Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes, bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une 1 heure 30 d’informations et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
Nouveau rendez-vous dans Libre à vous ! ce mardi Au café libre pour débattre autour de l’actualité du logiciel libre et des libertés informatiques, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique de Luk sur « La merdification des médias » et également la chronique de Laurent et Lorette Costy sur « Coupe frites vertical, retro-ingénierie et transition associative ».
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.
Nous sommes mardi 31 octobre 2023, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission du jour, Julie Chaumard aidée de Étienne Gonnu. Bonjour les amis.
Julie Chaumard : Bonjour.
Étienne Gonnu : Salut. Bonne émission.
Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.
[Jingle]
Chronique « La pituite de Luk » sur « La merdification des médias »
Frédéric Couchet : Nous allons commencer avec la chronique « La pituite de Luk ».
La pituite de Luk est une chronique rafraîchissante, au bon goût exemplaire, qui éveille l’esprit et développe la libido. Il a été prouvé scientifiquement qu’écouter la pituite augmente le pouvoir de séduction, augmente le succès dans les affaires ou aux examens et décuple le sex-appeal. Retour de l’être aimé, il reviendra manger dans votre main comme un petit chien.
Le thème du jour « La merdification des médias ». En introduction, je vais préciser et je reprends les propos de Luk dans sa chronique du 26 juin dernier : « La merdification offre une représentation de la façon dont fonctionne un certain capitalisme dont font partie certains géants de l’Internet, Google et autres. L’idée est que ces entreprises gagnent du fric non pas avec leur domaine d’activité, mais avec la promesse de lendemains qui chantent, en version capitaliste toutefois. »
Le thème du jour « La merdification des médias ».
[Virgule sonore]
Luk : J’ai évoqué le concept de « merdification » lors d’une précédente chronique et, cette fois, je vais parler des médias, mais il ne s’agira par de plagier l’extrême droite et sa marque déposée de « Merdias ». Par médias, je parle des dispositifs matériels qui portent des messages, pas ceux qui ont fait profession de produire des contenus pour les fourrer dans un tuyau.
Un média, c’est un truc qui permet de porter un message vers un ou plusieurs destinataires. L’air est un média, il porte la vibration de ma voix jusqu’à vos oreilles à cet instant précis. Mais ma démonstration ne marche pas du tout pour les lecteurs de la transcription. Pour eux, c’est la lumière qui portera l’information, sauf bien sûr, s’ils utilisent une plage braille.
Je réfléchissais récemment à la façon dont les médias ont tendances à se merdifier les uns après les autres. Sous l’effet d’un bruit plus ou moins volontaire, leurs utilisateurs migrent tels des oiseaux fuyant les températures extrêmes vers des médias moins nuls, pour l’instant.
C’est avec mon téléphone pro que le truc m’a frappé. Le développement, ces dernières années, des arnaques au CPF [Compte personnel de formation] ont achevé le bidule. Je ne décroche plus, je bloque ! Si tout le monde fait comme moi, la téléphonie sera bientôt constituée d’un ensemble de numéros qui se seront bannis les uns les autres.
Sur Internet, le phénomène a commencé très tôt.
Usenet est, par exemple, est tombé dans l’oubli alors qu’il est réputé pour avoir porté le tout premier spam de l’histoire.
Serdar Argic – son nom sent l’anagramme à plein nez, mais, à priori, c’est une fausse piste – envoyait automatiquement une réponse à toute personne dont le message contenait le mot anglais turkey. Mais, en anglais, turkey a un double sens. Ainsi, lors des fêtes de Thankgiving, c’était un peu confus. Les Américains recevaient des messages niant l’absence totale d’implication des Turcs dans un autre génocide que celui perpétré par leurs propres ancêtres sur les autochtones dont ils fêtaient la générosité en bouffant un tas de dindes mortes.
Bref, quand je suis allé sur Usenet lors de mes débuts sur Internet, c’était pourri de pubs en tous genres. Je n’ai pas insisté et les fournisseurs d’accès l’ont rapidement bloqué. Il paraît que ça existe encore, mais le commun des mortels n’a même pas idée que ça ait jamais existé.
Le mail connaît un destin assez proche. Ce même commun l’utilise de moins en moins, car ses messages se perdent sous des tonnes de spams et de pubs au point qu’il préfère les messages des réseaux sociaux. Il en va d’ailleurs de même avec la vraie poste. Dans une boîte aux lettres, sur un kilo de papier, le vrai courrier ne doit représenter guère plus de 50 grammes. Même les humains, d’ailleurs ! Ils sont couverts de marques et bouffent largement ce que la pub leur dit de bouffer. Combien de pub dans un kilo d’humain ? 500 ? 700 grammes ?
L’essence de la merdification n’est pas de se laisser étouffer par la pub et le spam, mais de faire des choix stratégiques éclairés qui mènent au même résultat. Ces médias, en vertu de leur modèle fermé et propriétaire, ne devraient pas avoir de problèmes de gouvernance et pourtant !
Mon tiercé gagnant est Google en troisième position qui plombe la qualité des réponses de son moteur de recherche pour balancer plus de pubs ; Facebook en second pour qui étaler la merde est élevé au rang d’art de vivre ; et Twitter en première position dont le service presse a longtemps répondu par un émoji caca et qui a plusieurs longueurs d’avance dans tous les domaines. On suspecte un cas de dopage, mais, dans ce genre de course, c’est autorisé.
Encore plus fort, ces réseaux privateurs pourraient se vanter d’au moins être capables de ne pas se faire parasiter par les spammeurs et les escrocs de tout poil, mais ce n’est même pas le cas ! Tous relaient des pubs louches, notamment pour des contrefaçons de logiciels libres contenant du code malveillant.
Alors que faire ? Pour le téléphone, j’ai une idée. Il faut taper les démarcheurs au porte-monnaie. Je propose le développement d’une app qu’on pourrait nommer Keep Talking ou Whatever, parce que « Cause toujours » ça ne fait pas assez startup.
L’idée est que l’application prendrait l’appel en charge. À chaque blanc dans la conversation, elle enverrait une phrase de relance du genre : « Je ne sais pas trop, je n’ai pas bien compris, vous pouvez réexpliquer ?, Pas trop non, il faut voir ! ». À ce régime-là, le coût des campagnes de démarchage devrait devenir insoutenable.
Et pour les médias sociaux ? Je crois que nous avons déjà la réponse : des logiciels libres, un fédiverse animé par des humains comportant au moins 1/3 de liberté, 1/3 d’égalité et 1/3 de fraternité.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter « La pituite de Luk », « La merdification des médias ». Nous allons passer une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Nous allons écouter Balcarabic Chicken par Quantum Jazz. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Balcarabic Chicken par Quantum Jazz.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Balcarabic Chicken par Quantum Jazz, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA. Je précise que ce groupe, cette musique, a été proposé par l’une des invitées, Magali Garnero, que nous allons retrouver dans quelques instants.
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal.
[Virgule musicale]
Au café libre avec Magali Garnero, Gee et Isabelle Carrère
Frédéric Couchet : Je ne sais pas pourquoi les invités du jour sont un petit peu dissipés, peut-être parce que nous avons rendez-vous Au café libre aujourd’hui.
Avant toute chose, n’hésitez pas à participer à notre conversation sur le salon web dédié à l’émission soit sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous, soit directement sur le site de l’émission, libreavous.org.
Ce mardi, nous initions en effet un nouveau format de sujet principal dans Libre à vous !. Nous vous souhaitons donc la bienvenue Au café libre où on vient papoter sur l’actualité du logiciel libre, des libertés informatiques, dans un moment convivial, agrémenté de café, thé ou autres boissons. Un temps de débats, donc, avec notre équipe de libristes de choc issus d’une rigoureuse sélection, pour reprendre les propos de mon collègue Étienne Gonnu, pour discuter avec elles et lui et débattre des sujets d’actualité autour du Libre et des libertés informatiques.
Je vais vous les présenter, mais vous les connaissez déjà pour les avoir entendus dans l’émission plus ou moins régulièrement d’ailleurs : à ma gauche, bizarrement elle ne ressemble pas à ce à quoi elle ressemble d’habitude, je pense qu’on en saura plus à la fin de l’émission, Magali Garnero, dite Bookynette, qui est présidente de l’April et qui est libraire. Bonjour Mag.
Magali Garnero : Salut.
Frédéric Couchet : En face de moi, au studio, docteur Gee, docteur en informatique, secteur conventionné 42, aussi et surtout actuellement auteur-dessinateur de bandes dessinées disponibles sous licence libre et également d’un jeu, Superflu Riturnz, qui n’est pas encore disponible sous licence libre ; mon collègue a dit qu’il est très bien. Bonjour Gee.
Gee : Bonjour.
Frédéric Couchet : Et à ma droite Isabelle Carrère, d’Antanak, association copine située au 18 rue Bernard Dimey, sachant que le studio de la radio est au 22 rue Bernard Dimey : récupération, reconditionnement d’ordinateurs avec des logiciels libres ; un principe : le don, le partage ; un but : la promotion des échanges, de l’entraide et des partages de compétences, de savoirs et savoir-faire, de réflexions et des créations. Bonjour Isa.
Isabelle Carrère : Salut.
Frédéric Couchet : Aujourd’hui, nous allons parler un peu de l’actualité du Libre. Nous avons préparé quelques sujets mais, évidemment, vous pouvez en proposer d’autres sur le salon web.
Au menu de ce mardi : en entrée, nous allons parler des événements du Libre ; les plats principaux : le projet de loi SREN dont on va expliquer, tout à l’heure, l’acronyme, les sorties du Libre aussi, on parlera également de Twitter, de Bluesky et de Mastodon ; en dessert, on parlera sans doute, si on a le temps, de pack Office et du débat entre pack Office et les logiciels libres dans les administrations ; à la fin, peut-être, un petit point sur le rachat de Next INpact, un site qui, historiquement, traite nos dossiers ; et puis, peut-être, un petit clin d’œil final que nous présentera Mag à la fin de l’émission.
On va commencer tout de suite, les événements à venir dans l’actualité : 18 et 19 novembre à Toulouse, le Capitole du Libre. Je vois dans le programme, Magali, que tu donneras deux conférences, on y reviendra. Déjà, est-ce que tu peux nous présenter le Capitole du Libre ? C’est quoi ce genre d’événement ? Ça s’adresse à qui ?
Magali Garnero : C’est un événement qui existe depuis pas mal d’années, sur Toulouse, dans un espace qui est réservé depuis pas mal de temps : il y a dix salles en parallèle, autant vous dire que ça promet énormément de conférences et d’ateliers. Je participe effectivement à deux conférences et je pense que je ne vais pas passer beaucoup de temps sur le stand April tellement le programme est intéressant cette année.
À qui ça s’adresse ? Qui sont les gens qui vont venir ? Je pense qu’il y aura plein de gens parce que, vu le programme, ça s’adresse aux débutants, mais ça s’adresse aussi aux experts qui peuvent aller approfondir certaines de leurs connaissances. Il y a pas mal d’ateliers, je ne sais pas quoi en dire de plus. Il y a une conférence d’ouverture, il y a même une conférence de fermeture, il me semble qu’il y a un cocktail le samedi soir, donc on pourra même continuer à discuter en mode un peu moins sérieux.
Frédéric Couchet : Il y a un gros gâteau à la fin du cocktail ?
Magali Garnero : Là tu trolles !
Frédéric Couchet : On va se permettre des petits trolls, en tout cas des petites références privées. Toulouse est réputée pour ses gâteaux, notamment dans le cadre de l’April.
L’April aura donc un stand.
Isa, Gee, est-ce que vous participez à ce genre d’événement ? Gee, je n’ai l’impression de te voir beaucoup à ce genre d’événement libriste.
Gee : Si ! Il se trouve que cette année je n’y vais pas, j’ai d’autres obligations, mais je suis allé plusieurs fois au Capitole du Libre, c’est un événement très sympa. Je ne sais pas s’il y a du gâteau, par contre, faites gaffe à la pause café, pensez à demander des chocolatines quand vous êtes à Toulouse, ça peut créer un scandale si vous demandez un pain au chocolat !
J’y vais de temps en temps. J’ai tendance à faire celui-ci et les Journées du Logiciel Libre à Lyon, ce sont les deux que je fais principalement. Je ne saurais pas dire lequel je préfère. Capitole du Libre c’est très sympa, ça se passe dans les locaux de l’ENSEEIHT [École nationale supérieure d’électrotechnique, d’électronique, d’informatique, d’hydraulique et des télécommunications], une école d’ingénieurs à Toulouse. C’est vrai qu’il y a souvent un programme dense, Magali disait tout à l’heure qu’elle ne sait pas si elle va réussir à être sur le stand, qu’il y a même certaines conférences qu’elle ne va pas pouvoir faire parce qu’il y en a trop, des bien, en même temps. C’est pour vous dire qu’il faut y aller. Allez-y si vous êtes dans le coin et si vous n’êtes pas dans le coin, que vous avez les moyens de prendre le train, vraiment allez-y !
Frédéric Couchet : Ce sont des événements qui sont organisés, tant Capitole du Libre que les Journées du Logiciel Libre, par des équipes de bénévoles ; après on va parler d’un événement qui est organisé également par des bénévoles mais aussi par des professionnels. Les Journées du Logiciel Libre de Lyon c’est l’ALDIL, l’Association Lyonnaise pour le Développement de l’Informatique Libre c’est autour de mars, avril, au printemps ; Capitole du Libre, on l’a dit tout à l’heure, c’est 18 et 19 novembre.
Il y a quelques événements, pas tant que ça, d’événements libristes un peu importants en France, des petits événements sont organisés, avant il y avait les Rencontres Mondiales du Logiciel libre organisées dans différentes villes, qui, historiquement, sont nées à Bordeaux dans les années 2000, qui ont pu migrer dans différentes villes, qui se sont arrêtées depuis quelques années parce que c’était une trop grosse organisation. En tout cas, le Capitole du Libre fait partie des événements importants.
Isabelle Carrère : Il y a quand même d’autres petits événements, je suis d’accord. Je n’ai pas trop le temps, malheureusement, d’aller dans ce genre d’endroit, c’est compliqué de tout faire dans la vie ! Il y a quand même, aussi, des petits événements libristes à droite à gauche. Je suis d’accord que les grands raouts c’est super important, mais je suis aussi assez friande des choses plus décentralisées, un peu plus spontanées, à droite à gauche.
Frédéric Couchet : C’est-à-dire sans un programme défini, on vient plutôt les mains dans les poches ?
Isabelle Carrère : Peut-être pas les mains dans les poches, en tout cas quelque chose qui ne prétend pas être the big truc. J’aime bien ça.
Frédéric Couchet : Antanak a des stands, présente ses activités dans ce genre d’événement ? Je crois que je ne vous ai jamais vus.
Isabelle Carrère : Est-ce qu’on était visible ? Non, on n’est pas bons là-dessus. On n’est pas hyper-nombreux, c’est ça aussi, c’est ce que je disais : il y a la question du temps, il y a la question du bénévolat, tu en parlais. On ne peut pas demander à des gens bénévoles de faire des tas de choses en permanence, tout le temps, ils ont une vie par ailleurs, un boulot parfois ou des choses... Ce n’est pas si facile que ça.
Frédéric Couchet : Mag, tu voulais réagir ?
Magali Garnero : Là on parlait des gros événements, le Capitole du Libre à Toulouse qui est organisé par l’association Toulibre. Mais typiquement, il n’y a même pas 10 jours/15 jours, j’étais déjà à la médiathèque de Toulouse dans un événement où on était plusieurs à être invités, organisé par l’association Toulibre qui est hyper-active. Il y a donc plein de petits événements comme ça ; quand je suis passée à Linux Maine, ils participaient à l’événement « Journées Nationales de la Réparation ». Je trouve que c’est bien qu’il y ait plein d’événements, pas forcément des énormes événements, mais des petits événements.
Isabelle Carrère : C’est exactement ce que je voulais dire : il y a des choses comme ça, il y a eu aussi des choses à Marseille, des petits événements dans lesquels un groupe de gens est vraiment impliqué. Ce ne sont peut-être pas des conférenciers, ce ne sont peut-être pas des gens qui sauraient tenir le micro pendant trois heures, mais ce sont des gens qui font des choses hyper-concrètes.
Magali Garnero : Tant mieux ! C’est trop long trois heures pour un micro !
Frédéric Couchet : Je te donne la parole Gee. Un débat est lancé en régie, Étienne est à fond. Il dit : « En vrai, je crois qu’ils disent pain au chocolat à Toulouse », il confond peut-être avec Montpellier.
Isabelle Carrère : Non, à Toulouse ils disent chocolatine, désolée.
Frédéric Couchet : Je pense que Julie doit avoir la réponse, vu l’accent qu’elle a ! Vas-y Julie.
Julie Chaumard : Je viens effectivement de la région de Toulouse et on dit bien chocolatine.
Isabelle Carrère : On dit chocolatine, absolument !
Frédéric Couchet : On dit bien chocolatine.
Isabelle Carrère : Pour vous dire, auditeurs et auditrices, on n’a ni chocolatines ni pains au chocolat ni café ni rien. Les boissons que Fred annonçait, Au café libre, c’est vachement libre, mais il y a de la flotte !
Gee : C’est vrai que commencer une émission d’actu par une grosse fake new en disant qu’il y a du café alors qu’on est à la flotte !
Isabelle Carrère : Ce n’est vraiment pas bon !
Frédéric Couchet : Tu voulais intervenir là-dessus, Gee ?
Gee : Je voulais dire que c’est effectivement chouette qu’il y ait plein de petits événements, que c’est chouette qu’ils soient un peu éparpillés sur toute la France, avoir des trucs locaux ça permet aussi d’attirer plus de gens. Je parlais tout à l’heure de prendre le train, mais le train c’est cher et il n’y en a pas toujours de là où on vient. Du coup, avoir plein de petits événements, c’est aussi ça qui permet de pouvoir avoir des choses un petit peu partout.
Frédéric Couchet : J’ai une question quiz. Magali n’a pas droit de répondre parce qu’elle connaît forcément la réponse, Gee je suppose aussi, Isa aussi. Réponse facile. Les auditeurs et auditrices qui nous écoutent : sur quel site vous envoie-t-on pour découvrir tous ces événements ?
Gee : Les événements ? Je n’ai plus l’adresse exacte en tête, c’est l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, sans le « l », ce n’est pas « lagendadulibre ».
Frédéric Couchet : Non, c’est agendadulibre.org. On retrouve donc un annuaire des organisations locales et aussi des événements qui sont annoncés. Par exemple, pour les Parisiennes et les Parisiens, chaque premier samedi il y a le Samedi du Libre à la Cité des sciences et de l’industrie. On encourage les personnes qui organisent des événements à les soumettre parce que, parfois, on apprend que des événements libristes ont lieu, mais ils ne sont pas annoncés sur l’Agenda du Libre et c’est un petit peu dommage.
Tant qu’on est dans les événements, avant de passer à la suite, on va revenir quelques semaines en arrière, début septembre. Mag, peut-être un petit retour, tu étais présente sur un autre salon, pas libriste, mais sur un espace libriste dans un gros forum qui s’appelle la Fête de l’Huma. Comment ça s’est passé ?
Magali Garnero : C’était extraordinaire. Quand je dis Fête de l’Huma je pense à tente, gadoue, pas d’électricité, pas d’Internet, mais là, en fait, pas du tout ! Cette année on a eu un truc limite luxe, grand luxe : on était dans une tente fermée avec des portes vitrées, des toilettes juste pour nous, et on a rencontré un nombre incroyable de personnes qui sont venues nous apporter de l’amour. Il y avait énormément d’associations : l’April forcément, Framasoft, Mozilla, Ordis Libres, c’est un peu grâce à cette association qu’on y est encore, Ubuntu, Debian, bref ! Il y avait vraiment plein de gens. On a pu organiser nos propres conférences. Je me souviens d’une conférence que j’ai donnée le samedi sur « Les femmes dans le numérique » où il y avait tellement de monde que des gens étaient assis par terre, des gens étaient debout, on était envahis, c’était vraiment très fort, je ne suis pas habituée à ça ! C’était vraiment très fort comme événement, donc je suis contente qu’on puisse aller squatter la Fête de l’Huma.
Frédéric Couchet : On va parler d’un évènement totalement différent pour montrer aussi que les libristes sont présents dans plein d’endroits différents : Fête de l’Huma, les événements libristes tels le Capitole du Libre, les Journées du Logiciel Libre à Lyon et dans d’autres endroits, les plus petits événements et puis, début décembre, les 6 et 7 décembre à Paris, un évènement un peu différent. Déjà il ne parle pas de logiciel libre parce que c’est Open Source Expérience, on renvoie sur le site de l’April les gens qui se poseraient la question de la différence entre open source et logiciel libre. On va dire que l’open source est une version plutôt technique, marketing, là où le logiciel libre est une version plutôt éthique, sauf qu’on a quand même un stand, il y a des conférences. Quelle est, finalement, la différence principale entre cet événement-là et les autres ? Mag ou Gee ?
Gee : Magali vas-y, parce que moi je n’ai jamais participé à l’open source.
Frédéric Couchet : En fait il refuse ! C’est trop capitaliste pour lui ! Mag.
Magali Garnero : Pour moi c’est plus un événement organisé pour les entreprises, pour les professionnels. C’est là où justement certaines entreprises vont avoir des stands pour pouvoir recruter ou trouver des clients. C’est là où il y a des conférences vraiment professionnelles mais, en même temps, il y a aussi des conférences sur l’éducation. C’est un événement qui se veut international, avec énormément de conférenciers qui parlent anglais, allemand ou autre. Ce n’est donc pas du tout le monde libriste auquel on est habitué, il y a plus de gens en costard cravate qu’en jeans ! Sauf dans un endroit qui s’appelle le Village du Libre, que j’organise depuis je ne sais pas combien de temps. Là ce sont des associations qui viennent gratuitement, c’est vraiment sympa.
Gee : Ce sont les hippies qui font de l’entrisme, c’est ça ?
Magali Garnero : Si tu veux ! Et là on peut retrouver une vingtaine d’associations qui vont dire du bien du logiciel libre.
Isabelle Carrère : Mais qui, du coup, ne trouvent pas à cet endroit-là leur public. Nous y sommes allés deux/trois fois avec Antanak. Il y a effectivement ce petit village gaulois, complètement à l’ouest, mais je trouve que, du coup, il n’y a pas le public. Le public, comme tu dis, est avec les costards cravates et il est BCBG, bien-pensant, on va dire, « faisons de l’open source, c’est hyper-classe ».
Frédéric Couchet : En fait, il y a les deux. Il y a beaucoup ce public-là, mais aussi beaucoup un public d’étudiantes et d’étudiants qui viennent souvent se renseigner d’un point de vue professionnel autour du logiciel libre, voire chercher des stages, etc., on touche donc aussi ce public-là, ce qui est quand même intéressant.
Je vais juste rappeler que la présence des associations libristes est gratuite, avec des stands, historiquement depuis le premier événement pro logiciel libre en France, de mémoire en 1999, qui s’appelait Linux Expo. On avait convaincu l’organisation qui, depuis a changé, ce n’est plus du tout le même événement, qu’il était important que la communauté soit présente mais que, bien sûr, la communauté devait être là gratuitement, on ne paye pas les stands. Ça permet d’apporter un peu de vie, un peu plus de vie que les autres stands ; les stands professionnels sont, pour beaucoup, très sympas quand même.
C’est Open Source Expérience, 6 et 7 décembre 2023.
Vous pourrez donc nous rencontrer à plusieurs endroits. Vous pourrez rencontrer Magali avec plusieurs conférences au Capitole du Libre et sans doute à Open Source Expérience.
Est-ce que vous voulez dire un dernier mot avant qu’on passe aux plats principaux, aux plats de résistance.
Isabelle Carrère : Pour être sûre : est-ce que les conférences que tu fais sont enregistrées et, du coup, elles seront passées une fois ou l’autre ?
Frédéric Couchet : Oui, beaucoup sont enregistrées, ça dépend de la salle, mais la plupart sont enregistrées.
Isabelle Carrère : Ça marche, super.
Frédéric Couchet : Ceci dit, tu parlais de quoi ? D’Open Source Expérience ou de Capitole du Libre ?
Isabelle Carrère : De Capitole du libre.
Gee : Je crois que Capitole du Libre ils sont assez connus pour faire, justement, de très bonnes captations vidéos.
Magali Garnero : La dernière fois j’ai fait une mini conférence de 20 minutes dans une salle totalement obscure où il y avait trois péquenauds et on m’a envoyé un lien vers l’enregistrement, j’imagine donc que ça va encore être le cas.
Frédéric Couchet : Avant de conclure et de passer au plat de résistance, Étienne me fait remarquer qu’il a entendu des super confs, bien politiques, à Open Source Expérience, notamment sur les questions féministes ou écologiques. L’April interviendra dans le track informatique éthique et durable [Numérique Responsable (rapport à l’environnement et à l’humain)], je ne suis pas sûr du terme, sur un retour d’expérience autour des actions autour de la diversité, ce sera peut-être Magali qui la fera ou Isabella, on verra en fonction des disponibilités. C’est vrai qu’il n’y a pas que des présentations business, il y a aussi, effectivement, un track qui est géré notamment par Richard Hanna et d’autres personnes, qui est très intéressant.
Je vous donne les liens, ils sont sur le site de l’émission, sur libreavous.org : Open Source Expérience, c’est www.opensource-experience.com~ ; Capitole du Libre c’est capitoledulibre.org ; les Journées du Logiciel Libre à Lyon, de mémoire c’est jdll.org, sinon ça aurait fait un peu trop long.
Magali Garnero : Aucune originalité !
[Sonnette]
Frédéric Couchet : Maintenant nous allons arriver aux plats principaux qui sont un peu plus consistants, qui sont d’ailleurs plusieurs après cette petite introduction.
C’est Isa qui a proposé le premier plat principal, c’est de parler, alors rapidement, parce qu’on va en parler beaucoup plus en détail la semaine prochaine, ça va être un peu du teasing, du projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique, dit SREN, qui était en cours d’examen à l’Assemblée nationale, ça vient de se finir, ça va passer en commission mixte paritaire. Isa, pourquoi souhaites-tu qu’on parle de ce sujet ?
Isabelle Carrère : Pour plein de raisons. Il m’a semblé que c’était un sujet d’actualité. Alors OK, il y aura une émission, tant mieux, et sûrement que les gens qui vont parler seront bien meilleurs que moi.
Frédéric Couchet : Ce n’est pas sûr.
Isabelle Carrère : De vrais informaticiens et autres là-dessus.
C’est un sujet qui me tient à cœur pour plein de raisons.
D’abord parce que, dès qu’en France, en Europe ou ailleurs d’ailleurs, on se mêle de faire une censure extra-judiciaire, mes antennes vibrent, brrr ! Quand il y a une justice, quand il y a une loi, OK, on peut combattre la loi, on peut être en désaccord avec elle, mais au moins c’est carré. Dès que des possibilités sont données à des préfets, à la police, à je ne sais qui, de faire des choses autrement, comme ils le souhaitent, de manière extrajudiciaire, moi j’ai peur. J’ai peur parce que, du coup, on n’est plus dans un État de droit, dans un État qui, donc, affiche ce qu’il est possible et impossible. C’est le premier danger de cette affaire.
Le deuxième c’est la question de la fin de l’anonymat et, pour qui parle d’Internet libre, se pose la question : qui suis-je derrière mon écran ?
Frédéric Couchet : Pseudonymat ou anonymat ? Plutôt la tentative de la fin du pseudonymat parce que l’anonymat complet n’existe pas vraiment sur Internet. Il faut être très très fort, ne faire aucune erreur pour être totalement anonyme, il y a eu des condamnations récentes.
Isabelle Carrère : Je savais bien que je n’étais pas une pro du sujet, Fred !
Frédéric Couchet : Moi non plus !
Isabelle Carrère : Tu as raison, tu as complètement raison, le terme c’est celui-là, pseudonymat.
Frédéric Couchet : Pseudonymat. On ne peut pas être anonyme sur Internet, on peut te retrouver sauf à ne faire aucune erreur et même Stéphane Bortzemeyer qui lui, en général, ne fait aucune erreur, dit qu’il est quasiment impossible de ne pas en faire.
Isabelle Carrère : Je voulais dire, par exemple, qu’à chaque fois que tu vas sur un site, sur une page, sur quelque chose, on te demande ton âge ! Ah ah ! Elle est bonne !
Frédéric Couchet : Ça c’est la vérification de l’âge, notamment pour l’accès à des sites pornographiques et autres.
Isabelle Carrère : Mais pas simplement ! Il y a plein d’endroits, dorénavant, où on se dit qu’il faut qu’on te demande si tu as le droit d’être là où tu es. Pour moi c’est pareil. Est-ce que l’Internet est différent de la rue ? Pour moi non. Est-ce que ce qu’on s’autorise de faire à un endroit, on doit s’autoriser à le faire ailleurs ou pas ? C’est hyper-intéressant. Attention, je ne dis pas que tout ça tout est nul ! Ça part vraisemblablement, quelque part, d’une bonne intention, OK, mais aussi de mauvaises intentions et c’est là où ça se réunit joyeusement et ça se met peut-être en contradiction, ou pas.
En tout cas, la question de retirer des contenus, qui est demandé sous 24 heures, de mémoire, il faut que les gens retirent les contenus qui ont été décrits.
Frédéric Couchet : Ce n’est pas dans ce projet de loi !
Isabelle Carrère : Si, 24 heures pour tout ce qui est contenus pédocriminels ou terroristes.
Frédéric Couchet : 24 heures c’est dans le Règlement européen, pour mémoire.
Isabelle Carrère : Tous les contenus décrétés comme pédocriminels ou terroristes doivent être enlevés sous 24 heures. Non ? Ce n’est pas ça Magali ? Je me trompe ?
Magali Garnero : Si on peut revenir un peu en arrière, le SREN, donc ce projet de loi, est une manière de réglementer, de rendre légal, de faire passer des lois, de légiférer en France ce qui a été passé au niveau européen qui sont deux règlements européens, le DSA, Digital Services Act et le DMA Digital Markets Act. Ils veulent effectivement réguler la loi. Ils ont fait passer plein de choses, dont peut-être cet article-là des 24 heures, ce que je trouve totalement débile parce que qui va s’en rendre compte ? Pour s’en rendre compte, pour enlever tout ça au bout de 24 heures, il faut vraiment avoir des gens payés que pour ça ! C’est effectivement légiférer pour rien, sachant que même la Commission européenne a dit « de quoi vous vous mêlez » ! Ils peuvent légiférer comme ils veulent, on n’est même pas sûr que ce soit accepté !
Gee : Ce truc de faire de la censure un peu automatique, ce qu’on appelle censure administrative au lieu de judiciaire, c’est effectivement un truc très à la mode. C’était la même chose avec la loi Hadopi [Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet] : on arrête de poursuivre les gens pour contrefaçon de musique, par exemple, et puis on se dit qu’on va faire un truc automatique.
C’est justement dû à deux choses : si on voulait effectivement être efficace au niveau judiciaire, eh bien ça demanderait des moyens, il faudrait donner plus de moyens la justice et ce n’est pas trop l’ambiance. Du coup, les gens qui décident ce genre de truc aiment bien pouvoir faire des trucs automatiques. Et évidemment, la justice automatique ce n’est pas encore bien accepté par les gens, par contre l’administration automatique ça, ça va. Pour l’Hadopi c’était la détection automatique d’IP, puis on envoie des e-mails dans tous les sens, même si la détection d’IP n’est pas fiable, ou tout ce qu’on voudra.
Frédéric Couchet : Précise ce qu’est une adresse IP.
Gee : Quand vous vous connectez à Internet, on assigne à votre ordinateur une adresse qui permet de l’identifier. Ça c’est la version simple, en vrai c’est beaucoup plus compliqué que ça, on peut se cacher derrière d’autres adresses IP. Si votre gamin de huit ans utilise votre ordinateur, c’est votre adresse IP, mais, en vrai, ce n’est pas vous, du coup ça ne vous identifie non plus et si votre accès à Internet n’est pas sécurisé, ça peut même être quelqu’un d’autre. Bref !
Il y a donc ce truc de vouloir tout automatiser et, dans ce truc des 24 heures, ce qui est dangereux c’est qu’effectivement personne ne va avoir le temps de faire ça. Problème : si on commence à vouloir que les gens fassent ça, ça va déclencher de l’autocensure et de la sur-censure de partout, parce que par défaut et typiquement, les petites organisations qui n’ont pas le temps, qui n’ont pas les moyens humains de réagir sous 24 heures vont juste recevoir un truc et dire « dans le doute je supprime, je n’ai pas le temps de regarder » et c’est aussi hyper-dangereux. En fait, on crée les conditions d’une sur-censure et d’une sur-autocensure.
Isabelle Carrère : Je suis complètement d’accord : sur-censure, sur-autocensure et sur-délation. Ce qui se passe aussi et c’est à ça que je voulais arriver, c’est à la question : quand est-ce que et qui décide ? Il y a des automatismes en termes informatiques et autres, mais qui décide que tel discours est acceptable versus il ne l’est pas ? Qui décide d’appeler tel ou tel groupe ou groupuscule ou personne, terroriste ? C’est le mot à la mode !
Frédéric Couchet : Gérald Darmanin ! Non ?
Isabelle Carrère : Ah, c’est lui ! Ah c’est ça ! OK !
Frédéric Couchet : Du coup, tout va bien !
Isabelle Carrère : Du coup, tout va bien ! On ne parle de rien alors !
Le mot terroriste est un mot à la mode, d’accord ! Il y a les écoterroristes, après il y aura les je ne sais quoi terroristes, les machins terroristes, et bientôt on pourra, potentiellement, l’être tous, toutes, et so, on fait quoi ?
Frédéric Couchet : Avec Étienne, nous allons reconnaître notre tort, le mien en premier : il y a effectivement les 24 heures dans le projet de loi SREN sur la pédopornographie.
Gee : Du coup, ça se voit qu’on a bossé !
Isabelle Carrère : Oui, tu as vu !
Frédéric Couchet : Si vous avez bossé, je vais vous poser des questions sur la partie logicielle du projet de loi.
Magali.
Magali Garnero : On va avoir toujours l’État qui va faire de la censure, mais, ce qui est tragique, en plus, c’est surtout qu’il va transmettre cette responsabilité à des entreprises, des associations, et quand ces entreprises, genre les GAFAM, ont ce pouvoir-là — j’appelle ça un pouvoir —, je trouve ça effrayant. Déjà je suis anti-censure, mais, en plus, la censure faite par des entreprises qui sont là pour faire des sous sur notre dos, je trouve ça encore pire que si c’était juste par un État.
Tu demandais qui va décider que c’est un acte terroriste ou pas, je pense ça va être effrayant parce que, dans certains pays, des choses vont être normales, on va les laisser passer, et, dans d’autres pays, ça va être des raisons, des preuves qui vont être vont retournées contre leurs propres citoyens et ce n’est pas un monde dans lequel j’ai envie de vivre.
Isabelle Carrère : Moi non plus, vraiment pas du tout !
Un autre exemple dans cette loi, c’est la question de la majorité numérique. Est-ce qu’on peut décider quand est-ce que quelqu’un... ? OK, au cinéma, on a dit il y a 10 ans, 12 ans, 18 ans, je sais plus quoi, il y a des choses comme ça. Est-ce que dans le numérique on va arriver à ça aussi ? C’est-à-dire toi tu as 10 ans alors tu as le droit de regarder telle gamme de sites, toi non.
Gee : Je veux juste dire un truc. Je pense qu’il y a des gens qui peuvent entendre ça : il faut se dire que nous sommes des inconscients ! Le fait qu’on ait énormément de très jeunes qui accèdent à plein de porno sur Internet c’est quand même un problème, il faut le reconnaître et moi le premier. La première fois que j’ai cliqué sur « oui, j’ai 18 ans », je n’avais pas 18 ans, je vous le dis tout de suite ! C’est vrai qu’utiliser ce vrai problème pour créer ce genre de loi, c’est-à-dire, en gros, prendre un bazooka pour dégommer une mouche ! Se dire qu’on va complètement mettre fin au pseudonymat et commencer à demander des tas d’informations personnelles aux gens, des informations personnelles qui sont quand même vachement précises ; l’âge de quelqu’un, c’est quand même une information personnelle qui est importante, oui c’est extrêmement gênant.
Je n’arrive pas à voir ce qui serait possible de faire pour effectivement lutter contre ce problème de l’accès de masse à la pornographie, parce que c’est devenu ça. Quand je dis ça, moi j’allais cocher les cases, mais c’était l’ordinateur de mes parents ; maintenant tous les gamins ont un smartphone dans la poche, c’est donc incroyablement facile et je ne sais pas comment on peut faire sans virer dans un truc complètement autoritaire, sachant que j’avais lu que la Grande-Bretagne, qui avait été assez pionnière sur ce truc de mettre la vérification d’âge, est revenue sur ce truc parce que c’était inapplicable, pareil pour l’Australie, pareil pour le Texas. C’est compliqué !
Isabelle Carrère : Il y a la question de déterminer l’âge, mais ça me pose surtout deux autres vraies questions : est-ce qu’on donne une responsabilité à des parents en leur disant « il faut que tu aies le droit ----c’est ce que propose la loi---- de supprimer, par exemple, un compte d’un réseau social de ton enfant », ça veut dire quoi dans la façon dont la loi vient faire une intrusion dans les relations parents-enfants, dans la question de la parentalité, etc., en indiquant, d’une certaine manière, que ceux qui ne le feraient pas sont évidemment de mauvais parents ?
J’ai une deuxième question : est-ce que, dans cette société-là, on est en train de se préparer à un jeune, un enfant n’a pas le droit d’avoir de l’intimité ? OK, il y a la question de la pédocriminalité mais, comme tu le dis, je suis pas sûre que ça soit 95 % de ce qu’ils voient et regardent. On a, on le voit bien, des formes de harcèlement, de cyberharcèlement, qui n’ont rien à voir en fait, à l’origine, avec des champs de pédérastie ou autre, qui sont vraiment d’un autre champ. On traite ça de manière hyper-catégorielle, avec des casquettes sur des choses, et ça me paraît dangereux que ça ne soit pas plus réfléchi.
Gee : Sur l’abandon de l’intimité des enfants, un truc m’avait extrêmement choqué. Je n’ai pas de gosses, mais j’ai fréquenté des gens qui en ont et ne serait-ce que voir ce qu’ils ont comme logiciels à l’école, voir à quel point les gamins sont fliqués ! Je me suis dit « s’il y avait eu ça quand j’étais gamin, ma vie aurait été un enfer ! » Déjà ma maman est prof et mon père travaillait dans le lycée où j’étais, donc déjà en termes de ce que mes parents pouvaient savoir sur moi, c’était supérieur aux autres enfants. Je me dis que s’ils avaient eu un accès, comme ça, direct à l’intégralité de mes notes, de mes comportements, de mes trucs ! En fait, j’ai l’impression qu’on s’assoit déjà énormément sur l’intimité des gamins. C’est pour cela que ce genre de truc ne choque personne, c’est, quelque part, le côté « de toute façon ce sont des gamins, ils n’ont pas à avoir une vie privée, ce sont des enfants ».
Frédéric Couchet : Le projet loi, comme tu l’as dit, concerne beaucoup de choses. Les libristes sont aussi concernés directement en tout cas. Est-ce que quelqu’un veut faire une explication en une minute ou deux ? Magali.
Magali Garnero : Je sais qu’en tant que présidente de l’April j’ai été contactée par Mozilla — Firefox est le navigateur web de Mozilla —, parce que l’article 6 avait été mis en place. En gros, il allait obliger les navigateurs à faire de la censure sur les sites sur lesquels les utilisateurs et utilisatrices pouvaient arriver. Il n’est pas souhaitable que ce soit le navigateur qui fasse de la censure, sachant que d’habitude il y a une sorte de filtrage qui est mis en place plutôt au niveau du DNS. Je suis pas la mieux placée pour parler du DNS, donc j’ai noté plus ou moins ce que c’est : c’est ce qui transforme l’adresse IP d’un site Internet en une sorte d’adresse URL.
Frédéric Couchet : Tout à l’heure, Gee parlait de l’adresse IP de l’ordinateur, ça concerne aussi l’adresse des sites web. Avec le DNS, on n’a pas besoin de connaître l’adresse IP d’une machine pour accéder au serveur qui est derrière. Par exemple, pour l’Agenda du Libre, c’est le DNS qui fait la conversion de agendadulibre.org en son adresse IP.
Gee : L’image la plus parlante, c’est celle de l’annuaire : quand tu cherches dans un annuaire, tu cherches un nom et ça te donne un numéro de téléphone. Là tu cherches un nom de site et ça te donne son adresse IP, c’est l’équivalent.
Magali Garnero : Il y a donc déjà quelque chose qui est fait à ce niveau-là, il y a déjà deux sites qui permettent de faire ce filtrage-là, un de chez Google et un de chez Microsoft, ce n’est pas terrible, mais ça existe déjà, donc ce sera encore rajouter une couche de censure pour quelque chose qui existe déjà.
Isabelle Carrère : Oui, c’est rajouter une couche de censure ; c’est demandé à tous les navigateurs, quels qu’ils soient. Il y a effectivement une pétition de Mozilla Firefox là-dessus pour éviter cette affaire-là et c’est toujours la même question : qui décide que ce site est un site d’arnaque ou pas ? Qui décide que c’est une chose qu’il ne faut surtout pas laisser se propager ? Je trouve que ça pose exactement les mêmes questions que celles qu’on évoquait tout à l’heure, non ?
Frédéric Couchet : Tout à fait. On va bientôt faire la pause musicale. Je vais juste rajouter un point là-dessus.
Annoncer à nouveau que mardi 7 novembre 2023, donc la semaine prochaine, le sujet principal de l’émission sera consacré justement à ce projet de loi avec nos amis de La Quadrature du Net, d’Act Up et de Mozilla. Préciser qu’initialement il était effectivement question, dans le texte, d’une liste de sites à bloquer. Suite à un amendement, en fait maintenant c’est un filtrage. Mozilla semble considérer que ça convient, on verra ce que nous dira la personne représentante de Mozilla la semaine prochaine, vous pourrez donc en savoir plus.
Je vous renvoie aussi sur le site de l’April : la dernière actu publiée par mon collègue Étienne Gonnu parle justement de ce projet de loi et de l’état où on en est des discussions. Il est passé à l’Assemblée nationale en première lecture, il va aller en commission mixte paritaire, c’est-à-dire que 14 parlementaires, 7 de l’Assemblée nationale et 7 du Sénat, vont décider de la version finale de ce projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique.
On va faire une pause musicale parce que, quand même, ça avance. C’est une pause musicale qui, à mon avis, va plaire à Gee. Nous allons écouter Tuée dans l’œuf par OZABRI. On se retrouve après.
Pause musicale : Tuée dans l’œuf par OZABRI.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Tuée dans l’œuf par le groupe OZABRI, disponible sous licence Art Libre.
Nous allons poursuivre notre discussion, plutôt notre échange, nous sommes toujours Au café libre. Nous débattons de l’actualité du logiciel libre et des libertés informatiques. On a eu un gros plat principal avec le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique. On va avoir un deuxième gros bloc derrière en parlant de Twitter, peut-être Bluesky et Mastodon. Entre deux plats principaux, qu’est-ce qu’on fait généralement au café ou dans les restaurants, on prend un petit pousse pour digérer. Vous mettez ce que vous voulez dans le pousse, de l’eau, si vous voulez, ou du thé. Le petit pousse ça va être les sorties du Libre. On va parler rapidement de deux sorties importantes. On va commencer par celle dont tu voulais parler, Gee, qui concerne Ardour. C’est quoi Ardour ? Pourquoi voulais-tu en parler ?
Gee : La version 8 de Ardour est sortie le 8 octobre. Ardour est une station de musique assistée par ordinateur, l’équivalent libre d’un Cubase ou d’un Pro Tools. C’est un logiciel que je trouve vraiment pas suffisamment connu. Quand on parle musique et son libres les gens pensent beaucoup à Audacity, mais Audacity est un logiciel qui est beaucoup moins évolué qu’Ardour. Ardour est vraiment une station complète, on peut faire de l’enregistrement, du mixage, du montage, c’est vraiment extrêmement puissant et je trouve que c’est un des logiciels libres qui, je treouve, a une interface extrêmement intuitive et vraiment bien foutue.
Je n’ai pas encore eu l’occasion de tester cette nouvelle version, mais, dans les nouveautés, il y a notamment quelque chose que je trouve assez chouette, c’est le détecteur de tempo variable. Il faut savoir que quand on fait de la musique assistée par ordinateur, on a souvent un clic, c’est-à-dire un tempo fixe qui est donné, sur lequel on peut créer des partitions, faire jouer des instruments virtuels, ce genre de choses. On a donc énormément de musique qui est enregistrée au clic, c’est-à-dire que les musiciens, même les musiciens et musiciennes qui jouent en vrai, ont un tempo dans les oreilles pour rester sur ce tempo. Sauf que ça peut, évidemment, avoir un effet un petit peu mécanique. Quand vous écoutez de la musique des années 70, Led Zeppelin et compagnie, si vous essayez de taper le tempo, en vrai ça change. Pendant le refrain, si ça s’excite un peu, ils vont avoir tendance à accélérer naturellement, c’est quelque chose qu’on fait. Là l’idée c’est que vous pouvez jouer votre musique sans avoir un tempo dans l’oreille et après Ardour peut détecter et recaler automatiquement le tempo de manière variable. Du coup le tempo va varier, ce qui vous permet quand même, après, de mettre des instruments virtuels par-dessus qui restent synchronisés avec, ce qui, à priori, est vraiment quelque chose de très chouette.
Frédéric Couchet : OK. Tu as bien présenté Ardour pour la musique, on va préciser que c’est aussi utilisé pour le traitement de podcasts. Notre équipe de bénévoles de traitement de podcasts utilise Arbour pour traiter les podcasts. Ça me fait penser, d’ailleurs je vais le noter sur mon papier, que l’on devra organiser, un jour, un sujet principal autour de ces stations audio, notamment Ardour avec, sans doute, deux personnes de l’équipe podcast, peut-être Samuel et Julien, peut-être Élodie aussi. Et on en profite pour les remercier parce que les personnes qui écoutent en podcast ont une meilleure qualité de son que les personnes qui écoutent en direct. Peut-être que les gens du podcast enlèvent des trucs qui sont drôles en direct, je ne sais pas ! En tout cas Ardour.
Autre sortie dont on voulait assez rapidement, parce que c’est une des distributions logiciels libres les plus connues et les plus importantes, je vais laisser une des personnes présenter ce que c’est. Qui veut parler de Debian dont la dernière version est sortie en juin 2023 et la dernière mise à jour en octobre 2023 ? Qui veut parler de Debian rapidement ?
Magali Garnero : Je peux parler de Debian, donc une nouvelle version. C’est un système d’exploitation libre qui permet d’enlever d’autres choses ultra-moches, sorti le 10 juin 2023, je m’en souviens bien, parce qu’à l’April on a organisé deux apéros : un pour la sortie, un parce que c’était trop sympa, c’était l’anniversaire.
Frédéric Couchet : Il y avait l’anniversaire de Debian en plus, c’est pour ça qu’on a fait deux apéros différents, le projet Debian fêtant ses 30 ans.
Magali Garnero : Ils sont presque aussi vieux que moi ! Du coup, un apéro super sympa. Plein de nouvelles fonctionnalités dans cette nouvelle version, Debian 12. Je ne sais pas quoi en dire de plus, à part que c’est le meilleur système d’exploitation, mais je vais me faire taper dessus par les copains d’Ubuntu, alors je ne dirai rien de plus !
Frédéric Couchet : Déjà, c’est un des rares projets, on peut dire l’un des derniers qui est géré entièrement par une équipe de bénévoles avec, en plus, une charte d’organisation, une gouvernance, etc.
Isabelle Carrère : J’ai trouvé juste deux trucs sur ce sujet-là. Ça m’a halluciné de lire qu’il y avait 65 000 paquets. Je trouve ça incroyable !
Frédéric Couchet : Les paquets ce sont les logiciels qui sont préconfigurés pour fonctionner.
Petite question quiz, je suppose que vous connaissez la réponse : comment s’appelle la dernière version de Debian, vu qu’elle a à chaque fois un nom ?
Gee : Bookworm.
Frédéric Couchet : Bookworm. Gee ne répondra pas à la question suivante : d’où vient le nom des différentes versions de Debian ? Est-ce qu’en régie, Julie, Étienne, ont la réponse ? Étienne a la réponse. Gee, est-ce que tu peux expliquer d’où viennent ces noms ? Peut-être, d’ailleurs, que tu n’as pas la réponse !
Gee : Il me semble que ce sont les personnages de Toy Story.
Frédéric Couchet : Exactement. Le personnage de Bookworm, en français c’est vermisseau, si vous vous souvenez c’est un petit verre de couleur verte, vivant dans un livre, qui porte de grosses lunettes et qui est toujours muni d’une lampe torche.
Isabelle Carrère : Et Bullseye c’était quoi ? C’était qui ? C’était la version 11.
Gee : Le truc est compliqué : plus les versions vont loin, plus ils sont obligés de trouver des personnages secondaires qu’on ne connaît pas. On avait Woody, une des premières. Il y en a une qui est rigolote, c’est la version de développement qui s’appelle Sid pour still in development. Sid c’est le méchant gamin dans Toy Story, qui casse tous ses jouets.
Frédéric Couchet : Pour préciser, il y a différentes versions de Debian. Il y a une version still in development, donc Sid, qui est vraiment réservée aux personnes qui développent Debian, il ne faut pas trop l’utiliser parce qu’elle peut casser du jour au lendemain, vu que tous les jours ils font des mises à jour ; il y a une version intermédiaire, une version testing, que j’utilise, qui peut être utilisée, il faut éventuellement prendre quelques risques, quand même pas beaucoup.
Gee : Qui sert de base à Ubuntu, si je ne dis pas de bêtise. À priori je crois que c’est cette version particulièrement, la version testing me semble-t-il, qui sert de base.
Frédéric Couchet : D’accord. Et il y a la version stable qui sort tous les deux/trois ans, qui a donc vraiment été testée et qu’on utilise aussi beaucoup sur les serveurs, parce qu’on a besoin d’une pérennité, de tests.
Mon collègue Étienne précise que Bullseye c’est le cheval de Woody.
C’étaient les sorties du Libre, c’était ce petit digestif à base d’eau, de thé et autres joyeusetés alimentaires, avant d’attaquer un autre sujet, un autre plat principal. On parlait tout à l’heure des réseaux sociaux, là on va parler un petit peu de Twitter, Bluesky et Mastodon. Pourquoi ? Parce qu’en préparant l’émission, quelqu’un l’a suggéré ; il est tombé sur une actu qui disait que Elon Musk menaçait de fermer Twitter en Europe et il rajoutait « bon débarras ? ». Je ne sais pas si vous savez pourquoi Elon Musk voudrait fermer Twitter, ou pas.
Gee : Je crois que c’est pour des histoires, comme d’habitude, de la réglementation européenne qui est trop protectrice des utilisateurs et utilisatrices par rapport à celle des États-Unis.
Frédéric Couchet : Et qui remettrait en cause la notion de liberté d’expression de Donald [Rires], d’Elon Musk, effectivement très extrême : tout le monde peut dire n’importe quoi. C’est une menace. C’est sorti dans Numerama et ça a été démenti par Elon Musk.
Magali Garnero : Elon Trump !
Frédéric Couchet : Plus récemment, il y avait aussi eu la perspective d’avoir à payer pour avoir le droit d’écrire sur Twitter qui, maintenant s’appelle en plus X. Face à ça est-ce qu’effectivement la fermeture ou la disparition de Twitter serait une bonne chose ? Question secondaire : où aller ? Est-ce que c’est vers Bluesky, un nouveau réseau social qui semble avoir le vent en poupe et qui ressemble beaucoup, quand même, à Twitter ? Ou est-ce que c’est aller vers Mastodon, le réseau social décentralisé ? Qu’est-ce que vous avez envie de dire là-dessus ? Qui veut se lancer ? Gee.
Gee : Au niveau de la raison pour laquelle ils veulent s’en aller c’est cette régulation qui est trop protectrice – je n’avais pas eu ce truc-là sur la liberté d’expression. Il faut savoir que, par exemple, le réseau Threads, c’est dur à prononcer, qui a été lancé par Meta, l’entreprise de Facebook, est basé sur ActivityPub, un truc un peu surprenant, ActivityPub est un protocole, notamment supporté par Mastodon, PeerTube et compagnie. Ce réseau social Threads n’est pas disponible en Europe pour cette raison, me semble-t-il, ils ne l’ont pas encore ouvert parce qu’ils ont du mal à s’adapter à la législation européenne, comme quoi ça sert à quelque chose !
Après est-ce que Twitter, enfin X – le nom n’a absolument pris chez personne – va fermer ? Je ne sais pas s’ils vont avoir le courage de le faire, je ne sais pas si le marché européen n’est pas, quand même, un peu trop gros. Est-ce que ce serait une bonne nouvelle ? Nous, en tant que libristes, on a tendance à dire, entre guillemets, « oui », mais, de toute façon Twitter fait partie de ces gros réseaux qui sont un peu en train de se saborder tout seuls, quoi qu’il arrive, donc !
Magali Garnero : Je n’aurais pas dit mieux. En fait, il se saborde tout seul. Depuis qu’Elon Musk a racheté ça 44 milliards, ça n’en vaut plus que 8, donc ça ne vaut plus grand-chose. Il passe son temps à essayer de faire des annonces pour tester de nouvelles choses qui font encore baisser sa valeur en bourse. Est-ce qu’il va vraiment s’en aller, je n’en suis pas sûre, est-ce que ce n’est pas juste pour qu’on recommence à reparler de lui dans les médias, dans ce cas-là c’est réussi puisqu’on est en train d’en parler ne serait-ce qu’aujourd’hui.
Frédéric Couchet : Je précise que dans l’article de Numerama dont il est question – tous les liens sont sur libreavous.org, sur la page consacrée à l’émission, ou sur causecommune.fm, sur la même page – on explique notamment que dans le Digital Services Act, dont on a parlé tout à l’heure, « il existe des mécanismes permettant
d’infliger à X – le nom a pris dans Numerama – des amendes pouvant atteindre jusqu’à 6 % de son chiffre d’affaires mondial. Bruxelles a aussi la possibilité, via ce texte, de déclencher d’autres pénalités ou de bannir le service d’Europe en cas d’infractions graves et répétées. Or, les obligations véhiculées par ces textes, notamment sur la transparence et la modération, entrent en collision avec la vision d’Elon Musk, pour le réseau social en particulier, sur le terrain de la liberté d’expression qu’il revendique aussi large que possible. Par le passé l’entrepreneur américain se présentait comme un militant absolutiste de cette liberté de parole. » C’est ce qu’explique l’article de Numerama.
Magali Garnero : Mais ça c’était avant.
Frédéric Couchet : Avant quoi ?
Gee : Avant qu’il se mette à virer des gens qui avaient dit des trucs pas gentils sur lui. Du coup, la liberté d’expression « oui mais bon, quand même, pas taper sur moi, pas taper sur Elon quand même ».
Frédéric Couchet : Si Twitter s’arrête ou, simplement, si les gens décident qu’ils en ont marre de rester sur Twitter, il faut aller où ? J’ai entendu parler d’un nouveau réseau social, notamment dans un article dont on mettra aussi la référence, Bluesky. En avez-vous entendu parler ?
Magali Garnero : Moi oui, parce que mon chéri a reçu une invitation : on ne peut pas choisir d’utiliser cette plateforme-là, il faut y être invité et, même quand on est invité, il faut attendre un certain temps avant de pouvoir inviter d’autres gens. Ça ressemble à un réseau social mais ultra-fermé. Je pense qu’ils essaient de se protéger.
Gee : Tu veux dire que c’est select ?
Magali Garnero : Oui, ultra-select, exactement, ils ne veulent pas n’importe qui.
Frédéric Couchet : Il faut préciser. De mémoire, je crois que l’un des créateurs de Bluesky, l’un des fondateurs, c’est Jack Dorsey qui avait aussi créé Twitter il y a quelques années. Donc visiblement, « pour le moment, il faut toujours un code d’invitation, exception faite des journalistes qui peuvent solliciter un accès directement auprès de la plateforme. Cette stratégie est loin d’être idiote : cela permet aux journalistes de se faire une nouvelle audience ailleurs et à la plateforme de gagner en notoriété. Mais, pour les autres, il faut toujours un code d’invitation et cela explique peut-être une partie du succès de la plateforme », parce que, effectivement, c’est restreint à un club un petit peu select de personnes qui discutent. Je précise aussi que cela reste un réseau privateur.
On a parlé récemment de Mastodon, le réseau décentralisé basé sur des logiciels libres. Est-ce que c’est une solution pour les personnes ?
Gee : Mastodon, c’est très chouette, on ne va pas dire le contraire, évidemment. Par contre, je dirais surtout « attention, Mastodon ne peut pas accueillir toute la mauvaise humeur du monde ! Tous les gens qui êtes sur Twitter pour troller ou pour partager des trucs de nazis, restez chez vous, ne venez pas sur Mastodon ! »
Le truc c’est que Mastodon n’utilise pas les mécanismes de Twitter pour rendre les gens addicts, pour capter leur attention et tout. De par même les mécanismes, il n’y a pas, par exemple, de subtweet, je crois que ça s’appelle comme ça, quand on cite un tweet pour répondre. On a remarqué que c’était souvent quelque chose d’utilisé pour déclencher des flamewars, je sais pas comment on dit en français, des batailles sémantiques violentes disons.
Frédéric Couchet : Même des campagnes de harcèlement, aussi.
Gee : C’est ça. Tout cela aussi fait que Mastodon, quelque part, ne peut pas prendre la place de Twitter parce qu’il n’a pas les mêmes buts de base. Par contre, si vous voulez discuter avec des gens dans un mode proche de Twitter c’est-à-dire des messages relativement courts, Mastodon c’est très bien.
Frédéric Couchet : Mag.
Magali Garnero : Ce que j’aime bien dans Mastodon, c’est qu’on peut choisir son instance, c’est-à-dire le site qui va nous accueillir, qui va accueillir notre profil, et qui discute avec plein d’autres sites, puisqu’il y a plein d’instances un peu partout dans le monde, contrairement à Twitter qui n’a qu’une seule instance et, dans mes souvenirs, c’est en Californie avec une équipe de modération qui applique une politique. Là, chaque instance a sa propre politique, donc les gens qui ne t’aiment pas peuvent aller sur plusieurs instances dans lesquelles ils trouveront plein de nouveaux copains et que d’autres instances peuvent bloquer si elles ne veulent pas parler avec eux.
Isabelle Carrère : C’est ce que j’allais dire. Là on a le luxe de ce qui ne sera pas centralisé, par définition, donc ça reste en or.
Je voudrais reprendre, c’est Luk, tout à l’heure, qui parlait de « merdification » ?
Frédéric Couchet : Tout à fait.
Isabelle Carrère : Avec les réseaux sociaux, je trouve qu’on est vraiment dans la merdification des relations sociales, des relations d’être à être, avec des façons qui seraient toutes catégorisées : il faut vraiment faire comme ça et pas autrement pour être en relation avec des gens. Je ne suis pas sur les réseaux sociaux, c’est pour ça que je ne parlais pas parce que je n’y connais rien, je n’y comprends rien !
Magali Garnero : On a vu !
Isabelle Carrère : Non, on n’a pas vu justement !
Magali Garnero : Je t’ai cherchée pendant cinq minutes, je ne t’ai pas trouvée !
Isabelle Carrère : Vous avez parlé tout à l’heure de tweet. Tweet, c’était quand il y avait Twitter, mais X, c’est quoi le bruit ?
Gee : Figure-toi qu’il n’a pas pensé à ça quand il a changé de nom ! C’est incroyable !
Isabelle Carrère : X, c’est archi-porno, on est vraiment bien, au moins il a dit ce qu’il avait à dire : allez-y, foncez !
Magali Garnero : Wah !
Isabelle Carrère : Ah, le tweet, c’est ça ! OK !
Gee : Tout le monde a dit que c’était une mauvaise idée, que ça évoque du porno, mais il a fait son truc !
Magali Garnero : Ça fait buzzer !
Isabelle Carrère : C’est bien, tant mieux ! Il est dedans, au moins c’est clair. Il ne peut pas dire qu’il n’y est pas.
Gee : C’est ce qui arrive quand on a un con qui a beaucoup d’argent !
Frédéric Couchet : On précise, en tout cas, qu’il y a le dilemme des administrations et sans doute d’autres personnes qui utilisaient Twitter, X maintenant, pour une audience, ça vaut aussi sans doute pour les marques, etc., pour parler effectivement à des personnes, qui se posent la question de sur quel réseau aller. J’ai vu que certaines administrations ont commencé à migrer, à créer des instances, des comptes sur Mastodon. Même la DINUM [Direction interministérielle du numérique] je crois, a créé sa propre instance qui, pour l’instant, ne fait que du partage d’informations, je ne crois pas qu’il y ait la possibilité de création de comptes mais peut-être que ça va venir. Gee, tu voulais préciser.
Gee : C’est d’autant plus une bonne idée pour les administrations qu’elles peuvent héberger leur propre instance et maîtriser complètement leur chaîne de communication, ce qui n’était pas du tout le cas avec Twitter.
Isabelle Carrère : Absolument. Donc merci Elon Trump/Musk ! Comment tu l’as appelé ?
Frédéric Couchet : Si vous voulez en savoir plus sur Mastodon, je vous encourage à aller sur libreavous.org, on a rediffusé une émission sur Mastodon il n’y a pas très longtemps. Et, encore une fois, tous les liens qu’on a cités sont sur libreavous.org, dans la page consacrée à l’émission.
Il est 16 heures 30, on approche de la fin du repas, je ne suis pas sûr qu’on ait le temps de tout faire. On commence par quoi ? Est-ce qu’on fait quand même le pack Office/logiciels libres. Tu veux faire ça ? Vous êtes nos invités, vous êtes ici chez vous.
Étienne me fait remarquer que j’ai oublié le changement de sujet. Tac, voilà.
[Sonnette]
Magali Garnero : En fait, il a acheté une petite sonnette jaune, vous ne la voyez pas.
Frédéric Couchet : Je ne l’ai pas achetée, je l’avais chez moi.
Magali Garnero : Tu avais chez toi une sonnette !
Isabelle Carrère : Elle est très jolie, jaune et noir. On ne sait pas ce qu’il faisait avec dans sa maison !
Frédéric Couchet : C’est marqué dessus.
Gee : C’est marqué « Pour l’apéro sonnez ici », c’est étonnant.
Isabelle Carrère : Il ne fallait pas le dire ?
Frédéric Couchet : Si, vous pouvez tout à fait le dire, sinon je ne l’aurais pas montré.
Magali Garnero : C’est de la publicité mensongère puisqu’on n’a droit qu’à de l’eau.
Frédéric Couchet : Peut-être qu’à 17 heures vous aurez droit à autre chose.
Isabelle Carrère : À la deuxième du café libre, je pense que ça sera autrement.
[Sonnette]
Frédéric Couchet : Nouveau sujet, avant-dernier sujet, c’est un article dans Acteurs publics, d’Émile Marzolf, intitulé « Entre le pack Office et les logiciels libres, les positions contrastées des agents publics ». Ça fait suite à une consultation en ligne, « Fonction publique+ », ils aiment bien ce terme-là « + », je pense, organisée par le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques à laquelle plus de 110 000 personnes ont contribué, donc agents publics de la Fonction publique. Et, parmi ces débats, c’est assez traditionnel on va dire, il y a visiblement une opposition entre les pro pack Office de Microsoft et autres solutions de Google et compagnie et puis, finalement, les pro d’une informatique éthique et respectueuse de ses personnes utilisatrices, celle des logiciels libres.
Isa tu souhaitais en parler un peu.
Isabelle Carrère : Oui, je voulais en parler. Je trouve que cette affaire-là c’est vraiment très intéressant, au-delà du débat lui-même sur les outils. Je me souviens qu’il y a 30 ans, à peu près, je devais être en train de faire une formation au ministère de l’Environnement, comme il s’appelait à l’époque, pour leur apprendre à utiliser LibreOffice — Writer, Calc, etc. Ce n’est donc pas une chose nouvelle, c’est une espèce de vieux cheval de bataille qui n’en est même plus un tellement il est vieilli ! C’est très clair. Je trouve que c’est hallucinant de vouloir présenter ça comme étant le sujet. Pour moi le sujet est ailleurs, il est dans un tout petit machin qui est ailleurs, qui est dans la conclusion.
Frédéric Couchet : Je précise quand même que, à ma connaissance, ce sont les gens qui ont lancé ces sujets-là, les gens qui ont participé à cette consultation.
Isabelle Carrère : Les gens ? Les agents de la Fonction publique qui ont lancé le sujet de LibreOffice versus le pack ?
Frédéric Couchet : Oui, par des messages. Dans l’article, certains messages sont cités.
Isabelle Carrère : Je ne suis pas allée voir comment les questions avaient été posées, Fred, mais, à mon avis, quand on a ce type de réponse aussi volontairement « je suis pour/je suis contre », c’est que les questions ont été posées pour ça.
Frédéric Couchet : Pas forcément !
Isabelle Carrère : Je ne suis pas allée dans ce détail-là.
Magali Garnero : On n’a plus du tout accès au questionnement, ce qui est dommage.
Isabelle Carrère : Par contre, ce qui m’intéressait c’est d’aller voir la « décision », entre guillemets, de la Direction interministérielle du numérique, la DINUM. Il est dit dans l’article qu’elle a déjà pris sa décision, « sa nouvelle feuille de route, présentée en mars dernier, ambitionne de préserver la souveraineté numérique de l’État en investissant dans des outils numériques mutualisés ». Ah ! Ah ! Comme si tout cela n’avait pas déjà été traité et les sujets, là aussi, sont redondants !
Je me rappelle quand même, je ne sais pas si vous vous souvenez, peut-être que vous allez mieux vous rappelez que moi des dates de tout ça, mais qui est-ce qui va développer nouvellement les outils de l’État ? Est-ce qu’il a été prévu de changer les modalités de passage d’appels d’offres, d’appels à projets ? Est-ce que l’État qui, depuis des décennies, a nourri, engraissé, Accenture, Capgemini, IBM France, Atos, etc., sur des chantiers hallucinants, avec un fric fou, avec des façons de présenter les sujets de manière vraiment stupide et obsolète. Vous vous souvenez de l’histoire, comment ça s’appelait, cette histoire du projet de paye interministériel [Programme ONP - Opérateur national de paie, ou SIRHEN - Système d’information de gestion des ressources humaines et des moyens, NdT].
Frédéric Couchet : Ça c’était le ministère des Armées, je crois que c’était Louvois.
Isabelle Carrère : Il y a eu Louvois, mais je te jure qu’il y a eu aussi un autre projet et c’est Accenture et IBM qui s’en sont mis vraiment plein les fouilles, je suis désolée, c’est resté en catimini, c’était un projet de paye pour tout le monde.
En tout cas tous ces machins-là c’est, pour moi, une catastrophe. On oblige à passer par une maîtrise d’œuvre. Est-ce que ça va être le cas aussi ? Leur sac à dos numérique ! Ils font bien rigoler. On est toujours dans un même sujet, pas de réalité de la souveraineté, je trouve, ce n’est pas vraiment le sujet tel qu’il est abordé là, il est abordé sur un champ : on fait partir toutes les compétences informatiques de l’État, on met du privé partout, dans toutes les administrations, à qui on donne de l’argent, on centralise à nouveau. Bref ! On favorise toujours la même chose et la même façon de faire et on nous fait croire que c’est un débat ouvert à tous les agents ! Ça va !
Frédéric Couchet : Avant de te laisser réagir Gee, dans la citation que tu fais de l’article, après il était précisé « pour ce faire, elle ----donc la DINUM---- met un coup d’accélérateur assumé au développement d’une suite collaborative à la main de l’État ou, tout le moins, à sa constitution à partir de différents logiciels libres existant ». Il y a donc visiblement un projet assez important.
Isabelle Carrère : Oui. Mais à qui vont-ils demander de le faire ? C’est à ça que je répondais.
Frédéric Couchet : Je précisais l’objectif final de la Direction interministérielle du numérique.
Gee, rapidement.
Gee : Je suis d’accord sur le fait que la façon de poser la question amène forcément à ce genre de résultat. Si on reprend le truc de base qui est donc comparons LibreOffice à la suite Office de Microsoft, par exemple, je connais des gens qui ont utilisé les deux et qui préfèrent Microsoft. En fait, c’est prendre encore une fois un point de vue de consommateurs, c’est-à-dire se dire que l’État a le choix, dans un supermarché, entre deux trucs qui sont équivalents, alors que l’État pourrait avoir un comportement d’acteur : au lieu de payer des licences à des boîtes américaines, même si ce sont des grosses multinationales qui sont en France, peu importe, si on investissait cet argent dans des équipes de développement public qui amélioreraient LibreOffice, c’est un exemple, ce serait vertueux à tous les points. Ce serait de l’argent public qui paierait des fonctionnaires, des agents publics, pour quelque chose qui serait reversé à la communauté, ce serait quelque chose de vertueux. Au lieu de ça, on paye de la licence Microsoft et, après, on vient effectivement nous parler de souveraineté !
Frédéric Couchet : Mag.
Magali Garnero : Moi j’ai confiance dans la DINUM parce que je pense qu’ils sont capables de faire des choses bien. Par contre, ce n’est pas parce que la DINUM fait des choses bien, propose des choses bien, que les gens vont suivre. Dans mes souvenirs, la DINUM n’a pas ce pouvoir-là : elle peut prescrire, mais elle ne peut pas imposer. Je suis quand même contente que la DINUM se charge de ce projet et, dans mes souvenirs un peu lointains, il semble qu’ils sont en train de recruter des gens ou qu’ils ont recruté des gens. Peut-être qu’ils sont en train de faire rentrer des techniciens, des informaticiens en interne, ce serait une très bonne nouvelle. Mais, même si eux sont pleins de bonnes intentions, j’aimerais qu’elles soient suivies par les gens qui sont derrière.
Frédéric Couchet : Précision : je crois qu’il y a deux postes ouverts à la DINUM, notamment dans la partie logiciel libre, je ne me souviens plus des termes précis du poste. Il y a effectivement du recrutement en cours et il y a une augmentation aussi du budget de la DINUM.
Isabelle Carrère : Tant mieux ! Si tout cela est vrai, tant mieux !
Frédéric Couchet : Juste pour finir avant d’aborder le dernier sujet, comme cela on aura fait tous les sujets en temps et en heure. Par rapport à ce que tu disais, Gee, il faut quand même saluer le travail du ministère de l’Éducation nationale sur BigBlueButton, un logiciel de visioconférence libre dans lequel le ministère de l’Éducation nationale a investi beaucoup d’argent pour contribuer directement avec l’éditeur, l’entreprise éditrice de cette solution. Voilà pour le ministère de l’Éducation nationale.
Gee : Tout n’est pas à jeter, évidemment. Cette histoire revient souvent : « le logiciel libre, ça marche quand même moins bien que le privateur ! »
Frédéric Couchet : Tout à fait !
[Sonnette]
Frédéric Couchet : Avant-dernier sujet, le dernier sujet devrait être rapide, clin d’œil.
Je ne sais pas si vous aurez grand-chose à dire, mais je tenais à aborder ce sujet. C’est Next INpact, le magazine en ligne d’actualité de l’informatique, qui existe depuis plus de 20 ans, qui a récemment été revendu à Ferdinand Chevrant-Breton, plutôt à la holding de cette personne, dont la société est notamment propriétaire de Moji, opérateur Internet pour professionnel.
Next INpact publie des articles de qualité, souvent de très longs articles. Big up à Jean-Marc Manach qui, je crois, écrit les plus longs articles possibles et aussi à Marc Rees, qui a quitté Next INpact il y a quelques années pour rejoindre l’Informé, qui faisait aussi de très longs articles, de très bonnes des analyses. Le modèle économique était basé sur l’abonnement et aussi sur des publicités, l’abonnement vous permettant d’avoir un accès au site sans pub, sauf que ça ne suffisait pas, tout simplement, à équilibrer. Donc le propriétaire de Next INpact a décidé de vendre au bout de 23 ans. Je sais pas si vous aviez une réaction là-dessus ou pas ? Est-ce que vous êtes inquiet ? Ça vous rassure de savoir que, finalement, ça a été acheté avec un plan que les journalistes semblent soutenir ? Vous avez aussi le droit de n’avoir rien à dire sur le sujet.
Magali Garnero : J’avais rencontré Teuf [Christophe Neau] l’ancien propriétaire, le créateur de next INpact, nous étions allés chez lui et chez sa femme. Ce projet-là lui tenait vraiment à cœur, ça lui tenait vraiment à cœur de mettre l’actualité du numérique, de l’informatique face aux gens. C’est vrai que ces derniers temps un format papier était sorti, quatre numéros papier sortis dans l’espoir de renflouer les caisses. Je ne pense pas que c’est ça qui les a sauvés, si le papier sauvait les entreprises ça se saurait, mais voilà ! Cet effort-là avait déjà été fait, avec un petit inconvénient : du coup, les articles sur le site étaient moins nombreux, moins approfondis parce que format papier. Quand il a dit qu’il voulait potentiellement vendre j’étais inquiète parce qu’il n’y a pas beaucoup de bons médias comme ça. Quand on a appris que ça a été revendu, que ça allait continuer, que les journalistes étaient heureux, ça a fait super plaisir.
Frédéric Couchet : OK. On précise que d’un point de vue économique, Ferdinand Chevrant-Breton, via sa holding, prend pour le moment en charge financièrement les frais de Next INpact en attendant que la société arrive à un équilibre économique dans quelques années et visiblement, selon les annonces, ça serait encore basé sur de l’abonnement avec disparition totale de la pub. Plus de pub ! Un site est en cours de création, un nouveau site web, et le magazine a changé de nom : ce n’est plus Next INpact, maintenant c’est Next, tout court, ça rappellera une partie de l’informatique d’il y a quelques années.
Pareil, je vous ai mis l’article sur le site de l’émission, sur libreavous.org. On va voir et on souhaite évidemment le meilleur aux journalistes qui restent dans cette équipe. Ces personnes font vraiment un travail extraordinaire entre Mathilde Saliou, Jean-Marc Manach et les autres, franchement big up à eux et à elles.
Il nous reste très peu de temps pour le dernier point. Je crois que c’est Magali. Aujourd’hui, Magali, tu es déguisée.
Magali Garnero : Aujourd’hui c’est Halloween. Qui dit Halloween à la librairie dit déguisements, maquillages, distributions de bonbons, menaces de lancer des sorts. L’émission a lieu le même jour, je n’allais pas me remettre en version libriste, donc je suis venue directement en sorcière avec mon balai, ma chauve-souris et mon énorme chapeau que j’ai dû poser parce qu’avec le casque je ne pouvais pas le mettre.
J’avais envie de partager ça avec vous parce que Halloween c’est un moment devenu totalement commercial mais, à la base, c’est pour penser aux gens qui ne sont plus là, donc je pense aux gens qui ne sont plus là et je lance des sorts sur ceux qui ne me donneront pas de bonbons. D’ailleurs, Fred, je n’ai pas de bonbons !
Frédéric Couchet : Tu n’as pas apporté de bonbons, c’est ça ?
Magali Garnero : Tu ne m’as pas donné de bonbons, donc tu es en danger, tu ne te rends pas compte !
Frédéric Couchet : Ce que tu viens de dire me fait penser à un film récent de Pixar, je ne sais plus le titre, je vais retrouver, le moment où on pense aux personnes qui sont parties [Coco, NdT] .
Gee, tu voulais réagir ?
Gee : Je voulais réagir en disant qu’effectivement Magali est déguisée en sorcière, mais sans chapeau elle fait très Lady Gaga. Au début, quand je suis arrivé, je me suis dit « tiens, pourquoi Lady Gaga porterait des habits comme ça ? », après j’ai compris.
Frédéric Couchet : Effectivement, tu fais très Lady Gaga !
Gee : Est-ce que tu veux nous chanter quelque chose ?
Magali Garnero : Non, vous ne voulez pas que je chante, vous ne voulez pas !
Gee : De toute façon, Lady Gaga ce n’est pas sous licence libre !
Frédéric Couchet : Mais c’est très bon quand même !
Gee : En France il y a le droit de parodie, ce qui fait que si tu fais techniquement une parodie, elle n’est pas sous licence libre, mais on a des droits plus étendus dessus.
Magali Garnero : Je suis déjà en train de travailler sur une comédie musicale, on ne va pas en faire deux.
Frédéric Couchet : Merci pour cette première. J’espère que ça a plu aux auditeurs et auditrices qui nous ont écouté. La prochaine aura lieu je crois, de mémoire, le 21 novembre 2023, pas forcément avec la même équipe, vous allez découvrir d’autres voix.
Les personnes qui participaient aujourd’hui : Magali Garnero, Gee et Isabelle Carrère, je vous remercie et bonne fin de journée.
Isabelle Carrère : Merci.
Gee : Merci.
Magali Garnero : Merci.
Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Après la pause musicale, nous entendrons la chronique de Laurent et Lorette Costy. En attendant nous allons écouter Lovers lane par Sucrepop. On se retrouve dans trois minutes vingt. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Lovers lane par Sucrepop.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Lovers lane par Sucrepop, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA.
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]
Chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent et Lorette Costy – « Coupe-frites, rétro-ingénierie et transitions associatives »
Frédéric Couchet : Comprendre Internet et ses techniques pour mieux l’utiliser, en particulier avec des logiciels libres et services respectueux des utilisatrices et utilisateurs pour son propre bien-être en particulier et celui de la société en général, c’est la chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent Costy, administrateur de l’April, et de sa fille Lorette.
Le thème du jour : « Coupe-frites, rétro-ingénierie et transitions associatives ».
[Virgule sonore]
Laurent Costy : Lecture érotique du mode d’emploi d’un coupe-frites vertical : « D’abord, placer le récipient puis, exercer une pression pour l’insérer. Ensuite, ajouter tendrement la grille de nettoyage à la plaque poussoir avant d’assembler. Puis… [Prononcé avec une voix très douce, NdT]
Lorette Costy : Hum, Papa ? C’est gênant de fou !
Laurent Costy : Oh. Lorette. Tu es là ! N’oublie pas que demain, mardi, on enregistre la chronique « À cœur vaillant la voie est libre » pour l’émission Libre à vous !
Lorette Costy : On est mardi, papa !
Laurent Costy : Croassement de corbeau. Ah ! Les calendriers sont facétieux en ce moment ! Je vais donc mettre de côté l’enregistrement commencé pour un podcast de cuisine où les gens sont nus sous les sous-vêtements qui sont sous les vêtements qui sont sous le tablier.
Lorette Costy : Même si les libristes et toutes les autres personnes qui nous écoutent sont amateurs de cuisine, je pense que c’est mieux comme ça, en effet ! Parlons plutôt de mon projet d’alternance. Je pense que tu vas pouvoir m’aider.
Laurent Costy : Trop bien, tu fais une alternance ! C’est cool de pouvoir mettre en pratique ce qu’on apprend en cours ! Je valide. J’aurais aimé pouvoir en faire une mais ce n’était pas très courant à mon époque. J’aurais sans doute fait un projet autour d’une diode qui clignote, c’est une alternance : une fois ça marche, une fois ça ne marche pas !
Lorette Costy : Moi c’est un peu moins ambitieux que ça, quand même ! J’aimerais pouvoir faire avancer l’association qui a eu l’idée de me prendre en alternance dans sa migration vers un numérique plus éthique avec, par exemple, des logiciels libres, toussa, toussa !
Laurent Costy : Oui, c’est plus facile que de faire clignoter une diode, c’est sûr, mais chacun doit agir à son niveau, avec ses compétences. As-tu une idée de la manière dont tu vas t’y prendre pour embarquer les membres de l’association dans cette démarche certes louable, mais trop souvent perçue comme une lubie ou un gadget technique ?
Lorette Costy : Je crois qu’une des erreurs à éviter serait de laisser cette question dans le seul champ de la technique. Ça pourrait sous-entendre aussi que c’est un sujet qu’il faudrait laisser aux personnes compétentes. Et aussi, au nom de l’efficacité, en tout cas à court terme, ça encourage à ne pas changer ses habitudes parce que ce serait une perte temps pour le projet associatif en lui-même.
Laurent Costy : Boudiou, dire que j’ai mis 20 ans pour arriver à cette conclusion ! Tu me diras, tu viens d’avoir 20 ans – et en passant, d’ailleurs, spéciale dédicace, bon anniversaire à toi comme sur les radios libres de l’époque ! Mais moi, je n’ai pas commencé à militer, comme toi, à la maternité !
Lorette Costy : On n’a pas tous eu les mêmes chances. Tu as mal interprété mes pleurs à l’époque : je ne voulais pas de lait, je voulais déjà que les associations migrent vers des systèmes numériques plus éthiques !
Laurent Costy : Belle mission je trouve, mais suis-je objectif ? Pour sortir cette question du seul champ technique dans lequel des personnes ou des structures souhaitent contraindre le numérique, dis-moi donc, Doudou, comment tu vas t’y prendre, dis donc !
Lorette Costy : À bien y réfléchir, je pense que le plus dur c’est de trouver le temps auprès du collectif décisionnaire, quelle que soit sa forme, d’expliquer pourquoi il est important de se poser des questions sur ce sujet et de tenter de démontrer une convergence entre les buts poursuivis par l’association et ce qu’apporte le numérique éthique et les logiciels libres. Waouh ! Je fais des phrases de ouf. Je me demande même si je me suis comprise.
Laurent Costy : On peut réécouter plus lentement si tu veux. Ça donne ça : « À bien y réfléchir, je pense que le plus dur c’est de trouver le temps auprès du collectif décisionnaire quelle que soit sa forme, d’expliquer pourquoi il est important de se poser des questions sur ce sujet et de tenter de démontrer une convergence entre les buts poursuivis par l’association et ce qu’apporte le numérique éthique et les logiciels libres » [Phrase diffusée lentement, NdT].
Lorette Costy : Ah bah oui, c’est plus clair ! Et, pour trouver ce temps absolument nécessaire, il faut trouver un ou une alliée au sein de la gouvernance ; allié·e qui va pouvoir être entendu et convaincre ses pairs.
Laurent Costy : À partir de là, je pense que le plus dur est fait. Et c’est évidemment idéal quand c’est justement le collectif qui a décidé d’engager la démarche et qui va chercher la compétence externe pour poser les enjeux et mettre tout le monde au même niveau d’information. C’était hyper-clair cette phrase ! Je peux la repasser plus vite. À partir de là, je pense que le plus dur est fait. Et c’est évidemment idéal quand c’est justement le collectif qui a décidé d’engager la démarche et qui va chercher la compétence externe pour poser les enjeux et mettre tout le monde au même niveau d’information [Phrase diffusée en accéléré, NdT].
Lorette Costy : Franchement, en passant, merci à Tenacity. Tenacity, c’est le fork, autrement dit le logiciel dérivé du code source initial d’Audacity. Les fonctionnalités de ralentissement et d’accélération de propos, c’est vraiment trop cool, mais pas que. Merci global à toutes les personnes qui contribuent aux forks et qui défendent le logiciel libre !
Laurent Costy : Bien dit et big up légitime. MuseScore avait effectivement racheté Audacity en 2021 et avait intégré de la télémétrie, c’est-à-dire une technique non désirée par les utilisateurs et utilisatrices qui permettait de surveiller les usages. Il s’est passé ce qu’il se passe souvent pour un logiciel libre dans ce cas-là : comme l’y autorise la licence, des forks ont émergé. Des personnes ont copié le code source et ont créé une nouvelle version du logiciel dont la vie va évoluer différemment du code source d’Audacity. Celui qui semble tenir dans le temps est Tenacity.
Revenons-en à la démarche pour aider les associations.
Lorette Costy : Prendre la décision d’engager la démarche et de banaliser un premier temps d’acculturation au sein de l’organe de décision — là on parle de conseil d’administration, bureau ou équivalent en fonction de la manière dont l’association est structurée —, me semble être une première étape qui aide à avancer.
Laurent Costy : Et là, par expérience, je te recommande de faire venir quelqu’un de l’extérieur : le discours sera écouté autrement que s’il vient de l’interne et pourra aider à aller au-delà de la seule question technique.
Lorette Costy : Tu ne serais pas en train de faire un peu du placement de produit pour toi-même ?
Laurent Costy : D’accord, je veux bien venir, mais c’est parce que c’est toi.
Lorette Costy : Trop adorable, je ne m’y attendais pas, je m’en réjouis !
Laurent Costy : Je suis comme ça, je suis généreux, tout simplement.
Et les étapes d’après, comment les vois-tu du coup ? On supposera ici que le discours initial par l’intervenant extérieur a été efficace et convaincant.
Lorette Costy : Du coup, je vais peut-être plutôt demander à Pyg de Framasoft alors !
Laurent Costy : Je crois qu’il n’est pas libre en ce moment, il est surbooké.
Lorette Costy : Une autre erreur à éviter serait de partir tout feu, tout flamme sur des changements d’outils sans avoir fait le tour des besoins, des outils existants, des pratiques et des différentes compétences dans l’association. De là, il faudra prioriser, avec les membres de la structure, les changements pour des outils libres et respectueux et programmer ça dans le temps, sans vouloir aller trop vite et, surtout, en accompagnant les membres.
Laurent Costy : Encore du temps à prévoir dans des vies associatives qui affirment régulièrement, dans les enquêtes, que c’est une denrée rare !
Lorette Costy : Il est probable, mais ce sera à vérifier, que la première étape, la plus réaliste à engager, soit la migration vers la suite LibreOffice. C’est finalement une utilisation assez universelle, voire basique, que le traitement de texte et l’utilisation du tableur.
Laurent Costy : À cette occasion, tu risques d’entendre le sempiternel : « Ah là, là, LibreOffice, ça marche quand même moins bien. Quand on importe un document fait avec Word, ça déstructure toute la mise en forme et il faut repasser du temps. Greumbeuleubeuleu, je n’ai pas que ça à faire ! »
Lorette Costy : Il n’y a peut-être pas toujours le Greumbeuleubeuleu à la fin, mais je vois ce que tu veux dire.
Laurent Costy : C’est justement à ce moment-là qu’il faut pourfendre l’injustice et rendre à la communauté LibreOffice ce que César s’est accaparé ! Il faut bien faire comprendre pourquoi la mise en forme est bousculée ! C’est le code fermé de la suite de Microsoft qui est la cause de ces problèmes, pas LibreOffice, greumbeuleubeuleu !
Lorette Costy : Oui, d’ailleurs tu m’as expliqué un jour que, puisque le code source de Word est fermé, les développeurs et développeuses de Writer de LibreOffice doivent opérer par tâtonnements pour rendre les documents interopérables.
Laurent Costy : Exactement, c’est ce que l’on appelle la rétro-ingénierie ou ingénierie inverse que Wikipédia définit comme l’étude d’un objet pour en déterminer le fonctionnement ou la méthode de fabrication.
Lorette Costy : Pour prendre un exemple concret de rétro-ingénierie en informatique, toujours sur la page de Wikipédia, on peut lire : « Pour écrire des pilotes pour certains périphériques – webcam, scanner, etc. –, les développeurs de logiciels libres se retrouvent souvent contraints à faire de la rétro-ingénierie sur un pilote privateur fourni par le constructeur, en interceptant les échanges entre la puce et le pilote, découvrant ainsi comment dialoguer avec la puce. L’objectif est souvent d’améliorer la sécurité et la portabilité du pilote. »
Laurent Costy : Et pour terminer : « De nombreux éditeurs de logiciels propriétaires incluent dans leur CLUF, contrat de licence d’utilisateur final, des clauses interdisant la rétro-ingénierie. Cependant, dans de nombreux pays, la rétro-ingénierie est autorisée par la loi, notamment à des fins d’interopérabilité, dans notre cas éviter de refaire la mise en forme. Dans ces pays, les clauses de ces CLUF ne sont pas valables ou, tout au plus, dans les limites déterminées par la loi. »
Lorette Costy : Bref, faire comprendre aux membres de l’association où se situent les vraies raisons des difficultés qu’ils rencontrent les aidera sans doute à consacrer plus d’énergie et de temps au changement du logiciel !
Laurent Costy : Bon, on a bien avancé, il ne te reste plus qu’à mettre tout ça en œuvre ! J’ai un autre podcast sur un thème plus culinairement sexy à enregistrer, je te laisse ici. La bise ma puce au pilote libre !
Lorette Costy : Un jour, il faudra peut-être que je te rétro-ingénierite le cerveau pour encore plus d’interopérabilité avec moi, mon papa ; j’appellerai ça de la psychologie. Poutous papa.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter la chronique « À cœur vaillant, la voie est libre » de Laurent Costy, administrateur de l’April, et de sa fille Lorette Costy. Je crois que l’avis est partagé : c’est l’une des meilleures chroniques qu’on ait entendues de ce duo infernal.
Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons terminer par une annonce.
[Virgule musicale]
Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre
Frédéric Couchet : Cause Commune vous propose un rendez-vous convivial chaque premier vendredi du mois à partir de 19 heures 30 dans ses locaux, à Paris, au 22 rue Bernard Dimey dans le 18e arrondissement. Une soirée radio ouverte, une réunion d’équipe ouverte au public avec apéro participatif à la clé, occasion de découvrir le studio, de rencontrer les personnes qui animent les émissions. La prochaine soirée-rencontre aura lieu vendredi 3 novembre 2023 à partir de 19 heures 30. Je répète l’adresse, 22 rue Bernard Dimey et Isabelle sera sans aucun doute présente.
Isabelle Carrère : Absolument !
Frédéric Couchet : Notre émission se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour : Luk, Magali Garnero, Gee, Isabelle Carrère, Laurent Costy, Lorette Costy.
Aux manettes de la régie aujourd’hui, Julie Chaumard.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts, notamment avec Ardour : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, Julien Osman, bénévoles à l’April, et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci également à Quentin Gibeaux, bénévole à l’April, qui découpe le podcast complet des émissions en podcasts individuels par sujet.
Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org, toutes les références utiles ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm.
N’hésitez à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu, mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues par courriel à l’adresse contact chez libreavous.org.
Si vous préférez nous parler, vous pouvez aussi nous laisser un message sur le répondeur de la radio, pour réagir à l’un des sujets de l’émission, pour partager un témoignage, vos idées, vos suggestions, vos encouragements ou pour nous poser une question. Le numéro du répondeur est le 09 72 51 55 46.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission. Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et également à faire connaître la radio Cause Commune, la voix de possibles.
La prochaine émission aura lieu en direct mardi 7 novembre 2023 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 7 novembre et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.