Léo Pereira : Il y a un autre sujet sur l’écologie. On entend souvent des pratiques qui sont mises en avant pour essayer, chacun, de réduire son empreinte carbone, on entend souvent que c’est une bonne chose de supprimer les mails, par exemple, de sa boîte mail. C’est vrai ou ce n’est pas vrai ?
Pierre Beyssac : Non, les mails non, on va la faire courte, c’est vider l’océan à la petite cuillère. On peut le faire, on se fait plaisir, on se dit qu’on a fait quelque chose pour la planète, mais, en fait, pas vraiment. Ce n’est pas la peine de se casser la tête avec ça. Après, on peut dire que pour des questions d’hygiène mentale ou tout ce que tu veux, c’est bien de ranger son bureau, c’est bien de ranger sa boîte mail, pour des questions d’organisation personnelle, c’est très bien, mais ça ne vaut pas le coup. Ou alors, si on a reçu un mail énorme qui prend une trop de place sur le disque, pourquoi pas, mais ça ne va pas changer les choses pour la planète.
Léo Pereira : As-tu des chiffres pour donner une comparaison ?
Pierre Beyssac : Pour donner une comparaison, je n’ai pas apporté de matériel, je suis désolé, il faut déjà savoir qu’il n’y a rien de magique dans les serveurs de courrier électronique qui sont utilisés par les entreprises ou par les grosses compagnies comme Google, en fait, ces serveurs sont très similaires à un PC de bureau. L’industrie de fabrication de ces matériels-là est ultra standardisée et, à peu de choses près, les composants, les processeurs sont quasiment les mêmes ou les mêmes que ceux que tu trouves dans ton PC, chez toi ; les disques durs sont à peu près les mêmes ; les barrettes mémoires sont les mêmes ; tout est relativement similaire. Dans un serveur, tu vas peut-être mettre des choses d’un petit peu meilleure qualité, pour réduire les pannes, mais c’est extrêmement comparable. Un disque dur que tu as chez toi consomme comme une ampoule basse consommation, ça consomme 5/6 watts et ça peut stocker les mails de toute ma vie. À certaines époques, on faisait beaucoup moins de mails qu’aujourd’hui et on avait beaucoup moins de gros documents, mais toute ma vie en mails tient 45 gigaoctets. Un disque dur d’aujourd’hui stocke 100 fois ça, facile, donc pour 5 watts, en fait, j’ai la vie de 100 personnes, comme moi, en mails, qui est stockable et en ligne, juste le disque, je n’ai pas compté le serveur. Normalement, les gens qui gèrent des systèmes de stockage ne vont pas mettre un disque par serveur, donc, il va y avoir des systèmes de stockage spécialisés, avec beaucoup de disques. En gros, l’usage que j’ai au niveau mail tient en beaucoup moins de 5 watts, c’est une consommation électrique infime quand on accumule ça entre serveurs, qu’on mutualise au maximum.
Le serveur lui-même va consommer un peu plus. Chez moi, j’ai un NAS [Network Attached Storage], j’ai mesuré, il consomme 60 watts, c’est donc comme une ampoule ancienne mode, les ampoules à incandescence, ce n’est pas négligeable, mais ce n’est pas colossal non plus. Un serveur d’entreprise, s’il atteint les 200 watts, c’est vraiment la fin du monde ! Aujourd’hui, on a des machines tellement puissantes, en fait, qu’un ordinateur qu’on a sur son bureau, ou même un téléphone, a la capacité d’un serveur de mails d’il y a 20 ans et il peut faire la même chose.
Ce qui coûte cher dans le mail, aujourd’hui, c’est l’anti-spam, donc traiter les spams, essayer de les identifier et de les trier, ça peut être un peu coûteux, et les antivirus ; ce sont des traitements un peu complexes. La transmission des mails en elle-même ce n’est rien, c’est vraiment quelque chose de très peu coûteux. Donc, n’importe quel PC de bureau d’aujourd’hui pourrait traiter les mails d’une entreprise de taille moyenne, il n’y a pas de souci avec ça, ce sont vraiment des impacts assez faibles.
Il faut voir aussi qu’il y a tout un tas d’impacts qui sont variables suivant les équipements et les logiciels qu’on utilise.
Une anecdote circulait au début d’Internet, au semi-début, quand Microsoft a commencé à entrer dans le jeu, ils ont racheté un fournisseur qui s’appelait Hotmail, qui tournait sous des Unix libres et Microsoft a voulu mettre Windows à la place. L’anecdote de source interne, de gens qui ont travaillé là-bas, dit que comme ils ont remplacé le système d’exploitation et que Windows était beaucoup moins bien conçu pour gérer le courrier électronique, ils ont dû multiplier par trois le nombre de serveurs. À service égal, ils ont triplé le nombre de serveurs.
On voit donc qu’il y a tout un tas de choses très difficiles à calculer, mais à la fin, même mal utilisé, un PC de bureau basique peut gérer énormément de mails. À la fin, même si on a un impact là-dessus, il est il est relativement faible et il n’y a pas de quoi s’affoler.
On a eu le même genre de discussion sur le streaming. D’ailleurs, il y a des erreurs d’analyse sur le streaming qui a été comparé à un four électrique, le visionnage streaming comparé à la consommation d’un four électrique. Tout ce qui chauffe consomme énormément d’électricité, c’est de l’énergie quasiment pure. De manière intuitive, on peut inverser la chose : c’est-à-dire que quand tu utilises un ordinateur ou un équipement numérique en général, l’énergie qu’il consomme ressort directement en chaleur, il n’y a pas d’énergie pour le calcul proprement dit. Le calcul provoque de la chaleur parce que ça fait fonctionner des transistors, des résistances, des circuits électriques en fait, mais, à la fin, ça donne de l’effet Joule, donc de la chaleur. Si ton ordinateur consomme 50 watts, ça veut dire, en fait, que tu as un radiateur qui fait 50 watts chez toi, donc, en hiver, tu peux te chauffer avec ça et, en hiver, tu y gagnes ; ce n’est pas la peine d’éteindre ton ordinateur si tu as un radiateur électrique à côté, tu ne gagneras rien, tu n’économiseras aucun courant, le radiateur va compenser l’absence de l’ordinateur en le chauffant un peu plus. Si tu te chauffes au gaz, c’est encore mieux, ça veut dire que tu vas avoir du chauffage électrique qui sera moins carboné.
Il faut relativiser tout ça. Qu’est-ce qu’on peut dire aussi sur le courrier électronique ?
Y a-t-il une différence entre regarder une vidéo en 4 K ou en 720p ?
Léo Pereira : Là, tu parlais aussi de streaming, de vidéo. Par exemple, est-ce que ça change quelque chose de regarder une vidéo sur YouTube en 4 K, par rapport à regarder une vidéo en 1080p ou en 720p ?
Pierre Beyssac : Ça va changer un petit peu, surtout sur ton terminal.
La taille de ton écran a de l’importance. Par exemple, si tu regardes sur un téléviseur, les très gros téléviseurs ça peut consommer 200 watts, en fait c’est l’éclairage de l’écran qui consomme le plus : plus ton écran est grand, plus il faut l’éclairer, donc plus il faut d’énergie pour l’éclairer. Ton téléphone va consommer très peu : pour ton téléphone, l’éclairage va être de 1 ou 2 watts, donc 100 fois moins qu’un téléviseur, en gros. Maintenant, il y a des téléviseurs intermédiaires, il y a aussi eu beaucoup de progrès sur les téléviseurs. J’ai mesuré mon téléviseur, il fait 80 watts, ce qui est con c’est que quand je le mets en veille, il consomme encore 15 watts. Il y a encore des optimisations à faire sur les mises en veille des équipements.
Le coup des chargeurs de téléphone qu’on laisse branchés la nuit, c’est terminé, il n’y a plus de chargeurs qui consomment beaucoup à vide, de ce côté-là.
Léo Pereira : En veille, combien dirais-tu pour un chargeur de téléphone qui est branché ?
Pierre Beyssac : Maintenant, c’est inférieur à un dixième de watt, au pire un demi watt. Là c’est pareil, tu peux sentir s’il chauffe. Tu peux sentir sur ton chargeur que si ton téléphone est complètement vide et que tu le charges à fond, ton chargeur de téléphone va souvent chauffer un peu. C’est d’ailleurs là que tu peux différencier un bon chargeur d’un mauvais chargeur : le bon chargeur va moins chauffer. C’est de l’énergie qui est perdue dans le chargeur et qui ne sert pas à charger ton téléphone. Après, il y a des histoires de surface de dissipation : à énergie équivalente, plus un objet est petit pour diffuser une certaine énergie et plus il va être chaud. Il y a des compromis à faire là-dessus, mais, en gros, tu peux voir que si ton chargeur est débranché, il ne va pas chauffer, en général, par contre s’il charge ton téléphone pleine balle, il va être sensiblement chaud au toucher, ça ne sera pas brûlant, en fait ce sera légèrement tiède. Ce n’est pas une énergie colossale, mais tu vois qu’il y a un peu de pertes dans les équipements et ce sont des choses que les électroniciens essayent de réduire.
Pourquoi est-ce difficile d’évaluer l’impact carbone d’un datacenter ?
Léo Pereira : OK. Tout à l’heure, tu parlais des datacenters. Le problème, la grosse consommation en énergie dans le numérique vient des datacenters ou elle vient de quoi ?
Pierre Beyssac : On estime que les datacenters représentent environ 25 %, je crois, c’est variable parce que c’est compliqué à évaluer.
Les datacenters d’aujourd’hui sont très efficaces, ils concentrent énormément d’équipements. Pourquoi en est-on là ? C’est parce que, comme on l’expliquait tout à l’heure, il y a une facilité dans les datacenters : on amène des liaisons fibres en masse dans les datacenters. Tu poses ton serveur dans un datacenter, en claquant des doigts, tu as 10 opérateurs majeurs, pour pas cher, qui viennent te vendre du trafic.
Autrefois, on faisait tirer des liaisons haut débit vers des datacenters d’entreprises qui, souvent, étaient des datacenters opérés de manière moins efficace. Ces petits datacenters ont tendance à disparaître avec le cloud et les gens vont migrer leur système soit dans des datacenters mutualisés, on appelle ça de la colocation, même dans des services où ils ne gèrent même plus le serveur, donc chez des hébergeurs de machines ou chez des gros fournisseurs de cloud. Ça peut être plus efficace. Du coup, ça donne des impressions de concentration colossale d’énergie et de moyens, qui sont réels, mais il faut voir, derrière, le nombre de personnes servies. Il y a des millions de personnes derrière, d’utilisateurs comme nous, qui utilisent ces services-là. Il faut donc faire la balance entre la concentration apparente, qui est réelle, et le nombre d’utilisateurs apparents qui est beaucoup plus difficile à évaluer. Dans un datacenter en colocation, le gérant loue des espaces de racks, des armoires pour installer des serveurs, il sait combien d’électricité va être consommée, mais il ne sait pas du tout ce qui se passe sur les serveurs, il ne sait même pas quel est le trafic qui a été diffusé : tu vas avoir 10 opérateurs avec des liaisons privées, tu ne peux pas savoir quel est le trafic qui est généré par ça, c’est quasiment impossible, et tu peux encore moins savoir à quoi servent les équipements. Donc, c’est très difficile d’avoir des chiffres là-dessus. On peut voir le chiffre agrégé, on sait que le datacenter consomme x mégawatts d’énergie, c’est similaire à un TGV en pleine puissance, c’est de la grosse consommation quand même, mais ce n’est pas non plus énorme. Un TGV en pleine puissance transporte des gens, consomme aussi de l’énergie et c’est un service utile.
Quels gestes adopter pour faire réellement attention à sa consommation ?
Léo Pereira : OK. Du coup, qu’est-ce que tu pourrais recommander pour une personne lambda qui ne connait pas trop, qui n’est pas trop renseignée sur tous ces sujets, mais qui veut faire attention à sa consommation en énergie ?
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Pierre Beyssac : Je dirais surtout qu’il faut faire attention à sa consommation en matériel. En France, l’urgence environnementale actuelle, principale, c’est de décarboner, d’émettre le moins possible, de réduire l’impact carbone, donc le CO2 qu’on émet, qui se retrouve dans l’atmosphère, qui provoque du réchauffement climatique. En France, on a de l’énergie peu carbonée, on ne peut pas faire beaucoup mieux que ce qu’on fait, on est l’un des pays les meilleurs au monde en matière d’énergie décarbonée, grâce, notamment, au nucléaire, un peu à l’hydroélectricité. Il y a donc deux crans.
Déjà, le numérique n’utilise pas tant d’énergie que ça, il utilise à peu près, je crois, 10 % de l’électricité en France et l’électricité contribue pour 12 % au carbone émis en France. Ça veut dire que le numérique participe pour 1,2 %, en gros, au CO2 émis en France par l’énergie, donc transport, chauffage, voiture, bâtiments, etc. Je ne dis pas qu’il ne faut pas faire d’efforts dans le numérique au niveau des économies de consommation, mais ce n’est pas le sujet majeur à mettre en avant.
Donc, côté consommation en France, ce n’est pas le plus brûlant pour nous, par contre, il faut faire attention au renouvellement du matériel, parce que le matériel est coûteux à produire, il utilise des ressources qui ne sont pas forcément disponibles en quantités illimitées, certains matériaux dans les téléphones, notamment pour les écrans, les capteurs d’accélération, des choses comme ça, il y a ce qu’on appelle des terres rares, des métaux qui peuvent coûter assez cher à extraire, pour en avoir un gramme tu vas devoir avoir une mine et tu vas devoir trier des centaines de kilos, voire des tonnes de terre, donc ça peut avoir un impact assez élevé sur des mines.
Léo Pereira : Et, en plus de ça, c’est tout le fonctionnement de cette mine.
Pierre Beyssac : Voilà ! Il y a le fonctionnement de la mine. Après, il y a aussi des mines de charbon à ciel ouvert en Allemagne pour faire de l’électricité ! Je ne dis pas que les mines c’est bien, il faut faire attention, mais il faut relativiser, là aussi, les impacts. Des choses sont plus mises en avant que d’autres et pas forcément à bon escient.
Il faut donc essayer de garder son matériel le plus longtemps, essayer de le faire réparer quand on peut, alors ce n’est pas évident ! J’ai un téléphone qui a presque cinq ans, l’écran est fêlé, ça marche encore, la batterie est mourante, j’aimerais bien la faire changer, mais ça va me coûter pratiquement aussi cher qu’un téléphone neuf de la même gamme. Il y a une aide d’État, maintenant, pour baisser le coût de réparation, ce qui favorise quand même la réparation, il y a une aide de 25 euros, je crois, suivant la nature de la réparation, mais c’est quand même bien d’essayer d’utiliser ses équipements le plus longtemps possible et ne pas jeter un équipement qui peut encore servir.
Les opérateurs de télécoms le font parce que les gros équipements de télécoms types routeurs ont une bonne durée de vie. Ce sont des équipements très modulaires, donc, une fois que ton équipement est insuffisant en capacité pour ton cœur de réseau, là où il y a le plus de trafic, tu peux le mettre un peu plus loin, au bord, tu le mets vers des zones du réseau moins chargées, parce que le réseau n’est pas chargé de manière uniforme. C’est comme la téléphonie mobile, il y a eu les grands débats sur la 5G, la 5G c’était fait pour désaturer le réseau dans les zones très denses, comme en ville où, là, tu ne peux pas installer plus d’antennes 4G, en plus les riverains ne sont pas forcément d’accord pour qu’on installe des antennes sur leur immeuble, donc, arrive le moment où tu as topé les capacités de la 4G, donc tu mets de la 5G sur des endroits bien choisis, localisés, et tu ne vas pas la mettre en campagne. Par contre, l’équipement 4G que tu démontes en ville, tu peux aller le mettre dans une région en campagne, où sa capacité est suffisante. On peut faire pareil, une entreprise peut faire pareil, déplacer ses serveurs, recycler ses PC.
Il faut organiser des circuits de recyclage sur les ordinateurs, je sais que ce n’est pas évident parce que, effectivement, il y a un renouvellement du matériel. Pour mon activité, j’avais acheté des serveurs d’occasion, il y a dix ans, je les ai usés jusqu’à la corde. Ce sont des serveurs, ce n’est pas le truc qu’on met sur un bureau, ce n’est pas d’une utilisation fantastique, ça n’a pas une capacité de recyclage n’importe où, disons, et, quand j’ai voulu les donner, ça n’intéressait personne, parce que le truc était complètement dépassé au point de vue capacité, donc ce n’est pas évident.
On peut récupérer des composants. Quand on a des PC, notamment de bureau, des PC persos, comme l’architecture PC est super modulaire, donc on peut changer la carte graphique, quand on en a marre de son ancienne parce qu’elle ne va pas assez vite ou qu’elle est en panne, on peut changer son écran, on peut changer la RAM. Parfois, typiquement, on a des PC qui se mettent à ramer, il y a deux choses faciles à faire sur un PC : on change des barrettes de RAM pour mettre plus de mémoire, ça a un effet immédiat. La mémoire vive d’un PC, c’est ce qui fait le fonctionnement rapide, primaire, disons, si on la double, on va aussitôt constater une accélération, parce que toutes les lectures disques vont être stockées en mémoire pendant l’utilisation et on va pouvoir faire démarrer plus de logiciels en même temps, donc on va directement avoir un meilleur fonctionnement de son PC, on va lui donner un petit coup de jeune rien qu’avec ça.
Une autre chose qui marche super bien c’est de changer les disques durs, les vieux disques durs qu’on avait, les disques durs mécaniques, par des disques durs statiques, les Solid-State Drives, les SSD. Il y a deux modèles : il y a les disques au format un petit ancien, type plaquette, ce sont les SSD SATA, ça va déjà beaucoup plus vite qu’un disque statique et, en plus, ça fait moins de bruit, ça doit probablement consommer moins d’énergie, donc c’est win-win, si ton vieux disque est lent. En plus, les disques mécaniques ont tendance à tomber plus en panne, donc ça accélère aussi ton PC, il va être plus silencieux quand il va démarrer, il va démarrer plus vite, c’est vachement cool.
Maintenant tu as les barrettes de disque NVMe [NVM Express], c’est la dernière génération, que tu peux installer directement sur les cartes mères récentes, ça ne prend aucune place et ça va encore plus vite, donc ça aussi, pour rénover un PC ancien, c’est génial.
Il faut vraiment profiter au maximum de l’architecture PC. Il faut se trouver un bon magasin de réparation, parce que tout le monde ne peut pas faire ça, c’est quand même un peu technique. Ce n’est pas ultra compliqué, on apprend ça assez vite et il y a des tutoriaux sur YouTube, mais ce n’est pas forcément donné à tout le monde de bricoler son PC comme ça. Il y a des magasins de réparation qui peuvent t’aider, te donner des conseils pour éviter d’avoir à changer ton PC à tout bout de champ.
Léo Pereira : C’est ce que font les acteurs du marché du reconditionné, au final.
Pierre Beyssac : Oui. Reconditionner des PC, je ne sais pas si ça se fait beaucoup ; sur les téléphones ça se fait, oui. Sur les téléphones, la même idée apparaît. Le problème des téléphones, c’est que tu as intérêt à avoir des téléphones non démontables, parce que ça coûte moins cher à fabriquer, donc moins cher à vendre. D’une certaine façon, ça réduit l’impact environnemental, par contre c’est beaucoup plus compliqué à réparer soi-même ; tu veux changer la batterie, tu galères il y a des tutoriaux sur YouTube. Je l’ai fait une ou deux fois pour mes téléphones, il faut avoir le cœur bien accroché quand tu n’as pas l’habitude, même quand tu as l’habitude de bricoler, tu peux briser l’écran en faisant ça, ce n’est pas donné à tout le monde.
Maintenant tu as des téléphones qui vont coûter un petit peu plus cher parce qu’ils ont un peu plus de connecteurs, etc., comme le Fairphone [2]. Ils sont un peu modulaires comme un PC, donc c’est pareil : tu veux changer tel élément du truc parce qu’il est en panne, tu changes juste le petit module qui va bien. Ça peut coûter un peu cher, mais le téléphone est beaucoup plus facile à démonter, c’est beaucoup plus accessible à tout le monde.
La modularité n’est pas forcément la panacée, parce que, à la fabrication, ça donne des équipements un peu plus complexes, on va avoir des connecteurs en plus, là où on n’en aurait pas dans un système non modulaire, donc on va avoir une complexité supplémentaire, c’est un peu plus coûteux, mais, sur le long terme, ça peut être vraiment bénéfique.