Dégooglisons Internet - P-Y Gosset - TV5Monde

Titre :
Framasoft : Dégooglisons Internet !
Intervenants :
Pierre-Yves Gosset, délégué général Framasoft - Xavier Lambrechts, journaliste
Lieu :
TV5Monde - Le Monde en français
Date :
janvier 2018
Durée :
4 min 50
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Licence de la transcription :
Verbatim
transcription réalisée par nos soins.Les positions exprimées sont celles des intervenants et ne rejoignent pas forcément celles de l’April.

Description

Les GAFAM rêvent d’un internet privatif, fermé, centralisateur et espionnant… Une main basse sur la Toile qui n’est pas au goût de tous comme nous l’explique notre invité, Pierre-Yves Gosset, délégué général de Framasoft. Y a -t-il des solutions alternatives à la « privatisation » d’Internet ?

Transcription

Xavier Lambrechts : Google a aujourd’hui un quasi monopole sur Internet. Y a-t-il des solutions alternatives ? On en parle maintenant avec l’invité de la Une francophone. Bonjour Pierre-Yves Gosset.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Bonjour.
Xavier Lambrechts : Vous êtes le patron, le délégué général, je ne sais pas comment on dit.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Le délégué général.
Xavier Lambrechts : Le délégué général de l’association Framasoft [1]. On dit souvent aujourd’hui que ceux qu’on appelle les GAFAM c’est-à-dire Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, sont devenus les maîtres du monde et que vous avez comme envie, j’allais dire, de Dégoogliser le monde [2]. C’est ça ?
Bonjour Pierre-Yves Gosset : En tout cas, on s’y essaye. Il s’agit de proposer des alternatives qui soient libres, éthiques, décentralisées et solidaires aux produits, justement, de ces entreprises qui sont devenues aujourd’hui les cinq plus grosses capitalisations boursières mondiales.
Xavier Lambrechts : On peut dire que ces groupes, surtout Google et Amazon et Facebook d’ailleurs, collectent, traitent, revendent des données qui sont des données personnelles. D’une certaine manière on peut parler d’une privatisation de l’Internet ?
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Oui. En tout cas privatisation, presque colonisation petit à petit puisque la puissance financière de ces entreprises leur permet de racheter les start-ups qu’elles souhaitent ou qu’elles trouvent intéressantes et, du coup, ça pose forcément des problèmes quant à l’innovation. Ce sont des entreprises extrêmement innovantes, mais qui décident et qui impulsent la direction d’Internet aujourd’hui.
Xavier Lambrechts : Vous voulez proposer une alternative.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Tout à fait.
Xavier Lambrechts : Vous parlez de logiciel libre, notamment.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Oui.
Xavier Lambrechts : Qu’est-ce que c’est un logiciel libre ?
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Pour résumer, on pourrait dire que c’est un logiciel sans OGM ; on sait ce qu’il y a dedans c’est-à-dire que le code source, la recette du logiciel, est accessible et qu’on vous permet non seulement de l’utiliser ce logiciel mais aussi de le modifier, de le partager, de l’adapter à vos besoins. Et donc c’est du logiciel qui répond non pas à un marché mais qui répond aux besoins de l’utilisateur ou de l’utilisatrice.
Xavier Lambrechts : Ce logiciel j’imagine qu’il doit se financer. Comment est-ce que les logiciels libres se financent ?
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Il y a plein de modèles différents. Ce qui est sûr c’est que ce n’est pas le modèle de la rente, classique, où lorsqu’on télécharge le logiciel on va payer l’éditeur. C’est plutôt, on va payer sous forme de services ou, dans notre cas, puisque nous nous sommes une association loi 1901, on fait appel aux dons.
Xavier Lambrechts : Vous garantissez aussi le respect de la vie privée puisque c’est un point essentiel, évidemment, d’Internet.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Tout à fait. Dans nos engagements nous, dans nos conditions générales d’utilisation, vous savez ces grands textes absolument impossibles à lire normalement lorsqu’on adhère à un de ces services, nous précisons effectivement que nous ne faisons aucune exploitation des données personnelles de l’utilisateur notamment à des fins commerciales.
Xavier Lambrechts : Proposer une alternative à Google, à Amazon, à Apple, est-ce que ce n’est pas, quelque part, un combat perdu d’avance ? Est-ce que vous n’êtes pas un peu naïfs ?
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Si, si, bien sûr ! En tout cas on est utopiques, mais ce qui est assez beau c’est que l’utopie ce n’est pas quelque chose qui n’existe pas ; c’est quelque chose qui n’est en aucun lieu et Internet est typiquement la définition de ce qui n’est en aucun lieu.
Xavier Lambrechts : Vous proposez donc cette alternative logiciels libres, mais aussi toute une série de nouveaux services [3]. On va en citer un quelques-uns. Framasite, par exemple, qu’est-ce que ça permet de faire ?
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Ça permet de créer des sites très facilement. Par exemple vous aviez déjà des alternatives proposées par Google ou par Yahoo mais qui sont pleines de publicité et qui vous enferment. Nous, on essaye de proposer des alternatives qui ne vous enferment pas.
Xavier Lambrechts : Donc si on veut, comment dire ?
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Créer un site.
Xavier Lambrechts : Créer son propre site ou un blog.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Voilà. Vous êtes boulanger, plombière ou que sais-je, vous pouvez créer un site.
Xavier Lambrechts : Il y a Framameet aussi. Ça j’imagine que c’est pour les rencontres, les réunions.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Exactement. C’est une alternative à MeetUp qui sera développée durant le courant de l’année 2018.
Xavier Lambrechts : Un truc aussi qui est très intéressant, c’est Framatube. C’est le concurrent direct de YouTube.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Exactement. Ça c’est un logiciel qui est en cours de développement. On a fait un appel aux dons à nos utilisateurs et utilisatrices de façon à ce qu’ils puissent financer le développeur qu’on fait travailler sur ce projet-là. La particularité de Framatube, qui repose sur un logiciel libre qui s’appelle PeerTube, est de fonctionner de façon décentralisée et fédérée. Décentralisée ça veut dire que chacun peut l’installer chez soi et fédérée ça veut dire que chaque site qui héberge des vidéos peut donner accès aux vidéos d’autres sites s’il le souhaite.
Xavier Lambrechts : Et vous garantissez j’allais dire la sécurité de tous ces nouveaux outils parce qu’évidemment la sécurité c’est essentiel sur Internet.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Comme on fonctionne de façon décentralisée, nous nous garantissons la sécurité de notre site, mais chaque personne ou chaque structure qui va vouloir installer le logiciel pourra et devra elle, garantir la sécurité de son propre système.
Xavier Lambrechts : J’ai vu que vous aviez aussi l’ambition de devenir une plateforme pour réunir des développeurs de logiciels libres.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Tout à fait. C’est un des problèmes du logiciel libre, c’est structurellement peu organisé puisque c’est un développement assez organique et donc il s’agit, à un moment donné, de faire un petit peu le pôle emploi du logiciel libre pour que chacun puisse trouver les logiciels sur lesquels il souhaitera contribuer.
Xavier Lambrechts : Un dernier mot, Framasoft pour l’instant c’est une association française.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Tout à fait.
Xavier Lambrechts : Vous allez vous développer à l’international ?
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Il y a des volontés aujourd’hui de créer des équivalents de Framasoft en Belgique, en Allemagne, en Suisse et en Espagne ; maintenant on en est encore loin. On s’occupe déjà de la francophonie puisqu’on a des amis au Québec, en Suisse, en belgique.
Xavier Lambrechts : On vous réinvitera pour en parler.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Volontiers.
Xavier Lambrechts : Merci Pierre-Yves Gosset.
Bonjour Pierre-Yves Gosset : Je vous en prie.

Références

Avertissement : Transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant⋅e⋅s mais rendant le discours fluide. Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l'April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.