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- Réalisation :
- Lionel Allorge
- Date :
- 2006
- Langue :
- Français
- Licence :
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Transcription
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Interview de Frédéric Couchet
- Lionel
- : Es-tu d’accord pour que ton visage apparaisse dans cette émission dont le contenu sera librement distribuable ?
- Frédéric Couchet
- : Bonjour Lionel, je suis d’accord mais on discutera du terme « librement redistribuable ».
- Lionel
- : D’accord, on précisera. Bonjour Frédéric, peux-tu te présenter ?
- Frédéric Couchet
- : Je suis Frédéric Couchet, 35 ans, je suis le délégué général de l’April : l’Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre. Je suis également président à titre bénévole de la fondation pour le logiciel libre, en tout cas de sa représentation française. Et j’ai fait pendant une dizaine d’années environ, informaticien logiciel libre dans différentes sociétés avant de prendre le poste de délégué général de l’April.
- Lionel
- : Est-ce que tu peux nous parler de cette association April ?
- Frédéric Couchet
- : April c’est une association créée en 1996 à une époque où, en fait, il y avait des groupes d’utilisateurs de logiciel libre, des gens plutôt spécialisés sur les aspects pratiques de l’usage du logiciel libre mais il n’y avait pas d’association qui faisait la promotion du logiciel libre en tant que tel. On a essayer de combler ce vide en créant en 1996 l’association avec l’objectif de faire la promotion du logiciel libre et des standards ouverts. Et, au fur et à mesure des années, en fait, l’évolution de la situation politique et de l’environnement juridique a fait qu’aujourd’hui on a 2 activités principales :
* La première est la promotion, la sensibilisation autour des standards ouvert et des logiciels libres et,
* La deuxième, c’est la défense du logiciel libre et notamment la sensibilisation autour de toutes les tentatives d’appropriation de la connaissance à travers des directives européennes comme les brevets logiciels, comme l’extension des droits d’auteur actuellement en France. Donc c’est une activité, je dirais, de défense.
Aujourd’hui ce sont les 2 grandes activités de l’association.
On est 240 membres répartis sur la France et dans l’espace francophone. On a des partenariats notamment avec des structures comme le forum des droits sur l’internet, la caisse des dépôts et consignation et aussi avec des groupes d’utilisateurs locaux avec qui on organise des manifestations. La prochaine grosse manifestation qu’on organise, c’est à Dijon dans une dizaine de jours du 5 au 9 juillet, c’est la rencontre mondiale du logiciel libre, c’est la rencontre annuelle des développeurs de logiciels libres avec une dizaine de thématiques techniques et non techniques.
Lionel : Est-ce que tu peux nous expliquer en quelques mots ce qu’est un logiciel libre et quelle est la différence avec des logiciels qui sont habituellement vendus soit en grande surface soit donnés avec un PC neuf ?
Frédéric Couchet : Bon, il y a beaucoup de différences, il faut bien voir que quand on achète un de ces systèmes propriétaires comme Windows ou mac, par exemple, dans le commerce, on a qu’une seule liberté qui est très limitée qui est la liberté d’utiliser le logiciel sur la machine sur laquelle on l’a acheté. On n’a pas d’autres libertés.
Dans le cas du logiciel libre, au contraire, on a 4 libertés fondamentales :
*La première, c’est la liberté d’usage, mais la liberté d’usage non limité, c’est à dire qu’on peut utiliser le logiciel sur son ordinateur avec lequel on l’a acheté par exemple mais on peut l’utiliser aussi sur un autre ordinateur, on peut l’utiliser au travail. Donc ça c’est la première liberté, c’est la liberté d’usage complète.
*La deuxième, c’est la liberté de redistribuer le logiciel. On peut faire des copies de façon légale à des amis, à des collègues, et donc c’est la redistribution du logiciel. C’est ce que font les gens avec les systèmes propriétaires généralement mais c’est de la contrefaçon, c’est quelque chose d’illégal. Dans le logiciel libre c’est légal, et au contraire, c’est encouragé puisque ça permet de diffuser le logiciel.
*La troisième liberté, c’est la liberté d’étudier le fonctionnement du logiciel. Et, c’est là où ça commence à devenir intéressant en terme pédagogique et en terme de construction de logiciel c’est qu’on peut voir comment fonctionne le logiciel donc on est pas simplement limité au fait que l’interface nous montre ce que fait le logiciel mais la façon dont il est fait.Pour cela en fait, on a accès au code source. C’est un petit peu comme une recette de cuisine en fait. La version exécutable d’un logiciel, c’est le plat cuisiné. Donc si on veut voir comment a été fait ce plat, à partir du plat cuisiné, on fera appel à ses papilles gustatives, c’est relativement compliqué. Si par contre on a la recette de cuisine, on peut voir très bien comment ça a été fait, on peut l’adapter à ses propres besoins. Ben Dans le cas du logiciel libre, c’est ça. On a le code source du logiciel donc on peut étudier son fonctionnement et en terme de sécurité, c’est très intéressant, puisqu’on peut voir effectivement comment il est construit. En terme pédagogique, c’est aussi intéressant, quand on apprend l’informatique de l’apprendre avec le code source.
*Et de même c’est très intéressant parce qu’il faut bien comprendre une chose c’est qu’un objet informatique, c’est pas un objet fini. Un verre à la limite, ce verre là, il y a de l’eau dedans, il me rend mon service, pas besoin de l’améliorer. Par contre un logiciel il faut l’améliorer pour 2 raisons principales :
** La première les gens du système propriétaire Windows la connaissent bien, c’est les bugs, ce que l’on appelle les erreurs de programmation. Tout système informatique a des erreurs de programmation. Donc on doit pouvoir corriger le logiciel, pour pouvoir corriger ces erreurs de programmation et
** La deuxième, c’est simplement l’ajout de fonctionnalités. Si on compare, Par exemple, les traitements de texte d’il y a une dizaine d’années et d’aujourd’hui, ils n’ont rien à voir en terme de fonctionnalités. Donc rajouter une fonctionnalité est aussi importante.
Et finalement la différence qu’il y a entre le logiciel propriétaire là où il y a un éditeur comme par exemple Microsoft qui contrôle l’évolution du logiciel et le logiciel libre où tout le monde a le droit d’étudier et de rajouter des fonctionnalités c’est en fait dans un cas on a un seul éditeur qui contrôle l’évolution du logiciel dans l’autre cas, tout le monde peut le faire, donc on peut adapter à ses propres besoins le logiciel. Le logiciel libre se construit de façon coopérative. Chacun construit une brique et finalement, quand on a besoin d’une brique, on rajoute la brique supplémentaire mais en récupérant ce qui existe déjà.
Donc ce sont les 4 libertés fondamentales du logiciel libre :
* L’étude
* La redistribution,
* L’usage
* La modification
Et en fait, ce qui est le plus important finalement c’est cet aspect modification, cet aspect communautaire, qui fait qu’on sort finalement d’un usage unique du logiciel, d’un usage particulier où on construit finalement quelque chose ensemble. Un petit peu comme le modèle de la recherche scientifique en fait.
Lionel : Pourquoi les logiciels libres sont-ils ainsi donnés par leur créateur ? Comment ces gens là font-ils pour vivre de leur travail ? Et est-ce que tout travail ne mérite pas un salaire ?
Frédéric Couchet : Alors il y a différentes motivations pour les développeurs de logiciels libres. Il y a des développeurs indépendants, il y a des entreprises. Mais globalement, je dirai qu’il y a des gens pour qui d’abord le logiciel c’est de la connaissance. Le partage d’un logiciel et le partage de la connaissance c’est la
même chose. Pour eux, développer du logiciel, c’est comme construire des théorèmes mathématiques, c’est comme construire de la recherche scientifique donc il faut que ça se diffuse. Et puis il y a ceux qui considèrent simplement que développer du logiciel de façon libre c’est à dire que chacun peut rajouter sa pierre, chacun peut corriger des bugs, c’est beaucoup plus efficace que de faire ça de façon unique par un seul éditeur qui contrôle l’ensemble et c’est normal parce que un seul éditeur peut mettre un certain nombre de développeurs sur le développement d’un programme : une dizaine, une centaine. Dans le cadre du logiciel libre avec internet et la coopération sur l’internet vous avez des milliers de développeurs qui potentiellement peuvent voir comment fonctionne le logiciel donc trouver des bugs et éventuellement corriger des bugs. Donc en terme de développement, il est clair que développer du logiciel libre, c’est beaucoup plus efficace. Et notamment aussi en terme économique c’est à dire que quand vous avez un besoin en informatique, si vous avez un outil logiciel libre qui correspond à votre besoin mais qu’il manque un petite partie, simplement ce que vous faites, vous la développez vous même, vous rajoutez cette petite partie mais vous n’avez pas besoin de redévelopper l’ensemble, pas besoin d’acheter l’ensemble. Donc en fait vous rajoutez juste la brique, vous financez le développement de cette brique là qui va retomber dans le pot commun, qui va améliorer le logiciel donc de façon incrémentale, on rajoute brique par brique, on construit un logiciel qui est de meilleure qualité, qui est plus sécurisé sans que ce soit une absolue et qui correspond plus aux besoins des utilisateurs parce que justement,
les utilisateurs peuvent agir sur ces modifications logicielles contrairement à un éditeur qui va contrôler en fait le développement du logiciel. Donc en terme de développement logiciel, le logiciel libre c’est un meilleur développement et est-ce que savoir si tout travail mérite salaire, évidemment, il faut se souvenir simplement une chose c’est que les développeurs de logiciels donnent accès au code source mais à coté de cela ils ont un modèle économique qui est le modèle de service c’est à dire qu’ils font de la formation, ils font de la maintenance et la majorité des informaticiens qui travaillent dans le monde, travaillent dans une économie de
service. Il y a très peu de gens qui travaillent dans une économie de logiciel propriétaire. Donc, L’économie de service est l’économie par excellence du logiciel. Développer un logiciel libre c’est quelque chose de beaucoup plus efficace donc finalement tout le monde s’y retrouve.
Lionel : Dans cette même idée, est-ce que ce principe des logiciels libres n’est pas finalement politique ? Est-ce que c’est pas une prise de position politique ?
Frédéric Couchet : Ça dépend de ce qu’on met derrière politique, si derrière politique on met le terme « les affaires de la cité », oui, c’est politique effectivement, c’est une vision d’une société où on diffuse l’information, on permet à tout le monde si possible d’avoir accès à l’information tout en tenant compte de la rémunération des créateurs oui dans ce sens là c’est politique. Si dans le sens politique on entend le sens partisan, je dirai oui aussi mais dans le bon sens, dans le sens où tous les parties politiques s’y retrouvent parce qu’ils y mettent ce qu’ils veulent retrouver :
Les libéraux s’y retrouvent parfaitement parce que c’est un modèle sur lequel il n’y a pas de barrières à la création etc.
A gauche ils s’y retrouvent aussi donc tous les partis politiques aujourd’hui soutiennent le logiciel libre, on le voit d’ailleurs dans les différentes prises de position. Donc dans ce sens là aussi c’est politique mais si il y a un parti qui essaye de s’approprier le logiciel libre, ce serait une aberration. Donc pour moi c’est politique mais plutôt dans le sens des affaires de la cité. C’est un choix politique du transfert, de la diffusion de l’information
et en tenant compte du fait qu’il y a des auteurs, qu’il faut rémunérer ces auteurs.
Lionel : Cette idée des logiciels libres, elle vient d’un américain qui s’appelle Richard STALLMAN, est-ce que tu peux nous le présenter ?
Frédéric Couchet : Alors, je dirai pas que l’idée vient de Richard STALLMAN. Je dirai que la force de Richard STALLMAN c’est d’avoir formalisé le principe du logiciel libre à travers une vrai définition donc les 4 libertés et un environnement juridique. Il faut bien comprendre une chose c’est que le logiciel libre a existé de facto avant ce qu’on appelle le logiciel propriétaire. C’est-à-dire que dans les grandes universités dans les grands laboratoires de recherche en informatique aux États-Unis. Les hardwares étaient vendus mais les codes sources étaient disponibles mais ce n’était pas forcement formalisé par un environnement juridique parfaitement déterminé qui disait que c’était du logiciel libre. La force de STALLMAN c’est que quand le modèle de système propriétaire a commencé à se
formaliser au début des années 1980 avec la création de Microsoft et compagnies. Lui a voulu, pour lutter contre ça, reformaliser le logiciel libre de façon très claire donc il a défini 4 libertés. Il a défini un concept effectivement juridique la GNU GPL.
Et c’est plus une formalisation quelque part libre en fait c’est de la recherche scientifique donc il a simplement reprit les principes de la recherche scientifique pour l’adapter au monde du logiciel. Donc Richard STALLMAN était informaticien au MIT. Avec l’apparition du logiciel propriétaire il a commencé à voir des amis développeurs comme lui partir, être attirés par le logiciel propriétaire et donc pour contrer ça et pour essayer de proposer une alternative le logiciel libre, il a fait 2 choses :
* La première c’est qu’il a lancé la projet GNU. GNU c’est un acronyme récursif récursif informatique que je vais pas expliquer mais l’idée c’est de créer un système d’exploitation en logiciel libre complet pour tout usage. Donc ça il l’a lancé en 1984 sans deadline, sans date limite de création mais le but c’est d’avoir un système complet pour tout usage.
* La deuxième chose c’est qu’il a créé un environnement juridique qui protège les fameuses 4 libertés. C’est ce qu’on appelle la GNU GPL (la GNU General Public License) qui protège les 4 libertés du logiciel libre. Et aujourd’hui, 20 ans après en fait, il y a des millions d’utilisateurs de par le monde qui utilisent le système GNU.
La GNU GPL est utilisée à peu près par 3/4 des logiciels libres du monde en tant que licence. Donc il a abouti je dirais à quelque chose d’absolument phénoménal quand on se souvient qu’il est parti tout seul. Il a démissionné du MIT pour que le MIT ne puisse pas dire qu’il avait des droits sur les logiciels qu’il développait. Il a commencé tout seul, il y a des gens qui on commencé à le rejoindre et aujourd’hui il y a des millions d’utilisateurs de part le monde, des sociétés comme IBM qui investissent des millions de dollars chaque année sur le développement du noyau Linux. Vous avez Sun qui investit beaucoup aussi et la fondation mozilla etc... Donc Richard STALLMAN est quelque part « le père du logiciel libre » mais plus dans son coté formalisation et dans l’objectif de créer un système d’exploitation complet en logiciel libre et de créer un système juridique qui protège les 4 libertés c’est ça sa grande force.
D’un coté on a produit du code et d’un autre coté on a produit un environnement juridique qui protège ce code et les 4 libertés.
Lionel : Et alors, on entend beaucoup plus parler de Linus TORVALDS et donc est-ce que tu peux nous le présenter et nous expliquer la différence qu’il y a entre le système GNU et linux ?
Frédéric Couchet : On entend beaucoup plus parler de Linus TORVALDS pour plusieurs raisons. Linus TORVALDS qui a créé le noyau Linux est arrivé à un moment dans les années 90 où, en fait, internet se développait beaucoup et donc il y eu beaucoup de contributeurs tout de suite et donc son noyau a connu un succès immédiat. En outre, Linus TORVALDS c’est un finlandais tout jeune qui présente plutôt bien. Richard STALLMAN c’est vraiment le hacker parfait américain, cheveux long, barbe très longue, habillé je dirai de façon un peu excentrique. Donc il a une image beaucoup plus difficile à passer au niveau de la presse. Linus TORVALDS c’est une image beaucoup plus lisse donc qui a beaucoup plus intéressé la presse. Mais simplement ce qui est important de voir la dessus c’est que dans le cadre du projet GNU, en fait, il manquait une pièce essentielle qui était le noyau. C’est un petit peu comme s’il manquait une pièce dans un moteur de voiture. Et finalement,
Linus TORVALDS, en créant le noyau Linux, a comblé ce trou. Donc aujourd’hui tout le monde appelle Linux le système GNU/linux mais c’est simplement je dirai un effet de bord. C’est peut-être que le nom plus court plaît aux gens mais moi je trouve qu’il est très important d’utiliser GNU/Linux parce que d’abord ça fait référence à ce qu’a fait le projet GNU et Richard STALLMAN, ça donne du crédit à son travail. Et surtout ça rappelle les objectifs fondamentaux de liberté qu’il y a dans le projet GNU qu’il n’y a pas forcément au départ dans
le projet Linux qui est plutôt un projet de technicien. Il faut bien voir que le projet GNU c’est un projet je dirai vraiment politique dans le sens « diffusion et partage de l’information et accès à tous ». Le noyau Linux c’est plutôt, au départ, un projet technique. Linus TORVALDS avait un besoin technique, il avait besoin d’un noyau de type unix pour des machine de type 3-86, il a commencé à le créer. STALLMAN, lui, avait plutôt un projet politique derrière. C’est pour ça que nous on préfère utiliser le terme GNU/Linux mais aujourd’hui la majorité des gens, effectivement, utilisent le terme Linux mais je pense que ça va commencer à se corriger au fur et à mesure des années et on le voit d’ailleurs aujourd’hui dans les distributions Mandrake, Debian disent tous GNU/Linux.
Lionel : Et donc avec tous ces avantages que tu viens de nous décrire, les logiciels libres devraient se répandre assez rapidement partout dans le monde or on en entend relativement peu parler, pourquoi ?
Frédéric Couchet : Alors d’abord, on a pas le service marketing qu’a Microsoft notamment, il faut bien voir que, par exemple dans la presse spécialisée, il faut être très clair, nombre d’articles sont passés parce qu’il y a de la pub qui est passée à coté. Donc ce sont des articles qui sont de la « publi-information » même si ce n’est pas dit comme ça. Et l’autre point essentiel c’est qu’aujourd’hui quand vous allez acheter un ordinateur dans le commerce, vous achetez un ordinateur qui est pré installé pour la majorité des cas avec Microsft Windows. Donc c’est vrai que les gens qui vont aller acheter un ordinateur ne se posent pas la question de quel système ils vont installer puisqu’ils ont déjà un système pré installé, ils ont même pas l’impression de le payer parce que quand ils achètent, ils payent l’ensemble, il n’y a pas de séparation entre le prix du matériel et le prix du logiciel. Donc
c’est pour ça que la diffusion du logiciel libre auprès du grand public est beaucoup plus difficile parce qu’il y a de la vente liée. Et c’est quelque chose qui est illégal. C’est un petit peu comme si demain vous allez acheter une chaîne HiFi, qu’on vous vend de façon obligatoire la compil’ de la dernière Star Ac’ par exemple. Bon, ce serait complètement aberrant. Ben c’est ce qui se passe aujourd’hui dans le monde de l’informatique.
Je pense que dans les années à venir ça va changer, vu qu’un ministre a pris position en rappelant que les ventes de logiciel-hardware était illégal. Ben demain si des constructeurs vendent du matériel en laissant le choix du système d’exploitation et ben demain le logiciel libre se diffusera plus rapidement et deuxième chose, il se diffusera beaucoup plus rapidement parce que dans les entreprises il commence à se diffuser de plus en plus notamment sur le poste de travail. Et les gens ont tendance naturellement à vouloir avoir le même système au travail que chez eux. Aujourd’hui le principal problème est marketing qui est lié aussi aux magasines qui parlent de Microsoft Windows ou autre parce qu’il y a de la pub à coté. Et deuxième chose c’est les ventes liées dans les magasins. ça c’est en train de changer. Je pense que dans les années à venir, ça va changer de plus en plus. A mon avis c’est un mouvement inéluctable. Le logiciel libre est un mouvement inéluctable.
Lionel : Pour finir, il y a une loi future en Europe sur les brevets sur les logiciels qui semble-t-il menace le logiciel libre. Est-ce que tu peux nous dire pourquoi ?
Frédéric Couchet : Alors il y a plusieurs lois en ce moment qui menacent le logiciel libre mais pas que le logiciel libre. Cela menace d’ailleurs beaucoup plus l’industrie européenne en générale donc propriétaire également. En fait il faut bien voir une chose c’est que le logiciel c’est comme écrire un roman. C’est le même principe juridique au niveau légal, c’est du droit d’auteur. Donc, quand vous écrivez un roman, ce qui est protégé c’est l’expression du roman que vous écrivez, c’est pas les idées génériques. Quand vous écrivez un polar, c’est pas les idées génériques du polar qui sont protégées, c’est la façon dont vous allez l’écrire. Dans le cas d’un logiciel c’est pareil. Si vous écrivez un traitement de texte, ce qui est protégé c’est la façon d’écrire le traitement de texte.
C’est pas l’idée même du traitement de texte. Parce que si l’idée même du traitement de texte était protégée, il n’y aurait qu’une seule personne qui pourrait écrire des traitements de textes. Et c’est la même chose dans la littérature, si l’idée même du polar était protégée, plus personne ne pourrait écrire de polars. Donc ça c’est la situation actuelle c’est ce que l’on appelle le droit d’auteur. Le droit d’auteur a permis à des gens d’écrire du logiciel, a permis à Microsoft de devenir milliardaire en tout cas Bill gates de devenir milliardaire en se basant sur le droit d’auteur et derrière il y a une vrai concurrence. Ce qui se passe, c’est qu’effectivement, depuis quelques années il y a quelques personnes qui essaient de pousser pour changer ce système juridique. Mettre
en place la brevetabilité des programmes d’ordinateur. Passer du droit d’auteur au brevet qui permettrait en fait de restreindre l’accès aux fonctionnalités. Donc demain on pourrait dire que les fonctionnalités d’un traitement de texte, par exemple, pourraient être régies par le brevet et donc il faudrait avoir une licence auprès
de l’inventeur de la fonctionnalité pour pouvoir développer cette fonctionnalité là. Et qui ça favorise en gros ? Ben, ça favorise uniquement 2 types de personnes.
* Ça favorise les professionnels en propriété industrielle parce que plus de brevets c’est beaucoup plus d’argent pour eux parce que déposer un brevet ça coûte cher et les procès en brevet coûtent très cher donc eux ils sont favorables la dessus.
* Et toutes les sociétés qui sont en position de monopole parce qu’évidemment, lorsque vous êtes en situation de monopole, vous avez le moyen de déposer des brevets sur des tas de petites fonctionnalités et ainsi vous en servir comme une arme juridique contre un concurrent potentiel qui viendrait sur votre marché. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui Microsoft est favorable au brevet logiciel alors qu’il y a 10 il était contre les brevets logiciels parce qu’au moment ou ils commençaient à se développer, ils avaient besoin d’un marché en libre concurrence et d’être innovants donc ils étaient pour le droit d’auteur et contre les brevets. Aujourd’hui qu’ils sont en situation de monopole et qu’ils veulent garder leur situation de monopole, ils sont pour les brevets et effectivement ils sont les principaux sponsors de cette directive européenne au niveau de la stabilité des logiciels.
Donc il y a un fort débat politique qui a conduit le parlement européen à amender une première fois en 2003 la directive brevet logiciel pour interdire de facto la brevetabilité sur les programmes d’ordinateur. La commission renverse la directive. Donc aujourd’hui ça repasse en seconde lecture le 6 juillet 2005 au parlement européen.
Les mêmes amendements des parlementaires vont être proposés, on peut espérer que les mêmes amendements vont être votés donc de nouveau la directive va dire que les logiciels ne sont pas régis par le domaine du brevet mais par le domaine du droit d’auteur. Maintenant après on va voir ce qui se passe au niveau de la commission. Donc le combat n’est pas tout à fait perdu. Par contre je voudrais parler d’une deuxième directive qui elle a été
votée qui est en cours actuellement de transcription au niveau du parlement français qui est sur l’extension du droit d’auteur. Et en gros ça veut dire quoi ? Il y a une directive qui adapte le droit d’auteur à la société d’information en légalisant ce que l’on appelle les mesures techniques de protection donc c’est de petits outils
qui permettent, par exemple, d’interdire la copie d’un CD-ROM de musique pour empêcher sa contrefaçon mais par un effet de bord, ça empêche des développeurs de logiciels libres d’écrire des outils qui permettent d’accéder à ce contenu là, même si ce contenu là vous l’avez acheté légalement. Parce que la directive pénalise
le contournement de ses mesures quelque soit l’usage. C’est-à-dire que si vous en faîtes un usage pour faire de la contrefaçon vous êtes condamnés mais si vous en faites un usage simplement pour avoir accès à l’œuvre vous êtes aussi condamné. Ce projet de loi est actuellement discuté au parlement français. Il va passer normalement je pense pendant l’été ou peut-être à la rentrée et on ne sait jamais. C’est donc 2 projets de loi l’un sur la brevetabilité l’autre sur le droit d’auteur qui mettent en danger le logiciel libre.
J’insiste sur le fait que sur les brevets logiciels les gens qui sont aussi en danger sont les
petites PME-PMI qui développent du logiciel propriétaire qui n’auront pas les moyens juridiques de se battre. Donc c’est aussi pour ça qu’une association comme l’April, aujourd’hui, existe encore et la principale activité de l’association aujourd’hui c’est ça c’est de lutter contre ces directives là pour proposer des alternatives en disant : « voila, il y a tel problème, nous on propose telle solution ». Donc c’est ce qu’on a fait dernièrement pour le projet de loi sur le droit d’auteur. On vient de déposer des amendements auprès de parlementaires, on espère qu’ils vont passer, des amendements qui vont garantir l’interopérabilité, des amendements qui vont nous garantir que des éditeur de logiciels libres continuent à écrire du logiciel libre simplement pour écouter de la musique.
Lionel : Merci Frédéric et donc bonne chance pour la suite des actions d’April.
Frédéric Couchet : Merci.
Interview de Alix Guillard
- Lionel
- : Es-tu d’accord pour que ton visage apparaisse dans cette émission dont le contenu sera librement distribuable ?
- Alix Guillard
- : On a discuté de ce que ça voulait dire librement distribuable donc je suis d’accord.
- Lionel
- : D’accord, Merci. Bonjour Alix Guillard, est-ce que tu peux te présenter ?
- Alix Guillard
- : Je suis Alix Guillard. Je suis le président de l’association des utilisateurs de logiciels libres sur la région parisienne qui s’appelle Parinux.
- Lionel
- : Peux-tu nous présenter cette association Parinux, qu’est-ce que vous faites ?
- Alix Guillard
- : Comme je disais, c’est l’association des utilisateurs de logiciels libres donc c’est une sorte de club informatique spécialisé dans le libre. Ça regroupe plusieurs types d’utilisateurs de logiciels libres. Aussi bien des gens qui sont plutôt des ingénieurs en informatique qui savent comment fonctionnent les logiciels libres et qui sont assez passionnés par le sujet. Aussi bien ce genre de personnes-là que des utilisateurs lambda qui sont juste des personnes qui sont heureuses d’utiliser les logiciels libres parce que ce sont des logiciels libres et qui essayent de partager cette passion-là avec d’autres personnes.
- Lionel
- : Peux-tu nous expliquer ce qu’est une install party ?
- Alix Guillard
- : Une install party c’est l’une des manifestations qu’on organise le plus souvent, qui permet aux personnes de venir avec leur ordinateur et les membres de l’association viennent les aider à installer des logiciels libres. La plupart du temps, c’est un système GNU/Linux qu’ils demandent avec les différentes distributions dont Fred parlait tout à l’heure donc Debian, Mandriva, Red Hat, Suse.
Les personnes choisissent en se renseignant, soit auprès des personnes sur place, soit en lisant un petit peu la presse pour savoir ce qui leur plaît le plus, ce qui va les intéresser sur leur ordinateur. Soit ils conservent l’ancien système et ils installent le nouveau système libre à côté. Soit ils retirent tout et ils installent un système GNU/Linux dessus. C’est assez simple d’installer un système GNU/Linux sur un PC normal, avec des matériels courants. C’est très simple, la plupart des installations sont automatisées mais comme c’est pas encore très courant, les gens ont un peu peur. Donc pour les aider à franchir le pas, on organise ces espèces de rendez-vous que l’on appelle les install party où les gens se rencontrent et partagent leurs expériences d’installation de ces systèmes-là. Et lorsqu’il y a un problème qui est rencontré, il y a des gens qui sont suffisamment chevronnés pour pouvoir apporter de l’aide sur quelque chose de bien précis et difficile.
- Lionel
- : Alors pourquoi y a t-il plusieurs distributions Linux ?
- Alix Guillard
- : Pourquoi plusieurs distributions ? Parce qu’il y a plusieurs besoins. Chacun utilise un ordinateur pour des besoins qui lui sont propres. Donc, il y a des développeurs qui ont besoin d’outils de développement, des machines qui seront optimisées pour calculer rapidement donc ces gens-là vont pas installer tout plein d’interfaces graphiques qui clignotent dans tous les sens. Ils vont installer une distribution, c’est-à-dire un assemblage de plusieurs logiciels qui fonctionnent les uns avec les autres sur une seule machine et ça va être optimisé pour marcher vite. D’autres personnes, par contre, vont retrouver leurs billes en cliquant sur des icônes donc il faut absolument que tous leurs logiciels soit présents sur le bureau et qu’ils soient sous la main. Donc, ça, ça demande moins d’optimisation au niveau de la performance de la machine mais par contre plus au niveau des logiciels qui peuvent être plus lourds à utiliser mais généralement plus conviviaux pour quelqu’un qui s’y connait moins. A partir de là, il y des sociétés, des fondations ou des groupements qui se sont regroupés pour créer des distributions qui répondent à tel ou tel besoin. Donc il y a des distributions qui prétendent répondre à l’ensemble des besoins. La plupart du temps c’est des distributions qui sont faites par des sociétés qui essayent d’avoir le plus grand marché possible. La plupart du temps, en fait, on se rend compte que lorsqu’on apporte une aide, on a quand même besoin d’adapter cette distribution-là. Mais c’est comme lorsqu’on achète un PC préinstallé avec un autre système dessus, il y a toujours à configurer sa machine. Donc au sein de l’association il y a une l’entraide qui se fait avec le partage d’expériences des uns et des autres pour faire en sorte que l’utilisation de la machine qu’on a soit la mieux adaptée à ses besoins.
- Lionel
- : Et alors pourquoi est-ce que vous aidez les autres utilisateurs de logiciels libres gratuitement alors que l’assistance informatique en général est payante et même plutôt chère ?
- Alix Guillard
- : Donc on serait une association qui serait en concurrence déloyale avec une société de service informatique en fait ? Heu, je ne crois pas. En fait, on a une motivation de rendre à la communauté. Fred parlait tout à l’heure d’une communauté de développeurs qui offrait un logiciel aux utilisateurs et les utilisateurs ont toute liberté de l’utiliser, de l’étudier, de le redistribuer, de le modifier. Donc cette liberté qui nous est offerte, on a envie de la rendre en essayant de diffuser ces logiciels-là. C’est ce que je disais au début, c’est un partage de connaissances sur l’utilisation qu’on a de ces logiciels-là. Donc on rend à la communauté en faisant un peu la publicité, en faisant du bouche à oreille et en partageant l’utilisation qu’on en a. Il y a une deuxième motivation qui est d’apprendre. En fait, lorsqu’on échange sur un sujet donné, généralement il y a un débat qui se crée :
« _Ah moi je fais plutôt comme ça.
_Ah moi je faisais plutôt comme ça mais ça a l’air d’être plus simple comment tu fais »
et donc on apprend quand on a un échange de savoir comme ça avec quelqu’un.
Donc, le fait de partager ce savoir-là nous enrichit nous aussi. Donc les membres de Parinux sont aussi intéressés lorsqu’ils viennent pour aider les autres, ils sont tout aussi intéressés que ceux qui viennent juste pour demander quelque chose. La plupart du temps, les gens qui viennent juste pour demander quelque chose, on les voit revenir après pour dire « ah ben ça je l’ai appris ici, je peux t’apprendre comment on fait aussi ». Donc c’est cette idée de partage qu’on a au sein de l’association.
Alors j’ai pas répondu à la question de la concurrence avec les sociétés de services. Pourquoi est-ce qu’on fait ça gratuitement ? C’est pas réellement gratuit parce qu’on en récupère quelque chose pour notre connaissance même mais on ne le vend pas parce qu’on estime que ce savoir-là est gratuit. C’est la même chose que les développeurs lorsqu’ils développent du logiciel libre, c’est à la communauté scientifique que ça doit revenir parce que les connaissances qu’on a, on les tient des autres et les autres nous les ont offertes gratuitement donc on continue à les partager gratuitement. Et je pense pas qu’il y ait une réelle concurrence puisqu’on s’adresse surtout à des particuliers. On fait aussi des installations dans des écoles. De temps en temps les écoles, les mairies passent des commandes mais la plupart du temps il faut accompagner le prof qui va passer des heures le soir à reconfigurer les machines parce qu’il faut entretenir tout ça. Donc généralement il y a un contact privilégié qu’on ne peut pas avoir quand on a une relation prestataire/client. Ce contact est personnel et j’ai l’impression qu’on progresse plus facilement comme ça.
- Lionel
- : Et alors on peut se demander s’il n’y a pas quand même un piège, par exemple, si au début tout est gratuit mais s’il n’y a pas un moment où il faut payer quelque chose.
- Alix Guillard
- : J’ai dit « gratuit », enfin, il faut payer de sa personne. C’est-à-dire que lorsqu’on échange comme ça, il faut être intéressé, il faut être volontaire. Il faut aller de l’avant, il faut apprendre il faut être curieux, il faut poser des questions. Donc ça c’est pas gratuit, on donne de sa personne. Donc il n’y a pas une réelle gratuité pour apprendre l’informatique en général c’est un effort à fournir. Dans le logiciel libre c’est le seul effort qui est à fournir parce que les logiciels on les a gratuitement. Le piège de la personne qui donnerait des logiciels gratuitement et après on est accroc, faut les acheter parce que les versions suivantes sont payantes ça c’est plutôt dans le monde du propriétaire. Il y a des grands éditeurs de logiciels, Microsoft pour pas les nommer, qui font ça avec les gouvernements des pays du tiers monde en disant : « On va vous aider pour vous développer » et puis on sait que dans 10 ans il faut se mettre à jour et puis il faut payer les licences. Dans le monde du propriétaire c’est faisable mais les libertés qui sont garanties par le système juridique des logiciels libres font que cette gratuité perdure et que cet échange de savoir va dans le logiciel. Cet échange enrichi le système qu’on utilise tous les jours entre nous.
- Lionel
- : Les ordinateurs sont généralement vendus dans les commerces avec Windows ou éventuellement MacOS pré-installés. Pourquoi faut-il installer soit même le système GNU/Linux la plupart du temps ?
- Alix Guillard
- : Ben parce qu’il n’y pas un marketing suffisamment puissant derrière les logiciels libres pour l’imposer dans les rayons des supermarchés, pour l’imposer dans les articles des magasines. Ce que disait Frédéric tout à l’heure c’est que les sociétés qui éditent des logiciels propriétaires ont suffisamment de moyens pour pouvoir imposer leurs logiciels dans des secteurs clés. Nous on est là justement pour faire évoluer les choses, pour dire aux gens « Ben si, si, venez, vous vous êtes fait avoir en achetant un système qui était pas celui que vous vouliez mais essayez celui-là avec nous, on va essayer de vous y aider »
Et donc c’est pour ça que lors d’install party les gens viennent avec leur machine et on les aide et après ils reviennent non pas avec leur machine mais pour échanger. On a aussi des rencontres qui se font plutôt dans les cafés mais de manière plus conviviale et là on parle des logiciels qu’on utilise. L’échange continue après l’installation, chose qu’on a pas avec le vendeur de supermarché. Aujourd’hui on se rend compte que les gens qui viennent avec leur machine se rendent compte que c’est très simple d’installer un logiciel libre. Ça fait très longtemps que j’ai pas installé Windows, ça doit faire 3 ans et il y a 3 ans j’ai trouvé ça plus difficile que d’installer une distribution Mandrake sur mon PC. Bon alors il se trouve que j’avais du matériel qui était reconnu tout de suite par ma distribution mais je trouve que les choix qui m’étaient offerts dans mon système de Logiciels Libres étaient plus simples à comprendre. Pour deux raisons parce que j’avais pris l’habitude d’utiliser des Logiciels Libre et puis pour une deuxième raison c’est que le fait d’avoir imposé au logiciel libre de devoir se faire installer par toutes les personnes qui voulaient l’utiliser ont fait qu’il y a eu un énorme effort de fait pour rendre l’installation très simple. Et aujourd’hui l’installation est plus simple que celle des autres systèmes, j’en suis persuadé. Donc il y a plus de barrières pour que les sociétés qui vendent des ordinateurs installent directement ces logiciels-là sur les machines qu’ils vendent. Le seul problème qu’il y a encore aujourd’hui c’est qu’il faut que nous-mêmes qui sommes la clientèle de ces configurations-là expliquions aux vendeurs « On a envie d’un ordinateur sans le Windows que vous m’imposez, qui va me couter de l’argent que j’ai pas envie de mettre dedans et je veux un Logiciel Libre à la place ». Donc il y a tout un travail qui est fait pour essayer de demander aux grandes surfaces de nous vendre du logiciel libre pré-installé sur les ordinateurs ou alors de nous les vendre sans cet OS qui nous coûte de l’argent alors qu’on a pas envie de l’acheter.
Lionel : Mais est-ce que du coup c’est pas réservé à des informaticiens confirmés ?
Ben l’installation je viens de dire que non. L’utilisation, en fait, c’est l’expérience que j’ai eu avec ma mère. Ma mère m’a demandé d’avoir un email chez elle, une connexion Internet, elle entendait ses collègues parler d’email donc elle voulait un email. Elle savait utiliser le minitel mais pas trop les ordinateurs. Je lui ai installé la même distribution que chez moi pensant que chez moi je pouvais le reproduire sur mon ordinateur et puis dire bon ben tu fais comme ça et puis voilà alors que si j’avais acheté un ordinateur tout fait en supermarché avec Windows dessus j’aurai été incapable de lui donner des conseils sur certaines choses. Eh bien en fait en une semaine elle était dessus, elle s’en servait, elle a trouvé où étaient les jeux, elle jouait, elle s’était mise dessus. Quelqu’un qui vient du monde Windows, il va passer à des logiciels différents donc il y aura un temps d’adaptation qui sera plus long qu’une semaine. En fait, il y a une différence mais c’est pas plus compliqué d’utiliser un logiciel propriétaire ou un logiciel libre. Ce qui est plus compliqué c’est de passer de l’un à l’autre. Je pense que les gens qui viennent chez nous viennent du monde Windows et ont envie de découvrir autre chose et là on leur dit « C’est un petit peu comme ça mais un petit peu différent ». Donc il y a un accompagnement qui se fait mais aujourd’hui un novice peut apprendre l’informatique avec les logiciels libres et, comme il est novice, il aura une plus grande facilité en fait . Il saura que l’informatique ça peut se faire comme ça. Il saura qu’un traitement de texte c’est pas forcément Word.
- Lionel
- : On dit que les logiciels libres sont plus sûrs que les logiciels propriétaires et notamment pour tout ce qui est « surfer sur Internet » par exemple. Est-ce que c’est vrai ?
- Alix Guillard
- : On n’est jamais certain parce que comme disait Frédéric tout à l’heure, aucun logiciel n’est exempt de bugs. Donc s’il y a des bugs dangereux ils peuvent être exploités que ce soit un logiciel libre ou un logiciel propriétaire. Dans les deux cas ce sont des logiciels, il peut y avoir des erreurs. Par contre comme expliquait Frédéric tout à l’heure, la manière de développer les logiciels propriétaires dans un cercle fermé ou un éditeur décide de sortir une version corrigée ou non, elle est différente de la façon de fabriquer un logiciel libre où tout un chacun peut regarder le code source et le corriger s’il y trouve une erreur. Si l’erreur est trouvée, elle est corrigée dans un logiciel libre. Donc en ça, j’ai plus confiance dans les logiciels libres parce que lorsqu’il y a des erreurs on peut les corriger rapidement. Donc je pense que lorsque je prend la dernière version d’un logiciel libre, il y a moins d’erreurs que lorsque je prend la dernière version d’un logiciel propriétaire qui a généralement plusieurs mois voire plusieurs années d’ancienneté avec des bugs non corrigés parce que le marketing de l’éditeur a décidé de pas parler de cette erreur parce que c’est pas bon pour le marketing. Donc j’ai plus confiance dans le logiciel libre pour ça. Maintenant, il y a des bugs partout donc il faut savoir être vigilant lorsqu’on utilise l’informatique. L’avantage des groupes d’utilisateurs comme les nôtres, c’est qu’il y a toujours des gens qui sont vigilants à la sécurité donc s’il y a un bug qui est découvert quelque part, ils vont nous en faire part sur les mailing-list etc . Donc on va être au courant et on va être vigilant aussi. On va apprendre à se servir de l’informatique de manière vigilante et en faisant attention à ne pas télécharger des virus et autres choses comme ça alors qu’avec d’autres systèmes, un utilisateur on lui dit : « C’est tout simple, tout se fait tout seul », ben généralement il va se chopper tous les virus qui trainent. Donc il y a deux choses : le Logiciel Libre a l’air plus sûr dans son mode de développement et puis nous, en tant qu’utilisateurs qui partageons avec les autres, on a un savoir qui nous rend vigilants donc dans les deux cas le Logiciel Libre, oui, c’est mieux.
- Lionel
- : Merci Alix et bonne continuation.
Interview de Jean-Michel Cornu
- Lionel
- : Bonjour, tout d’abord est-ce que tu es d’accord pour que ton visage apparaisse dans cette émission dont le contenu sera librement distribuable ?
- Jean-Michel Cornu
- : Eh bien absolument, le voilà.
- Lionel
- : Bonjour Jean-Michel Cornu est-ce que tu peux te présenter s’il te plait ?
- Jean-Michel Cornu
- : Je suis à la fois le Président de Vidéon, une association de vidéo, dont on va parler, qui fait de la télévision participative de proximité et puis en même temps, et bien, j’ai d’autres activités : je suis consultant en informatique, je travaille beaucoup à la fois sur la prospective et sur pas mal de choses.
- Lionel
- : Donc tu t’occupes de l’association Videon, est-ce que tu peux nous la présenter ?
- Jean-Michel Cornu
- : Alors Vidéon, en fait, ça fait 2 choses. Ca fait à la fois de la production vidéo puisque, comme son nom l’indique, Vidéon ça veut dire vidéo association. Donc, on fait de la production de films, d’émissions de télévision de différentes choses. Et puis c’est aussi un centre de ressources pour aider à la fois les espaces culture multimédia mais aussi les télévisions participatives de proximité pour pouvoir diffuser, pour pouvoir échanger des vidéos entre elles etc.
- Lionel
- : Est-ce que tu peux nous détailler ce qu’est une télévision de proximité et à quoi ça sert ?
- Jean-Michel Cornu
- : Alors en une phrase, en fait, une télévision de proximité c’est une télévision qui est faite par les habitants. C’est-à-dire que, au lieu que ce soit des professionnels qui viennent tourner et présenter quelque chose qui se passe dans la ville, dans la cité et dans les quartiers ou dans les villages, et bien ce sont les gens eux-même qui prennent les caméras, on les forme. Donc ça veut dire que les permanents de Vidéon, au lieu d’être là pour filmer et pour faire les émissions sur les gens, et bien donnent les moyens, forment, accompagnent, prêtent des caméras, prêtent des moyens de montage pour donner aux gens les moyens de fabriquer une émission. Alors c’est évidemment pas du tout quelque chose qui va être 24h/24. C’est pas une grande chaîne de télévision. Pour donner un exemple, on produit à peu près 1h par mois à Vidéon. Mais cette heure-là c’est le résultat de travail de tous les jours dans plusieurs associations à Evry chez plusieurs personnes et donc ce résultat-là est diffusé de plein de façons différentes.
- Lionel
- : Et toutes ces personnes sont des bénévoles ?
- Jean-Michel Cornu
- : Alors oui il y a juste deux emplois et demi à Vidéon pour, à la fois s’occuper de la production, à la fois s’occuper de la technique et de l’administratif et tout le reste, et bien, ce sont des bénévoles qui viennent tourner, monter et échanger.
- Lionel
- : Et alors comment est-ce que vous diffusez vos productions ?
- Jean-Michel Cornu
- : Alors il y a pas mal de façons effectivement. On pense évidement aux façons classiques de diffuser de la télévision mais diffuser en hertzien c’est pas toujours très facile puisqu’il faut des autorisations et pour la télévision associative, même si la loi le permet maintenant, il n’y a que des autorisations temporaires.
La TNT pour l’instant a été donnée aux grandes chaines de télévision, on a encore un peu d’espoir pour les télévisions régionales, on verra. Par contre, on diffuse à la fois sur le câble donc il y a le câble à Evry. Une des chaines locales, professionnelle cette fois, décroche régulièrement pour pouvoir proposer la télévision de Vidéon.
Et puis il y a d’autres façons : on diffuse la télévision par ADSL, c’est la nouvelle façon. Par ADSL on peut recevoir des bouquets de télévision. La dernière fois, on était dans le bouquet de canal satellite. Alors ça c’est les façons un peu traditionnelles je dirais de faire de la télévision.
Il y a des façons un peu plus particulières qui sont en lien avec notre côté participatif c’est-à-dire fait par les gens eux-même. C’est pas simplement les gens qui font la télévision mais ceux qui la regarde aussi peuvent participer avec ce qu’on appelle la télé brouette. Alors la télé brouette c’est un terme très très technique qui dit en gros qu’on prend une brouette, on vient sur la place du village, on pose le magnétoscope, la télé, et les gens sortent de chez eux pour regarder la télévision ensemble et en discuter, dialoguer ensuite, donner leur avis, donner des suggestions d’émission. On est à Evry donc la place du village et la brouette il y en a un petit peu moins donc c’est plutôt les bars, les associations, les différents lieux publics, les maisons de quartier, là où on se retrouve pour diffuser en public.
Et puis encore on donne la cassette à toutes les personnes qui s’engagent à la montrer à 10 de leurs voisins de manière à ce que ça circule. Donc plein de façons différentes pour toucher et une dernière façon c’est la télévision par Internet. Alors c’est un petit peu différent par rapport à la télévision ADSL puisque la télévision ADSL c’est un canal où on a de la télévision en continu. Sur Internet on est capable de regarder n’importe quelle émission soit en direct soit toutes les anciennes émissions en vidéo à la demande.
Lionel : Et donc, pour ça, vous avez créé une banque de programmes libres ; Est-ce que tu peux nous expliquer comment ça fonctionne ?
Jean-Michel Cornu : Oui alors on a fait ça il y a un petit bout de temps puisque c’était en 1999. On avait imaginé la première banque d’échange de programmes libres de droit sur Internet en partant de l’idée du logiciel libre. Puisqu’on échange les moyens de faire des logiciels, pourquoi on ferait pas la même chose avec la vidéo ? Surtout avec les vidéos faites par les amateurs, par les bénévoles etc. Alors on a monté en gros quatre choses :
* La première chose c’est un moyen de stocker des gros serveurs pour stocker de la vidéo directement et pouvoir télécharger une émission de 5 minutes par exemple pour savoir ce qui se passe à tel endroit.
* La deuxième façon, c’est gros mais ça prend du temps surtout qu’à l’époque (on la fait en 1999) beaucoup de gens avaient encore un petit modem donc il fallait à peu près 2 heures pour télécharger 5 minutes. Alors on a rajouté une deuxième vidéo mais cette fois en qualité assez dégradée, plus petite que celle que l’on pouvait voir directement sur internet. Ce qu’on appelle le streaming en terme technique. Donc on avait la vidéo à la fois en petite qualité pour la regarder directement et si ça nous plait on la télécharge.
* On y avait rajouté 2 autres choses : un moteur de recherche classique. Je cherche une émission sur telle ou telle chose, on veut faire une émission sur les champignons par exemple à Evry alors si d’autres télévisions font des émissions avec des petites rubriques sur les champignons, on va pouvoir présenter ça.
* Et puis la quatrième chose un peu plus originale, on s’est dis pareil, est-ce qu’avec l’idée du logiciel libre, on pourrait pas appliquer la même idée au contenu. Donc la licence qui est utilisée pour le logiciel, on l’a transformé, on a fait la licence publique multimédia en l’adaptant un petit peu à la vidéo et de ce point de vue là on a commencé à faire la première licence adaptée à la vidéo de l’histoire de l’humanité.
Alors, depuis évidemment les choses ont un petit peu évoluées parce que ça s’était en 99, le temps passe très très vite dans la société de l’information et donc maintenant on est en train de recasser ça et ça redonne quelque chose d’un petit peu différent : on a plus besoin d’avoir de vidéo. Aujourd’hui on est capable pratiquement de la regarder en même temps qu’on la télécharge. Par contre, les systèmes de peer-to-peer qui sont connus soit disant pour du piratage. Non, nous on se pirate pas puisque c’est toujours nos propres vidéos qu’on a choisi d’échanger et justement les systèmes de peer-to-peer sont d’excellents moyens pour échanger. Donc les moteurs de recherche sont évidemment basés sur le peer-to-peer.
Et puis la licence, et bien plutôt que de continuer avec notre licence, on a choisi de rallier un mouvement puisque depuis, la plupart des gens qui font des médias (du texte, de la vidéo ou de l’audio) ont monté ensemble la creative commons, une nouvelle licence.Et donc on a décidé de passer de la licence publique multimédia, notre licence historique, et rejoindre l’ensemble du mouvement de creative commons. Et on retrouve d’ailleurs une petite particularité qui nous avait posé problème à un moment donné. On s’est dit le problème est « notre vidéo va être complètement comme le Logiciel Libre » c’est-à-dire qu’on peut prendre n’importe quel morceau et puis en faire tout ce qu’on veut. Je veux reprendre un extrait des chutes du Niagara dans un film pour le remettre dans un autre ou alors est-ce qu’il faut présenter uniquement l’ensemble du film et comme on n’avait pas réussi à trancher parce qu’on avait les 2 besoins, on avait fait 2 licences. Et effectivement on voit que dans la créative commons on est partie sur la même chose c’est-à-dire qu’il y a plusieurs possibilités, on accepte que ce soit uniquement à but non commercial, on accepte que l’on puisse prendre des morceaux ou alors il faut que ce soit diffusé en entier. Donc plusieurs licences pour s’adapter à la variété, à la diversité dont on a besoin en vidéo.
Lionel : Et alors pourquoi vous donnez aux autres télévisions vos émissions gratuitement alors que vous pourriez les vendre ?
Jean-Michel Cornu : Alors d’abord, on va dire que c’est parce qu’on sait pas les vendre. En gros le service juridique de Vidéon, pour arriver à faire ça, est très exactement composé, si je regarde les permanents plus les bénévoles, de zéro personne. Si l’échange est faire un contrat, demander les choses, demander même une vidéo à quelqu’un, quand on demande une vidéo il faut demander les droits à quelqu’un etc. on sait pas faire. On ne sait pas acheter parce qu’on a pas les moyens d’acheter les vidéos des autres, on ne sait pas vendre. Donc de toutes manières on ne peut ni acheter ni vendre. Donc on dit : « Voilà nous on a nos financements pour arriver à produire, on est subventionné pour ça, on a nos moyens. À Vidéon on est capable avec beaucoup moins de moyens, à peu près 10 fois moins qu’une télévision locale classique, 100 fois moins qu’une télévision par satellite ou 1000 fois moins qu’une télévision nationale classique, et bien on est capable de produire nos programmes. Donc finalement, l’objectif est plutôt de dire « on va faciliter les échanges » et ça nous coûte beaucoup moins cher à nous d’essayer de donner tout gratuitement plutôt que d’essayer de trouver tout un système.
Je vais prendre un exemple local puisqu’on est en local. Dans une ville d’à coté, on a voulu monter une navette municipale, par exemple pour ramener les gens de la gare. Ils se sont rendu compte que comme la fréquentation n’était pas très très grande, ça coûtait plus cher de rajouter une billetterie et faire payer les gens que de pas faire payer.
Nous aujourd’hui à rajouter les avocats derrière, etc vendre nos programmes nous coûterait plus cher et aujourd’hui ne nous permettrait pas d’échanger. Donc grâce au fait qu’on s’échange tout gratuitement aujourd’hui, on diffuse des télévisions basques, bretonnes, même en Amérique latine, au Vénézuela ou autre. Et puis, par contre, ils peuvent diffuser nos propres programmes.
Lionel : Comme ces programmes sont réalisés par des amateurs essentiellement est-ce qu’il y a pas un problème de qualité de ces programmes par rapport aux programmes professionnels ?
Jean-Michel Cornu : Alors ça c’est un grand paradoxe parce qu’en fait on pourrait se dire « oui c’est des amateurs ». C’est vrai que le mot amateur veut dire c’est ceux qui aiment, c’est pas forcément des gens qui savent pas tourner et effectivement on les forme. Alors finalement ça veut dire quoi ? Ça veut dire que si je dois faire une émission, par exemple, sur quelque chose qui se passe à Evry, dans un quartier particulier, d’une heure ou 52 minutes parce que c’est le format classique en télévision. A ce moment là, il vaut mieux mettre un professionnel parce que c’est compliqué à faire en vidéo et puis par contre il va falloir qu’il apprenne le quartier en un quart d’heure, 20 minutes, on va lui expliquer pour qu’il se débrouille en un quart d’heure, 20 minutes.
Si par contre on veut faire quelque chose de 5 ou 10 minutes et bien on va avoir l’inverse, c’est-à-dire que la personne qui depuis 20 ans est dans le quartier, vie avec les gens etc, connait parfaitement son sujet. Leur apprendre à faire un bonne vidéo de 5 minutes avec une introduction, un développement, une conclusion, c’est facile, on peut y arriver. Et donc c’est beaucoup plus facile d’apprendre la partie vidéo pour un film de 5 minutes car, par contre, on apprend pas 20 ans de vécu.
Et finalement, on se rend compte que la production faite par ce qu’on appelle les amateurs, qui est souvent péjoratif en terme français, fait des choses très différentes de ce qu’on aurait.
Alors ça, ça veut dire aussi autre chose, c’est que quand on fait des émissions de une heure un petit peu originale etc, on a un grand avantage par rapport aux grandes chaînes de télévision c’est que, nous, on a le droit à l’erreur. Pour donner un exemple, au moment de l’ORTF, il y avait un labo. C’était des gens qui étaient là pour perdre de l’argent puisqu’ils pouvaient faire tout ce qu’ils voulaient et grâce à ça et bien ils ont fait plein de bêtises et ils ont inventé comment filmer, l’incrustation, les fonds bleus que l’on met derrière les gens quand on fait la météo, toutes ces choses là, beaucoup d’inventions qui sont de la télévision mondiale sont nées en France. Le jour où il ne fallait plus perdre d’argent, on pouvait plus faire d’erreurs. Aujourd’hui toutes les chaines de télévision classique n’ont plus le droit de perdre de l’argent, n’ont plus le droit d’imaginer, d’inventer. On peut même plus mettre des gens nouveaux puisque les anciens, on sait exactement quel audimat ils font, les nouveaux on sait pas. Nous, à Vidéon on a pas d’argent donc on a une chance extraordinaire donc on n’a pas de problème d’en perdre puisqu’on en n’a pas. Donc ça veut dire quoi ? ça veut dire que l’on peut prendre des risques à inventer. Si 9 fois sur 10, en faisant des choses totalement originales ça marche pas et 1 fois sur 10 on a quelque chose de génial et bien d’une certaine manière on a inventé la télévision de demain. Donc c’est une chance extraordinaire parce que je pense que les vidéos amateurs peuvent être, non seulement, de bonne qualité quand elles sont courtes et deuxièmement les émissions peuvent être un moyen d’inventer la télévision de demain.
Lionel : Et alors dernière question. Qui peut faire de la télévision chez vous et pour quels types de programmes ?
Jean-Michel Cornu : Alors toi mais toi aussi, tous ceux qui nous regardent, toutes les personnes qui le veulent en fait. Alors qui vient à Vidéon ? C’est difficile de dire qui vient parce qu’on a à la fois des gens jeunes, moins jeunes, des gens qui connaissent rien du tout, des gens qui sont des professionnels. On a des professionnels du journalisme, de l’audio.
Ce qui est rigolo, c’est que les journalistes sont intéressés pour apprendre la vidéo. Il y a des amateurs qui se sont formés qui, petit à petit, sont devenus des professionnels. Il y a des gens qui souhaitent rester amateurs. Donc finalement, ce qu’on aime bien, c’est que sur un plateau on est nombreux. Là on est à peu près une quinzaine actuellement. On voit que moi sur ce plateau mais on est une quinzaine tout autour pour préparer pour faire attention à l’éclairage, ça s’active tout autour de moi actuellement. C’est intéressant parce que ça veut dire que finalement chacun peut avoir sa place en fonction de ses compétences. Donc réellement, la bonne réponse c’est tout le monde quelques soient les âges, quelques soient les nationalités, les cultures, quelques soient les lieux d’où les gens viennent.
Finalement le vrai but de notre télévision c’est pas de faire de la télévision pour faire de la télévision, c’est finalement recréer du lien social. Et grâce à ça, finalement la meilleure chose qu’on puisse imaginer c’est un slogan d’une télévision qui disait « arrêtez de regarder la télévision, faites-la ». Et finalement c’est ce qui décrit le mieux ce qu’on veut faire.
Lionel : Merci Jean-Michel et bonne chance pour la suite.
Deux policiers en service dans leur voiture
- Policier 1
- : Hier je me suis revu l’arme fatale 4
- Policier 2
- : Avec Chuck NORRIS ?
- Policier 1
- : Heu, non avec ma femme dans le salon. Un très grand film, super bon. Franchement, ça c’est du vrai cinéma.
- Policier 2
- : Et les acteurs ?
- Policier 1
- : Ah très très bons ! Franchement.
- Central
- : Zebra 3 Zebra 3 nous avons un code 2334 à la maison de quartier d’Evry.
- Policier 1
- : Heu oui, Zébra 3 central, bien reçu, on intervient immédiatement.
- Policier 2
- : On y va.
- Policier 1
- : Non mais c’est vrai que depuis qu’il y a ces nouvelles lois sur les licences, on a deux fois plus de boulot, les gens ne se rendent pas compte, arrêtons.
- Policier 2
- : Wai.
- Policier 1
- : Ah mais là c’est des petits jeunes. Tiens je crois qu’à la maison de quartier il y a des petits jeunes, des petits drogués qui font de la vidéo. On nous l’a déjà dit.
- Policier 2
- : A wai wai wai.
- Policier 1
- : Tu te rappelles ? Ah Ah, je vais encore leur faire mal. Ils vont être contents de me revoir ces salopards !
Ils arrivent à la maison de quartier. Il y a un jeune au bar qui chante pendant que les policiers l’observent discrètement. Ils lancent l’assaut.
- Policier 1
- : Police ! Bouge pas ! Bouge pas ! Alors comme ça on chantonne !? Comme ça on chantonne !?
- Le jeune
- : Non, non ! - il a les mains en l’air.
- Policier 1
- : Mais t’es malin, on sait même pas si t’as les droits sur cette chanson ! hein ?
- Le jeune
- : Oui, oui !!
- Policier 1
- : Ben elle est où ta licence !?
- Le jeune
- : C’est chez moi monsieur.
- Policier 1
- : C’est chez toi ?! Ah tu l’as oubliée ?!
- Le jeune
- : Oui oui.
- Policier 1
- : Ah tu l’as oubliée !! Faut pas sortir sans ses papiers mon petit bonhomme ! - il se tourne vers le bar
C’est quoi tout ce bordel là !? Tu nous faisais un petit ??? Tu nous faisais un petit ??? ... t’as oublié aussi ! C’est chez toi ?!
Ah ben oui ben j’en suis sûr ! hein ? Allez tu vas voir si t’auras tout oublié. Avance ! Avance !
- Policier 1
- : Finalement je trouve ça normal ces lois sur la licence.
- Policier 2
- : Wai.
- Policier 1
- : C’est quand même fait pour défendre la chanson française, hein ? La bonne chanson française.
- Policier 2
- : ??
- Policier 1
- : Jonnhy HALLYDAY
- Policier 1 et 2
- : Lara FABIAN !
- Policier 1
- : Et puis c’est normal, je veux dire, le mec utilise son image, c’est normal qu’ils payent hein ? Faut qu’ils demandent au moins ton avis !
Ils se retournent vers la caméra
Policier 1 : Mais dis-donc toi ! T’as pas payé ! Tu m’as pas demandé mon avis d’ailleurs ! Hein ? Qu’est-ce qu’il y a ? T’as oublié que t’avais qu’une seule vie ou quoi ? Viens-là ! Viens-là petit merdeux ! Baisse ça, baisse ça ! Alors qu’est-ce qu’il a cet enculé ! Hein ? T’as oublié tes papiers comme l’autre petit con ? Tu vas voir ce que je vais te faire, tu va pas l’oublier !