Présentation
- Titre : Open Food Facts
- Intervenant : Stéphane Gigandet - Jonathan Le Lous
- Licence : CC-by-SA
- Lieu OWF, CNIT de la Défense
- Durée : 6 min
- Média : Pour visionner la vidéo
- Date : 11/13 octobre 2012
Transcription
- Jonathan Le Lous :
- Bonjour. Nous sommes à l’Open World Forum 2012, sur la journée Experiment. Nous sommes avec Stéphane. Bonjour Stéphane.
- Stéphane Gigandet :
- Bonjour.
- Jonathan Le Lous :
- Tu vas nous parler d’un projet dont tu es le créateur qui s’appelle Open Food Facts. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
- Stéphane Gigandet :
- Alors Open Food Facts, c’est une sorte de Wikipédia pour les produits alimentaires. Donc c’est une base de données dans laquelle on va mettre toutes les informations qu’il y a sur les étiquettes des produits, c’est-à-dire les ingrédients, la composition nutritionnelle, mais aussi les différents labels...
- Jonathan Le Lous :
- Tous les différents colorants, les choses comme ça ? C’est ça ?
- Stéphane Gigandet :
- Voila ! Alors ce qu’on fait aussi, la première utilité, c’est de faire une sorte de décryptage des étiquettes. Si tu regardes, par exemple, ce qu’ils ont listés comme colorants sur les M&M’S, tu verras E100, E120, E167. Du coup, en tant que consommateur, tu n’es pas tellement plus avancé.
- Jonathan Le Lous :
- Non !
- Stéphane Gigandet :
- Par contre nous, on peut te dire « le E120, c’est l’acide carminique. Et l’acide carminique, c’est fait en écrabouillant ces petites bestioles, qui sont des cochenilles, donc des insectes, qu’on élève dans les cactus au Mexique et qui, pour se défendre dans la nature, se protègent en projetant de l’acide carminique, qui est rouge ».
- Jonathan Le Lous :
- D’accord !
- Stéphane Gigandet :
- Malheureusement, à cause de ça, on les prend, on les écrabouille et c’est ça qui fait le colorant rouge qu’il y a dans la plupart des produits alimentaires qui sont rouges ou oranges.
- Jonathan Le Lous :
- D’accord. Je ne sais pas si nous sommes soumis au droit de la publicité ou des choses comme ça, je ne pense pas, comme on est sur le Web. On aura reconnu les marques.
- Stéphane Gigandet :
- Alors si on va sur le site, on peut regarder tous les produits qui contiennent, par exemple, cet acide carminique et on voit qu’il y en a dans plein de choses en fait. La couleur rouge des yaourts, les saucisses, les Knacki, etc, ils sont oranges ou rouges. Et bien, ce n’est pas naturel.
- Jonathan Le Lous :
- Les boissons gazeuses, les peintures des œufs de Pâques !
- Stéphane Gigandet :
- Sans citer de marque, des œufs de cabillaud de couleur rose, qu’on met souvent sur les canapés dans les apéritifs, et bien les œufs de cabillaud, naturellement, ils sont blancs. Donc on rajoute un peu de jus d’insecte dedans pour faire cette belle couleur rose que tu peux avoir sur les canapés.
- Jonathan Le Lous :
- Ah ! Oui c’est intéressant ! Et aujourd’hui, tu références combien de produits ? Il y a un site donc sur lequel on va et on peut trouver la liste des différents produits avec une sorte de traçage à chaque fois des choses qui soient assez, je veux dire, exotiques entre guillemets. Tout n’est pas du caractère de la chenille, de la cochenille, c’est ça ?
- Stéphane Gigandet :
- La cochenille, oui, tout à fait. Il y a un site qui s’appelle openfoodfacts.org. Dessus, pour l’instant, on a 2500 produits qui ont été ajoutés par 200 contributeurs bénévoles. On fonctionne en fait comme Wikipédia ou comme OpenStreetMap, en crowdsourcing, en demandant aux gens de prendre des photos des emballages. Ils prennent les ingrédients, la composition nutritionnelle ; moi derrière, j’essaye de faire de la reconnaissance automatique de caractères pour qu’ils n’aient pas besoin de retaper la longue liste d’ingrédients et on met tout ça en ligne avec un identifiant qui est le code barre. Je trouve ça très intéressant, parce que ce code barre ça fait 30 – 40 ans qu’il est sur tous les produits alimentaires et ça servait à quoi ? Ça servait au passage en caisse et nous en quelque sorte, on détourne ce code barre, et avec un smartphone, on a maintenant une application Android. Donc maintenant avec mon smartphone, je peux jouer à la marchande et transformer une boîte de conserve en objet connecté, en objet connecté avec sa fiche mais aussi en objet connecté à toutes les autres boîtes de conserve et on peut faire des comparatifs, voir par exemple celles qui contiennent le plus de sel. Donc ça il y a des outils sur le site pour faire des graphiques très facilement. Tu dis « Bien, moi, ce qui m’intéresse, ce sont les céréales pour le petit déjeuner. Je veux voir le sucre là et le gras là et tu as tous tes produits que je peux comparer ».
- Jonathan Le Lous :
- Ah très bien. Aujourd’hui, pas eu de procès en cours ou quoi que ce soit ? C’est totalement légal ? Vous avez vérifié le droit ? Comme c’est de l’information publique, vous pouvez comparer tout cela ? Ça ne pose pas de problème ?
- Stéphane Gigandet :
- Alors je pense que ça ne pose pas de problème. Pour moi, ce sont des informations factuelles et les informations factuelles, ça ne devait pas être soumis à droit d’auteur.
- Jonathan Le Lous :
- Oui !
- Stéphane Gigandet :
- Pour les photos, on a choisi une licence Creative Commons Attribution et Paternité et pour les données, c’est comme OpenStreetMap, on a choisi l’ODBL, l’Open Database Licence, dans l’espoir qu’il y ait des gens qui trouvent des applications pour toutes ces données, auxquelles on n’a pas pensées. Moi par exemple, je n’y avais pas du tout pensé, mais sur ces boîtes de conserve et sur beaucoup de produits, il y a un petit code souvent. Là, c’est EMB 56251E, c’est ce qu’on appelle le code emballeur et ça te dit en fait dans quelle entreprise ça a été fabriqué. Et donc on peut savoir dans quelle ville, donc ça, ça a été fabriqué à Theix dans le Morbihan, et ce qui est rigolo, c’est que quand on a une base de données de produits, après on peut aller regarder tous les produits qui sont faits à Theix dans le Morbihan dans la même usine et là sans citer de marque, mais vous pourrez aller les regarder sur le site, il y a des marques, des grandes marques, et il y a aussi toutes les marques de distributeurs des supermarchés. Donc c’est une autre chose intéressante qu’on peut faire avec ces données et j’espère que plein d’autres gens vont participer, contribuer et surtout réutiliser les données, parce que c’est de l’Open Data. Moi j’espère vraiment être surpris par ce que les gens vont imaginer et faire avec ces données.
- Jonathan Le Lous :
- Très bien, j’espère qu’on sera surpris nous aussi parce que je trouve que c’est une très bonne initiative et oui on va essayer de faire en sorte de photographier les choses et les envoyer sans se faire trop peur non plus.
- Stéphane Gigandet :
- Il faut faire attention. J’ai déjà des contributeurs qui se sont faits escorter par la sécurité dans les magasins. Il vaut mieux demander l’autorisation de prendre des photos avant de les prendre.
- Jonathan Le Lous :
- Autant les avoir achetés ! C’est ça ? Non déjà, peut-être !
- Stéphane Gigandet :
- On peut déjà commencer par les produits qu’on achète. Alors moi, j’ai été très surpris parce que au début, pour lancer le site, j’ai photographié et j’ai mis dans la base tous les produits que j’avais dans mes placards et mon frigo. Et je suis arrivé à 400 produits différents, alors que je vais au marché 2 fois par semaine. C’est impressionnant. J’ai une famille de 3 enfants, donc il faut les nourrir, il faut leur donner du goûter. On a beaucoup de choses déjà dans nos placards et vous pouvez vous faire inviter chez les voisins pour aller regarder ce qu’il y a dans leur frigo, vous avez une bonne excuse !
- Jonathan Le Lous :
- Ou faire de l’espionnage de poubelles, ça peut être bien. Bon, très bien et merci beaucoup. Donc on a l’information sur le site Internet et à bientôt Stéphane et tous mes vœux de réussite et tous nos vœux de réussite pour ce projet.
- Stéphane Gigandet :
- Merci beaucoup. Au revoir.