Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Isabella Vanni : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
L’auto-hébergement c’est le sujet principal de l’émission du jour avec également au programme la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame et aussi la chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Antanak. Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April.
Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.
Nous sommes mardi 8 juin 2021, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.
Étienne Gonnu : Salut Isa.
Isabella Vanni : Nous vous souhaitons une excellente écoute.
[jingle]
Chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, bénévole à l’April, sur le thème « Les règles maison »
Isabella Vanni : Nous allons commencer par la chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame qui est avec nous au studio. Bonjour Vincent.
Vincent Calame : Bonjour Isabella.
Isabella Vanni : Il me semble qu’aujourd’hui on va parler de jeu et de règles maison. Je suis assez curieuse de savoir de quoi tu vas nous parler. Je te laisse la parole.
Vincent Calame : Merci Isabella.
Comme c’est ma dernière chronique de la saison, que le printemps est maintenant bien installé et que les terrasses sont ouvertes, je me suis dit qu’un sujet léger serait le bienvenu, c’est dans l’air du temps ! Bon !, il faut dire aussi que je commence à avoir épuisé mon stock d’anecdotes sur le logiciel libre dans le cadre professionnel et ce n’est pas avec une année de confinement et de télétravail que j’ai pu le renouveler !
Bref ! Face à l’angoisse de la page blanche, j’ai décidé de prendre au pied de la lettre le titre de ma chronique « Jouons collectif ». Il se trouve que je n’ai pas choisi ce titre par hasard, car je suis amateur de longue date de jeux de société, que ce soit des petits jeux d’ambiance d’un quart d’heure ou des jeux de simulation historique sur plusieurs jours. Je parle ici de jeux avec des cartes, des plateaux en carton et des pions en bois. Ces jeux, avec du vrai matériel, offrent une opportunité qui, nous allons le voir, n’est pas sans rapport avec le logiciel libre, c’est celui de l’invention des règles maison.
Isabella Vanni : Qu’est-ce tu entends par règles maisons ?
Vincent Calame : Ce sont toutes les variantes et adaptations que l’on fait quand on est un groupe de joueurs réguliers et qu’un jeu nous plaît, soit parce qu’on corrige tel point d’une règle qui nous semble introduire un déséquilibre, soit parce qu’on trouve plus amusant de procéder différemment ou, tout simplement, parce qu’on a mal lu les règles. J’ai plusieurs exemples où nous avons préféré conserver des règles erronées plutôt que de rétablir les originales.
Or, avec le confinement, pour continuer à jouer ensemble dans notre groupe de joueurs, nous nous sommes rabattus sur des plates-formes qui proposent des versions en ligne de ces jeux, plates-formes généralistes comme Board Game Arena ou mises en place par les éditeurs des jeux eux-mêmes, comme le jeu Codenames. Ces plates-formes sont bien faites et je remercie leurs concepteurs pour avoir permis de maintenir ce lien social et convivial de faire une partie ensemble, mais on comprend bien le problème du point de vue de la liberté. Avec ces plateformes, exit la règle maison, exit la petite adaptation, exit les chemins de traverse, exit aussi les discussions houleuses sur l’interprétation d’un point obscur. Dans une plate-forme en ligne, seules les règles et variantes officielles ont le droit de cité. L’efficacité y gagne mais la liberté et la poésie y perdent !
Isabella Vanni : Pourquoi parles-tu de perte ? Ce ne sont pas des logiciels libres ?
Vincent Calame : Non. Pour des questions de droit d’utilisation et des choix économiques que je respecte, il n’est pas possible d’installer de telles plates-formes sur son propre serveur. Ce serait pourtant la seule solution pour appliquer ses règles maison !
On voit, par cet exemple anecdotique du jeu de société, l’importance de la deuxième liberté d’un logiciel libre, la liberté de l’adapter à ses propres besoins. L’informatique est en effet aliénante : là où du matériel de jeu physique offre un espace infini de création et de récréation – quand on pense à tout ce à quoi on peut jouer avec un bon vieux jeu de cartes classiques –, le jeu numérique n’offre qu’un cadre contraint, celui des concepteurs du jeu. Seule cette liberté d’adaptation nous permet de retrouver une marge de manœuvre ludique.
Isabella Vanni : Il me semble pourtant qu’il existe des jeux qui sont des logiciels libres !
Vincent Calame : Oui. Tout à fait. D’ailleurs j’en profite pour faire la publicité d’un jeu que j’ai découvert à l’occasion du confinement et qui m’a valu quelques nuits blanches et quelques retards dans la livraison de mon travail – dont l’écriture de cette chronique, je dois l’avouer ! Il s’agit du jeu FreeOrion, un jeu de stratégie et de conquête spatiale. C’est un jeu complexe où, là, le recours à l’informatique est bienvenu pour gérer de très nombreux paramètres. Du coup, j’ai commencé à regarder le code pour voir quelles sont les possibilités d’écrire des règles maison. Après tout, quand on fait la promotion des logiciels libres, il faut donner l’exemple et faire régulièrement ce travail de plongée dans le code, c’est toujours formateur. Je me vois mal intervenir dans le cœur du jeu, car il est dans un langage que je maîtrise mal, mais toute une partie est sous la forme de petits fichiers de configuration qui suivent une syntaxe conçue spécialement pour le jeu et relativement simple à comprendre si on a des bases en informatique. Du coup, une flopée de paramètres se trouve à portée de main : créer de nouvelles unités, changer les caractéristiques de tel ou tel peuple, imaginer de nouvelles situations. On retrouve bien là l’esprit des règles maison. J’ai par ailleurs découvert sur le site contribulle.org que l’équipe du jeu cherchait des contributrices et contributeurs, notamment pour la partie « intelligence artificielle », c’est-à-dire la gestion des adversaires informatiques.
Bon, là c’est une autre paire de manches et c’est évidemment un tout autre investissement en temps que de faire des petites règles maison. Ce serait finalement un parcours logique : on commence par imaginer des règles maison, on finit par travailler sur les règles tout court. C’est d’ailleurs souvent ce parcours qui est suivi par les contributrices et contributeurs dans le logiciel libre, que ce soit des jeux ou non ; on commence par petites touches, adapter un logiciel pour son propre usage et puis, de proche en proche, on finit par avoir les codes d’accès au dépôt maître du code source du logiciel.
Isabella Vanni : Merci beaucoup Vincent pour cette chronique autour des jeux et des règles maison. Est-ce que tu prévois de faire à nouveau une nuit blanche, cette nuit, pour jouer au jeu libre dont tu parlais tout à l’heure ?
Vincent Calame : Non, il faut que je range des installs de mon ordinateur.
Isabella Vanni : D’accord. À la prochaine chronique « Jouons collectif » qui aura donc lieu à la rentrée, tu auras, du coup, le temps de réfléchir à une thématique. Tu auras tout l’été.
Vincent Calame : Tout à fait.
Isabella Vanni : Merci Vincent.
Vincent Calame : Merci Isabella.
Isabella Vanni : Nous allons faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Isabella Vanni : Nous allons écouter Don’t You Get It par Damien Ogorodov sous licence Creative Commons CC By SA 3.0. C’est le même titre que celui d’une chanson du premier album de Mark Knopfler qui est connu aussi pour avoir été le guitariste de Dire Straits, mais ce n’est pas une reprise de ce morceau. Le style rappelle néanmoins beaucoup celui de Mark Knopfler, c’est peut-être une façon de lui rendre hommage. Je vous laisse vous faire votre propre opinion.
Pause musicale : Don’t You Get It par Damien Ogorodov.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Don’t You Get It par Damien Ogorodov, disponible sous licence libre Creative Commons CC By SA 3.0, c’est-à-dire Creative Commons Partage dans les mêmes conditions ce qui permet la réutilisation, la modification, la diffusion, le partage de cette musique pour toute utilisation y compris commerciale à condition de créditer l’artiste, d’indiquer la licence et d’indiquer si des modifications ont été effectuées. Dans le cas où vous effectuez un remix, que vous transformez ou que vous créez du matériel à partir de cette musique, vous devez diffuser votre œuvre modifiée dans les mêmes conditions, c’est-à-dire avec la même licence.
[Jingle]
Isabella Vanni : Passons maintenant au sujet suivant.
[Virgule musicale]
L’auto-hébergement, avec Angie Gaudion de Framasoft et Yves-Gaël Chény d’Empreinte Digitale
Isabella Vanni : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte sur l’auto-hébergement avec nos personnes invitées : Angie Gaudion de l’association Framasoft et Yves-Gaël Chény de l’entreprise Empreinte Digitale. Tous les deux interviennent à distance. Il est par contre ici au studio, avec moi, Laurent Costy, administrateur de l’April qui a préparé ce sujet et qui va animer l’échange.
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
Bonjour Laurent. Je te laisse donc la parole.
Laurent Costy : Bonjour Isabella. Bonjour à toutes et à tous.
Effectivement nous allons aborder le sujet de l’auto-hébergement. On a quatre grandes parties pour ce temps. Évidemment on va essayer de définir ce qu’est l’auto-hébergement parce que tout le monde n’est pas familiarisé avec ce concept. On essaiera de savoir pour quelles raisons il faudrait s’auto-héberger. Bien sûr on essaiera de dresser quelques pistes de solutions, ce n’est pas l’objet aujourd’hui d’aborder dans le détail des solutions, il y aura peut-être une émission ultérieurement qui abordera ce sujet-là, néanmoins on évoquera quelques solutions. Et puis on évoquera aussi, peut-être, les limites de l’auto-hébergement.
Tu as présenté Angie et Yves-Gaël. Angie est-ce que tu es avec nous ? Bonjour.
Angie Gaudion : Bonjour.
Laurent Costy : Merci à toi.
Yves-Gaël Chény est avec nous.
Yves-Gaël Chény : Bonjour.
Laurent Costy : Bonjour. Je crois que ton pseudo c’est hurdman pour ceux qui te connaîtraient sur les réseaux de l’April en particulier, puisque tu avais, je crois, administré un peu les serveurs de l’April à une époque.
Yves-Gaël Chény : Tout à fait, pas très longtemps malheureusement, mais un petit peu, oui.
Laurent Costy : Tu avais la parole. Je te laisse te présenter un petit peu, présenter un peu ton parcours et peut-être aussi ce que tu fais au quotidien comme métier.
Yves-Gaël Chény : D’accord. Je travaille dans une SCOP [Société coopérative de production] basée sur Angers qui est également membre de l’April, donc je suis doublement membre de l’April, à titre personnel et à titre pro. Je m’occupe particulièrement du pôle hébergement au sein de cette entreprise de développement logiciel.
Laurent Costy : D’accord. Il y a combien de salariés dans cette entreprise ?
Yves-Gaël Chény : On est une cinquantaine de personnes dont la majeure partie, du coup, est associée dans la SCOP.
Laurent Costy : Très bien. Merci.
Angie, tu es déjà venue dans l’émission mais ce n’est jamais mauvais de rappeler dans quelle association tu contribues au quotidien en tant que salariée.
Angie Gaudion : Je suis salariée de l’association Framasoft où je suis chargée de relations publiques. Du coup, j’ai une partie de mon temps qui est mis à disposition du Collectif des CHATONS, le Collectif des Hébergeurs, Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres, et Solidaires.
Laurent Costy : On comprendra plus tard dans l’émission pourquoi on t’invite par rapport à ce collectif. Il y a une grande expérience acquise finalement par rapport à la question de l’hébergement et de l’auto-hébergement, ce qui fait vraiment partie des raisons pour lesquelles on t’invite entre autres.
Angie Gaudion : Peut-être une petite précision, désolée de te couper, je ne suis pas une geek, c’est-à-dire que je ne suis pas une technicienne, je ne comprends pas quand les gens parlent de trucs techniques en général. Je pense que nos profils différents, avec hurdman, seront complémentaires.
Laurent Costy : Très bien. Donc il y aura deux profils non techniques au départ, car moi je ne suis pas non plus technique, et Yves-Gaël qui sera un peu plus technique parmi nous trois.
Je vous propose, en essayant d’être le plus pédagogues possible, d’expliquer ce qu’est l’auto-hébergement. On va peut-être donner la parole à Yves-Gaël en tant que technicien, comme ça, après, Angie pourra essayer de préciser peut-être avec des mots moins techniques si Yves-Gaël en utilise trop.
Yves-Gaël Chény : Je vais quand même essayer de ne pas être trop technique.
L’auto-hébergement, avant toute chose, je pense que c’est l’appropriation des outils pour soi et leur utilisation au quotidien, notamment grâce à des briques logicielles fournies par le logiciel libre et grâce à des briques matérielles comme ont pu l’être, par exemple, le Raspberry Pi pour démocratiser cela auprès des différents utilisateurs. Donc je pense que pour moi le mot clé serait d’abord le mot « appropriation ».
Laurent Costy : D’accord. Peut-être qu’on va même remonter un peu plus en arrière avant de définir « auto-hébergement », finalement est-ce qu’on ne peut pas définir » hébergement » et parler un tout petit peu de serveurs sans rentrer dans la technique ?
Yves-Gaël Chény : Oui, bien sûr. Je pense qu’on peut reprendre l’adage qui est qu’Internet ce ne sont jamais que des PC d’autres personnes connectés entre eux. L’hébergement, avant toute chose, c’est mettre à disposition pour soi-même ou pour communiquer avec d’autres ou pour offrir des services à d’autres des services, des programmes qui sont connectés via le réseau qu’est Internet.
Donc un serveur c’est juste une machine qui tourne tout le temps et qui héberge un de ces services.
Laurent Costy : Merci. Peut-être préciser aussi la nécessité d’une disponibilité dans le temps de cet ordinateur qui est connecté en tant que serveur ? Peut-être parler un peu de débit ?
Yves-Gaël Chény : Suivant les usages, bien sûr, les débits peuvent être très variables. Par exemple, si on veut héberger un serveur pour recevoir et envoyer des e-mails, le débit n’a pas besoin d’être trop élevé. En fait, la disponibilité, donc le temps de connexion du serveur au réseau, va finalement dépendre de cet usage et des objectifs que l’on a. Autrefois, par exemple, les plus anciens ont pu connaître des serveurs de mail qui ne se connectaient que quelques heures par jour pour s’échanger les messages. Par contre, si on est sur un serveur de chat on imagine bien qu’il faut qu’il reste connecté le plus souvent possible ou, si on veut exposer un site web pour parler de son association ou de son entreprise, il faut qu’il reste disponible sur Internet pour que les gens puissent venir voir ce que l’on fait.
Laurent Costy : Merci. Angie est-ce que tu veux compléter un peu cette vision de serveur et d’auto-hébergement ?
Angie Gaudion : Peut-être, du coup, pour rendre ça encore plus compréhensible, c’est dire ce que ça n’est pas, à savoir que, globalement, en tout cas quand on ne s’est pas posé la question, justement, de l’auto-hébergement, en fait on héberge ses services web chez des prestataires externes. Donc quand on fait, par exemple, du cloud on va stocker ses données dans un service de cloud qui est externalisé, qu’on ne gère pas. Quand on fait du mail, en général on utilise une boîte mail et, à part si on a fait des choix justement en ce sens, on passe par un prestataire qui, si on n’est pas encore « dégafamisé » peut être Google, Microsoft, voilà ! Si on est plus « dégafamisé », des services comme ProtonMail, Tutanota ou Posteo qui sont du coup des services plus éthiques de mail, mais on passe quand même par un prestataire externe.
Dans l’auto-hébergement, on ne passe pas par un prestataire externe puisqu’on héberge, effectivement, son serveur chez soi ou pas et c’est une vraie question. Il y a toujours, pour moi, un questionnement sur ce qui relève du vrai ou du faux auto-hébergement parce que, finalement, on pourrait considérer que oui, l’auto-hébergement c’est forcément avoir le matériel chez soi, à la maison et, en même temps, peut-être que quand on utilise un serveur qui est proposé par un prestataire externe mais qu’on gère l’intégralité de ce qui se passe sur ce serveur, on est quand même dans une forme d’auto-hébergement avec, du coup, une distance du matériel qui n’est pas à domicile. En tout cas je pense que c’est intéressant d’envisager les deux.
Laurent Costy : Je me souviens que c’étaient des discussions qui circulaient sur la liste CHATONS ; il y avait un grand débat autour de cette question : est-ce que l’auto-hébergement c’est chez soi ou est-ce que ça peut être sur un serveur ailleurs ? Finalement, peut-être que la convergence c’est de dire que l’auto-hébergement c’est quand on maîtrise la confiance qu’on a par rapport à celui qui gère le serveur. C’est peut-être ça. La question centrale c’est bien la question de confiance. Finalement on peut faire héberger ses données ailleurs que chez soi, mais ça veut dire qu’on connaît la personne qui héberge les données, on connaît les services, on est capable d’interagir avec ceux qui gèrent.
Angie Gaudion : Je rajouterais quand même une distinction parce que, pour moi, dans l’auto-hébergement il y a le fait qu’on administre ses services, c’est-à-dire qu’on a un certain nombre de compétences techniques qui font qu’on installe les services sur le serveur, qu’on crée les comptes s’il y a besoin de créer plusieurs comptes, etc. Ce qui est très différent de passer par un prestataire comme un chaton où là, effectivement, il y a cette confiance envers un tiers, où là on va carrément, entre guillemets, « transmettre cette confiance » même sur l’administration des services ; on reste utilisateur des services. Donc pour moi il y a deux niveaux dans l’auto-hébergement, entre guillemets, « distincts », il y en a un que je n’appellerais pas auto-hébergement au sens où, pour moi, on ne peut pas auto-héberger si on n’est pas techniquement en mesure d’installer les services qu’on veut utiliser, sinon on est utilisateur d’un service distant.
Laurent Costy : Merci. Voilà. Après on peut être utilisateur d’un service distant sans avoir appréhendé, sans avoir consolidé de la confiance avec le prestataire ou la personne. On peut aussi être utilisateur un peu averti et avoir à peu près appréhendé comment ça fonctionne et avoir des contacts. Ça me semble des distinctions importantes parce que finalement c’est bien dans le lien humain que la confiance s’établit et, en tout cas, qu’on peut avoir une appréhension de la manière sont traitées ses données grâce à ça.
Je pense qu’on y voit un peu plus clair maintenant sur ce qu’est l’hébergement et l’auto-hébergement. Évidemment il y a encore des discussions chez les chatons entre autres et ailleurs, néanmoins pourquoi faudrait-il s’auto-héberger ? Pourquoi regarder ces solutions-là ? Pourquoi essayer de comprendre comment ça fonctionne ? Pourquoi essayer d’installer ses propres services sur son ordinateur chez soi ? Yves-Gaël peut-être.
Yves-Gaël Chény : Oui. Avant d’être dans le métier, j’ai commencé par m’auto-héberger comme, je pense, beaucoup de gens qui sont venus dans l’infra serveurs, ce sont des motivations de départ. En tout cas dans mon cas c’était déjà de comprendre ces sujets parce que, même dans le monde libre des associations Linux que je fréquentais à l’époque, il n’y avait pas encore une telle angoisse sur la donnée, je pense, que celle qu’il peut y avoir maintenant. Avant toute chose c’était comprendre comment ça marche, en tout cas de mon côté, et s’approprier les processus, les process de traitement de ses mails et aussi, un peu, le défi technique de réussir à faire. Très vite je me suis rapproché des associations pour travailler sur ces sujets-là.
Laurent Costy : Si je résume ta pensée, c’est finalement une volonté, un besoin de comprendre comment ça marche en fait ?
Yves-Gaël Chény : Oui. Au départ, c’était vraiment ça mon idée, c’était avant les années 2000. Je pense qu’on était un peu moins inquiets sur le traitement de la vie privée sur Internet. Je participe encore un peu à des associations, notamment une association sur Clisson qui s’appelle Gullivigne où on aide un peu les gens à prendre en main l’informatique on va dire. On voit que les gens viennent plus, finalement, pour comprendre où vont leurs données. Je pense que c’est une deuxième inquiétude qui est peut-être un chouia plus récente, on parle quand même en dizaines d’années, et qui, du coup, crée un nouveau besoin sur cet auto-hébergement.
Laurent Costy : Très bien. Effectivement, tu remontes à 20/30 ans en arrière et, pendant ce laps de temps, plusieurs scandales ont évidemment révélé la vraie question centrale des données sur Internet. Il y a bien sûr eu les révélations d’Edward Snowden en juin 2013 – il n’y a pas eu que ce scandale-là, Cambridge Analytica, etc. ; je pense que si vous écoutez régulièrement les podcasts de l’émission, même si vous n’en écoutez que quelques-uns, vous avez plein d’exemples et de situations dans lesquelles la donnée est devenue un enjeu central en particulier pour les GAFAM – et évidemment cette question-là est venue interroger la nécessité de l’auto-hébergement.
On peut se donner quelques minutes, évidemment on ne va pas passer tout le temps sur ce sujet-là, mais peut-être rappeler toute cette problématique liée à la donnée. La question du capitalisme de surveillance que Shoshana Zuboff révèle dans son ouvrage conséquent, 800 pages, qui nous montre finalement vers quoi on va et qui, du coup, alerte sur l’importance de questionner où sont nos données et de questionner la maîtrise de nos données. Je ne sais pas, j’imagine, Angie, que tu as aussi des exemples à nous donner pour illustrer un peu cette importance de la donnée et de la protection de la donnée que nous devons tous avoir.
Angie Gaudion : Peut-être, pour revenir sur une formule que moi j’ai découverte finalement en arrivant chez Framasoft, que je n’avais jamais entendue, je me suis dit comment c’est possible, qui était « le cloud c’est toujours l’ordinateur de quelqu’un d’autre ». Je trouve que c’est très parlant pour parler de cette histoire des données stockées chez quelqu’un d’autre. Bien sûr, quand c’est une grande entreprise, on est bien au-delà de quelqu’un, un individu, mais on est quand même, du coup, dans une grande entreprise du Web. Aujourd’hui, on se rend compte que le fait que ses données soient effectivement récoltées par les géants du Web pose de nombreuses questions que ce soit sur l’aspect économique : ces entreprises sont quand même les plus grosses multinationales, les capitalisations boursières les plus élevées, elles ont donc un pouvoir d’influence très fort sur le reste du marché numérique. Par exemple elles rachètent à tour de bras toutes les innovations, les entreprises innovantes qui proposent des solutions intéressantes, donc elles tuent le système de la concurrence ; elles récoltent des données qu’on éparpille un peu partout pour créer des bases bien plus grandes.
Ensuite, bien sûr, ces données servent à alimenter un système qui est, tout simplement, celui de l’exploitation de ces données pour générer une source d’argent. Ça va dépendre des types d’entreprises, elles ne vont pas toutes faire le même usage de ces données, mais globalement on sait bien que c’est souvent ce qui alimente le modèle de la publicité ciblée. Aujourd’hui c’est un des modèles les plus importants, ce qui fait qu’au regard des données qu’on collecte sur vous dans ces différents services, eh bien on va pouvoir vous proposer de la publicité qui « correspond », entre guillemets, à ce que vous avez dit, diffusé et sur laquelle vous pourrez tout simplement cliquer plus facilement et être des consommateurs plus actifs. C’est le premier élément important.
Mais ça va au-delà de ça puisque, typiquement, le scandale Cambridge Analytca a mis en évidence, dans le cadre de Facebook en l’occurrence, que les données de millions d’utilisateurs et utilisatrices de Facebook avaient été récoltées pour avoir une idée de leur positionnement politique, pour ensuite faire des publications. Ce n’était pas vraiment de la publicité, c’était vraiment adresser certaines publications de certains autres comptes à ces utilisateurs pour essayer de leur faire changer d’avis, en particulier dans le cadre des élections de la présidentielle américaine il y a maintenant cinq ans, enfin quatre ans et demi, et aussi dans le cadre du Brexit, du vote pour le Brexit. Donc il y a eu une influence très forte sur une partie des utilisateurs de Facebook pour leur faire changer d’avis. Là, vous voyez que les données personnelles ne sont pas du tout exploitées pour faire de l’argent, elles sont exploitées pour générer un changement d’opinion politique, en tout cas un maintien dans certaines opinions politiques d’une partie de la population.
Voilà. Il y a plusieurs exemples de ce type, c’est assez variable.
Après, on va avoir tout simplement des structures qui effectivement revendent ces données, des choses un peu obscures pour l’internaute lambda et on se retrouve avec des données qui vont être exposées sur le Web. J’ai regardé un service qui s’appelle Haveibeenpwned où, en fait, on peut voir si son mot de passe a été récupéré un certain nombre de fois et c’est assez indécent de se rendre compte qu’on a laissé des traces d’il y a 10 ans ou 15 ans en arrière. Donc il y a vraiment un élément fort.
Enfin, et là pour le coup ce n’est pas sur l’exploitation de nos données mais, pour moi, ça participe du capitalisme de surveillance dans sa globalité, c’est l’aspect de la domination culturelle, c’est-à-dire qu’on est face à des entreprises qui relèvent d’un modèle de société qui est lui de l’impérialisme américain avec des choix de modération, des types de contenus possibles ou pas, qui font, en fait, que ça formate nos comportements de manière très forte et, pour le coup, ça nuit effectivement à nos libertés individuelles globalement.
Laurent Costy : Merci. Effectivement ça rejoint ce qu’a pointé Shoshana Zuboff sur la question du surplus comportemental qui alimente les bases de données, qui alimente aussi les IA pour faire de la reconnaissance faciale, savoir où sont les gens, où ils sont passés, ce qu’ils font, avec qui, parce que c’est finalement ça qui est extrêmement important pour ces entreprises qui, à un moment donné, veulent deviner à l’avance ce que vous allez faire, parfois elles savent avant vous ce qui se produit. En préparant l’émission je suis retombé sur la situation d’une jeune fille qui était enceinte et qui recevait déjà des publicités pour des couches, etc., alors que son père n’était pas au courant, c’était au début des années 2010. On est bien dans ces logiques-là où, finalement, on veut prédire ce que les gens feront, c’est une forme de pouvoir extrêmement fort. Et plus on alimente les bases de données de ces géants et plus on leur donne la matière pour, finalement, nous orienter par la suite.
C’est vrai que tous ces éléments-là nous encouragent à nous poser la question : finalement, j’ai peut-être intérêt à emmener mes données chez moi, à les garder chez moi et à les protéger fortement.
Ça veut dire aussi un peu un retour aux sources puisque, sauf si je me trompe, je ne suis pas un spécialiste de l’Internet, en tout cas quand on commence à se poser ces questions-là et qu’on remonte à l’histoire d’Internet c’était bien une logique décentralisée et c’est là qu’on rejoint un petit peu aussi la logique des chatons. Est-ce que vous pouvez nous parler, nous expliquer un petit peu techniquement comment fonctionne cette logique initiale ? Yves-Gaël peut-être.
Yves-Gaël Chény : Si vous voulez. En fait ça c’est un peu l’yo-yo. C’est-à-dire que suivant le coût du matériel et ses capacités de traitement, on a connu un peu toutes les phases entre des gros serveurs externalisés et des petits serveurs en interne, ce qui est assez drôle. Pour rebondir un peu sur ce que disait Angie tout à l’heure sur la partie données c’est très intéressant parce que souvent, sur l’auto-hébergement, on se focusse un peu sur les individus, sur les personnes qui traînent autour des associations de gens intéressés, on va dire, par la liberté au sens large. Mais, dans les problématiques de vie connectée actuelle, c’est un peu plus large que ça et c’est vrai que cette réflexion d’auto-hébergement peut intéresser aussi des collectivités qui, par exemple, collectent des données pour leurs citoyens pour des services ou autres.
Pour répondre à cette question, il y a eu un départ en masse, finalement relativement récent, vers le cloud et on voit un repli à l’heure actuelle, il y a une espèce de retour, une réflexion vers ce qui est appelé le edge datacenter, le retour à des machines qu’on peut au moins placer physiquement sur une carte à défaut de tout externaliser. Voilà. Donc on va dire que l’histoire fait l’yo-yo sur ces sujets-là.
Laurent Costy : D’accord. C’est vrai que le Collectif CHATONS est plutôt sur une logique où on décentralise à nouveau les données, il n’y a pas une structure, une super structure qui, finalement, est capable d’avoir des silos de données entiers, chacun a un tout petit bout de données, du coup ça protège tout le monde.
Je parcours régulièrement le site « Je n’ai rien à cacher » parce que, évidemment, tout le monde a été confronté à une personne qui répond systématiquement qu’elle n’a rien à cacher sur Internet et qu’elle ne fait donc pas attention à ses données. Ce site-là permet justement de trouver des arguments concrets, solides, parce que, finalement, on est toujours un peu sec pour répondre à ça. Je suis retombé sur un article de Laurent Chemla dans Médiapart, en 2015, qui expliquait bien que ce n’est pas tant soi-même qu’on veut protéger, mais les autres. J’ai trouvé un exemple avec des animaux. De toute façon on peut trouver des exemples avec des êtres humains aussi. Des gens faisaient des safaris en Afrique, faisaient des photos géolocalisées et les postaient sur les réseaux sociaux. Les braconniers identifiaient la localisation de ces photos-là et trouvaient beaucoup plus facilement les rhinocéros pour les tuer et s’emparer de leurs cornes.
On voit bien que la question de « Je n’ai rien à cacher » est bien plus large que soi-même, elle doit aller au-delà de soi, et c’est bien pour protéger les autres aussi qu’il faut faire attention. Après, c’est vrai qu’on vide l’océan avec une petite cuillère puisque, quand on envoie un mail avec Gmail, on sait bien que même quand on n’a pas un mail avec Gmail on passe généralement par les serveurs de Google, donc, à chaque fois, si vos mails ne sont pas chiffrés eh bien les contenus sont lus, en tout cas les métadonnées sont collectées parce que, finalement, ce sont presque plus les métadonnées qui intéressent que le fond même du mail. Ce sont toutes ces questions-là qui, finalement, encouragent à se poser la question de l’auto-hébergement et à faire l’effort de beaucoup mieux maîtriser ses données.
Angie Gaudion : Je pense qu’il y a aussi un élément assez important auquel je n’avais pas trop réfléchi avant de préparer cette émission, c’est le fait que quand on passe par un hébergeur externe, et particulièrement les hébergeurs GAFAM, en fait on n’a aucune assurance que nos données seront accessibles. C’est-à-dire qu’on peut nous les supprimer, on peut nous supprimer cet accès d’un moment à l’autre. Il n’y a aucun engagement puisqu’il n’y a aucune contractualisation réelle de l’accès à ces données. C‘est aussi une problématique. L’auto-hébergement, bien sûr, règle ça puisqu’on sait quand ses données seront accessibles ou pas puisqu’on gérera le matériel. Même si on passe par un tiers un peu plus éthique, souvent on va contractualiser avec un certain nombre de contreparties et on saura, effectivement, ce qui se passera si les données sont perdues. Ça me fait penser à l’épisode de l’incendie d’OVH où on s’est rendu compte que plein de petites entreprises, voire des particuliers, hébergeaient leurs données dans cette entreprise et n’avaient jamais pensé qu’il fallait faire des sauvegardes de ses données pour pouvoir y accéder au cas où il y aurait un souci technique ; on est dans la même logique. Dans l’auto-hébergement il y a aussi la notion, OK, c’est bien d’auto-héberger mais comment on gère l’aspect sauvegarde ? Peut-être qu’on y reviendra.
Laurent Costy : Bien sûr. Finalement l’informatique se résumerait presque à la question de la sauvegarde !
Je me permets de préciser, parce qu’on m’a posé la question en off, ce que sont des métadonnées. Ce n’est pas le contenu même de votre mail qui intéresse forcément les super structures, mais c’est plus, finalement, à quel moment, la géolocalisation, parce que, par exemple en collectant vos données de géolocalisation, on va pouvoir savoir à quel endroit vous passez, donc on va pouvoir prédire à quel endroit vous allez passer ; si on arrive à prédire l’endroit où vous allez passer, on va peut-être pouvoir vous afficher la pub qui va convenir par rapport aux magasins devant lesquels vous passerez. Ce sont tous ces éléments-là qui sont, finalement, presque plus précieux que le contenu. C’est important de préciser ce que sont les métadonnées parce que, quand on dit qu’on n’a rien à cacher, ce n’est pas que le contenu du message qu’on devrait cacher, c’est bien aussi tout le reste, c’est bien aussi quand est-ce qu’on écrit, à qui, parce que, évidemment, des graphes de connexion avec d’autres personnes sont constitués, on sait quelles sont vos relations, donc on peut retrouver très facilement.
Je ne vous cache pas que je me suis même fait peur en préparant l’émission. Je ne sais pas si vous avez en tête la scène dans Blade Runner où, à un moment donné, il est dans son canapé et il essaye de grossir une image qu’il a collectée. À l’époque c’était les vieux magnétoscopes avec des grosses cassettes, des bandes-magnétiques, etc. Il avait déjà un programme qui lui permettait de grossir l’image à la voix. Il faut savoir que maintenant, avec des appareils photos qui font finalement 48 millions de mégapixels et des logiciels qui sont finalement déjà en œuvre, on est capable de grossir la pupille d’un œil et de reconnaître des gens grâce à l’intérieur de leur pupille de l’œil. Ce qu’on trouvait incroyable dans les années 80 devient évidemment réalité. On peut le dire de beaucoup de choses, en tout cas quand j’ai vu ça je me suis dit oui, on a quand même fait un grand bon en avant. Du coup ça veut bien dire, là encore, que si vous ça ne vous dérange pas d’être pris en photo, supposez que vous rencontriez quelqu’un qui doit être protégé, par exemple un journaliste, et que vous êtes pris en photo on est capable de savoir avec qui vous avez discuté.
Évidemment, tout ça fait un petit peu peur et il ne faut pas générer que de la peur, il y a aussi des belles chose dans Internet, je tiens à le répéter. Néanmoins, c’est important d’insister sur le fait que vos données sont vos données, il faut les protéger.
Est-ce que vous avez des choses à rajouter sur la raison pour lesquelles il faut se poser des questions sur l’hébergement de ses données ? Après on peut aussi étayer la question des sauvegardes, mais ce sera peut-être plutôt dans une partie technique. Est-ce que vous voulez ajouter des choses ?
Angie Gaudion : Peut-être par rapport à la décentralisation. Effectivement, l’idée de ne pas avoir toutes ses données auprès d’un récolteur de données massif est importante, mais il y a aussi une notion, pour moi, qui est, comment puis-je dire, plus humaniste au sens où soit s’auto-héberger soit passer par un tiers pour s’auto-héberger, mais un tiers local, a une incidence, du coup, sur la répartition de certaines économies sur le territoire. En fait plus il y a d’acteurs plus on a de chances de limiter cette centralisation, donc forcément les problématiques liées aux données personnelles et à la vie privée. Voilà, juste une précision rapide.
Yves-Gaël Chény : Je rajouterais un petit point en plus en complément. Quand on parlait de sauvegarde, il faut parler aussi de réversibilité des données, ça veut dire qu’on peut récupérer ses données. Comme on est entre fans de logiciels libres on peut aussi parler de formats ouverts et s’assurer le fait que les différents opérateurs sur le territoire, avec qui on veut travailler, soient à même de les traiter une fois récupérées. Il y a aussi cette problématique-là : on peut récupérer ses données mais si on ne sait pas les lire ou si le nouveau prestataire ne sait pas les lire, on n’en aura pas l’usage et la pleine propriété.
Laurent Costy : Merci. Effectivement cette précision est importante. Ayant travaillé dans les MJC ancrées sur le territoire, moi aussi je prône le local, moi aussi je prône la proximité et le lien physique avec les gens.
Je repasse à la parole à Isabella pour la pause musicale.
Isabella Vanni : Merci Laurent. Effectivement nous allons faire une pause musicale. Nous allons écouter Drôle de cadence par ZinKarO, sous Creative Commons CC By SA 3.0. Cette fois on est plutôt sur de la chanson française, c’est un swing d’inspiration manouche. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Drôle de cadence par ZinKarO.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Drôle de cadence par ZinKarO, disponible sous licence libre CC By SA 3.0.
[Jingle]
Isabella Vanni : Je suis Isabella Vanni. Nous allons poursuivre avec notre sujet principal sur l’auto-hébergement.
Cette émission est consacrée justement à l’auto-hébergement et nous parlons de ce sujet avec nos personnes invitées : Angie Gaudion de l’association Framasoft et Yves-Gaël Chény de l’entreprise Empreinte Digitale. C’est Laurent Costy, administrateur de l’April, qui a préparé et qui anime cet échange. N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
Laurent je te redonne la parole.
Laurent Costy : Merci Isabella.
Nous reprenons le fil de la discussion.
Dans un premier temps, nous avons défini ce qu’est l’auto-hébergement, donc on y voit un peu plus clair désormais. Et puis nous avons aussi évoqué, bien sûr, la raison pour laquelle il faudrait potentiellement s’auto-héberger.
Je vous propose maintenant de se poser la question de savoir finalement comment concrètement on peut faire pour s’auto-héberger, quelles sont les précautions, quelles sont les règles à se donner, quelles sont les réflexions à avoir avant de s’auto-héberger, de se jeter sur un ordinateur pour installer un système qui permettrait de s’auto-héberger et quel système le cas échéant. Yves-Gaël peut-être.
Yves-Gaël Chény : Je préfère laisser la main à Angie pour débuter sur ce sujet parce que je suis sûr qu’elle sera plus familiarisée que moi là-dessus.
Laurent Costy : Quel galant homme !
Angie Gaudion : Merci.
Pour moi, quand on envisage de s’auto-héberger, la première étape va être d’identifier ce qu’on veut auto-héberger, c’est-à-dire quels sont les services qu’on souhaite auto-héberger, où est-ce qu’on les a actuellement avant l’auto-hébergement, c’est-à-dire comment on va pouvoir faire la migration des données, c’est un élément important ; combien il y a de données, quel poids ça pèse parce qu’il va bien falloir qu’on définisse la taille de son auto-hébergement. En général on parle tout simplement d’un diagnostic des usages : qu’est-ce que j’utilise comme services numériques en ligne ? Est-ce que, du coup, je peux rapatrier les données pour les utiliser ou pas ? Est-ce que je veux auto-héberger tous mes services numériques ou seulement une partie ? Ce sont des choix personnels qu’on peut définir. Évidemment ça influera sur le coût total de cet auto-hébergement puisque plus on va héberger de contenus plus il faudra des supports de stockage élevés, plus ça aura une incidence, forcément, sur le coût.
Bien sûr se poser la question : est-ce que les données qu’on va héberger chez soi seront bien protégées, ça posera effectivement la question du choix du système d’auto-hébergement qu’on va choisir ; on peut même se poser la question de quels sont les niveaux de menaces dont on souhaite se préserver- Ce sont des vraies questions en amont.
Il y a un élément hyper-important pour moi c’est le nombre d’utilisateurs potentiels. Là on parle d’auto-hébergement, si on parle à titre individuel, est-ce que ce n’est que pour soi en tant qu’individu, est-ce que c’est pour soi et sa famille, est-ce que c’est pour soi, sa famille et son groupe d’amis ? En gros il va y avoir aussi une notion de est-ce qu’on crée un réseau de personnes derrière cet auto-hébergement. Et bien sûr, si on est une entreprise ou une collectivité, on va avoir ces mêmes questions, mais là ça semble assez évident. Souvent, à titre individuel, on ne le fait pas toujours, on le fait pour soi, puis on l’ouvre petit à petit et, des fois, ça peut être bien d’y penser dès le départ en fait. Vraiment faire un diagnostic de ce qu’on a aujourd’hui, ce qu’on voudrait mettre en place, pour qui, en gros.
Laurent Costy : Supposons qu’on se soit posé toutes ces questions-là, n’importe qui avec n’importe quelles compétences en informatique – je sais faire un peu de traitement de texte, j’en fais depuis 20 ans dans mon entreprise ou dans mon association – peut se lancer sur l’installation d’un serveur chez soi ?
Yves-Gaël Chény : C’est le petit complément : combien de temps j’ai à y passer et quelles compétences j’ai actuellement et, du coup, potentiellement de qui je peux me rapprocher pour avoir de l’aide sur le sujet, association, entreprise ou amis ? Je pense que c’est peut-être le petit détail à ajouter sur toute la bonne analyse d’avant.
Laurent Costy : Oui. Du coup, je peux témoigner à titre personnel. Je ne suis pas geek au départ. C’est vrai qu’au fil des années j’ai acquis quelques compétences, donc j’ai expérimenté un petit serveur chez moi, à titre personnel, pour héberger quelques données sans importance, encore une fois plutôt pour expérimenter. Ça peut être très déstabilisant. Par exemple, quand il y a une panne, ça reste très compliqué de savoir si c’est moi qui suis incompétent ou si, finalement, c’est une panne réseau qui est extérieure à ma gestion et à mes compétences. C’est vrai, soyons clairs, n’importe qui ne peut pas se lancer dans de l’auto-hébergement sérieux, surtout s’il souhaite l’ouvrir aux autres. Je pense qu’il faut quand même être assez objectif par rapport à ça et ne pas laisser penser aux gens qu’à partir du moment où ils auront compris et envie d’arrêter de laisser leurs données aux GAFAM ils peuvent, du jour au lendemain, se lancer dans l’hébergement d’un serveur chez eux avec un vieil ordinateur qu’ils avaient dans un coin. Voilà ! Il faut quand même être très clair sur cet aspect-là des choses.
Néanmoins, c’est vrai que les outils ont énormément progressé. J’ai découvert YunoHost il y a maintenant quelques mois – je témoigne, je fais un peu l’animateur et la personne qui témoigne, je ne sais pas si c’est très dans les canons, en tout cas je peux en parler un petit peu – c’est devenu effectivement assez simple d’utilisation, d’installation quand on a quelques bases. C’est remarquable, ça a été très travaillé aussi sur l’esthétisme, ce qui était toujours un reproche qui était fait à des logiciels libres. Il y a eu un gros effort de convergence sur la mise en page. Pour YunoHost, en particulier, on a des petites briques très colorées, très simples d’accès. Ces services-là ont été simplifiés. On pourra sans doute faire, plus tard dans l’année, une émission spéciale sur ces outils-là, en tout cas je voulais témoigner que ce sont devenus des outils quand même beaucoup plus appropriables. Il y a encore, je dirais, une petite dizaine d’années, il fallait systématiquement passer par de la ligne de commande, le terminal, le fameux terminal noir avec des écritures blanches ou même vertes à l’époque, pour pouvoir installer son serveur, l’administrer, le mettre à jour, trouver la panne, etc. Désormais il y a une interface graphique qui est devenue très compréhensible, majoritairement en français, parce que c’est souvent aussi une limite pour les utilisateurs, les logiciels sont créés à l’étranger et, du coup, restent en anglais et quand on me maîtrise pas l’anglais ça reste beaucoup plus compliqué, on abandonne très vite.
En tout cas, pour ces outils-là, beaucoup de progrès ont été faits et ils s’améliorent encore tous les jours. Encore une fois, n’importe qui ne peut pas se lancer dans de l’auto-hébergement.
Est-ce que vous pouvez témoigner à titre personnel ? Yves-Gaël, oui bien sûr, tu l’as dit, tu as commencé par de l’auto-hébergement. Angie, toi tu as dit que tu n’es pas geek, j’imagine que tu ne t’es pas lancée ou que tu m’as pas eu le temps, c’est plutôt une question de temps, ça aussi je le redis, Yves-Gaël l’a dit tout à l’heure. Est-ce que tu as eu l’occasion d’essayer, d’expérimenter ?
Angie Gaudion : J’ai vraiment expérimenté. Je me suis acheté un petit Raspberry et j’ai installé effectivement YunoHost dessus.
Laurent Costy : On va peut-être expliquer. Tout à l’heure Yves-Gaël a aussi évoqué le Raspberry Pi. Peut-être peux-tu expliquer ce que c’est.
Angie Gaudion : En fait, c’est un micro-ordinateur, un ordinateur qui est composé d’une carte sur laquelle il y a beaucoup de petits éléments et qui coûte beaucoup moins cher qu’un ordinateur habituel — je crois que je l’ai payé autour de 60 ou 80 euros — sur laquelle on va rajouter ce dont on a besoin. Typiquement j’ai rajouté un disque dur externe ; il y a un petit espace de stockage interne, du coup il faut un disque dur externe si on veut stocker des données importantes. Il n’y a pas d’écran. C’est vraiment une petite carte qu’on va sûrement mettre dans une boîte parce que ça permet de la protéger. Une sorte de mini-ordinateur, d’ailleurs un peu ce qu’on a dans nos ordinateurs portables, on est dans les mêmes logiques de matériel miniaturisé qui permet de faire plein de choses, sauf que là on a un truc vide quand on l’achète et il faut installer un système d’exploitation ou une distribution – ce sont déjà des termes un peu plus techniques – pour le faire fonctionner et on peut en faire plein de choses différentes. Voilà en gros pour le Raspberry qui permet de tester de manière aisée sans investir dans quelque chose de très gros.
Pour moi il y a aussi un intérêt au Raspberry Pi : en termes de consommation énergétique ce n’est pas du tout gourmand, donc c’est assez intéressant, je pense qu’on reviendra sur cette question de la consommation énergétique dans l’hébergement.
Donc j’ai installé YunoHost, ce que je n’ai pas du tout trouvé simple parce que j’ai eu plein de bugs à l’installation et, bien sûr, je me suis retrouvée avec des trucs, je suivais le tutoriel et ça ne marchait pas. Il y avait des gens autour de moi qui ont pu me le dire « là, en fait, c’est parce que tu as mal paramétré ça avant de faire l’installation. – Oui, mais comment je l’aurais deviné ? » Pour moi ce n’est pas du tout accessible aux personnes qui n’ont pas un niveau de compétences numériques relativement élevé.
Il y a un autre enjeu aussi assez fort pour moi, que ce soit YunoHost ou les autres, c’est justement le fait de pouvoir réellement se protéger par exemple du spam. Si on auto-héberge un service de mail, derrière c’est un service qui est très compliqué à gérer pas au plan technique mais sur comment s’assurer que tous ses mails sont distribués auprès de ses destinataires, s’assurer qu’on reçoit les mails que les expéditeurs nous envoient, ne pas tomber dans les boîtes spam de tout le monde, ne pas être spammé rapidement, donc avoir un très bon système ; tout ça, techniquement, n’est quand même pas si simple.
Donc ce que j’ai fait, je suis allé chez un des chatons, chez une des structures du Collectif et c’est très bien, j’ai des gens compétents qui gèrent tout ça pour moi.
Laurent Costy : C’est vrai que la distribution de mails est un vrai métier, c’est un point extrêmement important, et même faire comprendre ça aux personnes qui utilisent simplement le mail habituellement, qui disent « oui, mon mail n’a pas été reçu, etc. », c’est vrai que ça reste d’une grande complexité, même à expliquer.
C’est bien que tu puisses donner un point de vue d’utilisateur non technicien avancé, on va dire comme ça, je te rejoins sur l’analyse.
Je crois même que pour le Raspberry Pi et pour toutes ces cartes on parle même de nano-ordinateur puisque, finalement, le micro-ordinateur c’était déjà le nom qu’on donnait dans les années 80 au PC, me semble-t-il, on parle même de nano-ordinateur, puisque, effectivement, vu sa taille, la carte tient dans la main. Et puis on a limité, je crois, toute la consommation, ce ne sont pas des disques durs mécaniques qui consomment un peu plus à cause du moteur, etc. Tout ça a été effectivement pensé pour pouvoir consommer un petit peu moins.
Dans les projets un peu de nano-ordinateurs, pour faire un petit témoignage, j’ai acheté ce qu’on appelle une Brique Internet, c’est un service qui est mis en place, je crois que la FDN, French Data Network, propose ce service-là. Pour l’occasion je l’ai achetée en Belgique, c’est vrai qu’ils paramètrent le système au départ et après on vient ajouter des services assez simplement. Il y a un magasin de logiciels qu’on peut rajouter sur son serveur et puis rajouter plein de services, on peut rajouter un blog assez simplement. Il y a énormément de services possibles, on peut même, justement, rajouter une petite brique qui permet de créer des mails temporaires. Je trouve ça assez pratique, par exemple quand il faut donner son mail à une structure commerciale qui va systématiquement nous renvoyer derrière du spam, et puis on lui dit « ce mail-là va durer trois mois et après tu l’écrases », dans trois mois on a fini les échanges avec la structure et, du coup, ça peut disparaître.
Si on doit résumer, je dirais que c’est vrai que la plus grosse difficulté c’est bien la question technique, il faut bien mesurer ses compétences techniques. Par contre, ce que j’ai trouvé assez jouissif dans cette expérimentation-là, c’est qu’on acquiert très vite des compétences. On comprend, on assoit des compétences qu’on avait déjà testées avec un système GNU/Linux au quotidien, donc on apprend vite et les tutoriels sont bien faits, encore une fois en français. Oui, des fois on bloque. On peut aller sur les forums, moi je me suis fait beaucoup aider sur le forum de YunoHost, ils sont très réactifs. Ça aussi c’est extrêmement intéressant dans le lien et dans l’échange.
Évidemment, si jamais on se lance, le seul et unique conseil qu’il faut peut-être donner c’est finalement de maîtriser ses sauvegardes. Si on maîtrise ses sauvegardes on finit toujours par s’en sortir.
J’espère que cette synthèse vous satisfait. Je ne sais pas si vous voulez complétez. On a déjà évoqué un peu les points, mais on pourra peut-être parler des limites de l’auto-hébergement. On vient d’en évoquer une grosse qui est la question de la compétence, on pourra peut-être passer en revue les autres éléments.
Yves-Gaël Chény : Je rebondis juste sur ce que tu as dit à propos de La Brique. Ce n’est pas exactement le même matériel que le Raspberry Pi, c’est un matériel un peu plus ouvert que le Raspberry Pi. Le Raspberry Pi a l’intérêt d’avoir une grosse communauté actuellement, mais ce n’est pas forcément la carte la plus ouverte en termes de format d’un point de vue électronique.
Laurent Costy : Oui, je crois que c’est une carte Olimex.
Yves-Gaël Chény : Tout à fait. C’est un OLinuXino.
Laurent Costy : C’est vrai que ça s’est multiplié dans le commerce, il y en a qui sont plus ou moins ouverts, c’est important de le préciser.
Par rapport aux limites de l’auto-hébergement, on a évoqué la question de la compétence qui est centrale, si vous ne vous sentez pas à l’aise ne vous lancez pas dans de l’auto-hébergement et, du coup, rapprochez-vous des chatons.
Angie a un peu évoqué la sécurité. Yves-Gaël, peut-être que tu peux nous en dire plus puisque cette question de la sécurité c’est presque ton quotidien, d’autant plus quand on doit penser, en tout cas pour une entreprise, à la question du RGDP [Réglement général sur la protection des données].
Yves-Gaël Chény : Tout à fait. On va dire que c‘est indépendant de l’auto-hébergement. C’est clair que c’est un des points noirs de l’auto-hébergement, c’est l’un des gros sujets sur lesquels c’est « dangereux », entre guillemets, d’y aller seul. Sans vouloir faire de l’alarmisme, mais si on veut protéger ses données en s’auto-hébergeant et que, finalement, on ouvre un peu trop grand les portes et que quelqu’un de mal intentionné ou d’un peu trop curieux vient fouiller dans ses affaires personnelles, ce n’est jamais très agréable. Les backups nous protégeront des pertes mais ne nous protégeront pas des fuites. Donc oui, le sujet de la sécurité est un sujet qui est de plus en plus complexe. On l’a vu, il y a même des structures très sérieuses étatiques, type Afnor ou autres, qui ont été piratées sur la dernière année, ont eu des logiciels qui sont venus chiffrer l’intégralité de leurs données. Ça demande de faire des audits réguliers, ça demande d’être bien à jour sur ses versions de Linux ou de packages pour être sûr d’avoir corrigé les failles existantes ; ça demande de faire des paramétrages en fonction du service que l’on héberge, quand je dis service j’entends un page web, un service de mail comme ça a été évoqué.
C’est vrai qu’il y a toute cette technique-là qui est finalement assez pointue à appréhender quand on décide de s’auto-héberger.
Laurent Costy : Merci.
En préparant l’émission on a aussi évoqué la question de l’énergie, de la consommation ; Angie l’a un petit peu évoquée en disant que les nano-ordinateurs étaient un peu moins consommateurs. Finalement, si on remplace actuellement tous les serveurs centralisés des gros GAFAM par autant de serveurs individuels même avec des nano-ordinateurs, est-ce que c’est quelque chose de réaliste sur le plan énergétique ?
Yves-Gaël Chény : J’ai fait deux/trois petits calculs vite faits justement avant l’émission pour être sûr.
Au niveau d’un Raspberry Pi on tourne autour de six watts, de mémoire. Sur un serveur tel que ceux qu’on utilise, on n’est pas des GAFAM, on est un petit centre d’hébergeur très humble à côté de ce qui peut exister, mais on va dire que sur un serveur type deux gros processeurs avec plein de cœurs et beaucoup de mémoire sur laquelle on va faire tourner par exemple 80 sites web, on va arriver à une consommation autour de 70 watts, une consommation moyenne sur une journée. Il y a des pics, forcément. On va se rendre compte assez vite que finalement ça ne représente que 10 Raspberry Pi. En termes de puissance, les Raspberry Pi vont être à peu près 100 fois en dessous. Donc on peut se dire qu’en termes d’efficacité énergétique on a peut-être un petit ratio autour de 10. Ce n’est pas ouf ! Ce ne sont pas non plus les mêmes usages, bien sûr, c’est certain. [Un Raspberry Pi consomme environ 6 watts et a une capacité de 1000 millions d’informations par seconde (Mips). Un Bi-Xeon récent consomme 70 watts en moyenne mais il est 100 fois plus efficace. En combinant les deux, on a un facteur 10 en faveur du Bi-Xeon. Cependant il faut bien sûr étudier chaque situation et adapter aux besoins. Note de l’orateur].
Laurent Costy : Et puis le temps qu’on remplace tous les serveurs des GAFAM par des nano-ordinateurs, on a le temps de voir venir, c’est le cas de le dire. Il ne faut pas se freiner à cause de l’énergie pour l’instant. La question doit se poser et il faut systématiquement penser à la sobriété de notre matériel informatique. Néanmoins, il ne faut pas s’interdire de réfléchir à ces situations-là et après, peut-être, réfléchir à des logiques plutôt chatons justement, chercher un chaton si on n’est pas à l’aise techniquement. C’est peut-être, finalement, le conseil qu’on pourrait donner. Angie,
Angie Gaudion : Oui. Que ce soit sur le plan technique ou, justement, sur la question énergétique, les chatons, enfin les structures qui sont membres du collectif, sont composées de personnes qui, en tout cas, réfléchissent à ces questions et essayent de faire au mieux.
J’ai un autre élément aussi sur l’aspect énergétique qui me semble assez intéressant. J’ai lu à plein d’endroits que l’auto-hébergement c’était cool, on pouvait récupérer son ancien ordinateur et installer son serveur dessus. J’émets une énorme réserve au sens où les anciens ordinateurs consomment vraiment beaucoup d’énergie. C’est-à-dire que ceux qui ont dix ans, qui pourraient très bien être utilisés en tant que serveurs, souvent il n’y a pas besoin d’avoir une machine de guerre pour un serveur en auto-hébergement, mais attention parce que souvent ce sont des machines qui, pour le coup, n’ont pas été pensées, au moment de leur conception, avec cette régulation énergétique.
C’est bien parce qu’on recycle. En fait, tout dépend de ce qu’on entend dans l’énergie. On utilise du matériel qui n’est plus utilisé. En termes de recyclage, de toute façon on sait bien qu’on ne peut pas en faire grand-chose, pour un usage, mais, en même temps, on consomme plus d’énergie. C’est le paradoxe. En tout cas, quand on calcule un coût écologique, c’est toujours compliqué de savoir sur quels aspects on va.
Laurent Costy : Il ne faut pas non plus oublier l’énergie grise. J’allais recommander aux gens, justement, de recycler leurs appareils, c’est bien que tu mettes ce petit bémol-là. Néanmoins il ne faut pas non plus négliger l’énergie grise, je crois que c’est comme ça que ça s’appelle, toute l’énergie qui est nécessaire à la fabrication de l’appareil qui, finalement, est bien supérieure à tout le temps d’utilisation de l’appareil.
Tout ça se pèse, se met dans la balance. Peut-être que vous pouvez utiliser votre vieil appareil pour expérimenter, ne serait-ce que pour acquérir les compétences, pour tester, sans le faire tourner 24 heures sur 24, mais au moins vous allez pouvoir tester quelques fois la fonction de mise à disposition de fichiers, etc. C’est peut-être une bonne approche pour essayer avant d’acheter, par exemple, un nano-ordinateur si vous avez l’intention de laisser un serveur tourner longtemps. C’est peut-être un peu cette logique-là.
Angie Gaudion : Pour rebondir, tu parlais de 24 heures sur 24, peut-être qu’on n’a pas besoin que ses données soient accessibles tout le temps, donc on peut aussi mettre en place des programmateurs qui, du coup, allument et éteignent son serveur auto-hébergé en fonction de ses besoins. Ça dépend de combien on est dessus, ça dépend du type de contenu qu’on a à diffuser, mais je trouve que c’est quelque chose qu’on oublie parfois et qui peut être assez intéressant. On peut peut-être aussi penser, du coup, à avoir de l’énergie renouvelable. On trouve des tutoriels comment connecter, par exemple, un Raspberry à un panneau solaire en direct. Là, pour le coup, on a encore un autre rapport écologique sur l’alimentation de son auto-hébergement.
Yves-Gaël Chény : C’est vrai que sur ce sujet du Raspberry Pi branché à un panneau solaire, les curieux de la cartographie et fans d’OpenStreetMap peuvent aller jeter un petit coup d’œil du côté des projets autour des balises RTK ou autres qui utilisent ce procédé de façon assez heureuse.
Laurent Costy : Très bien. Merci pour ces précisions.
C’est vrai que si on met un serveur pour les photos familiales, peut-être que ce serveur n’a pas besoin d’être connecté entre 23 heures et 7 heures du matin, personne ne va aller consulter les photos du serveur pendant la nuit, pour illustrer un peu ce que disait Angie.
Après, effectivement, si on veut héberger ses données de manière un peu réfléchie, le Collectif CHATONS est là pour nous. J’ai cherché sur Internet avant, je crois que c’est quand même la plus grosse communauté dans la galaxie d’hébergeurs ouverts et transparents. Je n’en ai pas vu ailleurs, en tout cas, dans le système solaire, je n’ai pas vérifié dans la galaxie ; je crois que vous pouvez avoir confiance là-dedans.
Une dernière question à tous les deux avant de se quitter, c’est peut-être la question bonus que je ne vous ai pas fait préparer : comment voyez-vous l’évolution de l’auto-hébergement dans les années à venir ? Angie.
Angie Gaudion : Avec ma casquette et mon prisme chaton je ne revendique pas l’auto-hébergement, en tout cas au sens d’héberger chez soi. Pour moi, il y a vraiment ce truc justement d’avoir, dans une proximité, des collectifs, des structures qui vont héberger les données de tout un chacun.
Je pense qu’on va, effectivement, vers de plus en plus de relocalisation. On parlait tout à l’heure de décentralisation, mais, du coup, ça va aussi, pour moi, avec une notion de relocalisation, de pouvoir rencontrer le prestataire qui va gérer les services auxquels je souhaite accéder, mes données, pouvoir faire avec. Cette notion de transmission de compétences en se tournant vers des personnes qui ont les ont déjà et qui vont pouvoir, entre guillemets, « nous les transmettre », donc faire partie d’un projet plus collectif. Je pense que c’est assez intéressant. Je suis tombée sur un truc : si on veut monter un auto-hébergement, je pense qu’il faut le penser de manière collective, trouver des voisins qui sont intéressés, certains ayant les compétences, certains ayant la disponibilité, trouver la façon d’organiser tout ça et, en gros, même si ce n’est pas forcément une démarche qui sera validée, en tout cas faire une sorte de chaton autour de soi.
Laurent Costy : Merci.
Yves-Gaël Chény : Je joins mes vœux à ceux d’Angie là-dessus. Je vois vraiment cela comme des actions collectives, qu’elles soient professionnelles ou associatives, ce côté à la fois distribué, réparti sur le monde entier, espérons, mais au moins en France, sur des systèmes ou des services interopérables, open source, ouverts, avec des gens qui sont prêts à partager leurs connaissances. Travailler tous ensemble, ce serait vraiment magnifique !
Laurent Costy : Merci beaucoup pour ces mots de la fin.
Je vais vous remercier tous les deux pour cet échange au cours duquel j’ai beaucoup appris. J’espère qu’on a donné envie aux gens d’essayer, en tout cas de se questionner par rapport à leurs données. Merci à tous les deux. Je repasse la parole à Isabella.
Isabella Vanni : Merci à Angie à Yves-Gaël. Je remonte juste quelques remarques intéressantes qu’on a eues sur le salon de webchat. Une personne dit : « Je suis content de YunoHost, je l’ai depuis plusieurs années, je ne suis pas informaticien à la base et j’en suis content ». Une autre personne dit que la partie la plus compliquée c’est avec l’opérateur de la box. Voilà, pour revenir sur le même sujet, c’est-à-dire que c’est hyper-intéressant et on vous invite, si vous en avez envie, à expérimenter avec, visiblement, un petit point de vigilance sur la partie box.
Merci Laurent pour avoir préparé et animé ce sujet.
Nous allons maintenant faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Isabella Vanni : Nous allons écouter Secret rituals par Terror Bird sous licence libre Creative Commons CC By SA 3.0. Le genre c’est du Synth-pop goth, traduction c’est de l’électro-pop à l’ambiance un peu sombre. Le style de chant me rappelle personnellement celui de Siouxsie du groupe Siouxsie and the Banshees. Peut-être que vous connaissez. Je vous laisse juger et on se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Secret rituals par Terror Bird.
Voix off : Cause Commune, 93.1
Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Secret rituals par Terror Bird, disponible sous licence libre Creative Commons CC By SA 3.0.
[Jingle]
Isabella Vanni : Je suis Isabella Vanni. Vous écoutez Libre à vous !. Nous allons passer au sujet suivant.
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Chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Antanak au sujet de la difficulté de soutenir liberté d’agir et émancipation
Isabella Vanni : Nous allons poursuivre avec la chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Isabelle Carrère de l’association Antanak. Aujourd’hui Isabelle a souhaité nous parler de la difficulté de soutenir liberté d’agir et émancipation.
Bonjour Isabelle. À toi la parole.
Isabelle Carrère : Bonjour. Merci beaucoup.
En fait on a longtemps hésité, j’ai longtemps hésité à venir malgré tout assurer cette chronique aujourd’hui parce que ce que vit Antanak est très compliqué. Vous allez comprendre pourquoi, mais je me suis dit que c’était peut-être le meilleur endroit pour lire pour la première fois un petit communiqué de presse qu’on a fait, pas pour la presse nationale, pour la presse plutôt locale, mais quand même !
Pourquoi ?
Antanak a été la cible d’un commando, le dimanche 23 mai, qui s’est organisé pour faire exploser, faire disparaître complètement une terrasse, des pieds d’arbres végétalisés qui avaient été construits progressivement depuis le premier permis en 2017 et l’autorisation d’implanter une terrasse en 2018.
On avait construit un totem avec des pièces détachées, des composants d’ordinateurs, lors d’un festival. Tout cela avait été conçu et fabriqué avec art et métier par les antanakiens et antanakiennes aidés de nombreux habitants des immeubles avoisinants. Cette terrasse était devenue un lieu de convivialité. Au début on l’avait pensée comme étant une possibilité pour les gens de passer par là avant de renter dans notre local ; on se disait que l’informatique allait être, pour plein de gens, « non, je n’y vais pas – ils voyaient des ordinateurs – le numérique, ce n’est pas pour moi ! ». On s’était dit que, par ce biais-là, on allait pouvoir toucher des personnes et, petit à petit, les amener à s’intéresser aux questions numériques et oser faire le pas.
Cette terrasse était devenue un lieu de convivialité où il faisait plutôt bon vivre, qui transformait les trottoirs et la petite place. C’était comme un trait d’union entre la rue et les activités différentes de l’association. Ça servait à la fois de salle d’attente, de lieu de paroles, d’échanges, de détente, de jeux, etc.
Il y avait des belles plantes qui y poussaient, un vieil olivier, un rosier, du jasmin, un genêt, des anémones du japon, etc.
Pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce que ça a été comme un coup porté, pas simplement à la végétalisation et à la terrasse, mais ça nous a beaucoup questionnés depuis maintenant presque trois semaines, deux semaines et demie, sur qui est-ce qui est venu ? Qu’est-ce qu’ils ont attaqué en fait ? De quoi s’agit-il ? Donc on a fait beaucoup d’hypothèses, on s’est posé plein de questions.
Les autres associations qui sont autour de nous, aussi bien ADAGE – Association D’Accompagnement Global contre l’Exclusion, que l’ADSF – Association pour le droit à la santé des femmes –, que ici Cause Commune, là où nous sommes aujourd’hui avec vous, participaient à soigner les pieds d’arbres, à faire fleurir des bacs aussi. On se disait qu’on était aussi là comme un trait d’union pour expliquer des choses, participer à une vie de quartier et faire passer des messages, notamment le message de la liberté. Notamment le message de la liberté d’agir, de la force d’émancipation pour tout le monde.
Quand même quelques chiffres juste pour récapituler. Antanak en 2020, c’est quoi ?
Ce sont 1500 personnes qui ont été aidées par un écrivain ou une écrivaine numérique publique.
Ce sont 300 personnes qui ont été formées dans des ateliers de partage, etc., sur des éléments et des logiciels libres.
C’est environ 600 ordinateurs, en 2020, qui ont été donnés à des personnes, des ordinateurs reconditionnés, installés avec des distributions GNU/Linux et des logiciels.
Ce sont des dizaines d’autres installés quand les personnes viennent avec leur propre ordinateur pour changer de distribution, dire « j’enlève Microsoft, j’enlève Apple, je voudrais les outils que vous avez."
Et puis des centaines de personnes qui sont venues dans la salle O.L.A.A, Ordinateurs en Libre Accès Accompagné, sur des postes qui ont aussi des distributions GNU/Linux.
Qu’est-ce qui les gênés ? Qu’est-ce qui a gêné ce petit commando vraisemblablement d’une dizaine ou d’une quinzaine de personnes ? Nous pensons finalement que c’est la liberté. Il y avait trop de liberté, il y avait trop d’informel, ils ne savaient pas où nous ranger dans leurs cases, ils ne savaient pas comment… Je ne sais pas ! En fait on ne sait pas ! Ce qui est sûr c’est que tout a été pillé, saccagé, minutieusement éradiqué, tout nettoyé, quand on est arrivés le lundi matin il n’y avait plus rien. Ce n’est pas simplement je casse, c’est je casse, j’embarque, je fais disparaître. Donc c’est comme une attaque à la liberté.
On a écrit un petit manifeste qu’on a posé sur les murs du local pour expliquer, pour poser des questions.
« De quoi s’agit-il dans l’acte de destruction de la terrasse, des plantes, des bacs et des pieds d’arbres ? Est-ce que c’est empêcher la construction collective d’un espace partagé au sein de l’espace public ? Est-ce que c’est nier la puissance des diversités à l’œuvre ? — Les gens qui viennent à Antanak viennent de tous horizons, culturel, social et même géographique. Est-ce que c’est « on refuse de s’autoriser à faire, à découvrir, à penser ? » Et on dit ensuite : « NON, ne renonçons pas à la liberté d’agir et à la force d’émancipation de tous et toutes. »
« C’est une invitation à l’imprévu, à l’inconnu, au spontané des rencontres, une ouverture à l’autre, à la joie, à l’informel, à la liberté, à la possibilité d’un commun, de biens communs où il y a toujours quelque chose à cueillir pour chacun et chacune."
Et on conclut « ce qui était dehors, ce qu’ils ont cassé, c’est dedans. »
Autrement dit on ne va pas désespérer, je ne suis pas venue pour vous désespérer, mais je me suis dit s’il y a un communiqué de presse à la radio c’est évidemment ici qu’on va le passer et au sein de l’April parce que, pour moi, Libre à vous ! ça fait du sens.
Malheureusement on n’a pas beaucoup d’autres choses en ce moment depuis trois semaines et on va mettre encore un peu de temps, je pense, pas simplement à s’en remettre mais à réussir à faire une vraie analyse politique de ce qu’on dit. On a posé des questions, on a fait des demandes face aux institutions évidemment. On attend de voir. Pour le moment on a des « nous vous soutenons ! ».
Isabella Vanni : Isabelle, je n’étais pas au courant de cette nouvelle. J’exprime, au nom de toute l’April, notre solidarité à Antanak et aux associations du quartier, aux personnes qui vivent dans le quartier. C’est le genre de nouvelle qui nous terrasse et je suis ravie que vous ayez eu la réaction de faire ce manifeste. Il y a des personnes qui s’inquiètent sur le salon de webchat : il n’y a eu que des dommages matériels ? Il n’y a pas eu de blessés ? Ça a été fait pendant la nuit si j’ai bien compris ?
Isabelle Carrère : Non, pas pendant la nuit, ça a été fait dans la journée, dans l’après-midi, mais un dimanche, nous sommes fermés le dimanche, un dimanche après-midi à la vue d’autres personnes qui étaient présentes, des habitants. Beaucoup de gens n’étaient pas là, mais beaucoup de gens étaient là, certains ont vu, d’autres ont essayé de manifester, de venir, de descendre, de défendre le truc et se sont fait agresser, quelques couteaux et quelques « rentre chez toi ! ». On n’était pas là, je ne peux pas dire exactement comment ça s’est passé. Ce sont les faits qui nous ont été rapportés. C’est aussi pour ça qu’on a alerté les institutions.
Pour le moment personne n’a été touché, mais les menaces continuent d’exister.
Une de mes responsabilités, en tant que présidente d’Antanak, c’est de faire attention à tout le monde, aussi bien les personnes qui viennent que les bénévoles qui sont à Antanak. On est prudent. On a fermé pendant une semaine, on a rouvert parce qu’il n’y a pas de raison de punir les gens, notamment ceux qui viennent pour les permanences d’écrivain public. La semaine dernière ont a aussi rouvert à d’autres, mais doucement, tranquillement, en étant ensemble.
Isabella Vanni : Si j’ai bien compris une enquête est quand même en cours pour essayer de trouver les responsables.
Isabelle Carrère : Oui. J’ai déposé une plainte.
Isabella Vanni : Tu disais que personne n’est blessé, c’est déjà ça, mais, en même temps, se faire agresser quand on essaie de comprendre ce qui se passe, je pense aux personnes qui ont essayé de manifester, de demander ce qui se passait. Ce n’est pas joyeux non plus au-delà de l’acte.
Cette nouvelle m’a beaucoup touchée. Merci d’avoir partagé avec nous. Merci d’avoir lu le manifeste. Je ne sais pas s’il y a un lien qu’on peut communiquer ?
Isabelle Carrère : Pas encore. On va le mettre sur notre site et je te le donnerai.
Isabella Vanni : N’hésite pas à nous le communiquer comme ça on pourra le communiquer et le relayer à notre tour.
Isabelle Carrère : Je ne sais pas encore comment les choses vont se passer, par contre, ce qui est sûr, c’est qu’en juin on va organiser une fête de solidarité sur le lieu, sur la rue Dimey, et là, plus on sera nombreux mieux ce sera.
Isabella Vanni : On parlait de l’importance des liens, du local. Je pense que vous avez aussi tissé des liens avec les associations, les habitants du quartier, donc je n’ai pas de doute que les personnes répondront à votre appel et qu’elles feront la fête avec vous.
Isabelle Carrère : Merci.
Isabella Vanni : Merci beaucoup Isabelle. Je te donne rendez-vous pour la prochaine chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Antanak, à la rentrée avec de bonnes nouvelles j’espère.
Isabelle Carrère : J’espère aussi. Merci beaucoup.
Isabella Vanni : Merci beaucoup.
Nous allons passer au sujet suivant.
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Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre
Isabella Vanni : Nous approchons de la fin de l’émission et nous allons terminer par quelques annonces.
Passons aux actualités à venir pour l’April et pour le monde du Libre. Quoi de Libre ?
À l’occasion des élections régionales et départementales des 20 et 27 juin 2021, l’April propose aux personnes candidates de signer le Pacte du Logiciel Libre afin de marquer leur engagement, si elles sont élues, à mettre en place une priorité au logiciel libre et aux formats ouverts dans leurs collectivités. Nous invitons bien sûr toutes celles et ceux qui le souhaitent à contacter les candidats et candidates, particulièrement les têtes de listes, pour les encourager à signer le Pacte du Logiciel Libre et profiter de l’occasion pour les sensibiliser aux enjeux des libertés informatiques. Toutes les informations sont sur le site candidats.fr.
Pour tous les évènements autour du Libre nous vous invitons toujours à consulter l’Agenda du Libre, agendadulibre.org qui est un site hébergé par l’April. On commence finalement à avoir des évènements en présentiel, donc n’hésitez pas à regarder s’il y a un évènement près de chez vous. Pour cela la cartographie des évènements à venir, toujours sur le site de l’Agenda du Libre, est très pratique. Il y a aussi des évènements en ligne, voire des évènements en format mixte, sur place et à distance.
Mercredi 9 juin à 21 heures, donc demain soir, Emmanuel Revah à l’aide mon collègue Fred, nous fera découvrir ses talents de DJ avec une playlist, je cite « le genre c’est hip hop, rock-ish, tech, mais plutôt moelleux ». Il est possible d’intervenir en direct au cours de l’émission, c’est bien évidemment sur la radio Cause commune.
Nous avons encore quelques minutes avant la fin de l’émission. J’en profite pour vous rappeler que vous pouvez laisser un message sur le répondeur de la radio pour réagir à l’un des sujets de l’émission, nous poser une question ou tout simplement nous laisser un message. N’hésitez pas à nous faire des retours. Le numéro du répondeur est 09 72 51 55 46.
Je vous rappelle que la radio Cause Commune, la voix des possibles, sur la bande FM 93.1 en Île-de-France c’est de midi à 17 heures puis de 21 heures à 4 heures en semaine, du vendredi 21 heures au samedi 16 heures et le dimanche de 14 heures à 22 heures.
Notre émission se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Vincent Calame, Laurent Costy, Angie Gaudion, Yves-Gaël Chény, Isabelle Carrère.
Aux manettes de la régie aujourd’hui mon collègue Étienne.
Merci également à l’équipe des personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang 1, bénévoles à l’April, Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci aussi à Quentin Gibeaux, bénévole à l’April, qui découpera le podcast complet en podcasts individuels par sujet.
Vous retrouverez sur notre site web, april.org, toutes les références utiles ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu, mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse contact chez libreavou.org.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.
La prochaine émission aura lieu en direct mardi 15 juin 2021 à 15 heures 30.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 15 juin et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh tone par Realaze.