- Titre :
- Libervia : repenser nos communications
- Intervenant :
- Jérôme Poisson - Goffi
- Lieu :
- RMLL2015 - Beauvais
- Date :
- Juillet 2015
- Durée :
- 34 min 23
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Présentation
Les nouveaux médias sont désormais omniprésents et influencent notre vie privée, nos comportements, notre façon d’apprendre, de comprendre, de penser.
À travers le logiciel libre Libervia (du projet Salut à Toi) nous allons expliquer comment nous développons les fonctionnalités telles que (micro)blogage, partage de fichiers, chiffrement ou messagerie instantanée en essayant de repenser notre façon de communiquer.
En faisant une démonstration du logiciel, nous allons également aborder l’association loi 1901 « Salut à Toi » qui a pour but le développement du projet, mais aussi de porter une réflexion sur l’impact social et politique des nouveaux médias.
Transcription
Salut à vous. Moi je m’appelle Jérôme Poisson. Je suis aussi connu sous le pseudo de Goffi sur Internet. Je suis un des développeurs du projet Libervia, que vous connaissez peut-être sous le nom de Salut à Toi. J’expliquerai un petit peu après pourquoi on utilise Libervia.
Je vais d’abord faire un rapide rappel de ce que c’est. Désolé pour ceux qui ont déjà vu des confs avant, ça va être un peu répétitif, mais c’est histoire que tout le monde sache de quoi on parle. Ensuite je vais expliquer pourquoi c’est un projet qui est unique, enfin qui est original, parce que je me rends compte, en fait, qu’il y a beaucoup de gens qui nous demandent c’est quoi la différence avec Diaspora, etc., donc je vais essayer de vous l’expliquer là. Et enfin je vais vous parler de la campagne d’adhésion qu’on vient de lancer.
Petit rappel
Libervia/Salut à Toi [1]. Juste pour vous expliquer un peu la différence. Salut à Toi, en fait, c’est le nom du projet dans son ensemble et le nom de l’association qu’on vient de créer pour gérer ce projet. Et Libervia c’est une des interfaces, c’est l’interface web. On commence à parler un petit peu plus de Libervia parce qu’on s’approche d’une version qui va être stable et prête pour le grand public, et on va chercher aussi à s’internationaliser un petit peu, donc à aller un petit en dehors de la France. On essaye de parler un peu plus d’interface web qui est plus accessible et d’avoir un nom, aussi, qui passe évidemment mieux à l’étranger.
Donc c’est un outil de communication. On parle d’outil de communication. Certains préfèrent le terme réseau social, nous on n’aime pas trop le terme, puisque bon, réseau social, pour nous, c’est un terme qui, au final, ne veut pas dire grand-chose. IRC ou le mail sont des réseaux sociaux autant que les plus connus. Donc c’est un réseau social qui est multi-interfaces, c’est-à-dire qu’on n’est pas uniquement web. On a aussi une interface de bureau. On a aussi une interface en ligne de commande. On a aussi un interface en console. Qui est multi-usages, c’est-à-dire qu’on ne se concentre pas uniquement sur la messagerie ou microblogage. On a aussi des jeux, on a aussi du partage de fichiers. Il y a aussi des tas d’autres trucs que je vous montrerai en fin de conférence, qu’on envisage pour l’année prochaine. Qui est décentralisé. Donc ce n’est pas tout le monde qui va se connecter à un unique serveur. On peut avoir des serveurs, il y a déjà des serveurs un peu partout dans le monde qui communiquent entre eux, parce que c’est un protocole qui existe déjà et qui est déjà très utilisé. Et évidemment qui est libre, sinon je ne serais pas là.
Ici on a une capture d’écran de l’interface web. Ici on voit la messagerie de groupe, donc un peu du type IRC. Ici on a de la messagerie simple, donc assez classique. Ici on a du microblogage avec un envoi de photos, avec les commentaires, etc. Vous voyez déjà une chose : c’est qu’on n’essaie pas de cloner les grands réseaux commerciaux, on ne fait pas forcément une timeline à la Facebook avec tout à la suite. On s’organise en widget, mais ça pourrait être autrement. En fait là c’est plus un peu comme un espace de travail où on aurait, par exemple, une série de salons ouverts quand vous êtes au travail ou quand vous êtes chez vous, ou quand vous êtes avec votre association, etc.
Ici on met beaucoup les groupes en avant parce qu’on cherche à permettre facilement d’envoyer un message public pour tout le monde ou d’envoyer uniquement des messages aux amis ou que à la famille… Et donc en dessous les contacts, normalement.
C’est un logiciel qui est multi-interfaces. Ici l’interface web que je viens de montrer. Ici, on ne voit pas beaucoup, mais c’est une interface en console, plus pour ceux qui aiment bien être sur le clavier. Là on ne voit carrément rien, mais c’est une interface en ligne de commande ; ça c’est plus pour les administrateurs système. Et ici on a une interface de bureau avec un exemple de jeu. On avait implémenté un peu un jeu de tarot pour essayer.
Donc évidemment, on essaye de respecter la vie privée au maximum. Donc on a du chiffrement déjà d’origine entre le client et les serveurs, entre les serveurs. Et on a implémenté OTR [2], si ça vous parle, qui est un protocole qui permet de chiffrer les communications alors simples, uniquement, pas de groupes encore, entre une personne et une autre. On est en train de travailler aussi sur le chiffrement de bout en bout, c’est-à-dire que même l’administrateur du serveur ne pourra pas savoir les données que vous avez.
Projet unique et original
Maintenant je vais vous expliquer pourquoi c’est un projet qui est unique et original.
Une chose très importante, c’est qu’on utilise des standards. Est-ce que XMPP ça parle à tout le monde ? On utilise le standard XMPP. En gros, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un peu comme le HTML des communications. En fait, c’est un standard documenté qui permet de partager, enfin de discuter. Il ne fait pas que de la messagerie instantanée contrairement à ce que beaucoup de gens pensent. Ça permet de faire énormément de choses. Ça permet d’envoyer des fichiers. Ça permet de créer des jeux en se basant dessus. Ça permet de faire énormément de choses. Et donc on ne part d’une feuille blanche. Donc on peut réutiliser non seulement des documentations avec les détails techniques qui ont été corrigés, mais on peut aussi réutiliser toute une base de code existante. C’est-à-dire que nous on ne développe pas le serveur parce qu’il y a déjà des tas de serveurs qui sont existants. On peut utiliser des bibliothèques qui sont déjà existantes. Il y a des tas de choses qui sont faites, ce qui fait qu’on ne réinvente pas tout nous-mêmes et on a déjà la plupart des problèmes qui ont été corrigés.
Si on décide d’étendre, parce que ce sont des projets qui sont extensibles, si on décide d’ajouter quelque chose (ce qu’on a fait, ce qu’on est encore en train de faire avec le microblogage), les solutions sont discutées. Les solutions techniques sont discutées avec des gens de différents horizons. C’est-à-dire qu’il va y avoir des gens qui travaillent sur des serveurs, des gens qui travaillent chez des grandes entreprises (XMPP c’est chez Siemens, chez IBM, chez Google. Facebook, jusqu’à très récemment, ils l’utilisaient). Il y en a qui s’en servent pour faire l’internet des objets, etc. Donc si on décide de rajouter quelque chose, ces gens de différents horizons vous nous aider à discuter et vont dire : « Ah oui, mais là, la façon dont vous le faites ce n’est pas forcément bien, ce serait mieux de faire telle façon, etc. » Ce qui fait que quand on va étendre la chose, on va, en général, arriver à une solution technique qui est meilleure, et donc on va s’éviter les problèmes en amont. Et quand on va rajouter une fonctionnalité, du fait que c’est un standard, on va la documenter. C’est-à-dire que si quelqu’un d’autre veut développer quelque chose qui va être compatible avec nous, enfin qui veut être compatible avec nous, qui développe autre chose, il aura tout ce qu’il faut pour faire sa propre implémentation. Donc l’utilisation d’un standard c’est un point sur lequel on insiste.
Il y a un autre projet, ici on a les développeurs de Movim [3], qui est un autre projet qui utilise le même protocole et on est amis avec eux. Et le gros intérêt de ça, c’est que les gens qui ont un compte chez Movim, les gens qui ont un compte chez nous, peuvent communiquer, et on peut même inverser les logiciels, il n’y a pas de soucis ça va fonctionner. C’est un gros point par rapport au… Alors je ne vais pas non plus taper sur les autres projets. Il y a des tas d’autres projets libres et c’est très bien qu’il y ait des projets libres, mais il y en beaucoup qui sont un peu sur des îlots. Et ça risque de poser un problème un jour parce qu’on va se retrouver avec des gens sur un réseau qui ne pourront pas communiquer avec des gens sur d’autres réseaux. Le fait d’utiliser un standard ça permet d’éviter ce problème.
Là, je vais vous réexpliquer la même chose de manière un peu plus visuelle.
Là on a donc Movim avec sa base utilisateurs, sa base de serveurs installés un peu partout dans le monde. On a Jappix qui est aussi un autre réseau qui a eu son heure de gloire avec pas mal d’installations un peu partout. Donc là pareil avec ses utilisateurs, etc. On a Gajim qui est client de messagerie très connu, qui est disponible dans, je pense, toutes les distributions, donc pareil avec sa base utilisateurs, etc. Et on a Salut à Toi. Et là on ne va pas se retrouver avec quatre réseaux différents, quatre îlots différents. On va se retrouver avec un grand réseau, avec tous ces logiciels qui vont pouvoir communiquer entre eux. Donc on n’est pas du tout en train de s’isoler. Et en plus, si on veut discuter avec d’autres réseaux… Là, je vais rapidement vous expliquer un peu tous ces réseaux-là.
GNU social c’est un réseau qui se base sur l’ancien moteur de Identi.ca, si vous connaissez, qui recommence à avoir un peu de succès en Espagne, j’ai vu qu’il y a un peu de monde dessus.
Matrix c’est un nouveau truc. Tiens on parlait un peu d’eux au FOSDEM.
Diaspora je pense que vous connaissez tous, qui reprend un peu du poil de la bête parce qu’il y a eu des instances avec Framasoft, notamment.
Le courrier électronique, évidemment tout le monde connaît.
IRC tout le monde, je pense, connaît aussi. C’est de la messagerie instantanée.
Et aussi SeenThis/Zinc c’est aussi un réseau assez intéressant qui a été développé par, notamment, le créateur de SPIP, qui est utilisé par des gens comme Le Monde diplomatique, comme CQFD [4], etc.
Donc voilà. Tous ces réseaux-là en fait sont des réseaux qui sont extérieurs, mais on peut communiquer avec eux à travers des passerelles. C’est-à-dire des choses qui vont traduire, en fait, le langage de ces réseaux vers XMPP, ce qui va nous permettre de communiquer avec ces réseaux. Et ce qu’on aimerait, c’est que tous les projets libres soient ensemble et fassent une espèce de grand réseau ensemble.
L’intérêt d’utiliser XMPP, c’est qu’XMPP gère énormément de choses. Donc ça gère, comme je disais tout à l’heure, microblogage, messages, etc. Et si on arrive à avoir quelque chose de simple partout, on va se retrouver avec un seul compte. Par exemple n’importe qui qui aura un blog basé sur XMPP n’aura pas besoin de créer, attendre l’e-mail ou vous faire un CAPTCHA ou je ne sais pas quoi : vous avez déjà votre compte XMPP, vous envoyez le commentaire et vous aurez le commentaire qui s’affichera directement sur le compte que vous souhaitez avoir. Et on pourrait faire pareil avec du partage de fichiers, etc. L’idée ce serait d’avoir un compte et non plus dix mille comptes sur dix mille sites différents.
Libervia, l’interface que vous avez vue. Ce n’est pas une finalité, c’est plus un exemple de ce qu’on peut faire avec le grand projet Salut à Toi.
On peut s’en servir comme base pour construire des nouveaux réseaux. Par exemple, il y a un réseau d’hébergement qui s’appelle BeWelcome, qu’on utilise, qui a une base de code un peu vieillissante. On aimerait beaucoup utiliser Salut à Toi pour refaire, en fait, le site basé sur XMPP. On aimerait bien faire, par exemple, des réseaux de covoiturage, auto-stop, etc., qu’on pourrait baser là-dessus. En fait, on a toute la base. À chaque fois c’est un peu la même chose. C’est toujours des commentaires, des gens qui se mettent en relation, etc., et on a tout ce qu’il faut de base pour ce genre de choses.
On peut aussi utiliser les fonctionnalités séparément, pour avoir des logiciels qui ne font que la partie copie de fichiers. Par exemple, vous pourrez intégrer ça dans votre bureau. On pourrait faire des fichiers qui ne font que la messagerie. On a Jitsi, par exemple, qui est spécialisé dans la visioconférence.
Et on va aussi s’en servir comme un outil de réflexion. On a créé donc une association. Une des raisons de l’association c’est de développer la base de code. Le but de l’association c’est de s’en servir comme point de réflexion sur l’utilisation des nouveaux médias, parce qu’on pense que la technologie n’est pas neutre. On pense que la façon de créer, la façon d’organiser un outil influence énormément son utilisation. Le choix des fonctionnalités est quelque chose d’important. Je vais vous donner un exemple. Il y a Free, il y a un an ou deux, je ne sais plus, qui avait décidé d’activer par défaut un blocage de publicité, l’équivalent d’un Adblock au niveau du réseau local. Et dès qu’ils ont annoncé ça, il y a eu une levée de boucliers dans tout le web. On a crié au scandale, qu’on allait tuer tous les sites, etc., alors que c’était juste rien du tout, une case, une option à cocher. Pourquoi ? Parce que tout le monde sait que la plupart des gens ne changent pas les options par défaut. Et donc, le choix des options par défaut, est une chose qui n’est absolument pas neutre. Il est très important de choisir la façon dont on organise les choses par défaut.
Un autre exemple que je sors assez souvent, c’est la lecture linéaire. Si vous lisez sur un journal papier, par exemple un article, vous aurez une lecture approfondie, vous serez concentré, etc. Vous allez lire le même article sur le web, vous allez lire deux lignes, vous allez vous retrouver avec un lien, par exemple vers Wikipédia, puis un autre, un autre, un autre, etc. Et au final vous aurez complètement perdu le lien vers l’article d’origine. Donc une solution technique simple pour ça, ce serait de prendre tous les liens et de les mettre à la fin de l’article.
Donc voilà. La façon d’organiser l’outil influence énormément notre façon d’utiliser l’outil. Et c’est le genre de choses auxquelles on essaye de réfléchir quand on crée notre logiciel. Un autre exemple qu’on a ce sont les like. On pense que les like, qui ont été inventés par Facebook, sont uniquement un outil de marketing et qu’ils posent un gros problème, parce qu’il y a des choses, là, qui se font comme l’achat de like. On va se retrouver avec les grandes marques, donc celles qui ont le plus de sous, qui sont meilleures en marketing, qui auront plus de like, et après ça va complètement déséquilibrer l’influence des gens parce les articles ou les entités qui ont le plus de like vont se retrouver en priorité sur ce que vous allez lire, et ça va énormément influencer ce que vous allez lire, votre façon même de penser. Donc c’est important aussi, et nous, pour le moment, on n’a pas l’intention d’implémenter les like pour cette raison.
Donc voilà. La disposition. Une chose qui est connue, la courbe de mon ami Frank Rousseau, il n’y a pas longtemps, qui expliquait ça. Quand vous allez sur un site, il y a une lecture qui est en Z, où, en général, vous allez commencer par quelque chose qui vous intéresse puis vous allez arriver sur une pub, puis vous allez arriver sur quelque chose qui va vous donner envie de rester. Donc la disposition, non plus, n’est pas neutre du tout dans la façon dont vous regardez une page. Et pour donner une petite comparaison, Facebook, leur but, c’est que vous restiez le plus longtemps sur leur site. Nous, notre but, c’est que vous restiez le moins longtemps possible sur le site, que ce soit un outil et qu’on favorise au maximum les rencontres réelles, etc.
Une chose importante aussi, c’est le rôle de la langue. Il y a souvent des traductions dans différentes langues de l’interface, mais souvent, quand on écrit dans des logiciels de messagerie, il n’est possible d’écrire que dans une langue. Ce qui fait que si on veut être lu, la plupart du temps, c’est l’anglais qui va être choisi comme langue par défaut. Le problème avec l’anglais c’est, d’une part, que tout le monde ne le lit pas, ne le parle pas, et, d’autre part, il y a toute une culture qui est associée avec cette langue. Donc, on va se retrouver avec les gens qui sont anglophones qui vont avoir plus d’influence que les gens dans toutes les autres langues et ça peut poser un problème aussi. Nous, le logiciel et le protocole qu’on utilise de base, permet d’écrire dans différentes langues, d’origine, donc c’est une chose qu’on a envie de mettre en avant par la suite pour permettre d’écrire pas uniquement en anglais et de parler plus facilement avec des gens, soit de votre langue maternelle, soit avec d’autres langues. Donc voilà. On considère ça comme un outil et non pas comme une finalité.
On est très engagés au niveau éthique. On a écrit un contrat social que vous pourrez lire sur le site, où on explique clairement nos intentions : pas de censure, des logiciels libres, pas de publicité, pas de vente de données, l’accessibilité autant que possible, etc.
On a décidé aussi de choisir nos canaux de communication. On n’est pas forcément aussi connus que d’autres projets parce qu’on refuse d’utiliser Twitter et Facebook pour communiquer, parce qu’on pense qu’aller sur ces réseaux c’est les alimenter et les justifier quelque part. Et c’est une incohérence avec notre discours qui critique, d’un autre côté, ces réseaux. Donc vous nous verrez sur Diaspora, vous nous verrez sur Singly, vous nous verrez sur des réseaux libres, mais vous ne nous verrez pas sur Twitter, Facebook ou Google+.
Aussi, le choix des outils. C’est très important de penser à ce qu’on utilise. Il y a énormément de sites, y compris libres, qui, des fois juste par méconnaissance utilisent, par exemple, des fontes de chez Google ou vont mettre des boutons partagés ou vont mettre des choses comme ça qui vont aller envoyer des informations à ces sites et trahir, quelque part, le fait que vous êtes en train de lire ou que vous êtes connecté. Donc ça, ce sont des choses aussi auxquelles il faut réfléchir.
Notre gestion projet. On pense que l’entité qui gère un projet est très importante. Elle va influencer, en fait, l’éthique qu’elle va avoir. On n’est pas du tout dans un esprit start-up, c’est-à-dire qu’on n’a pas du tout l’intention d’être millionnaires ou quoi que ce soit. On a décidé de s’organiser sous forme d’association dans l’idée de faire une coopérative plus tard, une association autogérée, dans le sens vraiment des années 70 ou d’avant. Donc on veut être dans l’économie sociale et solidaire parce qu’on pense que la façon de s’organiser va éviter qu’il y ait des actionnaires qui prennent après le pouvoir et fassent dévier complémentent de l’éthique dont on parle.
Campagne d’adhésion
Je vais vous expliquer un peu ce qu’on compte faire dans les mois et l’année à venir. On vient de lancer une campagne d’adhésion justement pour les raisons que je viens de vous expliquer. Parce qu’évidemment, pour développer le projet, il va falloir qu’on réussisse à se financer. Nous, pour l’instant, on travaillait bénévolement, ça fait deux ans qu’on travaille à plein temps dessus.
On a lancé une campagne. On ne passe pas par les grands réseaux connus, parce qu’on veut absolument éviter PayPal qu’on déteste. Donc on a décidé de faire notre propre truc via une association, via un site de notre banque. On veut atteindre 60 000 euros d’ici la fin de l’année. Alors ça peut paraître beaucoup, mais au final ce n’est pas énorme, c’est juste pour avoir deux salaires au SMIC pendant un an. Pour des développeurs, ce n’est rien du tout. Après, il y a d’autres solutions auxquelles on peut penser, du support technique, etc., mais on veut garder une certaine indépendance, alors on va voir ce que ça donne et puis on verra en fonction. Voilà, comme je disais tout à l’heure, on veut être dans l’économie sociale et solidaire.
Ce qu’on a prévu de faire avec cette campagne. On va sortir une version stable, dite grand public, c’est-à-dire qui sera facile à installer, et on va passer par des phases de bêta pour tester au maximum, pour qu’elle soit facile à installer pour la fin de l’année 2015. On a prévu de faire une interface pour bureau et pour téléphone… Alors Android, a priori, parce que pour iOS il y a des problèmes entre logiciel libre et market, enfin… Donc, a priori, ce sera pour la fin d’année aussi. Donc on parle bien d’une application native et pas d’une application web déguisée. C’est-à-dire que vous aurez vos données en local, etc., sur votre téléphone, enfin vous aurez un vrai client XMPP sur le téléphone.
On a l’intention de développer des passerelles. Les trois qu’on a envie de faire en priorité c’est une vers Diaspora et une vers Singly parce que ce sont des réseaux qu’on utilise, et une vers le courrier électronique pour pouvoir envoyer des messages, des mails via XMPP. Et on a prévu de faire une version TorTor. Ils sont en bas, de toutes façons, mais pour ceux qui ne connaissent pas c’est, en gros, un réseau qui permet d’avoir un certain anonymat, donc qui permet de vraiment masquer votre identité.
On a fait une image Docker, si ça vous parle, on a déjà fait une image Docker pour installer l’interface web. On va faire une image préparée pour utiliser Tor, avec un service caché en pelure d’onion, avec le chiffrement forcé, enfin avec tout ce qu’il faut (le plugin dangereux enlevé, etc.), pour pouvoir connecter. Mais ce sera une expérimentation pour le moment et s’il y a de l’intérêt, on essaiera de leur faire une version correcte. C’est pour ça qu’on a un petit logo masqué, c’est pour Tor.
Ça c’est une chose qu’on a prévue plutôt pour 2016. On aimerait faire un boîtier pré-installé un peu dans l’esprit FreedomBox. On aurait donc Salut à Toi, éventuellement d’autres logiciels, voire d’autres logiciels XMPP, que vous auriez juste à brancher sur votre box internet, avec très peu ou pas du tout de configuration. L’idée d’être un peu plus dans l’esprit de l’internet des origines : vous avez vos données chez vous et réparties correctement. L’idée ce serait de vendre avec une petite marge pour financer l’association. Et évidemment de mettre toutes les images et tous les scripts nécessaires pour la fabriquer pour que les gens puissent le faire sans passer par nous s’ils veulent.
Ça c’est plus pour la fin 2016, mais on a aussi l’intention de s’introduire, enfin de faire des plugins pour des logiciels connus comme Blender, Gimp, Inskape, Freescape, etc., pour permettre d’avoir de la messagerie, de partager des informations et de faire du travail collaboratif via ces logiciels. Ça c’est un boulot qui est assez important, mais on a déjà une base très solide pour faire ça. Il ne faut pas compter ça avant la fin d’année 2016, évidemment pas pour tous les logiciels en même temps. Il faudra qu’on étudie bien au cas par cas. Mais voilà, on pense que ça peut être un gros ajout par ces logiciels de permettre de travailler collaborativement voire entre logiciels différents. Par exemple on pourrait commencer une modélisation sur Blender et faire la texture sous Gimp, directement sur une autre machine et tout transférer via le logiciel entre autres.
Conclusion
Donc voilà. Salut à Toi/Libervia c’est un outil qui est unique, qui est engagé. Je pense qu’on est un des projets les plus - si ce n’est le plus - engagé sur notre refus d’utiliser Twitter, Facebook, sur notre contrat social, sur notre militantisme en général.
Donc la boite que vous avez vue c’est un Lime2 d’OlinuXino qu’on a choisi, enfin qu’on va choisir, a priori, parce que c’est du matériel libre. Le logo a été fait par Adrien Vigneron et la version vectorielle par Anna Möstl. Si vous voulez voir le site ou nous soutenir, vous avez l’adresse ici. Vous avez une démo dans l’interface web qu’on a vue au début. Je n’ai pas trop insisté sur les interfaces parce que je voulais un peu plus expliquer ce qui nous différenciait sur cette conférence, mais vous pourrez voir un petit plus, essayer la démo en ligne.
Vous avez le site officiel ici et si vous voulez me contacter directement c’est ici. Oui, je pense que j’ai le temps pour faire quelques vidéos, comme ça on aura un peu de temps pour les questions après. Excusez-moi une seconde.
Ici on voit à quoi ressemble l’interface web avec le microblogage, un partage de photos, etc. Là on a un blog public, donc c’est possible de micro bloguer, non seulement avec les gens que vous voulez, mais vous avez un blog public un peu style Dotclear ou Wordpress, donc accessible de l’extérieur sans problème.
Ici on a une conversation, je vais accélérer un petit peu, si je n’ai pas mis sur pause, voilà. Juste la barre ici que vous voyez est en vert parce qu’on a un code couleurs, en fait, qui permet de savoir si vous écrivez uniquement à une personne ou un groupe de personnes ou si ça va être public. C’est pour éviter d’envoyer par erreur un message à trop de monde. Ici on a une conversation instantanée. On a activé ici le petit canal qui s’est mis, c’est-à-dire qu’on a OTR qui s’est activé, donc la conversation est chiffrée de bout en bout.
Toutes ces vidéos-là vous les retrouverez sur le site. Ici c’est un autre exemple. Alors là on s’est un petit peu amusés. Il y a deux navigateurs, j’accélère encore. Il y a deux navigateurs parce qu’en fait on montrait, il faut être deux pour tester la fonctionnalité. En gros on va lancer une conversation, un salon de conversation normal, de groupe. Hop voilà. Et ici vous voyez il y a titre, artiste, album, en fait on permet d’envoyer des musiques, on s’est un peu amusés pour essayer d’exploiter à fond ce qu’on pouvait faire et on a une liste de lecture qui va être commune et qui va être lue en même temps par tous les membres du salon.
Ça c’est une autre que je montre, de toutes façons on ne voit pas grand-chose, bon, eh bien désolé, on ne voit pas grand-chose. En fait c’est une que je montre, qui est un peu plus pour ceux qui aiment la console. En gros on a deux comptes. D’un côté, on dit qu’on va envoyer la sortie d’une commande Unix à l’autre groupe. Ça a été rapide. En gros on a envoyé la bande annonce de Sintel à notre contact.
Je voulais en montrer une autre qui ne marche pas, mais je peux vous la montrer en-dessous, comment faire une télécommande avec le logiciel pour VLC, simplement pour montrer qu’on va un peu dans beaucoup de directions, pour tester un peu ce qu’on peut faire. Donc voilà. Donc un peu de temps pour les questions je pense. Merci.
Applaudissements
Est-ce qu’il y a des questions ? Il y a un deuxième micro ? Super !
- Public :
- Bonjour.
- Goffi :
- Bonjour.
- Public :
- Je suis arrivé juste un peu en retard, j’ai manqué les cinq premières minutes, je m’en excuse.
- Goffi :
- Ce n’est pas grave. Vous regarderez la vidéo.
- Goffi :
- Je voulais juste savoir la différence entre Movim, par exemple, et Salut à Toi.
- Goffi :
- Déjà un truc qui est clair, c’est qu’on ne fomente pas du tout dans l’esprit de concurrence ou quoi que ce soit. On est amis avec Movim et on encourage à utiliser Movim ou Salut à Toi, celui que vous préférez, il n’y a pas de soucis. Après on a des visions différentes. Peut-être que Timothée dira une chose différente, je n’en sais rien. Movim se concentre sur l’interface web, se concentre beaucoup sur le design. Movim est vraiment superbe, il n’y a pas de soucis là-dessus. On n’a pas forcément les mêmes choix de fonctionnalités. Par exemple ils avaient travaillé sur la vidéo pendant que nous ce n’est pas une priorité du tout. Nous, on travaille beaucoup sur le microblogage. Là on a un truc qu’on aimerait bien standardiser. On peut envoyer des messages uniquement à un groupe. En ce moment on est les seuls à le faire et on va essayer de le standardiser pour que tout le monde puisse le faire. On travaille beaucoup sur ce genre de trucs, sur le microblogage.
Après c’est vraiment une question de choix personnel. Nous, ce qu’il y a, c’est qu’on a aussi des interfaces différentes et des trucs comme je pense intégrer dans Blender, etc., ce n’est pas forcément dans l’optique de Movim. Movim, ils se concentrent vraiment sur un truc pour le web, joli, agréable à utiliser. On est amis, de toutes façons, on va fonctionner ensemble. Donc je recommande aussi Movim, il n’y a pas de problème. Et voilà.
- Public :
- Ça marche par pod aussi je pense ?
- Goffi :
- Pod c’est plus un terme hype que sur un serveur quoi. Oui, ce sont des serveurs XMPP, tout à fait. Les serveurs classiques sauf que pour le microblog on a besoin d’extensions pour le moment parce que le temps que vraiment ça se… Voilà, ce sont des trucs dont on peut discuter par mail ou qu’on explique sur le site, enfin voilà quoi !
- Public :
- Merci beaucoup.
- Goffi :
- De rien. Une autre question.
- Public :
- Bonjour.
- Goffi :
- Bonjour.
- Public :
- Moi j’ai une question peut-être un peu naïve. Je rêvais, moi, d’avoir un réseau social libre pour me passer de Facebook ou autres. Mais le problème que je me pose c’est que voilà, si je m’installe un Linux, un Firefox, c’est moi qui décide. Pour un réseau social il faut que mes amis adoptent aussi. Et donc, quand on connaît la force de frappe de Facebook ou autres ! Alors bien sûr, votre but ce n’est pas de concurrencer ces géants-là, mais vous êtes quand même sur le même marché. Quel est votre plan, en fait, pour arriver à faire en sorte que les gens adoptent votre solution ?
- Goffi :
- Ça c’est ce qu’on appelle l’effet réseau. C’est-à-dire qu’il faut un certain nombre de gens avant qu’un réseau soit utile. Nous, deux choses déjà : on ne part pas de zéro, on est sur un réseau existant. Il y a déjà beaucoup de monde sur XMPP. On ne part vraiment pas de rien. Ensuite le fait qu’on est compatibles, encore une fois on n’est pas sur des îlots, donc on va profiter et inversement ils vont profiter, ceux qui sont chez Movim, ceux qui sont chez Japix, etc. Après, nous on a aussi envie de créer, en fait, un système d’identifiants, c’est-à-dire qu’on pourrait, par exemple, créer une conversation ou créer un blog privé mais qu’on inviterait quelqu’un avec une URL, avec une clef dedans qui permettrait, même sans avoir de compte, de rejoindre une conversation.
Donc il y a des tas de raisons. L’effet réseau ce n’est pas quelque chose qui nous traumatise particulièrement. Et en plus, aussi, c’est non seulement utile d’intégrer dans d’autres logiciels, mais je pense que le fait d’intégrer du XMPP dans du Blender, dans du Gimp, etc., ça va énormément faciliter l’adoption de ce genre de choses. Ce n’est pas quelque chose qui m’inquiète outre mesure l’effet réseau. Une autre question ? Non ? Oui vas-y !
- Public :
- Du coup est-ce qu’il n’y a pas aussi un coup à jouer pour concurrencer les outils un peu plus pros genre Slack qui, pour l’instant, sont gratuits, mais on ne sait pas trop combien ça dure et puis c’est fermé.
- Goffi :
- De toutes façons, utiliser un truc fermé pour communiquer, déjà, à mon avis, c’est une grave erreur. Je ne comprends pas en fait à quoi jouer ? Comment ça ?
- Public :
- Comme ce sont des groupes plus restreints, au sein d’une entreprise, c’est plus facile si une entreprise impose comme messagerie interne, on utilise Salut à Toi, d’un coup on a plein de personnes dessus.
- Goffi :
- Oui, c’est clair que nous, de toutes façons, on cherche à être dans les entreprises aussi, etc. Nous, en fait, notre problème c’est qu’effectivement, il faut qu’on se fasse connaître. Surtout comme on refuse d’utiliser Twitter, Facebook, c’est quand même plus compliqué. On compte beaucoup sur tous les médias alternatifs pour faire parler de nous. On a eu un article sur Reflets, l’année dernière, qui nous a bien aidé. Là je pense qu’on va avoir besoin de sortir notre prochaine version pour ça. Voilà. On compte beaucoup sur les médias pour faire parler de nous. On a déjà été contactés par des entreprises qui voulaient installer chez nous. C’est juste que jusqu’ici on disait : « Non, ce n’est pas le moment, parce que ça ne va pas être stable et on n’est pas encore prêts ». Là, on dit qu’à la fin de l’année 2015 on sera prêts. Après, on a un coup à jouer ! Oui, de toutes façons, je pense que ce sont des outils qui sont très demandés. On voit des trucs qui se financent et qui font beaucoup moins de choses que ce qu’on fait. On a de la messagerie chiffrée, on va faire de la messagerie pseudo anonyme avec Tor, enfin anonyme, à peu près. Et on va faire du partage de fichiers. Enfin moi, tous les projets que j’ai vus, il n’y en a aucun qui faisait autant de choses et surtout, on a la compatibilité avec les autres réseaux qui est quand même essentielle. Je pense qu’on a quelque chose. Une autre question ? Toujours pas ? OK. Bon, eh bien on va laisser la place à Movim. Merci beaucoup.
Applaudissements
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