Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à tous. Bonjour à toutes.
Nous avons le plaisir d’être en direct du Palais des Congrès à Paris pour une émission diffusée depuis le salon Open Source Experience. Nous vous proposerons plusieurs interviews et en début d’émission, dans sa chronique, Vincent Calame expliquera l’importance de privilégier peut-être le terme « logiciel libre » plutôt que le terme open source. C’est ce que j’ai compris de sa chronique, mais nous verrons bien.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’April c’est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.
Nous sommes mardi 9 novembre 2021, nous diffusons en direct et en public, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.
Il me fait coucou parce qu’il n’a pas de micro.
Cette émission en public est aussi l’occasion d’annoncer officiellement l’ouverture d’un site web dédié aux émissions Libre à vous !. L’adresse du site ?, libreavous.org, tout simplement. J’y reviendrai plus en détail à la fin de l’émission. Nous vous souhaitons une excellente écoute.
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons d’abord vous proposer un petit quiz. Je vous donnerai la réponse en cours d’émission. Vous pouvez venir sur le salon, sur le stand B03 ou sur le salon web de la radio, causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous pour proposer des réponses.
Première question : deux entreprises du Libre fêtent respectivement leurs 15 et 10 ans en cette fin d’année. Quelles sont-elles ?
Seconde question : quelle association francophone libriste va fêter ses 25 ans en cette fin d’année ?
Venez pour proposer vos réponses et sinon, les réponses bientôt.
Chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, bénévole à l’April : « Comment j’explique la différence open source/logiciel libre par la différence agriculture raisonnée/agriculture biologique »
Frédéric Couchet : Vincent Calame, informaticien libriste et bénévole à l’April, nous fait partager son témoignage d’un informaticien embarqué au sein de groupes de néophytes. Choses vues, entendues et vécues autour de l’usage des logiciels libres au sein de collectifs, associations, mouvements et équipes en tout genre, c’est la chronique « Jouons Collectif ».
Bonjour Vincent.
Vincent Calame : Bonjour Frédéric.
Frédéric Couchet : Ce sera la première chronique en direct et en public depuis le salon Open Source Experience. Le thème du jour c’est comment Vincent explique la différence entre open source et logiciel libre par la différence agriculture raisonnée et agriculture biologique
Vincent Calame : Oui, tout à fait. Quand l’équipe de Libre à vous ! m’a envoyé la proposition de faire ma chronique en direct du salon Open source Experience, j’ai eu, je l’avoue, le réflexe conditionné du militant de base de l’April : « Open source ? Vous vous voulez plutôt dire « logiciel libre », non ? ». Après ce premier mouvement spontané, je me suis dit que ça ferait peut-être un peu mesquin d’aborder le sujet. Après des mois de confinement et de restrictions sanitaires, nous sommes tous au plaisir de nous retrouver, de discuter en face à face, de flâner dans les travées ; l’heure n’est pas aux querelles de chapelle. Et puis, exerçant une activité professionnelle moi-même dans le logiciel libre, je ne peux que me réjouir de la tenue d’un tel salon montrant le dynamisme économique et social du monde du logiciel libre. Et puis les organisateurs de ce salon ont le droit de l’appeler comme ils veulent. Comme dit le dicton : Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse.
Cependant, je tenais tout de même mon sujet de chronique, car il m’est arrivé plusieurs fois qu’on me demande la différence entre open source et « logiciel libre ». Donc je me propose de partager avec vous ma réponse qui est aussi mon interprétation personnelle de la question.
En effet, quand celle-ci est posée dans un milieu plutôt militant – pour faire court, altermondialiste –, je réponds par analogie en comparant cette différence avec celle entre agriculture biologique et agriculture raisonnée.
Frédéric Couchet : Là, Vincent, il va falloir expliquer les deux concepts.
Vincent Calame : Je pense que tout le monde voit ce qu’est l’agriculture biologique, les produits sont maintenant présents un peu partout. Ce qui est important à rappeler pour expliquer mon analogie, c’est que c’est un mouvement ancien : en France, le premier cahier des charges est celui élaboré par l’association Nature & Progrès et date de 1972. À l’origine, ce cahier des charges avait une approche mutualiste, la certification se faisait par les pairs. Le label officiel, le plus répandu, n’a été mis en place par le ministère de l’Agriculture qu’au début des années 90, avec, au passage, la perte du caractère mutualiste puisque maintenant la certification se fait par un tiers, à un coût parfois non négligeable pour les petits producteurs. Dès le début de l’agriculture biologique, il y avait une corrélation forte entre techniques agronomiques pointues et valeurs éthiques et humaines.
L’agriculture raisonnée, quant à elle, est un concept promu au début des années 2000 par des grands syndicats agricoles et le ministère de l’Agriculture. Il consiste surtout à donner des règles de bonne conduite en matière d’usage de produits phytosanitaires – engrais et pesticides. Disons les choses crûment et totalement subjectivement, il a été promu comme contre-feu face à la progression continue de l’agriculture biologique. Le terme a d’ailleurs connu un succès variable, on peut encore l’entendre dans quelques publicités ou le voir sur quelques étiquettes. Mais le ministère de l’Agriculture privilégie depuis une dizaine d’années le concept de « Haute Valeur Environnementale », objet de débats houleux notamment dans le cadre de la nouvelle Politique Agricole Commune.
Frédéric Couchet : Revenons peut-être à « logiciel libre » et open source.
Vincent Calame : Oui, revenons à nos moutons, c’est le cas de le dire.
Je dois commencer par reconnaître une première limite à mon analogie : agriculture biologique et agriculture raisonnée sont en concurrence alors que « logiciel libre » et open source ne le sont pas. Dans la très grande majorité des cas, les logiciels libres sont open source et vice-versa.
Ce qui m’intéresse dans l’analogie, c’est de montrer que d’un côté nous avons des concepts où techniques et valeurs sont imbriquées : agriculture biologique avec l’aspect mutualiste dès le départ et logiciel libre avec les quatre libertés qui mettent les utilisatrices et utilisateurs au centre et, de l’autre côté, des concepts centrés sur le geste technique : agriculture raisonnée avec son usage moindre des produits phytosanitaires, les dix points de définition de l’open source de l’Open Source Initiative qui concernent majoritairement la licence. Dans les deux cas – et c’est mon interprétation personnelle – nous avons la création de concepts ultérieurs qui édulcorent le propos des concepts qui les précèdent. Open source supprime la charge idéologique du logiciel libre.
Cela dit, on peut comprendre qu’une entreprise qui a traité le logiciel libre de cancer ou pire, de communisme, avait besoin d’un terme plus neutre quand elle finit par se convertir. Après tout, si un changement de nom permet de mieux diffuser dans certains milieux, notamment économiques, on pourrait dire pourquoi pas ? Moi-même, si j’étais l’organisateur d’un événement comme ce salon, je sais bien que le choix entre open source et « logiciel libre » dans son titre ne serait pas neutre et poserait la question du public visé.
Pour revenir à mon analogie, il faut surtout être vigilant à ce que le terme open source n’entraîne pas une dilution des exigences portées par le logiciel libre, de la même manière que la certification Haute Valeur Environnementale constitue, de fait, une régression par rapport au cahier des charges de l’agriculture biologique.
C’est pourquoi je conserverai mon réflexe conditionné de militant de l’April tout en vous promettant de le refréner en de telles occasions. Après tout, il faut peut-être cacher aux promoteurs de l’open source que leur projet est, en fait, très politique.
Frédéric Couchet : Merci Vincent pour cette chronique. Je vais peut-être préciser que l’entreprise qui a traité le logiciel libre de cancer c’est Microsoft, tu ne voulais sans doute pas la citer, qui est d’ailleurs présente sur ce salon.
C’était la première chronique en direct de Vincent Calame « Jouons collectif ». Bravo Vincent.
Vincent Calame : Toutes mes chroniques étaient en direct !
Frédéric Couchet : Oui, excuse-moi, en direct et en public.
Il y a beaucoup de bruit autour de nous, j’espère que le son, l’ambiance, ne passe pas trop. En tout cas il y a beaucoup de gens ici donc c’est un beau succès.
Merci Vincent et je te dis à la prochaine fois, de retour au studio dans les 18e à Paris.
Vincent Calame : Tout à fait.
Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale un peu particulière. Nous avons le plaisir d’avoir un artiste qui fait de la musique libre et qui, par ailleurs, est informaticien libriste pour la société Worteks. C’est KPTN, Clément Oudot, qui va nous faire le plaisir de nous interpréter en direct un morceau. Quel est ce titre, Clément ?
KPTN : Bonjour et déjà merci à la radio et à Libre à vous ! de m’accueillir pour cette pause musicale. La chanson que nous allons chanter c’est Le musée d’air contemporain, un petit peu engagée. Greta Thunberg, si tu nous écoutes, c’est pour toi.
Pause musicale : Le musée d’air contemporain par KTPN.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Waouh ! Super !
[Applaudissements]
Frédéric Couchet : C’était KPTN, Clément Oudot, en direct.
KPTN : Merci.
Frédéric Couchet : Si vous voulez le revoir en direct vous pouvez venir sur le salon Open Source Experience, Paris, Palais des Congrès, demain mercredi 10 novembre entre 12 heures 30 et 13 heures 30 dans la partie associative dont on parlera tout à l’heure avec Magali.br/>
C’était un grand plaisir KPTN, j’avais choisi ce morceau parce qu’il me plaît bien. Espérons que les personnes qui décident d’un certain nombre de choses à la COP 26 auront écouté ta musique.
KPTN : J’espère qu’elles l’auront écoutée.
Frédéric Couchet : Je précise que c’est sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions.
KPTN : Si vous êtes au salon il y a des CD à vendre sur les stands de l’April, Framasoft, et LinuxFr.
Frédéric Couchet : Merci KPTN. À bientôt.
KPTN : Merci beaucoup.
Frédéric Couchet : On va changer de sujet.
[Jingle]
Diverses interviews en direct depuis le salon
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal avec des interviews en public depuis le salon Open Source Experience. Je crois que c’est l’émission de l’April dans laquelle je vais dire le plus souvent le terme open source. Heureusement, on m’a promis une petite bière après pour faire passer ça.
Interview de Philippe Montargès, trésorier du CNLL
Frédéric Couchet : Première interview de Philippe Montargès. Bonjour Philippe.
Philippe Montargès : Bonjour Frédéric.
Frédéric Couchet : Tout à l’heure, Philippe, j’avais une question quiz, je vais te la poser, peut-être que tu as une réponse possible : deux entreprises du Libre fêtent respectivement leurs 15 ans et leurs 10 ans en cette fin année. Quelles sont-elles ?
Philippe Montargès : Attends je cherche, Alterway 15 ans, Smile c’est 30 ans. Effectivement, on a annoncé notre rapprochement juste avant l’événement Open Source Experience. Comme je l’ai dit ce matin au député Philippe Latombe, je considère que c’est une consolidation positive du secteur. Le mot consolidation fait peur.
Frédéric Couchet : On ne va pas rentrer dans les détails.
Philippe Montargès : Mais le mot « positif » est important. Positif pourquoi ? Parce que c’est un rapprochement vraiment avec un sens industriel des deux premiers acteurs pour les ESN [Entreprises de services du numérique] purement open source du secteur et surtout qui vont mettre leurs points forts en commun, mutualiser leurs points forts de façon à ce que sur chacun de ces points forts, notamment les activités digitales, IoT [Internet of Things] embarqué, business SaaS [Software as a Service] de Smile soient plus fortes et que les activités infrastructures, cloud, service managés de Alterway soient plus fortes.
Frédéric Couchet : Je ne voulais pas te lancer là-dessus, tu avais le droit, mais juste dire que Alterway va fêter ses 15 ans et que c’était la première réponse au quiz. Pour les 10 ans je donnerai la réponse tout à l’heure en fin d’émission, c’est une autre entreprise du Libre.
Philippe, tu es trésorier du CNLL que tu vas présenter juste après, président du Hub open source du Pôle de compétitivité Systematic qui est organisateur du salon, et président d’Alterway. Je t’ai d’ailleurs convié sous toutes ces casquettes. Déjà je voudrais que tu nous présentes un petit peu rapidement ce qu’est le CNLL et ce qu’est le Hub open source.
Philippe Montargès : Le CNLL est une organisation professionnelle qui regroupe une fédération d’entreprises, de clusters d’entreprises régionaux. En France l’écosystème est organisé autour de clusters régionaux, vous avez Solibre dans la région de Toulouse, en Occitanie ; on a le PLOSS Rhône-Alpes pour la Région Rhône-Alpes ; on a le Hub open source pour la région parisienne et ainsi de suite.
Le CNLL est la confédération qui réunit l’ensemble de ces clusters et représente l’ensemble de l’écosystème en France, c’est-à-dire plus de 350 entreprises dont la majorité de l’activité s’opère à base de composants open source.
Frédéric Couchet : D’accord. Et ton autre casquette, encore plus en lien avec le salon, c’est président du Hub open source du Pôle de compétitivité Systematic. Est-ce que tu peux nous le présenter aussi ?
Philippe Montargès : Je ne vais pas faire une présentation très large du Pôle de compétitivité Systematic. C’est effectivement une association qui est tuyautée par la DGE [Direction générale des entreprises] et la région. Le Pôle de compétitivité Systematic est organisé, dans sa feuille de route jusqu’à 2022, autour des six hubs importants. Il y a des hubs qu’on appelle des deep tech, des technologies profondes, c’est-à-dire des technologies qui structures l’innovation à venir. Il y a notamment un hub qui est plutôt dédié à l’intelligence artificielle, un autre qui est dédié par exemple à l’embarqué, à l’IoT, un autre qui est dédié au HPC [High Performance Computing, un autre qui est dédié à la cybersécurité.
Il se trouve que dans le plan de stratégie de Systematic, Jean-Luc Beylat, son président, a souhaité que le Hub open source soit le 6e hub, en transverse des autres hubs, avec une vocation de pouvoir, à terme, monter des projets d’innovation. Le hub est un endroit où se réunissent à la fois des membres des entreprises purement open source, des grands académiques, des laboratoires, des grands industriels. Par exemple, dans notre Hub open source, au sein du Hub open source qui regroupe 150 membres, on a aussi bien des gens de l’Inria que des gens de Thales ou de Orange, que des gens comme Microsoft, Christophe Amouroux, ou des acteurs comme Atos, et puis des acteurs comme nous, Alterway, Smile, des éditeurs en pagaille, XWiki par exemple, BlueMind et ainsi de suite.
C’est un écosystème francilien qui est, entre guillemets, « le Hub open source de la région Hauts-de-France, francilienne ». L’objectif du Hub open source c’est effectivement d’accompagner ces entreprises dans leur développement, de les aider à passer à l’échelle au-dessus. C’est un peu ça l’objectif de ce hub. Il contribue aussi, effectivement, à l’émergence de nos projets, notamment actuellement la priorité, une des fonctions du hub, c’est de faire en sorte que ces acteurs industriels, qui sont regroupés en son sein, puissent accéder à des marchés auxquels ils ne pourraient pas accéder tout seuls. Je prends un cas très concret actuellement où il y a un enjeu énorme pour les données, pour ce qu’on appelle le cloud souverain, qui est GAIA-X. Il se trouve que GAIA-X est un projet franco-allemand piloté depuis deux ans, avec un enjeu fort autour de la donnée, avec des grands industriels qui pilotent cette organisation. On fait tout, via Systematic et le Hub open source, pour pousser effectivement une approche open source dans la motorisation du framework qui va être mis en place pour piloter ces réseaux de données.
Ce sont ces actions concrètes qu’on essaye de porter au niveau du Hub open source.
Frédéric Couchet : OK. Je pense qu’on aura l’occasion, un jour dans une émission, de rentrer plus en détail sur ces sujets-là. On va revenir sur le sujet pour lequel je t’ai principalement invité, je précise qu’on va faire de courtes interviews sur le salon. Le CNLL a publié, en juin 2021, une étude sur le marché économique du logiciel libre en France. Ce qui m’intéressait et ce qui intéresserait sans doute les personnes qui écoutent c’est quels sont les principaux chiffres, en tout cas les principaux éléments de cette étude.
Philippe Montargès : En 2021 cette étude était surtout, on va dire qualitative, pour voir un petit peu plus comment l’écosystème des entreprises de l’open source et du logiciel libre en France avaient réagi durant cette crise sanitaire et post-Covid, comment elles se projetaient.
Il y avait déjà une première partie qui concernait vraiment un état des lieux, j’allais dire un état de santé, pour le coup, des entreprises qui constituent l’écosystème.
Si on fait une analyse assez claire de ça, ce qu’il en ressort c’est que, d’une part, cet écosystème est constitué à plus de 75 % de PME, de TPE, a contrario le reste ce sont des startups ou vraiment des ETI [Entreprises de taille intermédiaire].
Avec aussi un âge médian, une ancienneté médiane des entreprises de cet écosystème qui est autour de 11 années. C’est-à-dire que la moyenne d’âge des entreprises de l’écosystème est de 11 ans. C’est un élément qui est assez intéressant. Par contre, quand on a interrogé, via cette étude, les patrons de ces entreprises-là, ils étaient à 60 % très confiants pour la suite post-Covid, pour leur activité propre en interne et plus de 80 % pensaient recruter dans les années qui viennent. C’était un premier engagement au niveau des entreprises.
Un deuxième sujet c’est que 80 %, même 85 % de ces entreprises, des répondants – et c’est plutôt un bon signe et je dirais que c’est inhérent à l’ADN même de ces entreprises qui sont open source et logiciel libre – considèrent que les sujets de souveraineté numérique, d’indépendance technologique, sont des sujets qui sont importants pour eux pour leur devenir.
Frédéric Couchet : Est-ce que, selon ces entreprises, ils sont bien pris en compte par l’État ?
Philippe Montargès : 80 % sont conscientes de ça, par contre je n’ai plus le chiffre exact en termes de répondants, 50 %, même pas la moitié, considèrent que l’État fait suffisamment pour garantir ou pour mettre en œuvre une politique qui fait qu’effectivement cette recherche d’une plus forte souveraineté économique, d’une indépendance technologique est garantie par la politique de l’État, notamment en matière de cloud. Il y a eu pas mal de débats sur la politique du cloud centre, du cloud de confiance. Même actuellement, la dernière annonce du gouvernement sur le plan de relance, le plan d’investissement d’avenir de 1,8 milliards autour du cloud dans les services, c’est bien, mais est-ce que cet investissement qui va être fait va bien profiter aux entreprises françaises, franciliennes, qui travaillent dans le cloud, qui travaillent dans l’édition de solutions, qui travaillent dans le cloud ?
Frédéric Couchet : Et pas profiter à des entreprises étrangères, américaines, du logiciel propriétaire.
Philippe Montargès : C’est un peu le sujet. C’était très bien que notamment OVH, par exemple, soit mise en avant au moment de cette annonce. C’est très bien que le gouvernement dise que les données doivent être stockées chez des cloudproviders français, OVH, Scaleway, Outscale. C’était un peu embêtant de dire – est-ce que c’était une erreur de communication, je ne le pense pas – que les algorithmes qui servent à exploiter ces données, qui sont stockées dans des serveurs français, soient d’origine de type GAFAM ou autres. Ça c’est la deuxième conclusion.
La troisième conclusion de cette étude c’était effectivement une prise en compte de la réalité, du rôle éthique, responsable et de l’investissement dans une approche on va dire numérique responsable, numérique décarbonée de la filière open source. Pareil, là vous avez 85/88 % des répondants qui se disent OK, on y va, on est conformes, on va se mettre aux normes, on va être éthiques.
Frédéric Couchet : Éthiques, dans quel sens ?
Philippe Montargès : Éthiques à la fois dans le sens accessibilité, éthiques à la fois que chez nous on applique les principes auxquels on croit, c’est-à-dire avoir une politique de formation avec des logiciels libres, avoir des recrutements qui sont conformes à ça. Éthiques ça veut dire aussi être capables de proposer des solutions j’allais dire concrètes. Le seul sujet c’est que là il y a 85 % des gens, des entreprises, qui se déclarent favorables à ça, mais le constat aussi c’est quand on a interrogé ces mêmes personnes sur leurs clients, les clients de ces entreprises-là, 25 %, 30 % pensent qu’elles auront des contraintes parce qu’elles ont ce positionnement-là. Si tu veux, ça montre un déphasage entre la prise de conscience de ces entreprises qu’il faut effectivement avoir une démarche éthique, une démarche responsable, une démarche de souveraineté, et la réalité du client ; les clients c’est le secteur public qui a une certaine prise de conscience, mais beaucoup de clients du privé ne sont pas encore matures ou ne le sont pas. Ce qui m’amène à dire, et là je reprends des propos peut-être un peu « polémiques », entre guillemets, mais malheureusement l’éthique, le responsable vont marcher le jour où il y aura du business à faire. Tant que les clients ne vont pas basculer dans cette logique-là, ça ne va pas suivre. C’est un peu le cas aussi, je pense, pour certaines approches écologiques où on sent bien que quand il y a du business à faire finalement ça force un peu les gens à basculer.
Frédéric Couchet : D’accord. Avant-dernière question : quel est principal défi, selon toi, pour les entreprises actuellement ? Est-ce que ça reste le recrutement ou est-ce qu’il y a un autre défi ?
Philippe Montargès : Tu as mis le doigt sur le point clef, c’est le recrutement. Plus que le recrutement c’est la capacité, pour les entreprises du Libre, de l’open source, à recruter. J’ai fait l’analogie ce matin et hier au sein de GAIA-X. On parle beaucoup de la croissance de l’économie européenne qui reprend. Beaucoup d’économistes s’inquiètent de la pénurie de semi-conducteurs. Beaucoup d’économistes s’inquiètent de l’augmentation du prix des matières premières. Mais pour notre secteur, la principale menace et le risque de décroissance, en tout cas de croissance moins forte ou qui fasse en sorte que les entreprises n’aillent pas plus vite que ce qu’elles peuvent faire, c’est effectivement le manque de ressources en termes de compétences formées à ces technologies-là.
Par là même c’est un cercle, vraiment pour le coup, pas vertueux, la nécessité de faire appel à des compétences qui se situent en dehors d’Europe. Quand on voit que les Chinois sont capables de produire 300 000 développeurs par an – produire en termes de formation, ce n’est pas un mot très joli –, on n’est pas à ce niveau-là, on est très loin au niveau européen de produire ça. Il y a là vraiment un phénomène qui va générer, je pense, un auto-blocage de la propre croissance de l’économie numérique européenne, notamment open source.
Frédéric Couchet : D’accord. Ça reste toujours le recrutement.
Philippe Montargès : Effectivement. La compétence, la formation, j’allais dire la sensibilisation à la technologie en France dans les études, au niveau scolaire et encore plus que d’habitude, plus encore qu’il y a dix ans quand on en parlait déjà, c’est vital.
Frédéric Couchet : D’accord. Dernière question, réponse courte. Demain la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques vient au salon pour visiter, faire des annonces. Même si tu es peut-être plus concerné par les annonces potentielles de Cédric O, ministre de l’économie numérique [Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique], est-ce que tu attends quelle chose de concret ? Qu’est-ce que tu attends des annonces de Amélie de Montchalin ?
Philippe Montargès : On attend qu’elle confirme un petit peu les propos qu’elle avait tenus dans une lettre qu’elle avait produite je ne sais plus quand, il y a un mois ou deux, comme quoi elle souhaitait effectivement que le logiciel libre soit le choix numéro 1 et que ça soit vraiment par exception qu’un autre choix soit fait. C’est un premier point.
Deuxième engagement, on pense que, dans la transformation du secteur public, il faut qu’elle accélère sur ce sujet qui a été mis en place au niveau de l’Europe et qui est mis en place au niveau français au niveau des OSPO [Open Source Program Offices].
Frédéric Couchet : OSPO, centres de compétence logiciel libre dans les administrations.
Philippe Montargès : J’espère qu’elle va vraiment lancer des choses très concrètes par rapport à ça.
Frédéric Couchet : D’accord On sera à l’écoute des annonces de Amélie de Montchalin demain mercredi au salon.
Merci Philippe.
Philippe Montargès : Merci Frédéric.
Frédéric Couchet : On va enchaîner pas les très loin du CNLL d’ailleurs. On va demander à Son Nguyen Kim de s’installer.
C’était Philippe Montargès qui nous a parlé à la fois du CNLL, du salon et de l’étude économique qu’ils ont faite. Toutes les références sont sur le site libreavous.org. Vous retrouverez le lien vers l’étude du CNLL, sur les aspects économiques.
On va enchaîner sans transition, comme on dit chez les grandes personnes, sur le sujet suivant. Je précise d’ailleurs aux auditeurs et auditrices qui nous écoutent en direct, qui sont pas sur le salon, qu’ils peuvent nous rejoindre sur causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous. S’ils ont des des questions, je les relaierai, mon ordinateur est allumé.
Interview de Catherine Nuel, chargée de mission, CNLL, et de Son Nguyen Kim, SimpleLogin
Frédéric Couchet : Maintenant nous allons parler un petit peu du concours des Acteurs du Libre qui a été remis tout à l’heure en début de salon.
J’ai avec moi Catherine Nuel et Son Nguyen Kim, j’ai mis ton nom en raccourci comme tu avais fait dans tes courriels, qui vont nous présenter ça.
On va commencer par Catherine. Tu es permanente au CNLL dont Philippe a parlé juste à l’instant.
Déjà première question toute simple, c’est quoi le prix des Acteurs du Libre ou le concours des Acteurs du Libre ?
Catherine Nuel : Bonjour. Une présentation rapide, une petite présentation du concours des Acteurs du Libre. On organise ce concours depuis maintenant cinq ans. On a eu une coupure, bien évidemment à cause du Covid, l’année dernière. Ce concours a pour objectif de mettre en lumière certains acteurs de notre milieu open source. Ce qu’on cherche à faire, on veut que ce soit un concours ouvert qui s’adresse à tous les acteurs de l’écosystème quel que soit leur profil, c’est-à-dire éditeur, intégrateur, utilisateur, quelle que soit leur taille, on a des petites structures, des startups, des grands groupes qui candidatent.
Notre idée c’est vraiment que tout l’écosystème soit impliqué. On obtient ça notamment en proposant chaque année au gagnant de faire partie du jury de l’année d’après. Ça nous permet d’avoir de la diversité dans ce jury et d’avoir des points de vue très variés et intéressants.
Si vous le voulez bien je peux vous annoncer les gagnants de cette édition.
Frédéric Couchet : Vas-y, en exclusivité.
Catherine Nuel : Ils ont été révélés lors de la cérémonie, à 13 heures, à l’Open Source Experience, maintenant on peut les mentionner :
- le meilleur projet est revenu à SimpleLogin qui est à côté de moi, qui s’exprimera dans quelques minutes ;
- la meilleure stratégie est revenue à Arawa ;
- le prix du numérique ouvert et éthique a été décerné à Dalibo ;
- le prix du développement commercial à Smile ;
- et enfin le prix spécial du jury a été gagné par la DINUM [Direction interministérielle du numérique] pour son projet Démarches Simplifiées.
Juste pour terminer là-dessus, ce qu’on souhaite faire : on adapte chaque année le concours en fonction des commentaires qu’on reçoit, des propositions d’amélioration. On a notamment reçu des demandes de la part d’acteurs qui ne sont pas basés en France pour pouvoir candidater. Donc on envisage d’élargir le concours et d’offrir un accès aux acteurs non français mais européens. D’autre part, on envisage aussi pour l’année prochaine une catégorie dédiée aux administrations, pas aux collectivités puisque les collectivités ont leur concours, Territoire Numérique Libre, de l’ADULLACT.
Frédéric Couchet : Qui sera remis à 17 heures sur le salon.
Catherine Nuel : Exactement. On aurait une autre catégorie dédiée aux administrations, hors collectivités.
Voilà. Je pense que j’ai fait le tour de la présentation du concours. Un dernier mot pour proposer à tous les acteurs de candidater l’année prochaine. Rendez-vous en 2022.
Frédéric Couchet : J’ai une petite question : est-ce que ce sont uniquement des structures professionnelles ou est-ce que des associations peuvent candidater ?
Catherine Nuel : Les associations peuvent candidater, tout à fait. Associations, entreprises.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc un appel à candidatures publiques, je suppose et ensuite, par rapport aux candidatures qui sont reçues, il y a un jury qui sélectionne les différents projets.
Catherine Nuel : Tout à fait. On a un jury composé de six à dix personnes selon les années. Chaque personne examine une partie des dossiers. Cette année on en a reçu beaucoup donc on avait réparti les dossiers.
Frédéric Couchet : Combien avez-vous reçu de candidatures d’ailleurs ?
Catherine Nuel : Cette année on en avait 20.
Frédéric Couchet : OK. Très bien. Donc on a le plaisir d’avoir l’un des vainqueurs, prix du meilleur projet, si je me souviens bien, pour SimpleLogin, Son Nguyen Kim.
Là tu as un défi, tu vas devoir nous expliquer un petit peu l’intérêt de ce projet. Au-delà du fait qu’il ait gagné un prix, forcément il est bien.
Déjà quel problème souhaites-tu résoudre avec ton projet ? Et qu’est-ce que ton projet propose concrètement ?
Son Nguyen Kim : D’accord. Bonjour à tous.
Pour présenter rapidement le projet, je vais peut-être vous raconter une petite histoire. Il y a deux ans j’ai essayé de faire le nettoyage à fond de ma boîte mail et je me suis rendu compte que j’avais reçus beaucoup de mails sans savoir pourquoi.
Frédéric Couchet : On va faire une petite pause pour laisser les annonces du salon, je pense qu’elles passent en direct, ce n’est pas très grave, c’est surtout qu’on ne t’entendrait plus parler. L’annonce a été faite. Non, ça recommence, c’est la fin, c’est comme à la SNCF. Vas-y, poursuis, excuse-moi, raconte ton histoire de ménage de boîte mail.
Son Nguyen Kim : Il y a deux ans j’ai essayé de faire un grand ménage de ma boîte mail. J’ai vu que j’ai reçu beaucoup de mails sans savoir pourquoi. En fait, je n’avais jamais donné l’autorisation de m’envoyer des mails à ces entreprises-là et pourtant elles m’ont envoyé des mails. Vu que j’ai travaillé pendant plusieurs années dans une entreprise de publicité, je sais que c’est très fréquent que nos données s’achètent en ligne. C’est, en fait, une industrie qui fait plusieurs centaines de milliards d’euros ; ce n’est pas une petite industrie. Donc j’ai créé SimpleLogin pour résoudre ce problème.
La solution qu’on propose est très simple, c’est de créer une adresse mail différente pour chaque site web, donc une adresse mail pour Le Bon Coin, une adresse mail pour Facebook, etc. Si un jour je reçois un mail d’Amazon sur mon adresse mail pour Facebook, je sais que Facebook a vendu mes données à Amazon et, dans ce cas, je peux simplement désactiver l’adresse mail qui est associée à Facebook.
Frédéric Couchet : Si je comprends bien l’idée, c’est finalement pour chaque service que la personne va utiliser, un site web ou autre, d’avoir une adresse mail spécifique, dédiée à ce service, ce qui permet après, effectivement, de tracer l’utilisation de ces données-là, éventuellement de mettre un terme à cette adresse mail. Les gens vont-ils devoir créer manuellement ces adresses mails ? Comment vont-ils faire concrètement ?
Son Nguyen Kim : C’est exactement ça. En ayant des adresses mails différentes pour chaque service on peut tracer l’utilisation de ses données en ligne et c’est très simple de créer ces adresses mails. SimpleLogin est disponible sur toutes les plateformes, sur mobile – iOS, Android – dans le navigateur et c’est même plus facile de créer une adresse mail temporaire que de taper son adresse mail personnelle. Il faut juste cliquer sur un bouton et on aura tout de suite une adresse mail que l’on pourra utiliser.
Frédéric Couchet : Si je comprends bien SimpleLogin ce sont des applications pour téléphone mobile, des extensions pour navigateur web et pour messagerie qui permettent de créer à la volée, à la demande, une adresse mail, ce qu’on appelle un alias d’adresse mail, c’est-à-dire une adresse mail spécifique pour un service. C’est bien ça ?
Son Nguyen Kim : C’est ça. Oui. Par exemple quand vous voulez recevoir une newsletter, dans la partie adresse mail vous avez une petite icône de SimpleLogin, vous cliquez dessus et ça va générer, ça va créer un alias que vous pourrez utiliser immédiatement.
Frédéric Couchet : Je crois qu’aujourd’hui on a beaucoup d’annonces. On va laisser faire les annonces. Tu peux continuer.
Son Nguyen Kim : Tous les mails qui sont envoyés en alias arrivent dans notre boite mail habituelle, que ce soit un Gmail, Yahoo, etc. Il n’y a rien qui change dans nos habitudes. On peut aussi envoyer des mails depuis un alias et du coup, au final, un alias est juste comme une adresse mail normale.
Frédéric Couchet : D’accord. C’est-à-dire que la personne n’a pas besoin de rechercher son alias quand elle va vouloir envoyer à nouveau un courriel à ce même service.
Son Nguyen Kim : C’est ça. Oui.
Frédéric Couchet : J’ai un commentaire sur le salon web de la radio, qui dit « une adresse mail pour chaque service, ça va être compliqué pour les gens ». Combien de personnes utilisent ton service actuellement ?
Son Nguyen Kim : Le concept peut sembler compliqué au début, mais, une fois qu’on l’utilise, c’est très simple. Ce qui est bien avec SimpleLogin c’est qu’on a réussi, finalement, à rendre une technologie qui était réservée aux développeurs, aux technophiles à l’époque, accessible. Ce n’est pas une technologie nouvelle, c’est une technologie qui existe depuis une vingtaine d’années en fait, mais il n’y avait que les développeurs qui l’utilisaient. Maintenant il y a de plus en plus de grand public qui commence à l’utiliser parce que c’est très facile à utiliser et c’est accessible.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc SimpleLogin est développé en logiciel libre. Est-ce que c’est quelque chose que tu développes comme ça, sur ton temps libre, par intérêt, ou est-ce que derrière tu as un modèle économique, peut-être d’abonnement ou autre ? Comment ça marche ?
Son Nguyen Kim : Oui, on a un modèle économique derrière. Le but c’est que SimpleLogin vive avec le temps, donc on a deux abonnements. On a un abonnement gratuit que tout le monde peut utiliser avec lequel on peut créer jusqu’à 15 alias. On a aussi un modèle premium qui coûte 30 dollars par an, qui permet de créer autant d’alias qu’on veut.
Frédéric Couchet : D’accord. Il y a plusieurs modèles d’abonnements. Est-ce qu’il y a une limitation dans le nombre de courriels qui sont envoyés ou dans la bande passante utilisée, c’est-à-dire le transfert de données ? Ou est-ce qu’il n’y a pas de limitation de ce genre ?
Son Nguyen Kim : Il n’y a aucune limite en termes de bande passante ou en termes du nombre de mails. D’ailleurs, si vous avez votre propre nom de domaine, vous pouvez aussi l’ajouter dans SimpleLogin pour créer les alias basés sur votre nom de domaine.
Frédéric Couchet : D’accord. Au niveau de SimpleLogin il y a des serveurs. Est-ce que ces serveurs conservent des données, par exemple les courriels échangés ou autres ? Est-ce qu’il y a des données qui sont conservées ?
Son Nguyen Kim : En fait nous recevons les mails et ensuite nous les redirigeons dans vos boîtes mails habituelles, mais on ne stocke pas les e-mails. Un e-mail est supprimé immédiatement après qu’on l’a reçu. Donc en termes de données privées on ne stocke que très peu de données.
Frédéric Couchet : D’accord. Pourquoi avoir candidaté au prix des Acteurs du Libre ? Qu’est-ce que tu attends de ce prix ? De la visibilité ou autre chose ?
Son Nguyen Kim : Pour être honnête, ça a été une belle surprise pour nous de recevoir le prix. On avait reçu un mail pour candidater, on s’est dit pourquoi pas. On a candidaté. Nous sommes très contents de recevoir le prix parce que ça montre que la solution a été reconnue par le monde open source. C’est une petite récompense pour nous qui nous fait très plaisir.
Frédéric Couchet : D’accord. Catherine tu veux ajouter quelque chose ?
Catherine Nuel : Juste un petit commentaire pour dire que j’ai suivi, pas forcément de très près, les commentaires, mais je sais que le prix a été remis notamment parce que ce qui a été noté chez vous c’est la forte croissance de la communauté derrière qui participe à ce projet.
Frédéric Couchet : De personnes qui utilisent ?
Catherine Nuel : De contributeurs.
Frédéric Couchet : De contributeurs, d’accord.
Catherine Nuel : Il me semble.
Frédéric Couchet : C’est-à-dire que tu n’es pas seul à développer. Tu as des contributeurs et des contributrices externes.
Son Nguyen Kim : C’est ça. Une équipe de quatre personnes travaille sur SimpleLogin. Vu que le code est open source il y a beaucoup de contributeurs, il y a beaucoup de développeurs qui ont contribué à SimpleLogin, c’est ce qui fait la force de la solution.
Frédéric Couchet : J’invite tous les gens qui nous écoutent à aller sur le site simplelogin.io ; il est à la fois en français et en anglais. Il y a notamment des explications par rapport aux alternatives qui existent. C’est un site très complet. Donc outil à tester.
Son, est-ce que tu veux ajouter quelque chose ?
Son Nguyen Kim : Je veux juste ajouter qu’avant on pensait que les solutions open source étaient réservées aux développeurs ou aux entreprises. En fait il y a beaucoup de solutions open source qui sont très accessibles, qui sont faciles à utiliser par le grand public. Je pense que c’est important que les gens comprennent l’importance d’avoir des logiciels open source parce que c’est la transparence. Quand on utilise un logiciel open source on est sûr que ses données privées ne seront pas volées, ne seront pas utilisées à d’autres fins. C’est important que les projets open source soient supportés par le public.
Frédéric Couchet : En tout cas merci. Félicitations pour ce prix.
C’était Catherine Nuel et Son Nguyen Kim.
Catherine Nuel : Merci.
Son Nguyen Kim : Merci beaucoup.
Frédéric Couchet : On va faire une petite pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Nous allons danser un petit peu. Nous allons écouter Sin Papeles par Dieumba/Bass Culture Players. On se retrouve environ dans 3 minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Sin Papeles par Dieumba/Bass Culture Players.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Sin Papeles par Dieumba/Bass Culture Players je crois, j’ai perdu mes notes donc je ne sais plus. En tout cas c’est sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. Vous retrouverez les références sur le site de l’April et sur le site libreavous.org.
[Jingle]
Interview de Amel Charleux, maître de conférences et Gaël Blondelle, vice-président de la Fondation Eclipse Europe
Frédéric Couchet : Nous allons continuer nos interviews du salon Open Source Experience avec Amel Charleux qui est maître de conférences à l’université de Montpellier et Gaël Blondelle qui est vice-président de la Fondation Eclipse Europe, une fondation du logiciel libre, on ne va pas rentrer dans les détails aujourd’hui, mais on en parlera sans doute un jour dans l’émission. Vous êtes tous les deux membres du comité de programme. J’ai le président et une membre du comité de programme. On va plutôt parler du programme.
Première question : comment s’organise un programme sur cet événement qui a, je crois, 200 personnes intervenantes si je me souviens bien. Comment ça fonctionne ? Gaël.
Gaël Blondelle : Cette année, on a un petit peu changé de méthode par rapport aux expériences précédentes. En fait on a beaucoup misé sur faire un vrai CFP.
Frédéric Couchet : CFP ? On est en France.
Gaël Blondelle : Un vrai Call for papers, appel à propositions, pardon. On avait ce site web sur lequel on a reçu plus de 300, voire 400 propositions. On avait le comité de programme avec une vingtaine de personnes qui ont évalué toutes ces propositions, moi je les ai toutes revues. C’était vraiment un investissement personnel important pour chacun des membres du comité de programme, donc je tiens à les remercier. Au final, on a réussi à sélectionner 150 propositions, ce qui était quelque chose d’un peu plus compliqué parce qu’on avait moins de slots que dans les conférences précédentes, mais on obtient un programme qui me semble, du coup, de très bonne qualité, en tout cas je suis hyper-content.
Frédéric Couchet : Donc comité de programme d’une vingtaine de personnes ?
Amel Charleux : Oui, à peu près.
Frédéric Couchet : Chaque personne est en charge d’étudier toutes les propositions ou est-ce qu’il y a des thématiques ? Est-ce que vous vous êtes répartis dans des thématiques ? Amel.
Amel Charleux : C’est réparti effectivement en fonction de nos spécialités, de nos expertises personnelles et individuelles. Par exemple, moi c’était plutôt business, stratégie, écosystème. Donc je pouvais revoir, en tout cas évaluer les propositions, mettre des commentaires, et après il y a eu une réunion globale, générale, où on a fait tout un travail collectif de sélection, commun. On a sélectionné.
Gaël Blondelle : Un élément intéressant c’est qu’on avait une partie très technique, comme d’habitude et, par contre, une partie gouvernance, stratégie open source. Quelque part une des surprises c’est que dans l’appel à propositions on a reçu près de 50 % de propositions qui étaient justement sur ces sujets gouvernance, stratégie, qui, du coup, sont vraiment des sujets importants pour notre écosystème.
Frédéric Couchet : Qui prennent de plus en plus d’ampleur.
Gaël Blondelle : Oui. Ça a toujours été présent mais là, vraiment ! Avoir 50 % des propositions autour de ces sujets gouvernance, stratégie, open science, tout ça, c’est quand même une tendance.
Frédéric Couchet : D’accord. Quelles sont les grandes thématiques des conférences ?
Gaël Blondelle : Je vais regarder mes notes.
Frédéric Couchet : Les notes de Gaël, en fait, c’est un ordinateur il faut le signaler, je ne dirais pas quelle marque ! Vas-y Gaël !
Gaël Blondelle : Je suis désolé ! On a bien sûr tout ce qui est cloud, logiciel d’infrastructure, on a la cybersécurité, on a l’embarqué, l’IoT, le edge computing.
Frédéric Couchet : L’IOT, c’est l’Internet des Objets.
Gaël Blondelle : Internet des objets, l’intelligence artificielle, le edge computing. On a le droit de dire edge computing ?
Frédéric Couchet : Je ne sais même pas comment ça se traduit !
Gaël Blondelle : Ça ne se traduit pas vraiment.
Frédéric Couchet : C’est ça, d’accord. OK ! Tu m’as piégé.
Gaël Blondelle : La robotique. Des trucs vraiment un peu techniques, du géospatial, des choses comme ça. Après, il y a effectivement toute la partie plus gouvernance.
Amel Charleux : Tout à fait. Donc la partie plus écosystème, gouvernance, où on va avoir des thématiques sur les business modèles. C’est quelque chose qui revient finalement tous les ans.
Frédéric Couchet : Tu travailles beaucoup là-dessus si je me souviens bien.
Amel Charleux : Je travaille énormément sur les business modèles, je vais animer certaines sessions justement autour des business modèles, de la stratégie aussi, des choses un peu plus globales, comment amener une stratégie open source dans les grands groupes. Et puis il y a quand même tout un volet retour d’expérience où on a essayé cette année d’avoir vraiment des témoignages.
Frédéric Couchet : D’entreprises clientes, d’administrations ?
Amel Charleux : D’administrations, d’entreprises, de grands groupes qui implémentent de l’open source, qui installent de l’open source. L’Open Source Experience tient son nom et on a vraiment essayé d’avoir du retour d’expérience pour pouvoir inspirer et pouvoir répliquer, créer du mimétisme, créer de l’intérêt et potentiellement intégrer davantage de personnes.
Frédéric Couchet : J’ai une question technique. Je vois que Marie-Odile est sur le salon web, elle fait beaucoup de transcriptions : est-ce que les conférences sont enregistrées, en vidéo ou en audio ?
Gaël Blondelle : Une partie des salles est enregistrée en vidéo et l’autre partie est enregistrée en audio.
Frédéric Couchet : D’accord. Ce sera diffusé après, probablement.
Gaël Blondelle : Il y en qui sont streamées directement. C’est aussi streamé.
Frédéric Couchet : C’est aussi diffusé en direct ? Je ne savais pas.
Gaël Blondelle : Oui, sur la plateforme de l’événement.
Frédéric Couchet : Ceci dit, actuellement personne n’écoute votre direct, tout le monde est ici, sur notre direct !
Gaël Blondelle : Bien sûr !
Frédéric Couchet : Aujourd’hui on est mardi 9, il est 16 heures 20. On va supposer que les gens qui ne sont pas sur le salon ne vont pas venir maintenant, ils vont peut-être venir demain, mercredi 10 novembre. Pour deux types de publics différents, le public vraiment intéressé plutôt par l’aspect technique, etc., et le public plutôt intéressé par l’aspect gouvernance et stratégie, quels sont les temps forts de demain mercredi, Gaël ?
Gaël Blondelle : Demain on a une salle toute la journée sur le cloud, la cybersécurité le matin. On continue sur les thématiques que je viens de citer, qui se retrouvent en fait sur les deux jours. Un élément qui me semble vraiment important, c’est toi qui voulais en parler.
Amel Charleux : Vas-y.
Gaël Blondelle : On a une plénière GreenIT qui me semble être un des temps forts vraiment important de l’événement, qui est demain après-midi. Il ne faut pas rater ça.
Amel Charleux : 14 heures 30.
Gaël Blondelle : Elle doit justifier, à elle seule, le fait de venir à l’événement.
Frédéric Couchet : Dans cette plénière GreenIT la participation même de Agnès Crepet de Fairphone vaut la présence. On l’a eue récemment, il y a deux semaines, avec Gaël Duval, pour parler de Fairphone et de /e/. Je connais Agnès depuis très longtemps, donc venez demain pour l’écouter et les autres intervenants, Tristan Nitot sera là et d’autres.
Amel tu voulais parler principalement de ça ou d’autres thématiques ?
Amel Charleux : GrennIT, mais également une allocution ministérielle, où là, je pense, on va quand même beaucoup parler souveraineté et je pense que ce sera un des temps forts de la journée de demain.
Frédéric Couchet : Qu’est-ce que vous attendez comme annonces ? Tout est possible !
Gaël Blondelle : Qu’on parle d’OSPO, de choses comme.
Frédéric Couchet : OSPO c’est logiciel libre dans les administrations on va dire. Je ne l’ai pas traduit parfaitement en anglais, mais je l’ai traduit en français compréhensible sinon c’est Open Source Program Offices.
Gaël Blondelle : Tout à fait, je suis d’accord avec toi.
J’allais dire pas que dans les administrations. Il y a aujourd’hui des OSPO dans toutes les organisations. C’est vrai que ce qu’on entend, ce dont on entend beaucoup parler en ce moment c’est la thématique autour des administrations.
Frédéric Couchet : Tu as raison. Dans les grandes entreprises, enfin dans les grandes structures, il peut effectivement y avoir ces personnes.
Gaël Blondelle : Aujourd’hui, juste avant de venir vous rejoindre, on avait un panel avec OW2, on a lancé, c’est en anglais, comment le traduire, c’est Open Source Good Governance Handbook, donc le manuel de la bonne gouvernance open source.
Frédéric Couchet : Logiciel libre !
Gaël Blondelle : Logicielle. Voilà. Qu’on a lancé, qu’on a mis en ligne sur le site ospo.zone.
Frédéric Couchet : Une question qui n’a pas à voir avec le comité de programme mais plutôt avec le salon. Le dernier salon de ce genre date d’il y a deux ans, si je me souviens bien, en tout cas à Paris parce qu’il y en a eu à Bordeaux récemment. Est-ce que vous avez vu, peut-être, des différences au niveau du public ? Des évolutions dans le public qui vient ? Est-ce que ce sont les mêmes personnes ? Est-ce que vous avez noté des différences ou pas ? Moi, par exemple, je n’ai pas vu beaucoup d’étudiants ou d’étudiantes sur le salon, pour le moment, alors qu’il y en avait beaucoup avant. Peut-être parce qu’on est mardi et qu’il y en aura plus mercredi. Est-ce que vous avez noté soit des différences par rapport au public qui vient soit par rapport à leurs questions, leurs centres d’intérêt ?
Gaël Blondelle : Ce que j’ai déjà noté c’est qu’il y a beaucoup de public, quand même, et ça c’est plutôt sympa parce qu’on est dans une période où la démarche de se dire je vais aller à un évènement en présentiel n’est pas nécessairement facile ; les gens sont quand même au rendez-vous. Ça c’est important. C’était quand même un peu l’inquiétude avant. Sinon, je n’ai pas eu énormément le temps de discuter avec les gens.
Frédéric Couchet : C’est une question un peu piège qui m’est venue comme ça, vous n’avez pas forcément la réponse.
Amel Charleux : J’ai animé des sessions il y a deux, en 2019, au dernier Paris Open Source Summit ; j’anime également des sessions ici. Je retrouve pas mal de personnes que j’ai déjà rencontrées la fois passée. Donc on va dire qu’il y a des fidèles qui reviennent, qui sont contents de revenir. Après, c’est vrai que sur la population étudiante, il y en a peut-être un peu moins, il faudra faire des statistiques à la fin de la session.
Gaël Blondelle : Je pense qu’on n’est pas très bons là-dessus. On se posait aussi la question ce matin dans la plénière d’ouverture.
Frédéric Couchet : Peut-être qu’il n’y a pas eu de communication dans les universités et autres.
Je te posais la question sur les étudiants et étudiantes parce que c’est vrai qu’historiquement, si tu te souviens bien, on avait toujours une tripotée d’étudiants et d’étudiantes qui arrivaient, meme des fois avec leur CV pour certain et aujourd’hui je n‘en ai pas vu. Peut-être que ce sera demain mercredi, je ne sais pas.
Gaël Blondelle : Peut-être que c’est un élément de comm’ qu’on a moins fait. C’est possible aussi.
Frédéric Couchet : D’accord. Une petite question concernant les intervenants et intervenantes, j’ai un petit peu regardé : comment est prise en compte la diversité dans les intervenants et intervenantes ?
Gaël Blondelle : On avait des objectifs plutôt ambitieux d’avoir 20 ou 30 % d’intervenantes féminines sur le salon. On n’a pas complètement réussi. On a eu des actions spécifiques vers des associations comme Duchess France.
Frédéric Couchet : Dont fait partie notamment Agnès Crepet.
Gaël Blondelle : Exactement. Ou des associations de développeuses. On a essayé autant que faire se peut d’avoir toujours une certaine diversité dans les panels, les tables rondes, etc. C’était un point d’attention, c’est un point sur lequel le résultat n’est pas complètement satisfaisant.
Frédéric Couchet : Amel, là-dessus ?
Amel Charleux : Demain, justement, ceux qui sont intéressés par la diversité dans l’IT, il y a une session open source responsable où on va parler de la place des femmes, de la représentation des femmes dans ce milieu qui est finalement assez masculin, mais on prend de la place. C’est à 16 heures 30 demain, « Comment accueillir plus de femmes dans l’écosystème libre ? », open source responsable.
Frédéric Couchet : Quels étaient les objectifs c’était quoi ? 30 % au moins.
Gaël Blondelle : Oui, on espérait.
Amel Charleux : Au départ c’était 30 %.
Frédéric Couchet : J’ai vérifié, là vous êtes à peu près à 15 %. Après il faut savoir, pour les gens qui nous écoutent, que vous êtes aussi le reflet du milieu dans lequel vous évoluez qui est un milieu très masculin. Nous-mêmes, à la radio, nous avons aussi ce même reflet. On arrive à avoir 30 % d’intervenantes, mais c’est parce qu’il y a vraiment une recherche qui prend beaucoup de temps et qui est nécessaire. On part aussi de loin parce que dans le milieu de l’informatique, notamment libre, c’est plutôt 5 ou 6 % des femmes. C’est une démarche qui est importante mais qui n’est pas forcément évidente.
Amel Charleux : Pour le futur de l’Open Source Experience, il me semble que ce qui serait vraiment bien c’est de continuer ce travail sur la représentation des femmes, la diversité justement dans la communauté dans laquelle on évolue, qu’on souhaite représenter, mais aussi travailler, peut-être, au niveau européen. Là on pourra, éventuellement peut-être, agréger davantage de mixité à un niveau plus global, au-delà de la France et essayer d’amener des intervenantes.
Frédéric Couchet : En tout cas Marie-Odile, sur le salon, salue l’effort qui est fait.
Amel Charleux : Merci.
Frédéric Couchet : Est-ce que vous avez envie de rajouter quelque chose par rapport au salon ? Une question : qu’est-ce que ça vous fait de revenir dans un salon ? Tout à l’heure tu disais « un salon, un évènement public, avec masque, dans des conditions un peu particulières », qu’est-ce que ça vous a fait de revenir dans un tel salon aujourd’hui ?
Gaël Blondelle : C’est cool !
Frédéric Couchet : C’est cool.
Amel Charleux : Un grand plaisir.
Frédéric Couchet : Je peux vous dire que je vois les sourires parce que, exceptionnellement pour l’interview, ils ont enlevé les masques. Donc ça fait plaisir ?
Amel Charleux : Oui, énormément.
Frédéric Couchet : Et vous sentez que le public aussi est content de revenir finalement et les intervenants et intervenantes aussi.
Gaël Blondelle : Oui. Je pense que c’est intéressant aussi en tant qu’intervenants. Ça fait quand même 18 mois pendant lesquels on n’a fait que du BigBlueButton ou du Zoom. Voir des gens en vrai c’est bien. Après. il faut se réhabituer à parler devant des gens, de vrais gens. Ce n’est pas évident !
Amel Charleux : Tout le monde n’était pas forcément ravi. Il y en a qui disaient « Hou là, là, ça fait presque mal de voir tout ce monde-là ! »
Frédéric Couchet : Le problème c’est qu’avec les masques et deux ans de plus, certains ont peut-être pris des cheveux blancs ou autre, des fois on ne reconnaît pas forcément tout le monde.
Dernière question : est-ce que vous avez envie de rajouter quelque chose sur le programme, sur l’évènement, ou sur autre chose, si vous avez envie de parler d’autre chose en une minute ou deux ? Gaël.
Gaël Blondelle : Je voudrais juste ajouter une chose. Aujourd’hui on a un événement qui est colocalisé avec le SIDO qui est aussi un événement sur l’Internet des Objets, l’intelligence artificielle, etc. Côté SIDO il y a certainement aussi de l’open source, en tout cas ce n’est pas ce dont ils parlent. Je pense que c’est intéressant, de mon point de vue, pour l’Open Source Experience, parce que ça nous permet malgré tout aussi d’être ici, d’être au Palais des Congrès.
Frédéric Couchet : Est-ce que je peux poser une question financière ? Pas forcément financière parce que tu n’es pas organisateur. La question que je me pose c’est que le fait d’être au Palais des Congrès c’est parce que le SIDO était à côté avec peut-être un peu de place, ce qui a permis aux organisateurs de se dire, finalement, on organise deux salons au même endroit.
Gaël Blondelle : C’est un deal avec les organisateurs du SIDO. Eux voulaient faire quelque chose et on a fait un deal avec eux pour avoir l’Open Source Experience en même temps que le SIDO. Je pense que c’est un bon deal pour tout le mondeparce qu’on est au Palais des Congrès, au centre de Paris.
Frédéric Couchet : Il y a ça. Une petite remarque : il aurait peut-être fallu avoir une signalétique un peu plus précise pour que les gens sachent dans quel salon. Par contre, ce qui est effectivement positif, c’est que plusieurs personnes sont venues sur notre stand. À chaque fois je leur posais la question « est-ce que vous venez sur le salon logiciel libre ? » et beaucoup ne savaient pas qu’elles étaient sur un salon logiciel libre parce qu’elles étaient venues initialement pour le salon SIDO. En fait, ça fait venir du monde. C’est très bien.
Gaël Blondelle : Ça fait partie des choses dont on a discuté avec les organisateurs. L’entrée se fait côté Open Source.
Frédéric Couchet : L’entrée des deux salons ?
Gaël Blondelle : L’entrée de tout le salon se fait côté Open Source. Donc ils arrivent tous ici en fait.
Frédéric Couchet : Vous êtes trop forts.
Amel Charleux : Ils sont piégés en fait.
Frédéric Couchet : Ils sont piégés. OK. Très bien. Et toi, Amel, est-ce que tu veux rajouter quelque chose.
Amel Charleux : Cette remarque sur la collocation SIDO qui n’est pas open source et l’Open Source Experience me permet d’ouvrir sur quelque chose que je trouve vraiment intéressant. On a passé une période de Covid. On a vu des laboratoires pharmaceutiques se mobiliser, s’ouvrir, travailler en collaboration. Je pense que ce qui est intéressant pour l’open source maintenant qu’on se connaît dans l’IT, etc., ce qui est bien c’est d’arriver à exporter le modèle dans des secteurs qui, par ailleurs, ne font pas forcément naturellement de l’open source comme la pharmacie, comme d’autres industries, et je pense que c’est déjà un bon pas de commencer à faire des salons avec des organisations qui ne sont pas nativement open source.
Frédéric Couchet : Belle conclusion. C’était Amel Charleux et Gaël Blondelle. Je vous remercie.
Amel Charleux : Merci à vous.
Gaël Blondelle : Merci. À bientôt.
Frédéric Couchet : À bientôt et bonne continuation de salon.
Amel Charleux : Merci. Au revoir.
Interview de Magali Garnero alias Bookynette, administratrice de l’April et Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April
Frédéric Couchet : On fait tout en direct. On va inviter nos deux intervenantes pour le sujet suivant avant de faire tout à l’heure une pause musicale. Que je vous raconte, elles sont en train de s’installer, je vous raconte tout en direct. Il y en a une qui sort une bouteille d’eau, l’autre qui discute, ce n’est pas comme si on était en direct, mais ce n’est pas grave ! Je suis en face de toi, donc tu m’entendras. OK. Donc, Mesdames.
Magali Garnero : Monsieur !
Frédéric Couchet : Magali Garnero, alias Bookynette.
Magali Garnero : Salut.
Frédéric Couchet : Salut Magali. Isabella Vanni alias Isa. Salut Isa.
Isabella Vanni : Bonjour.
Frédéric Couchet : Magali, tu es multi-casquettes associatives, Framasoft, April, etc. Isabella, tu es ma collègue en charge de la vie associative et responsable projets à l’April.
Magali tu t’es particulièrement occupée du village associatif du salon, on va dire, c’est-à-dire de trouver un petit peu les exposants qui voudraient participer, parce qu’une spécificité de ce salon, qui existe depuis le début des salons logiciel libre à Paris, c’est qu’en fait il y a un village associatif dans lequel les associations sont invitées gratuitement, c’est-à-dire qu’on ne paye pas pour le stand. Première question : comment s’est passée l’organisation de ce village associatif ? Est-ce que les associations se sont déclarées elles-mêmes ? Comment le choix s’est-il fait ? Comment s’organise un tel village ?
Magali Garnero : Il existe une mailing-list, qui s’appelle village-assoces chez lists.parinux.org, sur laquelle les associations peuvent s’inscrire. Quand elles sont inscrites, une fois par an elles reçoivent un petit mail disant « coucou, il y a un salon qui s’organise ; si vous voulez participer, inscrivez-vous ». Souvent elles s’inscrivent soit par mail, soit, cette année par exemple, en allant sur le formulaire de contact de l’événement. Ensuite on récupère toutes les inscriptions et, si je puis dire, on trie pour savoir s’il y aura de la place pour tout le monde – ça peut être un espoir un peu déçu. Ensuite les associations sont contactées par l’événement et on leur attribue un stand. Le plus amusant c’est quand je fais le plan des stands pour savoir qui je mets à côté de qui.
Frédéric Couchet : D’ailleurs j’ai vu que certains stands étaient l’un à côté de l’autre on va dire pour des raisons personnelles, des personnes qui animent.
Pourquoi les associations viennent-elles sur ce genre de stand ? Que viennent-elles y chercher ?
Magali Garnero : De la visibilité, mais aussi des contacts avec des gens qui ont envie de les voir. Des fois c’est juste pour faire coucou aux copains qu’on n’a pas vus depuis deux ans puisque l’année dernière il n’y a pas eu de salon. Et c’est souvent quand on se rencontre que des projets naissent.
Frédéric Couchet : D’accord.
Isabella, ça fait plusieurs années que tu t’occupes notamment de la préparation et de l’organisation du stand de l’April. Première question : par rapport à toi et aux bénévoles, est-ce qu’il y avait une sorte de plaisir ou d’excitation à revenir sur un salon ou, au contraire, est-ce qu’il y avait de l’inquiétude ? Peut-être les deux mélangés, je ne sais pas.
Isabella Vanni : Je n’ai pas vu du tout d’inquiétude, j’ai vu beaucoup d’enthousiasme. Il y a plein de bénévoles qui ont répondu à l’appel que j’ai fait, je n’ai même pas eu besoin d’en faire un deuxième. Sur le stand, comme d’habitude, ils étaient souriants, contents d’être là. Plein de gens sont passés sur le stand, sont venus régler leur cotisation, parce qu’il y en a ont envie de profiter de ces événements-là pour nous faire un coucou et pour payer leur cotisation. Donc non, aucune trace d’inquiétude, que du bonheur !
Frédéric Couchet : D’accord. Que du bonheur !
Tout à l’heure je demandais à Amel et Gaël s‘il y avait un sentiment par rapport à la typologie du public qui visite le salon. Je vous pose un peu la même question. Ça fait plusieurs années que, toutes les deux, vous participez à des salons. Est-ce que vous avez senti un changement par rapport aux gens qui viennent que ce soit en termes de profils, en termes de questions, en termes de connaissances par rapport au logiciel libre ? Qui veut commencer ? Isabella.
Isabella Vanni : Pour l’instant je n’ai pas été énormément sur le stand parce que, en tant que organisatrice de la participation de l’April, je bouge aussi beaucoup. J’ai vu des adhérents de l’April, j’ai vu des gens qui ne sont pas adhérents mais qui connaissent déjà le logiciel libre, l’April, il n‘y a pas de souci. Il y a aussi des entreprises qui se sont rapprochées. Peut-être que j’ai vu moins de jeunes. On avait peut-être des étudiants…
Frédéric Couchet : C’est justement ce que je disais tout à l’heure à Gaël et Amel.
Isabella Vanni : Oui. On verra, c’est peut-être tôt pour le dire, il faudra voir demain, c’est peut-être ça la différence que j’ai vue.
Magali Garnero : Les étudiants qu’on voyait les années précédentes ont grandi. Ils ont monté leur SCIC ou leur SCOP ou ils travaillent dans des entreprises ou ils cherchent du boulot. Il y a cette continuité qui est toujours là, mais effectivement il y a beaucoup moins d’étudiants. Par contre, les profils sont toujours un peu les mêmes. On a vu des agents publics, on a vu des geeks, on a vu des informaticiens, on a vu plein de gens. On a vu aussi plein de copains qu’on n’avait pas vus.
Frédéric Couchet : D’accord. Demain mercredi 10 novembre de 12 heures 30 à 13 heures 15, il y a un temps associatif qui s’appelle SEXION d’ASSO. Quand je lis la description : « linuxFr.org qui est un site d’actualité du logiciel libre, April, Framasoft, qui sont deux associations bien connues du monde du logiciel libre, et tous leurs acolytes libristes vous proposent, sur l’heure de déjeuner, un panorama sympathico-ludique des associations du Libre ». Magali, c’est toi qui organises ce truc-là, enfin qui coorganises, qu’est-ce que ça va être ce machin ?
Magali Garnero : Je coorganise. Ça va être trois quarts d’heure de moments sympas. Le premier quart d’heure va être une rétrospective de toutes les associations qui ont eu la gentillesse de venir à l’Open Source Experience. Après on va avoir 15 minutes de musique, je pense que Clément va nous jouer de la guitare.
Frédéric Couchet : KPTN, qu’on a eu tout à l’heure, va refaire un mini-concert.
Magali Garnero : Voilà, et puis les 15 dernières minutes ce sera le moment quiz où on posera des questions et on fera des lots comme des livres ou même une trottinette électrique. Donc il faut venir. Il faut se priver de manger et venir pour ces 45 minutes merveilleuses avec nous. Ce sera un vrai moment fort.
Frédéric Couchet : Tu veux dire que vous n’avez pas prévu de repas pour les gens qui vont venir ! Moi qui n’ai toujours pas mangé depuis tout à l’heure !
[Rires]
Frédéric Couchet : Plus sérieusement, c’est entre 12 heures 30 et 13 heures 15 demain. C’est en quelle salle ? Tu ne sais pas. OK. Gaël et Amel étaient beaucoup plus professionnels puisqu’ils avaient leur programme sous les yeux.
Isabella Vanni : Je crois que c’est la salle Maillot.
Frédéric Couchet : C’est la salle Maillot, donc la grande salle. Ça aurait pu être la salle ketchup ! Non !
Magali Garnero : Il suffit de suivre le mouvement.
Frédéric Couchet : Tu as vu, j’ai réussi à passer du Burger quiz.
Plus sérieusement, tu as pu caser toutes les associations qui étaient candidates ?
Magali Garnero : Non, on n’a pas pu caser tout le monde parce qu’on n’avait que 15 places au départ et on a eu plus d’une trentaine d’inscriptions, donc il a fallu faire un choix. C’était tellement compliqué qu’on est passé de 15 à 18. Je remercie l’organisation pour les trois stands supplémentaires qui nous ont été accordés. Il a fallu faire un choix. Tous les groupes d’utilisateurs de logiciel libre ont été refusés, donc Parinux, par exemple, n’était pas là puisqu’on a estimé que c’était plutôt entreprises ou plutôt, comment dire, international. Après on a demandé à des associations si elles acceptaient de partager des stands. Il y en a qui ont accepté, il y en a qui n’ont pas accepté. Le choix s’est fait tout seul en fait.
Frédéric Couchet : Est-ce qu’il y a de nouvelles associations par rapport aux dernières éditions ? C’est un peu une question piège, je viens d’y penser. Je n’ai pas l’impression.
Magali Garnero : Je ne crois pas. Logiquement il y avait une association nouvelle qui devait être là et, finalement, je ne l’ai pas vue sur le plan final, sur le plan qu’on m’a remis dernièrement, donc je pense que non, ça a été remplacé par d’autres.
Frédéric Couchet : On va préciser que sur les stands les gens peuvent aussi récupérer des auto-collants, etc., et de super tee-shirts. J’ai acheté, par exemple, un sweat de Debian qui est magnifique, mais il n’en reste plus beaucoup.
Magali Garnero : Dépêchez-vous !
Frédéric Couchet : Dépêchez-vous !
Isabella, même si tu m’as dit que tu n’avais pas été très souvent sur le stand de l’April pour le moment, est-ce que tu sais s’il y a des questions qui reviennent régulièrement ou des questionnements, des centres d’intérêt particuliers pour les personnes qui visitent ?
Isabella Vanni : On nous a un petit peu sollicités sur notre communication. Les gens étaient contents de voir qu’on avait de nouvelles choses à proposer.
Frédéric Couchet : C’est très marrant parce que sur le salon web Antoine, qui est notre graphiste, demandait si les plaquettes sont bien imprimées ; je lui ai répondu oui.
Isabella Vanni : Non seulement les plaquettes sont bien imprimées, mais toutes les personnes qui les ont vues ont dit « c’est super bien ça ! »
Frédéric Couchet : Donc on remercie Antoine Bardelli, qui est notre graphiste bénévole.
Isabella Vanni : Ah oui. Beaucoup de remerciements à Antoine qui, en plus, a travaillé dans l’urgence et il a été génial. On est super contents.
Frédéric Couchet : Des fois, dans l’urgence, il fait des trucs bizarres ! J’en profite parce que je vois aussi Vincent Calame qui est encore là, qui était en chronique tout à l’heure, pour dire au sujet du nouveau site web libreavous.org, dont je vais parler tout à l’heure, que le design c’est Antoine Bardelli, la mise en œuvre sous SPIP c’est Jean Galland et Vincent Calame. Jean Galland interviendra le 23 novembre dans une émission consacrée à SPIP. Je les remercie grandement.
Je regarde l’heure, parce qu’on va bientot faire une pause musicale, mais on a éventuellement encore quelques minutes et, de toute façon, pour après on n’a pas de sujet. Si vous trouvez des gens qui ont envie de parler, notamment des gens qui visitent les stands, les expos, et qui ont envie de parler, n’hésitez pas. On va faire une petite pause musicale.
Le fait d’avoir un salon à côté, ce que disait Gaël Blondelle tout à l’heure, le salon SIDO, fait venir du monde différent. Est-ce que vous avez vu ça sur les stands ? Moi je l’ai un peu constaté.
Magali Garnero : J’ai vu des gens qui avaient des badges SIDO, qui ne venaient pas forcément pour nous, et qui sont arrivés jusqu’au village. Donc déjà qu’ils soient au salon Open Source Experience c’est bien, mais qu’ils arrivent jusqu’à nous c’est miraculeux !
Isabella Vanni : Il y a de bonnes ondes au village, donc c’est normal.
Frédéric Couchet : Il y a de bonnes ondes, d’accord.
Magali Garnero : Il y a surtout une chaleur !
Frédéric Couchet : Il y a une grosse chaleur. Surtout avec les masques, il y a aussi de la buée sur les lunettes, on est trois à avoir des lunettes !
Magali Garnero : Oui, ça ramène des gens et des gens qui ne connaissent pas forcément le logiciel libre. J’ai quand même dû expliquer deux/trois fois les quatre libertés. Du coup ça nous permet aussi d’aller voir de nouveaux stands qu’on ne connaissait pas et c’est très instructif.
Isabella Vanni : Par ailleurs, demain mercredi, nous allons faire notre ronde, notre promenade annuelle, traditionnelle, c’est-à-dire que nous allons remercier personnellement toutes les entreprises qui sont membres de l’April et qui sont présentes sur le salon. On va leur remettre le panneau membre April si elles ne l’ont pas, si elles l’ont oublié, ça arrive, et c’est aussi l’occasion de faire connaître l’April à de nouvelles entreprises.
Magali Garnero : Et de les motiver pour qu’elles deviennent adhérentes.
Isabella Vanni : Tout à fait.
Frédéric Couchet : Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter sur la partie village associatif ou sur autre chose, je ne sais pas ?
Isabella Vanni : On a raté les glaces. On est un peu déçues !
Frédéric Couchet : Je n’ai pas entendu ! Vous avez raté quoi ?
Magali Garnero : Une entreprise [Hybird] distribuait des glaces, nous sommes arrivées trop tard, il n’y en avait plus. On a fait les yeux doux, on espère en avoir demain matin.
Frédéric Couchet : Sinon il y a des entreprises qui ont des bières. On remercie Worteks de nous avoir apporté deux bières pour Étienne et moi.
Magali Garnero : Oui, mais on préfère les glaces !
Frédéric Couchet : Je sais !
C’était Magali Garnero et Isabella Vanni pour la partie village associatif. Je vous remercie.
On va faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : On va encore danser avec un groupe que j’adore, qui s’appelle The Freak Fandango Orchestra. On va écouter Late as usual. On se retrouve dans 3 minutes 30. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Late as usual par The Freak Fandango Orchestra.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Late as usual par The Freak Fandango Orchestra, titre disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions. J’en profite pour signaler que le groupe The Freak Fandango Orchestra a sorti un nouvel album, un projet parallèle qui s’appelle Two Bullets For The Devil, dont le style est très différent de sa musique habituelle que nous venons d’écouter. Un extrait de leur description : « C’est comme être dans un film de Sergio Leone en écoutant les Ramones et en buvant de la bière blonde pas chère », je précise que les Ramones est un groupe formé dans les années 70 qui est cité comme le premier groupe de punk rock.
[Jingle]
Interview de Nathalie Soetaert de Primtux
Frédéric Couchet : Nous allons changer de sujet et nous allons improviser. Comme on était un petit peu en avance, Magali nous a trouvé une intervenante, Nathalie, qui va nous parler de Primtux.
Primtux, c’est quoi Nathalie ?
Nathalie Soetaert : Bonjour à tous.
Primtux est une distribution éducative qui est développée pour les familles et pour les établissements scolaires. On peut l’utiliser aussi en IME [Institut Médico-Educatif] et en association.
C’est quoi ? C’est une distribution sur laquelle vous allez trouver un système d’exploitation complet. Vous récupérez un ordinateur qui date de 2003, à partir de cette date-là. Il vous faut très peu de capacité mémoire, 62, et vous pouvez installer dessus quelque chose qui va vous permettre de faire travailler vos élèves en français, en mathématiques, en logique, en programmation. Les programmes sont inclus à l’intérieur, tout est importé. Les enfants sont donc un environnement sécurisé.
C’est de la ludo-pédagogie parce que tout ça ce sont des jeux, ce sont des jeux que vous connaissez. La logithèque comprend, par exemple, Abuledu, elle comprend des pragmactivités, etc. Mais vous avez aussi de quoi faire du traitement de texte, de quoi faire de la musique, de quoi faire du film, du montage vidéo. En fait, elle est suffisamment complète pour se suffire à elle-même jusqu’à l’âge de 12/13 ans. Donc les enfants ne vont pas sur le Web. Ça fonctionne avec Qwant et Qwant permet de sécuriser.
Frédéric Couchet : Qwant, le moteur de recherche.
Nathalie Soetaert : Le moteur de recherche Qwant, exactement, qui permet de filtrer nativement, a été renforcé pour que les jeunes enfants puissent aller dessus. Il y a même, et c’est là que c’est formidable, un HandyMenu. L’HandyMenu permet à des parents, des enfants ou des adultes « Dys » de disposer d’un système de lecture et d’écriture amélioré et simplifié.
Voilà ce qu’on peut faire.
Dedans il y a des choses vraiment très diverses. Je m’en sers en tant que médiatrice en formation pour des adultes qui sont allophones, pour des gens qui sont en retour à l’écriture, mais on peut s’en servir avec de très jeunes enfants à partir de trois ans : comment je manipule la souris, comment je manipule le clavier. On peut aussi apprendre dessus à travailler en équipe, à plusieurs : on fait des puzzles, des JClic, on s’en sert en process de neuro-scientisation des apprentissages en temps de mémorisation trois, six, neuf : je présente l’information à trois jours, à neuf jours, etc., et je peux préparer à nouveau des parcours pour mes enfants, pour mes élèves, et je peux regarder leur progression et leur bénéfice.
Frédéric Couchet : D’accord. Comment utilise-t-on, comment installe-t-on cette distribution ? On va sur un site web et on récupère ?
Nathalie Soetaert : Tout à fait. Une ISO.
Frédéric Couchet : Une image ISO qu’on met sur clef USB et qu’on installe ensuite sur l’ordinateur ou est-ce ça fonctionne ?
Nathalie Soetaert : Les deux. Les deux mon capitaine !
Quand vous êtes sur https://primtux.fr vous avez la possibilité de récupérer une image ISO. Cette image ISO vous la prenez, vous la mettez sur une clef ou sur un cédérom – comme vous souhaitez – si vous encore un lecteur de cédérom. Ensuite vous la déployez, vous la mettez sur votre machine. Soit vous la mettez en résidente, soit vous la laissez sur la clef et vous faites ce qu’on appelle une clef bootable. Donc n’importe où vous allez avec vos enfants, ils vont pouvoir travailler, retrouver leurs environnements. Si la clef est suffisamment grande, vous pouvez même stocker le travail des enfants dessus, la rédaction à préparer, l’exercice de mathématiques et vous pouvez travailler en complément avec l’ENT libre qui fonctionne aussi dessus.
Frédéric Couchet : D’accord. Primtux est une distribution qui est faite par qui en fait ?
Nathalie Soetaert : Par des passionnés et je veux ici les remercier.
Frédéric Couchet : Des passionnés français. Donc c’est fait en France.
Nathalie Soetaert : Oui, pardon mon bon Monsieur, c’est dans ch’Nord.
Frédéric Couchet : Dans ch’Nord en plus !
Nathalie Soetaert : Ils ne sont pas tous du Nord.
Frédéric Couchet : Sérieusement, c’est fait par une association, par un groupe ?
Nathalie Soetaert : C’est fait par cinq personnes. Un monsieur qui s’appelle Stéphane Deudon, qui est à la base directeur d’école primaire, à Calais, il était comme moi en REP +.
Frédéric Couchet : Donc c’est pour ses besoins qu’il a commencé à faire cette distribution.
Nathalie Soetaert : Il a commencé à faire cette distribution, il a dit c’est trop bien et il a continué. Après Philippe l’a rejoint, il y a moza – un jour je vais apprendre le nom de cette personne, je ne sais pas comment elle s’appelle dans la vraie vie –, il y a Cyrille, il y a Marc Hépiègne avec nous, il y a le ch’ti5933. C’est comme les fourmis chez nous. On est trop nombreux sur la zone du coup on n’a plus de noms on a des pseudos et on a des numéros. Il y a aussi Philippe Hénaff. Il y a énormément de gens qui participent, mais le noyau dur ce sont cinq personnes le soir, le samedi, le dimanche, les vacances. En fait ces gens-là se réunissent et font avancer la distribution. Avec Marc Hépiègne et d’autres personnes nous la posons dans les écoles.
Comment ça fonctionne ? Une enseignante ou un enseignant téléphone et nous dit « j’ai besoin de quelque chose dans mon école, je n’ai pas d’ordi. Est-ce que vous pouvez nous trouver un ordi ? ». On leur dit oui, on leur dit non. S’ils ont des vieux ordis au fond de la classe, on les prend, on les formate, on installe la distribution et moi je les forme pédagogiquement à l’usage.
Frédéric Couchet : Quand tu dis les écoles, ce sont les écoles autour de l’Oise ? Dans l’Oise ?
Nathalie Soetaert : Pas seulement. Il y en a sur toute la France. Sur le site primtux.fr vous allez trouver une carte. Sur la carte vous avez les endroits où il y a les gens qui l’utilisent. Il y a des gens qui acceptent de vous aider à l’installer.
Frédéric Couchet : Des personnes ressources.
Nathalie Soetaert : Des personnes ressources et il y en a sur toute la France. Et là on le développe sur le réseau Canopé pour que ça puisse arriver partout.
Frédéric Couchet : Super. Si on veut vous rencontrer physiquement au salon Open Source Experience au Palais des Congrès c’est aujourd’hui et demain mercredi 10 novembre, vous êtes dans le village associatif.
Nathalie Soetaert : A05.
Frédéric Couchet : Ao5. Merci Nathalie.
Nathalie Soetaert : Je vous en prie.
Frédéric Couchet : Je répète primtux.fr. C’était Nathalie qui est membre de ce collectif en tout cas de personnes qui développent.
Bonne fin de salon Nathalie.
Nathalie Soetaert : Merci.
Frédéric Couchet : Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces.
[Virgule musicale]
Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre
Frédéric Couchet : Nous allons terminer par quelques annonces assez rapidement.
Je vais déjà essayer de transférer le micro à Étienne qui va intervenir après.
Je vous disais tout à l’heure en introduction de l’émission que nous avons ouvert un site web dédié à l’émission. Le but c’est de rendre les émissions Libre à vous ! encore plus visibles. L’adresse du site web c’est libreavous.org tout simplement. Il a été mis en place avec le système de gestion de contenus libre SPIP. Nous parlerons de SPIP dans l’émission du 23 novembre 2021 notamment avec Jean Galland, l’un des trois bénévoles, les autres sont Vincent Calame et Antoine Bardelli, qui ont mis en place ce site, avec également deux autres personnes de l’équipe SPIP, donc rendez-vous le 23 novembre.
Vous y trouverez plus de 120 émissions découpées en sujets individuels, avec gestion des chapitrages, de la vitesse de lecture. Vous pouvez également noter ou commenter les différents podcasts et c’est important de recevoir des retours parce qu’on parle à la radio, on parle devant un micro, on n’a pas de gens en face de soi pour nous faire des retours – aujourd’hui c’est exceptionnel, on en a. C’est important pour nous d’avoir des retours par rapport aux propos tenus et aussi des suggestions. Je vous rappelle le nom du site libreavous.org.
Avant d’oublier je vais répondre à la question du quiz. Je vous la rappelle : deux entreprises du Libre fêtent respectivement leurs 15 et 10 ans en cette fin d’année. Quelles sont-elles ?
La première, on l’a dit tout à l’heure, c’est Alterway qui fête ses 15 ans, la seconde c’est Inno3 qui fête ses 10 ans.
La deuxième question c’est quelle association francophone libriste va fêter ses 25 ans en cette fin d’année ? C’est tout simplement l’April : déclaration à la préfecture le 20 novembre 1996 et publication au Journal officiel le 18 décembre 1996. J’en profite aussi pour passer une pensée amicale à nos amis du GCU Squad !. Ce collectif, qui fête également ses 25 ans, a animé de nombreux salons logiciel libre mais malheureusement, depuis quelques années, n’est plus présent.
Dernière annonce musicale avant de passer la parole à Étienne. Stone From The Sky, un groupe français de stoner qui publie en licence libre, sort un nouvel album début novembre. Certains titres sont déjà disponibles. Le groupe publie sa musique sous licence libre et vous pouvez écouter ou lire la transcription de l’échange avec Dimitri Even dans Libre à vous !, c’est l’émission numéro 39. Pour la retrouver c’est facile, vous allez sur libreavous#39 et sur la page de l’émission libreavous.org vous trouverez un lien vers le nouvel album de Stone From The Sky. C’est assez rare de trouver du stoner libre.
Dernières annonces et après je passe la parole à Étienne.
Demain mercredi 10 novembre deux conférences April « Bénévalibre, une réussite collective », à 9 heures 30 par ma collègue Isabella Vanni et deuxième conférence « Promouvoir et défendre le logiciel libre avec l’April », une conférence d’Étienne Gonnu et Isabella Vanni, pareil, mercredi 10 novembre à 10 heures 30 au salon Open Source Experience.
Tous les autres événements sur l’Agenda du Libre.
Dernière annonce, je commence à arriver à la fin de ma voix, tout à l’heure, à 17 heures, il y a la remise des trophées du Territoire Numérique Libre. Étienne tu as eu le grand plaisir d’assister au jury. Est-ce que tu peux nous donner quelques éléments avant même la remise des prix ?
Étienne Gonnu : On va profiter de Libre à vous pour faire quelques exclusivités. Effectivement je représente l’April au sein de ce label Territoire Numérique Libre qui est un label initié par l’association ADULLACT, une association libriste tournée vers les collectivités territoriales. Depuis six ans, avec d’autres associations, nous étudions les dossiers de candidature des collectivités qui œuvrent pour l’informatique libre au sein de leur collectivité.
C’est vrai que nous sommes dans le contexte de la pandémie. On a pu le noter notamment dans les contributions, ça fait maintenant partie des actions des collectivités. Le questionnaire a été mis à jour, c’était une des volontés du jury, pour refléter, on va dire, les pratiques responsables notamment tournées vers ce qu’on appelle une informatique plus responsable donc également plus durable. Donc une évolution du questionnaire qui s’est notamment traduite effectivement par une notation on va dire un peu plus rigoureuse, mais ça traduit peut-être aussi, je pense, plus à fond l’exigence qu’on peut avoir, depuis six ans les exigences augmentent. En tout cas les collectivités étaient au rendez-vous avec notamment de très belles candidatures.
Je retiens bien sûr, on va dire en annonce exclusive, celle d’Abbeville dans la Somme. Une excellente candidature déjà par sa qualité rédactionnelle, c’était vraiment très agréable à lire. Ils font beaucoup de très belles choses. Il y a ce que font les collectivités en interne, on va dire dans leurs pratiques de tous les jours, dans les logiciels métiers, sur les postes de travail de leurs agents, et puis ce qu’elles font tourné vers les citoyens et les citoyennes et Abbeville était très bien sur ces deux aspects. Elle a atteint le niveau maximal, le label 5 du Territoire Numérique Libre, le label TNL fonctionnant de 1 à 5. Félicitations à Abbeville.
Félicitations également au village de Lettret qui a candidaté, qui a un label 2, mais c’est une très belle réussite, c’est un village de 180 âmes, donc félicitations à Lettret pour ses actions.
Frédéric Couchet : Merci Étienne et le reste des récompenses pour ce label à partir de 17 heures au salon, sinon sur le site territoire-numerique-libre.org. Vous retrouverez évidemment les références aussi sur le site de l’émission libreavouis.org.
Notre émission se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour : Vincent Calame, Clément Oudot dit KPTN, Philippe Montargès, Catherine Nuel, Son Nguyen Kim, Gaël Blondelle, Amel Charleux, Magali Garnero, Isabella Vanni, Nathalie Soetaert.
Aux manettes de la régie aujourd’hui Étienne Gonnu qui a assuré comme un chef la première régie mobile.
Cette émission est rendue possible grâce à une équipe en or, notamment pour la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, Quentin Gibeaux, bénévoles à l’April, et bien sûr l’incroyable Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Vous retrouverez sur le tout nouveau site web de l’émission, le tout nouveau site web tout beau fait avec SPIP, avec amour, libreavous.org, toutes les références utiles, ainsi, évidemment, que sur le site de la radio, causecommune.fm.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question, nous y répondrons directement lors d’une prochaine émission.
Toutes vos remarques et vos questions sont les bienvenues à l’adresse bonjour chez libreavous.org.
Le site web de l’April reste toujours april.org, c’est le prochain site qui va être migré en SPIP, je le signale tout de suite à Antoine qui doit encore nous écouter.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles. Il y a de nombreuses émissions qui arrivent sur l’antenne cette semaine sur la radio la voix des possibles, n’hésitez pas à vous connecter, causecommune.fm.
Notre prochaine émission n’aura pas lieu en public mais en direct, comme toujours, depuis le studio de la radio mardi 16 novembre 2021 à 15 heures 30. Nous sujet principal portera sur Garradin, il faut dire « Garradine », OK, un logiciel libre de gestion d’association, animé par Laurent Costy et préparé par Isabelle Vanni.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée et une belle fin de salon. On se retrouve en direct mardi 16 novembre et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh tone par Realaze.