Émission Libre à vous ! diffusée mardi 25 février 2025 sur radio Cause Commune Sujet principal : Le RFFlabs et sa pratique du Libre


Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Isabella Vanni : Bonjour à toutes, bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une heure trente d’informations et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
Le Réseau Français des FabLabs, Espaces et Communautés du Faire, et sa pratique du Libre, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme « Miner librement, c’est possible », interview de Clémentine et Jules, mineuse et mineur dans Luanti, plateforme de jeu vidéo libre, et aussi une nouvelle chronique « La pituite de Luk » intitulée « Auto de fé ».

Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.

Je suis Isabella Vanni, coordinatrice vie associative et responsable projets à l’April.

Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.

Nous sommes mardi 25 février 2025. Nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.

À la réalisation de l’émission aujourd’hui mon collègue Étienne Gonnu. Bonjour Étienne.

Étienne Gonnu : Salut Isa.

Isabella Vanni : Nous vous souhaitons une excellente écoute.

[Jingle]

« Miner librement, c’est possible » - Interview de Clémentine et Jules, mineuse et mineur dans Luanti, plateforme de jeu vidéo voxel libre

Isabella Vanni : Nous allons commencer par le sujet « Miner librement, c’est possible », interview de Clémentine et Jules, mineuse et mineur dans Luanti, une plateforme de jeu vidéo libre. L’interview a été réalisée par Laurent Costy et le sujet a été enregistré il y a quelques jours. Je vous propose donc de l’écouter ensemble et on se retrouve dans une petite quinzaine de minutes.

[Virgule sonore]

Laurent Costy : Bonjour Jules. Bonjour Clémentine. Je vais vous demander de vous présenter l’un et l’autre et plus si vous avez quelque chose de complémentaire à dire par rapport à votre prénom. Dans quelle classe êtes-vous ? Que faites-vous comme sport ?

Jules : Je m’appelle Jules, je suis en sixième au collège Victor Duruy à Fontenay. Mon sport c’est le tennis de table.

Laurent Costy : Très bien.

Clémentine : Je m’appelle Clémentine, je suis en CE2 à l’école élémentaire Victor Duruy à Fontenay-sous-Bois. Comme sport, je fais de la danse.

Laurent Costy : Très bien. Du coup, on m’a dit que vous jouiez de temps en temps à Minetest. Minetest vient de changer de nom, c’est comme ça, ça arrive dans le logiciel libre, maintenant ça s’appelle Luanti, on va dire à la fois Minetest et Luanti pendant cette interview. Pouvez-vous expliquer, pour les gens qui ne connaîtraient pas, ce qu’est Minetest ? Qui veut commencer ? Clémentine ou Jules ?

Jules : Je veux bien commencer. Déjà au départ, comment on a rencontré Minetest. On l’a rencontré, parce que tous mes copains jouent à Minecraft. Je voulais jouer à Minecraft, sauf que mon père ne voulait pas qu’on joue à des jeux appartenant à Microsoft. Du coup, il a essayé de trouver un logiciel libre comme Minecraft et il est tombé sur Minetest.

Laurent Costy : Je comprends ton papa et je comprends ton calvaire. Tu peux continuer, excuse-moi je t’ai interrompu. Vas-y, continue.

Jules : Du coup, on a commencé les jeux sur un tutoriel. On faisait des petites maisons et après on a avancé, on a fait un monde autour de la maison, comme si c’était notre ville. On a fait des maisons à chacun des membres de notre famille.

Laurent Costy : Parfait. Et toi Clémentine ? Tu as d’abord regardé ton frère jouer ? Tu as pu jouer aussi en même temps que ton frère ? Tu as rejoint ton frère ?

Clémentine : Oui. On joue plutôt souvent tous les deux. On avait allumé Minetest et on s’est demandé si c’était même chose, on ne savait pas trop.

Laurent Costy : Si c’est la même chose que Minecraft, c’était ça ta question ?

Clémentine : Oui voilà. Ce n’était pas vraiment comme Minecraft.

Jules : Dans Minecraft, il y a des monstres, là il n’y avait pas de monstres.On peut en rajouter, du coup on en avait rajouté.

Laurent Costy : D’accord. OK. Très bien. Vous jouez sur un ordinateur chez vous, sur l’ordinateur qui est installé chez vous, ou est-ce que vous avez rejoint un serveur ? Est-ce que vous jouez avec d’autres joueurs sur Minetest ?

Clémentine : On joue en famille.

Jules : Mon père ne voulait pas qu’on joue sur un serveur, en public, avec plein de monde. On a créé un monde en local, et ce n’est qu’avec le wifi de la maison qu’on peut accéder et on joue sur cet ordinateur, ici. Moi j’ai un ordinateur par le collège et j’ai installé le jeu. Après, il y a le même sur le téléphone de mon père et voilà.

Laurent Costy : D’accord. Très bien. Et toi Clémentine, tu joues en local avec ton frère, du coup vous n’avez pas regardé sur des serveurs, vous n’avez pas parcouru d’autres serveurs avec votre papa pour voir comment c’était ?

Jules : Si on en a parcouru un, celui de l’émission justement.

Laurent Costy : Ah oui ! Amelaye in Minerland.

Jules : On a essayé pour voir. Il y avait aussi l’exposition des arbres qu’on a visitée.

Laurent Costy : D’accord. L’exposition des arbres dans Amelaye ou dans un autre serveur.

Jules : Dans Amelaye.

Laurent Costy : D’accord OK. Ce serveur est très très accueillant. C’est bien pour parcourir ce monde avec des enfants, on ne se fait pas tout de suite défoncer par des gens qui ont des épées et qui veulent tuer ceux qui arrivent. Moi je l’ai trouvé très accueillant.
Du coup, quelle est la prochaine étape ? Peut-être qu’il pourrait y avoir un serveur d’installé pour inviter juste les copains qui seraient intéressés pour tester ? Ça fait partie des projets ?

Jules : Oui. J’ai présenté Minetest à deux copains. Un copain qui jouait tout le temps à Minecraft. Il est venu chez moi pour tester et on a reproduit un ancien jeu sur Minetest qui s’appelle EuroQuest. On l’a reproduit avec le labyrinthe, du coup c’est là où on a inventé les monstres. On n’a pas reproduit bloc par bloc, on a fait des labyrinthes, on se croirait dedans. On a mis une après-midi pour le faire.

Laurent Costy : D’accord. Très bien. Donc la construction existe encore et vous pouvez y retourner régulièrement alors. C’est ça ?

Jules : Il y a juste un problème : les monstres ne restent pas. Il faut qu’ils soient très profonds et ce n’est pas assez profond à l’intérieur.

Clémentine : Il faut jouer dès qu’on les met.

Jules : Il faut les mettre et après jouer parce que si on les laisse, ils disparaissent.

Laurent Costy : OK. D’accord. Je ne connaissais pas ce mode, mais très bien.
Clémentine qu’est-ce que tu préfères faire dans Minetest : construire, explorer, te battre ?

Clémentine : J’aime bien construire, après j’aime aussi jouer en famille avec plein de gens, des copains, copines ou d’autres gens qu’on connaît. J’aime surtout construire, détruire, recommencer, créer un peu le monde qu’on préfère.

Laurent Costy : D’accord. Et toi, Jules ?

Jules : J’aime bien construire. J’ai construit plein de maisons, j’en ai construit au moins cinq. Parfois je les détruis, parfois j’en détruis deux à la TNT. Sinon, j’avais construit une maison sur l’eau, une maison dans les airs. Quand on est créatif, pas en survie, j’aime bien faire des grands diamants et des trucs qui ne seraient pas possibles en survie.

Laurent Costy : Tu peux expliquer la différence entre survie et créatif pour les gens qui ne connaissent pas ?

Jules : En créatif, dans notre inventaire il y a déjà tout, comme ça, à l’infini, alors qu’en mode survie il faut creuser, il faut justement s’aventurer pour, par exemple, casser de la pierre, faire une pioche en pierre pour, après, détruire des blocs plus durs, par exemple pour casser du diamant il faut une épée en or ; une épée en bois ou une pioche en bois ne casseront pas du diamant ni de la pierre. Si, peut-être de la pierre et avec la pierre on pourra faire une pioche en pierre, qui pourra faire une pioche en bronze et après en argent et, du coup, ça pourra s’améliorer.

Laurent Costy : Très bien. On saisit bien la différence. Dans le mode survie, il faut aller chercher les ressources et puis construire, alors que dans le mode créatif tout est déjà fait, c’est donc plus simple de construire un monde à son image en toute simplicité, sans avoir, en plus, des monstres à combattre, c’est ça ? Il n’y a pas de monstres en mode survie, on peut en mettre ou ne pas en mettre.

Jules : On peut en mettre, mais en fait, nous, avant, on n’en mettait pas. Depuis qu’on a reproduit, on voulait avoir des monstres, comme il y avait des monstres dans le jeu, et c’est là où mon père a cherché pour voir s’il y avait des monstres. Par exemple, la dernière fois que j’ai construit une maison, un monstre est arrivé sur moi comme ça sans prévenir.

Laurent Costy : Ce n’est pas juste ! D’accord. Très bien.
Je sais pas si vous savez qu’on peut aussi potentiellement importer, dans Minetest, des cartes de l’IGN, du monde réel, où on peut retrouver, par exemple, sa ville.

Jules : Oui, on en a reproduit plusieurs. Justement, on a mis notre ville, on a trouvé notre maison, celles de mes copains. Du coup, j’étais drôlement surpris de faire une ville dans un jeu.

Laurent Costy : Très bien. Donc, vous avez mis ça sur le serveur sur lequel vous êtes, en local, et après vous avez pu retrouver votre maison en fonction du plan. Je crois que ce n’est pas facile parce que la carte est quand même très standardisée avec les bâtiments.

Jules : Oui, c’est vrai que ça ne ressemble pas. Par exemple, mon école ne ressemble pas. Moi je pensais qu’il y avait les fenêtres, les portes, tous les trucs, alors qu’il y a juste la pierre et des vitres.

Laurent Costy : Alors comment as-tu fait pour te repérer ? Comment avez-vous fait, Clémentine, pour vous repérer sur cette carte ?

Clémentine : Moi, je n’ai pas vu la carte, par contre je sais qu’on peut se repérer sur le vol, on peut retrouver un peu les maisons, les rues.

Jules : On avait installé juste avant des blocs de routes avec du béton, du coup je pensais que les rues étaient vraiment réelles, avec des trottoirs, mais c’était de l’herbe avec juste un bloc. On avait mis un bloc d’un mètre, il y avait des routes qui faisaient un mètre cinquante, ça faisait un petit bloc juste sur ma route et quand il y avait de l’altitude, en fait ce n’était pas plat, il y avait des petits crochets.

Laurent Costy : Des escaliers sur la carte qui permettaient de monter. Donc ça permettait de se repérer sur la carte par rapport aux lieux que tu connais autour de chez toi. Tu dis que ça monte, donc ce n’est pas loin. D’accord.
Est-ce que vous avez dit encore des envies de dire des choses sur Minetest ? Quelles sont les prochaines étapes ? Tu as parlé de copains qui étaient un peu intéressés. Est-ce que tu sens que c’est compliqué de leur dire de venir plutôt sur Minetest ? Quels sont les arguments que tu utilises ?

Jules : Mon premier copain s’appelait Corentin. Au début, on rentrait justement du ping-pong et mon père nous dit « j’ai reproduit Fontenay sur la carte de Minetest ». Du coup, ça a intéressé Corentin, parce qu’il voulait voir une ville réelle sur Minetest. C’est là où ça a commencé à l’intéresser et, du coup, son père l’a installé sur l’ordinateur. J’aimerais bien faire un serveur avec tous mes copains, comme ça on peut jouer quand on veut, il faut juste qu’on autorise les gens à jouer.

Laurent Costy : Ton papa t’accompagne pour essayer justement d’installer un serveur et puis donner les droits aux gens ? Tu es en train d’apprendre ?

Jules : C’est beaucoup de programmation. Je ne suis pas, parfois il court à une telle vitesse, il traverse les murs et tout. Il sait programmer. Moi, je mets peut-être dix minutes pour construire un grand mur, lui, en quelques clics, il fait un grand mur.

Laurent Costy : D’accord, en ayant installé certains modes sur Minetest préalablement pour pouvoir faire de la construction rapide, c’est ça ?

Jules : C’est ça.

Laurent Costy : OK. Est-ce que vous avez envie de rajouter des choses ?

Clémentine : Si on est très loin d’une chose qu’on a fabriquée il y a assez longtemps et qu’on veut la refaire, on peut mettre une allumette de téléportation, ça veut dire qu’on met un petit point et, dès qu’on appuie dessus, ça nous donne une liste de tous les endroits où on peut se téléporter où on a mis une allumette de téléportation. On en a mis à peu près dans chaque maison, on en a aussi dans le jeu EuroQuest et dans d’autres petites villes.

Laurent Costy : Super. On va en rester là.
Merci à tous les deux et je vous tiendrai au courant de ce qu’on fait de cette interview. En tout cas, j’ai été très heureux d’échanger avec vous, de connaître vos pratiques sur Minetest et puis ça va donner des idées, on va continuer à faire des sujets à l’April, on va essayer de promouvoir ce jeu qui est vraiment très chouette.
Merci à tous les deux. Bonne soirée.

Jules : Bonne soirée.

Clémentine : Merci. Au revoir.

[Virgule sonore]

Isabella Vanni : Vous êtes de retour en direct sur radio Cause Commune. Nous venons d’écouter un sujet enregistré il y a quelques jours, consacré à Luanti, la plateforme de jeu vidéo libre, anciennement connue comme Minetest, le nom a changé en octobre 2024.
Je souhaite ici rendre hommage à Laurent pour le beau jeu de mots trouvé pour le titre de ce sujet. Clémentine et Jules, en fait, sont mineuse et mineur en tant que joueuse et joueur dans Luanti, anciennement Minetest, mais il se trouve qu’ils sont aussi mineurs dans le sens de personnes qui n’ont pas encore atteint la majorité civile. Donc bravo Laurent. Merci pour cette chouette interview. Merci aussi à Clémentine et Jules de nous avoir fait leur retour d’expérience sur Luanti.
Nous allons maintenant faire une pause musicale

[Virgule musicale]

Isabella Vanni : Après la pause musicale, nous parlerons du Réseau Français des FabLabs, Espaces et Communautés du Faire, et de sa pratique du Libre.
Pour le moment, nous allons écouter Welcome back par Cloudkicker On se retrouve dans une minute trente. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Welcome back par Cloudkicker.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Welcome back par Cloudkicker, disponible sous licence libre Creative Commons CC By 3.0.

[Jingle]

Isabella Vanni : Passons maintenant au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Le RFFLabs – Le Réseau Français des FabLabs, des Espaces et Communautés du Faire, et sa pratique du Libre

Isabella Vanni : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte aujourd’hui sur le Réseau Français des FabLabs, des Espaces et Communautés du Faire, et sa pratique du libre. Nous allons en parler avec nos personnes invitées, Antoine, Justine Faiderbe et Clara Carrère, qui sont normalement avec moi, connectées à distance. Bonjour à vous.

Antoine : Hello.

Clara Carrère : Bonjour.

Isabella Vanni : Tout le monde est là.
N’hésitez pas à participer à notre conversation au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ». Toutes les références de l’émission seront rendues disponibles sur la page consacrée à l’émission, c’est très simple, libreavous.org/237.
Nous allons commencer notre discussion en demandant à nos personnes invitées de se présenter, de faire une courte présentation. Antoine, tu veux commencer ?

Antoine : Oui, carrément. Bonjour à tous et à toutes. Je m’appelle Antoine. Je suis maker. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, c’est une personne qui fabrique des objets par elle-même et surtout avec les autres, sur le principe de la documentation. Notre objectif, en tout cas ce que j’aime faire, c’est fabriquer des objets en mode do it yourself et les partager au plus grand nombre. J’ai la chance de participer à un lieu que je trouve assez formidable, qui s’appelle le RoseLab, situé dans une des plus belles villes au monde qui s’appelle Toulouse, en France, en Occitanie. À côté de ça, je suis très actif dans les différents réseaux makers et tiers-lieux, autre notion, et notamment porte-parole du RFFLabs, Le Réseau Français des FabLabs, des Espaces et Communautés du Faire.

Isabella Vanni : Ce n’est pas un hasard si RoseLab est un fablab de Toulouse. J’ai beaucoup apprécié le nom qui a été choisi.
Justine, je te passe la parole pour une petite présentation… Elle n’est pas là. On va demander à Clara de se présenter.

Clara Carrère : Bonjour à toutes et à tous. Moi c’est Clara. Je fais partie de l’équipe Sleede. Sleede est une agence de développement web et mobile, en gros on fait des outils métiers, et on est basé à Grenoble. Mais Sleede n’est pas juste une agence web, c’est avant tout l’éditeur officiel d’un logiciel libre qui s’appelle Fab Manager, qui est dédié aux espaces comme le RoseLab, donc aux espaces du faire, les fablabs, les makerspaces, donc les lieux de la fabrication distribuée et c’est là où j’interviens. Mon rôle, par rapport à cet outil Fab Manager, c’est de gérer tout l’aspect communication autour de l’outil et ce que je préfère faire par-dessus tout c’est vraiment d’assurer le lien avec toute la communauté de nos utilisateurs.

Isabella Vanni : On aura, bien sûr, l’occasion de parler plus en détail de ce qu’est Fab Manager.
Peut-être que Justine est arrivée entre-temps.
Un petit souci technique avec Justine qui sera, je l’espère, réglé assez rapidement. Je suis confiante.
On a entendu plusieurs termes, fablab, tiers-lieu, makerspace, hackerspace.

Justine Faiderbe : Est-ce que vous m’entendez ?

Isabella Vanni : Justine, bonjour. On t’entend très bien. J’étais sûre qu’on allait régler ce petit souci technique en quelques secondes. Je te laisse faire ta petite présentation.

Justine Faiderbe : Bonjour. Je suis Justine. Je suis coordinatrice du collectif des fablabs dans les Hauts-de-France qui s’appelle Reactiv’Maker. C’est un collectif de fablabs qui a été impulsé en 2022 par le réseau régional des tiers-lieux, La Compagnie des Tiers-Lieux, dans les Hauts-de-France. On réunit sept partenaires dont on pourra parler plus tard et on porte la délégation régionale, c’est tout récent, pour le RFFLabs depuis le tout début d’année. Désolée encore pour le retard.

Isabella Vanni : Tout va bien, on a rattrapé.
Je disais que le grand public a sans doute été familiarisé avec le terme fablab, notamment à l’occasion du confinement dû au Covid, quand les fablabs ont permis de fabriquer des masques de protection et ont documenté et partagé les instructions pour fabriquer ces masques, mais c’est peut-être toujours bien de rappeler ce que les différents termes qu’on a entendus – fablab, tiers-lieux, makerpace, hakerspace – signifient. Est-ce que ce sont tous des synonymes ? Est-ce qu’il y a des petites différences ? Comment voyez-vous la chose ? Justine, peut-être, vu que tu représentes aussi La Compagnie des Tiers-Lieux, veux-tu commencer par nous dire ce qu’est un tiers-lieu ?

Justine Faiderbe : Un tiers-lieu est un lieu dans lequel, en général, vous allez retrouver plusieurs activités. Habituellement, on parle des tiers-lieux comme étant des lieux de coworking, restauration, qui vont proposer plusieurs choses à l’usager qui va venir les visiter et on trouve, parmi eux, des tiers-lieux qui sont fabricants, qui ont des initiatives de fabrication quelles qu’elles soient, de la petite production et également de la fabrication numérique et là on s’oriente, du coup, vers du fablab.
Vous pouvez également trouver des activités plus artisanales, versées plutôt sur la low-tech, ou alors des tiers-lieux qui vont avoir des activités de recyclage, de réemploi, de revalorisation, des Repair Cafés par exemple, où plusieurs usagers vont venir pour faire réparer leur petit électroménager ou d’autres matériels.
On se concentre vraiment, en tout cas là, dans la discussion, sur les fablabs qui sont, en fait, des lieux de production à partir d’outils numériques.
J’aime bien raccrocher ces espaces-là à des espaces plus larges, j’aime bien parler plus largement d’espaces du faire. Je suis artisane, je suis issue plutôt du monde de l’artisanat, donc, dans les Espaces du Faire, on va aussi raccrocher des espaces qui travaillent plutôt avec des outils qui ne sont pas forcément des outils raccrochés au numérique mais qui ont une grande complémentarité, en tout cas avec les fablabs.

Isabella Vanni : Antoine, veux-tu rebondir sur ce que Justine vient de dire ? Fablab, hackerspace, makerspace, pourquoi tous ces noms différents ?

Antoine : Je reprends de son dernier point, Espaces du Faire, un mot qu’on a privilégié depuis 2020. C’est le nom générique qu’on l’utilise pour parler de fablabs, makerspaces, manufactures, qu’est-ce qu’on entend d’autre comme mots ?, ateliers d’artisans partagés. L’idée c’était surtout de qualifier ces lieux qui permettent à tous et toutes de venir concevoir, fabriquer et réparer des objets, peu importe qu’il y ait de la fabrication numérique ou non, notamment parce qu’avant on utilisait quasiment uniquement le mot fablab  qui est la contraction de « laboratoire de fabrication » en anglais. C’est un mot venu des États-Unis, dans les années 90, par un chercheur qui s’appelle Neil Gershenfeld, qui avait d’abord porté et qui continue de porter les cours « Comment fabriquer (presque) n’importe quoi » et « Comment fabriquer quelque-chose qui fabriquera (presque) n’importe quoi », qui a mis à disposition de tous ses étudiants des machines et qui a créé le premier fablab. Il a fait après, avec d’autres, une charte, la charte des fablabs, qui s’est répandue un peu partout dans le monde, avec l’idée de permettre à tous et toutes de pouvoir concevoir, fabriquer et réparer des objets, notamment en mettant à disposition des machines de haute technologie comme des imprimantes 3D, des découpes laser.
En France, ça a été un raz-de-marée quand c’est arrivé. Un des premiers est arrivé à Toulouse en 2009, Artilect, presque en même temps, voire un peu en amont, il y avait Ping à Nantes, il y avait La Casemate à Grenoble. Dans les années 2010, ces lieux-là étaient une dizaine, maintenant on a plus de 400 fablabs en France et, à un moment donné, chaque collectivité voulait un fablab sur son territoire.
Fablab, c’est répondre à une charte donnée par le MIT. La charte a beaucoup évolué, maintenant c’est quand même très simple, il y a dix grands points et la principale chose pour se reconnaître fablab, pour se dire fablab, c’est appartenir à une grande communauté.
L’autre grand point, c’est essayer d’avoir un accueil inconditionnel et, surtout, de ne pas fabriquer d’armes, c’est vraiment la grande restriction.
En France, les fablabs ont hérité du modèle américain et, comme souvent en France, on les a complètement dénaturés, on en a fait des lieux de sociabilité, sociaux, on a mis des fablabs dans les quartiers prioritaires de la ville, on en a mis dans des médiathèques, on en a mis un peu partout, c’est vrai que le besoin de fabriquer, de réparer des objets est partout. Le mot « fablab » est quand même très associé à cette fabrication numérique et on le préserve puisque, depuis 2020, notamment avec le premier confinement, les fablabs se sont encore plus répandus. Autant avant, tout le monde ne connaissait pas, parmi les citoyens et citoyennes, le mot « fablab », maintenant tout le monde a une vague idée de ce que c’est, sauf qu’on préfère parler d’Espaces du Faire parce que, pour nous, il n’y a rien qui distingue un fablab d’un makerpace, le mot générique anglais, c’est « espace du faire » en anglais et j’espère que ça été adopté. En tout cas, c’est un lieu où on peut presque tout fabriquer.

Justine Faiderbe : Si je peux me permettre de rebondir sur ce que tu disais, sur la démocratisation suite au Covid. Ce qui a lancé cette connaissance partagée sur ces Espaces du Faire, c’est effectivement le fait que ces lieux ont été mis en avant au moment du Covid, pendant lequel il y avait le besoin de fabrication, notamment pour le personnel soignant, donc fabrication de masques, de visières. C’est ce qui a porté à la connaissance du grand public l’existence de ces lieux et, depuis, on les connaît, notamment aussi par des politiques, comme disait Antoine, dans les quartiers, dans les villes, pour développer ce type d’espace.

Isabella Vanni : Quand on a préparé l’émission, Justine, tu parlais aussi de l’importance des fablabs vus justement comme une façon aussi de relocaliser la fabrication, donc très intéressants aussi du point de vue des politiques locales. Tu me disais que les fablabs s’adressent à tout le monde, on pense surtout aux personnes grand public qui veulent apprendre à faire des choses avec les autres, mais tu disais que même des indépendants ou des architectes peuvent s’intéresser à ce genre de structure.

Justine Faiderbe : Oui, effectivement. L’un des enjeux du collectif et l’un des enjeux de la fabrication distribuée, c’est bien de mettre en réseau des lieux, des petites unités qui sont capables de produire localement, à des petites échelles, de tester de la production en s’appuyant sur les compétences, les lieux, les machines de chacun, en coopérant en fait. Il se trouve que ce sont des lieux qui peuvent attirer non pas seulement du grand public qui viendrait apprendre à se servir des outils, mais aussi des professionnels qui auraient un intérêt. Je pense toujours, et c’est ce qui m’anime, à la collaboration assez étroite entre les artisans qui auraient besoin de menues fabrications et qui n’ont pas les machines dédiées dans leurs ateliers, qui ne peuvent pas forcément se permettre d’acheter les machines, et qui vont se tourner vers les ateliers partagés et les fablabs pour venir faire de la fabrication. Ils vont avoir de la formation notamment à l’utilisation de logiciels et d’outils numériques et ça peut rentrer dans leur activité professionnelle, ils peuvent en avoir besoin pour leur activité professionnelle. On peut donner plein d’exemples. Tu parlais d’architectes, d’urbanistes. On peut effectivement avoir des associations d’architectes. Je connais notamment une association qui travaille sur la ville avec des enfants, qui pourrait avoir besoin d’impression, d’objets pour animer et faciliter son temps de travail avec des enfants, par exemple, et qui pourrait se tourner vers ce type de lieu pour fabriquer parce que c’est à proximité, c’est à côté de chez eux. Ils ont, en plus, affaire à quelqu’un qui peut les aiguiller, les animateurs des fablabs que sont les office managers qui peuvent les aiguiller, ou alors s’appuyer aussi sur la communauté présente pour découvrir les machines et produire sur place et à leur échelle.

Isabella Vanni : Je peux faire un exemple au titre de l’April. Il nous restait des t-shirts qui ne pouvaient pas être utilisés, il s’agissait, en plus, de t-shirts en coton bio, etc., on a trouvé un fablab textile à Paris qui a été ravi de prendre ces t-shirts pour les hacker, utilisons le terme anglais, pour en faire sans doute autre chose pendant un atelier. C’est aussi l’occasion de se connaître entre associations, entre différents lieux autour du faire.
Tout à l’heure, tu as parlé de fabrication distribuée, est-ce qu’il faut bien entendre par là le fait qu’on fabrique des choses, mais on documente aussi dans le but de partager ? Est-ce dans ce sens-là qu’il faut comprendre fabrication distribuée ?

Justine Faiderbe : Oui exactement, dans ce sens. C’est vraiment cette idée non seulement de mettre en réseau les lieux, mais de documenter, d’ouvrir et d’enrichir les documents libres, open source, qui sont mis à disposition des uns et des autres et en réseau.

Isabella Vanni : Ah ! On a prononcé le mot « libre ». Le sujet s’intitule « Le Réseau Français des FabLabs, des Espaces et Communautés du Faire, et leur pratique du libre ». La documentation est effectivement quelque chose qui lie les deux mondes très strictement parce que c’est important. On peut être autonome, on peut maîtriser son informatique quand on a aussi accès à l’information, donc, justement, ça se documente.
Quelques mots, peut-être, d’abord sur le Réseau des FabLabs et Espaces et Communautés du Faire. Ça regroupe plusieurs structures en France, je crois avoir cru comprendre qu’il y en a environ 400, c’est bien ça ?

Antoine : Oui, tout à fait. RFFLabs est notre nom officiel. Après, il y a la baseline qui est Réseau Français des FabLabs, des Espaces et Communautés du Faire, qui existe depuis 2016. C’est un réseau qui réunit – ça fluctue puisqu’on a changé nos façons d’avoir des adhérents –, des centaines de demandes partout en France. L’idée c’est comment tous ces fablabs, ces Espaces du Faire peuvent se connecter à travers un réseau, c’est ce qui nous distingue aussi des ateliers de fabrication qu’on pouvait retrouver dès le 16e siècle et même avant avec le mouvement des shakers au 19e siècle, on pouvait en trouver plein.
Ce qui nous distingue, c’est vraiment cette volonté de faire ensemble. Notre phrase forte, qui est issue du mouvement plus international qui est learn make share, que nous avons transformée en « apprendre à faire ensemble », c’est l’idée de comment ce qui va être produit à Lille va pouvoir se retrouver à Toulouse ; comment on va mutualiser, comment on va développer des choses, tout en ayant aussi cette emprise au territoire. Ça veut dire que ce qui est développé Lille ne va pas être adapté de la même façon à Toulouse et comment travaille-t-on cela ?, notamment avec du numérique et du numérique libre, avec aussi cette émancipation face à nos outils. On fait tout cela en réseau, ce réseau qui est en gouvernance partagée, avec une gouvernance en collégial, etc., qui met à disposition de tous et toutes, de tous ses membres, des espaces de discussion à travers un outil que je vais nommer vu qu’on est quand même là pour parler du Libre. On est sur Mattermost, un outil libre. On utilise aussi et on met à disposition de nos membres des outils de visio parce que, pour faire réseau, tout se passe en grande majorité en ligne avec BigBlueButton. On travaille sur de la formation partagée avec des outils comme Moodle, on documente sur do•doc ou sur l’outil Fab Manager dont on va parler juste après. En tout cas, c’est un réseau qui va allier le numérique et le présentiel, on a plusieurs grandes rencontres par an, notamment une qui s’appelle OctoberMake, qui est la rencontre stratégique du réseau, qui se déplace un peu partout en France. Cette année on sera à Guéret, en Nouvelle-Aquitaine. Voilà ce qu’on fait. En fait, c’est vraiment l’idée de mutualiser, tous et toutes ensemble.

Isabella Vanni : Tu as cité Fab Manager, c’est le logiciel libre de gestion de fablab dont parlait Clara dans sa présentation. Je lui laisse la parole parce que je voulais que le public comprenne pourquoi c’était nécessaire de créer un logiciel spécifique pour la gestion d’un fablab, sachant qu’il y avait déjà des logiciels libres de gestion associative qui pouvaient faire l’affaire. Pourquoi Fab Manager ? Pourquoi est-ce important d’avoir un logiciel spécifique ?

Clara Carrère : Pourquoi un logiciel spécifique ? Là il faut aller un peu dans l’histoire de Fab Manager pour comprendre comment il est né.
Fab Manager est un logiciel qui est né en 2014, à Grenoble, d’un besoin. La Casemate avait mis en place un fablab et les utilisateurs devenaient de plus en plus nombreux, donc ils ont eu ce besoin d’avoir un outil métier qui réponde à leurs besoins spécifiques, même si, effectivement, il y a d’autres outils qui pourraient faire l’affaire, en fait pourraient faire l’affaire, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas complètement adaptés au milieu des fablabs, des espaces du faire qui ont des spécificités. La Casemate a rencontré Sleede qui conçoit vraiment des logiciels métiers adaptés à des problématiques et ensemble on a réfléchi, on a mis en place, développé, le logiciel Fab Manager avec les deux autres fondateurs que sont Le Dôme et Cap Sciences. Il y avait déjà, dès la naissance de Fab Manager, ce besoin fort d’avoir un outil adapté.

Isabella Vanni : Peux-tu faire un exemple, Clara, de besoin spécifique d’un fablab par rapport à une association, par exemple ?

Clara Carrère : Tout à fait. Il y en a plein, j’ai donc le choix.
Par exemple, typiquement, vous passez les portes d’un fablab, vous avez envie de réserver une machine sauf que, attention, pour certaines machines il y a des questions de sécurité. Donc via Fab Manager, on peut mettre en place un système pour faire en sorte que les membres ne réservent pas les machines comme ça, non, ils doivent au préalable suivre une formation et, dès qu’ils ont suivi et validé cette formation, ça leur ouvre les portes pour réserver cette fameuse machine, donc l’utiliser en sécurité puisque les connaissances auront été validées par la formation. Ce sont donc des process, comme cela, qui peuvent être gérés très facilement dans Fab Manager, alors qu’a contrario, sur d’autres outils non adaptés, il va falloir s’arracher les cheveux pour trouver une façon de mettre en place ces processus et ça va être très compliqué.

Isabella Vanni : Merci pour cette précision. Je t’invite à reprendre l’historique, on en était au fait que Fab Manager était né notamment à l’initiative de La Casemate. Je crois qu’au départ il n’était pas libre.

Clara Carrère : Tout à fait. Au départ, il n’était pas libre, l’objectif c’était vraiment de répondre à des besoins. Aux trois fondateurs, donc La Casemate, Le Dôme et Cap Sciences qui ont rejoint l’aventure, très vite après s’est vraiment posée la question du Libre et, pour eux, c’était une évidence que Fab Manager devait être libre, devait être open source. C’est donc en 2016 que Fab Manager est devenu open source.
Tout se passait bien, sauf qu’en 2019 une tempête s’est abattue sur Fab Manager avec beaucoup d’évolutions légales, réglementaires qui sont nous sont tombées dessus et les fondateurs ont dû trouver une solution pour maintenir Fab Manager, parce que le remettre en conformité c’était beaucoup de charges, des sommes importantes, donc là on a fait un deal entre Sleede et les trois fondateurs, on a décidé de reprendre l’outil, de le mettre en conformité, donc de le maintenir. C’est pour cela qu’aujourd’hui, 25 février 2025, Fab Manager est toujours là, il est utilisé en France mais aussi à l’étranger, je salue nos amis québécois. C’est un outil qui continue d’évoluer, avec une communauté très présente, qui contribue même au développement de certains modules qui, après, sont libres et peuvent bénéficier à l’ensemble de la communauté.

Isabella Vanni : Oui. C’est toujours bien de rappeler qu’une organisation qui contribue, qui finance, par exemple, le développement d’un module, donc le module est financé, il est donc produit, il est développé, et après il est mutualisé, il est partagé avec tous les autres. Pendant la préparation, je crois que vous m’aviez fait l’exemple de TechShop à Lille, mais il y a peut-être un exemple de module demandé en particulier par un fablab dont, ensuite, tous les autres fablabs ont pu ont pu bénéficier. Avez-vous des exemples, Clara, Justine ?

Clara Carrère : Un exemple me vient en tête directement. Un lieu est venu me voir, Eurêkafab de la Communauté de communes de Montesquieu. Ils avaient vraiment besoin d’un outil à la fois pour gérer les stocks en interne, parce qu’un fablab c’est aussi beaucoup de matériel, de matériaux, de matières premières, et à la fois pour vendre aussi certains consommables, certains t-shirts, pour ensuite les customiser ou faire des ateliers autour de ça. Du coup, ce module a été financé par eux, et aujourd’hui de très nombreux tiers-lieux, fablabs, Espaces du Faire dans la communauté l’utilisent. C’est vraiment un module qui sert à tout le monde.

Isabella Vanni : Antoine voulait rebondir.

Antoine : Sur Fab Manager, je voulais ajouter que, pour moi, il y a eu trois grands moments.
Le premier, c’est la naissance des CCSTI, les Centres de culture scientifique, technique et industrielle. Il y avait La Casemate, Le Dôme en Normandie, le Carrefour numérique a aussi contribué énormément. L’idée c’était de faire en réseau. On avait notre outil pour nos lieux qui sont quand même spécifiques. Il faut dire que ce n’est pas rien de mutualiser des machines, c’est un travail de tout instant et le numérique doit aussi venir aider. Si je prends mon exemple, RoseLab, on a plus de 90 machines à la location. Si on devait passer juste par des appels, ce qu’on faisait au début, « allô, j’aimerais réserver de 9 heures à 10 heures », puis untel appelle « moi c’est de 10 heures à 11 heures », mais la machine est-elle disponible, etc. ? Ce sont vraiment les outils dont on peut avoir besoin. C’était la première étape.
Après, il y a eu ce moment où les CCSTI n’ont pas pu suivre et maintenant, depuis 2020 je crois, on retravaille avec RFFLabs et Sleede pour redévelopper cet outil et continuer.
C’est cool que les lieux puissent contribuer par eux-mêmes, mais il y a aussi une volonté plus large qui est que même des petits lieux, qui ont parfois d’autres besoins, puissent aussi avoir leur amélioration.
Là, par exemple, on a répondu à ce qu’on appelle l’Appel à Communs des tiers-lieux, qui était porté par l’Association nationale des tiers-lieux et France Tiers-lieux, on a eu un financement pour continuer à financer Fab Manager pour des besoins qui peuvent évoluer. C’est aussi une des grandes forces de travailler main dans la main avec ceux qui développent les outils, pour les adapter à nous, être les premiers utilisateurs et utilisatrices, et continuer à transformer l’outil.
Il faut savoir qu’il y a aussi un abonnement pour ceux qui le souhaitent, pour densifier le modèle économique de Sleede qui porte Fab Manager. Nous, RoseLab, c’est ce qu’on a on a choisi de faire alors qu’on aurait très bien pu être auto-hébergé avec un serveur dédié. On préfère continuer avec Sleede parce que c’est un bonheur de pouvoir parler à Clara et aux autres membres de l’équipe quand on a un bug, quand on a quelque chose, parfois les outils numériques sont un peu rageants.

Isabella Vanni : Une question sur Fab Manager arrive en direct du salon de webchat de la radio : y a-t-il enfin une méthode d’installation pour Fab Manager, entre parenthèses « non, Docker n’est pas de mettre d’installation ». C’est une blague de geek que je ne comprends pas. Je vous prie de répondre à la question et éventuellement d’expliquer au grand public, à nos auditrices et auditeurs qui ne connaîtraient pas le développement, ce qu’est ce Docker.

Clara Carrère : Vous pouvez installer directement Fab Manager sur un serveur, par vous-même, et là, effectivement, il faut des connaissances techniques pour le faire.
Je ne vais pas répondre à la question technique. Je suis chargée de la communication mais je n’ai pas les mains dans le cambouis, dans les milliers de lignes de code qui constituent Fab Manager, mais on a un GitHub où il y a effectivement toute la procédure pour pouvoir vous permettre d’installer « facilement », en tout cas pour ceux qui ont les compétences techniques ; une procédure est disponible sur notre GitHub. Je vous invite tout simplement à aller voir sur notre GitHub et, si jamais il y a des difficultés, n’hésitez pas, on a un petit chat sur notre site internet, donc n’hésitez pas aussi à nous solliciter, on aide les personnes à installer Fab Manager sur leurs instances quand il y a des petits problèmes techniques.

Antoine : Il y a toute une communauté. Peut-être que la question suivante, si on a un connaisseur ou une connaisseuse, la question qui revient tout le temps c’est pourquoi Fab Manager est développé en Ruby, un langage qui est quand même compliqué et cela a été souvent reproché à l’équipe de Fab Manager. C’est un choix technique qui a été fait à l’époque ; on a plein d’outils avec des choix et cela ne permettait pas une belle appropriation. On a pu voir avec Sleede, et c’est là où c’est cool de travailler directement avec eux, qu’un jour on arrivera peut-être à avoir les fonds pour financer un développement sur un autre langage, mais, pour le moment ce n’est pas le cas, et on a plutôt besoin de développer l’outil sur des options qui deviennent urgentes. C’est le choix qu’on a fait. À des moments, en réseau, on s’est aussi posé la question de ne pas créer de la dépendance par rapport à Fab Manager, d’avoir aussi d’autres outils, de les renforcer. On a fait le choix de le renforcer en le connectant à d’autres outils, que ce soit Dokos, que ce soit Dolibarr, que ce soit même do•doc, ce sont les choix où on veut aller et essayer d’être vraiment dans le faire ensemble. Il faut savoir qu’il y a a plus d’une centaine de lieux, partout en France, qui utilisent cet outil.

Isabella Vanni : La personne qui posait la question sur la méthode d’installation continue de poser des questions. Je ne peux pas tout relayer, je prends la suggestion de Clara de les adresser directement sur le chat. On va sûrement ajouter le lien direct sur la page consacrée à l’émission, je pense que ce sera la chose la plus simple. En tout cas, il y a une personne qui nous écoute et qui a vraiment beaucoup de questions.

Clara Carrère : On pourra mettre le lien vers GitHub comme cela il aura sûrement une partie des réponses.

Isabella Vanni : Exactement ça marche.
Justine, est-ce que Fab Manager est un logiciel utilisé aussi par les membres du collectif Reactiv’Maker, par exemple ?

Justine Faiderbe : Oui, Reactiv’Maker, c’est bien ça. Fab Manager est utilisé, tu le disais tout à l’heure, dans l’un des tiers-lieux du collectif, TechShop qui est devenu une école de design, qui s’appelle aujourd’hui Lidd, qui est implantée à Lille. Il utilise ce logiciel libre sur lequel il a pu travailler à des évolutions avec Fab Manager, notamment sur la gestion comptable, sur la durée de réservation. JT, qui est office manager là-bas, m’expliquait qu’ils ont principalement travaillé notamment sur tout ce qui était validité des formations pour les usagers pour l’utilisation des machines, ce que disait tout à l’heure Clara. À ma connaissance, concernant un Fab Manager, il n’y a que TechShop qui l’utilise dans notre collectif, de mémoire.

Isabella Vanni : D’accord. Et, comme vous l’avez dit, les Espaces du Faire peuvent prendre de multiples formes, ont aussi de multiples tailles, donc peut-être que tout le monde n’a pas 90 machines à louer comme RoseLab. C’est effectivement en fonction aussi des besoins que ce logiciel peut être utilisé ou pas.
Je vous propose de faire une petite pause musicale, pour donner une respiration à notre échange et on se retrouve juste après pour continuer à parler des Espaces du Faire et de leur pratique du Libre.
Nous allons écouter, c’est compliqué à dire, Devuelvanle la vida par El violinista del amor & los pibes que miraban. On se retrouve dans moins de deux minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.

Pause musicale : Devuelvanle la vida par El violinista del amor & los pibes que miraban.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : Nous venons d’écouter Devuelvanle la vida par El violinista del amor & los pibes que miraban, disponible sous licence libre Creative Commons By SA 3.0.

[Jingle]

Isabella Vanni : Je suis Isabella Vanni de l’April. Nous parlons du Réseau Français des FabLabs, des Espaces et Communautés du Faire, et sa pratique du Libre, avec Antoine et Justine Faiderbe du réseau, ainsi que Clara Carrère office manager du logiciel libre de gestion Fab Manager.
N’hésitez pas à participer aux conversations au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommun.fm, bouton « chat ».
Entre-temps, la conversation a continué sur le salon de webchat entre mmuman et Totone.roselab que, j’imagine, être Antoine. Il y a donc un vrai besoin de réussir à comprendre comment installer Fab Manager sur un serveur. Je renvoie la balle au réseau et à Sleede pour essayer de rendre plus simple cette installation.
Je vous rappelle que vous pouvez retrouver toutes les références de l’émission de ce jour sur la page consacrée à l’émission, libreavous.org/237.
La pratique du Libre dans les Espaces du Faire. On a déjà parlé de l’importance de la documentation pour que les pratiques puissent être partagées, on a parlé du logiciel libre Fab Manager, il y a aussi la question des outils libres, de l’open hardware comme on peut l’appeler. Peut-être que Justine souhaite en parler.

Justine Faiderbe : Je ne suis pas informaticienne à la base, je ne suis pas aussi pointue qu’Antoine ou Clara sur le sujet et je préfère passer la main sur les logiciels pour ne pas dire de bêtises. Je pense que sur ce sujet mes partenaires, dans les fablabs, sont bien plus performants que moi.

Isabella Vanni : Ça marche. Antoine peut-être.

Antoine : Oui, carrément. Donc, là, on distingue bien l’open hardware qui est basé sur les machines, c’est quand même une des vertus vers laquelle on veut aller.
Déjà, dans le réseau, nous sommes des libristes assez convaincus même si nous sommes aussi pratico-pratiques, c’est-à-dire qu’il y a aussi des moments pour fabriquer. Par exemple, j’ai découvert que j’étais, en tout cas que je devenais libriste, à travers le mouvement maker, alors qu’avant j’étais un gros fan de la suite Adobe et je me suis rendu compte que c’était vraiment de la… je ne sais pas comment dire autrement, quelque chose de pas fun.

Isabella Vanni : Pas de gros mots à la radio, s’il te plaît.

Antoine : Je me suis corrigé. Je n’ai rien dit. En plus, je n’allais pas dire un gros mot, j’allais dire que c’est de la D...
Il y a quand même, derrière, la question de nos outils. Cette question nous anime énormément et c’est un sujet très tourné vers la mondialisation : on souhaite produire plus localement tout en étant globalement connectés, c’est la force des fablabs et des Espaces du Faire et, en même temps, tous nos outils viennent quasiment en grande majorité de Chine, avec des conditions sociales pas respectées, des conditions écologiques désastreuses et de là s’ensuit toute une idée : avoir des machines dont on peut savoir d’où elles viennent, dont les composants sont aussi réparables ; on travaille beaucoup sur cette notion, la façon dont ces objets peuvent être réparés, pour cela, il faut avoir de la documentation libre et ouverte, et surtout durables.
Il y a eu plusieurs stratégies.
La première a été de fabriquer nos propres machines et le tout début des labs c’était quand même ça : grâce à une découpe laser, une fraiseuse numérique, de l’électronique et une imprimante 3D, on peut refabriquer d’autres machines comme une découpe fil chaud et d’autres outils qu’on peut refabriquer grâce à ces machines-là. C’était la première chose, donc se réapproprier l’idée de fabriquer et tout documenter pour que tout le monde puisse aussi le fabriquer, l’adapter, l’améliorer, etc.
La deuxième chose c’était de pousser les fabricants de machines et d’outils à repenser leur façon de fabriquer l’objet. Deux exemples assez marquants : SEB qui, à travers le milieu des fablabs et leur propre fablab qui s’appelle le SEBLab, a commencé à mettre en open source tous ses objets en plastique pour qu’ils puissent être réimprimés en 3D. En plus, niveau marketing c’est quand même un truc de fou pour eux, ça veut dire qu’ils s’enlèvent une partie du SAV ; ça permet de prolonger les objets ; ça permet aussi de repenser de cette façon-là et c’est toute l’idée de la façon dont on peut travailler ensemble, après encore faut-il que toutes les parties prenantes soient gagnantes derrière, ce qui n’est pas forcément tout le temps le cas, notamment du côté associatif.
Et le troisième point, c’est de changer diamétralement notre façon de produire des machines et qu’elles soient plutôt en open hardware. Là, je vais prendre l’exemple de deux gros partenaires du réseau que sont, en premier chef, Prusa, qui a été et qui continue à être l’entreprise la plus bankable autour du Libre et de l’open hardware. Toutes les imprimantes sont en open source ce qui fait que déjà, en termes de créativité, on peut avoir une créativité infinie grâce à ça, on peut améliorer l’objet. L’entreprise Prusa gagne même de la créativité venue de ses membres ; niveau réparations, on peut presque tout faire, on sait où sont les pièces, etc., donc il y a un énorme gain et il ne faut pas oublier que Prusa fonctionne quand même extrêmement bien sur ça. Par moments, ça a des limites comme l’apparition de Bambu Lab qui se base sur Prusa. Que fait-on quand un privé, lui plutôt propriétaire, vient prendre de l’open hardware ?
L’autre partenaire, tout aussi fameux, c’est Mekanika, venu de Belgique, qui fait différents types de machines, deux grandes familles de machines que sont la fraiseuse numérique open source et open hardware, c’est-à-dire que tous leurs composants sont mis en documentation libre et ouverte, et des presses à sérigraphie.
C’est ce qu’on veut promouvoir, tout comme on peut promouvoir les logiciels libres.

Isabella Vanni : Justement, logiciels libres. Tu disais, Antoine, que tu es un peu tombé dans le chaudron des logiciels libres via l’expérience, la pratique maker. Qu’en est-il de Clara et Justine ? Quand vous êtes-vous rapprochées de cette philosophie ? Justine, je t’en prie. Vous êtes à distance, c’est effectivement à l’animatrice, Isabella, de dire « Justine, vas-y, commence ! »

Justine Faiderbe : Comme je disais tout à l’heure, je viens plutôt du monde de l’artisanat où on ne va pas forcément aller, dans le professionnel, sauf par curiosité, sur ces logiciels. J’y suis venue avec mon arrivée au travail, dans les fablabs, avec la Compagnie des Tiers-Lieux. Les fablabs étaient des lieux dans lesquels je pouvais entrer auparavant, mais je n’ai pas une grande utilisation. J’observe, je suis plutôt une observatrice des lieux, du collectif avec lequel je travaille.
Du coup j’y viens, je leur dis assez souvent que j’aimerais bien me former avec eux, parce qu’une des forces dans les collectifs, dans ce qui nous anime tous en réseau, c’est qu’il y a de l’entraide. Je rebondis un peu sur ce que disait Antoine concernant les machines. Il y a énormément d’échanges de bonnes pratiques et d’entraide, notamment sur la question de la réparabilité, de la réparation des machines. Quand il y a un besoin, on sait que ça bouge beaucoup dans le réseau, ça apporte des coups de main et s’il manque des pièces, elles peuvent être réimprimées. S’il y a des pièces qui manquent ou qui sont défaillantes sur des machines, elles peuvent être réimprimées par exemple par des imprimantes 3D pour venir se substituer aux pièces défaillantes. Je l’observe dans les réseaux, en tout cas c’est quelque chose qui anime le collectif ici en Hauts-de-France. C’est aussi travailler effectivement sur les machines. Tout à l’heure, on parlait de Mekanika, Mekanika était présente au dernier événement du RFFLabs qui a eu lieu en Hauts-de-France, OctoberMake, en octobre dernier à La Condition Publique à Roubaix. On a pu avoir des démonstrations des machines.
C’est quelque chose qui anime et j’y viens petit à petit.

Isabella Vanni : J’imagine que c’est d’ailleurs aussi pour cela que le collectif Reactiv’Maker a été créé, justement pour mutualiser davantage, pour faciliter en fait, pour fluidifier les échanges sur les bonnes pratiques.

Justine Faiderbe : C’est ça et aussi pour expérimenter. On parlait tout à l’heure de l’année 2020. C’est suite à l’observation de ce qui se passait dans les fablabs et du mouvement durant le Covid sur la fabrication et la mise en partage assez rapide. En fait les lieux, très rapidement, ont trouvé le même langage, c’est donc qu’il existe, il faut lui donner un coup de boost, et c’est ce qu’a fait la Compagnie des Tiers-Lieux en observant cet élan et en se disant « OK, dans les tiers-lieux, sur notre territoire, comme partout ailleurs, il y a des activités de fabrication. Comment peut-on expérimenter tous ensemble et tester en fait ? »

Isabella Vanni : Clara, avant de devenir office manager de Fab Manager, est-ce que tu connaissais déjà les logiciels libres, la philosophie du Libre ou est-ce que c’est quelque chose dont tu t’es rapprochée justement avec ce job ?

Clara Carrère : C’est clairement Fab Manager qui m’a rapprochée des logiciels libres. Avant, ça me parlait, mais ce n’était pas prioritaire ou une philosophie. C’est vrai que c’est Fab Manager, c’est le logiciel, mais c’est aussi la communauté derrière et être au contact, par exemple, de membres du RFFLabs comme Antoine ou autres. Là, on se sent vraiment bien et c’est clairement cela qui m’a mise dans le bain. C’est le logiciel et sa communauté. Pour moi, les deux fonctionnent ensemble.

Isabella Vanni : C’est un point important, parce que ça fait partie des libertés garanties par les licences libres qui accompagnent le logiciel, justement de pouvoir le partager, le diffuser librement, c’est quelque chose qui favorise, bien sûr, l’entraide, le partage et la coopération, mais il n’y a pas toujours une communauté autour d’un logiciel libre, il y a des logiciels libres qui sont portés par très peu de personnes. On parle souvent de bus factor 1, c’est-à-dire que si la personne est renversée par un bus, le logiciel est libre et les sources sont publiées, mais il faut voir si quelqu’un veut le ramasser. Par contre, c’est effectivement une grande richesse quand on peut profiter des libertés garanties par la licence pour en faire vraiment un projet finalement commun.
Je comprends ton enthousiasme quand tu dis que c’est trop bien de pouvoir être en contact avec tous ces gens qui ont envie d’améliorer le logiciel, qui portent aussi des questions, j’imagine. Il n’y a pas que des idées de nouvelles fonctionnalités. J’imagine qu’il peut y avoir aussi des questions ou des reports de bugs, d’anomalies, comme c’est normal pour tout logiciel.
Je t’en prie Antoine.

Antoine : Un des exemples les plus réussis qu’on a eus sur l’open hardware c’est autour de Precious Plastic. Des designers et ingénieurs et ingénieuses du Nord de l’Europe ont commencé à développer des machines pouvant broyer, extruder et aussi injecter du plastique recyclé. C’est vraiment un besoin qu’on a, le plastique est une matière assez intéressante mécaniquement, mais on en produit beaucoup trop et on a beaucoup trop de déchets. Ils ont développé des machines en open source, vu qu’elles répondaient à un besoin, ces mêmes machines se sont retrouvées un peu partout dans le monde et là, différentes communautés Precious Plastic vont continuer à développer les machines, à faire de la créativité, à enrichir le tout et enrichir le commun. Precious Plastic se retrouve enrichie, le réseau aussi et, en plus, l’humanité également.
Je pense par exemple à La Fab Unit, ici dans la Drôme, qui pousse et qui fait émerger plein de techniques autour du travail par plaque que, maintenant, on peut retrouver à Carcassonne au R’Lab, qui enrichit aussi tout le réseau. En fait, ils ont poussé la machine qui avait été pensée, je crois qu’ils viennent du Nord de l’Europe, de Hollande, en tout cas ils ont pensé ces premières presses à plaque. Eux les ont augmentées avec parfois des toutes petites astuces, mais ils les ont enrichies, mises en commun, donc, là, tout le monde se retrouve gagnant. Comme avec les logiciels libres, c’est vraiment tous ensemble qu’on peut faire pas mal de choses

Isabella Vanni : Et en plus, toujours pour le lien entre les Espaces du Faire et le Libre, je voulais remercier justement le RFFLabs d’avoir relayé l’initiative Libre en Fête sur son compte Mastodon. On rappelle que Libre en Fête est une initiative de l’April pour faire découvrir le logiciel libre au grand public, partout en France, autour du 20 mars. J’ai vu qu’il y a déjà au moins un fablab qui a proposé un événement, qui a inscrit un événement dans le cadre de cette initiative, un fablab qui a l’habitude, en fait, d’héberger des permanences logiciel libre à Béziers, si je ne me trompe pas, et je peux même vous donner le nom si je suis rapide, c’est le fablab Web-5 à Béziers.

Antoine : Alexis !

Isabella Vanni : On salue Alexis. Ma prochaine question : quel est le rapport, le lien entre les Espaces du Faire et les GULL, les Groupes d’utilisateurs et d’utilisatrices de logiciels libres. Est-ce que c’est quelque chose d’assez diffusé ? Est-ce que c’est quelque chose qui est documenté ? Est-ce que vous en parlez ? Est-ce que vous le promouvez ? Comment s’articule la relation avec ces groupes locaux d’utilisatrices et utilisateurs de logiciels libres ?, parce qu’on peut faire plein de choses ensemble. Vas-y Antoine.

Antoine : Comme je disais, il y a différentes choses. On a parlé d’open hardware, il y a aussi des logiciels libres qui ne sont adaptés qu’à la fabrication. Je vais donner quelques exemples : FreeCAD pour la conception 3D, donc de la CAO, Inkscape pour la DAO, du dessin assisté par ordinateur. Les deux font face à SolidWorks et Fusion 360 pour la CAO ; pour la DAO ça fait face à Illustrator.
On peut parler aussi d’autres outils, par exemple pour l’électronique, comme Kicad, qui sont des logiciels libres que nous allons aussi employer, qu’on va essayer d’avoir au quotidien avec nous.
C’est là où on voit la force et la raison pour laquelle on les promeut dans le RFFLabs. Le but de nos lieux c’est de transmettre à n’importe qui, à tout citoyen/citoyenne, à tout professionnel, la possibilité de venir fabriquer. Si on les forme à SolidWorks, et c’est ce qui se passe dans beaucoup de lieux parce qu’il n’y a pas le choix, à la fin ils veulent avoir SolidWorks, pour après utiliser leur modélisation sur une imprimante 3D. Alors que si on les forme sur FreeCAD, après ils sont indépendants. En plus, même s’il faut contribuer financièrement par des dons à FreeCAD, on peut l’avoir gratuitement, il y a donc une accessibilité grâce au Libre qui est vraiment importante.
C’est pour cela qu’on promeut ces logiciels, parce qu’il faut absolument qu’on puisse se détacher de ces logiciels propriétaires qui, certes, sont beaucoup plus agréables à utiliser encore maintenant, en tout cas sur la fabrication, bien que Inkscape, selon moi, n’a presque plus rien à envier à Illustrator, mais, par exemple sur FreeCAD, ça reste quand même peu user friendly par rapport à Fusion 360 par exemple. Il faut continuer à les pousser pour cette question d’indépendance, de souveraineté de l’outil, d’accessibilité et savoir aussi ce qu’on veut derrière. Ne pas dépendre des changements de version de certains logiciels et je parle même pas, après, de tout ce qui est question de droit pur et dur, savoir, selon ce qu’on fabrique, à qui appartient le droit de propriété, quels coûts on a aussi pour utiliser tous ces logiciels.
L’autre point que tu posais, à savoir s’il y a du lien entre ces communautés ? Oui, il y a du lien.

Isabella Vanni : Par exemple, à Toulouse il y a Toulibre.

Antoine : Exactement. Par exemple, sur Libre en Fête, on va porter un événement en commun. Il faut encore que ce soit voté du côté du bureau de Toulibre. On participe chaque année au Capitole du Libre, c’est là que nous nous sommes rencontrés.

Isabella Vanni : Événement majeur qui a lieu en novembre chaque année.

Antoine : Un événement ultra important. Là, on va aller dans le cinéma Utopia pour promouvoir le Libre et la fabrication numérique. À côté de cela, il y aura une projection du film Flow qui a été intégralement créé avec Blender, un excellent outil libre et surtout notre réussite par excellence.
Je tiens aussi à saluer La Forêt Électrique, un tiers-lieu à Toulouse, qui travaille sur le cinéma, sur l’approche cinéma maker et qui promeut Blender à tout instant pour les films d’animation, parce que c’est aussi une liberté que tout le monde puisse fabriquer ses propres films d’animation.
Tout cela est, en fait, imprégné chez nous et il y a une importance de défendre ça, avec aussi cette idée d’être plus responsables, plus durables, plus souverains mais dans le bon sens du terme. Donc oui, il y a des communautés. Artilect est un des premiers lieux de fablab. Il y a une énorme communauté Blender, FreeCAD qui se développe. En tant que RoseLab j’étais avec une personne que je porte avec Twitch, qui est aussi bénévole important de Framasoft.
Donc les ponts sont forts, sont là, et ce sont des communautés qui se ressemblent énormément.

Isabella Vanni : Justine, est-ce que tu es à connaissance de liens entre les groupes d’utilisatrices de d’utilisateurs de logiciels libres et les membres du collectif Reactiv’Maker ? Ou peut-être envisagez-vous de renforcer encore plus ces liens et comment ?

Justine Faiderbe : Ça va se passer plutôt par les structures. Je n’ai pas connaissance de groupes sur le territoire des Hauts-de-France, mais peut-être simplement parce que je ne les connais pas. Ça se passe plutôt par les structures. Les logiciels dont parlait Antoine, Blender, Inkscape, Krita également sont des logiciels qui sont utilisés chez les partenaires, qui sont donc aussi utilisés à destination des usagers, pour former les usagers. C’est dans ces lieux que vont se créer les communautés. C’est plutôt comme cela qu’il va y avoir de la collaboration autour de ces outils et de la fabrication.

Isabella Vanni : Il y a un événement qui, malheureusement, ne pourra pas être inscrit au Libre en Fête, parce qu’il a lieu en mai, du 22 au 24 mai, qui s’appelle Faire Festival. Antoine, je crois que c’est RoseLab qui prend un peu plus en charge l’organisation puisqu’il se déroule à Toulouse, peut-être que je me trompe. Est-ce que tu veux nous en dire quelque chose ? Qu’est-ce que c’est ? À qui s’adresse-t-il ? Qui l’organise ? Etc.

Antoine : Faire Festival est un festival open source qui parle de fabrication, de comment produire et consommer différemment. Pourquoi cela me tenait-il à cœur d’en parler là, dans cette émission ? C’est parce qu’il y a tout un parcours, donc des moments autour des communs numériques qu’on va faire avec différents outilleurs/outilleuses et de logiciels libres comme Fab Manager, comme TiBillet, un logiciel de billetterie, comme les communautés FreeCAD. Il y a Framasoft, on espère que l’April pour être là aussi. L’idée de cet événement c’est de réunir toute la communauté maker française pour partager des savoir-faire, rencontrer des fabricants et fabricantes de machines et d’outils, rencontrer des développeurs et développeuses de logiciels, essayer de porter des sujets ensemble. Ce sont deux jours professionnels. Il y a entre 300 et 600 personnes qui viennent partager leur savoir-faire, ça va d’étudiants/étudiantes en design à des artisans, à des gestionnaires de fablabs et Espaces du Faire, aux réseaux qui nous entourent, aux salariés aussi de grands comptes qui viennent découvrir ce qu’est la fabrication partagée et distribuée dont on parlait tout à l’heure, qui viennent vraiment changer nos façons de produire. Après, on a un troisième jour à destination du grand public, puisqu’on ne pourra jamais changer nos façons de produire si on ne change pas nos façons de consommer. L’idée c’est de réunir toutes ces personnes qui viennent de partout en France et même d’ailleurs, cette année on aura des personnes qui viennent du Canada, d’Afrique. L’idée c’est de partager avec le public, notamment toulousain ou, plus largement, occitan, et d’avoir une action de sensibilisation vers ceux qui consomment.

Isabella Vanni : Je crois que vous avez besoin de bénévoles, c’est bien ça ?

Antoine : On a besoin de tout.

Isabella Vanni : D’accord. Appel à contribution large.

Antoine : C’est du 22 au 24 mai à Toulouse. C’est coanimé, on parle de co-animation par RoseLab. Ce festival s’inscrit dans une longue histoire et RoseLab est coanimateur de cet événement, on a besoin de bénévoles pour nous aider à tenir. C’est un événement qui vient du bas, on a donc besoin de monde pour nous aider à faire la logistique, l’accueil, recevoir toutes ces belles personnes qui viennent de partout en France, faire la scénographie, pour des choses plus techniques aussi comme être photographe, aider à faire des podcasts. C’est aussi partager son savoir-faire. Jusqu’au 11 mars on fait encore des appels à contribution pour ceux qui veulent proposer des ateliers.

Isabella Vanni : Le lien est déjà en ligne pour pouvoir contribuer. Il y a un formulaire. Vraiment n’hésitez pas à vous inscrire pour participer à cet événement. J’imagine que l’entrée gratuite.

Antoine : Elle est gratuite pour tout le monde, sauf, malheureusement ou heureusement, pour les entreprises, en tout cas pour les salariés de grands comptes. On leur dit que ce serait bien de contribuer. Le billet est quand même accessible pour ces personnes-là, c’est 100 euros la journée, l’idée c’est de contribuer. Par exemple, une grosse communauté membre du collectif Reactiv’Maker va venir. Ce n’est pas du tout la même énergie de venir de Lille, de donner du temps à des lieux qui ont déjà un modèle économique assez fragile, que pour Enedis qui envoie des salariés, par exemple.

Isabella Vanni : Ce n’est pas la première édition de ce festival.

Antoine : On est à la troisième édition.

Isabella Vanni : Troisième édition déjà.
Je vois que le temps file et je vous avais promis deux minutes chacun pour dire le mot de la fin, les éléments clés à retenir. En fait, il n’y aura qu’une minute chacun et chacune, il y avait tellement de choses à dire.
Justine, que veux-tu que les auditrices et auditeurs de Libre à vous ! retiennent de cet échange ?

Justine Faiderbe : Pour clore, je pense que c’est important de continuer à diffuser, à infuser cette culture, que soit sur les logiciels open source mais aussi sur cette volonté de mutualiser, d’échanger, d’ouvrir les pratiques, d’ouvrir les connaissances et les compétences. Ça me semble vraiment important parce que, comme le disait tout à l’heure Antoine, si on veut changer, si on veut produire autrement, à terme il faudra consommer autrement et ça ne concerne pas seulement les professionnels, ça concerne le public plus largement, les usagers qui sont dans les lieux et qui poussent les portes des fablabs et des espaces du faire.

Isabella Vanni : Clara.

Clara Carrère : Pour continuer sur ce que Justine vient de dire, ça concerne tout le monde et le meilleur lieu pour se rassembler et continuer sur le sujet c’est le Faire Festival. Sortez vos agendas et notez 22-24 mai. Avec Fab Manager, nous serons de la partie et nous serons ravis de vous rencontrer à ce moment-là, au Faire Festival.

Isabella Vanni : Antoine. Trente secondes.

Antoine : Waouh ! Merci Clara.
On a un idéal, on a une utopie qui est bien réelle, celle de contribuer à changer notre monde en produisant et en consommant différemment, en faisant que les inégalités sociales, écologiques, puissent changer. On a besoin des forces autour des communs du Libre pour une nouvelle production, une nouvelle consommation et on ne peut le faire qu’ensemble, donc venez au RFFLabs, continuez à croire que le changement est possible et nous, makers, nous sommes peut-être assez fous et folles pour y croire, mais on le fait vraiment.

Isabella Vanni : Merci. Un grand merci à Antoine, Justine et Clara et rendez-vous au Faire Festival.
Nous allons maintenant faire une pause musicale.

[Virgule musicale]

Isabella Vanni : Après la pause musicale, nous entendrons la chronique « La pituite de Luk » intitulée « Auto de fé ».
Nous allons écouter Pop3 par Labogalak. On se retrouve dans environ deux minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles

Pause musicale : Pop3 par Labogalak.

Voix off : Cause Commune, 93.1.

Isabella Vanni : C’était Pop3 par Labogalak, disponible sous licence libre Creative Commons CC By SA 3.0.

[Jingle]

Isabella Vanni : Je suis Isabella Vanni de l’April. Nous allons passer au sujet suivant.

[Virgule musicale]

Chronique « La pituite de Luk » – « Auto de fé »

Isabella Vanni : C’est l’heure de « La pituite de Luk » qui est intitulée aujourd’hui « Auto de fé ». Le sujet a été enregistré il y a quelques jours. Je vous propose donc d’écouter ce sujet et on se retrouve juste après.

[Virgule sonore]

Luk : À l’époque où j’étais bien plus actif dans le militantisme pour les libertés informatiques, j’ai cité et entendu citer 1984 un paquet de fois : « Novlangue ! 2 + 2 = 5 ! » et, généralement, je recevais en retour un regard discrètement dubitatif. Dubitatif parce que, bon, il fallait être réaliste, notre société n’avait rien à voir avec celle du roman. Discrètement, parce qu’en général les gens, pas convaincus, évitent de contredire un énervé qui leur agite des grandes menaces sous le nez en citant des faits douteux.
En fait, j’ai fait sensiblement la même chose qu’un complotiste pendant un paquet d’années.
Je peux donc aujourd’hui me réjouir de l’avalanche de nouvelles plus catastrophiques les unes que les autres comme la main-mise sur le grisbi par l’équipe de Musk qui démontre que nos alertes n’étaient pas de la pure paranoïa. En plus, j’aime le plaisir mesquin de dire « Ah ! Je te l’avais bien dit ! ». J’avais même fait ma toute première pituite là-dessus.

Parmi toutes ces catastrophes, l’ordre donné aux administrations fédérales d’effacer des données contenant certains mots est l’une de celles qui me consternent le plus. Pas besoin d’être féru de linguistique pour savoir que les mots sont polysémiques et que, pour faire disparaître une notion, effacer les mots est une solution imbécile. On apprend ainsi que la NSA galère un peu, notamment avec le mot « privilège » qui doit disparaître. C’est un peu compliqué de gérer les droits de ses utilisateurs, quand le mot en question n’existe plus.

En fait, ça m’a rappelé une vieille citation bien de chez nous. L’éditorialiste Christophe Barbier avait dit en 2020, à l’occasion de l’affaire Griveaux : « Les Chinois arrivent à bloquer tous les mots qui parlent de démocratie, pourquoi nous, on n’arrive pas à bloquer tous les mots qui franchissent la loi ? ». Ça doit être ça l’explication. Dans la tête de certaines personnes, les mots sont doués d’une volonté propre. Il y en a des méchants et des gentils. D’une façon fabuleusement récursive, ils parlent. Il faut croire aussi qu’ils passent les frontières du droit comme les migrants qui traversent la Méditerranée.
Je critique les complotistes, mais au moins leur paranoïa est cohérente au niveau sémantique.

Mais, je ne doute pas qu’une startup de crevards proposera rapidement ses services pour effectuer des effacements et des réécritures pertinentes. On attendait les IA sur le terrain de la génération de données, elles pourraient bien exceller dans la dégénération de celles-ci. C’est impressionnant de mesurer les progrès obtenus par rapport à l’époque où il fallait gratter les négatifs photographiques à la main pour faire disparaître les gens partis au Goulag pour voir si Staline y était.
Mais tout cela n’est qu’une spéculation de ma part. Ce que révèle la situation actuelle, outre la stupidité de la démarche, c’est la volonté d’effacement. Les LGBT je ne sais quoi n’existent plus, le réchauffement climatique non plus. Le monde doit désormais se plier aux fantasmes simplistes de la nouvelle élite.
Mais la réalité n’est pas aussi plastique qu’ils le voudraient. Des données ont réchappé à l’effacement, grâce à quelques grains de sable qui les ont sauvegardées sur des sites comme archive.org. Je fais encore une prédiction facile, l’avenir de ce genre de site est compromis. Archive.org a d’ailleurs senti le danger il y a bien longtemps : ils ont ouvert des serveurs au Canada dès 2016, année de la première élection de Trump.

Dans le même registre, Wikipédia est attaquée par une personne, immigrée africaine, toxicomane, ayant fait 13 gamins avec des partenaires différents et qui vit confortablement de subsides publics. Je parle, bien entendu, d’Elon Musk. La fondation Wikipédia est coupable, à ses yeux, de wokisme aggravé, car elle dépense une partie significative de son budget pour des projets inclusifs. Musk agite une demande fumeuse de « rééquilibrage de l’autorité d’édition ». En gros, Wikipédia doit plier le genou pour appliquer les nouveaux dogmes comme l’ont déjà fait les GAFAM. Pour des gens qui considèrent que tout n’est qu’opinion et que les faits doivent s’y conformer, un projet comme Wikipédia, c’est de la dissidence.

L’idée même d’une informatique libre est une menace pour un pouvoir qui s’appuie très largement sur les géants de l’informatique pour s’assurer du contrôle du monde. La Silicon Valley a certes fait plus que plier le genou, elle s’est penchée en avant, mais elle sait où est son intérêt. Le lobbying et les brevets logiciels sont de l’histoire ancienne, elle peut désormais s’appuyer sur le projet totalitaire américain. Larry Elisson ne s’y est pas trompé et propose de gérer le pays avec une base de données unifiée qui regrouperait les données issues de 3000 bases éparses, le tout piloté par des IA, bien entendu.

Avec les millions qui vont arroser l’extrême droite partout en Europe, la puissance de frappe américaine et l’absence de contre-modèles de poids, je n’arrive pas à me réjouir de pouvoir dire « je te l’avais bien dit ». Je pense qu’il faut dès maintenant sauvegarder et cacher tout un tas d’informations qui pourraient bien disparaître prochainement. Elles seront peut-être utiles pour les combats à mener ces prochaines années ou bien pour les générations futures qui se demanderont comment on a pu en arriver là.

[Virgule sonore]

Isabella Vanni : Vous êtes de retour en direct sur radio Cause Commune. Nous venons d’écouter un sujet enregistré il y a quelques jours intitulé « Auto de fé ».

Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces

[Virgule musicale]

Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre

Isabella Vanni : C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Jean-Pierre Archambault, le 23 février dernier. Ancien enseignant et professeur agrégé de mathématiques, il a joué un rôle fondamental dans le développement des logiciels et des ressources libres dans l’Éducation nationale.
L’April adresse ses plus vives condoléances à sa famille et à ses proches.

Florence Chabanois, chroniqueuse dans Libre à vous ! et participante Au café libre sera l’invitée mercredi 26 février dans l’émission Chemins de traverse. Occasion de découvrir son parcours mais aussi de parler de lutte contre le racisme et contre le sexisme, de l’importance des services publics, de l’influence qu’on peut toutes et tous avoir. C’est le 26 février à 22 heures sur Cause Commune puis en podcast.

L’assemblée générale de l’April aura lieu le samedi 15 mars à l’Université Jussieu à Paris. L’assemblée générale est réservée aux membres, mais ce n’est pas le cas des deux événements qui l’accompagnent.
Samedi 15 mars, au matin, un temps de conférences éclairs est prévu. Vous pouvez en proposer jusqu’au 2 mars ou, simplement, venir y assister le matin de l’AG. C’est ouvert à tout le monde.
Le dimanche 16 mars aura lieu un April Camp, occasion de se réunir entre membres et soutiens de l’April pour faire avancer différents projets de promotion ou de défense du logiciel libre ou, plus simplement, pour discuter, faire connaissance. Il aura lieu à Paris et en distanciel.

Notre émission se termine.

Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Antoine, Justine Faiderbe, Clara Carrère, Clémentine et Jules, Laurent Costy et Luk.
Aux manettes de la régie aujourd’hui Étienne Gonnu.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang 1, julien Osman, bénévoles à l’April, et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci aussi aux personnes qui découpent les podcasts complets des émissions en podcasts individuels par sujet : Quentin Gibeaux et Théocrite, bénévoles à l’April, et mon collègue Frédéric Couchet.

Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org/237, toutes les références utiles de l’émission de ce jour, ainsi que sur le site de la radio, causecommune.fm.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu, mais aussi des points d’amélioration.
Vous pouvez également nous poser toute question, nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse bonjour chez libreavous.org.

Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître également la radio Cause Commune, la voix des possibles.

La prochaine émission aura lieu en direct mardi 4 mars 2025 à 15 heures 30. Notre sujet principal portera sur la facturation électronique et les logiciels libres de caisse.

Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 4 mars. D’ici là, portez-vous bien.