Stratégie du numérique pour l’éducation : quels apprentissages ? Quelles suites ? Educatech

Stéphane Trainel : Bienvenue pour cette troisième conférence sur la stratégie. C’est un rendez-vous qui s’installe maintenant chaque année, à Educatech. On a un autre rendez-vous annuel, qui est également assez important pour nous, à la direction et au ministère, c’est le colloque du numérique pour l’éducation, qu’on organise en juillet, qui rassemble aussi l’ensemble des acteurs, donc des moments qui rythment l’année. On a donc le plaisir aujourd’hui de regarder la stratégie et puis de se projeter sur les prochaines étapes.
Aujourd’hui, cette troisième conférence s’installe dans la continuité. On a le plaisir d’accueillir nos quatre intervenants de l’an dernier, ce qui permettra d’avoir une continuité dans les propos et de continuer à se projeter. Nous sommes également en continuité parce qu’on a notre stratégie [1], ce document, j’allais dire unique, sur lequel, certes, on travaille encore et qu’on met à jour, mais ça fait partie de la continuité des travaux. On aura quand même, pour cette conférence, une petite variation, à peu près au milieu de la conférence, qui permettra d’échanger et de vous présenter, de manière assez concrète, deux exemples, deux projets d’initiatives qui sont en cours. Et puis on gardera un petit temps, évidemment, en fin de table ronde, pour prendre quelques questions dans la salle.
Sans plus tarder, je vous propose d’accueillir nos quatre intervenants, et je propose qu’ils se présentent en 30 secondes.

Mylène Ramm : Bonjour, Mylène Ramm, association AVICCA [Association des Villes et Collectivités pour les Communications électroniques et l’Audiovisuel] [2]. L’AVICCA est une association de collectivités territoriales, présidée par le sénateur Patrick Chaize. L’objectif de l’association est de faire échanger les collectivités territoriales entre elles. Notre cœur de métier, c’est le déploiement des réseaux de fibre optique. Je suis chargée de mission numérique pour l’éducation au sein de cette association.

Audran Le Baron : Audran Le Baron, je suis le directeur du numérique pour l’éducation. La DNE [3] est à la fois la DSI [Direction des systèmes d’information] du ministère de l’Éducation nationale et également la direction qui a en charge le développement du numérique éducatif, c’est-à-dire le numérique dans la classe, pour aider la pédagogie, ce en lien avec l’ensemble des partenaires, dont un certain nombre sont ici représentés.

Orianne Ledroit : Bonjour à tous. Orianne Ledroit, je suis la déléguée générale de EdTech France [4]. EdTech France est l’association de la filière EdTech, qui regroupe aujourd’hui plus de 400 entreprises françaises, qui utilisent les technologies pour l’éducation et la formation. Notre ambition, c’est de mettre le meilleur de la tech française dans les mains de nos enseignants et de nos élèves, simplement parce qu’on sait, aujourd’hui, que les technologies et les solutions EdTech ont des réponses à apporter qui sont à la fois efficaces et performantes, en matière de performance éducative et d’apprentissage de savoirs, en matière d’inclusion scolaire, en matière d’amélioration du climat scolaire, en matière de prise en compte des élèves à besoins particuliers, tout un tas de défis auxquels l’école est confrontée.

Célia Rosentraub : Bonjour. Je suis Célia Rosentraub. Je préside l’association Les Éditeurs d’Éducation [5] qui sont, en gros, les éditeurs scolaires, je représente plus de 30 marques d’éditeurs scolaires en France. Le rôle de l’association, c’est, bien sûr, de nourrir la réflexion autour de la pédagogie, notamment avec le numérique, nous travaillons d’ailleurs avec EdTech France et l’AFINEF [Association Française des Industriels du Numérique dans l’Éducation et la Formation] sur tous les sujets du numérique éducatif porté par la filière. C’est vrai que le manuel numérique est aux avant-postes de la transformation des usages depuis bien longtemps, depuis les premières expérimentations dans les années 2000.

Stéphane Trainel : Merci à tous les quatre.
Le 27 janvier 2023, on a publié la stratégie du numérique pour l’éducation [1], c’est le document qui est affiché et qui est disponible sur le site du ministère. Dans deux mois, on fêtera son anniversaire, les deux ans de la stratégie. Je souhaitais vous faire réagir, avoir votre point de vue en tant qu’entreprise de l’EdTech, collectivités territoriales, éditeurs, et puis État : quel a été, selon vous, le principal apport de cette stratégie ? On commence par Mylène.

Mylène Ramm : Merci, Stéphane.
L’un des axes de cette stratégie rappelle qu’il s’agit d’une stratégie pour une politique publique partagée. Je vous redonne juste un petit nombre : 23 % de la dépense intérieure de l’éducation provient des collectivités territoriales. Donc, c’est vrai qu’on aime bien aussi être associés au plus proche et c’est ce qui s’est passé ces deux dernières années.
Le second point, je l’ai dit en introduction, c’est une stratégie pour l’éducation. C’est une stratégie pour le numérique pour l’éducation et pas pour le numérique éducatif comme on l’entendait avant. C’est beaucoup plus global.
Ce matin, j’ai entendu quelqu’un me dire : « C’est incroyable ! Depuis deux ans, il se passe quelque chose au ministère, à la Direction du numérique éducatif ». Cette personne ne travaille pas au ministère mais qui le regarde de près. Je pense que la stratégie y est pour beaucoup : elle donne un cap général là où, avant, il n’y avait pas de coordination, ni sur les objectifs, ni sur les moyens.
En plus, en tout cas au niveau de l’État et des collectivités territoriales, une confiance s’est instaurée et cela est dû notamment aux nombreuses réunions. Autant que les objectifs, que la stratégie, les multiples réunions que l’on a permettent d’échanger au quotidien et elles ont instauré un dialogue que l’on n’avait pas avant ou, en tout cas, beaucoup moins fréquemment.
Le Covid n’y est pas pour rien, parce que l’instauration des multiples visioconférences a permis d’engager tous les acteurs en dehors de Paris qui, de ce fait, se sentent aussi beaucoup plus impliqués dans la stratégie.

Stéphane Trainel : Merci, Mylène. Orianne.

Orianne Ledroit : Ça va dans le même sens que Mylène. Je dirais que le principal résultat c’est une forme de connaissance mutuelle entre des parties prenantes qui sont d’univers différents. En tant que représentante des entreprises françaises de la EdTech, nos considérations sont spécifiques à des entreprises : avoir des perspectives financières, avoir des perspectives de marché, avoir des temps qui sont assez courts, avoir des endroits où on peut expérimenter, avoir une prise en compte des retours que nous font les utilisateurs, par exemple les enseignants ou les élèves, etc. C’est vrai que le cadre de cette stratégie aide à faire remonter un certain nombre de choses et comprendre mutuellement les enjeux à la fois des pouvoirs publics, des entreprises et des partenaires privés.
C’est encore un enjeu, je pense qu’on peut encore aller plus loin dans cette capacité à mieux s’articuler et à comprendre que, finalement, nous avons tous un intérêt collectif à réussir, y compris avec des points de vue et des positions qui sont divergentes ou différentes, mais c’est vrai que ça crée ce cadre de collaboration qui nous fait avancer. Peut-être un petit point là-dessus, pour rentrer un tout petit peu dans le détail.
Sur l’année qui vient de se passer, j’ai vu une plus grande collaboration, coopération même avec les académies, à la fois dans leur capacité à être un premier niveau d’interaction avec des EdTech, notamment les jeunes pousses. Tous les mois, de jeunes pousses arrivent chez nous, se saisissent notamment de l’IA pour les potentialités que ces technologies ont en matière de geste enseignant ou de personnalisation des savoirs. C’est vrai que le lien avec les académies s’est approfondi et il en ressort quelque chose de positif, notamment pour les jeunes pousses qui ont besoin de terrains d’expérimentation, d’un premier niveau d’interaction avec le ministère et sa représentation territoriale pour pouvoir avancer et construire les meilleures solutions possibles.

Stéphane Trainel : Merci Oriane. Célia, du point de vue des Éditeurs d’Éducation, quel apport sur tous ces travaux, sur la stratégie ?

Célia Rosentraub : Du point de vue des Éditeurs d’Éducation, ça faisait de longues années qu’on avait une demande de visibilité. Quand on est un acteur de l’éducation, si on veut innover, si on veut prévoir ses investissements, on a besoin de savoir où investir, sur quoi et dans quelle temporalité. C’est vrai que cette stratégie [1] du numérique nous donne une vision qui nous éclaire au-delà d’un mandat politique, c’est très important pour nous. Les mandats politiques se succèdent et nous avons besoin d’avoir une vision bien au-delà de ces mandats politiques.
Et puis, cette stratégie du numérique a le mérite de fixer trois intangibles qui sont très importants.
Cette stratégie, si vous la lisez bien, a été construite autour d’un mot essentiel pour nous, éditeurs scolaires, mais, je pense, pour vous aussi, qui est « liberté pédagogique », c’est un premier intangible.
Le deuxième intangible, et on n’a plus besoin de revenir dessus : chaque fois qu’il y a des plans numériques ou de que des collectivités veulent passer au numérique, on sait qu’il y a un triptyque à respecter qui est formation des enseignants, matériels, ressources ; on n’a plus à revenir dessus.
Et enfin, cette stratégie donne un cap avec des normes et des standards qui sont ouverts et qui nous aident aussi à savoir où investir dans le numérique.
Je reviens juste donc sur ce mot de « liberté pédagogique », parce que c’est important à l’heure où le numérique se déploie. La stratégie du numérique, que j’ai quand même relue parce que je ne la connais pas par cœur, dit bien, sur le plan des manuels scolaires, par exemple les manuels numériques au lycée, qu’il est important que les équipes enseignantes soient volontaires, formées pour l’adoption du numérique. C’est un point clé, on verra s’il est respecté ou pas, il n’est pas respecté partout. Si on veut que le numérique serve à quelque chose à l’école, soit bien pris en main, c’est un point très important. Ce n’est pas pour faire joli, c’est juste que c’est avec la liberté pédagogique qu’on crée de l’innovation dans les classes, qu’on est au plus près des élèves et qu’on fait réussir les élèves. C’est donc ce mot-là que je voudrais qu’on garde bien en tête.

Stéphane Trainel : Merci Célia. On reviendra peut-être sur la formation.
Audran, sur les apports de cette stratégie.

Audran Le Baron : Je vais peut-être être un peu redondant avec certaines interventions précédentes, mais ça prouve que, finalement, on partage et on converge.
Un petit retour en arrière. Quand je suis arrivé, il y a maintenant un peu plus de trois ans, à la tête de la Direction du numérique, au ministère, il y avait effectivement ce constat de l’absence de stratégie au sens de lignes directrices claires : où on va ? Quelle est la vision partagée par tout le monde ?, alors même qu’on est sur une politique publique partagée. C’était donc un manque criant, à la limite, pourquoi pas !, mais on voyait la conséquence sur les utilisateurs finaux que sont les enseignants, les élèves, également toute la communauté éducative. C’était un écosystème foisonnant avec une offre totalement illisible, où les plateformes se multiplient, les logins/mots de passe se multiplient et on ne sait plus où donner de la tête. Et, ce qui m’anime, c’est l’expérience utilisateur : à un moment donné, il faut donner un parcours qui soit clair, où l’usager puisse se repérer, sache quoi faire, etc. Si on veut prendre le problème à la racine, si on veut travailler sur l’expérience utilisateur, il faut déjà partager une vision entre l’ensemble des acteurs. C’est donc cela qui m’a fait dire « il faut qu’on travaille là-dessus », c’est un peu le point de départ.
Je me félicite tous les jours qu’on ait pu, ensemble, arriver à cette vision stratégique, parce que, quelque part, c’est un peu ce que vous disiez avant, le fait d’avoir cette vision qui est partagée, j’insiste, ce n’est pas la vision du ministère qui a écrit quelque chose un jour dans son coin et qui l’a publié sur son site, c’est une vision qui a été concertée pendant près d’un an de travaux avec l’ensemble. On a quitté les postures qu’on pouvait un peu connaître entre acteurs, on a vraiment posé les choses, posé les sujets pour les résoudre, pour partager une vision. C’est toute cette méthode-là qui a permis cette vision partagée qui fait que, désormais, on a un cap qui est extrêmement précieux, en tout cas qui m’est extrêmement précieux, mais je crois que c’est ce qui a été dit avant moi, notamment dans le cadre de relative instabilité politique, si vous voyez ce que je veux dire, de ces dernières années. Le fait d’avoir, avec nous, une vision qui n’est pas celle d’un ministre ou d’une ministre, mais qui est celle de la communauté éducative, ça oblige et ça permet de garder le cap et de continuer de travailler dans le même sens malgré une certaine instabilité.

Stéphane Trainel : Merci beaucoup, Audran.
On a donc une stratégie, on a ce fameux cap, et vous vous l’avez bien expliqué, regardons aussi, peut-être toujours dans le rétroviseur, les principaux résultats. Selon vous, quel a été le résultat emblématique des deux dernières années qui illustre la mise en œuvre de cette stratégie, ce mouvement collectif ? Mylène.

Mylène Ramm : Je ne sais pas si c’est le résultat, en tout cas c’en est un qui est assez important pour les collectivités territoriales. On a construit – on peut mettre la slide – une matrice de répartition des compétences.

Stéphane Trainel : Ce n’est pas fait pour lire, c’est pour vous montrer que ça existe.

Mylène Ramm : Cette matrice est un simple A4 qui a demandé de nombreuses réunions. Elle définit, selon la loi, qui fait quoi, qui intervient sur quoi. Elle dit aussi, lorsque la loi est muette, qui peut faire quoi, la pratique qui existe.
Ces matrices existaient déjà entre certaines académies et certaines collectivités, mais il était important de disposer d’une matrice nationale, validée et reconnue par le ministère.
On est aujourd’hui au salon Educatech, si on prend, je crois que c’est la dernière ligne, « Fourniture des manuels scolaires papier et numériques ». On lit, pour les écoles, qui doit acheter. Ce n’est pas précisé dans la loi, donc les familles, mais, dans les faits, ce sont souvent les communes et l’État. Pour les collèges, c’est l’État et cela est inscrit dans la loi. On pourrait peut-être ajouter que, dans les faits, les collectivités, les départements achètent aussi. C’est une matrice vivante comme de nombreux documents attachés à cette stratégie. Et dans les lycées d’enseignement général et technologique, la compétence n’est pas précisée dans la loi, ce sont donc les familles, mais, dans les faits, ce sont souvent les régions et parfois l’État. En tout cas, ça nous éclaire vraiment sur qui doit faire quoi et c’est assez important.
Une précision, localement et sur l’entretien du matériel, il peut y avoir des accords entre la collectivité et l’académie sur qui intervient et jusqu’où. Cette matrice est le modèle théorique, mais chacun peut avoir son interprétation locale en général en fonction de l’histoire ou des compétences que l’on a sur place ou des volontés politiques et académiques. Il peut donc y avoir des adaptations et il y a des adaptations locales, mais, au moins, on a ce cadre.
C’est important aussi pour l’élu qui peut situer sa politique par rapport à cette répartition théorique, mais aussi pour l’utilisateur, à qui on ne donne pas cette matrice mais sa déclinaison opérationnelle qui indique à qui il doit s’adresser lorsqu’il a un besoin ou un problème.

Stéphane Trainel : Merci Mylène.
Orianne, même question : un exemple emblématique de la mise en œuvre.

Orianne Ledroit : Un résultat que nous souhaitions valoriser, c’était la question de la capacité à produire de la connaissance commune sur l’utilité des EdTech, sur les leviers et les freins, aussi, que ces entreprises, que les éditeurs de solutions EdTech rencontrent. Je citerai peut-être de deux exemples sur ce résultat-là.
Le premier exemple, c’est une étude, à laquelle nous avons tous contribué autour de cette table ronde, qui a été menée, cette année, par la Banque des Territoires sur la question de la collaboration entre le public et le privé [6], notamment dans ses déclinaisons locales entre collectivités territoriales et solutions du numérique éducatif. Étude qui montre, à la fois, encore les besoins de mieux se connaître, de dessiner un certain nombre de nouvelles façons de faire pour simplifier les processus d’achat, favoriser la connaissance que les collectivités ont des solutions qui sont disponibles, qui sont portées par les entreprises françaises, etc.
Et aussi les travaux qui sont des travaux collectifs menés sur l’évaluation des dispositifs en cours — TNE [Territoires numériques éducatifs] [7], P2IA [Partenariat d’innovation et intelligence artificielle] [8] —, qui sont des dispositifs où de l’argent public qui est injecté, sur lesquels il faut que nous soyons efficaces, collectivement. Nous, EdTech, nous avons bien en tête cette exigence-là que nous nous imposons à nous-mêmes. C’est vrai que le fait de contribuer et d’agréger de la connaissance collective, de l’information collective, de la donnée aussi sur là il y a des freins, là il y a encore des blocages, là ça va mieux, pourquoi ça va mieux, etc., c’est important parce que ça doit pouvoir nous guider pour la suite, faire en sorte d’être encore plus efficaces dans les initiatives qui seront portées, en tout cas, on le souhaite.

Stéphane Trainel : Célia, un exemple emblématique également.

Célia Rosentraub : Si je devais retenir quelque chose, c’est peut-être effectivement ce que vous avez dit au début sur le partage, la concertation, le fait d’avoir une vision partagée, ce qui nous encourage aussi, au sein des éditeurs scolaires, à avoir des visions partagées sur des éléments qu’on peut partager, à savoir, par exemple, une réflexion sur les données d’usage, ce que veut dire manuels numériques. Travaillons tous ensemble sur la question des données d’usage et ce qu’on veut sortir comme données, la question des formats interopérables entre nous aussi. Cette question se pose, elle se serait posée, mais c’est vrai que là on a un cadre de travail avec la DNE qui permet qu’on accélère, qu’on aille un peu plus vite.
Et puis, typiquement dans les échanges, quand on a de grosses décisions d’investissement à prendre, je prends un exemple du groupe que je représente, mais ça illustre, à mon avis, pour beaucoup d’éditeurs scolaires : quand on doit faire des choix par exemple de solutions d’hébergement, c’est évident que pouvoir en discuter avec la DNE non pas en tant que conseil, mais dire « on va choisir un cloud souverain, on veut aller vers cette solution », pouvoir avoir ces échanges-là nous rassure et ça nous permet d’investir plus sereinement.

Stéphane Trainel : Audran. Peut-être pas facile de choisir, mais, au final, est-ce qu’il y a un sujet ou deux qui vous paraissent vraiment emblématiques également du point de vue du ministère ?

Audran Le Baron : Peut-être évoquer un sujet puisque, pour le coup, c’est vraiment la compétence du ministère, même si on n’est pas au bout de nos efforts, c’est le sujet de la formation. On a bien mis en avant, dans la stratégie du numérique pour l’éducation, le rôle essentiel que doit jouer la formation, notamment des enseignants, pour développer les usages du numérique ; on l’a pour le numérique en général, on l’a également pour l’IA en particulier. Même si c’est un process encore en cours, on peut peut-être s’arrêter deux secondes là-dessus. On veut développer à bon escient, de façon raisonnée, l’usage du numérique et, dans le numérique, de l’IA, notamment l’IA générative, dans les pratiques, également dans la transmission de compétences vers les élèves. Si on veut justement éduquer nos élèves à ces questions-là, les rendre plus compétents, leur expliquer ce qu’est cette technologie, comment la mettre en œuvre, etc., ça suppose d’abord que nos enseignants maîtrisent les principes, en tout cas aient été sensibilisés, voire en soient des acteurs, c’est-à-dire sachent utiliser cet outil, y compris dans leur métier. J’ouvre une petite parenthèse, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle on souhaite activement – et on est en discussion avec le SGPI [Secrétariat général pour l’investissement] dans le cadre de France 2030 pour ça – travailler la question de l’intelligence artificielle au service du geste enseignant, c’est-à-dire construire avec la tech française des outils qui viennent véritablement aider l’enseignant dans son travail quotidien de préparation de cours, d’évaluation, etc. On pourra mettre tous les outils du monde, il faut accompagner tout cela par de la formation, ça a été dit, le triptyque que tu évoquais, Célia, la formation est absolument indispensable et même un préalable.
On a donc commencé à travailler là-dessus, encore une fois, on n’est pas au bout de nos efforts, mais il y a des premières choses. Le dispositif Pix+ Édu [9] a été expérimenté, est maintenant déployé dans les territoires ; par dizaines de milliers, des enseignants se forment au travers du dispositif Pix+ Édu, ce n’est pas encore pas assez, mais c’est en progrès.
Sur l’aspect IA, pour le coup, un MOOC a été créé, AI4T, le Artificial Intelligence for and by teachers [10]. Il a été mis au point avec Inria Institut national de recherche en informatique et en automatique], sur la plateforme FUN, qui est un grand succès. Il faut notamment aller voir les forums de ce MOOC, puisque c’est aussi là que beaucoup de choses se disent.
On a mis en place une communauté, au sein de Magistère, qui s’appelle CREIA [Communauté de Réflexion en Éducation sur l’Intelligence Artificielle] [11], autour des pratiques utilisant l’intelligence artificielle. C’est aussi une source d’expériences qui est extrêmement précieuse, qui permet d’entrer dans la formation à ces questions-là.
Donc, par différentes voies, on progresse sur la formation, mais, je devance tout de suite les remarques, il y a encore beaucoup à faire en la matière, il faut donc qu’on continue de progresser là-dessus. Je voulais peut-être mettre un peu l’accent sur ce sujet.

Stéphane Trainel : Merci beaucoup à tous les quatre. On vous propose d’accueillir, du coup, les deux pitchs que l’on propose. On commence avec Edupilote, avec Federica et Mylène aussi.

Mylène Ramm : Je vais laisser Federica parler, je serai là, en secours.

Federica Minichiello Degroote : Bonjour à tous.
Avec Mylène, nous allons vous parler très rapidement d’Edupilote, donc, dans la stratégie, axe 1, « Un écosystème engagé au service d’une politique publique partagée ». Pourquoi Edupilote ? On en a parlé : dans la stratégie, il y avait cette idée de créer un tableau de bord partagé. Le point de départ, c’était différentes questions. Avec Mylène, nous en avons listé quelques-unes, mais on aurait pu faire une liste très longue.
Comme vous pouvez le voir derrière moi, on peut se poser plein de questionnements quand on travaille, on œuvre pour le numérique pour l’éducation, qu’on soit une collectivité, qu’on soit une région, qu’on soit un chef d’établissement, à la fois sur les compétences numériques dans les collèges qui sont dans son département. On a peut-être parfois envie de vouloir aussi se comparer, se poser des questions sur les affectations des ressources à l’établissement. Si on est chef d’établissement, on peut souhaiter avoir une vision un peu plus globale du numérique dans l’établissement, etc. Toutes ces questions-là sont, en fait, légitimes, appellent le fait de chercher des réponses dans des données qui viennent souvent de sources différentes, de systèmes d’information et de compétences réparties. Donc, malgré tout, le constat était qu’il n’est pas toujours facile d’avoir une réponse à ces questions-là, en tout cas une réponse sur tout le territoire. Localement, il peut y avoir des acteurs qui travaillent très bien ensemble qui, du coup, s’échangent des informations et arrivent à avoir des informations communes, mais ce n’est pas forcément vrai à travers tout le territoire.
On fait une intervention à deux voix, parce que c’est vraiment un travail État et collectivités ensemble. C’est le fait de créer un tableau de bord partagé. Tableau de bord, ça veut dire des indicateurs et des visualisations qui sont associées, qui portent un regard transverse sur le numérique, donc un regard à la fois sur l’équipement, sur la formation, sur les compétences, sur les usages des ressources et services numériques et, surtout, avec l’idée de pouvoir proposer une lecture qui aille du national jusqu’à l’établissement. Un détail qui n’est pas un petit détail, contrairement à des logiques qui, souvent, peuvent être dans des applications, ne pas mettre des barrières de lecture, genre, je suis un département, je vois qui est mon territoire, je suis un chef d’établissement, je vois qui est mon établissement, mais créer un tableau de bord qui permette aussi d’avoir un regard sur les autres. C’est-à-dire, si je suis un département, je peux me balader entre niveau national et régional ; si je suis un chef d’établissement, je peux regarder d’autres établissements sur le même territoire et ainsi de suite.
Pour essayer d’avancer de façon constructive, nous nous sommes quand même donné un périmètre pour commencer, c’est-à-dire le second degré, les collèges et lycées publics, avec des publics concernés par une première phase du projet, c’est-à-dire les collectivités territoriales, les académies, les chefs d’établissement et l’administration centrale. C’était donc un choix pour commencer à avancer et surtout coconstruire Edupilote.

Mylène Ramm : Ce qui est vraiment important dans ce que dit Federica, c’est qu’il y a plusieurs dimensions dans Edupilote et c’est aussi de pouvoir regarder, en tout cas en tant que collectivité, sur son propre territoire, mais aussi ce qui se passe sur le territoire d’à côté pour pouvoir se situer les uns par rapport aux autres et, éventuellement, aller voir s’il y a un modèle quelque part, pourquoi il fonctionne de telle ou telle manière, est-ce qu’il est meilleur ou moins bien, et essayer d’aller chercher des idées. C’est l’idée de cette plateforme de données ouvertes, les données, pour beaucoup, sont déjà ouvertes, mais qui, là, les rend visibles ; on n’a pas besoin d’être un spécialiste, d’aller sur open data [data.gouv.fr], même si c’est très bien d’aller télécharger les données et se retrouver avec une enclume sur son poste et ne pas savoir interpréter ces données. C’est aussi tout le travail de l’équipe qui a travaillé sur du Edupilote – je te laisserai éventuellement les citer si besoin. C’est important d’avoir des spécialistes qui ont déjà décortiqué un peu ces données, qui nous donnent des indicateurs.

Federica Minichiello Degroote : Ce travail-là se fait aussi en dialoguant avec des collectivités, en dialoguant avec des académies, des chefs d’établissement et plein d’autres acteurs, parce que l’idée c’est aussi de ne pas rester sur des à priori sur ce qui serait utile, mais bien vérifier qu’on construit quelque chose, qu’on propose des choses qui servent.
Juste un micro-exemple qui, du coup, ça fait écho à ce qui était dit, l’importance de la formation. Je fais un choix des quelques utilisations, Edupilote c’est beaucoup plus. En gros, on va choisir des années scolaires et on va regarder pendant ces années scolaires. On peut, éventuellement, aller du régional jusqu’à établissement et on va chercher des indicateurs sur la formation, les plans national et académique de formation, avec des métriques tangibles sur les journées de formation dans le numérique, les thématiques qui ressortent et, petit à petit, en travaillant, en voyant ce qui est intéressant, on complète. Par exemple, on a commencé, c’est la partie tout en haut à droite, par regarder les parcours de formation, d’autoformation dans le numérique sur Magistère. C’est comme cela qu’on essaie d’émettre des choses, on construit au fur et à mesure pour essayer de donner des indicateurs qui restent certes macros, mais qui servent.
Pour terminer, comment participer.

Mylène Ramm : Pour les collectivités, c’est un peu un deal, pardonnez-moi l’anglicisme. Pour que les collectivités puissent accéder aux données d’Edupilote, il faut qu’elles partagent leurs données d’équipement et c’est vraiment important parce qu’on est, comme l’a dit Federica et comme on l’a dit – je ne sais pas combien de fois on a prononcé le mot « partager » depuis le début cette table ronde –, sur un tableau de bord partagé. L’idée, c’est donc de tous se retrouver ensemble et de regarder, ensemble, quelles sont les données dont on dispose et qui nous permettent de mieux lire chaque territoire.
Je prends encore 30 secondes. C’est aussi important lorsque la collectivité va discuter avec chaque établissement, elle a besoin, en support, d’avoir un certain nombre de données. C’est à partir de ces données qu’elle peut discuter avec lui sur tel ou tel équipement, sur telle ou telle répartition d’équipement, sur telle ou telle ressource. C’est sur la base de ces données que chaque collectivité et EPLE [Établissement public local d’enseignement] peuvent engager un dialogue de gestion sur ce qui est le mieux pour chaque établissement. On rentre dans une finesse d’équipement, pas quelque chose de massif, je parle d’équipement ou de ressources, on est sur les deux territoires.

Federica Minichiello Degroote : On insiste beaucoup sur les collectivités, parce qu’une partie des données des équipements doivent venir des collectivités.
Cette solution Edupilote est là, c’est encore un prototype qui est en train d’être industrialisé, en tout cas, c’est quelque chose qui est en cours de construction, qui avance, qui est là, qui est tangible. Ça veut dire que toutes les structures qui sont dans les groupes de travail ont accès, peuvent le tester, qu’elles soient collectivités, chefs d’établissement, académies, et ça permet d’améliorer. Il est donc possible d’avoir un code d’accès, il est possible de tester, il est possible de faire remonter un avis en tant qu’utilisateur, par des groupes de travail.
Je termine juste, même si j’ai beaucoup parlé, on a beaucoup parlé des collectivités, académies, chefs d’établissement, et c’était cela qui était proposé au début de la stratégie, ça ne veut pas dire que ce produit-là ne va pas évoluer. Il y a des intérêts pour le monde de la recherche, il y a des intérêts pour la filière, c’est donc aussi une phase de démarrage pour réfléchir à la façon dont on pourrait avancer pour la suite. Merci beaucoup.

Stéphane Trainel : Merci Federica. Merci Mylène. Vous l’avez compris un projet qui illustre également la dynamique.
On a parlé tout à l’heure d’IA. On enchaîne avec Pierre et Axel qui vont nous parler également d’IA en éducation, avec un début de mise en mouvement. Merci à tous les deux, en mode pitch, je dis ça comme ça.

Pierre Laborde : Bonjour à tous.
Comme vous le savez, dans ce salon on parle beaucoup d’intelligence artificielle pour l’éducation, certains disent même que l’IA peut remplacer les enseignants. Non, l’IA est un outil. Le vrai artiste reste l’enseignant. On vous propose de voir comment l’IA peut encapaciter l’enseignant dans ses pratiques.
Je m’appelle Pierre Laborde, je suis président de l’AFINEF [12] et également dirigeant de Cabrilog, une EdTech de la filière, l’AFINEF étant l’autre association qui rassemble les entreprises du numérique éducatif.
Comment encapaciter les enseignants grâce à l’IA ? L’IA peut être très utile pour diversifier les approches, notamment diversifier les apprentissages pour les faire mieux coller aux besoins des élèves. Si je prends l’exemple de parcours personnalisés, on comprend comment on va pouvoir aider des élèves, qu’il s’agisse d’élèves en difficulté ou d’élèves souffrant de troubles de l’apprentissage, comment on va pouvoir adapter ces contenus.
Je suis accompagné aujourd’hui par Axel Jean, chef du bureau de soutien à l’innovation numérique à la Direction du numérique. Peut-être pourriez-vous témoigner comment, aujourd’hui, avec des solutions que vous avez pu soutenir, on arrive à encapaciter les enseignants dans leurs gestes d’enseignant.

Axel Jean : Merci beaucoup Pierre.
En effet, le terme exact est « encapaciter », c’est-à-dire que, pour le ministère, il n’y a aucune ambiguïté sur qui est l’expert pédagogique, c’est l’enseignant, mais avec des dispositifs technologiques basés uniquement sur de la science en conception, en développement et en évaluation, alors on peut renforcer la capacité de l’enseignant à mieux différencier, par exemple, à mieux suivre, à mieux évaluer à la volée, etc. Donc aucun doute pour le ministère : il y a un expert pédagogique, le professeur, et on va essayer avec des EdTech, avec des laboratoires de recherche et, naturellement, très important et au cœur de la stratégie numérique pour l’éducation, centrer sur l’utilisateur, les professeurs, nos usagers premiers au bénéfice des apprentissages des élèves, faire des retours pour constituer des services qui soient les mieux adaptés aux besoins métiers.
C’est ce que nous faisons systématiquement et clairement, dans un but d’apprentissage, mais, soyons très clairs, on dézoome un tout petit peu, l’IA est dans tous les pans de la société, c’est un fait majeur, on dit un fait systémique, c’est le chercheur Plantard qui l’indique sur le numérique, mais l’IA accélère encore ce besoin-là. L’école étant au cœur de notre société, en tout cas pour la démocratie, il y a aussi un enjeu très fort à s’acculturer, à détecter le potentiel de l’IA, ce qu’elle peut faire, ce qu’elle doit faire, ce qu’elle ne doit pas faire, et cela doit être fait et proposé aux enseignants qui restent les seuls maîtres à bord du parcours, du chemin complexe qui est l’apprentissage d’un élève.
En aucun cas, on ne vise le développement de services qui prétendraient faire la classe sans le professeur. Ça n’est pas notre notion, ça n’est pas notre volonté, ça n’est pas notre modèle de société. Et les services, vous l’avez dit rapidement, c’est une meilleure différenciation, une assistance aux professeurs pour suivre les progrès, pour travailler au bon niveau, au bon moment. On le rappelle l’effort c’est dans le temps, la zone proximale de développement, ce qui doit parler à pas mal de personnes dans le public. Donc, apprendre au bon niveau, pas trop faible sinon l’élève s’ennuie, pas trop haut sinon il ne franchit jamais la marche.
En très rapide, voilà ce que nous faisons et on le fait à travers plusieurs dispositifs. Notre directeur a évoqué les besoins de formation via AI4T, avec nos collègues européens. On a deux dispositifs essentiels : EduHub qui fait un soutien dans le cadre de petites structures associatives ou entreprises, pour développer les services basés sur de l’IA, et un autre dispositif, le Partenariat d’innovation et intelligence artificielle [8], qui permet de faire coopérer, coconstruire ensemble, forger ensemble des dispositifs avec la recherche qui a les bonnes idées, qui s’ancre profondément dans la science en didactique et sur la nature de l’IA, les enseignants qui expriment leurs besoins et qui savent exactement ce dont leurs élèves ont besoin, le troisième acteur pour réussir le passage à l’échelle, là est la difficulté, les EdTech. On a toujours vu d’excellentes idées en laboratoire, mais le passage à l’échelle ne va pas de soi, le passage du laboratoire à la classe ne va jamais de soi. On peut avoir un super prototype qui ne réunira jamais l’ensemble des attendus technologiques, tels que décrits dans la doctrine technique du ministère, en termes, par exemple, de meilleure inclusion de handicap, le RGAA [Référentiel général d’amélioration de l’accessibilité], en termes, par exemple, de RGPD [Règlement général sur la protection des données], la protection des données à caractère personnel, etc. Donc ces objets, pour un service qui soit cohérent et conforme aux attendus et à l’exigence d’excellence, qu’on met à disposition des professeurs pour que les élèves apprennent mieux, doivent être assemblés dans un budget industriel. Ça ne peut pas être le stade du prototype. Le prototype est sympathique, il est intéressant, il amorce, il explore, mais le ministère doit adresser des objets pour tous les professeurs, quelle que soit leur appétence par rapport au numérique, donc pour des grands débutants. Et faire quelque chose qui ait une bonne expérience utilisateur, ça ne va jamais de soi, c’est donc complexe et, pour cela, il faut être accompagné, je le redis, par des laboratoires de recherche en didactique, en IA, en UX [User eXperience], des professeurs qui font des retours, je vais vite, accompagnés par leurs équipes de délégation régionale académique au numérique éducatif, donc des équipes volontaires qui veulent tester des choses un peu difficiles puisque ça peut être des prototypes, qui s’itèrent à force de leurs retours, qui s’améliorent au fil de l’eau, et des EdTech qui savent comment réussir le passage à l’échelle et qui restent à l’écoute de leurs premiers usagers que sont les professeurs. Voilà le triptyque.
Audran avait été sollicité par le G7 Japon l’année scolaire dernière, qui avait demandé « comment faites-vous, en France, pour arriver à faire travailler le public et le privé ? Ça reste relativement rare. » La stratégie s’inscrit dans cette dynamique-là. Il se trouve qu’en Europe et dans le monde, il n’y a pas tant de pays qui arrivent à avoir une coopération intelligente. Elle n’est jamais parfaite, parfois il y a des frictions, parfois on n’est pas d’accord sur le timing, sur la qualité de ce qu’on délivre, etc., mais, quand on est centré sur l’utilisateur – professeurs et élèves –, on peut être assez fier de ce qu’est capable de délivrer la filière EdTech française, accompagnée par la recherche française et accompagnée, évidemment, par les acteurs sur le front de l’innovation que seront toujours les professeurs, accompagnés ensuite par une Direction du numérique pour l’éducation. En très rapide et je suis désolé s’il y a des redites avec ce qu’on a dit ce matin lors de la conférence d’ouverture.

Pierre Laborde : Merci beaucoup Axel. Recherche française ou européenne, je dirais, pour rester à l’échelle de l’Europe.
On parle beaucoup d’IA générative également. Les dernières avancées en IA générative rebattent un petit peu les cartes. On a parlé des gestes pour l’enseignant, mais ces IA génératives vont aussi nous permettre de générer dynamiquement des ressources qui vont être personnalisées et interactives, de créer des feedbacks instantanément, sur mesure, et aussi de s’adapter parfaitement aux apprentissages et aux besoins spécifiques, diversifier les apprentissages, notamment grâce à des techniques comme la synthèse multimodale, mais bon !
Forts de toutes ces évolutions très positives et du potentiel qu’apportent toutes ces IA, il y a quelque chose qui nous apparaît vraiment essentiel et, je pense, qui est partagé avec toutes les personnes autour de cette table, qui est que si on veut une IA qui serve l’éducation, il faut qu’elle soit avant tout éthique et responsable. À ce titre, à l’AFINEF [12], nous soutenons toutes les initiatives, comme le Partenariat d’innovation en intelligence artificielle [8] qui a été évoqué par Axel, qui vont renforcer la souveraineté française, mais aussi sensibiliser la communauté éducative aux avantages et aux risques liés à l’IA. Par exemple, dans les pays anglo-saxons, on parle de AI literacy : comprendre les mécanismes qui sont derrière l’IA en ayant du recul va aussi permettre à aider nos jeunes, plus tard, à maîtriser cette nouvelle technologie de rupture plutôt que la subir. Là-dessus, nous avons 15 propositions sur le numérique éducatif à l’AFINEF [12], que vous pouvez retrouver sur notre site web et qui vous donneront une vue d’ensemble de nos engagements sur ces sujets-là.
Je crois qu’il nous reste quelques secondes. J’avais d’autres questions pour Axel, mais, en fait, il a anticipé les réponses, donc merci.
Pour conclure, simplement dire que la filière EdTech s’engage vers une IA qui aide, qui contribue à une école inclusive. L’idée, c’est bien sûr que la machine soit l’alliée de l’enseignant et non un remplaçant.
Merci beaucoup.

Stéphane Trainel : Merci Pierre. Merci Axel. Vous pouvez les applaudir si vous voulez.

[Applaudissements]

Stéphane Trainel : Les applaudissements sont partagés aussi avec Federica et Mylène.
Dernière partie de la table ronde, on va faire un exercice de projection. Ça a été dit, la stratégie est un document qui est vivant, qu’on essaye par ailleurs de mettre à jour là où c’est utile. On a vu tous ces travaux, ces projets, ces initiatives qui sont en cours et qui s’inscrivent aussi dans un chemin qui va évoluer, on doit aussi être attentifs à ce qui se passe aussi tout le long des travaux.
On commence peut-être encore une fois par Mylène, selon vous quels sont les ajustements que les collectivités ont identifiés dans les six, douze prochains mois ? Que va-t-il falloir, encore une fois de manière assez symbolique, continuer à travailler ensemble ?

Mylène Ramm : Sur le fond, en fait la stratégie répond quand même dans les grandes lignes ; il y a l’arrivée de l’IA sur laquelle il faudra travailler, mais, sur le fond, on n’a pas grand-chose à redire.
En revanche, on a un sujet que je remets souvent sur la table qui est celui de la communication. Il va falloir qu’on imagine d’autres outils pour que la communication redescende sur le terrain : il faudrait une stratégie de la communication pour faire connaître la stratégie. C’est vraiment un point important. Je pense qu’il faut que nous construisions de nouveaux outils. Typiquement, on a montré tout à l’heure la matrice, on a donc construit quelques outils et, là, il faut qu’on ait des outils, un peu comme Edupilote. J’ai beaucoup d’ambition pour Edupilote, je dis toujours à Federica « on pourrait mettre ça, on pourra mettre ceci, on pourrait mettre cela », que l’on construise des outils en commun, y compris sur la communication, sur les réponses que l’on apporte, qui doivent être apportées à toutes les collectivités dans leur globalité, qu’il n’y ait pas des sons un peu dissonants, parce qu’on se demande toujours pourquoi, comment ça se passe chez toi. Pour moi, c’est vraiment un point important.
Je pensais aussi à ce qu’on pourrait mettre dans ces documents communs. Je rêve d’une espèce de timeline où on voit ce que l’État fait à ce moment-là, ce que l’académie fait, ce que l’EPLE fait, ce que la collectivité fait, qu’on sache, par exemple au mois de janvier, ce qui arrive dans l’établissement, de manière à ce que les calendriers ne se confondent pas, que la collectivité ne vienne pas embêter l’établissement alors qu’il a autre chose à faire à ce moment-là ou alors que l’État, entre guillemets, « n’arrive pas avec un nouveau projet », alors que la collectivité a déjà son propre projet en place et elle n’a pas le temps à ce moment-là.
Il y a un autre sujet. Dans la stratégie, à un moment, au tout début est indiqué, est marqué « mobiliser le numérique là où il est pertinent ». Là je me tourne vers Célia et Orianne, il faut vraiment que l’on travaille à ça, il faut qu’on identifie là où il est vraiment pertinent. Je sais qu’il y a d’autres tables rondes, qu’il y a d’autres discussions, notamment suite au rapport qui est sorti il n’y a pas très longtemps. Il faut qu’on identifie, ce qui vient d’être dit, les freins de l’appropriation. ce qu’on veut atteindre ce ne sont ni les geeks ni les réfractaires, c’est vraiment le haut de la courbe normale. C’est un gros sujet qui nous attend.
Et enfin, et c’est toujours le point de vue des collectivités : même si je sais que le ministère de l’Éducation nationale ne peut pas tout faire, on aimerait beaucoup, quand même, embarquer les parents. Ça a été fait un peu dans les TNE, on sent qu’il y a des premières avancées. Je ne demande pas non plus au ministère de l’Éducation nationale de former les parents, mais il faut aussi qu’on se coordonne mieux sur le terrain, de manière à embarquer les parents, les adultes, qui sont parfois parents, qui le sont même toute leur vie.

Stéphane Trainel : Merci Mylène. Célia, comment voyez-vous ce travail de projection du point de vue des éditeurs ?

Célia Rosentraub : J’ai trois souhaits.
Le premier. Quand j’ai entendu parler de l’IA générative, en fait, on y est. À peu près 80 % des enseignants travaillent déjà avec l’IA, ils ne sont pas en train d’attendre le xième produit qui va sortir d’un appel d’offres de l’Éducation nationale, j’en suis convaincue. Donc, le sujet, là, c’est vraiment donner dans la stratégie un cadre de confiance aux enseignants au-delà des outils, ce n’est pas le sujet. Bien sûr, qu’on va leur expliquer que ce n’est pas bien d’aller utiliser les données des élèves, oui. Ce que veulent les enseignants, c’est comprendre en quoi cette IA, ce n’est pas juste pour faire de la différenciation. Il y a plein d’opportunités avec l’IA. Ça va passer par la formation, bien sûr, mais c’est reconnecter les élèves aux savoirs, c’est enrichir leur curiosité, ce sont beaucoup de choses qui dépassent l’outil mécanique de « je vais traiter telle difficulté dans tel apprentissage. » C’est un point important et il faut vraiment se dire que l’enseignant y est déjà. Ne faisons pas un xième appel d’offres, ne faisons pas xième point là-dessus, parce que, de toute façon, nous serons dépassés ; nous sommes déjà dépassés sur ce sujet-là. C’est le premier point.
En revanche, il faut faire évoluer les outils qui nous donnent des contraintes à juste titre, comme le GAR [Gestionnaire d’Accès aux Ressources], par exemple. Du coup, évoluent-ils aussi vite que ce que va permettre l’intelligence artificielle générative ?
Un deuxième sujet. Je suis ravie de voir qu’il y a effectivement beaucoup de collectivités qui se sont emparées de cette stratégie du numérique éducatif, mais il y en a qui ne s’en sont pas emparé. Donc, certaines collectivités travaillent encore, aujourd’hui, avec des plateformes qui proposent des formats propriétaires, qui proposent des façons de faire qui sont à rebours de ce qu’explique la stratégie du numérique éducatif. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que un, ces collectivités imposent des formats et des façons de faire aux enseignants. J’ai essayé de parler de la liberté pédagogique, mais c’est à rebours d’une liberté pédagogique qui est inscrite dans le Code de l’éducation, il faut quand même le rappeler. On impose des formats propriétaires aux éditeurs. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que nous faisons double production de manuels. J’aimerais que cette stratégie, cette doctrine s’applique à tous et pas uniquement à des collectivités qui l’appliquent par bonté d’âme.
Troisième point. Pourquoi ces régions ne se sentent-elles pas obligées, finalement, d’appliquer cette stratégie et cette doctrine ? C’est parce qu’elles financent. On en a déjà discuté, mais on sait bien que si on veut que le sujet du numérique se déploie de manière organique et de manière efficace, ça doit passer par l’enseignant qui doit être doté de moyens pour pouvoir choisir les solutions qu’il souhaite, et pas que ça lui tombe du ciel par une région qui n’a pas de compétences pour ce faire.

Stéphane Trainel : Orianne.

Orianne Ledroit : J’ai un souhait, c’est que l’école fonctionne. Et sans faire injure à quiconque dans cette salle, que vous soyez enseignant, agent, personnel d’une académie, EdTech, éditeur, etc., je pense qu’en France, notre école, l’école publique, ne fonctionne pas. Elle ne fonctionne pas et le niveau des élèves baisse. Elle ne fonctionne pas parce qu’on a du mal à intégrer des élèves qui ont des profils d’apprentissage qui sont un peu spécifiques – troubles dys, troubles du neurodéveloppement, etc. Dans son rapport récent, la médiatrice de l’Éducation nationale dit que le climat scolaire se détériore et je pense que beaucoup d’enseignants, peut-être dans cette salle, le constatent au quotidien. Il manque 3000 enseignants, si ce n’est plus. Je pense qu’on peut citer encore plein d’autres exemples. On est l’école la plus reproductrice des inégalités dans l’OCDE. Je n’ai aucune naïveté et je ne pense pas que les EdTech ont toutes les solutions, que les EdTech ont des solutions miracles, ce n’est clairement pas le cas. Par contre, ce que je sais et ce que disent la recherche scientifique, un certain nombre de mesures d’impact, etc., c’est qu’elles ont une partie des réponses, sauf que, même si elles ont une partie des réponses, même si elles le prouvent dans des expérimentations, dans des cas de marché, etc., aujourd’hui elles sont plafonnées, elles ne peuvent pas aller plus loin. On parlait des TNE, du P2IA, aujourd’hui, à échéance un an, on ne sait pas ce que cala va devenir.
Nous, et je pense que je peux associer les Éditeurs d’Éducation et l’AFINEF à cette demande, qu’on fait d’ailleurs depuis très longtemps, justement pour garantir la liberté pédagogique, pour donner les moyens aux enseignants de se doter des outils dont ils ont besoin au quotidien, qu’ils sont les meilleurs à pouvoir choisir : il faut créer une cagnotte, il faut créer un compte ressources, peu importe la façon dont on l’appelle, il faut leur donner les moyens de choisir les EdTech, d’avoir connaissance de l’offre qui existe, de la tech française qui existe à leur service, à leur disposition, et qui sont conçus de manière éthique, qui remplissent les exigences qui sont fixées, à juste titre, par le ministère, qu’ils choisissent et qu’ils les mettent à disposition dans leur classe.
Les études d’impact faites par un certain nombre d’Edtech qui sont aujourd’hui sur le territoire, dans les usages des anciens, etc., montrent que ça fonctionne, ça fonctionne parfois même beaucoup mieux et c’est beaucoup moins cher qu’un certain nombre de dispositifs portés aujourd’hui par un certain nombre de ministres ou d’élus, comme le dédoublement des classes, comme plein d’autres choses. La Cour des comptes le dit, ça coûte très cher et ça rapporte peu dans l’évolution du niveau des élèves — je ne dis pas que c’est un mauvais choix, je pense que c’est très bien de mettre des enseignants en plus et des petits groupes d’élèves ; la vérité c’est que ça coûte moins cher et c’est plus efficace. Donc, à un moment donné, on peut peut-être aussi se dire qu’on va y aller.
Par ailleurs, ce que disait Çélia à juste titre : on est dans une société et dans un monde qui est numérique. L’école ne peut pas être neutre vis-à-vis de cela, ne peut pas être un sanctuaire du numérique. On a besoin de former au et par le numérique, on a besoin de mettre la puissance du numérique au service des enseignants et des élèves dans des conditions satisfaisantes, éthiques, encadrées, dans des temps courts et pas, évidemment, dans des temps trop importants.
Pour nous, il y a deux choses :
le compte ressources, donc la question de la structuration d’un marché avec un cadre de marché identique pour les solutions privées comme pour les solutions publiques, qui garantit la liberté pédagogique ;
et deuxième point, et ça rejoint le projet Edupilote qui nous a été présenté, qu’on salue évidemment, auquel on sera ravi d’être associé, puisque, en tant qu’EdTech, nous sommes évidemment les premiers producteurs de données : systématisons les mesures d’impact et l’analyse intelligente et contextualisée des données d’usage qu’on a des solutions numériques. Une solution numérique qui est utilisée une fois par semaine parce que c’est une solution qui est au collège juste sur l’orientation des élèves, c’est au moins aussi bien qu’une solution qui est utilisée dix fois par semaine parce qu’elle permet l’apprentissage de la lecture dans une classe de CP. Il faut donc contextualiser la donnée, il faut lui donner de la valeur, il faut lui donner du sens. Donc systématisons la mesure d’impact et surtout, contextualisons, analysons, travaillons sur ces données-là qui nous disent des choses sur les apprentissages, sur les façons de faire des enseignants, aussi sur les enjeux qu’on a face à nous en termes d’IA générative, en termes d’apprentissage au numérique.
Peut-être un dernier point. On espère – je pense que je parle pour les trois associations de la filière – que les propositions d’engagement [13] que nous nous sommes données en tant qu’association de filière et qu’on a formulées aux pouvoirs publics dans le cadre d’un contrat de filière par un document qui vous paraît peut-être, comment dire, un peu décorrélé de la réalité ou hors-sol. C’est un document qu’on a formalisé tous les trois, qui donne un certain nombre d’engagements, qui nous paraît être un document central pour, justement, aller dans le bon sens, faire en sorte que cette connaissance, cette collaboration mutuelle et partagée nous enjoigne, exige de nous que dans les six mois, un an, l’année prochaine au prochain Educatech et les années suivantes, hors des contraintes politiques, parce que, quand même, cette instabilité politique est un problème, on se soit donné à la fois un cap, un cap collectif, mais aussi des échéances. On se dit que, oui, on veut s’engager collectivement sur le fait de mettre le numérique au service des enseignants, trouver les moyens financiers qui vont permettre de déclencher cette cagnotte ou ce compte ressources, et faire en sorte qu’on mette vraiment le meilleur de la tech française dans les mains de nos enseignants et de nos élèves.

Stéphane Trainel : Merci Célia. Merci Orianne.
Audran, comment se projette-t-on sur les 12 prochains mois ? Comment essaye-t-on de continuer ce collectif sur le sujet ? Il nous reste 3 minutes 18 secondes.

Audran Le Baron : Donc ça sera synthétique. Il y a évidemment l’éléphant au milieu de la pièce qu’est l’intelligence artificielle, dont, je crois, nous avons à peu près toutes et tous parlé.
Quitte à m’écarter un petit peu de ce que tu disais, Célia, je pense qu’il y a quand même un besoin de s’adresser à la sphère éducative pour dire quelle position j’ai dans l’usage de l’IA en général, de l’IA générative en particulier et des IA génératives grand public tout particulièrement : est-ce que j’ai le droit de les utiliser, si oui, comment, à quelles conditions, etc. ? Même si on a tous un peu l’intuition sur le fait que les données personnelles, c’est la ligne rouge, etc., il faut que le ministère ait un discours clair là-dessus pour les enseignants, donc pour les élèves et leurs parents. On y travaille. On travaille sur l’idée d’une doctrine d’usage de l’IA, d’un cadre d’usage de l’IA, peu importe les termes, on va proposer des choses à la ministre. Je pousse pour qu’il ait une concertation avec l’ensemble des acteurs sur cette question-là, pour qu’il y ait un discours partagé, encore, concerté sur cette question-là. Typiquement, c’est quelque chose qui devra venir mettre à jour la stratégie, même si, globalement, elle est déjà dans l’idée d’un usage raisonné, pertinent, je ne reviens pas sur ces termes, on les a déjà commentés. C’est un premier point.
Deuxième point, pour terminer là-dessus. Il y a eu la commission écrans [Commission d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans] [14] je ne sais pas si on l’a citée aujourd’hui, je ne crois pas, mais on ne peut pas faire comme si elle n’existait pas. La bonne nouvelle, quelque part, c’est que les conclusions de la commission écrans sont finalement très convergentes avec ce qu’on a déjà posé comme vision stratégique. Je crois qu’Orianne l’a dit : personne ne croit que le numérique est magique, que ça va sauver l’humanité et l’éducation en particulier. Ça peut aider par certains aspects. Il faut bien regarder là où les usages sont pertinents, d’ailleurs on travaille à un guide des usages du numérique en la matière. Il faut donc qu’on prenne bien en compte les conclusions de la commission écrans.
Ça a des répercussions dans un certain nombre de précisions qu’il faudra apporter sur ce qu’est un ENT [Espace Numérique de Travail], les usages d’un ENT dans le premier degré et selon les âges. Je pense qu’il faut discerner le cycle 3, qui prépare au collège, du reste, où on a des enfants qui sont plus jeunes et qui, du coup, n’ont pas forcément à être sur toutes les fonctionnalités d’un ENT.
Il faut qu’on travaille également sur les équipements : c’est quoi un équipement en maternelle ?
Nous avons été un peu silencieux là-dessus, il faut qu’on dise les choses assez clairement. Un certain nombre de sujets. Également sur les règles d’or d’usage d’un ENT, d’un logiciel de vie scolaire au collège, quand on est professeur, quand on est parent d’élève, quand on est élève, donner des lignes claires, ce genre de choses qui étaient encore assez peu présentes.
Et puis, Mylène, tu parlais des parents, de la parentalité, je pense qu’il faut également conduire un discours clair vis-à-vis des parents. Le ministère a une relation assez privilégiée avec les parents d’élèves. Nous sommes probablement une institution publique qui a le plus de liens avec les parents, donc on a, de ce fait, un rôle à jouer là-dessus. Il y a même la loi récente visant la sécurisation et la régulation de l’espace numérique [15] qui invite, pour le dire gentiment, l’éducation à sensibiliser, chaque année, au moment de la rentrée scolaire, les parents d’élèves, au sujet des écrans, pour le dire vite.
Voilà quelques aspects, en plus de tous ceux qui ont été cités, sur lesquels il faut qu’on travaille.

Célia Rosentraub : Je suis entièrement d’accord sur le cadre de confiance. Je parlais des appels d’offres, en fait le geste professionnel vers une IA, etc. Je pense que ça y est, le train est en train de passer, on n’en est plus à faire des appels d’offres qui, peut-être, aboutiront dans trois ans. En revanche, je suis évidemment totalement d’accord avec le cadre de confiance.

Orianne Ledroit : Je voulais juste rebondir : ça n’existe pas « les écrans ». Il y a des usages récréatifs et des usages éducatifs, des usages abrutissants et des usages…

Audran Le Baron : Je crois qu’on est tous d’accord là-dessus.

Orianne Ledroit : Oui, mais utilisons les bons termes dans ce cas !

Stéphane Trainel : Merci. Vous avez entendu le petit cui-cui. Nous avons épuisé notre temps. On ne peut pas prendre de questions, mais on reste là encore quelques instants, si vous avez envie de poser une question.
Merci à toutes et tous. Merci également aux collègues qui sont intervenus. Très bon Educatetch et à l’année prochaine.