l’extrême droite, pour plus d’implication des citoyens dans la politique, notamment la jeunesse, et également pour avancer sur les projets européens et les grands enjeux ensemble. Aujourd’hui, nous sommes dans 30 pays en Europe avec 30 000 membres, nous avons une plateforme avec un programme commun, ce qui, pour nous, est essentiel pour avancer, parce que, notamment aux élections européennes, on ne va pas très loin avec les partis politiques nationaux avec leurs agendas nationaux.
Delphine Sabattier : C’est comme cela que ça se passe aujourd’hui.
Sven Franck : Exactement. Donc, nous essayons de présenter la prochaine déclinaison de la politique européenne, avec un parti politique européen qui n’existe pas aujourd’hui. Nous sommes organisés avec une organisation à Bruxelles, une ASBL [association sans but lucratif], et après avec des chapitres nationaux. Nous militons pour des partis politiques européens avec des programmes paneuropéens parce que, comme cela, nous avons un consensus de ce qu’on veut de la Suède au Portugal ; nous militons pour ces objectifs.
Delphine Sabattier : C’est aussi ce qu’essaye de faire la Commission européenne, le Parlement européen. On voit la difficulté, quand même, à 27, de s’entendre.
Sven Franck : Parmi nous aussi quand nous cherchons un compromis. Je donne toujours l’exemple de la position sur le nucléaire : à l’époque la moitié des pays, avec l’Allemagne, étaient contre, l’autre moitié, avec la France, étaient pour, et puis il faut trouver un compromis.
Delphine Sabattier : Et on le trouve ? Vous le trouvez au sein de Volt ?
Sven Franck : Oui, nous l’avons trouvé : on pourra sortir du nucléaire quand que nous aurons des énergies renouvelables stables. Comme ça, en Allemagne, on peut militer pour plus de renouvelables et, en France, on peut dire aussi qu’on soutient le nucléaire comme énergie de transition.
Delphine Sabattier : Très bien. Alors votre vision de l’Europe numérique ? Aujourd’hui et demain évidemment. Aujourd’hui, d’abord un constat.
Sven Franck : Donc, les deux. Aujourd’hui, nous avons un marché unique commun, mais, en réalité, ce sont 27 pays différents : on ne peut pas ouvrir facilement une filiale dans un autre pays européen et c’est quelque chose que nous voulons changer. Je donne toujours l’exemple : si je veux enregistrer une marque, aujourd’hui c’est facile parce qu’il y a le EUIPO [European Union Intellectual Property Office], donc, avec un enregistrement je peux enregistrer une marque dans les 27 pays. C’est important, pour nous, d’aller aussi dans cette direction pour créer des filiales, pour créer des entreprises et ça touche aussi le numérique. Pour nous, le motto de l’Europe c’est d’être unis dans la diversité, donc, dans le domaine du numérique, il faut aussi prendre en compte cette diversité.
Nous avons trois valeurs ou trois idées : l’une c’est l’interopérabilité. En raison de la diversité, on ne peut pas imposer à tout le monde de parler anglais en Europe, ça ne va pas fonctionner, donc il faut aussi éviter d’introduire des standards ou des normes qui sont peut-être comme l’anglais, pas européennes, pour, ensuite, demander à tous les acteurs numériques de les suivre. Pour nous, c’est plutôt, une traduction comme avec DeepL : on peut traduire chaque langue dans notre langue si, deuxième objectif pour nous, c’est open source, si la grammaire et le vocabulaire sont ouverts et accessibles.
C’est, pour nous, l’idée qu’il faut pousser aussi dans le domaine du numérique.
Delphine Sabattier : Ça veut dire passer par des lois contraignantes qui imposent cette interopérabilité des services numériques, que les données puissent être transférées d’un service à un autre librement ?
Sven Franck : Pas contraignantes, plutôt s’assurer que nous ne retrouvions pas avec une seule norme ou un standard. Par exemple, au travail, nous avons plusieurs projets de recherche où nous essayons de connecter des fournisseurs différents du cloud avec leur propre technologie, pouvoir dire « je peux faire tourner notre [logiciel de cloud] chez un autre fournisseur de cloud », pour avoir cette interopérabilité. En ce moment, nous le faisons juste au niveau de la France, mais l’idée, dans l’avenir, c’est d’avoir ça aussi à l’échelle européenne. Comme je dis, le marché européen ce sont 27 pays différents, il faut aller vers plus d’interopérabilité pour permettre aux acteurs européens de travailler aussi dans tous les États membres.
Delphine Sabattier : On n’a pas forcément la décision là-dessus, le politique ne peut pas forcément le décider si ce n’est pas contraignant par la loi. Vous abordez la question du logiciel libre, « il faut que les logiciels soient ouverts, libres », on ne peut pas imposer cela, à moins de vraiment l’inscrire dans la loi et d’en faire quelque chose de contraignant, mais j’imagine que ce n’est pas ce que vous envisagez.
Sven Franck : Nous proposons, par exemple, d’utiliser plus de logiciels libres dans le domaine public. Au Brésil, dans les années 80/90, c’est une loi qui a dit « tous les logiciels publics doivent être des logiciels libres ». Je pense qu’on peut aller dans cette direction : ne pas de dire qu’il faut 100 % de Libre, mais qu’il faut aussi avoir de l’espace pour les logiciels libres et pour les fournisseurs européens.
Delphine Sabattier : Aujourd’hui, la politique française vis-à-vis du Libre vous semble-t-elle intéressante, suffisamment audacieuse ou trop timorée ?, parce qu’il y a une stratégie open source au niveau de l’État, aujourd’hui en France.
Sven Franck : Ça dépend de ce qu’on entend par open source parce qu’il y a des définitions différentes. Après, est-ce qu’il y a une place pour les fournisseurs européens ?
Avec Volt, nous disons que c’est bien d’avoir un libre-échange et d’avoir des marchés libres, mais si, à la fin, aucune entreprise européenne existante ne peut participer à ce marché, ce n’est pas l’idéal. Pour nous, il faut de l’espace pour les fournisseurs européens du cloud, du logiciel libre ; on veut assurer cela aussi avec une régulation au niveau européen.
Delphine Sabattier : Justement, c’est donc le sujet que vous avez choisi de développer avec nous parmi les quatre que je vous ai proposés : comment faire pour développer cette résilience technologique et la compétitivité de l’Europe dans l’espace numérique ? Qu’est-ce que vous avez à proposer très concrètement ?
Sven Franck : Pour nous, ça passe par un Small Business Act [2], comme aux États-Unis où il y a un Small Business Act qui donne 23 % de commande publique aux PME américaines. Nous estimons nécessaire une régulation, une loi similaire à l’échelle européenne.
Delphine Sabattier : Quel serait le pourcentage ? Combien d’argent public ? Faut-il des quotas ?
Sven Franck : Disons qu’il faut trouver le moyen de le rendre possible. Dans notre programme, nous parlons de 25 %, donc un quart de la commande publique, mais on va aussi plus loin avec d’autres propositions donc, ce n’est pas juste la commande publique. Pour nous, il faut un accompagnement de nos PME à la commercialisation de leurs produits : aujourd’hui la France, l’Europe aussi, mettent beaucoup d’argent sur l’innovation mais l’étape suivante, la commercialisation, est très difficile. Si le public devient le premier client, c’est aussi plus facile, après, d’aller à l’industrie. C’est donc l’objectif numéro un avec un Small Business Act.
Le deuxième objectif, c’est d’éviter des régulations qui vont mettre les PME en une position de désavantage vis-à-vis des grandes entreprises. Notre travail c’est, par exemple, sur le Cyber Resilience Act qui est passé fin 2023 [3]. La première version, proposée par la Commission, était très contraignante pour les fournisseurs de logiciel libre en France et en Europe parce qu’elle mettait la responsabilité sur les fournisseurs de logiciels libres pour chaque utilisateur qui utilise un logiciel.
Delphine Sabattier : Une responsabilité sur la protection, en fait. C’est ça ? C’est une responsabilité sur la cybersécurité du logiciel qui va être utilisé on ne sait pas par qui, on ne sait pas comment et on ne sait pas quand, donc, là, ça met en difficulté la communauté des développeurs open source.
Sven Franck : Exactement. Aux États-Unis, une législation similaire exclut notamment les fournisseurs de logiciels libres et met plutôt l’accent sur la partie qui crée un produit et le met sur le marché. Si je crée un logiciel avec 10 000 composants, c’est de ma responsabilité de m’assurer que ces composants sont secures [sûrs]. Vous avez peut-être vu avec la XZ library [bibliothèque], il y a quelques semaines, dans laquelle une back door a été trouvée [4]. En théorie, si je suis la première proposition du Cyber Resilience Act, c’était le développeur qui a fait cette librairie qui portait la responsabilité. De cette façon, tout le monde va arrêter de créer des logiciels libres parce que, aujourd’hui, ce sont des petites entreprises, des développeurs en mode solo. C’est donc ça aussi la résilience.
Pour revenir au sujet, il faut créer un écosystème qui permette l’innovation, qui permette la création de nouvelles technologies, il faut éviter d’avoir une régulation qui permette, à la fin, seulement aux plus grandes boîtes d’exister, parce que, pour un Google et un Amazon pas de problèmes, elles vont remplir toutes les réglementations et toutes les exigences, mais pour une petite entreprise, pour une PME, c’est beaucoup plus compliqué.
Delphine Sabattier : Et ça coûte beaucoup plus cher.
Sven Franck : Exactement. Donc, pour nous, c’est important de s’assurer que les réglementations qui sont passées au niveau européen permettent aussi aux PME d’exister, dans le numérique mais aussi dans les autres domaines.
Delphine Sabattier : Au niveau du cloud, parce qu’on a des prétentions, aujourd’hui, en France, en Europe, pour trouver des moyens de gagner en autonomie sur le cloud, c’est aussi une question de protection de nos données très sensibles. Vous participez à l’initiative EUCLIDIA [5] [European Cloud Industrial Alliance] qui met en avant les acteurs technologiques du cloud et des télécoms européens. Qu’est-ce que ça donne, très concrètement ? Où en est EUCLIDIA ? Avons-nous les moyens de nos ambitions ? Est-ce qu’on peut vraiment, technologiquement, dire qu’on peut être autonomes, aujourd’hui, dans le cloud en Europe ?
Sven Franck : EUCLIDIA a été lancée après Gaia-X [6] qui était l’initiative européenne pour créer un cloud européen, qui, aujourd’hui, n’a pas créé un cloud européen mais beaucoup de régulations.
Delphine Sabattier : De la normalisation, en fait, pour les échanges de données, finalement.
Sven Franck : Exactement. L’attente était d’avoir une vraie solution. Avec mon employeur, nous avons vu que Gaia-X a aussi accepté des hyperscalers américains et chinois parmi ses partenaires, nous avons alors décidé de créer notre propre initiative.
J’aime bien la possibilité d’échanger avec les autres partenaires. J’ai vu aussi que la Commission européenne nous entend, parce que nous sommes probablement, elle l’a dit aussi, une des seules structures qui n’est pas financée par une grande boîte américaine ou étrangère. Ce sont des PME qui essayent de mettre en avant leurs revendications, leurs idées, leurs perspectives sur le cloud. Ça fonctionne relativement bien et nous avons l’écoute de la Commission européenne. Je ne peux pas dire que ça fonctionne déjà en termes de vraie solution européenne du cloud, mais nous avons, au moins, de la visibilité. Pour nous, avec EUCLIDIA, l’objectif c’était d’obtenir de la visibilité pour les fournisseurs de technologies qui existent et, ensuite, on peut aussi demander notre place dans ce marché qui est aujourd’hui dominé par Google, Microsoft et Amazon.
Delphine Sabattier : Vous parliez de votre employeur, Nexedi [7].
Sven Franck : Exactement.
Delphine Sabattier : J’ai demandé au fondateur de Nexedi, Jean-Paul Smets, de vous poser une question. Il a préparé une petite question pour vous qu’il nous a envoyée ce matin, on l’écoute.
Jean-Paul Smets, voix off : Bonjour. Je suis Jean-Paul Smets, PDG de l’opérateur de Edge Computing Rapid.Space. Le gouvernement français parle beaucoup de souveraineté numérique, mais, en pratique, c’est Microsoft qu’il l’utilise pour le Health Data Hub [8].
Le gouvernement allemand, lui, utilise beaucoup Microsoft, de façon explicite, en expliquant qu’il le sécurisera un jour.
Que pourriez-vous faire, en tant que député européen, pour que les gouvernements français et allemand utilisent les technologies de cloud européennes qui existent déjà, plutôt que d’en parler ?
Delphine Sabattier : Comment passe-t-on de la parole politique à l’action, Sven Frank ?
Sven Franck : Dans le Small Business Act, nous avons dit : s’il y a un quart du marché de la commande publique qui va aux acteurs européens, aux PME européennes, c’est déjà une première porte d’entrée.
Une deuxième, c’est de rendre les marchés publics plus accessibles, parce que, aujourd’hui, il y a aussi des gatekeepers qui disent « OK, il faut avoir un certain niveau de vente, une certaine taille d’entreprise, juste pour avoir accès à la commande publique ». Nous voulons donc les rendre beaucoup plus ouvertes aussi aux petites entreprises.
Je ne sais pas s’il faut passer par des quotas ou par quel autre moyen mais, à un moment ou l’autre, à l’échelle européenne comme à l’échelle nationale, il faut prendre en compte, comme je l’ai dit avant, qu’on va perdre dans la résilience, dans la compétitivité, si les marchés sont dominés seulement par des acteurs non européens. Il faut aussi voir que les États-Unis, la Chine, ne sont pas des marchés complètement libres.
Delphine Sabattier : Ça veut dire qu’ils font du protectionnisme ?
Sven Franck : Oui. Ils font du protectionnisme, donc pourquoi l’Europe n’en ferait-elle pas aussi pour ses propres fournisseurs de technologies ? Il faut trouver la façon avec laquelle il sera possible d’installer une certaine forme de protectionnisme et, si on parle de résilience, il le faut.
Delphine Sabattier : Vous disiez aussi que ce parti Volt est un parti européen avec un projet unique européen. Là, dans la question de Jean-Paul Smets, on entend encore une fois, des dissonances, quand même, entre la volonté politique française et la volonté politique allemande. Peut-être que l’Allemagne est beaucoup plus atlantiste que la France, qui l’est aussi quand même, parce que les États-Unis sont quand même nos alliés de manière tout à fait officielle. Est-ce que vous, au sein du parti Volt, vous allez réussir à résoudre ce problème de différence de vue, vis-à-vis des alliés américains, sur cette question de l’autonomie technologique ?
Sven Franck : C’est un débat qui est en cours. Pour les élections européennes, nous avons un programme avec aussi des axes numériques où il y a des propositions comme le Small Business Act, comme plus de logiciels libres, comme, aussi, une souveraineté technologique à l’échelle européenne. Chez Volt France, Volt Allemagne et aussi chez tous les chapitres de Volt, nous sommes d’accord sur cela. C’est similaire au projet de recherche européen, c’est un travail à long terme. Pour proposer un amendement à notre programme, juste pour le soumettre au débat, il faut toujours 50 membres de sept pays différents. Puis il y a un débat avec un cycle de six mois et, à la fin, il y a une assemblée générale où tous les amendements au programme sont votés et adoptés. Nous avons fait l’effort pour nous mettre d’accord entre la France, l’Allemagne et les autres pays. Le Small Business Act était une de nos initiatives, en France, en tant que Volt France, et j’aime bien chercher, pour les amendements, des soutiens aussi en Allemagne, en interne, et aussi dans les autres pays, parce qu’à la fin, il faut l’adopter.
Delphine Sabattier : Au niveau de la campagne pour les Européennes, vous avez choisi de vous mettre, on va dire, sur les listes du Parti radical de gauche, vous avez choisi de travailler ensemble sur ces sujets, en particulier sur le numérique ?
Sven Franck : Ce n’est pas que la liste du Parti radical de gauche. Nous sommes trois formations principales : le Parti radical de gauche, R&PS, Régions et peuples solidaires, une fédération de partis régionaux et nous, en tant que Volt ; nous avons déjà une histoire depuis les législatives. Pour avoir une chance d’avoir du succès aux élections européennes, il faut travailler ensemble, parce que c’est difficile, dans chaque pays, de se faire élire. En France, nous nous disons que c’est le pays le plus difficile parce qu’il faut financer les bulletins, les circulaires, il y a le seuil des 5 %, donc ce n’est pas facile. Si on veut avoir une chance de mettre nos politiques numériques sur le paquet du Parlement européen, il faut travailler ensemble. Donc, nous avons cette coalition qui s’appelle ETE, Europe Territoires Écologie [9], je pense que nous sommes les représentants d’une politique industrielle sur les aspects numériques parce que ce n’est pas une priorité pour le R&PS et le PRG. C’est aussi une coalition où nous disons que nous faisons notre campagne pour nos électorats respectifs parce que, si chacun cherche son électorat sur ses sujets spécifiques, ça peut fonctionner.
Delphine Sabattier : Je voulais qu’on termine avec peut-être une idée, un message, que vous auriez à faire passer pour lutter contre l’abstentionnisme, pour inciter les Français à aller voter à ces Européennes. Qu’avez-vous envie de leur dire ?
Sven Franck : Je dis toujours que les Européennes c’est comme les municipales et les intercommunalités : tout le monde vote pour la mairie, personne ne s’intéresse, personne ne va voter pour l’intercommunalité, mais beaucoup de sujets importants sont gérés au niveau de l’intercommunalité. J’habite à Lille, c’est la Métropole européenne de Lille qui gère l’infrastructure, le trafic, l’énergie, les déchets, pratiquement tous les sujets importants et c’est la même chose au niveau national et au niveau européen. On vote pour les législatives, on vote pour notre président, et personne ne s’intéresse vraiment aux Européennes. Il ne faut pas oublier que tous les sujets importants sont, aujourd’hui, décidés à l’échelle européenne. Il ne faut pas oublier cela. C’est aussi une élection à la proportionnelle, donc on peut avoir plus de diversité au Parlement européen, même avec le seuil de 5 %. Dans les autres pays il n’y a pas de seuil, par exemple en Allemagne, nous avons réussi à faire élire une députée, en 2019, avec 0,8 %, ça a suffi et elle fait un super travail.
On peut donc donner un renouveau politique en donnant une voix aux petites formations et si une personne ne veut pas voter parce qu’elle ne trouve pas sa maison politique parmi les grands partis, les élections européennes sont une chance pour permettre aux nouvelles formations d’entrer dans le paysage politique. C’est une élection où on peut établir de nouveaux mouvements, de nouvelles idées.
Delphine Sabattier : Merci beaucoup Sven Franck pour le parti Volt. Vous étiez dans Politiques Numériques.
Sven Franck : Merci beaucoup.
Delphine Sabattier : Merci à Julien Gola qui était à la réalisation aujourd’hui.
POL/N sera de retour très vite avec cette spéciale élections européennes qui va se prolonger durant tout le mois de mai.
À très bientôt.