Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes, bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une heure trente d’information et d’échanges sur les libertés informatiques et également un peu de musique libre.
Le sujet principal du jour sera l’illustration du concept de low-tech par LOW←TECH MAGAZINE. Avec également au programme, en début d’émission, la chronique d’Antanak avec Isabelle Carrère qui nous parlera de « Numérique et services publics ». En fin d’émission, la chronique de Jean-Christophe Becquet qui nous parlera de Wiklou, le wiki francophone du vélo.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour, avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter.
Nous sommes mardi 9 mai 2023. Nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission mon camarade Thierry Holleville. Bonjour Thierry.
Thierry Holleville : Bonjour à tous.
Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.
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Chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Antanak sur le thème « Numérique et services publics »
Frédéric Couchet : « Que libérer d’autre que du logiciel », c’est la chronique d’Antanak. Isabelle Carrère et d’autres personnes actives de l’association Antanak se proposent de partager des situations très concrètes et/ou des pensées et mises en actes et en pratique au sein du collectif : le reconditionnement, la baisse des déchets, l’entraide sur les logiciels libres, l’appropriation du numérique par toutes et tous.
Le thème du jour « Numérique et services publics ». Bonjour Isabelle.
Isabelle Carrère : Bonjour. Merci Fred.
Numérique et services publics. À Antanak, depuis 2016, on a créé les permanences d’écrivain numérique public qui permettent de répondre, de soutenir, d’accompagner des personnes qui ont du mal avec ce qu’ils ont bien voulu appeler la dématérialisation, mais qui est, en fait, l’informatisation des démarches administratives. 2016, ça fait un petit temps, du coup j’ai voulu regarder un petit peu comment c’était avant et repasser tous les discours.
En dix ans, on est passé, dans les discours et les politiques publiques, de l’énoncé « tout document administratif doit être disponible en version numérique » à « toute démarche doit être faite par la personne sur Internet ».
En parallèle, depuis 15 voire 20 ans, les guichets des différentes administrations et institutions, vous le savez tous et toutes, ferment ; une baisse drastique des effectifs ; une croyance au « progrès », avec beaucoup de guillemets, que représenterait l’informatisation de tout, prônée déjà en 1977 par des économistes capitalistes sous Giscard, soutenue ensuite par Jospin qui a fait créer un premier Programme d’action gouvernementale pour la société de l’information, en 1998, ça fait PAGSI, c’est beau !
Vers 2005, faisant semblant de colmater quelques fractures, ou bien pour éviter des remous et des protestations trop vives, ont été créés ensuite, en milieu rural notamment, des guichets qu’on a nommés à l’époque « Relais Services Publics ». Comme on ne leur donne pas de moyens et que toutes les administrations ne sont pas représentées, on n’est pas beaucoup plus avancé et les citoyens et citoyennes sont toujours dans la difficulté pour leurs démarches.
Cinq ans après, on est donc en 2010, dans des départements tests – oui, parce que dans les administrations on aime bien l’expérimentation, ça fait beau : on expérimente, on conclut, on fait des rapports et hop !, on généralise – sont créés cette fois des guichets uniques censés pouvoir répondre à toutes les questions. Ce ne sont plus des « Relais Services Publics », ce sont « plus de services au public ». Vous voyez la nuance ! On n’est pas sur des services publics, des fonctions communes, des actions publiques pour tous et toutes. Non ! On rend des services – terme éminemment connoté commerce – on rend des services au public. Ce n’est pas plus de services publics, c’est plus de service AU public. Bien sûr le public qui en a besoin. Sous-entendu, également, tout le monde n’a pas besoin de ce services, tout le monde se débrouille, sauf, bien sûr, les assistés et les assistées. Comme à la RATP, à Paris donc, nous sommes devenus des clients/clientes alors que nous étions des usagers/usagères.
Voilà ! Des petits glissements dans les mots dont on a l’habitude, désormais, de la part les personnalités politiques.
Cinq ans après, on est en 2015, au moment où nous créons nos permanences d’écrivain numérique public, ce sont des « Maisons de services au public », ce ne sont pas des maisons closes, ce sont des « Maisons de services au public », qui, selon la même formule, sont censées éponger les dégâts de la politique d’informatisation et d’optimisation budgétaire des administrations et collectivités territoriales. Mille maisons ont été ouvertes. Là encore, c’est au citoyen de se dépatouiller, de savoir pourquoi demander aux préposés dans ces maisons ? Que faut-il leur demander ? Que dois-je faire ? On est vraiment dans une logique très différente du guichet du service public.
Cinq ans encore après, ça y est on est en 2020, on a maintenant des « France Services ». Cela vient remplacer les relais, les maisons, on ne parle toujours plus de public ni de publiques, on est sur des services, qu’on veut bien vous rendre parce que quand même ! Ça peut prendre plusieurs formes et formats. Macron, dans ses campagnes pour être élu, avait tonné : « Personne ne doit faire plus de 30 minutes pour trouver un point France Services ». On a donc des bus France Services, on a des relais France Services, des PIMMS, Points d’information médiation multi services. L’apparition de ce mot « médiation » est intéressante, on parle même de médiateurs ou médiatrices numériques : des personnes qui se mettraient entre le numérique et les gens. Il n’y a plus de services publics avec des guichets où ce sont des personnes capables de répondre, d’informer, d’aider dans des démarches, voire de faire elles-mêmes les actes administratifs, non ! Là on a des médiateurs, médiatrices, il faut médier, il faut être entre l’ordinateur et la personne, comme si le sujet n’était définitivement plus que celui-là : savoir cliquer ! Savoir où cliquer !
On ne parle pas de la fermeture des services publics, de la casse, du concept même de service public, ni de la désertion des institutions au profit du privé. Non !
On ne parle pas de la volonté de faire faire par les gens tous les travaux qu’on ne veut plus payer, là où on ne veut plus verser de salaires : plus de pompistes, vous vous servez vous-même votre essence ; plus de caissiers et caissières mais des machines sur lesquelles vous faites les scans de vos achats ; plus de guichets à la Caisse d’allocations familiales, mais des ordinateurs sur lesquels vous faites vos déclarations. En fait, on fait de la médiation pour que vous acceptiez bien tout cela, que vous le fassiez, que vous appreniez à le faire, ce travail dissimulé, non rémunéré, réalisé gratuitement par vous !
Vous savez tout cela, vous le savez bien ! En fait c’est une des questions qu’on se pose sur le « jusqu’où ne pas aller trop », y compris dans nos permanences d’écrivain numérique public.
La défenseure des droits, Claire Hédon, avait parlé dans son rapport qui date déjà d’un an, mais qui reste intéressant, de mars 2022, de trois axes qu’elle décrivait. Elle disait :
le premier risque, le premier danger, c’est la responsabilisation et le transfert des coûts d’équipement, puisque, maintenant, ce n’est plus aux guichets des administrations qu’il faut avoir le matériel, c’est chacun qui doit l’avoir pour le faire ;<br/
la mise au travail invisible, ce que je viens décrire : maintenant c’est vous qui faites ;<br/
et puis surtout, sans doute le plus grave, le plus important, la rupture du principe d’égal accès au service public et la mise en danger de la cohésion sociale.
Elle disait cela en mars 2022 après avoir regardé trois années de ce qui s’était passé avec les différents travaux. On s’aperçoit qu’on en est vraiment au même point, voire avec de plus en plus de panade pour pas mal de personnes. Du coup, à Antanak, on fait face — je pense que nous ne sommes pas les seuls — à de plus de gens qui arrivent complètement effondrés, voire hyper-violents parce qu’ils sont tellement démunis que la seule façon, pour eux, de dire quelque chose et de protester c’est de venir protester contre nous puisqu’il n’y a plus de guichets ailleurs pour le faire. On se retrouve donc dans des situations un peu bizarres, voire parfois dangereuses. Du coup, ça nous a amenés à réfléchir à toutes ces choses.
Dans le contexte des cyberattaques dont on entend beaucoup parler, augmentées des coupures de réseaux électriques, on s’est dit que, peut-être, on devrait plutôt se demander ce qu’on veut réellement garder comme matériel informatique, comme solutions qui soient uniquement numériques. La question que je pose aujourd’hui est : à quand la désinformatisation du service public ?
Frédéric Couchet : Bonne question. Quand ces permanences ont-elles lieu ?
Isabelle Carrère : On a ouvert deux soirs, lundi et jeudi, et trois matins, mercredi, jeudi, samedi, pour que les personnes puissent venir en dehors de leurs heures de travail.
Frédéric Couchet : Les personnes intéressées vont sur le site d’Antanak, antanak.com, je précise toujours avec un « k ». Vous êtes nos voisines et voisins au 18 rue Bernard Dimey dans le 18e. Si vous passez à Antanak, au 18, vous pouvez aussi passer au 22 pour voir le studio, Jérôme est assez souvent présent, Jérôme Sorrel qui anime l’émission Rayons Libres dont je parlerai en fin d’émission.
Sur le salon web de la radio, on t’envoie beaucoup de courage, notamment Marie-Odile qui te dit encore une fois « une excellente chronique ».
Isabelle Carrère : Merci.
Frédéric Couchet : Merci Isa. C’était Isabelle Carrère de l’association Antanak, une chronique « Numérique et services publics » qui sera disponible bientôt sur le site de la radio et sur le site de Libre à vous ! d’ici la semaine prochaine. Et nous nous retrouvons le mois prochain.
Isabelle Carrère : Absolument. À bientôt. Merci
Frédéric Couchet : Belle journée à toi.
Après la pause musicale nous allons parler du concept de low-tech. En attendant nous allons écouter Jack-O-Lanterns par Just Buns. On se retrouve dans deux minutes trente. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Jack-O-Lanterns par Just Buns.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Jack-O-Lanterns par Just Buns, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC BY SA.
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Frédéric Couchet : Nous allons passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]
Illustration du concept de low-tech par LOW←TECH MAGAZINE avec Marie Verdeil et Killian Kemps
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui va être l’illustration du concept de low-tech par LOW←TECH MAGAZINE.
Pour ce sujet principal, je passe la parole à Laurent Costy chargé de mission Éducation et Communs numériques aux CEMÉA et vice-président de l’April.
Laurent Costy : Bonjour Fred. Merci.
Nous allons effectivement parler de low-tech. Je vais faire une très courte introduction et présenter nos deux intervenants.
Donc Wikipédia, je trouve que c’est toujours une bonne entrée pour commencer et évidemment, dans l’émission, on va creuser un peu la définition, parce que là j’ai vraiment pris le chapô de la définition : « La ou les low-tech, littéralement basses technologies, désignent une catégorie de techniques durables, simples, appropriables et résilientes. » Au cours de cette émission nous allons approfondir cette définition et voir concrètement comment une logique low-tech peut se décliner.
Pendant la majeure partie du temps de l’émission, nous allons échanger avec Marie Verdeil, venue spécialement de Bruxelles pour parler de LOW←TECH MAGAZINE, un site que j’ai découvert récemment, que j’ai trouvé assez extraordinaire. Elle va vous en parler, vous allez voir, c’est assez étonnant.
Killian Kemps nous rejoindra pour une dizaine de minutes, après la pause médiane, pour parler du chaton RésiLien qui, comme d’autres chatons, se pose des questions énergétiques. Il nous décrira la démarche qui est employée à RésiLien.
Marie, je vais te passer la parole, je vais te laisser te présenter, tout simplement, et expliquer comment tu es arrivée à LOW←TECH MAGAZINE.
Marie Verdeil : Bonjour. Merci de m’avoir invitée.
Je m’appelle Marie Verdeil. Je suis diplômée d’une école de design aux Pays-Bas qui s’appelle la Design Academy Eindhoven et j’ai rencontré LOW←TECH MAGAZINE parce que j’y ai fait un stage dans le cadre de mes études. Je pense que c’était une rencontre qui m’a un peu soulagée, parce que je pense que j’ai beaucoup d’éco-anxiété en général ; découvrir des personnes qui ont une pratique sincère et, on va dire, pas trop green washée par rapport à ce qu’on rencontre dans le design — ce que fait LOW←TECH MAGAZINE, pour moi, est une pratique design —, a été un moment où je me suis dit « ah ! ». En fait, on y fait des choses avec des façons d’agir qui me parlent, dans lesquelles je peux m’investir et m’engager, alors que l’idée d’aller faire un stage à ce moment-là, aller dans un studio de design, aller designer des logos, ça ne me plaisait pas du tout.
Laurent Costy : Tu as donc trouvé ta structure, quelque part, en rencontrant LOW←TECH MAGAZINE. Comment s’est faite cette rencontre avec LOW←TECH MAGAZINE ? Ils cherchaient des personnes ? Comment ça s’est fait ?
Marie Verdeil : Il faut dire qu’à la base LOW←TECH MAGAZINE c’est surtout une personne, un journaliste qui s’appelle Kris De Decker, il est flamand, donc belge d’origine et il habite à Barcelone, ce qui fait beaucoup de liens avec le site dont on va parler plus tard. En fait, il collabore beaucoup avec des personnes, il a collaboré notamment avec une personne qui est aussi designer et un artiste pour faire le site solaire de LOW←TECH MAGAZINE et aussi avec d’autres gens au fur et à mesure de son parcours.
Je l’ai contacté en lui disant « j’aime bien ce qui se passe, ce site solaire m’intéresse parce que je fais aussi du design, entre autres du web design. En ce moment je construis une cabane – ce qui était vrai, j’avais un projet un peu social de cabane à ce moment-là. Peut-être que tu connais des gens, sinon on peut parler et on verra ». C’est comme ça que c’est arrivé. Et, du coup, ça fait un an et demi qu’on travaille ensemble, au début je suis allée là-bas, etc., maintenant on est aussi à distance. Je travaille sur des questions de design. Quand j’étais là-bas on a construit un vélo générateur.
Laurent Costy : On en parlera. Il y a un article extraordinaire sur le site.
En introduction, j’ai donné une définition vraiment extrêmement simpliste de la low-tech. Quelle est la manière de voir de LOW←TECH MAGAZINE ? Qu’est-ce qui le différencie, justement, de ces très nombreux sites qui font du green washing, qui surfent sur la vague ? Comment incarnez-vous la question low-tech à LOW←TECH MAGAZINE ?
Marie Verdeil : C’est une question très intéressante. Je dirais qu’on est assez en désaccord avec cette définition française. Je pense qu’il y a vraiment une définition française qui est différente et je me demande si elle est liée, on va dire, à la transition de langage.
C’est vrai que l’idée de définir les low-tech comme une série de technologies bien claires, dire que celles-ci sont durables et résilientes, que d’autres ne le sont pas, c’est très limité, je trouve, et, en plus, on arrive très vite à des contradictions. Qu’est-ce que ça veut dire ? Par exemple, le four solaire est une technologie low-tech, mais on ne peut pas penser un monde dans lequel tout le monde aura des fours solaires, de toute façon comment fait-on l’hiver ? Je trouve que c’est penser à ça comme à une sorte de mode de vie avec des technologies bien claires qui vont faire exister ce mode de vie. Par exemple, l’idée d’un four solaire ou l’idée des marmites norvégiennes, je trouve que c’est très individualisé. Chacun a une sorte de vision individualiste de sa maison qui va être « low-tech », entre guillemets, et on arrive vite à des limites.
On prend souvent cet exemple : on peut dire que le dumbphone, le téléphone à clapet, le Nokia 33.9, je ne sais plus comment il s’appelle, c’est le low-tech de l’iPhone.
Je pense qu’il faut avoir une pensée des low-tech plutôt comme un exercice, une approche critique de la technologie et du progrès technologique. Je pense que c’est un terme relatif. Pour moi, c’est plus un prisme de pensée, un exercice critique du progrès et de ce qu’il nous apporte « vraiment », entre guillemets, plutôt qu’une sorte de solution. Si on parle des low-tech comme de solutions on va dire durables, résilientes, on est aussi dans une sorte de techno-solutionnisme : du coup, ça ne sera pas la voiture Tesla, la fusée ou la fission nucléaire qui vont nous sauver, mais ça va être le four solaire et l’éolienne. Je crois qu’on est vraiment dans une même logique et on va se confronter aux mêmes limites que ce mode de pensée induit.
Laurent Costy : Je pense que c’est important de souligner ça. C’est ce qui m’avait beaucoup intéressé dans les lectures.
Il y a un article sur « les colibris qui ne suffiront pas », je n’ai pas le titre exact, je le remettrai dans la page des références, justement cette question de l’individuel. Notre société est évidemment faite pour qu’on se concentre sur nos actions, qu’on se focalise sur nos actions, qu’on nous rende coupables des actions qu’on ne ferait pas sur les questions écologiques, alors qu’en fait c’est beaucoup plus systémique. Il faut regarder ça de manière beaucoup plus globale et je pense que c’est une question que vous soulevez systématiquement, c’est justement le cas de le dire.
Marie Verdeil : Tout à fait. Je ne sais pas le titre en anglais, je pense qu’en anglais c’est différent.
Laurent Costy : On va demander au chat de nous aider. J’avais noté dans le pad le titre en français,ça va déjà nous aider : « Nous n’y arrêterons pas seuls : l’illusion du colibri », c’était le titre en français. J’avais pris une citation dans l’article, ça va éclairer mon propos ; il sera peut-être plus clair en lisant le texte : « Insister sur la responsabilité individuelle est typique du néolibéralisme et permet souvent de faire taire une critique systémique des configurations politiques, économiques et technologiques. » je trouve que c’est une phrase qui est forte parce qu’elle montre bien toutes les problématiques qu’on a quand on parle de technologie avec les techno-béats, techno-solutionnistes qui profitent de cette logique-là.
Marie Verdeil : Tout à fait. Je pense qu’il faut tout à fait dépasser ce mode de pensée. Une question qu’on se pose beaucoup en ce moment : comment arriver à mettre aussi en place, même à travers, on va dire, de solutions, d’objets ou de projets qui vont peut-être ces messages de low-tech, au lieu des solutions très concrètes d’énergie ou de cuisson, des choses de la vie de tous les jours, mettre aussi en avant des choses qui permettent de dépasser l’individualité, donc plutôt comment penser à la fête, à la convivialité. Essayer aussi de dépasser l’idée que low-tech c’est forcément moins bien high-tech, que ça veut dire qu’on vient renoncer à beaucoup de choses et qu’en fait, finalement, l’idée de la décroissance c’est l’idée de retourner en arrière, c’est l’idée de redevenir des hommes de Cro-Magnon et où tout cela s’arrête-t-il ? Je pense qu’il faut arriver à se dire, à avoir un peu constamment cette façon de penser et se demander : est-ce que ça va vraiment nous rendre moins heureux de renoncer à certaines choses et de renoncer surtout à l’idée de confort ? Pour moi c’est un mot très fort et très capitaliste qu’il faut arriver à défaire, qui est très difficile à défaire.
On se pose des questions. En ce moment on a fait des expérimentations pour utiliser des panneaux solaires avec une énergie directe, donc sans batterie : on va perdre de l’énergie à travers la batterie et, en plus, une batterie ce n’est pas chimiquement propre. Du coup, utiliser directement ça pour aller alimenter, par exemple, des tourne-disques, pour faire de la musique, faire des choses comme ça ; essayer un peu de penser. On peut dire que ça ne sert à rien parce que ça ne va pas faire cuire ton pain, en même temps je pense que c’est plus l’idée de se rassembler autour de ces choses, de ces idées de solutions ; que ça ne soit pas pour survivre tout seul chez soi, mais l’idée de se dire que ce qui a vraiment de la valeur c’est la convivialité, le fait de faire ensemble et peut-être retrouver cette manière de faire ensemble à travers, on va dire, ces solutions plus low-tech.
Laurent Costy : Finalement, on lutte aussi contre la rupture sociale. Du coup, on recrée du commun. L’article sur le vélo, l’article justement sur cet appartement qu’on va essayer d’alimenter sans passer par le 220/EDF, sans passer par les batteries, tout cela oblige à réfléchir, à se confronter, à penser de nouvelles choses. Je trouve que c’est extrêmement intéressant, on requestionne. Du coup, tu peux peut-être aussi nous parler de LOW←TECH MAGAZINE, pourquoi il est né et, un peu, ses objectifs. Par rapport, justement, à se réapproprier un peu ces techniques, arrêter de penser que tout est magique et si ça ne marche pas il faut renvoyer ça à un constructeur. Il y a aussi tout cela dans LOW←TECH MAGAZINE. Peut-être peux-tu nous dire comment s’est créé LOW←TECH MAGAZINE, quels sont les objectifs, finalement, de ce site ?
Marie Verdeil : Je peux en parler un petit peu, après ce n’est pas moi qui l’ai fondé. C’est un magazine qui a été fondé en 2007. C’était et c’est toujours un magazine en ligne, à la base c’était un blog et, maintenant, il y a aussi une version papier.
Je pense que ce qui était vraiment intéressant, ce qui intéressait Kris, c’était d’avoir un média pour pouvoir être critique et un petit peu sceptique par rapport aux évolutions et, on va dire, au discours très important et le plus présent de techno-solutionnisme. Je pense que ce qui l’intéresse beaucoup c’est faire des recherches historiques, notamment faire la recherche historique des technologies qui ont été un peu oubliées et s’approprier certains savoirs, certaines façons de penser qui vont permettre d’avoir une critique du techno-solutiononisme différente et aussi montrer qu’il y a un certain oubli historique, un révisionnisme qui a lieu pour nous assurer que oui ce qu’on a c’est vraiment le progrès le plus pointu, qu’on est dans la réalité crue.
Laurent Costy : Quand on lit l’article sur Cove, qui a été un inventeur du début du 20e siècle, qui avait trouvé un peu par hasard, ce qui est souvent le cas, une autre technologie pour les panneaux solaires. On voit bien tout ce qui peut se passer et, finalement, qu’il y a des dominations de grandes entreprises. Fondamentalement, la question reste posée dans l’article : savoir s’il n’a pas été volontairement écarté alors que sa techno était extrêmement intéressante et, à priori, un peu moins polluante que les panneaux solaires de maintenant. Encore une fois, cet article est extrêmement éclairant, il questionne historiquement la low-technologie. À l’époque, évidemment, ce n’était pas de la low-technologie, tu disais tout à l’heure que c’était relatif et là ça le montre aussi. Cet article illustre bien cette logique-là de technologies qui peuvent soit émerger soit, finalement, être étouffées parce qu’il y a des intérêts économiques, des intérêts politiques, etc. Je recommande aussi la lecture de cet article-là. Faites attention, on se dit « tiens, j’ai cinq minutes, je vais lire l’article » et au bout d’une demi-heure on est encore en train de lire tellement c’est passionnant historiquement, techniquement, il y a pas mal de recherche.
Donc LOW←TECH MAGAZINE sur des questions, des recherches historiques, on va dire, techniques historiques. Qu’y avait-il comme autre objectif à la question de LOW←TECH MAGAZINE ?
Marie Verdeil : Écoute, je ne sais pas trop !
Laurent Costy : On en a un petit peu parlé dans la préparation, dans l’échange qu’on avait eu, il y avait la vision systémique, sociétale, individuelle, on en a un peu parlé ; ça fait partie des choses qui doivent être pointées, en tout cas qu’on retrouve dans la lecture de plusieurs articles. La vulgarisation scientifique : peut-être que tu peux parler de l’article auquel tu as beaucoup contribué sur le vélo générateur. Moi qui ai fait un tout petit peu de technique, mais, franchement, je ne me considère pas technicien, j’ai trouvé extraordinaire toute la documentation et la possibilité qu’on peut être pris par la main pour faire son propre vélo. Il faut, certes, un peu de connaissances de base, mais on ne retrouve pas une formalisation aussi avancée sur beaucoup de sites. Vas-y, raconte-nous un peu l’histoire du vélo.
Marie Verdeil : Je pense que c’est vraiment intéressant comme angle de vue.
On a décidé de construire un vélo. On n’a pas construit de vélo, on a utilisé un vélo d’appartement, d’exercice, vintage, qui a encore une roue, ça s’appelle un volant donc une roue lourde qu’on vient activer et c’est ça qui va nous permettre de faire de l’exercice, ce n’est pas un vélo électronique. On a utilisé ça pour en faire un vélo générateur. Pour faire une image, on a ajouté, en gros, une grosse dynamo, donc un moteur : quand on pédale, on active la roue, qui active la petite roue, qui fait tourner le moteur, du coup on produit de l’énergie.
La question a été, après, un, d’utiliser cette énergie, le tester, l’utiliser sur des appareils domestiques, d’en faire plusieurs circuits qui vont alimenter différemment, et deux, vraiment essayer de documenter au maximum ce processus et essayer de comprendre : en plus de le faire, que nous apprenait-il sur notre façon d’utiliser l’énergie et comment pouvait-on transmettre ce savoir ? Utiliser ça non pas pour transmettre le savoir pour faire ce vélo générateur, mais essayer de transmettre, plutôt, un savoir très empirique de ce que nous avions appris alors que nous sommes pas du tout scientifiques à la base, ni lui ni moi, autour de ça. Les conclusions sont là, comme j’ai dit, empiriques.
Laurent Costy : En fait c’est la démarche qui nous importe. Ce qui est extrêmement intéressant quand on lit, c’est toute la démarche essais/erreurs. Là, on se retrouve dans une démarche scientifique, ça me touche particulièrement. Ça montre bien que la technique c’est ça aussi. Maintenant nous sommes des utilisateurs passifs d’ordinateurs, ça ne marche pas, on envoie potentiellement un mail à quelqu’un qui est potentiellement à l’autre bout de la planète. La technique ce n’est pas ça. Il faut se confronter à la technique pour, justement, pouvoir apprendre, pouvoir s’améliorer, comprendre et essayer de la réparer, la faire évoluer.
J’ai trouvé cet article-là particulièrement intéressant aussi. Maintenant on peut recommander à chacun de fabriquer son propre vélo pour regarder Netflix, pour alimenter la télé. Ce qui m’a beaucoup étonné c’est qu’on était capable de faire tourner une machine à laver avec ce vélo en termes de puissance, en termes de représentation.
Marie Verdeil : On n’a pas testé pour une machine à laver. Je pense qu’il faudrait le faire, dans ce cas-là, avec de l’énergie mécanique, ne pas utiliser l’électricité entre les deux. Des gens l’ont fait, notamment dans les Pyrénées, ils ont construit des machines à laver à vélo.
L’idée n’est pas forcément de dire aux gens de construire un vélo. Encore une fois, l’idée n’est pas d’aller dans l’individualité, chacun va construire son petit vélo chez soi. L’idée c’est plus de penser ce que veut dire faire sa propre énergie, qu’est-ce qu’il est possible d’alimenter ou pas et, du coup, qu’est-ce que ça voudrait dire. Si on pense vraiment à réduire considérablement l’énergie qu’on utilise, alors qu’est-ce qu’on peut alimenter avec sa propre énergie et qu’est-ce qu’on ne peut pas. Du coup, est-ce que ça pourrait être une façon de penser à ce qu’on est capable d’alimenter comme étant la limite de ce qu’on peut consommer ?
Par exemple, ce qui est intéressant : un téléphone c’est très facile, on peut même mettre dix téléphone, pour un frigo ça devient difficile, ou pour une bouilloire. C’est très intéressant, on prend souvent cet exemple, Priscille l’a fait. On avait une petite bouilloire de 12 volts, une petite bouilloire qu’ils ont dans les camions, par exemple, et on avait mis l’équivalent d’une tasse thé dedans pour essayer de la faire arriver à 60 degrés, une température de thé. Ça prend 30 minutes d’effort vraiment très intense, c’est comme une grosse côte, du coup, à la fin on a très chaud et plus du tout envie de boire du thé.
D’ailleurs, en français, cet article s’appelle « Construire un vélo générateur pour la chaleur et l’électricité ». On produit de l’électricité, on produit aussi de la chaleur parce qu’on fait beaucoup d’efforts. C’est aussi une autre façon de penser.
Encore une fois, pour moi ce sont des outils, l’idée de low-tech en général ce sont des outils pour arriver à penser de façon critique et à se poser des questions : qu’est-ce que ça veut vraiment dire réduire ? Comment on le fait et comment on le fait de façon qui ne soit pas dans la contrainte et dans la souffrance de se dire qu’on est en train de renoncer à plein de choses. Pour moi c’est aussi un outil de médiation.
Le vélo est né à Barcelone. On l’a apporté dans une sorte de fab lab, de workplace qu’il y a à Barcelone. On a joué de la guitare électrique avec, plein de gens l’ont essayé. Je pense que ce sont aussi des façons de comprendre l’électricité. Moi j’ai compris l’électricité à ce moment-là, j’ai compris la différence entre les volts et les ampères, parce que vraiment tu rajoutes des ampères et tu descends dans les jambes parce que ça devient de plus en plus dur à pédaler. Je pense qu’il n’y a pas un cours de physique qui va te l’apprendre de cette manière-là. C’est ce qui est vraiment incroyable et c’est pareil avec le logiciel libre. La force c’est aussi se dire qu’on met la main à la pâte. La technique, c’est aussi quelque chose qu’il faut vraiment avoir expérimenté.
Laurent Costy : À t’écouter, je prends aussi conscience que, dans cette démarche-là, on prend justement conscience des échelles, des échelles d’énergie pour faire telle ou telle chose. Ça me fait aussi penser aux problématiques qu’on peut avoir dans le numérique quand on essaye de faire comprendre aux gens ce que représente la donnée, ce que représente la consommation d’énergie. On n’arrête pas de nous dire « videz vos boites mails, vous allez économiser beaucoup d’énergie », etc., alors que maintenant on le sait, ce n’était pas forcément le cas avant, que c’est bien plus important de prolonger son appareil électrique. Ce type de démarche-là permet aussi, justement, de savoir quelles sont les opérations qui vont prendre beaucoup d’énergie, moins d’énergie, on touche les choses. C’est ce que tu dis : finalement on touche les choses et on les appréhende beaucoup mieux que si on les lit sur papier ; entre la théorie et la pratique, on s’approprie un peu mieux les choses.
Marie Verdeil : C’est ça. J’aime bien le style du site LOW←TECH MAGAZINE et ce qui m’a directement parlé, c’est vraiment à la base un journaliste d’ailleurs qui écrivait, qui faisait de la revue, il me semble, de tout ce qui est veille technologique pour des magazines, vraiment une revue de high-tech, du coup il a cette approche de la technologie où il comprend beaucoup de choses et, en même temps, il n’a pas du tout une compréhension scientifique ou technique. Du coup, et je trouve que c’est vachement intéressant, il garde un petit peu de naïveté, ne pas essayer de tout comprendre pour arriver à encore être le lien entre les personnes qui ne comprennent pas du tout, qui sont très loin de ça, et les discours scientifiques. Sinon on a aussi un problème d’articulation de ces problèmes qui peuvent paraître très vite abstraits : parler d’énergie, de puissance, ce que ça veut dire, ce n’est pas forcément évident. Je pense toujours à ma grand-mère, qui était professeur de physique, qui essayait de m’expliquer la différence entre la puissance et l’énergie et je n’ai pas compris ! Je pense qu’il faut vraiment essayer de s’approprier ces choses-là par le faire.
Laurent Costy : C’est vrai qu’il y a des gens qui ont été vaccinés par les cours de physique. Marie-Odile nous dit, dans le chat, que toutes ces questions-là faisaient partie du programme des cours de Technologie en sixième et que c’est en train d’être supprimé, c’est bien dommage. Il y avait quand même cette question des travaux pratiques où on est censé appréhender ça. Des souvenirs que j’en ai, c’est vrai que ça restait quand même très cadré, de plus en plus pauvre, et ça ne permettait pas d’expérimenter, de faire des essais/erreurs. Le fil des travaux pratiques était très cadré, on ne sortait pas d’un chemin qui était tracé. C’est là que c’était peut-être un peu compliqué. Votre démarche est finalement complètement ouverte : à un moment donné vous dites quelle est cette problématique ? On va travailler sur ce sujet-là, on isole le problème, on avance et puis on résout ce problème-là et après on passe à un autre. On décompose en petits problèmes pour pouvoir les réassembler ensuite. C’est chouette de pouvoir dérouler cette démarche-là. Quand on voit le résultat de l’article, je trouve que c’est extrêmement intéressant.
Marie Verdeil : Je pense que c’est une approche pragmatique, on va dire, de thèmes qui parlent à beaucoup de gens. C’est vraiment essayer d’avoir une approche très large, qui va être systémique, qui va penser plein d’éléments, par exemple l’énergie, l’électricité, quel réseau d’électricité, tout ça, mais avec des angles d’approche petits. Je pense que c’est vraiment hyper-nécessaire et je pense que dans le design c’est aussi une façon de faire ça : on a une approche pragmatique par les objets ou, d’ailleurs, d’autres choses, mais qui, après, permet d’aborder des thèmes plus larges, sans les rendre complètement lointains.
Laurent Costy : La technique est politique, on avait dû l’échanger dans le pad, je pense que c’est primordial, c’est clair que ça fait partie des éléments importants.
Du coup, on va rejoindre un sujet qui me semble important dans l’émission : comment vois-tu la convergence entre logiciel libre et low-tech ? LOW←TECH MAGAZINE la voit comment ? Il y a un article, qu’on va signaler, qui parle d’une personne qui garde justement son ordinateur le plus longtemps possible ; je vous invite à le lire, ce sont des choses qu’on connaît déjà à l’April. Là aussi c’est très descriptif, ça explique toute la démarche et pourquoi il en est arrivé à cette conclusion, ce qui n’était pas le cas au départ, il n’était pas forcément parti pour ça.
Marie Verdeil : Oui. Je pense que le logiciel libre est déjà assez présent dans le travail-même de LOW←TECH MAGAZINE. Krys utilise GNU/Linux depuis très longtemps, il est sur GNU/Linux, il a de vieux ordinateurs. Il explique très bien, dans cet article, pourquoi pour lui et pour plein de gens c’est mieux. Je pense qu’il parle vraiment très bien de la question de, on va dire, compatibilité et rétro-comptabilité, c’est-à-dire qu’on va avoir des logiciels libres qui vont fonctionner sur des vieilles machines.
Le site est vraiment très simple, on l’a construit HTML, qui fonctionne sur de très vieilles machines. Il m’a donné un ThinkPad de 2006, je crois, il n’y a pas de souci avec le site, en plus il est très léger. Il y a cette idée-là dans le mode de travail.
Après, il y a déjà un peu ce côté, cette approche critique de la technologie, évidemment, l’idée de commun, de mise en commun. On essaie aussi de partager notre savoir, c’est compliqué parce que, de toute façon la licence sur tout ce qui est les idées. Pour le vélo générateur, par exemple, on a mis en ligne les plans et tout ce qu’on a trouvé. Je pense qu’on espère que ça va aussi créer des discussions, si les gens le font ils vont répéter ça, ça serait intéressant qu’on en discute.
Comme tu le dis, il y a aussi la dimension politique. Comme je l’ai dit avant, je pense que les low-tech ça ne doit pas s’arrêter à une sorte de mode de vie et je trouve que c’est un peu en train d’être comme ça en France, c’est-à-dire qu’il y a beaucoup de choses qui sont sur comment on va acheter ce mode de vie low-tech, c’est-à-dire acheter un vélo cargo ou quelque chose comme ça. Il y a cette idée-là et je pense qu’il faut vraiment la dépasser pour penser que ce n’est pas que ça, que c’est vraiment aussi quelque chose de politique. À la fin c’est de la critique de notre société pour ne pas se laisser, on va dire, capitaliser ; il ne faut pas laisser les gens capitaliser sur cette idée.
Laurent Costy : On est d’accord. Le logiciel libre est aussi quelque chose d’extrêmement politique, l’April est bien placée pour le savoir.
Je vais repasser la parole à Fred.
Frédéric Couchet : L’occasion de faire une petite pause musicale. Nous allons écouter Sur la terre par Sucrepop. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Sur la terre par Sucrepop.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Sur la terre par Sucrepop disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC BY SA.
Nous allons poursuivre notre discussion sur le low-tech ou la low-tech, je ne sais pas comment on dit en français. En tout cas, je vais redonner la parole à Laurent Costy, chargé de mission Éducation et Communs numériques aux CEMÉA et vice-président de l’April et à Marie Verdeil, designer chez LOW←TECH MAGAZINE et indépendante. Laurent, Marie, c’est à vous.
Laurent Costy : Merci Fred. Après cette pause musicale, nous allons passer la parole à Killian s’il est connecté. Est-ce qu’il nous entend ?
Killian Kemps : Bonjour.
Laurent Costy : Bonjour Killian. Parfait, c’est impeccable. Tu es à Lannion, c’est bien ça ?
Killian Kemps : Tout à fait.
Laurent Costy : Tu es loin du studio, mais tu vas réussir à nous parler du chaton RésiLien — donc CHATONS, Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires — puisque tu es cofondateur de ce chaton, me semble-t-il. Tu vas nous présenter ce chaton et nous expliquer en quoi, finalement, les questions énergétiques sont présentes à RésiLien.
Killian Kemps : Oui, très bien.
RésiLien est un hébergeur numérique alternatif cofondé avec Simon Constans en 2021. Nous faisons partie du collectif CHATONS. Nous avons une vision de la technologie : nous voulons aider les gens à se réapproprier la technologie. Notre signe distinctif, par rapport aux autres hébergeurs, c’est qu’on souhaite le rendre le plus sobre du point de vue écologique et décentraliser l’infrastructure.
Tu parlais de l’énergie, comment réduire l’énergie.
D’un point de vue écologique, par rapport à ce que nous connaissons actuellement de l’impact écologique du numérique, aujourd’hui nous estimons que l’impact est le plus grand au moment de la fabrication des machines, c’est-à-dire c’est au moment de la fabrication de la machine qu’il y a plus d’énergie qui est dépensée et de pollution qui est générée, notamment du CO
Si on souhaite être écologique dans le numérique, le mieux c’est déjà de faire durer le plus longtemps possible nos machines. Chez RésiLien, pour cela, nous avons privilégié l’utilisation de machines reconditionnées. Ce sont des machines qu’on peut trouver chez n’importe qui, des ordinateurs portables, n’importe quoi qui soit juste réutilisable, qu’on veut faire durer le plus longtemps possible.
Sur la consommation énergétique, nous avons des micro-ordinateurs, connus sous le nom de Raspberry Pi, connus pour leur faible consommation énergique. Nous avons quelques machines comme ça. Pour donner un ordre d’idée, sur toute notre infrastructure publique en France, sachant que nous sommes un tout petit hébergeur, nous consommons 80 watts, à peu près l’équivalent d’un ordinateur portable ; 80 watts, sachant que nous avons environ une vingtaine de clients dispersés dans la France dont une agence de communication locale.
Laurent Costy : Si je peux me permettre, une structure qui hébergerait, sans faire attention comme vous le faites, ce serait combien ? Ce serait le double, à peu près ? Un ordre d’idée ?
Killian Kemps : Si une structure héberge ses données dans un centre de données très bien optimisé, dans une grande entreprise, normalement, avec la mutualisation, l’impact est assez faible en termes de consommation énergétique, parce qu’il y a une machine qui est allumée, qui est partagée entre des centaines, voire des milliers de personnes en même temps. Chez RésiLien, nous ne pouvons pas faire de mutualisation parce que nous avons plein de petites machines.
Laurent Costy : D’accord. Vous êtes dans une logique de décentralisation, c’est pour ça que vous avez choisi de ne pas être sur des gros datacenters. C’est aussi pour cela que vous avez cette consommation-là qui est quand même faible.
Killian Kemps : Pour l’instant ce n’est pas énorme, en même temps, nous n’avons pas non plus beaucoup de clients. Nous sommes en sous-charge, je dirais, nous pourrions accuillir beaucoup plus de personnes. En même temps, nous ne cherchons pas forcément à être efficients. Pour l’instant, l’industrie cherche à être efficiente, à consommer le moins d’énergie possible par rapport à la charge de travail. Nous ne cherchons pas à faire cela parce que nous avons un peu peur de l’effet rebond, c’est-à-dire que les machines sont tellement efficientes que les gens se disent « ce n’est pas cher de consommer plus », du coup elles consomment plus. Nous cherchons plutôt à repenser l’usage différemment.
Laurent Costy : Je trouve ça extrêmement intéressant. C’est bien que tu parles de l’effet rebond. Du coup, je vais faire un tout petit parallèle avec Zourit. Pour Zourit, qui est donc une solution que proposent les CEMÉA, on fait payer aussi aux gigaoctets, ce qui permet de faire prendre conscience aux gens que oui, à chaque fois qu’ils demandent plus d’espace ça a un coût énergétique quelque part. C’est pour des raisons pédagogiques, finalement, qu’on fait ça, contrairement aux géants du Web qui donnent l’impression d’offrir des espaces infinis, qui, finalement, trompent les gens sur ce qu’est réellement l’informatique et le numérique. Je te laisse poursuivre.
Killian Kemps : À propos de cette approche pédagogique, chez RésiLien nous expérimentons. Nous ne disons pas que nous avons la solution, nous essayons différents usages. Par exemple, nous éteignons une partie de nos machines la nuit. La plupart de nos clients sont des entreprises qui, à priori, n’ont pas besoin de travailler la nuit, donc nous éteignons les machines et nous économisons l’énergie électrique à ce moment-là avec quand même un bémol : on fait exprès de laisser allumées les machines qui hébergent des sites web afin de garder un bon référencement et que les gens puissent continuer à consulter les sites web. C’est une première approche.
Une autre chose qui est un peu dans la continuité, on ne propose pas de haute disponibilité des services. Aujourd’hui, les grandes entreprises proposent ce service-là qui est donc de faire en sorte qu’il y ait le moins de pannes possible côté services, mais, pour faire cela, en fait ils dupliquent les services sur plusieurs machines qui tournent simultanément. Un site web, par exemple, est répliqué sur au moins trois machines différentes qui consomment autant. Nous ne faisons pas cela, nous proposons de n’avoir qu’une seule machine et, si elle tombe en panne, eh bien tant pis ! Avec, encore une fois, un bémol : pour les sites web on préfère quand même faire de la réplication avec un logiciel libre développé par l’association Deuxfleurs – un petit coup de pub pour nos amis. C’est un logiciel quand même plutôt sobre, qui permet de faire facilement la duplication de sites web statiques. C’est un compromis que nous faisons.
Laurent Costy : D’accord. En tout cas c’est extrêmement intéressant ce voyage dans le monde des hébergeurs.
Tu as parlé un petit peu des limites. Vous êtes quand même obligés, finalement, de laisser des sites ouverts la nuit pour la question du référencement, pour que les sites ne tombent pas dans les limbes des internets, on va dire. Est-ce que vous avez des réussites ?
Killian Kemps : Pour l’instant, personne ne nous a fui. Tous les clients qui nous ont rejoints sont toujours-là. À noter, quand même, que ce sont des personnes plutôt militantes, engagées, qui sont convaincues par notre démarche.
Laurent Costy : Qui ont compris les enjeux qu’il y a à venir vers vous. Il y avait déjà un préalable, il y avait déjà un terreau.
Killian Kemps : Tout à fait. Ne vient pas nous voir n’importe qui.
Pour continuer sur nos réussites, en fait RésiLien c’est tout petit, nous ne sommes que deux à gérer les machines qui sont éparpillées entre la Bretagne, la Loire, un petit peu en région parisienne et, malgré le temps qu’on accorde, ça marche plutôt bien, ce sont des petites machines et personne ne s’est plaint de possibles pannes.
Laurent Costy : D’accord. Pour l’instant, votre modèle économique n’est pas encore consolidé. Vous êtes deux salariés, vous êtes toujours en train de développer pour chercher un équilibre financier. Vous êtes encore loin de l’équilibre financier.
Killian Kemps : Justement, à propos de la pérennité économique. Au départ, on voulait pouvoir vivre de RésiLien, sauf qu’on pratique des prix beaucoup trop élevés par rapport à l’industrie qui peut se permettre de faire des économies d’échelle. On a fait quelques changements. Je ne suis plus salarié de RésiLien, je suis salarié chez les CEMÉA. Simon continue encore un peu, mais il fait d’autres activités à côté pour faire rentrer de l’argent. Pour l’instant RésiLien c’est plus une activité qu’on cherche à rendre associative, pour laquelle on aimerait travailler en tant que bénévoles, ce qui permet de changer les enjeux et de pouvoir, par exemple, proposer nos services à des associations qui n’ont pas beaucoup de moyens, du coup plus dans l’utilité plutôt que chercher forcément à être rentables.
Laurent Costy : D’accord. En tout cas, très beau projet. Est-ce que tu veux rajouter un dernier point pour conclure, une chose importante que tu voulais dire à propos de RésiLien ou même plus globalement, peut-être réagir à ce qu’a dit Marie dans la première partie de l’émission ?
Killian Kemps : Je dirais juste que je suis d’accord avec Marie sur le fait que low-tech c’est plutôt une démarche. Chez RésiLien, nous sommes dans le numérique, c’est plus low-tech que ce qu’on peut trouver dans la grande industrie, mais c’est moins low-tech que du papier/crayon quand on veut partager l’information. C’est une question de dose et il faut toujours garder un esprit critique sur ce qu’on fait : a-t-on besoin de faire ce que nous faisons ? A-t-on vraiment besoin de la technologie ?
Côté expérimentation, chez RésiLien, on s’autorise des choses peut-être moins low-tech, on va dire. Par exemple, on a une demande d’une coopérative qui veut archiver ses données, environ 20 téraoctets de données, ce qui est beaucoup pour nous. C’est donc un enjeu, on se demande si on va accepter ou pas et si oui qu’est-ce ça implique ? Par exemple, Simon a trouvé sur un site de vente d’occasion, une machine qui fait du stockage sur des bandes magnétiques. Et les bandes magnétiques, par rapport à un disque dur mécanique ont une plus longue durée de vie, 30 ans environ contre 5 voire 10 ans pour un disque mécanique. On se dit que les bandes magnétiques sont plutôt plus low-tech que les disques mécaniques. On n’a pas encore la réponse. On vient d’avoir la machine tout récemment, ça fait partie de nos expérimentations.
Laurent Costy : D’accord. Je pensais l’inverse. J’avais vraiment une représentation qui faisait que les bandes c’est obsolète, c’est moins performant, mais, à priori, tu es en train de dire le contraire. C’est intéressant aussi. Finalement c’est la recherche, ce sont vos expérimentations et vos recherches qui font qu’on peut débunker ce type de choses qui circulent.
Je t’en prie Fred.
Frédéric Couchet : Juste rappeler ce que veut dire « débunker ».
Laurent Costy : Critiquer la réponse. Comment le dirais-tu ?
Marie Verdeil : Révéler.
Laurent Costy : Révéler. En tout cas dire le contraire de ce qui est généralement pensé. Montrer que c’est le contraire que ce qui est généralement pensé.
Merci Killian. On va en rester là. On va repasser la parole à Marie Verdeil. Je te remercie beaucoup pour cette intervention qui éclaire aussi la vie d’un hébergeur local, chaton par ailleurs. Merci à toi.
Killian Kemps : Merci à vous.
Laurent Costy : Merci à toi Killian. À très bientôt.
Je vais repasser la parole à Marie. Je vais relayer deux questions qui sont passées sur le chat. Une question de Michael qui nous demande comment on peut aider LOW←TECH MAGAZINE : est-ce qu’ils recherchent des rédacteurs, des relecteurs, des traducteurs ?
Marie Verdeil : Oui, merci Michael. En français on a déjà beaucoup de traducteurs. Je crois que la plupart du site a été complètement traduite, c’est vraiment incroyable. Plusieurs articles sont sortis dans un volume, le volume 3 : des compilations d’articles, de 2019 à 2021 il me semble, qui ont été complètement traduits en français et les traductions ont été égalisées. Je ne sais pas si on recherche, je pense que c’est toujours bien de proposer des services de traducteur. On a une grande communauté qui nous aide beaucoup. Sinon, comme j’ai dit, le site de LOW←TECH MAGAZINE n’est pas compatible avec tout ce qui est pub, le modèle économique de LOW←TECH MAGAZINE ce sont les livres. Pour l’instant trois livres sont sortis, donc les compilations des articles en anglais et on est en train de travailler sur toutes les traductions ; une est déjà disponible en français. Pour soutenir LOW←TECH MAGAZINE, achetez le livre, en plus c’est une expérience très différente et très forte d’acheter le livre papier pour le lire et vraiment se plonger dans les sujets.
On a aussi un Patreon, un système de soutien, de financement participatif, qui est ouvert. Tout cela est sur le site, solar.lowtechmagazine.com : il y a un onglet qui s’appelle « Faire un don », il me semble, et là y a plusieurs choses.
Il y a aussi une newsletter en français et en anglais qui permet d’être informé. On a pas mal de choses en préparation. Si vous êtes intéressés, vous pouvez vous abonner à la newsletter qui est la façon la plus fiable de nous suivre parce que les réseaux sociaux ont beaucoup de limites, c’est mieux de s’en éloigner.
Laurent Costy : Très bien. Dans la newsletter, on saura quels sont les articles qui sortent, etc. Super. Merci beaucoup.
Une deuxième question par rapport aux licences : sous quelle licence sont placés les articles ? Il n’y a rien d’autre que « © Kris De Decker » en fin de page.
Marie Verdeil : Il me semble que les articles sont sous copyright, je ne suis pas exactement sûre, il faudrait demander. Je sais, par exemple, pour le manuel qu’on a fait pour le vélo, de toute façon on ne peut pas vraiment copyrighter et ce n’est pas l’idée pour le vélo, en plus nous sommes plein de personnes à l’avoir fait. L’idée c’était vraiment de partager avec des gens tout ce savoir qu’on a.
Pour l’instant, il n’y a pas vraiment de statut, l’idée c’est de mettre ça de façon à ce que ça soit libre. C’est une question qu’on se pose mais on ne connaît pas beaucoup, nous ne nous sommes pas encore trop plongés dans les licences, voir comment on peut faire ça d’une façon qui nous parle. Je pense que ce qui nous intéresserait ce serait d’avoir des échanges avec les personnes qui ont peut-être envie de reproduire ces choses-là, d’utiliser les articles. Je sais que tous les gens qui ont demandé d’utiliser les articles, de les publier, de les divulguer, ça leur a été accordé. Des gens, par exemple, les ont publiés en portugais. Je ne sais pas exactement sur les licences.
Laurent Costy : Quelle a été la réflexion de pourquoi le mettre en copyright, si ça a été vraiment réfléchi.
Marie Verdeil : Je ne sais pas s’il y a vraiment eu une réflexion. Je pense que c’est un choix par défaut à la base, je pense que ce sont des questions qui se posent, mais il n’y a pas eu de choix clair.
Laurent Costy : On peut vous mettre en relation avec des gens qu’on connaît bien à l’April pour vous donner des arguments dans un sens. Après, évidemment, à vous de décider, mais on pourra vous donner des arguments complémentaires.
Marie Verdeil : Ce sont des questions qu’on se pose déjà, notamment sur tout ce qui est tutoriel, etc.
Laurent Costy : Merci d’avoir répondu à ces deux questions.
Il y a un côté extrêmement intéressant aussi, dont on n’a pas encore parlé, qu’on voulait évoquer, la question du site solaire. Ça rejoint un peu ce que disait tout à l’heure Killian. Il y a une version solaire du site, peux-tu nous en parler un peu plus ?
Marie Verdeil : Oui, bien sûr. Je pense que Killian a bien défriché le terrain sur cette question-là. Le site de LOW←TECH MAGAZINE, en tout cas celui qu’on essaye de rendre le site principal, dont l’URL est solar.lowtechmagazine.com, est un site qui est hébergé sur un petit serveur, lui-même alimenté par un panneau solaire qui se trouve à Barcelone, sur le balcon de Krys, dans son appartement. Du coup, quand il fait nuageux pendant plusieurs jours d’affilée, que la batterie n’a pas le temps de se charger, le site arrête de marcher, le site est hors ligne. D’ailleurs, quand on arrive sur la page, la première chose qu’on voit c’est, en français : « Ce site fonctionne à l’énergie solaire, et se retrouve parfois hors-ligne. »
Je pense que la première idée c’est vraiment de challenger l’idée de fiabilité du Web, l’idée qu’Internet c’est toujours en ligne et qu’il faut que ce soit 100 % du temps en ligne. On a un site qui est, je crois, entre 95 et 98 % du temps en ligne, ce qui est très fort. Ce que Killian expliquait très bien c’est qu’arriver à 100 % demande énormément plus de ressources, c’est-à-dire que là il y a panneau solaire de 30 watts, je crois, et une petite batterie de 12 volts, genre de voiture, qui permettent d’alimenter le site et il fonctionne quasiment tout le temps. Mais, si on voulait qu’il soit 100 % du temps en ligne, ça demanderait plusieurs panneaux solaires pour la seule semaine de l’année où, en gros, il fait vraiment moche et du coup, ça n’a pas chargé suffisamment.
Comme on a un système très simple et assez limité, un serveur de deux watts, il me semble, maximum, ça veut dire qu’on a un site qui doit être très compressé, c’est-à-dire très petit. Quand on y pense, un site web, en tout cas comme celui qu’on a, ce sont juste plein de fichiers sur un serveur auxquels les gens doivent accéder. On a essayé de faire en sorte que ces fichiers soient très légers. On a donc un site qui s’appelle statique, qui ne marche qu’avec des pages HTML, des feuilles de style CSS, très peu de JavaScript, je crois qu’il y a une page JavaScript plus tout ce qu’il faut pour avoir les statistiques, combien de watts ça utilise, en bas du site. Après, par exemple, on a extrêmement compressé les images pour qu’elles soient très légères, qu’elles consomment peu, qu’on n’ait pas besoin de télécharger de gros fichiers. On utilise ce qu’on appelle un générateur de site statique, c’est-à-dire un outil qui va nous permettre de passer de Markdown, qui est un format assez clair pour un humain, il y a quelques balises, à du HTML avec tout ça et le style qu’on a voulu.
C’est le site solaire, le site low-tech. C’est aussi très bien référencé en ligne. Il y a un tutoriel. Il y a aussi un article qui s’appelle « À propos », qui explique à quel point ce site est vraiment soutenable, qui parle aussi du fait que si c’était un datacenter aussi efficace, il serait aussi très efficace, mais finalement vu que c’est un site tout seul, il est peut-être moins efficace, parce qu’il n’y a pas d’économies d’échelle dont Killian parlait. Il est aussi critique de ce qui se passe, etc.
Il y a aussi des tutoriels sur la partie design du site qui a été faite par Marie Otsuka, une designeuse très talentueuse qui nous vient des États-Unis, et Roel Roscam Abbing, un artiste néerlandais qui s’est occupé, entre autres, de toute la partie serveur, qui fait beaucoup d’hébergement, qui s’intéresse beaucoup aux questions de réseau et au numérique. Ce sont les personnes qui ont participé à ce projet. Il y a beaucoup d’informations.
Laurent Costy : D’accord. J’ai quelques questions. J’ai d’abord découvert le site Solar et après j’ai découvert qu’il y avait un site qui n’était pas Solar. Du coup j’étais un peu déçu. J’ai un peu la réponse, Killian a un peu donné la réponse : ce sont des questions de référencement, qu’est-ce qui a fait que vous avez dupliqué le site dans un mode moins économe ?
Marie Verdeil : Je pense qu’au début faire ce site était un projet expérimental, on ne savait pas trop ce que ça allait donner, en 2018. Ça a été un gros succès, les gens en ont beaucoup parlé. Je pense qu’au début, à la base ce n’était pas forcément pensé pour être en remplacement, mais plus comme une expérimentation et voir ce qui se passait.
Laurent Costy : D’accord. C’est le site « normal », entre guillemets, qui a d’abord été fait.
Marie Verdeil : À la base c’est un site Typepad, un peu comme WordPress, il n’y avait pas de réflexion sur la dimension écologique du site. C’est vrai que là c’est devenu assez puissant.
Pourquoi y a-t-il toujours un site ? J’ai envie de dire qu’il n’y a pas un autre site pour très longtemps, pour deux/trois semaines. On est en train de travailler. En fait, il y a encore beaucoup d’articles qui sont sur ce vieux site qui n’ont pas encore été transférés, en fait c’est très compliqué parce que, évidemment, ce n’est pas un logiciel libre, on ne peut sortir facilement de ce service qui est Typepad. Ils ne nous laissent pas télécharger les images. On ne peut pas sortir du Mardown, on a un HTML mais qui a encore plein de pub et de liens dedans. On a construit un script, qui n’est pas du tout parfait, pour essayer de sortir le maximum d’informations de ça, mais c’est un processus qui prend du temps et, en plus, nous coûte de l’argent dans le sens que ça ne nous rapporte pas du tout d’argent de faire ça. C’est vrai que c’est assez compliqué
L’idée c’est vraiment d’en sortir au fur et à mesure. En fait, il y avait cinq sites LOW←TECH MAGAZINE : en français, en néerlandais, en anglais ; il y a un autre site qui s’appelle NO TECH MAGAZINE qui est encore sur WordPress, qui est un peu le site sœur de LOW←TECH MAGAZINE, qui va plus être des liens, des tout petits billets qui viennent souvent compléter les articles plus longs et recherchés dans LOW←TECH MAGAZINE et il y avait aussi le LOW←TECH MAGAZINE en espagnol. On est en train de rassembler un peu. Tous les sites en différentes langues ont été rassemblés sur le site solaire. Il manque encore beaucoup d’articles, de vieux articles qui doivent être ramenés. En fait, quand ce processus sera finalisé, l’idée c’est d’arrêter l’autre site.
Laurent Costy : D’accord. Je suis absolument rassuré, si vous êtes dans la démarche, ça me va complètement.
Marie Verdeil : L’autre raison c’est que sur le site solaire on utilise des images qui sont compressées, en anglais on dit dithered, elles ont une sorte de pixellisation, elles sont tramées, ce qui permet de les compresser : elles peuvent être de très mauvaise qualité, mais elles ne sont pas aussi moches que du pixel. C’est aussi un choix esthétique qu’on a fait d’identification du site : le fait d’avoir des images compressées, on a un site compressé. Du coup il y a beaucoup d’images, notamment des graphiques, des images dont les détails sont très importants et beaucoup de gens, ceux qui savent, vont plus consulter le vieux site pour voir les images en bonne qualité, pour se rendre compte, notamment pour les graphes.
Maintenant on y pense. Je fais des graphiques pour les articles et je pense à tout écrire en gros pour que ce soit lisible même malgré la pixellisation, mais c’est vrai que ce n’est pas le cas sur les autres articles. Du coup, avec le nouveau site, on a décidé d’inclure aussi une façon d’accéder, avec un petit script, aux images originales, si on le veut, de choisir de télécharger l’image originale, avec plus de données, même si elle est aussi compressée. Du coup, ça nous permet de nous débarrasser complètement de ce vieux site, mais sans perdre vraiment l’information qui est parfois nécessaire, notamment des cartes, des images d’archive qui ont quand même beaucoup de valeur. Ce serait bête de perdre ça avec l’information, on va dire, de bicolore.
Laurent Costy : D’accord. Je trouve que c’est extrêmement intéressant de pointer cette question des photos. Les photos, sur le site, sont de l’ordre de 10 à 40 kilooctets.
Marie Verdeil : C’est ça, en dessous de 50 kilooctets.
Laurent Costy : C’est ça. Alors que quand on fait une photo avec son appareil photo numérique, avec son smartphone, on est sur des quatre mégas, on est à un peu moins de 1000 fois plus. On voit bien la conséquence de cette réduction, de cette sobriété que vous avez expérimentée avec le site.
Si je me souviens bien, je ne l’ai pas revu récemment, dans le site la couleur du haut de la page est différente de celle du bas de la page pour signifier le niveau de charge de la batterie, de l’ensoleillement, c’est ça ?
Marie Verdeil : Exactement. On a un niveau. On a un truc qui mesure la batterie directement à la sortie, du coup on a cette information sur le site, comme un niveau, exactement comme tu l’as dit, il y a une sorte de pile au milieu. On voit la jauge de la batterie et dans le footer, au pied du site, on explique cela.
L’idée c’était aussi un peu de pouvoir prévenir les gens que si le site est à 12 %, il ne reste plus beaucoup de temps.
Laurent Costy : Dépêchez-vous de lire les articles !
Marie Verdeil : Ou d’aller acheter le livre en ligne pour le lire. On utilise beaucoup le cache. En fait, si vous avez consulté des articles, vous allez pouvoir y accéder à nouveau, sans télécharger à nouveau les données. Il y a plein de dynamiques, comme ça, pour éviter tous ces transferts de données, style chargement, qui vont être consommateurs d’énergie.
Laurent Costy : Il y a aussi beaucoup de réflexion autour de ça, on limite les transferts de données inutiles.
Marie Verdeil : L’idée c’est de limiter de façon générale et aussi de voir à quel point on peut limiter sans se limiter dans la publication. C’est un peu de cela qu’on se rend compte quand on lit les articles. Je crois qu’il y a aussi la taille de la page pour chaque article, donc la taille de la page avec toutes les images que cette page a et, souvent, on est dans les 200/300 kilobytes c’est très peu.
Laurent Costy : Alors qu’un site normal, avec des images, ça va être 100 fois plus, ça peut être tranquillement 100 fois plus avec des photos qui n’ont pas été redimensionnées et ne parlons pas des vidéos !
Marie Verdeil : En plus, je pense qu’il y a aussi toute la question d’accessibilité. Avoir un site très peu consommateur d’énergie c’est aussi plus accessible dans le sens où des personnes qui n’ont pas beaucoup de réseau, qui se trouvent, par exemple, dans des endroits où il y a peu de réseau ou que le réseau coûte très cher et qu’il faut payer son forfait assez cher, vont pouvoir accéder sans problème. Et aussi les personnes qui ont des appareils numériques anciens, là on revient à la question de préserver ses appareils, vont quand même pouvoir accéder au site. Même si des trucs ne vont peut-être pas marcher parce qu’on n’a pas HTML 5 ou je ne sais quoi, ce n’est même un souci parce que c’est du HTML qui est sémantique, qu’on peut juste lire et CTRL-P pour imprimer sur papier. Il y a aussi des styles d’impression : on peut faire CTRL-P et imprimer l’article, ça a été designé très bien par Lauren Traugott-Cambpell, la personne qui a d’abord designé le livre comme une sorte de journal, avec deux colonnes, donc on peut aussi lire les articles proprement imprimés, impeccables. Après c’est quand même sympa d’acheter le livre !
Laurent Costy : Il nous reste une ou deux minutes maximum. Qu’est-ce que tu aurais envie de compléter par rapport à tout ce qu’on a déjà dit ? Est-ce qu’il y a une chose que tu souhaites répéter ou que tu aurais oubliée ?
Marie Verdeil : Je pense qu’il est important de retenir qu’il faut essayer dépasser l’idée de low-tech comme un mode de vie. Que c’est une démarche politique. Qu’on a envie que ce soit une démarche conviviale. Penser aussi que renoncer à certaines choses peut aussi nous rendre heureux et remettre en question certaines choses auxquelles on est habitué. C’est un exercice de pensée qui permet de remettre en question les préconceptions qu’on peut avoir. Je pense c’est quelque chose sur lequel j’aimerais insister.
Après, abonnez-vous à la newsletter pour qu’on reste en contact. Beaucoup de choses arrivent : une BD va sortir sur Krys, faite par un auteur belge de Comics ; un article sur le nouveau site solaire et aussi un article sur les panneaux solaires, construire des petits systèmes de panneaux solaires qui va sortir dans les prochains mois.
Laurent Costy : Super. Merci beaucoup, Marie, d’avoir fait ce déplacement depuis Bruxelles.
Marie Verdeil : Merci à vous.
Laurent Costy : Je vais remercier aussi Killian. Fred, je te repasse la parole.
Frédéric Couchet : Merci Laurent.
Nos invités : Marie Verdeil qui est designer chez LOW←TECH MAGAZINE et indépendante ; Killian Kemps, cofondateur de RésiLien du côté de Lannion. On reparlera tout à l’heure de Lannion dans les annonces, si j’ai le temps. Le sujet était préparé et animé par Laurent Costy, chargé de mission Éducation et Communs numériques aux CEMÉA et vice-président de l’April.
J’en profite pour faire une petite annonce. Dans sa conclusion, Marie a parlé de démarche politique, eh bien le 23 mai j’aurai le grand plaisir d’accueillir Agnès Crepet pour un parcours libriste. Agnès Crepet est la responsable de l’équipe informatique et de la longévité logicielle chez Fairphone, le téléphone durable, réparable et éthique. On va parcourir un petit peu la vie d’Agnès Crepet et je pense que sa démarche politique est en plein à la fois dans sa démarche personnelle et professionnelle. Je vous souhaite une belle fin de journée et nous allons faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Après la pause musicale nous entendrons la chronique de Jean-Christophe Becquet sur Wiklou, le wiki francophone du vélo. En attendant, nous allons écouter Women Thoughts de Cyber SDF. On se retrouve dans trois minutes vingt. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Women Thoughts par Cyber SDF.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : On coupe un petit peu la pause musicale pour laisser du temps au dernier chroniqueur. Nous venons d’écouter, partiellement en tout cas, Women Thoughts par Cyber SDF, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution.
Nous allons passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]
Chronique de Jean-Christophe Becquet sur Wiklou, le wiki francophone du vélo
Frédéric Couchet : Texte, image, vidéo ou base de données sélectionnée pour son intérêt pédagogique, artistique, insolite, utile, Jean-Christophe Becquet nous présente une ressource publiée sous une licence libre. Les autrices et auteurs de ces pépites ont choisi de mettre l’accent sur les libertés accordées à leur public, parfois avec la complicité du chroniqueur. C’est la chronique « Pépites libres » de Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April. Jean-Christophe, tu es avec nous ?
Jean-Christophe Becquet : Oui. Bonjour Fred. Bonjour à tous. Bonjour à toutes.
Notre récente enquête pour connaître l’auditorat de Libre à vous ! positionnait Rayons Libres, l’émission consacrée au vélo, en tête des programmes de Cause Commune aussi écoutés par les auditeurs et auditrices de l’April. Du 1er au 31 mai 2023 se déroule « Mai à vélo », une programmation qui rappelle Libre en Fête coordonné chaque printemps par l’April avec plusieurs centaines d’événements partout en France. Enfin, la semaine dernière se tenait au ministère de l’Écologie le premier comité interministériel vélo et marche. « Les investissements annoncés – deux milliards d’euros budgétisés par l’État d’ici à 2027 – dépassent tout ce qui avait été dégagé jusqu’à présent », indique Olivier Razemon sur lemonde.fr. C’est pour toutes ces raisons que j’ai décidé de vous parler aujourd’hui de Wiklou, le wiki francophone du vélo.
Initié en 2010 par l’association grenobloise UN p’Tit véLo dAnS La Tête, Wiklou est aujourd’hui animé par L’Heureux Cyclage, le réseau des Ateliers vélo participatifs et solidaires. Il s’appuie sur le logiciel libre MediaWiki, le même qui fait fonctionner les différents projets de la constellation Wikimédia : l’encyclopédie Wikipédia mais aussi la médiathèque Wikimedia Commons, la base de données Wikidata et bien d’autres moins connus.
Le contenu du Wiklou est placé sous une double licence libre Creative Commons BY SA – Attribution Partage dans les mêmes conditions – et GNU FDL, Free Documentation License. Cette mention de licence est souvent difficile à trouver sur les sites web que je parcours. Ici, elle mise en avant dès la page d’accueil. Et la motivation de ce choix me semble également intéressante à relever : « cela garantit son utilité et sa pérennité ».
Wiklou traite du vélo sous toutes ses formes. Vous y trouverez un annuaire des associations vélo en France, une documentation sur les différentes pièces, accessoires et outils, mais aussi une revue d’articles sur les liens entre pratique du vélo et santé ; ou encore une sélection de contenus musicaux sur le thème du vélo pour les animations et les bonnes soirées vélorutionnaires.
Wiklou héberge aussi Magik Cambouïk, un fanzine qui ne se prend pas du tout au sérieux. Cette publication « a pour but de promouvoir les petites trouvailles qui contribuent à ce que la vie dans les ateliers soit plus belle, plus drôle et plus pratique ». Magik Cambouïk contient des « Magik-Fiches qui valent le détour : des drôles, des belles, des indispensables, des totalement farfelues, des maladroites, des œuvres d’art, des schémas géniaux dessinés à l’arrache comme on en fait parfois sur des bouts de nappes… ». Quelques exemples : pour dormir plus et travailler moins, le hamac en chambre à air ; dans la catégorie utile pour la vie de tous les jours, la perche attrape tout et dans la catégorie convivialité, le décapsuleur en chaîne de vélo.
Pour finir, j’aimerais annoncer un événement qui croise le monde du Libre et celui du vélo, le week-end prochain dans le pays Gapençais. Nous organisons en effet une cartopartie autour de la véloroute 862 « La Durance à Vélo ». Pendant deux jours, nous invitons à découvrir OpenStreetMap et à contribuer ensemble autour de cet itinéraire afin d’améliorer la description des services et points d’intérêt pour les cyclistes. Alors, si vous êtes du côté de Gap ou Briançon, vendredi 12 et samedi 13 mai 2023, rejoignez-nous. Vous trouverez le lien vers le programme détaillé sur la page consacrée à l’émission, sur libreavous.org. En attendant, je reprends le nom du collectif associatif qui fait vivre Wiklou, le wiki francophone du vélo pour vous souhaiter un « Heureux Cyclage ».
Frédéric Couchet : Merci Jean-Christophe. C’est « Heureux Cyclage » en deux mots.
J’aurais dû lire ta chronique, mais j’ai préféré avoir le plaisir de la découvrir en direct. Tu as dit, en début de chronique, que Rayons Libres est l’émission qui est arrivée en tête des programmes de Cause Commune aussi écoutée par les auditeurs et auditrices de Libre en vous !. En fait, c’est la deuxième, la première c’est CyberCulture, l’émission sur la technologie, le samedi, animée par William Asgavari. Rayons Libres est effectivement la deuxième, l’émission consacrée au vélo qui est diffusée chaque lundi en direct de 14 heures à 14 heures 30, animée par Jérôme Sorrel.
Dans ce même questionnaire, dont l’analyse est en ligne sur le site libreavous.org, le premier département d’écoute des auditeurs et auditrices était Paris, sans grosse surprise, mais le deuxième, si tu te souviens bien, c’était l’Isère, un département que tu connais bien.
Jean-Christophe Becquet : Et je ne l’ai pas fait exprès, mais à nouveau le Wiklou est né à Grenoble avec l’association, UN p’Tit véLo dAnS La Tête, qui est un des premiers ateliers vélo. Aujourd’hui on en trouve un petit peu partout en France, mais l’association grenobloise fait figure de pionnière.
Frédéric Couchet : Certaines personnes sur Mastodon – Fabien Cazenave, Nicolas Vivant – disent régulièrement : « Grenoble c’est classe ! ». Je crois qu’il y a un gros repère de libristes dans cette région.
Merci Jean-Christophe, on se retrouve le mois prochain pour ta prochaine chronique « Pépites libres ».
Jean-Christophe Becquet : Ça marche. Merci et bonne fin d’émission.
Frédéric Couchet : Nous approchons justement de la fin de l’émission, nous allons terminer par quelques annonces.
[Virgule musicale]
Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre
Frédéric Couchet : Tout à l’heure je disais que nous allions reparler de Lannion dans les Côtes-d’Armor. En effet, car samedi 13 mai il y a une permanence de l’association informatique Infothema : présentation de la nouvelle version Ubuntu. Occasion de découvrir cette distribution.
Du côté de Nanterre, le week-end des 13 et 14 mai, il y a « Hack week-end »OpenStreetMap. C’est un évènement où vous venez avec votre ordinateur portable, vos idées ou votre todo liste et où vous travaillez ou discutez avec d’autres personnes autour d’OpenStreetmap, la carte du monde créée par des gens comme vous et libre d’utilisation sous licence libre.
Du côté de Lyon, les Rencontres Professionnelles du Logiciel Libre sont un salon professionnel organisé par le PLOSS-RA, une association professionnelle dans la région de Lyon, un réseau professionnel des entreprises du logiciel libre établies en région Auvergne-Rhône-Alpes. Le salon s’adresse aux entreprises, collectivités, associations, universités et écoles qui cherchent des solutions à leurs besoins informatiques, des solutions en Libre évidemment. Cette année, ce salon aura lieu le mercredi 24 mai 2023 à Lyon. À cette occasion, l’April tiendra un stand et nous cherchons des personnes pour étoffer notre équipe de bénévoles, si vous avez envie de rejoindre l’équipe de bénévoles de l’April et que vous êtes du côté de Lyon.
Tous ces évènements sont évidemment référencés sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, dans lequel vous trouverez également toutes les autres informations concernant les évènements à venir autour des logiciels libres et de la culture libre.
Notre émission se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour : Isabelle Carrère, Marie Verdeil, Killian Kemps, Laurent Costy, Jean-Christophe Becquet.
Aux manettes de la régie aujourd’hui, il était un petit peu stressé, parce qu’on faisait des nouveautés dans l’émission, mais Thierry Holleville a assuré comme un grand, comme un fou. Il est visiblement très content, bien décontracté. Ça s’est bien passé ?
Thierry Holleville : Très bien. Je m’y fais.
Frédéric Couchet : Super. Tu t’y fais ! Très bien. Merci à toi.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, Julien Osman et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci également à Quentin Gibeaux, bénévole à l’April, qui découpera le podcast complet en podcasts individuels par sujet.
Vous retrouverez sur notre site web, libereavous.org, toutes les références utiles ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm. N’hésitez à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse contact chez libreavous.org.
Si vous préférez nous parler, vous pouvez nous laisser un message sur le répondeur de la radio pour réagir à l’un des sujets de l’émission, pour partager un témoignage, vos idées, vos suggestions, vos encouragements ou pour nous poser une question. Le numéro du répondeur : 09 72 51 55 46.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission. Si vous avez aimé cette émission n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.
La prochaine émission aura lieu en direct mardi 16 mai 2023 à 15 h 30. Notre sujet principal portera sur la stratégie logiciel libre de la ville d’Abbeville qui se trouve dans les Hauts-de-France.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 16 mai et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.