
Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes, bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir une heure trente d’informations et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
Aujourd’hui, nous allons partir à la rencontre de Cécilia Bossard, développeuse libriste, consultante senior chez Shodo Nantes, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme une chronique de Julie Chaumard sur « Les Tilleuls – Une coopérative basée sur le logiciel libre » et aussi la chronique de Marie-Odile Morandi sur le vote électronique.
Soyez les bienvenu·es pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’émission est libreavous.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.
Nous sommes mardi 22 avril 2025. Nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission du jour, ma collègue Isabella Vanni. Salut Isa.
Isabella Vanni : Salut Fred et bonne émission.
Frédéric Couchet : Merci. Nous vous souhaitons une excellente écoute.
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Chronique « À la rencontre du libre » de Julie Chaumard – « Les Tilleuls – Une coopérative basée sur le logiciel libre », rediffusion d’une chronique diffusée le 3 septembre 2024
Frédéric Couchet : Nous allons commencer avec la chronique « À la rencontre du Libre » de Julie Chaumard. Pour sa chronique, elle parcourt le monde à la recherche de personnes et d’organisations utilisatrices et contributrices de logiciels libres, pour recueillir leurs pratiques et leurs besoins. Aujourd’hui, c’est une rediffusion d’une chronique intitulée « Les Tilleuls – Une coopérative basée sur le logiciel libre ». On se retrouve dans dix minutes.
[Virgule sonore]
Julie Chaumard : Pour la première de la chronique « À la rencontre du Libre », nous allons interviewer Salomé Yahia-Cherif, une jeune femme qui travaille pour la coopérative Les-Tilleuls.coop, qui a été créée en 2011 et qui est dirigée aujourd’hui par Kévin Dunglas, un des fondateurs historiques, et par Marion Agé qui est également directrice technique.
Salomé, si tu es là, peux-tu nous en dire plus sur toi et sur cette coopérative ?
Salomé Yahia-Cherif : Bonjour à toutes et à tous. Est-ce que vous m’entendez bien ?
Julie Chaumard : Oui, bonjour Salomé, merci.
Salomé Yahia-Cherif : Merci à vous de me recevoir aujourd’hui.
Je me présente. Je suis Salomé, je fais partie de l’équipe commerciale chez Les-Tilleuls.coop.
Pour vous en dire un peu plus sur qui nous sommes, nous sommes une société de services. Nous accompagnons nos clients via des prestations de services web, que ce soit en développement, en consulting, en formation, etc. Notre particularité, vous l’aurez compris, c’est que nous sommes une coopérative.
Julie Chaumard : Merci Salomé. Cela fait plaisir de voir une bonne parité femmes-hommes à la direction de Les-Tilleuls.coop avec ce duo de dirigeants. Qu’en est-il pour le reste des salariés de la communauté et quelles actions faites-vous pour permettre un bon équilibre et ne pas vous retrouver avec beaucoup plus d’hommes que de femmes ? Je pense que c’est sûrement le cas, tu vas nous dire, parce que c’est le domaine technique qui contient, encore aujourd’hui, plus d’hommes.
Salomé Yahia-Cherif : Effectivement, comme tu l’as dit, on a deux cogérants, Kévin et Marion. C’est quelque chose qui est très important pour nous, ça toujours été un choix d’avoir une cogérance mixte.
On a aussi plusieurs femmes parmi les postes à responsabilité, des postes assez élevés chez nous, que ce soit, par exemple, dans l’équipe chefferie de projet, en marketing, en développement.
On travaille beaucoup, au niveau de notre attractivité, pour attirer plus de femmes, parce qu’au niveau de nos effectifs, on a effectivement plus de développeurs que de développeuses. Pour cela, on essaye d’instaurer un maximum d’égalité, ça fait partie de notre ADN en tant que coopérative. On propose, par exemple, une grille de salaires qui ne fait pas de différences selon le genre, ce qui est quand même assez normal, mais qui n’est pas toujours intégré partout. On propose aussi des congés menstruels et d’autres mesures, par exemple un réel suivi pour le retour des congés maternité.
Julie Chaumard : Il faut aussi que les femmes se sentent capables de devenir développeur, ça vient de l’enfance et aussi du système éducatif.
Pour en revenir aux Tilleuls.coop, quels sont exactement les services que vous vendez ?
Salomé Yahia-Cherif : C’est très diversifié. Comme je l’ai dit au début, soit on peut accompagner nos clients en développement, que ce soit dans leur équipe ou en autonomie. On fait aussi du consulting, tout ce qui va être conseil, audit, etc., de l’hébergement, de la formation. Nos clients sont assez diversifiés, ça va de la très grande entreprise à la petite startup locale.
Julie Chaumard : D’accord. Donc, dans vos clients, il y a une part public/privé ?
Salomé Yahia-Cherif : Oui. On travaille beaucoup avec des acteurs publics, notamment via des appels d’offres, mais on travaille aussi avec des clients privés. Je dirais qu’on a quand même beaucoup plus de clients privés à l’heure actuelle.
Julie Chaumard : D’accord, c’est bien. As-tu des exemples de ces clients ?
Salomé Yahia-Cherif : Oui. On travaille avec des clients qui, on va dire, sont assez connus, comme France TV, Arte. On travaille aussi avec Décathlon, avec Médiapart. On est donc dans tous les types de secteurs. On travaille aussi pas mal avec les médias, les fédérations sportives, le retail, c’est assez diversifié.
Julie Chaumard : Donc, ces clients utilisent l’écosystème du logiciel libre, parce que vous, en tant que Les-Tilleuls.coop, vous êtes basés sur l’écosystème ou sur le logiciel libre.
Salomé Yahia-Cherif : Oui, exactement. En fait, nous sommes experts, nous sommes reconnus pour notre expertise en logiciel libre, à la fois par nos contributions à plusieurs logiciels et frameworks très connus comme Symfony, Laravel, Caddy, etc.
Nous avons aussi développé nos propres logiciels libres comme API Platform qui vous permet de créer des API standardisées. Une API va vous permettre de communiquer entre deux outils, entre deux applications, c’est un peu comme un pont en fait. Donc API Platform et FrankenPHP, un serveur d’applications qui va vous permettre d’améliorer vos performances, les performances de vos applications.
Nous sommes aussi auteurs et autrices d’ouvrages et nous donnons des conférences sur le logiciel libre. Ça fait vraiment partie de notre ADN. En tant que coopérative, on croit y beaucoup, on défend le logiciel libre et l’accès à toutes et à tous à un Web, on va dire accessible. Nous contribuons au quotidien que ce soit dans nos projets internes ou dans les projets clients.
Julie Chaumard : Vous avez donc à cœur de participer à l’écosystème, à l’enrichissement et au déploiement du logiciel libre.
Salomé Yahia-Cherif : Exactement !
Julie Chaumard : Pourquoi les clients achètent-ils vos services ? Quel est, pour eux, la valeur ajoutée du logiciel libre ?
Salomé Yahia-Cherif : Ils ne les achètent pas. Ils achètent nos services parce qu’on met en place les prestations. Comme je l’ai dit, ce sont effectivement des logiciels libres qu’on propose. Ça permet de nombreux avantages, nous sommes quand même assez reconnus dans ce milieu-là, notamment des avantages de performance. On permet aussi d’avoir accès à des fonctionnalités qui ne sont pas dans certains logiciels payants. Un gros avantage : c’est gratuit pour nos clients, ils ont vraiment accès à une communauté et à énormément de ressources, ce qui leur permet aussi de développer des fonctionnalités très personnalisées dans leurs applications.
Julie Chaumard : Comme tu nous dis, les clients achètent vos services et pas les logiciels libres, c’est bien de préciser.
D’après ce que je comprends, le logiciel libre et l’écosystème du Libre sont aussi importants pour la souveraineté des données. D’ailleurs, à ce propos, j’ai lu ce matin dans un article de l’April que, pour la Cour des comptes, les objectifs sont encore insatisfaisants dans la promotion des logiciels libres, il y a donc encore du travail à faire, notamment au niveau de l’État. Ça rejoint, justement, la question que je voulais te poser par rapport à l’évolution du logiciel libre pour vous : depuis 13 ans que la coopérative existe, est-ce que vous observez une croissance dans l’utilisation du logiciel libre et une demande aussi de la part des acteurs ?
Salomé Yahia-Cherif : Pour nous, le logiciel libre est effectivement en croissance. On le remarque parce qu’on a beaucoup plus de demandes qu’avant, que ce soit sur les logiciels qu’on a créés ou pour accompagner à l’utilisation des logiciels libres existants. Je pense que la croissance du logiciel libre repose aussi sur le fait que ça permet de mutualiser les coûts, c’est quand même un point non négligeable dans le développement web, c’est donc un vrai avantage. Et on remarque de plus en plus que le secteur se professionnalise, que de plus en plus de grandes entreprises nous contactent pour mettre en place du logiciel libre dans leur organisation, notamment en France.
Julie Chaumard : C’est super. Merci d’avoir donné votre ressenti, ce que vous vivez aux Tilleuls.coop. La Cour des comptes parle de mutualiser les coûts, comme tu dis, ça a l’air d’être un des nerfs de la guerre.
Pour finir, la note finale de cette chronique, Salomé, tu vas nous parler d’un événement que la coopérative Les-Tilleuls.coop propose maintenant depuis quatre ans, une conférence à Lille, qui est aussi accessible en ligne. Cela s’appelle API Platform Conference, cela se déroule les 19 et 20 septembre. Salomé, peux-tu nous dire ce que l’on va découvrir à cette conférence ?
Salomé Yahia-Cherif : Bien sûr. Tu as déjà donné pas mal d’infos.
Cette conférence sera orientée autour du framework API Platform et autour de son écosystème. On accueille nos 700 participantes et participants pour assister à des conférences de personnalités assez connues que ce soit du logiciel libre ou de l’écosystème d’API Platform en général. Plusieurs coopératrices et coopérateurs vont aussi avoir la parole à cette occasion.
L’idée c’est d’accueillir des personnes pendant deux jours pour leur faire profiter un peu des nouveautés qu’on peut apporter dans le logiciel libre, notamment sur API Platform.
Julie Chaumard : C’est un grand événement, nous avons hâte de voir ses retombées.
En tout cas, merci beaucoup, Salomé, pour ton intervention, pour avoir répondu à nos questions.
On pourra retrouver tous les liens et les infos de cette chronique et sur Les-Tilleuls.coop sur la page de l’émission Libre à vous !.
À bientôt pour une prochaine rencontre avec les personnes qui font le Libre.
Salomé Yahia-Cherif : Merci beaucoup.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : Comme vous l’avez compris, nous venons d’écouter une rediffusion d’une chronique « Les Tilleuls – Une coopérative basée sur le logiciel libre », une chronique de 2024.
Quand Julie évoque l’API Platform Conférence, elle dit « les 19 et 20 septembre », c’était en 2024. En 2025, elle aura lieu les 18 et 19 septembre à Lille. Sur la page consacrée à l’émission du jour, vous retrouverez le lien vers la conférence et le lien vers le site Les-Tilleuls.coop. La page de l’émission du jour c’est libreavous.org/244.
Nous allons faire une pause musicale.
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Frédéric Couchet : Après la pause musicale, nous irons à la rencontre de Cécilia Bossard.
Pour les pauses musicales, aujourd’hui je vous fais redécouvrir un de mes groupes préférés, The Freak Fandango Orchestra. Nous allons donc écouter At the Beginning par The Freak Fandango Orchestra. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : At the Beginning par The Freak Fandango Orchestra
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : J’espère que vous avez dansé, comme nous au studio. Nous venons d’écouter At the Beginning par The Freak Fandango Orchestra, morceau disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA 3.0.
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Frédéric Couchet : Nous allons passer à notre sujet principal.
[Virgule musicale]
Parcours libriste de Cécilia Bossard, consultante senior chez Shodo Nantes
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui est un Parcours libriste avec notre invitée, Cécilia Bossard, développeuse libriste, consultante senior chez Shodo Nantes. Un Parcours libriste, c’est l’interview d’une seule personne pour parler de son parcours personnel et professionnel, un parcours individuel mais qui va bien sûr être l’occasion de partager messages, suggestions et autres.
Bonjour Cécilia.
Cécilia Bossard : Bonjour.
Frédéric Couchet : Avant de commencer, n’hésitez pas à participer à notre conversation soit sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous ou, éventuellement au téléphone au 09 72 51 55 46.
Cécilia, c’est un grand plaisir de t’avoir une nouvelle fois dans l’émission. Tu es déjà intervenue, il y a quelques mois, pour parler de façon rapide de Duchess France, dont on va reparler aujourd’hui, et également, de façon plus longue, sur les gestionnaires de version décentralisés, notamment pour parler de Git, mais aujourd’hui on va parler de toi, ça va être le sujet. Je me souvenais que la prise de parole en interview n’était pas forcément une chose avec laquelle tu te sentais particulièrement à l’aise, j’ai donc été un peu surpris, positivement, de ne pas avoir eu à insister un peu pour que tu acceptes d’intervenir. Ma première question : pourquoi as-tu accepté d’intervenir ?
Cécilia Bossard : Je suis encore un peu surprise aussi ! C’est vrai que ma première réaction a été de me dire « je n’aime pas trop », en plus, parler de moi c’est encore pire et je me suis dit que mon parcours n’était pas non plus particulièrement exceptionnel, audacieux ou autre. Après, je me suis souvenue de tous les messages que j’essaye de faire passer avec Duchess, entre autres, qui est une association de promotion des femmes dans le numérique où, justement, on dit qu’il faut regarder autour de soi et s’inspirer des autres, de leur parcours. En fait, c’est l’occasion de mettre en application ce que je prêche par ailleurs, d’où ma réponse positive.
Frédéric Couchet : D’accord. Être un peu un rôle modèle, qui est nécessaire, qui est très utile pour encourager d’autres personnes à intervenir, à devenir développeuses ou autres.
Cécilia Bossard : Voilà. Voir qu’on n’a pas besoin d’être exceptionnelle pour faire ce que je fais.
Frédéric Couchet : Tout à fait et ça change des rôles modèles auxquels il est difficile de s’associer, en tout cas de s’identifier, par exemple Marie Curie avec ses deux doctorats.
Cécilia Bossard : Avoir des rôles modèles vivants, c’est aussi pas mal.
Frédéric Couchet : Aussi. Dans l’informatique, on a la célèbre Ada Lovelace à qui on a déjà consacré une émission, mais effectivement, ça fait longtemps, et les rôles modèles vivants, c’est quand même mieux !
En tout cas merci d’avoir accepté d’intervenir. On ne va pas trop parler de ton parcours personnel, un petit peu quand même, parce que c’est intéressant de voir comment les personnes se construisent, d’où elles viennent, notamment dans l’informatique. Donc ma deuxième question, c’est tout simple : à quel moment et comment as-tu découvert l’informatique ?
Cécilia Bossard : L’informatique telle que je la pratique maintenant, je l’ai découverte pendant mes études. En fait, petite, j’avais déjà pas mal accès à des ordinateurs. Mon père était instituteur et il en avait dans sa classe, c’était dans les années 80, ce n’était pas très commun. Chaque fois qu’il avait des réunions ou qu’il restait un peu tard à l’école, on avait le droit de jouer sur les ordinateurs. On lançait des jeux en ligne de commande, je ne comprenais rien à ce que je tapais, mais je savais quelles touches il fallait frapper les unes après les autres.
Frédéric Couchet : Ça lançait des jeux qui étaient graphiques ou des jeux qui étaient en mode console, comme on dit ?
Cécilia Bossard : C’était plutôt en mode console. C’était une espèce de Pacman, ce genre de chose, ce n’était pas merveilleux à voir, mais on s’amusait bien quand même. Il m’est arrivé, les fois où je n’avais pas forcément envie de jouer, de tomber sur un de ses livres. Il avait un livre de programmation en Basic, j’ai donc commencé à taper bêtement, à recopier ce qui était écrit dans le livre pour voir ce que ça faisait, je ne comprenais pas toujours très bien.
Frédéric Couchet : Tu faisais ça sur les ordinateurs de l’école ou avais-tu un ordinateur à la maison ?
Cécilia Bossard : C’étaient les ordinateurs de l’école.
Frédéric Couchet : D’accord. Comme système d’exploitation, ils étaient équipés d’un Windows ?
Cécilia Bossard : Non, il n’y avait même pas encore Windows.
Frédéric Couchet : C’était DOS ?
Cécilia Bossard : Même pas. C’étaient des EXL 100, je ne crois pas que ce soit très connu.
Frédéric Couchet : Je ne connais pas !
Cécilia Bossard : Je pense que c’était de l’OS propriétaire très fermé. Après, effectivement, on est passé sur DOS et sur Windows, ça c’était à la maison, sur l’ordinateur familial, où, petite, j’ai continué de bidouiller des choses, mais pas vraiment de programmation, c’était plus l’aspect ludique. En tout cas, je n’ai jamais été empêchée d’avoir accès à ces machines, qu’on me dise « tu es une fille, il ne faut pas, ce n’est pas pour toi ! ». J’ai eu quand même pas mal de chance par rapport à d’autres.
Frédéric Couchet : Dans ta famille, as-tu des frères et des sœurs ?
Cécilia Bossard : J’ai deux sœurs, nous ne sommes que des filles.
Frédéric Couchet : Tes sœurs avaient la même envie que toi, quelque part, de découvrir ou c’est seulement toi ?
Cécilia Bossard : Finalement, j’ai l’impression que ce n’était que moi. J’avais vraiment envie de bidouiller, quand je dis bidouiller, je n’ouvrais pas non plus les machines pour vraiment comprendre comment ça fonctionnait à l’intérieur. Mes sœurs n’ont pas des métiers liés à l’informatique.
Frédéric Couchet : D’accord. Est-ce que tes parents t’accompagnaient ou, finalement, te laissaient te débrouiller, découvrir par toi-même ?
Cécilia Bossard : Aucun des deux n’était informaticien, ils étaient enseignants tous les deux. Ils étaient aussi perdus que moi, on essayait de découvrir un peu ensemble comment ça marchait.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc ça c’est plutôt en primaire/collège. Au lycée, je crois que tu as opté pour l’option informatique au bac, c’est ça ?
Cécilia Bossard : Oui, c’est ça. Il y avait une option informatique. J’ai passé le bac en l’an 2000, ce n’était pas très poussé comme option. On a découvert comment faire des sites web en utilisant le langage HTML, un petit peu de JavaScript pour le rendre un peu dynamique. C’est là où j’ai vraiment découvert ce qu’était la programmation et qu’on pouvait vraiment créer des choses, que c’était quelque chose de créatif. Le champ des possibles s’est ouvert de manière énorme et j’ai trouvé ça vraiment très grisant.
Frédéric Couchet : Ce qui était grisant c’était le côté, comme tu viens de dire, créatif, en apprenant quelques bases de langage pouvoir créer un site web. Qui dit site web, dit peut-être public, donc ces sites étaient-ils accessibles ou c’était uniquement pour toi ?
Cécilia Bossard : Au lycée, ce n’était vraiment qu’en local, on ne faisait pas sortir les sites du lycée, c’était un peu affreux. Après, plus tard, j’ai entrepris de refaire le site web de l’école de mon père, dont le but était d’être rendu public, mais ça n’a jamais vraiment abouti parce que je ne suis pas une très grande designeuse et c’était particulièrement moche, quand même ! Je n’ai pas voulu publier.
Frédéric Couchet : J’aurais tendance à dire que, dans les années 2000, les sites moches étaient un petit peu légions !
Cécilia Bossard : Mais là ce n’était vraiment pas top !
Frédéric Couchet : Après, il y a moche et fonctionnel. Peut-être que le site était quand même fonctionnel, je ne sais pas.
Cécilia Bossard : En tout cas, je n’ai pas poussé les choses plus loin.
Frédéric Couchet : OK. Quand tu choisis cette option informatique pour le bac bac est-ce dans l’idée d’opter, ensuite, pour des études d’informatique ?
Cécilia Bossard : Pas du tout. J’ai choisi cette option parce que, en première, en bac scientifique à l’époque – ça a changé maintenant –, il fallait qu’on choisisse une option et j’ai trouvé celle-là sympathique par rapport à l’autre option qui nous était proposée qui était sciences expérimentales, donc faire des expériences en labo, c’était chouette mais ça ne durait qu’un an et j’ai préféré faire quelque chose qui dure plus longtemps, donc l’informatique. Mais je n’avais pas du tout dans l’idée de poursuivre des études là-dedans, d’ailleurs, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire après.
Frédéric Couchet : Comme beaucoup de jeunes ! Donc tu as ton bac, tu ne sais pas trop ce que tu veux faire, mais tu choisis quand même de faire des études. Comment les choisis-tu et quelles études ?
Cécilia Bossard : Au final, en terminale, j’ai choisi de continuer de faire des études d’informatique. Comme je n’étais pas très sûre de moi, j’ai préféré des études courtes. Je suis donc partie en IUT, faire un diplôme en deux ans, en me disant que si vraiment ça ne me plaisait pas, ce n’était que deux ans, que je pourrais peut-être me réorienter, parce que je ne savais pas du tout où je mettais les pieds en vrai.
Frédéric Couchet : Peut-être préciser qu’IUT signifie Institut Universitaire de Technologie, je ne sais plus si c’est la même terminologie aujourd’hui.
Cécilia Bossard : Je crois que ça s’appelle toujours IUT, mais c’est le diplôme qui a changé.
Frédéric Couchet : À l’époque, tu as fait un DUT, un Diplôme Universitaire de Technologie.
Cécilia Bossard : Qui s’appelle aujourd’hui un BUT [Bachelor Universitaire de Technologie].
Frédéric Couchet : BUT, donc le « B » a remplacé le « D », en tout cas, un diplôme en études courtes en deux ans, parce que tu n’es pas sûre de toi, c’est-à-dire que tu n’es pas sûre que ça va te correspondre, c’est ça ?
Cécilia Bossard : Oui. Je m’amuse bien avec l’option informatique, à en faire une heure par semaine, mais de là à en faire toute la semaine et à en faire mon métier, je n’ai aucune certitude que c’est vraiment ma voie.
Frédéric Couchet : Ton doute était sur le fait que tu n’étais pas sûre que ce soit ta voie, mais ce n’était pas sur le fait de pouvoir, ensuite, être recrutée pour faire de l’informatique. C’était vraiment sur le fait « est-ce que c’est ma voie ».
Cécilia Bossard : Oui, c’est ça.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc tu obtiens ton diplôme, est-ce que tu travailles ou finalement, est-ce que tu te dis « je vais quand même poursuivre » ?
Cécilia Bossard : Finalement, j’ai poursuivi. J’ai continué en école d’ingénieur, j’ai continué trois ans pour finir avec un diplôme bac + 5 d’ingénieur en informatique.
Frédéric Couchet : Donc, au tout début, tu as commencé sur des systèmes, peut-être des TO7 et MO5 à l’époque, je ne sais plus, après, sur l’ordinateur de la famille, c’était du Windows, dans les écoles d’ingénieur tu as découvert d’autres choses. Est-ce notamment à ce moment-là que tu as découvert les logiciels libres ?
Cécilia Bossard : C’est ça. En fait, dès l’IUT. Tous les systèmes étaient des systèmes Unix. On travaillait que sur des machines qui ne tournaient que sous GNU/Linux, on avait des cours de système, on apprenait la ligne de commande, comment ça fonctionne à l’intérieur, je vais vous épargner les détails, mais c’était vraiment très orienté systèmes libres.
Frédéric Couchet : Avec aussi des langages de programmation comme PHP peut-être ?
Cécilia Bossard : Non. À l’IUT, j’ai fait du C et du C++.
Frédéric Couchet : Des langages, on va dire, bas niveau, c’est-à-dire très proches de la machine.
Cécilia Bossard : On a même fait de l’assembleur, encore pire ! En école d’ingénieur, on a balayé beaucoup plus de langages, on a fait un peu de Java et je m’étais plus ou moins spécialisée en Perl.
Frédéric Couchet : Un autre langage de programmation.
Cécilia Bossard : L’idée c’était vraiment de nous faire parcourir, de nous faire découvrir un maximum de modes de fonctionnement de ces langages de programmation pour qu’on soit un peu à l’aise avec n’importe quoi par la suite.
Frédéric Couchet : Il faut peut-être préciser que dans l’informatique ça évolue très vite, les langages évoluent, de nouveaux langages apparaissent, probablement qu’on n’utilise pas grand-chose de ce qu’on a appris à l’école, à part, en fait, des méthodologies, des façons d’apprendre, etc. Peut-être qu’on n’utilise pas, aujourd’hui, les langages qu’on a appris à l’école. Est-ce que c’est ton cas ?
Cécilia Bossard : Oui, je n’ai pas refait de C++ depuis mes études. Mais c’est ce qui est chouette aussi dans ce métier : en fait, on est toujours en train d’apprendre de nouvelles choses, ça bouge tout le temps.
Frédéric Couchet : En quelle année as-tu eu ton diplôme d’ingénieur ? Tu te souviens ?
Cécilia Bossard : En 2005.
Frédéric Couchet : À peu près ce que je pensais, il y a une vingtaine d’années. Tout à l’heure tu as dit que tu n’étais pas trop sûre que ça correspondait à ce qui te conviendrait, ou à ta passion, et puis finalement, 20 ans plus tard tu es toujours là, tu es toujours dans l’informatique.
Cécilia Bossard : J’ai un peu bougé, je n’ai pas fait que du développement pendant 20 ans, en tout cas j’y suis revenue et j’aime toujours ça.
Frédéric Couchet : Et ça t’amuse toujours autant ?
Cécilia Bossard : Enfin ! Ce n’est pas rigolo tous les jours !
Frédéric Couchet : On va en parler un peu, mais le côté créatif, le côté mettre en place des systèmes, résoudre des problèmes…
Cécilia Bossard : Ce que j’aime vraiment c’est résoudre des problèmes et résoudre les problèmes des utilisateurs c’est encore mieux plutôt que de résoudre les problèmes des machines. Aider les gens via des outils qu’on va leur créer sur mesure.
Frédéric Couchet : D’accord. Alors que parfois, dans l’informatique, on leur crée des complications avec l’informatique.
Cécilia Bossard : C’est ça !
Frédéric Couchet : Toi, c’est l’inverse !
Je regarde sur le salon web, j’ai cru voir des questions mais non, ce sont des remarques. En tout cas, les personnes qui êtes sur le salon web, n’hésitez pas à intervenir et je relayerai les questions, c’est donc sur le site causecommune.fm, bouton « chat », salon #libreavous.
Donc tu obtiens ton diplôme d’ingénieur en 2005. Premier choix difficile quand on est diplômé : où va-t-on aller bosser ? Avais-tu une idée ? Voulais-tu aller dans une entreprise cliente, une entreprise de services, dans le public ? Avais-tu des idées ?
Cécilia Bossard : Je n’avais pas particulièrement d’idées et le marché n’était pas au top à ce moment-là. J’ai donc continué dans l’entreprise dans laquelle j’avais fait mon stage de fin d’études, on m’avait proposé de m’embaucher à la suite.
Frédéric Couchet : C’était quel type d’entreprise ?
Cécilia Bossard : C’est une grosse société de services.
Frédéric Couchet : Dont on peut dire le nom ou pas ?
Cécilia Bossard : On peut dire le nom. À l’époque, elle s’appelait Unilog, elle a changé de nom plusieurs fois entre-temps.
Frédéric Couchet : Aujourd’hui, tu sais comment elle s’appelle ? Sinon ce n’est pas grave.
Cécilia Bossard : CGI.
Frédéric Couchet : C’est CGI maintenant. D’accord. Quand tu dis « grosse entreprise de services », c’est une très grosse entreprise de services.
Cécilia Bossard : Une très grosse !
Frédéric Couchet : Et ton stage portait sur quoi ?
Cécilia Bossard : J’étais en stage pour les impôts, un projet de refonte du système de paiement des impôts
Frédéric Couchet : Ah oui ! C’était à l’époque où, justement, il y avait beaucoup de développement libre dans les impôts, si je me souviens bien.
Cécilia Bossard : C’est ça. C’était un projet qui réunissait énormément de grosses sociétés de services. Mon stage c’était dans la cellule gestion de projet, je devais leur faire un outil qui permette de saisir les temps passés par chaque entreprise, au prorata du temps passé.
Frédéric Couchet : D’accord, j’ai une question sur le salon web, une question qui ne m’étonne pas trop : combien de filles, à l’époque, dans ton type de poste dans cette entreprise ?
Cécilia Bossard : Très peu ! Encore pire que pendant mes études. Déjà à l’IUT, c’est là où j’ai constaté qu’il n’y avait pas beaucoup de filles. En fait, j’y suis rentrée complètement naïve, je n’imaginais même pas que ce n’était pas quelque chose d’attractif pour les filles. J’ai donc été un peu surprise de voir que nous n’étions que 10 dans ma promo, sur 90/100, et pareil en école d’ingénieur, même proportion, donc très peu, sachant, en plus, qu’il y avait de la perte, chaque année des filles partaient, c’était vraiment affreux.
Frédéric Couchet : D’ailleurs, c’est souvent ce que beaucoup de gens disent. Il y a plus de femmes qui quittent l’informatique que d’hommes qui arrêtent. À quoi est-ce lié ? C’est lié au sexisme ? C’est lié à l’évolution moindre des carrières ? Est-ce que tu sais à quoi c’est lié ?
Cécilia Bossard : Après, c’est mon avis personnel.
Frédéric Couchet : C’est ton parcours libriste, ça tombe bien !
Cécilia Bossard : Mon avis, c’est que le milieu est quand même assez toxique, je vais le dire franco, il est assez toxique pour les femmes. Il y a effectivement beaucoup de sexisme, il y a beaucoup de freins aux évolutions de carrière. Si on veut avoir une carrière technique, c’est d’autant plus difficile, on est très facilement réorienté vers la gestion de projet ou le fonctionnel ou la relation avec les clients, plutôt que vers des tâches très techniques.
Frédéric Couchet : Personnellement, as-tu vécu cette toxicité ?
Cécilia Bossard : Oui, les remarques sexistes, les blagues très lourdes, les commerciaux qui nous demandent de mettre des jupes pour aller en entretien client.
Frédéric Couchet : Ah oui, sérieusement !
Cécilia Bossard : Oui ! Donc on se demande « est-ce que je suis acceptée chez le client parce que j’ai mis une jupe ou est-ce que je suis acceptée parce que je suis compétente ? », je ne sais pas. Est-ce que c’est aussi juste pour améliorer les statistiques ? Je n’en sais rien.
Frédéric Couchet : D’accord. J’essaye de réfléchir, mais tu vas me dire, est-ce que c’est à cette époque-là que tu commences à rencontrer les Duchess France ou est-ce plus tard ?
Cécilia Bossard : J’ai cherché à me souvenir quand j’ai commencé à côtoyer les Duchess, mais je n’ai pas réussi à retrouver.
Frédéric Couchet : D’accord, je vais relayer deux questions, le salon web est très actif. La première : comment t’en es-tu sortie par rapport à cette toxicité ? La deuxième question : les clients n’étaient donc que des hommes ?
Cécilia Bossard : Oui, c’étaient essentiellement des hommes, j’ai rarement travaillé avec une autre femme dans les équipes de développement, j’ai souvent été la seule.
Et comment me suis-je sortie de la toxicité ? En début de carrière, on fait le dos rond, on sourit aux blagues pas drôles et on enrage quand on rentre à la maison. Maintenant, je ne laisse plus passer, je pose le cadre de suite, mais, en même temps, j’ai 20 ans d’expérience, je peux plus me le permettre qu’en début de carrière, ça c’est sûr.
Frédéric Couchet : Oui, c’était plus compliqué. Est-ce que tu penses que tu as été limitée dans ton évolution de carrière par le fait d’être une femme ?
Cécilia Bossard : Je pense que oui. Je côtoie toujours des camarades de promotion qui sont devenus des amis maintenant et on n’a pas du tout eu la même évolution de carrière alors qu’on avait le même bagage technique, on a fait un début de carrière similaire, mais eux ont beaucoup été orientés vers tout ce qui est architecture, vers des postes plus techniques. À moi, à chaque fois, on disait que non, je n’étais pas encore prête, ce n’était pas encore le bon moment, il fallait que j’attende un peu, que je me renforce techniquement ou autre, pour, au final, essayer de me pousser vers la gestion de projet.
Frédéric Couchet : Si je comprends bien, on te disait qu’il fallait que tu en fasses encore plus que les hommes, tout en te disant « va dans la gestion de projet », c’est-à-dire « quitte la technique pour faire de l’organisationnel », quelque part.
Cécilia Bossard : C’est ça et ça a été encore plus flagrant après mon premier congé maternité. Ma commerciale m’avait dit : « Tu vas voir, maintenant que tu es maman tout va changer, tu vas pouvoir gérer des équipes, faire de la gestion de projet. »
Frédéric Couchet : Sérieusement ? On t’a dit ça ?
Cécilia Bossard : Oui ! Ce qui m’avait vraiment choqué, en plus venant d’une femme ! Mais non, ce n’est pas ce que je veux faire ! Ce n’est pas parce que je gère à peu près mon enfant que je vais être capable de gérer des adultes.
Frédéric Couchet : Si elle t’a dit ça, ensuite est-ce qu’elle t’a confié la gestion d’équipes ou pas ?
Cécilia Bossard : En fait, c’est à peu près à ce moment-là que j’ai découvert la gestion de projet agile.
Frédéric Couchet : Explique ce que c’est.
Cécilia Bossard : Je me doutais ! C’est une façon de gérer les projets où on va être un peu plus souple. On ne fait pas un planning très fixe avec des dates butoirs, des tâches à faire, liste par liste. On est plus dans un mode itératif ; on ajuste au fur et à mesure la façon de travailler. Je me suis beaucoup retrouvée dans cette façon de faire et, dans cette gestion de projet agile, il y a un rôle, ce qu’on appelle le Scrum Master, qui est donc le liant au sein des équipes de développement, mais qui sert aussi de liant avec l’extérieur, avec la structure cliente, qui est un peu un facilitateur. Ce rôle-là m’a permis de rester un peu entre les deux, de ne pas passer complètement en gestion de projet, de rester dans la technique. J’ai trouvé que cette espèce de pont un peu bizarre, entre les deux, m’allait bien à ce moment-là.
Frédéric Couchet : D’accord. Pour d’expliquer le terme Scrum Master, scrum, en anglais, veut dire « mêlée », on peut peut-être penser à l’image de l’équipe de rugby avec la personne qui est capitaine. C’est lui va faire l’intermédiaire avec l’extérieur, qui va à la fois gérer le planning mais aussi protéger l’équipe de demandes peut-être extravagantes de la structure cliente.
Cécilia Bossard : S’assurer qu’ils peuvent travailler dans des conditions optimales.
Frédéric Couchet : L’agilité, c’est aussi le retour régulier de la structure cliente qui va dire « vous m’avez développé tel truc, mais, finalement, ça ne correspond pas ou je veux plutôt autre chose », versus les modèles de développement en tunnel où on travaille pendant six mois, un an, on livre un produit mais qui, finalement, ne correspond pas à la demande. C’est ça ?
Cécilia Bossard : C’est ça. On se rapproche vraiment plus des utilisateurs pour résoudre leurs problèmes.
Frédéric Couchet : Dans ce rôle, je suppose que dans tes équipes tu avais majoritairement des hommes. Comment cela se passait-il ? Comment ces hommes acceptaient-ils d’avoir notamment une femme responsable ?
Cécilia Bossard : Je n’ai pas souvenir qu’il y ait eu de problèmes là-dessus, il n’y avait pas vraiment de notion d’autorité. Au final, j’étais juste une personne comme les autres qui, en plus, prenait les tâches qu’ils n’avaient pas envie de faire !
Frédéric Couchet : Ça les arrangeait, parce que, finalement, tu faisais partie de l’équipe et tu t’occupais des tâches, entre guillemets, vues comme « chiantes ».
Cécilia Bossard : C’est ça.
Frédéric Couchet : C’était toujours chez Unilog qui est devenue CGI ?
Cécilia Bossard : Non, je suis passée dans pas mal de sociétés de services, je ne suis pas restée très longtemps chez Unilog.
Frédéric Couchet : D’accord. Tu as fait quels types de sociétés ? Est-ce que tu as tenté, par exemple, les petites sociétés de services, quand je dis « petites » c’est 15/20 personnes, parce que Unilog/CGI ce sont plusieurs milliers de personnes, si je me souviens. Est-ce que tu as tenté des petites structures ?
Cécilia Bossard : J’y suis allé de manière decrescendo. Je suis allée chez Unilog, dans la deuxième il devait y avoir une centaine de personnes, après je suis allée dans des plus petites structures, d’une dizaine de personnes, ce n’est pas du tout pareil, c’est très bien.
Frédéric Couchet : Tu as préféré les petites structures ?
Cécilia Bossard : Oui ! Ah oui ! On n’est plus un matricule, on est vraiment une personne, ça change tout ! On a son mot à dire et on peut participer à la vie de l’entreprise plus facilement que dans une structure où il y a ! Je ne sais même pas combien il y avait d’employés chez Unilog/CGI, mais beaucoup trop pour moi. C’est sûr.
Frédéric Couchet : D’accord. Le temps passe vite, je t’avais prévenue. On va faire une petite pause musicale avant de parler de la suite de ton parcours et aussi de la découverte professionnelle du logiciel libre.
Comme je disais en présentation de la première pause musicale, on va continuer avec le même groupe, The Freak Fandango Orchestra, on va continuer de danser avec Late as usual on se retrouve dans trois minutes trente. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Late as usual par The Freak Fandango Orchestra.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Late as usual par The Freak Fandango Orchestra, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA 3.0.
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre la discussion avec Cécilia Bossard et son parcours libriste. Cécilia, développeuse libriste et actuellement consultante senior chez Shodo Nantes, dont on parlera dans cette deuxième partie de l’échange.
Juste avant la pause musicale, nous parlions de ces sociétés de services dans lesquelles tu as fait tes premières armes et sur le salon web on me demande si tu utilisais du logiciel libre, si tu développais du logiciel libre dans ces sociétés de services.
Cécilia Bossard : Eh bien, malheureusement non !
Frédéric Couchet : Quand la découverte du logiciel libre à titre professionnel a-t-elle eu lieu ?
Cécilia Bossard : À titre professionnel, évidemment on en utilisait comme outil, mais on ne faisait pas de contributions. Tous les serveurs étaient sous Unix, mais nous avions des postes de travail sous Windows et voilà ! Les entreprises voulaient bien l’utiliser parce que c’était gratuit, du coup ce n’était pas mal ! À part ça, je pense pas qu’il n’y avait pas d’autres arguments, du moins de la part des grandes directions de ces entreprises.
J’ai vraiment mis le pied dans le développement de logiciels libres quand j’ai intégré la société Code Lutin.
Frédéric Couchet : Qui est une société spécialisée en logiciel libre. Quand tu l’as rejointe, c’était plus parce qu’elle faisait du logiciel libre ou pour une autre raison ?
Cécilia Bossard : Entre autres, mais c’est aussi le modèle d’entreprise qui m’avait attirée. Sachant que je travaillais, à l’époque, au CHU à Nantes, et ce n’était pas tout à fait le même modèle d’entreprise que Code Lutin qui est un modèle à plat. Au CHU, c’était très pyramidal.
Frédéric Couchet : C’est le centre hospitalier de l’Université.
Cécilia Bossard : C’est ça, donc au service informatique de l’hôpital de Nantes. On adaptait un énorme progiciel américain au modèle de fonctionnement du système de santé français, ce n’était pas libre, mais, avec d’autres personnes du service, on essayait de mettre en place des outils libres. Comme outil de communication, on avait mis en place un Mattermost pour pouvoir communiquer entre nous.
Frédéric Couchet : Mattermost, c’est une sorte de forum.
Cécilia Bossard : Oui, une sorte de chat qui nous permettait de discuter entre nous et avec les soignants qui utilisaient le logiciel, pour pouvoir les aider.
Frédéric Couchet : Néanmoins, tu choisis de partir.
Cécilia Bossard : Oui, parce que la pyramide, à force de m’écraser, a fini par me faire très mal.
Frédéric Couchet : La pyramide hiérarchique, c’est ça ?
Cécilia Bossard : Oui, hiérarchique. C’était très difficile. J’ai trouvé ça pire que dans une entreprise privée. Il y avait vraiment cette notion de cadres, des cadres de santé nous encadraient avec la façon de gérer des équipes médicales. On leur apprenait à gérer des équipes comme ils vont gérer des équipes médicales, alors qu’une équipe informatique ne fonctionne pas tout à fait de la même manière. En tout cas, je compatis beaucoup avec les équipes médicales, parce que ce genre de management ne doit pas être facile à vivre au quotidien.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc tu choisis de quitter le CHU de Nantes pour rejoindre Code Lutin, à la fois parce que cette entreprise fait du Libre, mais, surtout, pour son modèle organisationnel. Est-ce que tu peux nous décrire, en une ou deux phrases, le modèle organisationnel de Code Lutin ?
Cécilia Bossard : C’est une entreprise où il n’y a pas de hiérarchie. Chaque lutin – c’est comme ça que s’appellent les personnes qui travaillent avec Code Lutin – a la même voix au chapitre que les autres, il y a un salaire unique, c’est vraiment l’égalité partout.
Frédéric Couchet : D’accord. Et on peut préciser que Code Lutin fait partie d’un réseau plus large, peut-être d’une quinzaine d’entreprises, qui partagent des valeurs organisationnelles, le réseau Libre-Entreprise. C’est donc là que tu vas faire principalement du logiciel libre, parce que Code Lutin, à priori, fait du logiciel libre.
Cécilia Bossard : Oui, c’est ça. J’ai travaillé essentiellement sur un seul gros projet et ce projet est en licence libre. Après, je pense qu’il peut difficilement être utilisé par d’autres.
Frédéric Couchet : C’est quel projet, si ce n’est pas indiscret ?
Cécilia Bossard : C’était un projet pour l’Office français de la biodiversité, pour la gestion des réseaux d’eau dans les communes, c’est quand même assez spécifique, je ne sais pas si d’autres d’autres personnes peuvent l’utiliser ailleurs. En tout cas, c’est en licence libre.
Frédéric Couchet : En quel langage l’écrivais-tu ? Java je suppose.
Cécilia Bossard : C’était du Java.
Frédéric Couchet : Je dis « je suppose », parce que Code Lutin est un peu spécialisé dans le langage Java. Et combien de temps restes-tu chez les Lutins ?
Cécilia Bossard : Je suis restée cinq ans chez les lutins. Je les ai quittés il y a deux ans pour rejoindre Shodo.
Frédéric Couchet : Tu n’es pas la première personne qui parle de Shodo sur Cause Commune. C’est une entreprise, tu vas nous dire, qui est très réputée pour avoir une politique très inclusive, en faveur de l’embauche des femmes avec, de mémoire, notamment des réunions en non-mixité, congés menstruels, serviettes hygiéniques dans les toilettes. En tout cas, c’est une entreprise très réputée pour ça, qui intervient notamment dans des conférences autour de la tech et de la mixité, par exemple MixiT dont je parlerai tout à l’heure. Est-ce que ce sont les raisons qui t’ont fait rejoindre Shodo ou y a-t-il d’autres raisons ?
Cécilia Bossard : C’est une des principales raisons. Au début, j’y suis allée un peu par curiosité. J’en avais entendu parler sur le Slack, le système de discussion de Duchess, du coup j’étais assez sceptique, assez dubitative, me demandant « est-ce que c’est vrai ou est-ce que ce n’est que du marketing ? » Il y a un loup quelque part.
Frédéric Couchet : C’était trop beau ! Tu pourras nous dire puisque ça fait deux ans que tu y es. Donc, tu y vas, comme ça, en disant « ça a l’air d’être super, donc je veux découvrir. »
Cécilia Bossard : Oui, voilà, et leur cœur de métier étant tout ce qu’on appelle le craft [craftsmanship], l’artisanat logiciel.
Frédéric Couchet : Explique ce qu’est le craft, l’artisanat logiciel. Ce n’est pas évident !
Cécilia Bossard : Je présente mes excuse auprès de mes camarades si j’explique mal. En gros, ce sont les bonnes pratiques de code, faire du code qui soit réutilisable, lisible, qui corresponde aux besoins des utilisateurs
Frédéric Couchet : Dans les bonnes règles de l’art, finalement comme une personne ferait de l’artisanat.
Cécilia Bossard : C’est ça. On fait des logiciels aux petits oignons.
Frédéric Couchet : Aux petits oignons. OK. Donc tu rentes chez Shodo il y a deux ans, à quel poste ? Dans la description, j’ai mis « consultante senior chez Shodo Nantes ». Tu y rentres comme consultante senior, c’est ça ?
Cécilia Bossard : Oui, c’est ça, parce que qu’avec 18 ans d’expérience !
Frédéric Couchet : C’est quoi une consultante senior ? Quel est le travail d’une consultante senior ?
Cécilia Bossard : Au final, ça ne change pas grand-chose, je fais toujours du développement, je suis envoyée en mission chez des clients où je fais essentiellement du développement, mais je les aide aussi et je les accompagne à mettre en place des bonnes pratiques de code et à améliorer un peu leurs pratiques.
Frédéric Couchet : D’accord. Je suppose, vu la réputation de Shodo, que chez Shodo il y a plus de femmes que dans d’autres entreprises.
Cécilia Bossard : Oui et ça fait plaisir !
Frédéric Couchet : Donc ce n’est pas que de la com’, ce n’est pas trop beau pour y croire, en plus c’est vrai. C’est ça ?
Cécilia Bossard : Oui, c’est vrai. Il y a effectivement plus de femmes. Quand je suis arrivée à l’agence de Nantes, il y en avait déjà une, waouh ! C’était bien ! Maintenant, nous sommes beaucoup plus nombreuses.
Frédéric Couchet : Il faut préciser que Shodo est une entreprise qui est implantée dans plusieurs villes, toi tu es à Nantes. Donc, dans combien de villes de France ?
Cécilia Bossard : Il y a Paris, la maison-mère, Nantes, Rennes, Lyon, Lille, La Réunion aussi.
Frédéric Couchet : Oui, carrément !
Cécilia Bossard : Pourquoi pas ! Je crois que c’est tout. Ce n’est déjà pas mal !
Frédéric Couchet : Ça fait donc deux ans que tu es, je suppose que tu t’y sens bien.
Cécilia Bossard : Oui, pour le moment tout va bien.
Frédéric Couchet : Est-ce que tu participes, justement, aux réflexions autour des actions pour l’inclusivité ; par exemple, la responsable de Shodo, Laury Maurice, en a parlé à MiXiT l’an dernier. Est-ce qu’il y a un groupe interne qui participe à ça ou tout le monde, finalement, propose ?
Cécilia Bossard : On a ce groupe en non-mixité, on essaie de se réunir régulièrement pour réfléchir aux prochaines actions à mettre en place, parce qu’on a une sorte de « cagnotte », entre guillemets, mise à disposition, on a un budget pour mettre en place ces actions, pour réfléchir à quoi mettre en place qui pourrait favoriser tout le monde, pas que les femmes.
Frédéric Couchet : Oui. En tout cas, c’est bien d’avoir un budget parce que, de temps en temps, ce sont aussi le moyen qui manquent, ce ne sont pas forcément les ambitions.
Cécilia Bossard : Sinon ça reste des paroles en l’air. Typiquement, le congé menstruel a besoin d’être financé.
Frédéric Couchet : D’accord. Le temps file. Tout à heure, tu as parlé des communautés auxquelles tu participes, je voudrais qu’on y revienne un peu, on ne va pas pouvoir parler de toutes, en tout cas, il y en a deux qui m’intéressent particulièrement. La première, c’est Duchess France. Peux-tu nous expliquer ce que sont les Duchess France et ce que ça t’a apporté de faire partie de cette communauté ?
Cécilia Bossard : Duchess est une communauté de femmes dans les métiers techniques du numérique. On fait pas mal de choses : mettre en avant des femmes, des sortes de rôles modèles, encourager les femmes à parler en public lors de conférences informatiques. Il y a du soutien à la recherche d’emploi, en fait il y a pas mal d’aide. On essaye aussi de faire quelques soirées, un peu à thème, où on ne va avoir que des femmes qui vont parler en public. En général, ces soirées sont ouvertes à tout le monde, mais ce ne sont que des femmes sur scène. On a d’ailleurs notre soirée anniversaire au mois de mai à Paris.
Frédéric Couchet : Cette année, ce sont les 15 ans. Je crois que c’est 2010, mais peut-être que je me trompe.
Cécilia Bossard : Je ne suis pas sûre que l’événement soit déjà publié, donc je ne vais pas en dire place plus.
Frédéric Couchet : OK. De toute façon, on l’annoncera. On va juste revenir une seconde en arrière parce qu’il y a une question sur le salon web. On parlait juste à l’instant de Shodo et des mesures en faveur de l’inclusivité. La question c’est : quelle posture les hommes de la boîte ont-ils par rapport à ces mesures ?
Cécilia Bossard : J’ai l’impression qu’ils sont tous très contents, après, ils n’ont pas trop leur mot à dire, en vrai ! C’est notre budget, donc !
Frédéric Couchet : Exactement ! Tout à fait.
Cécilia Bossard : Laury a un peu bataillé, au début, pour réussir à faire passer ce principe de réunions en non-mixité ; pour le congé menstruel, elle a pas mal bataillé. Maintenant c’est acquis, j’ai l’impression que tout le monde trouve ça normal et ce n’est pas remis en question dans les moments difficiles. L’été dernier, c’était un peu compliqué d’un point de vue commercial, le milieu de l’informatique s’est un peu ralenti commercialement, en tout cas, ces mesures-là n’ont pas du tout été remises en cause, c’est de l’acquis et on ne reviendra pas dessus.
Frédéric Couchet : Il y a donc eu un travail de pédagogie pour expliquer l’intérêt de ces mesures, mais, aujourd’hui ces mesures sont acquises et ne seront pas remises en question. C’est plutôt bien !
On va revenir sur Duchess France. C’est donc bientôt, si je ne me trompe pas, l’anniversaire des 15 ans, on annoncera évidemment la date de la soirée anniversaire. Elle aura lieu à Paris ou ailleurs ?
Cécilia Bossard : Ce sera à Paris.
Frédéric Couchet : À Paris, d’accord. Donc une soirée ouverte à toute personne, même si sur scène, si j’ai bien compris, il n’y aura que des intervenantes. Aujourd’hui, tu fais partie de ce qu’on appelle la Core Team, de l’équipe Duchess France, c’est ça ?
Cécilia Bossard : L’équipe qui organise un peu tout ça. Ce n’est pas non plus énorme. On organise effectivement cet événement annuel, au moins, et on anime aussi notre salon de discussion, notre Slack, qui est un salon non-mixte, on l’a passé en non-mixité, on anime aussi le contrôle à l’entrée, c’est un peu malheureux, mais nous avons été obligées de faire ça !
Frédéric Couchet : Florence Chabanois en a parlé dans une émission ici. À un moment, quand c’était mixte, vous avez eu des soucis avec des hommes qui, en gros, foutaient le bordel, donc vous avez dû faire en non–mixité.
Cécilia Bossard : On a donc cette animation de communauté et ça se passe très bien, on a rarement de conflits à gérer. Et puis moi, personnellement, j’essaye de faire des petites activités sur Nantes, ne serait-ce qu’un déjeuner. Récemment, j’ai organisé une table ronde sur les femmes dans l’IT. J’aimerais faire d’autres choses, mais je manque un peu de un peu de temps pour cela.
Frédéric Couchet : Je comprends. Dans les autres communautés, comme je l’ai dit on peut pas toutes les citer, il y en a une qui m’intéresse aussi parce que je la trouve très intéressante, ce sont les Coding goûters. Est-ce que tu peux expliquer ce que sont les Coding goûters et ce que tu faisais, à priori avec ton conjoint, si j’ai bien vu ?
Cécilia Bossard : Les Coding goûters sont des ateliers d’initiation, ou pas d’ailleurs, à la programmation. On se retrouvait un dimanche après-midi par mois pour coder en famille. C’était ouvert à tous, la seule contrainte c’était que les enfants qui venaient devaient être accompagnés d’un adulte, à eux de choisir l’adulte qu’ils voulaient, ça pouvait être un de leurs parents mais ça pouvait être un ami ou autre, peu importe, et puis on apprenait tous ensemble la programmation de manière ludique. Parfois, les enfants apprenaient aux adultes, parfois les adultes apprenaient aux enfants, c’était un beau mélange, un peu le bazar, avec un goûter par-dessus, des gâteaux et des boissons, c’était rigolo.
Frédéric Couchet : Et à la fin, les enfants qui le souhaitaient pouvaient montrer ce qui avait été fait. Il y avait le côté fierté de montrer ce qu’on avait pu faire.
Cécilia Bossard : Même si, dans ceux qu’on organisait à Nantes, on n’arrivait pas toujours à faire en sorte qu’il y ait une démo à la fin, une restitution. C’est vrai qu’à Paris ils avaient ce format, c’était très récurrent, c’étaient un peu toujours les mêmes qui venaient. À Nantes, on se retrouvait avec beaucoup de personnes qui venaient pour la première fois, beaucoup de débutants venaient, pas forcément débutants, mais des gens qui venaient pour la première fois. On leur montrait trois/quatre outils, on ne les voyait plus pendant quelque temps, puis ils revenaient, donc on passait beaucoup de temps à refaire un peu des initiations. C’est vrai qu’avec mon conjoint ça nous empêchait un peu de nous occuper de nos propres enfants pendant ce temps-là, c’était un peu embêtant, mais après nos filles s’occupaient d’aller expliquer aussi aux autres comment ça marchait.
Frédéric Couchet : D’accord. Il reste quelques minutes, pas longues. As-tu envie de parler d’une autre communauté, j’en ai plusieurs sous les yeux ?
Cécilia Bossard : Non. Je crois que Duchess et la programmation pour les enfants sont les deux qui me tiennent vraiment à cœur.
Frédéric Couchet : Dans les quelques instants qui nous restent, avant la question finale, pour préparer l’émission tu m’as envoyé quelque chose d’assez détaillé, tu t’es donc impliquée auprès du Parti pirate lors des élections législatives et européennes. Est-ce quelque chose d’important pour toi, que tu comptes te refaire ?, l’implication dans la vie politique nationale voire locale dans ta commune ?
Cécilia Bossard : De manière locale certainement plus que nationale ou européenne comme j’ai pu le faire. Mon implication sur les élections législatives et les européennes, c’était essentiellement pour atteindre la parité homme/femme nécessaire. Le Parti pirate, à l’image de la communauté informatique, est une communauté très masculine ! Comme il y a des obligations de parité, je m’étais un peu proposée pour compléter les listes sans, pour autant, vouloir trop m’impliquer pour ces élections-là.
Frédéric Couchet : Par exemple, tu n’as pas fait de porte-à-porte ou des choses comme ça ?
Cécilia Bossard : Non.
Frédéric Couchet : Je sais que sur Paris des opérations étaient faites. Pour toi, c’était plutôt le côté parité parce qu’il y a une obligation légale.
Cécilia Bossard : Je suis allée coller des affiches, mais je ne suis pas allée beaucoup plus loin. Par contre, localement, je vais peut-être effectivement m’impliquer pour les prochaines municipales, printemps 2026.
Frédéric Couchet : Cool. Je vois aussi, tu en parles de temps en temps sur ton compte Mastodon, que tu as une activité d’apicultrice. C’est une passion pour les abeilles ? C’est pour sortir au grand air de temps en temps ? C’est pourquoi ?
Cécilia Bossard : Un peu les deux. J’ai eu un petit moment de surmenage au travail, activités et autres, et mon médecin m’avait conseillé de faire une activité en extérieur. Ça faisait longtemps que je voulais avoir des ruches dans le jardin, je me suis dit que c’était l’occasion. Maintenant j’ai cinq ruches et je suis obligée de sortir, d’aller au soleil pour m’en occuper.
Frédéric Couchet : Une question sur le salon : est-ce que le miel est bon ?
Cécilia Bossard : Le peu que je récolte oui, mais je n’élève pas mes abeilles pour la production, je fais très peu de miel, je les laisse vivre leur vie.
Frédéric Couchet : Il reste quelques instants avant la dernière question. Avais-tu un sujet qu’on n’a pas abordé et que tu souhaitais aborder ? Sans doute ! Ou quelque chose à citer ou un événement à annoncer, je ne sais pas ?
Cécilia Bossard : Non. J’ai cité l’anniversaire de Duchess au mois de mai, comme ça c’est bon.
Frédéric Couchet : Au mois de mai, à Paris, on l’annoncera sans faute. La question finale, qui est un petit peu différente des questions finales habituelles dans Libre à vous !, qui est spécifique au Parcours libriste : as-tu envie de partager quelque chose qui t’a émerveillée ou fait du bien dernièrement ?
Cécilia Bossard : En fait, ça va faire un peu de redite par rapport à mon activité d’apicultrice. L’arrivée du printemps m’émerveille toujours autant quand je revois l’activité dans les ruches. Ça me fait vraiment beaucoup de bien de voir que, malgré tout, la nature continue et j’espère que ça va durer. C’est hyper-reposant de regarder les abeilles travailler pendant qu’on est en pause.
Frédéric Couchet : Je crois que l’arrivée du printemps fait du bien à plein de gens. À titre personnel, il y a une glycine dans mon jardin et ça nous met en joie quand la glycine est en fleur.
Une question que je n’avais pas vue, je vais la relayer vu qu’il nous reste un petit peu de temps. Sur le salon, on te demande quel est ton logiciel préféré. On n’a même pas précisé « libre », tu peux même citer un logiciel non libre. Je ne sais pas si tu as un logiciel préféré ou un outil quelconque préféré.
Cécilia Bossard : Cet hiver, j’ai découvert un peu mieux Inskape. J’ai investi dans une brodeuse, une machine à coudre et à broder, j’avais besoin de transférer mes motifs, du coup, j’ai appris à utiliser Inkscape et franchement ! C’est un logiciel de manipulation d’images. J’ai appris à faire plein de choses et je n’imaginais même pas que c’était possible. Quand je vois que les logiciels propriétaires, pour gérer les brodeuses, coûtent 5 000 euros et qu’un logiciel libre fait aussi bien si ce n’est mieux.
Frédéric Couchet : C’est un logiciel très puissant. Dans un autre domaine, je le cite, il y a Blender qui fait de la création d’images, qui a notamment été utilisé entièrement pour faire un film qui a récemment eu un oscar en animation, qui s’appelle Flow, qui est magnifique. Il y a effectivement des logiciels libres dans des domaines où on ne s’attendrait pas forcément une telle qualité. Tu viens de citer Inkscape.
Cécilia, à moins que tu aies quelque chose que tu souhaites rajouter, est-ce que tu veux rajouter quelque chose ou c’est bon pour toi ?
Cécilia Bossard : C’est tout bon pour moi.
Frédéric Couchet : OK. Juste une petite question : tu viendras pour les 15 ans des Duchess à Paris ou pas ?
Cécilia Bossard : Oui, je serai là !
Frédéric Couchet : Cool ! Alors on va réserver des places !
C’était le Parcours libriste de Cécilia Bossard, qui est développeuse libriste, consultante senior chez Shodo Nantes. Sur le site libreavous.org/244, il y a les liens vers Duchess France, vers Shodo Nantes et on ajoutera les liens qui manquent éventuellement.
Merci Cécilia. C’était un plaisir de t’avoir et je te souhaite une belle fin de journée.
Cécilia Bossard : Merci. À bientôt.
Frédéric Couchet : À bientôt.
On va faire une pause musicale
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Pour la pause musicale, on va continuer avec ce groupe, The Freak Fandango Orchestra. On va écouter Balban beats. On se retrouve dans quatre minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Balban beats par The Freak Fandango Orchestra.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Balban beats par The Freak Fandango Orchestra, disponible sous licence libre Creative Commons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA 3.0.
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Frédéric Couchet : Nous allons passer au sujet suivant.
Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi - Le vote électronique, rediffusion d’une chronique diffusée le 22 mars 2022. Chronique écrite par Marie-Odile et lue par Laure-Élise Déniel
Frédéric Couchet : Les choix, voire les coups de cœur de Marie-Odile Morandi qui met en valeur deux ou trois transcriptions dont elle conseille la lecture, c’est la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, animatrice du groupe Transcriptions. La chronique est écrite par Marie-Odile et mise en voix par Laure-Élise Déniel, bénévole à l’April.
La chronique du jour est une rediffusion sur le thème du vote électronique. On se retrouve en direct dans huit minutes.
[Virgule sonore]
Marie-Odile Morandi - Voix de Laure-Élise Déniel : En période électorale, il semble opportun de lire ou, si vous ne l‘avez pas déjà fait, de relire trois transcriptions qui traitent du vote électronique.
« Le vote électronique. En quoi le logiciel libre n’est pas la solution ? », est une conférence proposée en novembre 2011 par Benoît Sibaud, qui a été président de l’April et a participé à la rédaction du texte détaillant la position de l’association sur le sujet ;
« Le vote électronique et ses enjeux » était une table ronde menée par Jean-Marc Manach en novembre 2014 dans la fameuse émission 14h42 ;
et tout récemment, le 25 janvier, madame Chantal Enguehard, directrice de recherche à l’Observatoire du vote, organisme qui publie des rapports et particulièrement après chaque élection politique en France depuis 2007, a été reçue dans l’édition 129 de l’émission Libre à vous !. Elle s’est entretenue avec Étienne Gonnu et François Poulain, trésorier de l’April et membre de la société Cliss XXI.
Vous trouverez tous les liens sur la page concernant l’émission d’aujourd’hui, sur le site libreavous.org.
Voter est un acte qu’il nous est demandé d’accomplir dès le collège, voire dès l’école élémentaire. Pour élire le représentant de la classe, pour faire des choix collectifs, quoi de plus rapide que voter ? Les étudiants votent, les adultes votent aux élections institutionnelles – européennes, législatives, régionales, municipales, la présidentielle – sans oublier les élections professionnelles, les élections au sein d’une association et les référendums. Voter est donc un acte fréquent.
Les divers modes classiques de scrutin sont rappelés : la main levée, le vote par courrier postal et le vote avec bulletin papier.
Deux types de scrutins sont souvent regroupés sous le nom de vote électronique : le vote par ordinateur, installé dans un bureau de vote, et les scrutins par Internet via un navigateur.
Organiser un vote n‘est pas une mince affaire. Tout doit être prêt à temps. Se posent des questions de coût, mais aussi tous les problèmes intrinsèques liés à la diversité de la population qui doit voter.
Les intervenants s’accordent pour affirmer que la tentation de fraude est toujours présente, même dans les associations du Libre !, que des erreurs sont possibles à différents niveaux. Une codification pour encadrer les opérations classiques de vote a été mise au point au cours des années.
En 2014, le bureau politique de l’UMP, renommé ensuite Les Républicains, décide de passer au vote par Internet, présenté comme une arme contre la triche, afin d’élire son président. Dans l’émission 14h42, Anne Levade, présidente de la Haute autorité de l’UMP en charge du contrôle de ce vote, détaille la façon dont il a été organisé et les déboires auxquels il a fallu faire face : une attaque par déni de service – d’innombrables connexions en très peu de temps rendant les serveurs inaccessibles –, les problèmes de codes permettant aux adhérents d’être identifiés, sans oublier les failles de sécurité dont un expert affirme, a posteriori, qu’elles n’ont pas été exploitées. Laissons les auditeurs et auditrices découvrir les difficultés en cascade que les organisateurs de ce vote ont dû affronter et qui sont exposées de façon sincère dans l’émission.
Roberto Di Cosmo, présent à cette table ronde, de même que François Poulain le 25 janvier de cette année, rappellent que sans aucune formation, dans le cas de bulletins papier, quiconque présent dans un bureau de vote, même un enfant, en suivant ce qui se passe autour de l’urne transparente, est capable de comprendre et de se rendre compte que les bulletins qui sont comptés le soir, lors du dépouillement, sont exactement les mêmes que ceux qui ont été mis en place par les électeurs.
Sont rappelées les caractéristiques d’un vote démocratique – liberté de vote, secret du vote donc sincérité, anonymat, acceptabilité du résultat et de sa légitimité, et la transparence – qui doivent être respectées et traduites techniquement dans le cas du vote électronique.
Roberto Di Cosmo note que dans l’histoire de l’évolution technologique les personnes qui poussent à l’utilisation d’une nouvelle technologie sont celles qui la développent, alors que là ce sont les professionnels de l’informatique, ceux qui connaissent, qui freinent. Et pourquoi freinent-ils ?
Les explications de madame Enguehard sont éclairantes.
D’abord, affirme-t-elle, il n’y a pas d’urne, il y a la représentation électronique d’une urne et il est impossible de savoir si celle-ci est vide au départ, puisque, dit-elle, la mémoire d’un ordinateur c’est toujours plein ! Ensuite, de façon très imagée, elle décrit ce qui se passe : la personne fait un geste, par exemple appuie sur un bouton. Ce geste donne une petite impulsion électrique qui est transformée en un codage informatique. Ce codage informatique est transformé à plusieurs reprises et, à la fin, les résultats électoraux sont proclamés. Aucune de ces transformations n’est observable, il est impossible d’expliquer quoi que ce soit, il n’y a aucune transparence ! Son ton est ironique : comment croire les affirmations d’experts qui ne voient rien ! Leur rôle est symbolique. Il y a eu transposition de ce qui se fait pour le vote papier, sauf qu’en informatique on parle de machines, de logiciels, de codes sources. Les bugs sont intrinsèques donc partout, les virus s’infiltrent ! Une grande opacité ! Une boîte noire !
De plus, quand on agit à distance, n’y a-t-il pas finalement une sorte d’infantilisation des citoyens et des citoyennes qui sont alors un peu dépossédés de cet acte politique de décision collective. Le vote électronique invisibilise un certain nombre d’atteintes possibles à l’anonymat, au secret du vote, à la sincérité des élections.
Quels seraient les apports du logiciel libre sur le vote électronique ou par Internet ? Les avantages du logiciel libre sont rappelés : l’accès au code source qui amène transparence donc plus de confiance ; la revue par les pairs, la correction rapide des bugs, amélioration de la sécurité ; la mutualisation du développement du même logiciel donc indépendance des vendeurs. Cependant, le logiciel libre ne rend pas le scrutin électronique plus facile à expliquer ; la dématérialisation est toujours là. Les problèmes sont inhérents au fonctionnement de l’informatique, que ce soit libre ou pas n’y change rien. Avoir du logiciel libre, et même du matériel ouvert, n’est pas un critère suffisant pour offrir une élection satisfaisante par rapport à nos critères actuels de fonctionnement démocratique.
Les outils de vote peuvent s’avérer intéressants et avoir du sens dans certains cas, par exemple pour les Français de l’Étranger, pour les membres d’une association. François Poulain développe l’exemple de l’April. Voter en ligne permet aux membres qui sont maintenant répartis sur quasiment tous les continents de s’exprimer. La société Cliss XXI a donc développé le logiciel GvoT. Elle se pose en tiers de confiance en expliquant aux organismes qui font appel à ses services quelles sont les limites d’un tel vote, que les garanties sont moindres, donc qu’une réflexion doit être engagée pour définir le niveau de risque accepté ainsi que les bases sur lesquelles déléguer sa confiance.
Quand l’enjeu est fort, pour des élections d’envergure comme celles de députés ou du président, ce genre d’outil n’est pas souhaitable, n’est pas acceptable, voire inimaginable. Dans les autres cas on pourra envisager le vote électronique, certes utile et pratique, en fonction des contraintes et des moyens du moment. Toute la difficulté réside dans le fait d’évaluer l’enjeu.
Il n’y a donc pas de réponse universelle à cette thématique. Il faut expliquer aux citoyens la problématique avec tous les arguments et, suite à débat, leur demander ce à quoi ils acceptent de renoncer, donc quelle solution mettre en place. C’est l’appropriation par chacun et chacune, par notre personnel législatif, de tous les enjeux qui gravitent autour du vote, et du vote électronique, qui nous fera progresser collectivement.
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Frédéric Couchet : Nous sommes de retour en direct. Nous avons écouté une rediffusion d’une chronique de Marie-Odile Morandi, mise en voix par Laure-Élise Déniel, sur le thème du vote électronique.
Nous approchons de la fin de l’émission. Nous allons terminer par quelques annonces.
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Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre
Frédéric Couchet : La semaine prochaine ma collègue Isabella Vanni, actuellement à la régie de l’émission, sera, en compagnie de Bookynette, la présidente de l’April, à MiXit, une conférence autour de la tech, de la technologie, l’éthique et aussi avec des crêpes, donc mardi 29 avril 2025 à Lyon sur le thème « Mieux inclure la diversité de genre dans le monde du Libre ça passe aussi par la radio ». Je suppose qu’il sera évidemment question de Libre à vous !.
Un atelier de gestion d’associations, de membres et de compta avec Paheko, samedi 26 avril 2025 de 9 heures 30 à 12 heures à Beauvais et également disponible en visio. On a d’ailleurs reçu récemment Paheko dans l’émission Libre à vous ! du mardi 4 février 2025, le podcast et la transcription sont disponibles.
Je précise que les liens concernant toutes les références que je cite actuellement sont sur la page consacrée à l’émission du jour, sur le site libreavous.org/244.
Un nouvel épisode de Share Alike, la série documentaire sur les licences libres et la création, est publié en ligne chaque lundi jusqu’au 19 mai 2025. Dans le prochain épisode, lundi 28 avril, l’interview de Gee, auteur, dessinateur, créateur de jeux vidéo, illustrateur et célèbre chroniqueur dans Libre à vous !, ainsi qu’Aurélien Catin auteur, membre du collectif La Buse et de l’association Réseau Salariat.
Vous pouvez aussi écouter ou réécouter l’interview de Tristan Duval et Pablo Albandea, du collectif Lent ciné qui a créé la série Share Alike, dans l’émission Libre à vous ! du 8 avril 2025.
Il y aura également une projection de Share Alike, mercredi 30 avril 2025, de 19 heures à 23, à Lille.
Comme chaque premier samedi du mois, il y aura le Premier Samedi du Libre samedi 3 mai 2025 de 14 heures à 18 heures au Carrefour numérique2 de la Cité des sciences et de l’industrie à Paris. Venez aider ou vous faire aider à installer et paramétrer des logiciels libres et toute distribution GNU/Linux ou Android avec les nombreuses associations présentes.
Du côté de la radio, Cause Commune vous propose, comme chaque premier vendredi du mois, un rendez-vous convivial à partir de 19 heures 30, dans les locaux de la radio, au 22 rue Bernard Dimey dans le 18e arrondissement. Le prochain aura lieu le vendredi 2 mai 2025, donc réunion d’équipe ouverte au public avec apéro participatif. Occasion de découvrir le studio, de rencontrer les personnes qui animent les émissions. Je serai présent et je pense que d’autres personnes, peut-être de Libre à vous ! ou d’autres émissions, seront présentes.
Je vous invite à consulter le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org, pour trouver des éléments en lien avec les logiciels libres ou la culture libre près de chez vous.
Vous entendez la musique de générique.
Notre émission donc se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission du jour : Julie Chaumard, Salomé Yahia-Cherif, Cécilia Bossard, Marie-Odile Morandi, Laure-Élise Déniel.
Aux manettes de la régie aujourd’hui, Isabella Vanni.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang 1, Julien Osman, bénévoles à l’April, Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci également aux personnes qui découpent les podcasts complets des émissions en podcasts individuels par sujet : Quentin Gibeaux, Théocrite et Tunui, bénévoles à l’April.
Vous retrouverez sur notre site web libreavous.org/244, toutes les références utiles de l’émission de ce jour, ainsi que sur le site de la radio causecommune.fm.
N’hésitez pas à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et également à faire connaître la radio Cause Commune, la voix des possibles.
La prochaine émission aura lieu en direct mardi mars 29 avril 2025 à 15 heures 30. Notre sujet principal sera Un café libre, un débat autour de l’actualité du logiciel libre et des libertés informatiques. Le débat sera animé par Étienne Gonnu.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 29 avril et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.