- Titre :
- Émission Libre à vous ! diffusée mardi 13 octobre 2020 sur radio Cause Commune
- Intervenant·e·s :
- Vincent Calame - Catherine Heintz - Jean Couteau - Isabelle Carrère - François alias Fréco - Frédéric Couchet - Isabella Vanni à la régie
- Lieu :
- Radio Cause Commune
- Date :
- 13 octobre 2020
- Durée :
- 1 h 30 min
- Écouter ou enregistrer le podcast
Page des références utiles concernant cette émission
- Licence de la transcription :
- Verbatim
- Illustration :
- Bannière de l’émission Libre à vous ! de Antoine Bardelli, disponible selon les termes de, au moins, une des licences suivantes : licence CC BY-SA 2.0 FR ou supérieure ; licence Art Libre 1.3 ou supérieure et General Free Documentation License V1.3 ou supérieure. Logo de la radio Cause Commune utilisé avec l’accord de Olivier Grieco.
- NB :
- transcription réalisée par nos soins, fidèle aux propos des intervenant·e·s mais rendant le discours fluide.
Les positions exprimées sont celles des personnes qui interviennent et ne rejoignent pas nécessairement celles de l’April, qui ne sera en aucun cas tenue responsable de leurs propos.
Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Libre-entreprise, le réseau d’entreprises du logiciel libre qui partagent des valeurs et modes de fonctionnement basés sur la démocratie d’entreprise, la transparence et la compétence, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme la chronique de Vincent Calame sur le choix des noms en informatique et aussi la chronique d’Antanak sur téléphones et vie privée.
Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.
Vous êtes sur la radio Cause Commune, la voix des possibles, 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre. Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’April est april.org, vous pouvez y trouver une page consacrée à cette l’émission avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous poser toute question, nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission.
Nous sommes mardi 13 octobre 2020, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission aujourd’hui ma collègue Isabella Vanni.
Si vous souhaitez réagir, poser une question pendant ce direct, n’hésitez pas à vous connecter sur le salon web de la radio. Pour cela rendez-vous sur le site de la radio, causecommune.fm, cliquez sur « chat » et retrouvez-nous sur le salon dédié à l’émission.
Je précise que nous enregistrons à nouveau le début de cette émission, notamment à distance avec le premier intervenant, car en direct mardi 13 octobre nous avons eu des problèmes techniques et le début de l’émission n’a pas été diffusé. Ceci explique la différence de son que vous allez peut-être entendre entre le début et la suite de l’émission.
Nous vous souhaitons une excellente écoute.
Je vais commencer par vous proposer un petit quiz. Je vous donnerai les réponses en fin d’émission. Vous pouvez proposer des réponses soit sur le salon web de la radio soit sur les réseaux sociaux sur lesquels nous sommes.
En fait c’est le premier intervenant, Vincent, qui va nous parler du choix des noms en informatique, qui me l’a suggérée ou, en tout cas, l’idée m’est venue à la lecture de sa chronique. La question est : quel est le nom de l’association qui porte ce merveilleux projet de radio Cause commune. Je répète : quel est le nom de l’association qui porte ce merveilleux projet de radio Cause commune ?
Tout de suite place au premier sujet.
[Virgule musicale]
Chronique « Jouons collectif » de Vincent Calame, bénévole à l’April, sur le choix des noms en informatique
Frédéric Couchet : Vincent Calame, informaticien libriste et bénévole à l’April, nous fait partager son témoignage d’un informaticien embarqué au sein de groupes de néophytes. Choses vues, entendues et vécues autour de l’usage des logiciels libres au sein de collectifs, associations, mouvements et équipes en tout genre, c’est la chronique « Jouons Collectif ». Le thème du jour : le choix des noms en informatique.
Vincent, explique-nous un petit peu ce choix des noms en informatique.
Vincent Calam : Bonjour.
L’idée de cette chronique m’est venue lors de la rédaction de ma chronique précédente qui portait sur la terminologie utilisée en informatique et certains choix malheureux comme « Maître et esclave ». En écrivant cette chronique, je me suis donc rendu compte qu’en informatique nous avions très souvent comme tâche de nommer les choses. À l’intérieur de notre propre code nous manipulons en permanence des objets et des concepts qui doivent porter des noms. Le début de la plupart des fichiers de code informatique commence par la « déclaration des variables » où, justement, on nomme ce qui va être manipulé.
Nommer est tout un art, il faut être à la fois concis, car on va devoir réécrire le nom souvent, et compréhensible.
Cet art est aussi un jeu quand il s’agit de donner un nom à un nouveau projet, un nouvel outil. Dans le monde de l’entreprise, cette mission de donner un nom est confiée à des agences de communication. Quand vous êtes bénévole, que vous travaillez pour le secteur associatif, la discussion est beaucoup plus collective et c’est là que cela devient ludique, car il faut faire preuve d’imagination. L’April, par exemple, récemment a dû trouver des noms pour son Chaton ou pour cette émission-même.
Frédéric Couchet : Oui, tout à fait. Choisir des noms fait partie des activités récurrentes. On va d’abord rappeler que CHATONS avec un « S », chatons.org, c’est le Collectif des Hébergeurs Alternatifs Transparents Ouverts Neutres et Solidaires qui propose des services éthiques à toute personne. Notre contribution à ce collectif c’est le site Chapril, chapril.org. Effectivement que veut dire Chapril ? Chapril pourrait signifier plein de choses, notamment « Chaton pour le respect aprilien de votre informatique et de vos libertés » ; « Centre d’hébergement aprilien pour le respect d’une informatique libre » ou encore « Chaton aprilien pour le respect d’une informatique libre » ou, plus simplement, c’est sans doute un jeu de mots, un mot valise entre « Chaton » et « April ».
Concernant le nom de l’émission Libre à vous !, comme on documente tout à l’April, j’ai retrouvé les références du choix de ce nom-là parmi de nombreuses propositions. Le choix est venu pour être dans l’esprit de « Le Libre vient à vous » et également dans l’esprit de « Libre à vous de participer, contribuer ». Donc c’est le côté collectif, ce qui correspond évidemment à ta chronique qui s’appelle, je le rappelle, « Jouons collectif ».
Vincent Calame : Tout à fait. On notera, à l’April, un fort usage du mot « libre », ce qui ne nous étonne pas. Dans beaucoup de logiciels libres, on va utiliser des mots anglais, cela fait chic, branché et ça donne tout de suite l’impression de travailler à l’international. Il en résulte une utilisation immodérée du mot open, « OpenTruc », « OpenMachin », il est partout. Cela aboutit d’ailleurs à des confusions amusantes avec d’autres utilisations en français de open comme dans « Open de tennis » et surtout dans « Open Bar », terme qui, dans le cas du Libre, désigne des ministères français qui n’ont pas du tout une activité liée au Libre.
Frédéric Couchet : Effectivement, « Open Bar », on en a souvent parlé dans l’émission Libre à vous !, d’ailleurs la première émission de mai 2018 était entièrement consacrée à l’« Open Bar » Microsoft-Défense, c’est-à-dire le contrat qui lie depuis 2008 le ministère de la Défense et Microsoft. En fait, ce sont des contrats de type location d’une durée de quatre ans qui permettent l’usage de la plupart des logiciels de Microsoft par le ministère de la Défense et, au bout de quatre ans, s’ils veulent continuer à utiliser ces systèmes, ils doivent renouveler ce contrat. En fait, ils n’ont pas le temps d’étudier des alternatives, notamment, par exemple, la migration vers le logiciel libre. En fait le ministère est pieds et poings liés à Microsoft. C’est pour ça qu’on a utilisé ce terme « Open Bar ».
Vincent Calame : Il existe plusieurs pistes, heureusement, pour sortir des sentiers battus de l’OpenMachinChose. La première est d’explorer d’autres langues que celles de notre voisinage immédiat. Je ne citerai que deux exemples célèbres qui parlent d’eux-mêmes : Ubuntu, la distribution GNU/Linux bien connue. Ubuntu est un mot issu de langues bantoues du sud de l’Afrique qui désigne une notion proche des concepts d’humanité et de fraternité, je cite Wikipédia, et surtout le mot wiki qui signifie en hawaïen rapide, vite ou informel. Cette trouvaille, que je trouve géniale, a eu un succès immédiat, amplifié bien sûr par le succès de Wikipédia.
Si vous n’avez pas la chance de connaître une autre langue que celles enseignées couramment en France, il existe toujours un vivier inépuisable dans lequel le français ne cesse de puiser depuis des siècles pour forger de nouveaux concepts, à savoir le latin et le grec.
Frédéric Couchet : Oui, Vincent, mais tout le monde n’a pas suivi les cours de latin et de grec à l’école !
Vincent Calame : Bien sûr ! C’est là que je place cette chronique sous le haut patronage de Réné Goscinny, un de nos grands auteurs du XXe siècle. Les albums d’Astérix sont remplis de citations latines. Or, de son propre aveu, René Goscinny n’a jamais fait de latin, toutes ses citations viennent des pages roses du dictionnaire Larousse. Il s’amusait même d’avoir reçu des lettres de latinistes distingués lui signalant une erreur. En fait, nous baignons dans le latin, que nous en ayons fait ou non à l’école. Quant au grec, la dette des sciences et des techniques à son égard est énorme, il n’y a qu’à penser à des mots comme « téléphone » ou « micro » que j’utilise en ce moment.
Frédéric Couchet : Cher Vincent, comment procède-t-on ?
Vincent Calame : Je vais prendre mon exemple. Je cherchais un nom pour un logiciel que je code qui est un moteur de recherche et je voulais justement éviter « OpenSearch », évidemment. Je suis allé sur un site, lexilogos.com, qui offre la possibilité de chercher dans de vieux dictionnaires numérisés. J’ai regardé le mot « chercher » qui possède en latin plusieurs entrées - quaero, scrutor, investigo. Comme par ailleurs, en latin, les déclinaisons sont très nombreuses, on a le choix, pour une même racine, à une grande variété de formes. J’ai choisi scrutari qui est l’infinitif de scrutor qui signifie plus particulièrement « fouiller ». C’est d’ailleurs le terme qui a donné en français « scruter » et « scrutateur ».
Pour le grec, j’ai procédé de la même manière. Il faut seulement être un peu plus familier de l’alphabet. Pour un autre projet, j’ai trouvé le terme desmos qui veut dire « lien » ; c’est une racine très peu utilisée en français, à part le terme « desmodromique » connu des amateurs de mécanique. Avec ce terme, cela m’a permis de construire des mots comme « desmographie » pour la représentation des liens entre des éléments ou « desmogramme » qui pourrait être synonyme de « carte conceptuelle ». Donc les infinités sont nombreuses.
Pour conclure et pour revenir au réflexe d’utiliser l’anglais pour des soucis d’universalité qui sont louables, utiliser le latin et le grec ne me pose aucun problème justement d’universalité parce qu’elles ont joué ce rôle pendant des siècles, notamment dans la communauté scientifique. La grande majorité des mots anglais de plus de trois syllabes vient du latin ou du grec et rappelons qu’Isaac Newton a écrit son ouvrage fondamental en latin : Philosophiae naturalis principia mathematica.
Donc un mot latin ou construit à partir du grec sera adopté immédiatement en anglais comme en français.
Voilà, il ne vous reste plus qu’à vous plonger dans les dictionnaires et à explorer les trésors de l’étymologie pour faire preuve d’un peu d’originalité.
Pour information, je signale que « ouvert » peut se traduire par expositus en latin et « code » se dit codex. Donc « Ce logiciel est expositum codex » ; ça change un petit peu de « ce logiciel est open source », non ?
Frédéric Couchet : Effectivement ça change, mais alors comment dit-on « logiciel libre » ? Est-ce que tu le sais ?
Vincent Calame : « Logiciel » est une construction récente à partir de « logique » et de « matériel », « logique » venant lui-même directement de logicus en latin. Pour « libre » c’est liber, pour « logiciel » il y a logicus et puis « matériel » se dit instrumentum. On pourrait imaginer liberum logicus instrumentum. Mais bon ! Les déclinaisons ne sont pas bonnes, les latinistes me corrigeront.
Frédéric Couchet : Les latinistes qui nous écoutent nous corrigeront. En tout cas c’est très joli, effectivement.
Je te remercie pour cette chronique sur le choix des noms. C’était la chronique de Vincent Calame « Jouons collectif ». je te souhaite une belle fin de journée. On se retrouve le mois prochain.
Vincent Calame : Merci. Oui.
Frédéric Couchet : On va faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Aujourd’hui notre programmateur musical Éric Fraudain, du site auboutdufil.com, nous fait découvrir l’artiste Myuu. Nous allons écouter un premier titre intitulé Hold On. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Voix off : Cause Commune 93.1.
Pause musicale : Hold On par Myuu.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Hold On par Myuu, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, qui permet la réutilisation légale et gratuite, la modification, la diffusion, à condition de créditer le nom de l’artiste, le titre du morceau et la source du fichier original. Vous retrouverez les références sur le site de l’April, april.org, et sur le site de la radio, causecommune.fm.
Comme nous avons un problème technique au début de l’émission, je vais vous rappeler la question quiz qui porte sur les noms que Vincent Calame a abordés juste avant, que vous n’avez pas eu le plaisir d’entendre mais que vous entendrez en podcast, je vous le promets, on va à nouveau l’enregistrer. La question : quel est le nom de l’association qui porte ce merveilleux projet de radio Cause Commune. Je donnerai la réponse à la fin de l’émission. Vous pouvez évidemment la proposer notamment sur le salon web de la radio.
Vous écoutez toujours radio Cause Commune 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur causecommune.fm. Rejoignez-nous sur le site, bouton « chat », salon #libreavous.
On passe au sujet principal.
[Virgule musicale]
Le Réseau Libre-entreprise avec Catherine Heintz de Néréide et Jean Couteau de Code Lutin
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec notre sujet principal qui va porter sur le réseau Libre-entreprise qui regroupe des entreprises du logiciel libre qui partagent un certain nombre de valeurs et de méthodes de fonctionnement.
Avec nous au téléphone deux invités : Catherine Heintz. Vérifions qu’elle est bien présente. Bonjour Catherine.
Catherine Heintz : Bonjour.
Frédéric Couchet : Et Jean Couteau. Jean, est-ce que tu es avec nous ?
Jean Couteau : Bonjour. Je suis bien là.
Frédéric Couchet : Très bien. Comme vous êtes tous les deux au téléphone, quand vous voulez intervenir n’hésitez pas à le dire parce que, comme je ne vous vois pas, je ne peux pas répartir la parole de la façon habituelle.
Nous allons parler de Libre-entreprise, on en a déjà parlé dans une précédente émission, là on va l’aborder avec deux nouvelles entreprises, Néréide et Code Lutin. Déjà une première question toute simple, une présentation individuelle : qui êtes-vous et quelques mots de présentation de vos deux structures d’un point de vue métier logiciel libre ? On va commencer par Catherine Heintz.
Catherine Heintz : C’est gentil. Je suis chez Néréide depuis sa création. On a créé Néréide en 2004 et je m’occupe de tout ce qui touche à la gestion, donc toute la paperasserie que ce soit comptable, administratif, fiscal.
Après, pour ce qui est de Néréide, on est une équipe de 12 salariés, on partage évidemment tous des valeurs très fortes qui sont liées au logiciel libre, c’est-à-dire la transparence, le partage et même notre fonctionnement qui s’apparente un peu à la méthode agile. Notre métier c’est de bâtir des solutions de gestion pour les entreprises en intégrant l’ERP [Enterprise Resource Planning] donc Apache OFBiz et notre objectif, bien sûr, c’est d’apporter à ces sociétés une facilité, une simplicité d’usage, tout en restant efficaces, performantes et en leur permettant de développer leur activité métier.
Frédéric Couchet : D’accord. Merci. Et de ton côté Jean Couteau ?
Jean Couteau : Ça fait 12 ans que je suis chez Code Lutin. Je m’occupe du commercial et je fais aussi du développement logiciel à côté.
Du côté de Code Lutin, nous sommes une entreprise d’experts en développement Java et JavaScript. On fait du développement sur mesure pour nos clients, sur une base de briques de logiciels libres. On travaille avec différents secteurs : la recherche, la banque, des télévisions connectées, des ministères. En fait, on incite nos clients à ce que tout ce qu’on développe soit publié sous licence libre. Ça fonctionne plutôt pas si mal avec des laboratoires de recherche ; avec nos clients privés ou les ministères, c’est assez variable, il y en a qui jouent le jeu, d’autres beaucoup moins, mais on milite.
Frédéric Couchet : D’accord. De toute façon on aura l’occasion de revenir là-dessus dans le cours de la discussion.
On va parler du réseau Libre-entreprise. Déjà, question introductive, après on détaillera évidemment : comment vous présentez le réseau Libre-entreprise quand il vous arrive, peut-être, d’en parler autour de vous et quels sont les grands principes partagés au sein de ce réseau et qu’on détaillera par la suite ? Qui veut commencer ?
Jean Couteau : Je vais commencer, c’est Jean.
En général, quand on nous pose la question et qu’on parle du réseau Libre-entreprise, on le présente comme des entreprises, des sociétés de service en logiciel libre, qu’on a essayé de regrouper parce qu’elles partagent, en fait, un mode de fonctionnement qui est similaire, Catherine en a parlé rapidement tout à l’heure, qui est, en gros, le mode de fonctionnement des communautés du logiciel libre, qui est donc étendu à l’intérieur des structures. Ça se rapproche de l’agilité et c’est surtout de la démocratie d’entreprise. De là découle tout un lot de valeurs qu’on a regroupées dans une charte qui est présente sur notre site libre-entreprise.org.
Frédéric Couchet : D’accord. Catherine, est-ce que tu veux compléter ?
Catherine Heintz : Effectivement la démocratie d’entreprise c’est vraiment ce qui nous rapproche et qui se résume déjà à un homme = une voix. C’est effectivement ce qui est important pour nous tous.
Frédéric Couchet : D’accord. Je vais préciser qu‘on a déjà parlé de l’agilité dans une émission Libre à vous ! avec Alexis Monville ; vous retrouverez le podcast sur causecommune.fm et sur april.org.
Avant de rentrer un petit peu dans le détail de cette charte, il y a combien d’entreprises membres actuellement et depuis quand le réseau existe-t-il ?
Catherine Heintz : On regroupe une quinzaine d’entreprises. De mémoire, on a essayé de réfléchir avec Jean, on pense que la création du réseau c’était 2002.
Frédéric Couchet : Je confirme. J’ai vérifié avant. L’annonce, notamment par Emmanuel Raviart d’Easter-eggs, date effectivement de 2002. On va préciser que c’est présent en France et en Belgique, c’est-à-dire principalement en France, mais il y a aussi des entreprises en Belgique. C’est ça ?
Jean Couteau : Exactement.
Frédéric Couchet : D’accord. Pour l’instant, pas d’organisations en dehors. Il n’y avait pas, à un moment, une entreprise au Québec ou quelque chose comme ça ?
Catherine Heintz : Oui.
Jean Couteau : Exactement.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc une quinzaine d’entreprises en France et en Belgique. La base c’est une charte. Évidemment, vous la retrouvez sur le site du réseau, on va le citer, libre-entreprise.org, et dans cette charte, le premier mot, en tout cas l’un des premiers qui est sorti, c’est le mot de démocratie, donc une personne, une voix. On va peut-être commencer par cette fameuse notion de prise de décision. Cette prise de décision c’est par consensus de l’ensemble des personnes participantes ou, à défaut, le principe un homme, une voix ? Comment fonctionne, concrètement, ce principe de prise de décision ?
Jean Couteau : En fait, le fonctionnement de prise de décision chez nous, en tout cas chez Code Lutin, part tout le temps d’une discussion entre nous. Il faut savoir que nous on fait des points une fois par semaine où on est en équipe, tous ensemble. À ces réunions tout le monde propose les sujets qu’il a envie d’aborder. Ça peut être des sujets techniques, ça peut être des sujets sur la gestion de l’entreprise, il y a du commercial. On aborde un peu tous les sujets et tout le monde peut s’exprimer, prendre la parole pour donner son avis et ensuite, en fonction des sujets, soit on a un consensus, soit on a besoin de passer au vote. Des fois, sur des sujets un peu plus clivants, on a besoin de voter et, dans ce cas-là, c’est effectivement une personne, une voix pour prendre nos décisions. En fonction des sujets, si c’est vraiment un sujet qui a trait au juridique de l’entreprise, là on a les critères de vote d’assemblée générale qui sont en vigueur, donc souvent c’est aux deux tiers des voix, sinon c’est à la majorité.
Je sais que chez Néréide il y a un fonctionnement qui est un petit peu différent.
Frédéric Couchet : D’accord. Justement, Catherine, là c’est le fonctionnement de Code Lutin, quel est le fonctionnement côté Néréide ?
Catherine Heintz : On est d’accord que c’est le fonctionnement qu’on utilise actuellement, en 15 ans, évidemment, on a beaucoup évolué par les personnes qui composent la société. Là je parle de ce que l’on vit en ce moment.
On a un rythme de réunion tous les quinze jours un après-midi. Pareil, nos réunions ont aussi beaucoup évolué, on a changé pas mal de choses. En termes de décision, là où on a évolué, c’est que maintenant on est plutôt vers le consentement, c’est-à-dire qu’on n’est pas forcément sur la solution idéale que la majorité aurait souhaitée, mais on essaye de trouver un équilibre qui, finalement, ça ne va pas contenter tout le monde mais personne n’aura d’opposition. C’est plutôt comme ça que l’on est en train de fonctionner pour l’instant. C’est un système de consentement plutôt qu’un vote par un pourcentage ou autre.
Frédéric Couchet : En fait, c’est un petit peu cette idée qu’il ne faut pas qu’il y ait une opposition forte qui soit exprimée. C’est ça ?
Catherine Heintz : Tout à fait. On est attentifs à ce qu’il n’y ait pas d’opposition, mais ça veut dire, effectivement, que la solution proposée n’est pas forcément celle que la majorité aurait souhaitée, mais la proposition qui va finalement être adoptée ou l’attitude ou l’étape qu’on va franchir sera celle où personne n’aura d’opposition.
Frédéric Couchet : D’accord. On va peut-être préciser aussi le rôle, j’aurais peut-être pu commencer par là, de ces prises de décision. Dans le réseau Libre-entreprise, si j’ai bien compris, le point fondamental c’est que ce sont les personnes qui composent la société qui la gouvernent. C’est pour ça qu’elles sont impliquées dans ces prises de décision et que l’ensemble de ces personnes peut participer à cette prise de décision alors que dans des sociétés, on va dire autres, souvent la décision dépend du ou de la responsable ou de la direction. Donc c’est vraiment cette notion de personnes qui composent la société qui gouvernent cette société. C’est bien ça ?
Jean Couteau : Exactement.
Catherine Heintz : Tout à fait.
Frédéric Couchet : D’accord. Après je vous poserai aussi la question sur la prise de décision au sein du réseau parce que là c’est au sein de deux structures, je ne sais pas s’il y a aussi des prises de décision au sein du réseau mais ce sera ma question d’après. Il y a déjà une décision qui doit être prise assez régulièrement dans les entreprises, c’est le choix de la personne représentante légale, chaque année ; c’est un peu particulier parce que ça fait des responsabilités différentes, on va dire. Comment ça marche, chez vous, ce choix de la personne représentante légale chaque année ? Est-ce que c’est une personne, est-ce qu’il y a un vote, est-ce qu’il y a plusieurs personnes, est-ce que c’est collégial ? On va commencer par Code Lutin, Jean Couteau.
Jean Couteau : Chez nous, on fait une élection tous les ans où on choisit parmi les personnes salariées qui décident de se présenter, en fait, laquelle va nous représenter. C’est ma collègue Cécilia qui nous représente actuellement. Chez nous, pour nous, le représentant légal est juste, entre guillemets, « un prête-nom », il n’a aucune responsabilité. Comme on le disait tout à l’heure, les décisions sont prises tous ensemble. Le représentant légal peut être « démis » de ses fonctions, entre guillemets, par l’assemblée des salariés. À part une signature et éventuellement, en cas de litige très important où il y a des responsabilités pénales qui pourraient être en jeu, il ne prend pas les décisions, il n’a pas de pouvoir hiérarchique sur les autres puisqu’il peut être démis par l’ensemble des salariés. Pour nous, c’est juste quelqu’un qui va apposer sa signature.
Frédéric Couchet : D’accord. Et côté Néréide, est-ce que c’est la même chose ou est-ce que c’est différent ?
Catherine Heintz : C’est très proche. Sachant que depuis quelques années on fonctionne, en fait, avec un binôme donc une cogérance qui est présente pour deux ans et c’est deux ans glissants, c’est-à-dire que tous les ans il y a une personne qui finit son mandat de deux ans et une autre personne démarre, ce qui fait qu’il y a toujours une personne qui, on va dire, a déjà fait un an, qui accompagne celle qui démarre. Au niveau responsabilité, il n’y a effectivement aucun enjeu particulier, c’est vraiment une signature qui entérine une décision d’équipe.
Frédéric Couchet : D’accord. Dans la partie démocratie, au-delà de la prise de décision, il y a un point qui est dans votre charte, si je me souviens bien, en tout cas dans l’organisation de la plupart de vos sociétés, c’est que le capital doit être détenu par les personnes. Est-ce que c’est le cas dans vos structures et comment ça fonctionne concrètement que le capital soit détenu par les personnes, donc, à priori, les personnes salariées de l’entreprise ?
Jean Couteau : Va-y Catherine.
Catherine Heintz : Effectivement, ça fait partie des choses qui font partie aussi du contrat de travail de préciser qu’on souhaite que la personne, si elle adhère à nos valeurs, au bout d’une année de présence en tant que salariée, intègre la société en prenant une part, ce qui fait qu’actuellement nous avons un nombre de parts qui correspond au nombre de salariés puisque tous les salariés ont plus d’un an de boîte. Quand la personne part, évidemment, elle vend ses parts.
Frédéric Couchet : Elle rend ses parts. D’accord. Et côté Code Lutin, Jean ?
Jean Couteau : Chez nous le fonctionnement est similaire. On est actuellement 20, mais on n’est que 18 à avoir des parts puisque les deux derniers arrivés n’ont pas encore un an d’ancienneté. On est exactement sur le même principe. Chez nous, c’est 50 parts et pas une parce qu’on a des structures juridiques qui sont un peu différentes, on ne va pas rentrer dans les détails. On est exactement sur le même principe : quand la personne part elle revend ses parts. Ça n’a pas toujours été le cas chez nous, chez Code Lutin, mais on a réussi, au fil du temps, à revenir à ce qu’on souhaitait. Tout le monde a un nombre de parts, c’est un peu différent par rapport à Néréide, qui correspond au temps de travail. Ce qui fait qu’on a 50 parts pour un temps plein, si on est à 80 % on a 40 parts, etc. On régule comme ça.
Frédéric Couchet : D’accord. OK. Je crois que sur le site de Libre-entreprise est marquée la notion de taille humaine. Est-ce que vous savez à peu près quelle est la moyenne, en tout cas combien de personnes salariées sont dans les entreprises du réseau ? Est-ce que c’est une dizaine, une vingtaine, une centaine ? Vous-mêmes, d’ailleurs, combien êtes-vous dans chacune de vos structures ?
Jean Couteau : Chez Code Lutin on est 20. Chez Néréide, tout à l’heure tu as dit 12, je crois, c’est ça ?
Catherine Heintz : Oui.
Jean Couteau : Je pense qu’on n’est pas au-dessus de 20 ; dans toutes les structures de Libre-entreprise on est entre 1 et 20.
Frédéric Couchet : D’accord. D’ailleurs c’est peut-être une question ultérieure quand on parlera de l’arrivée potentielle de nouvelles entreprises : est-ce que cette taille humaine relativement réduite fait partie, quelque part, pas de la charte en tout cas du mode d’organisation de Libre-entreprise ?
Avant ça, je voudrais parler un petit peu du recrutement parce qu’il y a aussi des spécificités dans le réseau au niveau du recrutement. Déjà une première question : est-ce que le mode de fonctionnement très spécifique du réseau Libre-entreprise est une motivation pour le recrutement de personnes ? C’est-à-dire est-ce qu’il y a des gens qui vous contactent non pas avant tout pour travailler dans le logiciel libre, mais pour travailler dans le logiciel libre et travailler dans le réseau Libre-entreprise, en tout cas dans une des entreprises du réseau Libre-entreprise ? Est-ce que vous avez ce genre de motivation ?
Jean Couteau : Souvent les gens qui nous contactent pour notre mode de fonctionnement, en tout cas nous, Code Lutin, n’ont pas forcément entendu parler de Libre-entreprise avant. On communique aussi sur notre mode de fonctionnement, on a donné des conférences là-dessus, notamment à Nantes où on est situé, on échange dans le réseau des développeurs et souvent les gens viennent pour notre mode de fonctionnement effectivement, enfin souvent, on a des personnes qui viennent pour ça, mais qui ne connaissent pas forcément Libre-entreprise avant. C’est à ce moment-là qu’on va leur expliquer plus dans le détail tout ce que ça implique, etc. Mais oui, ils viennent pour le mode de fonctionnement.
Frédéric Couchet : D’accord. Et côté Néréide ? Vous êtes à Tours si je me souviens bien.
Catherine Heintz : Oui, c’est ça, à Tours. Je dirais la même chose. Les gens viennent soit parce que l’annonce, qui est un peu différente de celle des autres, leur a tapé dans l’œil, ils sont allés voir le site, mais ce n’est pas par le prisme de Libre-entreprise qu’ils vont venir. Par contre, clairement quand il va y avoir la phase de recrutement, on va leur faire découvrir, on va parler de Libre-entreprise, on va parler de la charte, puisque ça fait partie des choses qu’ils auront à accepter, à signer s’ils souhaitent venir participer à l’entreprise.
Frédéric Couchet : D’accord. Est-ce que vous avez eu le cas de quelqu’un, une personne candidate très compétente et qui, d’un point de vue technique, correspondait parfaitement au profil de poste recherché, mais à qui, finalement, rejoindre une structure avec ce mode de fonctionnement ne correspondait pas ? Qui dirait finalement ça ne me correspond pas, prise de décision, etc. Est-ce que vous avez déjà eu ce cas ou pas du tout ?
Catherine Heintz : Je pense que ça va se ressentir de toute façon parce qu’on a effectivement, avec Jean, des modes de recrutement différents, mais on se rejoint quand même. Nous, par exemple en ce moment — toujours pareil, chaque recrutement évolue au fil des années —, on accueille les personnes qui souhaitent nous rejoindre avec le grand groupe, on les prévient à l’avance. L’ensemble des gens de l’équipe qui veulent rencontrer la nouvelle personne est là, on échange et, après, le ressenti de l’équipe est important : soit ça a collé, soit ça n’a pas collé. On aura aussi ressenti, nous, une difficulté à travailler avec cette personne si la réticence se fait sentir.
Frédéric Couchet : D’accord. Ça veut dire qu’en fait, dans ce genre d’organisation, pour les recrutements on ne rencontre pas une personne, mais on rencontre toute l‘équipe quelque part, finalement toutes les personnes qui veulent participer au recrutement de la nouvelle personne qui va vous rejoindre ?
Catherine Heintz : Tout à fait.
Frédéric Couchet : Et côté Code Lutin c’est le même fonctionnement ?
Jean Couteau : Nous, on ne fait pas un rendez-vous avec tout le monde, on le fait par binôme ou trinôme, on est à deux-trois personnes. On a un premier entretien, ensuite on en a un deuxième et souvent ce ne sont jamais les mêmes personnes. Ensuite, s’il y a besoin, un troisième et un quatrième entretien parce qu’il y a d’autres personnes qui veulent rencontrer la personne ; on organise trois, quatre entretiens s’il y a besoin. On s’est rendu compte qu’avec deux voire trois entretiens en général on arrive à balayer un peu toutes les interrogations qu’on aurait pu avoir. On arrive à faire des recrutements dont on est plutôt contents, dont on est même très contents.
Par contre, on a effectivement déjà eu des cas de personnes qu’on a recrutées, qui ne se faisaient pas à notre mode de fonctionnement et qui sont reparties.
Frédéric Couchet : Après coup tu veux dire. C’est-à-dire qu’avec l’expérience elles se sont rendu compte que ça ne leur correspondait pas. C’est ça ?
Jean Couteau : Voilà. Une personne s’est décelée pendant la période d’essai et s’est rendu compte que ça ne le faisait pas, qu’elle n’était pas à l’aise. Techniquement très compétente, rien à dire, au niveau humain ça se passait très bien, par contre au niveau de la gestion, de la prise de décision, ça ne collait pas. Du coup, elle est partie. On a une personne qui a mis un an avant de s’en rendre compte. C’est un mode de fonctionnement qui convient à certaines personnes et pas à d’autres. Il faut juste qu’il y ait une bonne compatibilité entre les gens, ensuite ça fonctionne très bien sur le long terme et les gens restent très longtemps dans nos structures.
Frédéric Couchet : Justement, ça me fait penser à deux questions. Je vais commencer par la première. Je ne sais pas si c’est dans la charte de toutes les entreprises du réseau, mais je crois que la plupart pratiquent le salaire égal. Déjà est-ce que c’est dans la charte ou pas ? Pourquoi le salaire égal et est-ce que ça peut être un frein pour des recrutements ? Déjà pourquoi le salaire égal pratiqué, je crois, dans la majeure partie des entreprises du réseau ?
Jean Couteau : Ce n’est pas dans la charte. Je ne la connais par cœur, sur le bout des doigts, mais pour moi ce n’est pas dans la charte.
Effectivement, pour la totalité ou quasi-totalité des entreprises du réseau, on fonctionne de la même manière. L’idée c’est vraiment de dire que toutes les personnes qui contribuent à l’entreprise se donnent, en gros, à 100 % de leurs capacités et, du coup, on valorise l’effort et pas une ancienneté ou quelque chose d’autre. Tout le monde met 100 % de son effort, donc on ne voit pas pourquoi il y en a qui auraient 110 % d’une rémunération et d’autres 90 %. En tout cas chez nous, les gens qui travaillent 80 % sont payés à 80 %, ceux qui travaillent 100 % sont payés à 100 %.
Frédéric Couchet : D’accord. Et côté Néréide, c’est le même fonctionnement ?
Catherine Heintz : Oui, c’est pareil. C’est vrai que c’est un ensemble de compétences qui fait que la société arrive à fournir un travail et c’est ensemble qu’on arrive à rentabiliser nos entreprises. Donc chez Code Lutin et chez nous, effectivement, c’est bien la rentabilité de nos entreprises qui fait qu’à la fin de l’année on arrive à avoir des reversements de bénéfices. Dans le fonctionnement annuel, vraiment, les efforts sont partagés.
Frédéric Couchet : D’accord. Je précise effectivement que ce n’est pas dans la charte, je viens de vérifier.
Catherine Heintz : Je l’avais regardée en diagonale.
Frédéric Couchet : Je pense que toutes les entreprises du réseau que je connais le pratiquent, notamment Easter-eggs, nos amis d’Easter-eggs qui nous hébergent sur Paris. Avant de faire la pause musicale j’avais une dernière question sur cette partie on va dire recrutement, personnes salariées.
Souvent, dans les entreprises, il y a ce qu’on appelle les entretiens annuels d’évaluation, etc. Dans ce genre de structure où, finalement, tout le monde est à égalité, est-ce qu’il y a des évaluations qui sont faites ? Ou pas du tout ? De façon individuelle j’entends.
Jean Couteau : Oui. Chez nous, chez Code Lutin, on n’appelle pas ça des évaluations individuelles ; ce sont des entretiens individuels. C’est Yannick, chez nous, qui fait passer les entretiens de tout le monde. C’est aussi une manière, pour nous, de voir les souhaits de formation de chacun, s’il y a besoin, et que ça n’a pas été exprimé. Il faut voir aussi que certaines personnes, des fois, ont plus de mal à s’exprimer en grand groupe et ne vont pas forcément souhaiter aborder certains sujets en réunion. C’est dommage, des fois on pourrait le déplorer. L’entretien annuel, chez nous, permet justement d’aborder éventuellement ces sujets-là de manière peut-être un peu plus anonyme parce que, des fois, ce sont des sujets qui tiennent à cœur et on a du mal à les sortir. Du coup, ça pourra ressortir ensuite en grand groupe, via Yannick qui fait tous les entretiens annuels de tout le monde.
Frédéric Couchet : D’accord. Donc c’est effectivement une façon de compenser le fait que certaines personnes n’osent pas s’exprimer dans des grands groupes. Le problème des grands groupes, c’est que, souvent, ce sont ceux qui parlent le plus qu’on entend le plus, en fait, quelque part.
Cet entretien est fait par la personne qui est gérante ou ça peut être fait par une autre personne ?
Jean Couteau : Chez nous, Yannick Martel était le président avant, c’est toujours lui qui les fait. Déjà c’est son souhait, c’est quelque chose qu’il aime bien faire et chez nous c’est plutôt lui qui gère la RH. Même pour les recrutements, c’est souvent lui qui fait les premiers entretiens, donc il a l’habitude de faire ces entretiens-là. Ça permet aussi d’avoir une continuité dans le temps même si le responsable ou la responsable légale change, on a une continuité dans le temps de la personne qui fait passer les entretiens. Ça permet de voir l’évolution d’une année sur l’autre du ressenti des personnes puisque c’est important, de l’état d’esprit des gens, etc.
Frédéric Couchet : D’accord. Et côté Néréide, comment ça se passe ? Est-ce que vous avez ce genre de chose ou pas du tout ?
Catherine Heintz : Non. On est plutôt pas bons là-dessus, non pas par un souhait mais parce qu’on ne sait pas trop comment le mettre en place. On fonctionne un peu différemment. On a un temps, tous les quinze jours, qu’on appelle le lieu d’expression, où ceux qui veulent se rejoignent. Certains n’y vont jamais, certains ont besoin de se retrouver pour discuter, évacuer, papoter ou échanger sur des choses qu’ils ont vécues, plaisantes ou pas. Donc on essaie, pour l’instant on va dire, surtout de travailler là-dessus, mais il n’y a pas de temps d’entretien particulièrement dédié.
Frédéric Couchet : D’accord. De toute façon, quand il y a des temps tout au long de l’année, il n’y a pas forcément besoin d’un temps annuel une fois par an.
On va continuer cette discussion après la pause musicale, donc je vous invite à rester en ligne, évidemment.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Nous allons écouter Dark Creatures par Myuu. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Dark Creatures par Myuu.
Voix off : Cause Commune 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Dark Creatures par Myuu, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By. Vous retrouverez les références sur causecommune.fm et sur april.org.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
Nous parlons actuellement du réseau Libre-entreprise avec Jean Couteau de la société Code Lutin et Catherine Heintz de la société Néréide. Nous allons poursuivre la conversation que vous pouvez d’ailleurs rejoindre sur le salon web dédié à l’émission sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
Juste avant la pause, nous parlions de recrutement. Quelque part on parlait un petit peu des entreprises du réseau, à l’intérieur du réseau. Là, on va parler un petit peu du réseau, des relations et notamment de la notion de transparence qui est un point essentiel dans la charte du réseau. On va commencer par la transparence interne, donc dans les entreprises. Si j’ai tout compris, pour que les personnes qui composent la société puissent, entre guillemets, la « gérer », la « gouverner » correctement, puissent prendre les décisions de façon éclairée, il faut qu’elles aient accès aux informations. Comment se passe concrètement la transparence en interne dans vos entreprises ? Catherine.
Catherine Heintz : Déjà par le partage de tous les documents, tous les fichiers, etc. Tout est sur un cloud, avec un accès ouvert pour tout le monde ; il n’y a pas de restrictions quels que soient les éléments, que ce soit les éléments comptables, fiscaux, personnels, bulletins de salaire ou autres. Tout est hiérarchisé et nous avons aussi un certain nombre de documents qui sont reversés directement sur Libre-entreprise, donc les autres entreprises peuvent très bien avoir accès à nos propositions commerciales, à tout un tas d’informations qui leur permettraient aussi d’utiliser ces outils-là.
Frédéric Couchet : D’accord. Pour bien comprendre, ça veut dire que déjà, en interne, toutes les personnes salariées de la structure ont accès aux documents, à la fois aux documents techniques mais aussi aux documents commerciaux, etc. ; donc l’ensemble des documents est accessible sur un outil interne quel qu’il soit.
Catherine Heintz : Oui, tout à fait.
Frédéric Couchet : D’accord. Et côté Code Lutin, je suppose que c’est le même fonctionnement, mais bon ?
Jean Couteau : Exactement ! Tous nos documents sont partagés et tout le monde y a accès, etc. On a aussi des listes de diffusion – Catherine n’en a pas parlé, mais je sais qu’ils en ont aussi – sur lesquelles on va mettre en copie cachée, à chaque fois qu’on envoie une proposition commerciale, qu’on a un échange avec un client, etc., du coup tout le monde sait, même sans suivre l’activité des commerciaux, quelles propositions commerciales partent à quels clients, quels prospects, quels contrats sont gagnés, s’il y a un conflit avec un client x ou y, ça peut arriver. Tout le monde est vraiment au courant de toutes ces informations-là, ce qui permet ensuite, effectivement comme tu le disais, de prendre des décisions éclairées en réunion puisqu’on a vraiment toutes les informations.
Frédéric Couchet : D’accord. Catherine.
Catherine Heintz : On partage aussi beaucoup par des outils de communication tels que Mattermost, par exemple, où il y a des salons par projet. Toute l’équipe est inscrite à ces salons et peut suivre les échanges, on va dire au fil du projet, au quotidien, tout ce qui s’y passe, ce qui fait que vraiment l’information est à disposition. Après, certaines personnes ne souhaitent pas forcément suivre toutes les actualités, parce que trop noyées, parce que ceci, cela. C’est un choix personnel. En tout cas, tout est mis à disposition par différents moyens, il n’y a pas que l’accès aux documents, il y a aussi le fil du quotidien vécu sur les projets qui est en accès, ce qui est aussi important quand on ne fait pas forcément partie de l’équipe projets clients.
Frédéric Couchet : D’accord. On va juste préciser que Mattermost est un service de discussion instantanée libre avec plein de fonctionnalités et, pour les personnes qui voient de temps en temps passer des pubs pour Slack, qui est une version privatrice, Mattermost est la version libre qu’on vous encourage évidemment à utiliser, que vous pouvez télécharger et installer sur vos propres machines.
Ça, ce sont les transparences internes. On a bien compris : accès complet à l’information ; qui veut pouvoir accéder à l’information peut et, ensuite, ça permet d’avoir une prise de décision éclairée. Ça, c’est interne à l’entreprise, mais comme on l’a vu depuis le début, il y a un réseau Libre-entreprise qui regroupe une quinzaine de structures, donc il y a aussi une transparence intra-réseau quelque part. Quels types d’informations sont partagés entre les membres du réseau et pour quel objectif en fait ? Jean Couteau de Code Lutin.
Jean Couteau : Comme Catherine l’a dit tout à l’heure, on partage, en gros, également nos documents. On a nos propositions commerciales, etc., les contrats qu’on peut faire. Ça nous a permis d’ailleurs, quand on arrive à vouloir développer une offre commerciale, par exemple de la maintenance informatique pour des clients alors qu’on n’en faisait pas avant, on peut aller voir parmi les documents des autres entreprises, on peut les interroger effectivement sur pourquoi ils ont mis ça dans le contrat, etc. Ça, ce sont les partages de documents. Comme à l’intérieur de nos entreprises on a aussi des listes de diffusion dans le réseau qui nous permettent d’échanger, que ce soit sur la gestion de nos structures, que ce soit sur des questions techniques, ça peut arriver, ça va être parfois sur un prospect – j’ai envie d’aller travailler avec untel, est-ce que quelqu’un le connaît, est-ce que c’est une bonne idée ou pas, ça peut être ça ; ça peut être sur un client qui nous demande quelque chose qu’on ne sait pas faire ou qu’on ne souhaite pas faire, donc on va le proposer aux autres membres du réseau. C’est le type d’échanges qu’on peut avoir.
Il y a plusieurs objectifs. Il va y avoir de partager notre réseau commercial. Typiquement, on préfère que nos clients, quand il y a quelque chose qu’on ne sait pas faire, aillent voir des entreprises qu’on connaît et qu’on sait compétentes, plutôt qu’aller voir d’autres structures qu’on ne connaît pas et avec qui on aura potentiellement du mal à travailler, alors qu’on sait qu’on n’aura aucun mal à travailler avec les entreprises du réseau puisqu’on les connaît, on sait très bien comment elles fonctionnent. Ça, c’est un premier point.
Ensuite, effectivement, comme vous avez pu le voir depuis le début, on a des principes qui sont similaires, mais on les met en œuvre de manières différentes ce qui nous permet, justement, d’échanger sur ces mises en œuvre. Il a pu y avoir des discussions justement sur des types de réunion, on n’arrive pas à prendre des décisions : comment vous en sortez-vous chez vous ? Je sais qu’il y a différentes entreprises qui se posent pas mal de questions et qui se renseignent comme ça.
Frédéric Couchet : D’accord. Catherine, est-ce que tu veux ajouter quelque chose sur la partie intra-réseau et j’aurai des questions encore plus précises ?
Catherine Heintz : Oui, pour compléter ce que dit Jean. C’est vrai qu’une des questions sur laquelle on a échangé lors de la dernière rencontre entre entreprises du réseau, c’est comment grandir tout en partageant, justement, la gouvernance, etc., entre les vieux de l’entreprise qui ont une connaissance et les plus récents qui sont perdus, etc. C’est vrai que ce sont des moments qui sont intéressants et enrichissants à partager pour se remettre en cause et aussi pour faire évoluer nos propres modes de fonctionnement.
Frédéric Couchet : Ça tombe bien que tu parles de ça, c’est une des questions que j’allais poser.
Outre vos outils informatiques pour échanger, vous avez des rencontres physiques, enfin quand c’est possible, actuellement, c’est un peu plus compliqué. Tout à l’heure j’ai dit que Libre-entreprise avait été créé en 2002 suite à une annonce d’Emmanuel Raviart, je ne sais plus s’il était à Easter-eggs ou Entr’ouvert à l’époque, là j’ai un trou de mémoire, par contre, comme tu viens de le dire, il y a des vieux ou des vieilles structures, des anciennes structures qui sont là depuis longtemps comme Easter-eggs, Entr’ouvert, et il y a des structures plus jeunes. Comment se passent, justement, les relations ? Est-ce que les anciennes continuent, par exemple, à jouer le jeu ? Je crois, par exemple, que vous avez une « obligation », entre guillemets, d’envoyer un rapport mensuel d’activité sur le réseau. Comment ça se passe effectivement à ce niveau-là ?
Jean Couteau : Tout le monde ne joue pas forcément tout le temps le jeu, on n’a pas forcément des compte-rendus tous les mois de tout le monde. On a globalement des compte-rendus plus ou moins réguliers, ce qui nous permet, justement, d’avoir des retours. Souvent, les entreprises qui sont nouvelles dans le réseau donnent un souffle et réactivent un peu par rapport aux anciens qui se connaissent bien, qui se connaissent même très bien puisque après 10, 15 ans dans le réseau, à se voir régulièrement, on a potentiellement je ne vais pas dire un peu moins besoin, mais on se connaît un peu plus, entre guillemets, et il y a des choses qui ne sont pas forcément dites. Les personnes qui sont plus récentes dans le réseau, les jeunes, les structures – ça peut être à la fois les personnes qui sont arrivées dans des structures plus anciennes ou alors des structures qui sont plus récentes – amènent justement des discussions et réactivent un peu des débats plus anciens. C’est très intéressant, c’est très riche comme échanges.
Frédéric Couchet : Qui font un petit peu partie de la culture partagée par les anciens mais qui n’est forcément toujours connue, pas forcément toujours formalisée.
Jean Couteau : Exactement.
Frédéric Couchet : Tout à l’heure on parlait de l’importance de la prise de décision dans les structures internes. Catherine, est-ce qu’il y a des décisions qui sont prises au niveau du réseau et, si oui, comment ça se passe ?
Catherine Heintz : En général, quand on prend des décisions c’est quand on se voit. Ce ne sont jamais des décisions qui sont prises par des échanges de mails ou autres, c’est vraiment quand on fait des rencontres, ce qu’on appelle les rencontres LE. La dernière, sauf erreur, tu m’arrêteras Jean, c’était à Namur, en Belgique.
Jean Couteau : Ça doit être ça.
Catherine Heintz : On avait bloqué trois jours où toutes les entreprises qui souhaitaient se retrouver, qui ont pu, sont venues avec une, deux, trois personnes. On avait un certain nombre de thèmes qu’on a pu aborder à ce moment-là et chaque groupe de travail rapportait après à l’ensemble du groupe et là, effectivement, des décisions ont pu émerger. Après, c’est toujours compliqué de faire le suivi de ces décisions, donc c’est une entreprise qui prend en charge tel sujet, qui va mettre en place cette décision-là, mais en restant toujours avec énormément de bienveillance sur chacune de nos entreprises. On sait bien qu’on est pris aussi par le quotidien, par les projets clients, par tout un tas d’impondérables. Voilà. Jusqu’à la prochaine rencontre, on essaie de tenir les engagements.
Frédéric Couchet : Ce sont des rencontres annuelles ? C’est ça ? Ou c’est en fonction des besoins ?
Catherine Heintz : Normalement.
Frédéric Couchet : Normalement. D’accord. Là, le contexte fait que c’est particulier. D’ailleurs, peut-être avez-vous prévu de faire une rencontre par outil de visioconférence genre BigBlueButton ou Jitsi ou préférez-vous attendre que la situation sanitaire permette à nouveau des rencontres physiques ?
Jean Couteau : On n’en a pas discuté entre nous. Je ne sais pas. Je pense que c’est très difficile ce type de réunion par visioconférence. Je sais que sur Nantes il y a des communautés qui organisent des rencontres en visio en ce moment, avec des ateliers, et qui arrivent à le faire. Peut-être que c’est faisable, en fait, mais pour l’instant on attend.
Frédéric Couchet : D’accord. OK.
Catherine vient juste de parler des clients, parce qu’en fait ce sont quand même des entreprises du logiciel libre donc vous avez des clients. Ça me fait penser : comment votre organisation avec votre appartenance au réseau Libre-entreprise est perçue par vos clients et partenaires ? Est-ce que vous en parlez ? Est-ce que c’est sur votre plaquette ? Comment ces structures clientes voient-elles ça ? Catherine.
Catherine Heintz : C’est abordé effectivement au début quand on se présente, quand on explique un petit peu ce qu’est Néréide et quels sont aussi les liens qu’on a avec les entreprises du réseau qui nous apportent leur expertise dans des domaines dont nous on ne maîtrise pas forcément le métier, ce qui est normal, on ne peut pas être bon partout, c’est logique. Ça permet aux clients de savoir qu’on a aussi des partenariats qui peuvent être bâtis grâce à Libre-entreprise, je pense notamment au domaine de l’hébergement, clairement, c’est quelque chose qui n’est pas notre métier mais pour lequel nous pouvons justement proposer aux clients d’autres partenaires de Libre-entreprise qui peuvent effectuer ce travail-là. Ça a d’ailleurs été concrètement le cas au printemps dernier pour un de nos clients historiques qui est passé sur un hébergeur du réseau.
Frédéric Couchet : D’accord. Et côté Code Lutin, ça se passe comment avec vos clients ou partenaires d’ailleurs ?
Jean Couteau : En général, on ne rentre vraiment pas du tout dans les détails au début de nos échanges avec nos clients, ils le savent après. Pourquoi ? Historiquement, en fait, ça faisait un peu peur. Il y a dix ans, quand on parlait de notre mode de fonctionnement, on nous regardait avec des grands yeux et entre guillemets, les gens ne nous prenaient pas forcément au sérieux, malheureusement. Maintenant avec les démarches RSE dans beaucoup d’entreprises et de grands groupes bizarrement ça redevient à la mode et on devient à la mode ; du coup, ça les intéresse, on en parle un peu plus.
Catherine Heintz : Je compléterais quand Jean en disant que quand les clients nous font confiance et savent l’expertise qu’on a, ils ont tout à fait confiance quand on leur recommande quelqu’un. Quand tu as tissé une relation de confiance il n’y a aucun problème pour proposer quelqu’un.
Jean Couteau : Bien sûr, justement, mais nous on aborde ce sujet-là dans un deuxième temps, quand ils nous ont vu travailler. Par contre, une fois qu’on en a parlé, ils comprennent effectivement très bien et ils projettent très bien, ils sont souvent très contents de travailler avec nous aussi pour ça.
Frédéric Couchet : Je vais juste préciser que RSE c’est Responsabilité sociale des entreprises.
Si vous entendez un petit peu de bruit, ce sont nos invités d’après qui s’installent, ne vous inquiétez pas.
Pour revenir sur le réseau, on a vu tout à l’heure une quinzaine d’entreprises membres, je suppose que certaines entreprises sont arrivées, d’autres peut-être parties, comment ça se passe pour rejoindre le réseau ? Il faut candidater ? C’est vous qui vous dites « tiens, telle structure nous semble correspondre, en termes d’organisation, à ce qu’on fait. » Est-ce qu’il y a un vote qui est fait par les membres du réseau ? Comment ça se passe ? Je ne sais pas qui veut répondre. Jean Couteau.
Jean Couteau : Quand une entreprise veut faire partie du réseau, déjà elle commence par nous contacter. Souvent, d’ailleurs, ça se fait plutôt de manière physique. On rencontre souvent les futurs candidats sur des salons, aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, au Paris Open Source Summit. Du coup, on peut échanger avec les gens, on peut présenter vraiment en détail la charte, etc. C’est un processus qui met plus ou moins de temps et ensuite, une fois que les gens pensent qu’ils ont bien compris tout ce que ça implique, ils ont un parrain, ils demandent à un parrain d’être membre du réseau. Dans un premier temps ils sont observateurs, c’est-à-dire qu’ils vont partager sur les listes, etc. Ils vont avoir accès à un certain nombre d’informations, pas forcément tout, et ils vont commencer à se « contraindre », entre guillemets, à respecter les engagements du réseau, c’est-à-dire partager leurs listes de diffusion, faire des compte-rendus, partager leur activité, etc. Une fois qu’ils ont bien compris tout ce que ça implique, qu’ils sont, entre guillemets, « mûrs » pour faire partie du réseau, on a un vote entre tous les membres du réseau, donc à la fois les salariés et les structures. Il faut que les deux « collèges » à la fois, entre guillemets, soient d’accord – une majorité de salariés, une majorité de structures – pour qu’ils fassent partie du réseau. Ensuite ils font partie du réseau, comme les anciens, avec tous les avantages que ça procure.
Frédéric Couchet : D’accord. Catherine, tu veux compléter cette partie ?
Catherine Heintz : C’est parfait.
Frédéric Couchet : C’est parfait. Le temps file, il nous reste quelques maigres minutes. Pour les gens qui s’intéresseraient à ce réseau Libre-entreprise, en dehors de la charte qu’on trouve sur votre site, libre-entreprise.org, il y a aussi la liste de toutes les entreprises, est-ce que vous avez des conseils, je ne sais pas, de lectures, de podcasts ou autres pour comprendre ce mode d’organisation qu’on n’a décrit que partiellement, évidemment, aujourd’hui ?
Jean Couteau : J’ai La belle histoire de Favi : l’entreprise qui croit que l’homme est bon, qui est un livre qui raconte l’histoire d’une fonderie picarde, qui n’est peut-être pas aussi extrême que nous dans son mode de fonctionnement, mais qui a fait une transformation dans les années 80. Ils sont beaucoup plus nombreux donc le fonctionnement est adapté à leur structure, ils ont quand même un peu de hiérarchie. C’est l’histoire de leur transformation par la personne qui l’a menée, qui est très intéressante, ça ne va pas forcément aussi loin et ce n’est pas forcément dans le même contexte, mais je trouve que ça pose déjà beaucoup de bases.
Frédéric Couchet : D’accord. On mettra la référence sur le site de la radio et sur le site de l’April. De ton côté, Catherine, est-ce que tu as quelque chose à conseiller ?
Catherine Heintz : Je peux proposer un livre qui permet d’ouvrir des réflexions, ça n’est pas à prendre à la lettre, qui parle aussi des logiciels libres, c’est le livre L’économie symbiotique – Régénérer la planète, l’économie, la société d’Isabelle Delannoy, une ingénieure agronome, qui entraîne des réflexions : trouver un juste équilibre entre l’humain, les écosystèmes naturels, les technologies. On peut produire sans épuiser les ressources et en les régénérant.
Frédéric Couchet : D’accord. Pareil, tu m’enverras la référence et on rajoutera ça. Ça me fait penser qu’il y a une question que je n’ai pas posée tellement elle me paraît logique et on arrive en fin d’émission ! Dans Libre-entreprise il y a le mot « libre », mais, dans la charte, quelle est la place du logiciel libre ? Rapidement. C’est 100 % logiciel libre ou c’est autant que possible du logiciel libre ?
Catherine Heintz : 100 %.
Frédéric Couchet : 100 %. Jean ?
Jean Couteau : Si on reprend l’objet de la charte c’est l’« activité qui est centrée sur l’utilisation, la promotion des logiciels libres ». Je peux dire que nous on n’est pas à 100 %, on a un logiciel de comptabilité qui est privateur et dont on cherche à se débarrasser ; je pense qu’on va réussir en 2021, on croise les doigts. On est, on va dire, à 95 %, il y a toujours des petites verrues dans certains coins, mais, globalement, on est des libristes dans toutes nos structures, donc on essaye de faire en sorte qu’on n’ait que du logiciel libre même si, des fois, il y a des petites adhérences.
Catherine Heintz : On tend vers un maximum pour, évidemment. L’objectif c’est 100 %, mais… Ce serait bien !
Frédéric Couchet : C’est priorité au logiciel libre mais pas forcément 100 % en fonction, effectivement, des petites adhérences qui peuvent exister.
On arrive en fin de notre échange, est-ce que vous souhaitez ajouter quelque chose en termes peut-être d’actualité, de besoins ou peut-être un résumé de notre échange, rapidement ? Jean.
Jean Couteau : En actualité, je pourrais parler des Rencontres Régionales du Logiciel Libre qui ont eu lieu à Nantes il y a un peu moins d’un mois. C’était en live, malheureusement sur YouTube parce que Perturbe n’a pas encore de fonctionnalité de live. Le replay est disponible, ça devrait être disponible rapidement sur PeerTube quand on aura terminé le montage. C’est à suivre.
Frédéric Couchet : D’accord. C’est à suivre. En parlant de PeerTube je crois qu’il y a un appel à financement justement pour l’ajout du streaming, enfin du live dans PeerTube.
Et de ton côté, Catherine, quelque chose à ajouter, une actualité ou un appel ?
Catherine Heintz : Je dirais juste qu’on a une réflexion en cours justement pour proposer des soutiens aussi bien financiers, par des prêts financiers, mais aussi par de l’aide aux structures sur leur démarrage numérique, quels outils de base choisir, etc. On est en train de travailler avec l’URSCOP [Union régionale des Scop] là-dessus aussi bien pour pouvoir donner un coup de pouce financier qu’un coup de pouce humain. Sinon, on est toujours contents d’accueillir des propositions de nouveaux coopérateurs si des gens veulent nous rejoindre.
Frédéric Couchet : D’accord. Très bien. Tu parles d’aide. Ça me fait penser que Code Lutin a aussi un mode de financement de projets. Je crois que vous venez de sélectionner et d’annoncer les projets que vous soutenez. C’est-à-dire qu’un pourcentage de votre chiffre d’affaires est reversé à des projets du logiciel libre. C’est bien ça Paul ?
Jean Couteau : Exactement. Jean. C’est exactement ça, notamment PeerTube pour le live.
Frédéric Couchet : D’accord. On va rappeler que PeerTube est un système décentralisé de vidéo, qui est notamment développé par une personne qui travaille pour Framasoft, qui progresse vraiment à vitesse grand V, notamment par des soutiens financiers. Donc il y en a un en cours que vous pouvez soutenir, on mettra les références évidemment sur causecommune.fm.
Je t’ai appelé Paul, excuse-moi. En fait je connais un Paul Couteau, en fait tu t’appelles Jean ! L’émission est un peu compliquée aujourd’hui. Elle a mal démarré, espérons qu’elle va bien se finir, je pense qu’elle va bien se finir, je vois mes deux invités ici.
En tout cas, c’était un grand plaisir de vous avoir, Jean Couteau de Code Lutin, Catherine Heintz de Néréide et surtout du réseau Libre-entreprise, libre-entreprise.org. Peut-être qu’on aura, dans une prochaine émission, d’autres membres du réseau, on a déjà eu Easter-eggs et on va poursuivre ces échanges. J’espère que vous en êtes très contents et je vous souhaite une bonne fin de journée.
Catherine Heintz : Merci Fred.
Jean Couteau : Merci, également.
Frédéric Couchet : Et à bientôt en tout cas.
Catherine Heintz : Au revoir.
Jean Couteau : Au revoir.
Frédéric Couchet : On va passer une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : On va écouter Wasted Wonderland par Myuu. On se retrouve juste après. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Voix off : Cause Commune 93.1.
Pause musicale : Wasted Wonderland par Myuu.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Wasted Wonderland par Myuu, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution. Vous retrouverez les références sur le site causecommune.fm et sur le site de l’April, april.org.
Vous écoutez toujours l’émission Libre à vous ! sur radio Cause Commune 93.1 FM et en DAB+ en Île-de-France et partout dans le monde sur le site causecommune.fm.
Nous allons passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]</em
Chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Isabelle Carrère et François alias Fréco de Antanak sur téléphones et vie privée
Frédéric Couchet : « Que libérer d’autre que du logiciel », la chronique d’Antanak. Antanak – comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire – eh bien on est voisins, rue Bernard Dimey, dans le 18e à Paris. Donc aujourd’hui, Isabelle Carrère et Fréco vont nous parler de téléphones et de vie privée. Je crois que c’est Isabelle qui fait l’introduction.
Isabelle : Une introduction hyper rapide. Bonjour Fred, bonjour tout le monde. En fait, l’idée c’est juste que je passe la parole à François, puisque cette chronique est bien une chronique d’Antanak et non pas de moi-même, donc merci d’avoir accepté cette affaire.
Frédéric Couchet : Alors Fréco, ça va être à toi. Ton micro est allumé ou pas ? Vas-y, parle…
Fréco : Bonjour Fred, bonjour Isabelle. Juste pour me présenter rapidement, moi c’est François, ou Fréco comme vient de le dire Fred. J’ai découvert le Libre il y a dix ans après avoir refusé d’acheter un nouvel ordinateur pour remplacer le mien qui ramait franchement avec Windows. Et depuis j’ai toujours été fasciné par la possibilité de redonner vie à des vieux PC avec des logiciels libres et de partager cette expérience autour de moi. Logiquement, je me retrouve totalement dans la démarche d’Antanak de revaloriser des ordinateurs récupérés où, depuis quatre ans, je participe à aider dans la préparation des distributions GNU/Linux adaptées aux vieux, voire très vieux, PC. Par exemple, vous pouvez venir dans nos locaux et tester comment Bodhi Linux permet à un vieux PC avec seulement un giga de RAM de naviguer correctement sur Internet. Il faut vraiment venir l’essayer pour le croire. Voilà ! Et depuis deux ans et mon passage enfin sur un smartphone, je milite pour diffuser des logiciels libres sur téléphone, d’où la chronique d’aujourd’hui : téléphones et vie privée. L’idée étant de prendre conscience de la collecte de données personnelles et des solutions pour y échapper, avec les applications et les systèmes d’exploitation libres pour téléphone.
Aujourd’hui, les téléphones sont devenus des objets indispensables au quotidien qui nous suivent partout. Ils rentrent dans notre vie intime et récoltent énormément d’informations personnelles. Vous allez me dire que vous contrôlez vos données et que vous n’avez rien à cacher. Le souci étant que l’on n’a pas forcément conscience du niveau d’informations recueillies. On ne le voit pas tous les jours. Un cas par exemple où on peut le remarquer, c’est quand vous échangez deux mots avec un ami que vous croisez dans la rue en disant, par exemple, « il fait beau, je me ferais bien un barbecue ce midi. » Et ensuite, plus tard, en reprenant votre téléphone, vous voyez une publicité pour des brochettes. À ce moment-là, on prend conscience que tout ce que l’on dit à l’oral est analysé par le téléphone car sinon, le reste du temps, on ne se rend compte de rien.
Un bon test pour prendre conscience de ce que peut garder en mémoire un géant du Net comme Google, vous allez sur Internet, vous cherchez « Google, Mon activité » ou My Activity, et là-dessus, suivant les services Google que vous utilisez, vous risquez d’être surpris par le niveau de renseignements collectés sur vous. Même moi qui ne me connecte jamais sur mon compte Google, j’y ai retrouvé l’historique de toutes les vidéos que j’ai visionnées sur YouTube depuis neuf ans, sauf celles que j’ai pu regarder depuis mon navigateur en mode privé. C’est franchement impressionnant, voire franchement flippant.
Malheureusement, il n’y a pas que Google comme espion, il y en a d’autres. Par exemple, si, comme sur de nombreux téléphones, vous avez l’application Facebook préinstallée, sachez bien qu’au premier démarrage de votre téléphone l’application récupère tous les contacts de votre carte SIM et les renvoie à Facebook. Que vous ayez un compte Facebook ou non, l’application ne se gêne pas pour récupérer vos données même sans l’avoir utilisée.
Isabelle : Ah bon ! Du coup, comment puis-je savoir, dans les applications par défaut, que celles que j’installe respectent vraiment ma vie privée ?
Fréco : La seule garantie dont vous disposez c’est l’utilisation d’applications libres. Par principe, tout le monde peut regarder le code du programme de l’application libre, pour l’améliorer entre autres. Il est donc impossible d’y cacher un programme espion et, si un développeur mal intentionné tentait quand même d’y glisser un mouchard, il se ferait rapidement bannir par la communauté, ici, la confiance est basée sur la transparence. Ce principe de logiciel libre fonctionne depuis plus de 35 ans et il est garanti par la licence libre, la GPL pour General Public License.
Isabelle : OK ! Sur les ordinateurs, on a l’habitude, à Antanak, des logithèques, des bibliothèques qui permettent de trouver tout ça. Et sur les téléphones ?
Fréco : Sur Android, on a la chance d’avoir un magasin d’applications libres, F-Droid, pour Free Droid, qui permet de rechercher, installer et mettre à jour les applications disponibles. Et il y en a beaucoup, plusieurs milliers. Vous êtes sûr de trouver une application libre pour chaque fonctionnalité dont vous avez besoin. Vous pouvez voir sur le lien suivant une sélection des meilleures applications F-Droid sélectionnées par l’association Parinux : pad.chapril.org/p/smartphone_libre.
Isabelle : Du coup grâce à ça, réellement, les téléphones ne peuvent plus être espionnés quelle que soit l’activité ?
Fréco : Cela limite l’espionnage des applications que vous utilisez, mais il reste toujours dans Android, conçu par Google, des services d’espionnage dans le système d’exploitation lui-même.
Isabelle : Et ceux-là, on peut les supprimer du téléphone ?
Fréco : On peut le faire, mais c’est compliqué et risqué. Il faut savoir quoi modifier dans les fichiers système sans tout casser. C’est faisable, mais à réserver aux geeks.
Isabelle : Si on n’est pas geek, comment fait-on ?
Fréco : Le mieux, dans ce cas-là, c’est de changer complètement le système d’exploitation par un système entièrement libre, nettoyé de tout espionnage.
Comme tu l’as expliqué, Isabelle, pour les ordinateurs le mois dernier, lors de la première chronique d’Antanak, on peut aussi changer le système d’exploitation sur un téléphone qui reste un ordinateur + +. La différence ici est que chaque sous-version de chaque modèle possède du matériel spécifique comme l’écran, la caméra, le GPS, le Wi-fi. Malheureusement, on ne peut pas avoir une image unique s’installant sur chaque téléphone, mais on a besoin d’une image pour chaque sous-modèle, s’adaptant aux spécificités de chaque appareil, chaque appareil identifié par un unique codename. Pour que votre téléphone soit compatible, il faut donc qu’un développeur ait adapté le système à votre sous-modèle. La conséquence, c’est qu’il est plus facile de trouver des systèmes libres pour les modèles plutôt haut de gamme parmi les plus courants du marché.
En installant un système d’exploitation libre, finies les applications propriétaires non désinstallables pouvant récupérer vos données. On repart sur une base saine, optimisée, plus performante, à jour, donc plus sécurisée.
Par contre, pour les i-Phones, contrairement aux ordinateurs Mac, il n’est pas possible de changer de système d’exploitation, mais il reste toujours la possibilité d’utiliser des applications libres. Pour savoir ce qu’il existe en Libre pour l’i-Phone, vous pourrez trouver les renseignements toujours sur le même pad.chapril.com/smartphone_libre cité précédemment. Pour info, l’astuce connue sur i-Phone sous le nom de jailbreak, la sortie de prison, consiste à contourner le magasin d’applications payant d’Apple et non à changer le système.
Isabelle : OK. Du coup pour les téléphones sous Android, on a le choix en systèmes libres ?
Fréco : Oui. Pour les téléphones basés sur Android c’est une toute autre histoire. Il existe des systèmes basés sur la version libre d’Android qui permettent une compatibilité complète ou partielle des applications d’Android et, à côté, on trouve aussi des systèmes GNU/Linux pour téléphone. Je précise GNU/Linux pour les distinguer d’Android qui utilise un noyau Linux mais là, il n’y a plus rien de Libre sur Android.
Pour commencer avec les systèmes compatibles Android les plus populaires, on a Lineage, « linéage » à la française, le système le plus répandu, qui a fait sa réputation grâce à sa performance et à sa stabilité. En plus de libérer un téléphone, cela peut permettre de redonner vie à un vieil appareil en le remettant au goût du jour avec une base Android plus récente. À l’installation, il faut choisir entre la version de Lineage sans ou avec les services Google. Sans l’installation des services Google, on n’est donc pas du tout pisté, toutes les applications libres fonctionnent ainsi qu’un certain nombre d’applications populaires propriétaires. Cependant, ce n’est pas forcément conseillé pour le grand public car certaines applications dépendant des services Google ne fonctionneront pas, par exemple Waze, pour la navigation, très bien connue, qui a besoin de Google Maps pour fonctionner. Vous trouvez bien sûr l’équivalent sur F-Droid en Libre, basé sur OpenStreetMap, comme Osmond, mais vu que cette application n’espionne pas les automobilistes comme le fait Google, vous n’aurez pas les mêmes informations sur les bouchons en temps réel. Donc, sans les services Google, vous aurez un usage fonctionnel mais alternatif du téléphone par rapport à un Android classique. Si vous choisissez d’installer complètement les services Google, et si toutes les applications Android sont compatibles, vous êtes pisté par le géant du Net.
Isabelle : Oui, mais dommage d’en arriver là pour se faire totalement « googliser ». Est-ce qu’il y a une solution pour avoir à la fois un usage strictement identique à un Android classique, mais, en même temps, garantir les éléments de sa vie privée ?
Fréco : Oui ! Voilà la magie du Libre. Beaucoup en ont rêvé et les développeurs l’ont fait. C’est une base Lineage sur laquelle vous pouvez utiliser les services Google tout en donnant de mauvaises informations aux espions de Google. Ce système s’appelle e, écrit /e/, il est aujourd’hui le système idéal pour protéger sa vie privée tout en étant accessible au grand public.
Lors d’une prochaine chronique on pourra détailler tous les autres systèmes d’exploitation existant pour smartphones, il y en a beaucoup, ainsi que préciser certaines informations sur l’installation d’un nouveau système d’exploitation sur votre téléphone. Mais avant cela, sachez juste qu’il est possible de se renseigner et de se faire installer son téléphone lors d’install-parties comme celles organisées par Parinux chaque premier samedi du mois à La Villette et que le site e.foundation propose des téléphones reconditionnés et neufs déjà préinstallés avec /e/. Donc aujourd’hui, plus besoin d’être un geek pour se « dégoogliser » et ne plus avoir de mouchards dans la poche. Maintenant, c’est à vous de choisir.
Isabelle : Voilà. À Antanak on organise aussi régulièrement des ateliers, soit avec toi, soit avec d’autres, pour aider les gens à faire ça, soit comprendre ce qui se passe pour de bon, soit réellement modifier et changer son système sur son téléphone.
Frédéric Couchet : Merci François et merci Isabelle. Je rappelle que Antanak c’est au 18 rue Bernard Dimey dans le 18e à Paris et avec l’aide de François et d’autres, pour répondre à la question d’Étienne sur le salon web, vous pourrez vous faire aider pour installer Lineage OS ou d’autres systèmes comme Replicant. Je rappelle qu’on a déjà parlé de téléphonie mobile et liberté dans l’émission du 6 novembre 2018 avec Paul Kocialkowski et Aurélien.
Merci François. Merci Isabelle. Restez avec moi. On va finir par quelques annonces.
[Virgule musicale]
Annonces
Frédéric Couchet : Dans les annonces rapides, d’abord la réponse au quiz. Je vous demandais en début d’émission, que vous n’avez pas entendue, mais je vous l’ai demandé au milieu de l’émission : quel est le nom de l’association qui porte ce merveilleux de radio Cause Commue ? L’association s’appelle Libre à Toi, c’était un peu facile. Le site web c’est libre-a-toi.org où vous pourrez trouver des informations.
Autre annonce : Le Garage Numérique que connaît bien Antanak, association qui est dans le quartier des Amandiers à Ménilmontant à Paris, a ouvert un poste afin de trouver une personne pour l’aider à travailler sur les systèmes d’exploitation GNU/Linux. Vous pourrez trouver les références sur le site legaragenumerique.fr, legaragenumerique tout attaché, donc ça recrute.
Autre recrutement ce coup-ci de bénévoles, c’est la Maison des Lanceurs d’Alerte qui a besoin de personnes disposant de compétences informatiques pour perfectionner, maintenir et améliorer son système d’information principalement basé sur des logiciels libres. Le site web c’est mlalerte.org et vous pouvez contribuer ce coup-ci de façon bénévole sur cette Maison qui soutient les lanceurs et lanceuses d’alerte, qu’il est important, évidemment, de soutenir.
Vous retrouverez les évènements autour du logiciel libre évidemment sur le site de l’Agenda du Libre, agendadulibre.org.
François vient de nous parler des Premiers samedis à la Cité des Sciences, je ne sais pas si les Premiers samedis ont repris suite à la covid.
François : Ils parlaient de reprendre mais finalement ça a été reporté.
Frédéric Couchet : D’accord. En tout cas sur l’Agenda du Libre vous retrouvez toutes les informations nécessaires.
Dernière annonce très rapidement, j’ai encore le temps, c’est aujourd’hui c’est le Ada Lovelace Day. Ada Lovalace est la première personne à avoir réalisé un programme informatique. Je vous rappelle que nous avions réalisé et je vous encourage à réécouter l’interview de Catherine Dufour dans l’émission du 19 novembre 2019 pour son livre Ada ou la beauté des nombres et évidemment à acheter ce livre et à le lire, c’est totalement passionnant, donc c’est le Ada Lovelace Day.
Notre émission se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Vincent Calame, Catherine Heintz, Jean Couteau, Isabelle Carrère, François
Aux manettes de la régie Isabella Vanni. Merci Isabella, tu t’en es très bien sorti sur cette grosse difficulté technique du début.
Je vais faire un grand merci à l’équipe qui traite le podcast parce qu’ils vont avoir un gros travail aujourd’hui, donc Sylvain Kuntzmann, Antoine, Samuel Aubert, Olivier Humbert, Élodie Déniel-Girodon ; je ne sais pas quelle est la personne qui traitera ce podcast, mais je lui souhaite bon courage. Merci également à Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio, qui s’occupe de la post-production finale et de la mise en ligne sur le site. Merci également à Christian Momon qui va découper en podcasts individuels pour chacun de sujets.
Vous retrouverez sur le site de l’April, april.org et sur le site causecommune.fm, toutes les références utiles et également les moyens de nous contacter N’hésitez pas à nous poser des questions, nous faire des retours, nous sommes à l’écoute.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Je félicite Marie-Odile qui avait donné la bonne réponse, l’association Libre à Toi, je viens de le voir sur le salon web de la radio.
Si vous avez aimé cette émission n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et également à faire connaître la radio Cause Commune, la voix des possibles.
La prochaine émission aura lieu en direct mardi 20 octobre 2020 à 15 heures 30. Je ne sais pas encore quel sera le sujet principal, car ce sera une rediffusion, nous allons le choisir bientôt.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi prochain et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.