- Titre :
- Défendre le libre par une lutte sectorielle : l’exemple de la déficience visuelle
- Intervenant :
- Jean-Philippe MENGUAL
- Lieu :
- Rencontres Mondiales du Logiciel Libre
- Date :
- Juillet 2017
- Durée :
- 19 min
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- Licence de la transcription :
- Verbatim
Description
Envoyer le logiciel libre face aux grands majors du logiciel privateur est une lutte presque impossible : puissance marketing des majors, qualité design inférieure, même des millions d’euros peuvent ne pas suffire.
Mais défendre une approche par secteur, comme l’a fait Framasoft, semble plus appropriée. Encore faut-il définir le secteur, ce qui le traverse (sociologiquement, psychologiquement, politiquement). C’est le moyen le plus sûr de développer un discours et une démarche adaptée, de déterminer les profils recherchés en matière de ressources bénévoles ou salariales, etc.
Ainsi, la promotion du libre auprès des déficients visuels, en action depuis 2004, a atteint un plafond de verre. Pourquoi ? Comment changer les choses ? C’est cette nouvelle approche, fruit de 2 ans de travail intensif, que cette conférence se propose de présenter.
Transcription
Bonjour à tous. Merci d’être là.
Donc aujourd’hui on va effectivement essayer de se demander si le déploiement du logiciel libre, son développement et la défense en faveur du logiciel libre, surtout dans le grand public et au niveau du poste de travail, ne pourraient pas avoir une vraie chance à partir de ce que j’appelle une lutte sectorielle, c’est-à-dire pour faire un effet viral en partant d’un petit groupe de personnes potentiellement concernées pour ensuite arriver à généraliser, petit à petit, par cercles, pour finir par en faire une tendance plus globale.
Pour introduire ce propos, je pense qu’on peut effectivement partir du constat, qui me paraît assez consensuel, que l’une des difficultés du Libre aujourd’hui c’est qu’il lutte contre des mastodontes, évidemment, en matière d’informatique grand public, avec une puissance tout à fait considérable et une vraie difficulté à pénétrer, par définition, l’informatique des utilisateurs lambda, pour des raisons à la fois techniques, qui sont objectives, explicables, effectivement liées à l’interopérabilité, liées peut-être au design, liées à des petites choses comme ça ; mais aussi, et peut-être surtout, parce que dès qu’un effort est fait il est immédiatement anéanti par des politiques tout à fait de dumping, pratiquées par des grands groupes. En 2010, par exemple, il y avait des machines qui étaient sorties avec GNU/Linux en système d’exploitation pré-installé et ces machines avaient été immédiatement concurrencées par des machines quasiment gratuites, avec des systèmes Windows à l’intérieur ; donc évidemment, le modèle n’a pas vraiment fonctionné ! Pour d’autres raisons aussi, mais évidemment, on voit bien la puissance de frappe d’une firme qui est capable de faire de la vente à perte en toute illégalité face à des gens qui essayent d’innover un petit peu et de créer des alternatives.
Je pense que la lutte économique, en pratique, elle n’est pas très réaliste, puisqu’on parle de milliardaires d’euros et multimilliardaires, face à des millionnaires en euros. Et donc, c’est assez peu réaliste de dire qu’on va gagner par la lutte économique. Par contre, par la lutte idéologique on peut se dire qu’on peut aller plus loin, mais on voit bien le temps que ça prend. Il suffit de voir un petit peu l’évolution des différents événements libristes, des gens qui y participent et l’impact de la prise de conscience du public en matière d’informatique pour comprendre que la lutte idéologique, là-dessus, sera assez longue.
Et la question qui se pose dès lors, c’est est-ce qu’on peut tenter une approche par secteurs pour créer un mouvement plus viral et un mouvement qui, par cercles concentriques, atteindra son objectif ?
Le secteur que je vais prendre ici pour illustrer c’est le secteur de l’accessibilité, on verra pourquoi, mais on est face à des gens qui, potentiellement, peuvent en avoir un bénéfice immédiat, alternatif à ce qui peut se faire dans les technologies propriétaires. Et, par définition, ce secteur peut, lui, commencer à s’équiper avec un intérêt immédiatement perceptible, pour ensuite se généraliser à autre chose.
Il y a déjà, en fait, dans l’informatique, une répartition sectorielle, mais dont le potentiel est négligé. Pourquoi il y a une répartition sectorielle ? Parce que, quand on y réfléchit, Windows et Mac sont déjà conçus pour un « secteur » entre guillemets. Puisqu’en fait, quand on y réfléchit, ils sont conçus pour à peu près couvrir 75 % des usages. À peu près ! Ce qui veut dire implicitement que ces 75 % qui sont, en fait, ceux qui fonctionnent à l’intuitif, qui arrivent à se débrouiller, les jeunes cadres dynamiques, on va dire, qui réussissent ; ceux qui aiment aussi le flashy, le produit fini, qui aiment aussi des choses qui clignotent un peu partout, des gens comme ça, et qui sont capables de s’adapter plus ou moins, en grognant un peu, mais qui sont capables de s’adapter aux différentes mises à jour permanentes, aux ergonomies nouvelles, parce que c’est neuf — ce n’est pas forcément mieux — mais c’est neuf, donc c’est bien ! Donc ce public-là, qui représente à peu près 75 % des usages, je dis bien des usages et pas forcément des usagers, déjà, voilà, ce public-là peut être facilement attiré, et on le voit, par Windows et par Mac, sans aller jusqu’aux Apple addicts où là on est encore sur autre chose, mais on voit bien que ce public-là est déjà finalement assez cadré.
Et puis, en face on, a, pour tous les autres, c’est-à-dire les 25 % d’usages restants, qui concerne quand même une part de la population non négligeable, pour ces gens-là on a des modèles qui existent, évidemment marginaux, mais pas forcément non plus négligeables, qui sont d’ordre spécialisé et qui conçoivent des technologies malheureusement qui, du coup, ont le problème d’être enfermantes. Je pense, par exemple, à des logiciels qui permettent à des personnes âgées d’accéder à l’informatique et qui sont, par exemple, des surcouches, des logiciels qu’on installe dans Windows, qui absorbent la couche de complexité d’un système d’exploitation comme Windows et qui le simplifient pour faire en sorte que la personne, pour ouvrir ses mails tape 1, pour ouvrir son Word tape 2, etc.
Même chose dans d’autres écosystèmes. Ordissimo [1], par exemple ou Ordimemo [2], sont des ordinateurs dédiés, pour ces personnes, de façon à ce qu’elles aient un accès facilité à l’informatique.
Et le Libre, quant à lui, il se construit autour d’une pensée alternative et, évidemment, un peu plus marginale, mais pourtant qui existe aussi d’un point de vue sectoriel, encore une fois. C’est-à-dire que cette dimension segmentée existe déjà.
Ceux qui vont dans le Libre aujourd’hui, c’est qui ? Des gens qui ont une certaine prise de conscience de l’importance de la protection des données ; de l’importance de la maîtrise de ses programmes informatiques. Bon ! Là aussi, il faut le dire, d’un point de vue un peu sociologique, c’est une population assez marquée à gauche et une population assez attirée par l’informatique, soit ce qu’on pourrait appeler les geeks, carrément, soit des gens plutôt attirés par le réseau et qui le font de façon un peu plus professionnalisée. Bon ! Là encore, quand on y réfléchit, il y a déjà une approche sectorielle. C’est-à-dire que le Libre a déjà, un peu, son public. Mac et Windows ont leur public et les publics en marge de tout ça ont d’autres systèmes qui leur sont dédiés, mais qui sont enfermants et qui ne leur permettent pas de progresser pour aller vers quelque chose de plus standard.
On remarque, par contre là c’est beaucoup plus intéressant, que dans le Libre, des personnes pourraient y adhérer pour des raisons de valeurs, pour des raisons idéologiques. Objectivement, je pense qu’entre la pensée du logiciel libre telle qu’elle est vécue dans le partage, dans l’horizontalité comme on peut le faire dans des distributions comme Debian ou des choses comme cela, des gens comme des gens du Parti communiste par exemple, d’extrême gauche, ou des gens plus à tendance écologiste pour le coup, pourraient adhérer au Libre et pourtant, eux n’y adhérent pas. Par contre, du coup, eux se lancent dans un autre phénomène qui est la techno-phobie c’est-à-dire qu’ils finissent par dire la techno c’est le mal du monde et on finit par dire il y trop de techno, trop de déshumanisation trop de, trop de, et ils ne vont pas vers le Libre. Ce qui montre bien, là encore, que c’est tout à fait paradoxal parce que ces gens-là, pour le coup, pourraient tout à fait être les premiers acteurs du Libre, en réalité.
À la fête de l’Humanité, on y va régulièrement en septembre sur Paris, on voit bien que ce n’est pas complètement simple et ça pose aussi un certain nombre de questions au regard de tout ce qu’on vient de dire.
Le résultat on le connaît. C’est que GNU/Linux couvre aujourd’hui entre 1 et 2 % du grand public. Les solutions spécialisées, comme Ordissimo, aujourd’hui, elles revendiquent 70 000 utilisateurs. Bon ! Et puis l’inclusion, aujourd’hui, reste quand même partielle puisque, en 2011, un rapport du Conseil d’analyse stratégique montrait qu’il y avait une véritable fracture, des fossés numériques, c’était le titre du rapport, et il identifiait une fracture importante qui était ce qu’il appelle la fracture secondaire. C’est-à-dire qu’aujourd’hui ce n’est plus un problème de celui qui a ou n’a pas d’ordinateur, mais c’est celui qui le maîtrise ou qui ne le maîtrise pas. Et ça, ça crée une claire fracture numérique aujourd’hui dans nos sociétés qui était tout à fait vraie en 2011, à laquelle on tente de remédier par des médiations numériques et autres choses de cette nature, mais à l’arrivée, en fait, on se rend compte très rapidement que cette fracture, bien qu’en diminution, elle existe encore.
Et surtout, cette segmentation est un symptôme de cette nouvelle fracture.
Alors comment faire ? Et c’est là où on arrive au modèle que je propose. De mon point de vue, un modèle plus structuré pourrait conduire, précisément, à un effet beaucoup plus important, un effet viral beaucoup plus important. Le potentiel est réel, en réalité.
Le logiciel libre est la seule technologie et ça je pense qu’on n’est pas en difficulté pour le dire, c’est la seule technologie qui techniquement est suffisamment souple pour s’adapter à l’ensemble des situations existantes dans l’humanité.
On est capables aujourd’hui, grâce au logiciel libre, que la personne soit aveugle, qu’elle soit malvoyante, qu’elle soit albinos, qu’elle soit je n’en sais rien moi, qu’elle ait un handicap moteur, on est capables aujourd’hui, techniquement, d’adapter un logiciel. Pourquoi ? Parce que comme il est partagé, n’importe qui, qui autour de lui a identifié un usage que le concepteur d’origine du logiciel n’a pas créé, ou un besoin ergonomique particulier, peut créer. C’est-à-dire que n’importe qui aujourd’hui peut, en toute hypothèse, en tout cas techniquement parlant et s’il en a les compétences, créer un thème, un style, une ergonomie, une manière d’interagir. Bref, n’importe qui, grâce au logiciel libre, peut faire ça. Ce qui est rigoureusement impossible, évidemment, avec des systèmes privateurs puisqu’on est enfermé dans la logique du concepteur. Le système libre peut atteindre cette logique virale.
Idéologiquement, c’est la même chose. Puisque très concrètement, un logiciel libre il a quand même en soi une idée de partage, une idée de mise en commun d’un certain nombre de choses et cela a une conséquence pratique très nette qui est la gratuité. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire deux choses. Premièrement c’est qu’idéologiquement, évidemment, on est plus sensible à l’autre et à la différence. Et deuxièmement c’est que, comme il y a une gratuité qui est induite souvent par le fait que c’est partagé, même si ce n’est pas une des valeurs des licences libres, mais c’est souvent une conséquence pratique, ce partage il permet quoi ? Il permet de créer des choses qui vont autour du logiciel. C’est-à-dire que comme on n’a pas eu besoin de payer le logiciel, on peut faire payer à côté le service, qui est basé sur l’accompagnement et la formation, et immédiatement on crée quelque chose de différent. C’est-à-dire qu’au lieu que la personne se retrouve seule face à son logiciel et qu’elle n’y arrive pas, eh bien c’est précisément grâce au logiciel libre qu’elle va pouvoir se retrouver avec ce qu’il lui faut pour adopter un numérique standard.
Pour faire très simple, aujourd’hui, quand on est sur un logiciel libre, on peut tout à fait l’utiliser de manière standard même si on a niveau désastreux en informatique, pour autant qu’on soit accompagné. Et comme il ne faut pas payer le logiciel proprement dit et qu’on peut se concentrer sur le paiement de l’humain qui accompagne la personne, immédiatement ça peut et l’inclure dans le numérique, dans le standard globalement, et passer par le logiciel libre. Et le logiciel libre a ce rôle-là, peut commencer par couvrir ces populations qui ont un fort besoin de capital humain pour arriver à quelque chose qui soit, précisément, de nature à le développer plus largement.
Mais évidemment, pour que ça puisse se réaliser, il faut que le mouvement communautaire réussisse à s’organiser pour ça. D’abord en favorisant au maximum ce qu’on pourrait appeler l’universalité. Plus les communautés du Libre vont empêcher, volontairement ou pas – on l’a vu hier à l’occasion d’une autre conférence, évidemment que ce n’est pas nécessairement volontaire mais enfin, il y a quand même des logiques incitatives – plus elles vont inciter les utilisateurs, on va dire intermédiaires, à être capables d’adapter l’interface, s’approprier une interface, plus ça deviendra universel, plus il y aura une opportunité d’être accessible et plus on arrivera à adapter des choses, et à s’adapter à une variété de public importante et démarrer, du coup, par des secteurs plus vastes. Par exemple aujourd’hui, dans Debian, tous les bureaux voient leurs fonctionnalités d’accessibilité activées par défaut. Ce qui permet potentiellement, le jour où toutes les technologies réussiront à accéder à tous les bureaux, ça leur permettra de se mettre en place pour que ça fonctionne. Pareil pour les bureaux comme MATE [3]. D’autres bureaux, au contraire, ont choisi une approche où, pour le rendre plus flexible et donc l’adapter à des situations un peu plus marginales, il faut s’y connaître de manière beaucoup plus poussée en informatique. Soit ! Mais du coup, évidemment, ça limite beaucoup la portée de cette flexibilité qui est indispensable à ce grand public.
Et puis, l’autre aspect, c’est que l’accessibilité au cœur des projets permettra, du coup, de développer nécessairement des logiciels où la question technique ne se pose plus et ne se posera alors plus que la question humaine. Et là, ça va permettre encore de développer, pour un secteur donné, tout un ensemble de choses qui permettront de le rendre sensible au numérique libre. Et ensuite, on sait comment ça marche ces phénomènes-là. Quand les personnes sont sur du numérique et que les voyants regardent ça, par exemple si ce sont des aveugles et qu’ils regardent ça et qu’ils se rendent compte que ce n’est pas si difficile que ça, tout de suite ça les tente d’y passer et l’effet viral est entamé.
Les communautés, ici, ont un rôle. Pourquoi ? Parce que, eh bien évidemment, ce sont quand même les projets qui fixent les deadlines pour leur développement ; ce sont aussi elles qui font des processus pour tester que, quand ils font du développement, ils ne créent pas de régression en matière d’accessibilité. Et ce sont elles qui, aussi, peuvent promouvoir le respect des standards.
C’est quoi l’idée ici ? C’est que le jour où le Libre aura techniquement intégré cette dimension universaliste, cette dimension « on se met à la disposition de tous pour être le plus flexible possible et pour laisser chaque situation se mettre en place », ça permettra à ceux qui en font la promotion et qui ne sont pas techniciens de l’adapter à des situations tout à fait hétérogènes et, du coup, de créer, à partir de ces situations, un mouvement potentiellement viral.
J’ai la conviction ainsi que si, par exemple, on arrive aujourd’hui à développer un logiciel libre qui soit techniquement parfaitement accessible aux déficients visuels ; que ces déficients visuels ainsi l’adoptent, notamment parce que autour de cette population pourra se mettre en place une économie ou une communauté qui pourra accompagner, former, sans se préoccuper plus simplement d’accessibilité technique, mais de l’appropriation humaine pour ces populations qui, aujourd’hui, doivent s’enfermer dans des technologies spécialisées ; si on arrive à mettre ça en place, ces gens vont bientôt promouvoir le message avec leur entourage, parce qu’on sait très bien que ces populations, souvent, accèdent au numérique par leur entourage, et leur entourage, ensuite, pourra se dire mais finalement c’est simple, c’est faisable et c’est standard, et il pourra aussi l’adopter. Et l’effet viral pourra ainsi commencer à jouer son effet.
En conclusion, je dirai que le monde du numérique traverse, à mon avis, une phase extrêmement importante avec une crise, disons-le quand même, une crise importante de liberté : énormément de verrous sur le matériel ; les enjeux des données sont considérables. Si bien que si rien n’est fait aujourd’hui pour que le Libre s’impose enfin au grand public de manière claire, ce qui risque de se produire, à terme, c’est que la seule façon de se libérer d’un État qui devient de plus en plus orwellien, ça pourrait bien être la fin, tout simplement, du numérique. Stallman l’a dit il n’y a pas longtemps d’ailleurs : « On pourrait tout à fait s’amener, brusquement, vers la fin d’une société numérique. »
La seule solution qui, à mon sens, permettra précisément un peu de sauver le numérique c’est le Libre, très clairement. Mais pour que le Libre puisse remplir pleinement ce rôle, eh bien il lui faut, à travers ses projets leaders, évidemment, parce qu’on ne peut pas demander à chaque petit projet où il y a une ou deux personnes de se lancer dans une démarche comme ça et d’autant que leur influence, quoique importante, elle sera un peu moins importante que si ce sont des énormes projets comme Mozilla ou LibreOffice qui se lancent là-dedans. Mais si Mozilla se lance là-dedans, dans un soutien clair à l’ensemble de l’écosystème libre, avec une véritable stratégie grand public, eh bien alors le Libre pourra de nouveau trouver, sans doute, sa place et remettre le numérique au cœur de la société, en lui donnant un peu plus d’humain, tout simplement. Et c’est indispensable parce que c’est aujourd’hui ce qui manque principalement au logiciel libre, ce qui lui manque pour atteindre les secteurs qui en auraient le plus besoin et qui, du coup, empêche l’effet viral de se mettre en place.
Et l’avantage il est où ? Il est que ça permettrait d’atteindre les plus nécessiteux, donc par exemple les handicapés ; que techniquement on soit tranquille de ce point de vue-là ; et ça permet de créer des modèles économiques viables, un Libre associé au service, et sur cette base-là, évidemment, à partir du moment où on sait que c’est un modèle qui devient transférable, à partir du moment où les choses se passent d’un cercle à l’autre, là encore grâce à la philosophie du logiciel libre, on arrive à créer un effet viral. Et c’est en trois phases qu’on arrivera probablement à faire ça et, tout d’un coup, on va peut-être se rendre compte que les stratégies globales ont un peu moins de succès, Canonical en est un bon exemple, et que si on passe par une approche virale, tout simplement, ça peut fonctionner.
Et s’il est trop divers pour que chacun s’en soucie, j’insiste pour dire qu’il y a des projets leaders qui, très franchement, pourraient s’en soucier. Alors OK, les fondations qui portent ces projets disent : « C’est du Libre », donc c’est chacun qui peut se lancer là-dedans. Oui ! Mais enfin, à un moment donné, quand on sait qu’il y a des projets qui aujourd’hui codent essentiellement pour Windows alors qu’ils pourraient très bien, un petit peu, reprioriser notamment pour GNU/Linux certains de leurs développements, je pense qu’on pourrait se poser quelques questions et relancer la machine.
Voilà. S’il y a des questions n’hésitez surtout pas et puis des commentaires aussi, c’est un modèle que j’essaie de proposer, « théorique » entre guillemets, mais évidemment la mise en pratique est intéressante à discuter ensemble donc n’hésitez surtout pas. Merci.
[Applaudissements]