- Titre :
- Mailden veut chiffrer et sécuriser les e-mails, peu importe où ils sont stockés
- Intervenants :
- Stanislas Sabatier - Olivier Harmant
- Lieu :
- Frenchweb
- Date :
- Janvier 2015
- Durée :
- 7 min43
- Pour visionner la vidéo : Mailden veut chiffrer et sécuriser les e-mails
Description
Mailden est une start-up parisienne fondée en février 2014. Elle propose un service « d’e-mail chiffré à la volée côté serveur ». Les courriels sont ainsi cryptés de sorte que personne ne puisse les lire à part leurs destinataires. La société vise les 40 000 utilisateurs d’ici fin 2016 – début 2017.
Transcription
- Frenchweb, Olivier Harmant :
- Stanislas Sabatier, bonjour.
- Stanislas Sabatier :
- Bonjour Frenchweb.
- Frenchweb :
- Vous êtes le fondateur de Mailden [1], un start-up qui édite un service je vous cite « d’e-mails chiffrés à la volée, côté serveur ».
- Stanislas Sabatier :
- Oui.
- Frenchweb :
- Concrètement, ça veut dire quoi ?
- Stanislas Sabatier :
- Ça veut dire, concrètement, que notre service vous permet d’avoir une boîte mail, qui fonctionne comme n’importe quelle autre boîte mail, mais les boîtes mails ont besoin de stocker les e-mails sur des serveurs, ce qui vous permet d’aller relever vos e-mails avec votre smartphone ou avec votre ordinateur, et la plupart des services existants stockent ces mails en clair, ce qui pose des problèmes de confidentialité et de sécurité. Chez Mailden, les e-mails sont chiffrés à la volée, et stockés chiffrés sur le serveur, et dès lors, ils ne sont visibles que par leur propriétaire, c’est-à-dire vous, au moment où vous vous connectez. Dès que vous êtes déconnecté, ces e-mails sont illisibles à quiconque, y compris à nous-mêmes, administrateurs du système.
- Frenchweb :
- Ce qui veut dire que s’il y a un piratage d’un serveur, logiquement, théoriquement, les pirates qui arrivent à avoir ces e-mails ne peuvent pas les lire parce qu’ils n’ont pas la clef chiffrée.
- Stanislas Sabatier :
- Exactement. Sony aurait dû avoir Mailden pour éviter le problème de leak de e-mails. Mais effectivement, alors on a évidemment des systèmes de sécurité et normalement personne ne doit être en mesure de pénétrer ces systèmes, mais si ça arrivait, les pirates ne récupéreraient que des e-mails chiffrés, et ils n’ont aucun élément, sur les serveurs, pour pouvoir déchiffrer ces e-mails puisque les mots de passe, qui sont en fait des « passphrases » assez compliqués, qui permettent de déchiffrer son e-mail, sont spécifiques à chaque client et ils ne sont pas stockés sur nos serveurs.
- Frenchweb :
- On parlait de Sony qui est au cœur de l’actualité parce que c’est assez terrible ce qui s’est passé, pourtant, ce qui est intéressant, c’est que ce ne sont pas que des entreprises vos clients. Je rappelle, vous avez été fondé en février. Aujourd’hui, 75 % de vos clients sont des particuliers. Comment vous l’expliquez ?
- Stanislas Sabatier :
- Exactement. Alors on l’explique, sans doute, parce que c’est la répartition actuelle qu’on constate sur les boîtes mails dans le monde. On estime qu’il y a quatre milliards de boîtes mails actives dans le monde et la répartition pro particuliers, c’est 75/25. Donc on est représentatif, si vous voulez, du marché. Pour l’instant, on a effectivement plus de particuliers qui ont souscrit à notre service ; c’est aussi parce que, d’un point de vue commercial, on n’a pas encore beaucoup démarché les entreprises ou les professionnels parce qu’on pense qu’il y a certaines professions, comme les cabinets d’avocats, les notaires, les experts-comptables, les professionnels de la santé qui seront sans doute nos premiers clients. Mais voilà, c’est sans doute lié à un effort commercial qui n’a pas encore été mené sur les professionnels et donc pour l’instant, on a surtout des clients particuliers.
- Frenchweb :
- Et, professionnels et particuliers, dans les deux cas, vous vendez ça, vous le commercialisez sous forme de service. C’est ce que fait tout le monde aujourd’hui, c’est quasiment la règle, finalement.
- Stanislas Sabatier :
- Non, justement, ça n’est du tout la règle,
- Frenchweb :
- Ce n’est pas la règle !
- Stanislas Sabatier :
- Eh bien non. Les services de e-mails, aujourd’hui, sont tous gratuits. Donc vous utilisez un service et l’entreprise qui vous fournit ce service, elle a besoin de se rémunérer d’une autre manière que vous faire payer, parce que vous ne payez pas d’abonnement.
- Frenchweb :
- Forcément.
- Stanislas Sabatier :
- Nous. notre modèle économique, il est justement très clair : c’est une souscription, un abonnement annuel, ça commence à trente euros par an, pour des particuliers, et ça nous permet de vivre, avec ces trente euros-là, et d’offrir un contrat de service très clair à nos clients. Ils nous payent pour qu’on protège leurs données. Donc c’est une réelle alternative aux modèles existants, puisque tous les modèles existants sont gratuits, et que toutes les entreprises se rémunèrent d’une autre manière, soit parce qu’elles vendent un autre service à côté, soit parce qu’elles exploitent les données qu’elles récoltent de leurs clients.
- Frenchweb :
- Il y a deux choses, c’est que non seulement vous vendez, en fait, la technologie, mais en plus vous garantissez effectivement ce service de sécurisation des données. Il y a un double aspect.
- Stanislas Sabatier :
- Exactement. Il y a un contrat de service très clair et nos clients nous payent pour qu’on protège leurs données, et nous nous engageons à les protéger, et nous engageons notre responsabilité en cas d’utilisation frauduleuse des données ou même d’utilisation marketing ou publicitaire des données. Donc on dit clairement à nos clients, nous, on est là pour ne pas utiliser vos données et les protéger. S’il y a un problème là-dessus, vous pouvez engager notre responsabilité. Et ça c’est un changement fondamental de modèle d’offre qui nous semble très pertinent à un moment où, justement, on place de plus en plus de données dans le cloud, sans savoir véritablement comment ces données sont exploitées ou utilisées. Et aujourd’hui, sur le marché, on trouve très peu d’offres qui sont fondées sur la protection des données.
- Frenchweb :
- C’est ce que j’allais vous demander. Qui sont vous concurrents ? Parce qu’il y a, notamment, des grands groupes qui fournissent aussi des solutions de sécurisation des e-mails. Comment vous vous démarquez d’eux ? Et puis, qui sont vos concurrents directs ou même indirects ?
- Stanislas Sabatier :
- En concurrents directs, finalement, il y en a assez peu. Il y a une entreprise qui est basée au Canada qui s’appelle Hushmail [2] et qui arrose le marché nord-américain, mais qui est peu présente en dehors de ce marché-là, et donc pas présente en France ni en Europe. Et justement, en France et en Europe, il n’y a pas de services payants sur ce modèle-là. On trouve un certain nombre d’offres qui, souvent, sont techniquement plus compliquées, c’est-à-dire qu’elles proposent du chiffrement de bout en bout et ça s’implique que l’utilisateur soit installe des plugins soit utilise un web mail, enfin, je ne vais pas rentrer dans les détails, et c’est plus compliqué à utiliser. Et, la plupart de ces services, sont gratuits. Donc ils se proposent d’offrir des alternatives sécurisées, mais il ne mettent pas en face un modèle économique viable. Donc, sur notre offre, en particulier, on est unique en Europe et donc en France.
- Frenchweb :
- On vient de commencer l’année 2015. Dans un an, en 2016, janvier 2016, un petit objectif en nombre d’utilisateurs, de chiffre d’affaires ?
- Stanislas Sabatier :
- En nombre d’utilisateurs, on aimerait bien, d’ici la fin de l’année, avoir environ deux/trois mille utilisateurs. L’idée est de prouver que le concept peut fonctionner et de chiffrer notre coût d’acquisition clients, de manière à pouvoir lever des fonds, soit dans le courant de cette année, soit début 2016, des fonds d’amorçage qui nous permettraient d’avoir des budgets marketing et communication plus importants.
- Frenchweb :
- Plus importants, oui.
- Stanislas Sabatier :
- Avec un premier vrai objectif de quarante mille comptes d’ici fin 2016, début 2017.
- Frenchweb :
- Quarante mille comptes à trente euros par an.
- Stanislas Sabatier :
- Exactement. Trente euros c’est l’offre particuliers. Ça sera légèrement plus cher pour les professionnels parce qu’il y a quelques services additionnels, relativement classiques autour du e-mail, qu’on ajoutera.
- Frenchweb :
- Et si on essaye d’aller un peu plus loin ? Le point mort, celui où les recettes égalisent les dépenses ? Vous espérez l’atteindre d’ici combien de temps ?
- Stanislas Sabatier :
- Le point mort est assez bas, parce qu’on a des coûts assez bas. Donc, déjà avec quatre ou cinq mille clients on est rentable et viable.
- Frenchweb :
- D’accord.
- Stanislas Sabatier :
- L’objectif de quarante mille, c’est parce qu’on estime que c’est une masse suffisamment importante pour créer un effet de bascule et atteindre des budgets marketing qui peuvent, là, être de plusieurs centaines de milliers d’euros voire millions d’euros.
- Frenchweb :
- Et, juste pour terminer, je rappellerais que vous êtes deux à travailler à temps plein chez Mailden, plus cinq collaborateurs qui travaillent également sur le projet,
- Stanislas Sabatier :
- Exactement.
- Frenchweb :
- Merci Stanislas Sabatier. Je rappelle donc que vous êtes le fondateur de Mailden.
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