Les logiciels libres comme alternative au monopole de fait des GAFAM JdLL 2024

Quelques alternatives aux GAFAM, proposées par les communs numériques basés sur les logiciels libres.

Le diaporama que je vais vous présenter est disponible sur le site d’AviGNU [1] dont vous avez le petit logo, qui est une association de promotion et d’aide à l’installation de logiciels libres à Avignon.
Toutes les références, j’ai pas mal de références, figurent soit en cours du diaporama et j’ai quelques diapos de références, de textes, etc., en fin de diaporama.

Introduction

L’origine de ce diaporama est multiple. En fait, au cours de mon expérience dans cette association d’installation et d’aide à l’installation, au suivi des installations de logiciels libres, un certain nombre de questions sont posées par les personnes qui s’intéressent un petit peu au pourquoi des choses : pourquoi se méfier des GAFAM ? Qu’est-ce qu’apportent en plus les logiciels libres ? Pour répondre un petit peu à toutes ces questions du grand public, c’est essentiellement ça, avec l’association, nous avons essayé de faire un petit peu un panorama essentiellement grand public, de façon à essayer d’élargir un petit peu la connaissance, l’utilité, les façons d’installer des logiciels libres et de voir leur efficacité.

Avec l’association, quand j’ai commencé à préparer ce diaporama, je ne me doutais pas qu’il allait être pas mal d’actualité sur les problèmes de sécurité des données, sur les monopoles de fait, etc. Est-ce que c’est quelque chose qui est problématique ou est-ce que ce sont juste des élucubrations de gens qui sont un peu hypersensibles ? Non, parce que, au niveau européen, il y a eu l’apparition et la mise en application de deux règlements importants suite au RGPD [2] qui avait été élaboré il y a quelques années :
le DMA, le Digital Markets Act [3]. Est-ce qu’il y en a qui en ont entendu parler, qui savent de quoi il s’agit ? À ce sujet, un documentaire super intéressant est paru sur Arte où ils ont refilé toute la genèse de la mise au point de ce système Digital Markets Act, c’est paru récemment. On voit les parlementaires européens à l’action et les pressions des lobbies ;
et un deuxième, son petit copain, dont on a peut-être un peu plus parlé, est-ce que vous êtes au courant ?, c’est le DSA, le Digital Services Act [4].
Le Digital Markets Act, c’est essentiellement pour lutter contre les abus de position dominante, le problème des amendes à Google, etc., qui abuse de sa position dominante.
Le Digital Services Act, c’est plus un règlement qui permet de réguler les contenus avec toutes les dérives potentielles qu’il peut y avoir.

Je vais passer en revue un certain nombre de problématiques sur ces GAFAM qui sont des problématiques de souveraineté numérique et de protection des données personnelles. À ce sujet, il y a un documentaire très intéressant, un film documentaire qui s’appelle La bataille du Libre [5].
Ensuite, pour la protection des données, la protection de l’environnement et la sobriété énergétique, il y a un documentaire LCP qui s’appelle Le numérique : une giga pollution [6] qui est aussi dans la thématique.
On entend de plus en plus parler de la sobriété numérique, on verra un petit peu ce que proposent les administrations de ce point de vue-là.
Et puis, il y a le problème de l’épuisement des ressources minières qui vise à l’obsolescence matérielle. Une intervenante, une ingénieure géologue minier qui s’appelle Aurore Stéphant, qui a une très bonne connaissance de ces problématiques-là, que vous retrouverez facilement sur Thinkerview et sur YouTube.

Au niveau de l’association, on a remarqué qu’il y avait souvent une mauvaise compréhension du fonctionnement du numérique. On a donc proposé ce petit schéma qui permet de comprendre un petit peu et de positionner où se passent les choses, parce que, souvent, les gens confondent, ne savent plus ce qui se passe sur leur machine, sur leur bureau, ce qui se passe sur Internet et où est Internet, etc. On a fait donc un petit schéma.
Il y a de grands lieux où se passent les choses :
il y a votre machine. La machine, c’est quoi ? C’est un système d’exploitation, par exemple, ici, c’est une Debian 12 avec un bureau XFCE, ça fonctionne, ce sont des machines reconditionnées qui ont une nouvelle vie de fonctionnement avec un système Debian. Ensuite, là-dedans, vous avez un certain nombre d’applications, de logiciels qui vous permettent de la faire fonctionner et de l’utiliser pour les besoins que vous avez ;
l’autre face, c’est tout ce qui est le fonctionnement en ligne. En ligne, ça veut dire que ça se passe sur des serveurs, ce qui permet, par exemple, de faire fonctionner un moteur de recherche, de faire fonctionner des outils de travail collaboratif. Pour accéder à ces logiciels en ligne, qui sont sur des serveurs, on utilise des applications qu’on a sur la machine, par exemple Firefox vous permet d’accéder aux applications en ligne et vous avez ce qu’on appelle des clients, Thunderbird par exemple – pas mal l’utilisent sans trop savoir ce que c’est. Ces applications permettent d’utiliser de façon plus efficace un certain nombre de services.

Quelques inquiétudes

Quelles sont les inquiétudes qu’on peut avoir par rapport aux GAFAM ?
J’ai repris un peu ça de mon expérience personnelle, la mise en service de ma tablette fournie par la région Sud, en particulier. Elle a fourni des tablettes qui étaient censées remplacer les ouvrages scolaires. Donc, au moins dans la région Sud, c’était un don aux familles et après, il restait aux lycéens à installer les ouvrages, etc. Je ne vous dis pas le résultat !
Au début, il y a eu un sondage et la majorité des enseignants et des personnels était pour. Trois ans après, ils demandent : « Messieurs de la région, ne pourrait-on pas revenir aux manuels papiers ? ». Pourquoi ? Parce que la majorité des gamins a installé des tas de jeux dessus, les batteries ne tiennent pas le coup, on arrive plus ou moins à faire les installations. Résultat, il n’y avait que 50 % des gamins qui avaient leurs ouvrages en classe, donc c’est un peu gênant !
Nous sommes intervenus au niveau du conseil d’administration de la région, mais le représentant de la région a dit : « Les lycéens sont très contents, il n’y a pas de problème. »
Voilà pour la petite histoire.

Donc, je me suis un peu intéressé à ce qu’il y avait dedans.

Déjà, première chose, il faut un compte Google, c’est quand même gênant. Quand vous voyez qu’on va s’intéresser aux données de vos enfants, on va récupérer un certain nombre de fichiers. Quelques parents ont réagi, mais ça n’a pas posé plus de problèmes que ça.
Deuxième chose, en allant un petit peu explorer, j’ai dit « tiens, il y a un cours de cristallographie », ça peut être intéressant. Eh bien non ! Il faut savoir que ça avait besoin d’accéder à des données, médias, etc. C’est quoi ce truc-là, d’où est-ce que ça sort ? Quand on consulte des cours sur un Internet normal, avec un ordinateur, on n’a jamais ces trucs-là. C’est un peu inquiétant.
Encore plus gênant, il y a une appli générale, qui s’appelle Biblio Manuels, qui permet de télécharger tous les manuels scolaires dont les lycéens ont besoin. Eh bien même pour ça, il faut donner libre accès à un certain nombre de fichiers, on ne sait pas lesquels, on ne sait pas quoi, bref ! Encore problématique.
Inquiétude encore, pourquoi ? Ça, c’est un divertissement intelligent. Évidemment, on ne doit pas savoir faire du divertissement intelligent en dehors de la tablette !
Plus gênant, Scratch [7] qui un environnement de programmation qui est utilisé essentiellement au collège pour apprendre à programmer, on fait de la programmation en blocs. En allant fouiller un petit peu dans les conditions générales d’utilisation, mais j’ai mis un bout de temps, là, ils ont l’avantage de la franchise, on vous dit « les données peuvent être potentiellement transférées ailleurs, n’importe où », et ça n’a pas posé plus de problèmes que ça. Un peu gênant !
Côté un petit peu plus cocasse, quand on regarde un petit peu ce qui paraît dans la presse, donc oui, « Numérique : le guide pour échapper à la mainmise des GAFAM » [Site du journal La Croix], mais, pour s’inscrire, il faut aller sur Google ! Bon ! On trouve beaucoup de choses comme ça, je n’en ai que quelques-unes parce qu’on n’a pas beaucoup de temps.
Pareil, un rapport parlementaire sur la souveraineté numérique, l’indépendance, etc., publié avec Microsoft [8]. Je me suis fendu d’une belle lettre en disant « là, n’y a-t-il pas un petit problème ? », je n’ai pas eu de réponse, évidemment.

On voit apparaître, dans différents médias, et c’est intéressant de repositionner ça dans le temps.
Sur les médias audio, on voit apparaître un certain nombre d’interrogations.
Là, en 2018, « Gare aux GAFAM » sur France Inter.
Un rapport universitaire sur les apports et les dangers des GAFAM.
« Les GAFAM, une menace pour la démocratie ? » sur France Culture.
On voit que, déjà depuis 2015, un certain nombre de clignotants s’allument et qui font qu’on avait un petit peu des raisons de s’inquiéter.

On se rappelle la fameuse campagne de La Quadrature du Net sur le côté intrusif des GAFAM [9].

Au niveau des États, ça a quand même réagi puisque la CNIL a prononcé des amendes concernant le non-respect du RGPD.
L’Allemagne a interdit l’utilisation, dans ses écoles, de Windows 10 et de Microsoft 365 justement à cause de l’impossibilité qu’ils ont eu de dire à Microsoft « on veut que vous respectiez le RGPD », les autres ont dit « non », on va voir pourquoi un petit peu plus tard.

Au niveau de l’Union européenne, c’est le fameux abus de position dominante et c’est ce qui a donné lieu, ensuite, au DMA. Mais, déjà en 2021, des sanctions avaient été prises là-dessus.

Au niveau de la presse écrite, pareil, on voit des interrogations :
« Les GAFAM constituent des monopoles dangereux » dans la revue Les Numériques en 2019.
« GAFAM : la chasse au monopole est ouverte », Les Échos, 2019.

De quoi parle-t-on ?

Tout ça peut éventuellement faire dire « d’accord, OK, mais dans notre vie personnelle comment est-on impacté ? »
Dans notre vie personnelle, si on a un tant soit peu là la volonté de choisir un système alternatif, en fait, c’est difficile. Trouver une machine équipée avec du GNU/Linux, ça devient quand même de plus en plus facile, mais on est toujours obligé de passer en ligne, on ne trouve pas ça dans le commerce de proximité. Ensuite, au niveau des vendeurs, etc., vous n’en trouverez pas un pour vous conseiller du GNU/Linux ou pour vous diriger vers des communs numériques alternatifs, ce n’est pas possible. Les services alternatifs sont peu connus et peu utilisés.

Bref aperçu des réactions, résistances et problématiques

Autre volet des problématiques, ce sont :
les problématiques de l’obsolescence programmée,
le problème des déchets électroniques qui sont dus effectivement à l’obsolescence logicielle et matérielle programmées. Tout cela génère un nombre de déchets extrêmement important.

Le dernier volet que j’aborde, c’est le problème de l’impact environnemental et énergétique des datacenters. Les datacenters sont des zones qui sont consommatrices d’énormément d’énergie et qui ont un impact environnemental, puisqu’ils s’installent sur de grandes surfaces sans forcément l’avis de la population, etc. L’Adème a fait un rapport très intéressant à consulter là-dessus [10]

Il y a aussi la problématique des ressources minières qui, en particulier selon l’analyse d’Aurore Stéphant, manquent, vont devenir extrêmement rares et qui sont aussi à l’origine de problèmes sociaux et environnementaux énormes.

Le dernier point intéressant aussi, c’est l’histoire du CLOUD Act [11] une loi américaine extraterritoriale. Ça veut dire que les autorités américaines peuvent avoir accès aux données des sociétés américaines même si elles sont implantées hors des USA, ce qui est quand même extrêmement gênant et c’est ce qui fait dire à certains que le CLOUD Act est incompatible avec le RGPD. Donc le problème de Microsoft en Allemagne qui ne pouvait pas signer « je respecte le RGPD », parce que c’était en contradiction avec le CLOUD Act. C’est important à savoir.

Face à ça, un outil dont on dispose, ce sont les associations qui se mobilisent. Il y a des associations diverses et variées sur l’ensemble du territoire qui proposent de l’information et des install parties. Là, c’est une association de Vandœuvre, une association qui est en Alsace, qui propose d’informer les gens, de les aider, de les accompagner dans l’installation d’un système libre lors d’install parties sur du matériel reconditionné. Parmi elles, il y a AviGNU, je rappelle que le diaporama est disponible sur le site d’AviGNU au format odt libre.
On se souvient aussi de la fameuse campagne de Framasoft « Dégooglisons Internet » [12], qu’on a tous plus ou moins mise en valeur.
Tout cela fait appel au logiciel libre.

Les logiciels libres

On rappelle rapidement les quatre libertés de base du logiciel libre :

  • la liberté d’exécuter le programme pour tous les usages
  • la liberté d’étudier le fonctionnement du programme, de l’adapter à ses besoins
  • la liberté de distribuer des copies du programme ; logiciel libre ne veut pas forcément dire gratuit, c’est souvent le cas, mais on peut vendre du logiciel libre
  • la liberté d’améliorer le programme et de distribuer les améliorations.

Au départ, tout cela avait été élaboré par un monsieur qui s’appelle Richard Stallman [13], qui avait fondé la Free Software Foundation [14], ça date de 1989, donc ça date déjà d’un bout de temps. C’est intéressant d’analyser un peu ce décalage entre les débuts des licences libres, l’élaboration des licences libres et puis, petit à petit, ça met 40 ans à venir dans le grand public.

Quelles sont les caractéristiques qui découlent un petit peu des logiciels libres ?

  • Une grande qualité éthique par les quatre libertés et puis un modèle non marchand là-dessus.
  • La qualité est assurée par un grand nombre de développeurs et, s’il y a un problème de bug, etc., c’est, en général, résolu assez rapidement.
  • Sécurité pour les mêmes raisons : beaucoup de gens travaillent dessus, sont attentifs, donc, quand il y a un bug de sécurité, ça peut être résolu assez rapidement.
  • Faible coût d’acquisition, la plupart du temps c’est gratuit, mais pas forcément.
  • Équité. C’est intéressant : quand on exige un travail numérique de la part des élèves, on s’assure qu’ils disposent effectivement des mêmes outils, des mêmes versions pour pouvoir travailler en collaboration, échanger leurs fichiers et pouvoir disposer des outils que l’on a décidé de mettre en utilisation, ça, c’est intéressant.
  • Économie circulaire, évidemment, puisque ça permet de lutter contre l’obsolescence matérielle et logicielle par la même occasion.
  • Pérennité des données qui va avec l’interopérabilité. L’interopérabilité, c’est ce qui permet à plusieurs utilisateurs d’utiliser les mêmes fichiers sans faire trop de manipulations et de changements de formats de fichier. La pérennité découle aussi des formats ouverts, du fait qu’avec ces formats ouverts, on s’assure de pouvoir lire son logiciel, même s’il y a un changement de version, même plusieurs années après.
  • Sobriété numérique, c’est éviter l’obsolescence matérielle et l’obsolescence logicielle.
  • La mise à disposition d’un certain nombre d’outils. Du fait qu’on peut faire, avec le même outil, un certain nombre d’opérations un peu différentes, ça évite, à chaque fois, de télécharger et d’utiliser des outils spécifiques pour une opération, puisqu’on a des outils qui sont assez universels, et ça, c’est intéressant.

Il y a un petit schéma, à la suite, sur l’interopérabilité.

Ce qui est intéressant, c’est que l’administration fournit, rassemble un certain nombre de logiciels avec leurs fonctions, ce qu’on peut faire avec, les conditions d’utilisation. Tout cela, pareil, accessible librement sur Internet [15]. On a tous les logiciels libres que l’on connaît, LibreOffice, etc., et, en plus, un certain nombre d’applications un peu plus spécialisées. Selon vos besoins, allez y jeter un coup d’œil, c’est intéressant.
Il y a un service public [Service public du logiciel libre] qui permet aux administrations qui veulent faire le pas, s’équiper en logiciels libres, utiliser des logiciels libres, d’avoir un coup de main.

Il y a un changement quand même assez intéressant : il y a eu la publication de la Stratégie du numérique pour l’éducation 2023-2027 [16]. Je ne sais pas s’il y en a qui étaient à la conférence d’Alexis Kauffmann [17], samedi, où il en a parlé puisqu’il a participé à l’élaboration de ce référentiel, de cette stratégie.
Ce qui est intéressant, c’est que, pour la première fois, on voit affiché clairement, et de façon assez forte, la volonté d’aller vers les logiciels libres, par exemple « s’appuyer sur les logiciels libres sécurisés, souverains, communautaires ». Ça va aussi de pair avec le rapport parlementaire sur la souveraineté numérique, évidemment. « Utiliser les communs numériques libres pour partager des ressources éducatives libres », ouf !, ça fait quand même un changement important quand on est habitué à cette espèce d’omerta qu’il y a sur les logiciels libres. « Favoriser le développement du numérique responsable avec une mise en cohérence avec les objectifs de développement durable, les ODD », « la priorité est donnée aux logiciels libres ».
Enfin des recommandations fortes pour les communs numériques.

Je ne sais pas si vous vous souvenez de ce fameux épisode, ça vous dit quelque chose ? C’était la fameuse signature du partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale [18]. C’était en 2015. Heureusement, on voit que les choses évoluent dans le bon sens quand même, c’est un peu rassurant.

Au niveau des sites qui référencent un peu les logiciels libres, on retrouve Framasoft [19] et il y a un certain nombre d’associations qui référencent aussi des logiciels libres.
Framasoft propose même des référentiels pour différentes plateformes, soit Linux, soit Windows, sous cette forme-là. On peut cliquer et rechercher une application libre selon le type de travail qu’on a à faire. C’est intéressant. Allez aussi y jeter un coup d’œil. On découvre pas mal de logiciels, qu’on ne connaissait pas, qui font peut-être le boulot qu’on n’est pas arrivé à faire avec d’autres.
Ça, c’était au niveau applications.
Au niveau systèmes d’exploitation, on a un peu la même chose. Si on veut explorer un petit peu, avant de passer en système libre, les différentes distributions, on appelle ça des distributions disponibles. Là, pareil, vous avez à disposition les références qui vous expliquent un petit peu les différences.
Celle qui est à la base de toutes les distributions Linux grand public, c’est la Debian [20] qui est à la base d’Ubuntu Debian ; c’est le noyau Linux et puis la couche Debian, en gros. Ubuntu, c’est une couche qui se rajoute sur la Debian.
Vous avez Emmabuntüs [21] pour des machines un peu flemmardes.
Vous avez Linux Mint qui est quand même assez connue dans les distributions grand public.
Et vous avez la fameuse PrimTux [22], Alexis Kauffmann en a parlé hier. C’est une distribution extraordinaire pour l’école primaire. À l’époque, c’était une distribution à part entière basée sur une Debian, il fallait vraiment installer un système sur une machine, maintenant, elle peut s’installer en tant qu’application sur une Linux Mint, c’est donc aussi intéressant.

Des alternatives pour les services numériques en ligne

Les communs numériques. On passe des applications aux communs numériques, c’est-à-dire les outils qui vont permettre de faire du travail collaboratif.
On a déjà vu apparaître les communs numériques libres dans le projet de l’Éducation nationale et puis il y a un certain nombre d’associations qui promeuvent, proposent, expliquent des communs numériques libres, dont Framasoft avec Framaforms qui permet de faire des questionnaires, Framagroupes pour faire des groupes de discussion, Framadate pour planifier les réunions, etc. Tout cela est expliqué et directement disponible puisque c’est en ligne, et utilisable assez facilement. J’en ai expérimenté quelques-uns. Framapad est un outil de travail, de traitement de texte collaboratif, simple.

Vous avez les Chatons [23] qui présentent différentes applications. Ils fournissent parfois des outils un peu particuliers, le tableur Calc collaboratif, par exemple, la rédaction collaborative qui fait un peu doublon avec Framapad. Il faut essayer, voir selon les applications ce dont on a besoin, ce qui convient le mieux. C’est dommage qu’il n’y ait pas un petit peu un comparatif disant « notre traitement de texte collaboratif chez les Chatons a telle particularité alors que dans Framapad, on va trouver d’autres types de fonctionnalités. » Pour ça, il faut regarder un petit peu, il faut essayer. C’est à la fois un inconvénient et un avantage.
Il y a aussi de la visioconférence. On en retrouve un certain nombre, en doublon aussi.
Partage de fichiers, pareil, ça fait un peu doublon. On choisit en fonction de sa sensibilité.

Il y a le Chapril [24], un ensemble de services fournis par l’April, qui font aussi, parfois, double emploi. On retrouve une visioconférence, organiser un événement, etc. Je n’ai pas tout essayé. Ça serait intéressant d’avoir un petit peu un comparatif pour, en fonction de ses besoins, se diriger vers une application ou une autre.

Dernier outil dont je parle ici, c’est Nextcloud [25] qu’on le voit apparaître aussi un peu sur les smartphones. Il permet de faire du travail collaboratif et puis de synchroniser ce qui se passe entre son smartphone, son cloud et sur son ordinateur. Ça a été intégré dans la grande boîte à outils de l’Éducation nationale qui est accessible par apps.education.fr [26]. C’est Nextcloud qui a été choisi pour cette boîte à outils pour l’Éducation nationale.

Je cite aussi Mastodon [27] , un réseau social libre et puis PeerTube [28], qui est une variante libre de YouTube.

Dans le cadre de ce fameux projet, l’Éducation nationale a mis à disposition une boîte à outils qui comprend tous les principaux outils de travail collaboratif, de travail à distance, etc. Les enseignants en disposent de façon gratuite.

Qu’est-ce qui se passe au niveau des téléphones, des smartphones ? Qu’est-ce qui est disponible si on veut se libérer de Google ? Autant c’est assez facile de se libérer de Google, de Microsoft, des GAFAM sur un ordinateur, une install partie, c’est vite fait, ça marche assez bien, par contre, sur les smartphones, c’est un peu plus problématique. Je viens de passer la matinée avec les spécialistes, il y avait ce qu’on appelle pour les smartphones une « flash partie », parce qu’on flashe sa ROM, etc., c’est un peu plus problématique, vous n’êtes pas sûr à 100 % d’arriver au bout. Pourquoi ? Parce qu’ils bloquent un maximum et on est obligé de demander le code pour rooter [Acquérir les droits d’administrateur, NdT] l’appareil au fabricant qui en dispose. Certains refusent de le donner ou ne le donnent qu’à moitié pour faire croire qu’ils le donnent, mais, en fait, quand on essaye, ça ne marche pas. Quand vous avez un smartphone à reconditionner, il vaut mieux aller voir des associations qui le font et qui vous aident à le faire.

Un smartphone dégooglisé c’est possible

Petite explication. Qu’est-ce qu’un système d’exploitation dégooglisé sur un smartphone ? Vous avez le noyau Linux, vous avez la petite couche Android et puis vous avez la couche, en particulier ici, ce qui est assez utilisé c’est LineageOS [29]. L’installation consiste à installer tout le système d’exploitation avec la dernière couche qui comprend tous les outils classiques, le minimum des outils classiques dont vous avez besoin sur un smartphone : le carnet d’adresses, le fait de pouvoir envoyer des SMS, etc., mais rien d’autre, c’est ça qui est intéressant, vous n’avez pas tout un tas de trucs chargés.

Public : Nous étions ensemble ce matin pour les smartphones. On peut aller voir sur le site de l’éditeur pour voir si son smartphone est compatible. En l’occurrence, le mien c’est un Huawei qui est bloqué par mon entreprise.

Hubert Raymondaud : Voilà le problème. Pourtant, les mecs ont essayé, ils sont quand même costauds. On a passé quasiment la matinée sur le truc d’entreprise… et rien, pas possible, pourtant on était près du but.

Public : Pourtant le Motorola est vraiment labellisé pour passer…

Hubert Raymondaud : Oui, sauf que le problème des smartphones donnés par les entreprises, il y a un blocage supplémentaire.
Par contre, ça marche quand même, globalement, dans la plupart des cas, ça marche, ce n’est pas évident, ne le faites pas tout seul sauf si vraiment vous êtes geek.
/e/OS, est une adaptation de la dernière couche LineageOS faite par la société Murena [30] et c’est celle-là que, en général, ils essayent d’installer sur les smartphones, c’est celle-là qu’utilisent les gens que j’ai rencontrés ici. Ce site, Murena, fournit, même pour les gens qui sont habitués, toute une démarche conséquente à suivre, etc., elle est donnée, elle est claire et nette. Ils disent qu’ils sont disponibles sur 245 téléphones différents. Il y a un site qui vous liste tous les terminaux, smartphones physiques qui sont susceptibles d’être compatibles.
Et puis, si vous ne voulez pas vous embêter, cette fameuse société-là fournit directement du matériel reconditionné ou du matériel neuf installé avec /e/OS, donc, là, vous êtes « débarrassé », quasiment débarrassé de tous les miasmes de Google.
Ça, c’est FairPhone [31] qui peut être équipé avec un système /e/OS.

Des modèles économiques du logiciel libre

Un autre sujet qui revient assez fréquemment, c’est « mais tous ces gens-là, qui font tout ce travail-là, comment gagnent-ils leur vie ? Quel est le modèle économique des logiciels libres ? » C’est vrai que quand on y pense un petit peu, ce n’est pas forcément évident d’imaginer qu’il peut y avoir un modèle économique et que les gens gagnent leur vie là-dessus.
Le modèle économique des logiciels libres est un modèle économique qui est basé non pas sur la rémunération d’une utilisation, comme ce qui est fait avec du logiciel propriétaire, mais surtout sur la rémunération de services. On est un peu dans ce qu’on appelle les avantages collatéraux, c’est-à-dire que les gens qui développent des logiciels libres, qui les améliorent, qui les modifient, etc., bossent souvent pour des entreprises, aussi aidés par des bénévoles, on a un certain nombre de bénévoles, mais les entreprises bossent sur la prestation de services. En même temps, comme c’est du logiciel libre et qu’elles ont obligation de ne pas fermer le code, tout cela aboutit chez nous et on profite de cet échange de services.
Si ça vous intéresse, vous avez une enquête [32] qui est très intéressante. Il y a une bibliographie énorme sur le modèle économique des logiciels libres. Je commence à la découvrir, je vous donne juste quelques éléments mais, si vous voulez approfondir, vosu devez aussi savoir qu’il y a un modèle économique des logiciels libres. Dans ce rapport, vous trouverez un petit panorama sur les entreprises du logiciel libre en termes statistiques et ensuite en termes de quels sont les différents modèles économiques qui sont à l’origine de l’activité rémunératrice de l’open source.
Un chiffre qui date de 2019 : l’activité logiciel libre/open source a généré 5,2 millards d’euros de chiffre d’affaires, ce qui n’est pas complètement négligeable, donc intéressant.

Juste un petit exemple qui m’est revenu récemment, peut-être que certains en ont entendu parler, c’est le problème de Teams. Microsoft avait de sérieux problèmes de fonctionnement, avec son Teams, sur certaines machines récentes, qui étaient dus, en fait, à la gestion des odes. Il faut savoir que la programmation, la production et la gestion de codecs est un truc sacrément ardu, donc Microsoft s’est cassé les dents là-dessus. Les codecs utilisés par Teams sont, en fait, des codecs qui font partie d’une application qui s’appelle FFmpeg [33], qui est utilisée pour gérer de la vidéo et de l’audio. Microsoft a dit : « Vous ne pouvez pas nous travailler un peu les trucs ? ». Ils ont dit : « Vous signez d’abord votre contrat de service, on négocie et, après, on verra. » Ils ont été obligés d’aligner les sous, pour qu’on leur résolve ce petit problème. C’est l’exemple typique de la façon fonctionne la prestation de services des logiciels libres qui finance le modèle économique.

Préparer et faire son passage aux logiciels libres -Un pas vers l’autonomie et la liberté, AviGNU vous accompagnera

Pour presque finir, je donne un petit argumentaire pour inciter les gens à venir dans les associations, à passer le pas.
Si vous voulez

  • redonner une seconde vie à un ordinateur dont Microsoft ne veut plus,
  • protéger votre vie privée, vos documents du CLOUD Act,
  • faire du travail collaboratif avec des formats interopérables,
  • œuvrer à l’émergence d’une souveraineté numérique,
  • œuvrer à la sobriété énergétique et numérique en installant GNU/Linux sur des machines reconditionnées,

renseignez-vous.
Il faut y réfléchir un petit peu et les associations peuvent vous aider à réfléchir, faire le point sur vos usages et les applications utilisées, c’est très important parce que les gens ont des besoins, si on leur installe un truc comme ça, en général ça peut poser des problèmes, il faut réfléchir : qu’est-ce que vous utilisez ? De quoi avez-vous besoin ? Quand vous utilisez des applications particulières et des programmes, la phase diagnostic questionnaire est importante.
Choisir et installer des applications libres qui rendront les mêmes services que celles que vous aviez sur les systèmes propriétaires, choisir, installer une distribution alternative, etc., et résoudre, faire ensuite un petit suivi là-dessus.

Quelques acteurs – associations, institutions, entreprises, partenaires, rendez-vous, services – du Libre et de l’open source

Je vous ai mis, en fin de diaporama, un certain nombre d’applications et d’acteurs du logiciel libre, vous cliquez, normalement ça va dans le bon site. Je comptais passer quelques petites vidéos, mais je préfère laisser un petit peu de place à la discussion. En fin de diapo, vous avez toutes les références que j’ai utilisées et celles un peu plus particulièrement liées à l’administration Éducation nationale.
Utilisez-le pour faire œuvre de conviction. Plusieurs associations nous ont demandé de venir : les événementiels de la MAIF, les cercles Condorcet, des associations diverses et variées qui sont intéressées pour proposer un petit panorama pour réfléchir et voir qu’il y a des solutions.
Je vous remercie pour votre écoute.

[Applaudissements]

Questions du public et réponses

Place aux questions.

Public : Juste une petite remarque pour une mise à jour : GAFAM, je pense qu’on mettrait « O » à la fin, pour « obèse » et BATX,Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi.

Hubert Raymondaud : Je vais sans doute dire que GAFAM ça regroupe plus que Google…

Public : Jamais on ne parle de toutes les structures d’achat et de vente. Elles ont beaucoup plus d’informations que nous. Elles profilent les gens, leur inconscient, ça leur permet de savoir beaucoup de choses.
La deuxième chose, on n’apprend plus aux gamins à avoir un espace personnel strict avec Internet.

Hubert Raymondaud : C’est une catastrophe. J’ai fait une campagne, j’agis pas mal au niveau du conseil d’administration, je fais partie de l’enseignement agricole public. On a la chance de disposer de salles informatiques presque à volonté. J’avais crié bien fort « interdiction d’utiliser des tablettes ». J’avais choisi l’argumentaire sécurité, parce que les gamins, en faisant du partage de connexion, peuvent se connecter n’importe où, n’importe quand. S’il y a un problème de cyberharcèlement, un problème grave derrière, le juge ne va pas s’arrêter à la porte de la classe, donc j’avais interdit complètement. Mais bon ! Pour l’instant, ils continuent à distribuer leurs tablettes « googlelisées » en veux-tu en voilà, c’est une catastrophe. Si on demande le fric qu’ils ont mis là-dedans, c’est dramatique.

Public : Au départ, c’est bien Edge ou Chrome qui revendent ces données. Il m’est arrivé d’aller chercher un truc sur un dérailleur, d’avoir des liens sur YouTube. Trois jours après, ils te balancent, ils t’envoient toute la gamme des dérailleurs Shimano. Il y a donc bien quelqu’un qui, au départ…

Public : Des trackers-pubs ont été détectés dans Windows 11, sont intégrés dans l’installation.

Hubert Raymondaud : Oui. Ce n’est pas pour rien que l’Allemagne l’a interdit.

Public : Je répète : attention aux BATX, ils sont pires. Ce gommage constant est bizarre. Je ne sais pas pour vous, mais c’est bizarre. Quoi que vous cherchiez, c’est le numéro un. Il n’y a rien qui vous intéresse, mais ils sont quand même numéro 1. Et puis TikTok, ce sont des images pratiquement subliminales au niveau de l’inconscient, on n’a pas la mémoire d’avoir vu, par contre, on a enregistré dans l’inconscient. Tous ces trucs-là sont des choses qui peuvent agir sur l’inconscient et ce n’est pas pour vendre, c’est pour faire penser d’une autre manière. Là, on n’est plus dans l’Américain qui veut faire du chiffre d’affaires pour gagner de l’argent, on est là pour faire penser différemment et empêcher de penser par soi-même.

Hubert Raymondaud : Est-ce que tu as besoin de penser ? Maintenant, on a l’intelligence artificielle, on n’a plus besoin de penser ! C’est le dernier truc ! Comme je l’ai dit : pour moi, le terme « intelligence artificielle », est une imposture sémantique.

Public : Ce n’est pas le bon sens. Intelligence en anglais, c’est intelligence service.

Hubert Raymondaud : C’est pour cela que je dis qu’ils l’ont dévié et je dis que c’est une imposture sémantique.
Je laisse la place à mon successeur.
Si vous voulez le diaporama, vous allez sur le site d’AviGNU. Tu as essayé.

Public : Sur le site des JdLL, on trouve le lien.

Hubert Raymondaud : C’est super, utilisez-le, modifiez-le, améliorez-le, faites œuvre de liberté !