Le 5 novembre 2010, notre Président Tangui Morlier donnait une conférence à l’Ubuntu Party.
* Durée : 49min
* Lieu : Carrefour numérique, Cité des sciences et de l’industrie
* Licence : Creative Commons license by-sa 2.0
* Lien vers la vidéo
Transcription
Bonjour à tous. Je suis Tangui Morlier, je suis le président de l’April et on m’a demandé d’intervenir auprès de vous cette après-midi pour vous parler un petit peu du Libre en entreprise. On m’avait dit que mon public serait un public d’étudiants d’une classe d’IUT. J’ai l’impression que ce n’est pas totalement ce à quoi je m’attendais. Donc il y aura peut être des choses un petit peu bizarre à la fin. Je crois qu’en fait ils sont dans un autre atelier, ils apprennent le shell. Ce qui est pas mal, aussi ! C’est une compétence importante, ne serait-ce que pour faire du Libre en entreprise. Peut-être ce que l’on peut se demander pour introduire un petit peu le sujet du Libre en entreprise, c’est la pertinence des 4 libertés qui définissent le Logiciel Libre en entreprise.
Alors sans doute que la majorité d’entre vous connaissait ces 4 libertés. La première, c’est la liberté d’utiliser et ce, sans condition particulière. Et ça, il se trouve que c’est important pour une entreprise. Alors, a priori, une entreprise, ça a de l’argent, donc le fait de pouvoir utiliser sans condition particulière financière, ça peut l’intéresser mais c’est sans doute marginal. Par contre, si vous regardez les licences des logiciels qui ne sont pas libres, les logiciels propriétaires, vous allez remarquer des choses qui sont assez bizarres et qui peuvent nuire, de manière assez importante à une entreprise. Il y a un exemple assez connu, qui est une entreprise de conseils, une SS2I, dans la région de Toulouse, qui avait comme client une entreprise d’armement. Donc, ils faisaient du logiciel embarqué pour fournir des logiciels à l’armée. Il se trouve que ce logiciel-là utilisait une base de données propriétaire, donc il y avait une autorisation d’utiliser mais il n’y avait pas de liberté d’utiliser. Et si on regardait un petit peu la licence associée à ce logiciel de base de données, on s’apercevait qu’il était impossible d’utiliser cette base de données dans un certain nombre de pays, notamment en Irak. Or, lorsqu’on fait du business avec l’armée, notamment avec l’armée française, il se trouve qu’on a des troupes en Irak, en Afghanistan et le fait que l’armée ne pouvait pas utiliser le logiciel qui a été proposé par cette société de services en Irak, ou le faire utiliser par des ressortissants irakiens et bien ça a posé un vrai problème, important, puisque le projet a dû s’arrêter et ils ont dû changer cette partie du logiciel-là. Donc a priori, on a l’impression que lorsqu’on fait l’acquisition d’un logiciel, quel qu’il soit, on a la liberté de l’utiliser. Ce n’est pas du tout vrai. Ce n’est vrai que lorsqu’on utilise du Logiciel Libre où on a une vraie liberté totale d’utiliser.
La deuxième liberté, c’est la liberté d’étudier le logiciel. Alors, ça, ça a des effets positifs pour les entreprises, puisque ça permet notamment d’avoir des logiciels qui ont été supervisés par des dizaines d’utilisateurs, par des experts, notamment des experts en sécurité et ça permet d’augmenter le niveau de sécurité de ces infrastructures techniques notamment. Donc c’est un élément très positif qui permet d’avoir des logiciels plus performants et plus sécurisés. On est une petite entreprise, on peut quand même profiter des conseils de salariés de très grosses entreprises qui ont utilisé un Logiciel Libre dans un état de production à plusieurs milliers de postes. Et donc on a cette garantie que notre entreprise va pouvoir croître et pouvoir toujours utiliser le Logiciel Libre qu’on a choisi dans les conditions de, par exemple, nos concurrents.
Avoir la liberté de modifier, c’est quelque chose aussi d’important pour une entreprise, puisque les besoins en informatique des entreprises évoluent tout le temps. L’activité des entreprises évolue de manière permanente, leur besoin en informatique évolue de manière permanente. Donc avoir cette liberté de modifier, c’est s’assurer que notre informatique, dans notre entreprise, va pouvoir être pérennisée et évoluer en fonction de nos besoins informatiques.
Et enfin, la quatrième liberté, la liberté de diffuser, c’est garantir à l’entreprise que ses choix logiciels vont pouvoir suivre la croissance de l’entreprise. On est une petite PME de deux personnes, on commence à avoir un petit peu de clients, on est obligé de recruter, ce qui est plutôt une bonne chose et bien on va pouvoir faire suivre notre informatique en fonction de ces besoins, notamment si on embauche de nouvelles personnes, on va pouvoir facilement diffuser en interne nos logiciels et donc du coup s’assurer que tout le monde ait un même niveau informatique.
Alors, vous le savez sans doute, avec les 4 libertés viennent un certain nombre d’obligations. Vous avez les 4 libertés garanties et après, des obligations notamment des obligations lorsque vous diffusez un logiciel. Lorsque vous diffusez vos logiciels, vous n’avez pas le droit de dire que c’est vous qui l’avez fait si vous ne l’avez pas fait. C’est le simple respect du droit d’auteur, au même titre que lorsque l’on chante une chanson qui n’est pas la sienne, le code de propriété littéraire et artistique nous demande de respecter ce droit moral des différents auteurs. Une deuxième obligation, mais celle-ci, elle dépend du choix du développeur principal, du choix de l’auteur, c’est un devoir contributif. Si vous modifiez votre logiciel, certains développeurs vont vous demander de conserver ce logiciel comme étant un Logiciel Libre, donc de conserver les 4 libertés. Ces éléments-là sont garantis par des licences libres. et, il y a quelque chose qui est très important : c’est que, en entreprise, si jamais vos salariés, si vous êtes chef d’entreprise, ne connaissent pas les licences libres, vous risquez d’avoir des problèmes. Parce que typiquement, savoir si vous avez une obligation, un devoir contributif obligatoire ou non, c’est quelque chose qui est important et qui peut impacter de manière non-négligeable votre relation à l’informatique.
Il se trouve que les licences libres, ce n’est pas compliqué. Les licences libres, il y a 2 grandes familles : ce devoir contributif qui est facultatif ou non. Lorsqu’on dit devoir contributif, on entend licence Copyleft. Ça veut dire qu’on a les 4 libertés, c’est normal, c’est du Logiciel Libre. Et par dessus, on va demander de participer à un cercle vertueux qui est de dire "si vous modifiez, mettez à disposition vos modifications à l’ensemble de la communauté". Ça c’est le premier type de licence, les licences Copyleft. La plus connue, c’est la licence GPL qui a sans doute profité à l’avènement assez important et à l’engouement assez important envers le Logiciel Libre. Et vous avez des licences un petit peu plus anciennes, les licences dites BSD, qui viennent des Unix un peu plus classiques, qui elles, vous proposent les 4 libertés mais fait en sorte que si vous ne voulez pas diffuser les modifications, vous n’êtes pas obligé de le faire. Par contre, il faut faire attention en interne, si jamais vous ne diffusez pas vos modifications, les développeurs principaux ne vont pas vous écouter. Donc, on risque de se différencier et de ne plus profiter de la communauté, puis ce que ne contribuant pas à cette communauté-là, vous risquez de ne plus être compatible avec les prochaines versions communautaires.
Alors, voilà un petit rappel de ce c’est que le Logiciel Libre. Maintenant, on peut s’intéresser à l’aspect économique du Logiciel Libre. Il se trouve qu’il y a un certain nombre d’études, il y a trois cabinets français qui s’en occupent, qui essayent d’évaluer l’impact économique du Logiciel Libre en France. La dernière étude du cabinet Markness qui est sans doute la plus favorable au Logiciel Libre estime que le chiffre d’affaire généré par le Logiciel Libre directement en France est de l’ordre de 2,1 milliards d’euros. L’étude qui est la moins favorable, qui vient d’un cabinet de Pierre Audoin Consultants, l’évalue à 1,5 milliard d’euros par an. L’ordre de grandeur est vraiment là et il y a 3 cabinets qui donnent les mêmes ordres de grandeur en terme de valorisation économique. Et les 3 études évaluent une croissance à deux chiffres entre 15 et 20% par an entre 2009 et 2011. Alors, il se trouve qu’il y a eu beaucoup de débats pour savoir si le Logiciel Libre avait un avenir par rapport à un logiciel propriétaire qui était majoritaire dans les années 80. Et il se trouve que le magazine libéral le New Economist a tranché un petit peu le débat en disant que le Logiciel Libre l’avait remporté et qu’il avait démontré sa viabilité économique tout comme sa viabilité fonctionnelle. Et cela, il l’a dit dans son édition du 28 mai de cette année. Donc il y a un peu une labéllisation de ce magazine reconnu dans le monde des affaires.
Alors, il se trouve qu’on peut se demander pourquoi il y a un tel engouement de la part des entreprises. Pourquoi elles s’intéressent autant au Logiciel Libre ? Il se trouve qu’il y a un organisme qui s’appelle l’OPIIEC qui a demandé à l’un des 3 cabinets dont je vous parlais d’interroger les entreprises utilisatrices de Logiciels Libres pour savoir quels étaient les avantages qu’elles voyaient dans les solutions libres. La première solution, c’est celle du coût. Il n’y a pas de frais de licence pour acquérir un Logiciel Libre, vous n’avez pas besoin de payer la licence. Donc il y a une économie qui est réalisée, qui est une économie également d’échelle, puisqu’avec la liberté de diffuser, vous allez pouvoir aussi facilement faire des économies d’échelle.
Le deuxième élément, c’est l’indépendance, l’indépendance de l’utilisateur par rapport à l’éditeur du logiciel, mais par rapport également à ses prestataires informatiques. Si jamais il n’a pas pu gérer en interne son informatique, on a pas forcément en entreprise la possibilité d’avoir des informaticiens sur place qui ont une connaissance de l’intégralité des logiciels qu’on possède, on peut faire appel à des prestataires, il se trouve qu’avec le logiciel libre l’avantage c’est que si vous trouvez que votre prestataire est trop cher, ou vous trouvez que votre prestataire n’est pas assez bon, vous pouvez en changer.
Dans le logiciel propriétaire, si vous avez fait un choix de logiciel particulier et bien vous allez sans doute être cloisonné avec un nombre de prestataire forcément limité, à ce niveau-là. C’est le deuxième avantage que les utilisateurs voient.
Le troisième c’est la neutralité technologique, c’est-à-dire que lorsque vous faites un choix, en terme de logiciel et quand vous faites le choix du logiciel libre, on va pas vous imposer un standard propriétaire et donc on va pas vous imposer des achats annexes en terme d’informatique qui ne seraient pas voulus de votre part.
Et enfin le quatrième avantage c’est le développement communautaire et la mutualisation, le fait qu’on profite d’une communauté qui a validé un certain nombre de choix fonctionnels. L’étude n’est pas angéliste non plus et il se trouve qu’ils ont évalué également des problèmes, il y en a un qui ressort majoritairement, c’est la difficulté en début de projet d’évaluer le coût du logiciel, enfin le coût de l’utilisation informatique liée au logiciel libre. Donc d’un côté ce qui est très valorisé c’est le faible coût, mais en même temps, dans ce faible coût, les utilisateurs ont l’impression d’avoir un petit peu de mal à évaluer la fourchette exacte. Ça peut paraître antinomique et il se trouve qu’on a la chance avec le logiciel libre d’avoir une offre très variée et donc le fait qu’il y ait une offre très variée peut un peu intimider le client, il peut se dire et bien voilà, « quel choix je dois faire dans cette très grande variabilité de coût ? ».
On peut se demander, maintenant qu’on s’est posé la question des utilisateurs, pourquoi il y a des gens qui font du logiciel libre. Et là si vous demandez au développeur, il me semble que la première réponse c’est simplement parce qu’on se fait plaisir et ça c’est quelque chose qui est hyper important, l’informatique libre, c’est quelque chose qui est plaisant, vous avez ici une belle démonstration durant trois jours, il y a des bénévoles qui viennent vous expliquer comment fonctionne la nouvelle version d’ubuntu et 0:12:57,3611 ... (mauvais slide) 0:12:59,5601 c’est ce, pourquoi les développeurs trouvent ça plaisant, parce que déjà le fait de travailler à plusieurs et en plus dans une ambiance internationale, c’est-à-dire d’être en contact permanent avec des experts venus de partout dans le monde, c’est quelque chose qui est hyper valorisant et hyper riche intellectuellement. Le logiciel libre aussi propose les technologies les plus en pointe, notamment en matière de technologie internet et le fait de participer à l’émergence de technologies de pointe, c’est quelque chose aussi qui est très valorisée par les développeurs. Et enfin le fait de partager les connaissances, non seulement d’apprendre des autres, mais d’être capable soi même d’apprendre aux autres, c’est un cercle vertueux qui est très valorisé par les techniciens.
Alors je vais vous raconter une petite histoire, l’histoire d’un de mes colocataires, avec qui j’ai fait mes études, il se trouve que j’ai fait une école d’ingénieur en informatique, qui s’appelle l’INSA. Et j’avais un collègue à l’INSA qui était passionné d’astronomie. Le problème c’est que la physique et tout ce bazar, il était pas très intéressé, lui ce qui l’intéressait c’était de regarder les étoiles et puis de faire de l’informatique. Il se trouve qu’en deuxième année à l’INSA on a un projet informatique et puis il a commencé à développer comme ça, avec ses petites connaissances en astronomie, le début d’un planétarium et que et bien voilà, c’était un logiciel assez modeste au début. Il y avait un millier d’étoiles et puis il positionnait, comme ça sur l’écran, les différentes étoiles. Le projet se termine, il a une super note et puis arrive l’été, il n’avait pas prévu de faire grand chose durant l’été et puis il découvre le logiciel libre. Il commence à s’installer, une Debian il me semble et puis il se dit « ah mais c’est super ce truc, j’ai envie, du coup, j’ai envie de de nouveau programmer, parce que l’environnement de programmation est intéressant. Je vais refaire mon projet de deuxième année, mais je vais le faire avec uniquement du logiciel libre. » Et il a commencé à découvrir les technologies du logiciel libre, des technologies comme SDL, qui permettent de faire de la 3D etc. etc. Et il commence comme ça un projet, tout simplement avec ses petites connaissances et ce projet grossit grossit pendant l’été, son frère vient l’aider et puis à la fin de l’été, il se dit « bon bah j’ai envie d’en faire profiter plus de monde, je vais le mettre en libre téléchargement sur un site qui s’appelle Sourceforge ». Et ce logiciel il l’a baptisé « Stellarium ». C’est un logiciel maintenant qui a quasiment dix ans, il intègre un nombre d’étoiles hallucinant, il y a des mathématiciens qui sont venus l’aider pour changer les modèles temporaires, parce que c’est quelque chose de très compliqué en astronomie de savoir placer au bon endroit les étoiles etc etc. Et il se trouve qu’en faisant un projet totalement modeste comme ça il a, sans vraiment s’en apercevoir, construit une communauté et également construit une réputation. c’est-à-dire que quand il a fini son école après trois ans, enfin après cinq ans d’études à l’INSA, trois ans après avoir fait son logiciel, il a simplement candidaté à l’un des plus prestigieux observatoire de France, l’observatoire de Paris-Meudon, il a été pris de manière totalement naturelle, parce que son logiciel, à l’observatoire ils le connaissaient, même s’ils ne l’avaient jamais contacté. Trois, quatre ans plus tard, il avait envie de partir en Allemagne, il a candidaté dans un des grands centres Européens de recherche en astronomie et on l’a pris directement et il mène comme ça une carrière totalement inespérée, à partir d’un logiciel hyper simple et d’une passion pour l’informatique et une passion pour l’astronomie.
Ça permet, le logiciel libre, d’asseoir une expertise, d’acquérir une expertise et de deux et bien de devenir un expert hyper recherché partout dans le monde.
Alors pourquoi une entreprise a des avantages à faire du logiciel libre ?
Je vous raconterai une autre histoire, c’est l’histoire d’une petite boîte qui est à Clermont-Ferrand, qui s’appelle « Telia » et ils ont décidé, ils sont spécialisés dans les technologies de l’internet et ils ont eu un client qui est venu les voir un jour et qui leur a dit, « on voudrait faire un site d’e-commerce, on voudrait vendre du mobilier en carton, pour les stands, c’est très pratique parce qu’on a pas à les ramener le lendemain, ça coûte pas cher ». Ils voulaient vendre comme ça des sièges en carton sur internet. Donc et bien ils commencent à regarder un petit peu ce qu’il y a. Ils utilisent une technologie qui s’appelle « SPIP ». Les clients aiment bien parce que c’est un projet qui est francophone et donc du coup ils ont l’impression de s’y retrouver. Et ils commencent à développer un petit site d’e-commerce, pour cette entreprise-là. Et comme ils ont utilisé « SPIP », un logiciel libre, ils utilisent « Apache » un serveur web libre etc. etc. Ils se disent pourquoi pas, une fois qu’ils étaient assez contents de leur plate-forme, pourquoi pas libérer le code source, ça nous paraît quelque chose de totalement naturel et puis, ça profitera à la communauté.
Donc et bien simplement, ils mettent à disposition leur code source sur internet, ils choisissent une licence libre et puis ils font une nouvelle sur un site qui s’appelle « Linuxfr ». Et puis là, il y a des experts qui commencent à regarder un peu leur code et au bout d’un jour et demi, ils ont un mail totalement assassin en leur disant que leur produit est vraiment pourri et qu’il y a des failles de sécurité incroyables dans leur produit. Alors là branle-bas de combat, ils se disent pourquoi on a libéré, c’est fou, les gens vont savoir qu’il y a des problèmes. Et en fait, ce type qui envoie simplement un email et bien leur dit et bien regardez, c’est très simple, vous allez modifier ça et ça et vous allez comme ça et bien résoudre les problèmes. Donc un individu, comme ça, a regardé le code source de Telia et a aidé à corriger des bugs de sécurité qui existaient de toutes façons sur internet et qui étaient trouvables par la simple consultation du site. Donc, en libérant leur produit, ils ont pas forcément énormément gagné en reconnaissance, ils ont toujours à chercher des clients régulièrement, mais par contre ils ont augmenté en expertise parce que, ils ont découvert un pan de la sécurité qu’ils méconnaissaient totalement, qui est un pan de la sécurité qui s’appelle « l’injection SQL » et donc ils ont augmenté en compétence.
Il se trouve que quelques années plus tard, un client leur demande d’intégrer un module de paiement en ligne, le module d’un des plus gros fournisseurs de paiement en ligne, qui s’appelle « Atos ». Et ils commencent à regarder un petit peu le code source et là qu’est-ce qu’ils s’aperçoivent et bien ils s’aperçoivent que le bug qu’ils avaient eux produit il y a quelques années dans leur produit et bien il se trouve aussi dans Atos.
Et ils vont reporter ce bug de sécurité auprès de cette grande entreprise Française qui est le leader dans le paiement en ligne. Une entreprise qui ne connaissait absolument rien en sécurité, ou en tout cas, qui il y a quelques années avait des lacunes en sécurité, se retrouve quelques années plus tard par le simple fait d’avoir libéré son code source et d’avoir profité de l’expertise d’experts du logiciel libre, à donner des conseils à l’une des plus grandes entreprises de paiement en ligne.
Donc, voilà une autre histoire qui permet de voir l’un des avantages que peut avoir le logiciel libre, qui est de faire des logiciels qui soient plus sûrs et donc de mieux satisfaire ses clients.
Un des autres avantages c’est d’être plus réactifs aux attentes des utilisateurs. Avoir une communauté et être à l’écoute des communautés et bien ça permet de connaître leurs besoins et d’orienter comme ça les projets en fonction des besoins des utilisateurs. Vous connaissez sans doute le serveur web Apache, qui est majoritaire sur Internet. C’est à peu près 70% des serveurs web dans le monde et c’est un logiciel qui est fait dans une technologie qui s’appelle le C. Et ils ont, comme ça, commencé à faire des expérimentations avec différentes technologies et ils se sont aperçus qu’il y avait un vrai besoin, notamment dans le milieu bancaire, d’outils de développement axés java et donc ils on commencé à expérimenter ça simplement parce que les utilisateurs leur remontaient des éléments. Et ils ont rapidement, comme ça, acquis un certain nombre de compétences dans ce domaine-là et ont poussé, alors que rien ne les destinait à créer des outils dans des technologies Java, poussé des projets très très utilisés maintenant dans ces technologies-là. Donc, à priori le risque pouvait être très important parce qu’ils n’avaient aucune expertise là-dedans et ces expérimentations en termes de recherche et développement que les utilisateurs leur ont poussé des fonctionnalités au fur et à mesure et bien leur a permis de prendre peu de risques et en même temps maintenant d’être leader en termes de technologie Web... Mais au niveau métier également.
Un des autres avantages, c’est profiter de la communauté pour diffuser ses logiciels et partager les coûts de diffusion, mais également les coûts de communication. Alors un des bons exemples c’est le projet Mozilla qui a eu envie un jour de se payer une page de pub dans le New York Times : un quotidien hyper réputé aux États-Unis et il se trouve que ça coûte très cher de faire de la publicité dans le New York Times. Alors ils ont eu l’idée de demander aux utilisateurs de Firefox de leur donner un peu d’argent pour qu’ils puissent se payer cette page de pub. Et il se trouve que le nom de tous les contributeurs a été ajouté dans la publicité. Ici, sur la moitié de la page, vous voyez qu’il y a un petit élément grisé. Cet élément c’est tous les noms des contributeurs qui ont participé au paiement de la publicité dans le New York Times, dans les doubles pages. Donc c’est un exemple,... peut-être anecdotique de participation communautaire en termes de communication mais qui représente bien le poids de la communauté ; le fait que chacun aille donner des conseils en terme de logiciel libre, qu’il y est ici des dizaines de bénévoles qui aident les gens à installer Ubuntu, par exemple, participe au partage de ce coût de diffusion et de communication auprès du grand public.
Alors une des questions classiques quand on parle de logiciel libre c’est « comment on vit du logiciel libre ? ». Parce qu’on a vu que le logiciel libre est une réalité économique qui générait à peu près deux milliards d’euros de chiffre d’affaire en France. Et comment on est capable à partir de dons, c’est-à-dire, de développeurs qui offrent leurs logiciels à travers des licences libres et bien comment on est capable de créer de la valeur ?
Alors, il se trouve que deux milliards d’euros de chiffre d’affaire, ça représente à peu près 5% de l’informatique (et non pas des logiciels en France, j’ai fait une petite erreur) et à l’April on s’est posé des questions pour savoir quels étaient les modèles économiques. Il se trouve qu’on a trois cent entreprises qui sont membres, en plus des 5000 personnes qui adhèrent chaque année à l’April. Et donc on a écrit un livre blanc pour essayer d’évaluer quelles étaient les typologies d’entreprises qui gagnaient de l’argent autour du logiciel libre. Alors, la typologie sans doute la plus classique c’est la typologie de l’entreprise éditrice d’une solution libre. C’est une entreprise qui est leader dans un projet libre. Donc, elle participe majoritairement au développement de ce projet. Elle a une expertise du coup qui est reconnue et soutenue par une communauté qui vient orienter ses choix, discuter avec elle et participer au développement du projet.
Ses revenus viennent du développement. Elle est contactée régulièrement par des clients qui veulent, soit un développement spécifique : adapter le logiciel à ses propres besoins et sans doute un besoin qui n’est pas partagé par d’autres entreprises, des éléments hyper-spécifiques ; ou faire du développement fonctionnel : rajouter une fonctionnalité qui n’existe pas encore et cette fonctionnalité étant importante pour cette entreprise, elle est prête à payer et à faire profiter d’autres personnes de ce développement. Il y a une autre source de revenus qui devient peut-être un peu plus anecdotique maintenant mais qui est peut-être la source de revenus qui a été choisie par exemple par MySQL, c’est une source de revenus basée sur un système de double licence. C’est-à-dire qu’il y a une licence libre de type GPL et pour les gens qui n’ont pas envie de participer au développement contributif, ils peuvent s’affranchir de ce devoir contributif en payant et dans ce cas-là, l’entreprise retire ce devoir contributif. C’est ce qui a notamment permis à MySQL de se faire racheter un milliard de dollars par Sun, il y a quelques années. Ça a été au moins un succès économique même si la pérennité de ce système fait douter certaines personnes dans la communauté. Et enfin, il y a aussi la possibilité de donner des formations autour du logiciel dont on est éditeur ou d’offrir du support.
Alors, il y a un exemple assez sympa parmi nos membres (les membres de l’April), c’est l’entreprise Sensio qui édite un logiciel qui permet facilement de faire des logiciels assez compliqués sur Internet et ce Framework s’appelle Symfony. Alors, il se trouve que c’était une petite web agency : une petite entreprise qui fait des sites web sans plus de prétention. Ils avaient une dizaine de clients à Paris et ils avaient développé comme ça, dans leur coin, un ensemble de petits outils, un agrégat d’outils qui fonctionnaient très bien. Il se trouve que la majorité, la totalité même, des outils qu’ils utilisaient pour créer des sites étaient des outils libres. Donc de manière assez naturelle ils se sont dit : tiens, on va libérer notre framework. Ils n’en avaient pas forcément l’obligation parce qu’ils avaient fait des choix de licence qui n’étaient pas contributives. Mais ils voulaient quand même remercier la communauté et ils ont fait un énorme effort de documentation. Parce qu’ils commençaient à avoir un peu de succès en interne, ils ont commencé à écrire de la documentation et ils ont écrit pas mal de choses. Donc leur framework, leur produit, était très bon mais en plus, il y avait une documentation hyper fournie et ils ont libéré les deux sous des licences libres. Et au bout de quelques mois, qu’est-ce qu’ils se sont aperçus ? C’est que, quand ils allaient voir des clients pour des appels d’offres, leurs concurrents proposaient une solution basée sur leur produit Symfony. c’est-à-dire qu’ils se retrouvaient en concurrence avec des entreprises qui utilisaient elles-mêmes le produit dont ils étaient éditeurs. Ça, on imagine dans les années 80, c’était la catastrophe internationale car si nos concurrents utilisent notre solution, ça choquait à l’époque. Ben là, qu’est-ce qui s’est passé, il s’est passé que du coup, ils étaient beaucoup plus pertinents par rapport au client, étant experts et ayant eux même développé la solution Symfony, que leurs concurrents.
Et donc, le fait que leurs concurrents utilisent Symfony, non seulement ça véhiculait l’expertise de Sensio dans d’autres mondes que ceux qu’ils avaient l’habitude d’adresser auprès de leurs clients. Mais en plus et bien ils étaient valorisés lorsqu’ils étaient en compétition avec leurs concurrents. Et en fait, au fur et à mesure, ils ont commencé à pouvoir s’adresser à une clientèle de plus en plus variée, non plus uniquement parisienne, non plus uniquement Française, mais maintenant ils ont des contrats au Japon, à la Silicon Valley, je crois qu’ils ont dû faire des missions de consulting auprès de Yahoo, il me semble et d’Ebay qui utilisent eux-même le framework Symfony. Donc, une petite web agency, par le simple fait qu’ils aient libéré leur produit, leur produit est de plus en plus utilisé, utilisé dans des sphères qu’ils n’auraient jamais pu adresser et donc, voient comme ça, leur clientèle, leur portefeuille de clients s’élargir de manière hyper importante.
Le deuxième type d’entreprise du libre, c’est les entreprises dites de « diffusion de logiciel libre ». Et qui le diffusent avec une certaine valeur ajoutée.
Donc, c’est des entreprises qui sélectionnent les packages des logiciels libres pour faciliter leur installation et leur utilisation. Alors, leurs revenus ils les tirent du support, le fait qu’ils garantissent que les choix en terme de logiciels libres seront pérennes et qu’ils pourront intervenir en cas de problème. Ils peuvent aussi faire de l’intégration et du développement spécifique et également ils tirent un peu leurs revenus de formations. Les exemples les plus courants de ces diffuseurs, c’est les distributions. On a la chance en France d’avoir une distribution qui s’appelle Mandriva, on est ici à l’Ubuntu Party, qui est créée par une entreprise qui s’appelle Canonical et à l’April on a aussi un troisième adhérent, qui s’appelle RedHat et qui est bien connu pour offrir du support sur leur distribution RedHat.
Ça c’est la deuxième typologie. Le troisième élément, c’est des entreprises qui proposent d’héberger des solutions libres. Un certain nombre d’entreprises n’ont pas envie d’héberger elles-mêmes et de s’occuper elles-mêmes de l’informatique de leur entreprise. Et donc, ces entreprises vont proposer une solution clef en main, vous allez simplement les contracter et ils vont héberger, infogérer la solution eux-mêmes et cette solution va être soit de type infrastructure, c’est-à-dire soit les machines, soit du service. Donc ces entreprises ciblent ? leurs revenus d’un abonnement, qui est en général mensuel, qui peut aller de quelques euros en général au début pour du service et qui a la qualité d’être du revenu fixe pour ces entreprises. Et donc c’est hyper sécurisant en terme de business pour ces entreprises-là. Alors on a de très nombreux exemples et malheureusement je ne pourrai pas citer dans toutes les catégories d’entreprises, l’exhaustivité des membres de l’April qui offrent chacun des solutions. Là, j’ai choisi deux entreprises assez typiques : Bearstek, une entreprise parisienne qui infogère et héberge un certain nombre de services libres de type infrastructure ; et atReal qui est spécialisé dans l’informatique pour les collectivités locales et qui propose des logiciels métiers en solutions hébergées.
Alors, un autre type d’entreprise, c’est les entreprises de service à valeur ajoutée. C’est des entreprises qui ont des compétences transversales : métier et technique et qui ont la qualité d’accueillir des experts de la communauté, donc ont intégré un certain nombre d’expertises en interne. Leur revenu vient du conseil et du développement spécifique. Un exemple c’est une société parisienne qui s’appelle Altic qui est spécialisée en terme métier dans l’intelligence, le business intelligence (je ne sais pas quelle est la traduction Française exactement, ce n’est pas « intelligence économique »), c’est tirer des données financières, des éléments stratégiques pour l’entreprise et ils utilisent un certain nombre de logiciels libres et de solutions libres pour donner leurs conseils.
Et enfin, le cinquième type d’entreprises c’est les intégrateurs hybrides. Des entreprises qui essayent d’avoir une masse critique qui permet de proposer un portefeuille très large de services autour du logiciel libre et ils font grosso modo l’interface entre les distributeurs, les éditeurs de logiciels libres, leurs experts en interne, la communauté et leurs clients. Donc, là les revenus, c’est aussi assez classique, c’est du service basé sur le conseil et sur le développement spécifique. Et on a une entreprise membre de l’April qui s’appelle Alterway et qui s’est spécialisée dans ce type de services.
Et puis enfin, il y a un dernier élément, sans doute le plus atypique en termes économique, qui sont les organismes à but non lucratif. Je vous ai parlé tout à l’heure de la fondation Apache. Il se trouve que cette fondation gère plusieurs millions de dollars de budget chaque année. Ça permet de pérenniser les activités des contributeurs de la communauté avec une gouvernance qui est la plus ouverte possible à l’image de ce que fait le logiciel libre et qui participe à la mutualisation des besoins du projet. Donc en termes de développement, en termes de sensibilisation, en termes marketing etc. etc.
Leur revenu est basé sur des dons, des adhésions. Et donc on a des exemples assez variés. Sans doute au niveau international les trois plus connus c’est la fondation Apache, la fondation Mozilla qui édite Thunderbird et Firefox. Vous avez aussi la fondation Wikimedia qui gère toute l’infrastructure de Wikipedia et tous les aspects liés à la communication. Il y a un chapitre Français qui est basé à Paris et qui emploie une personne.
Et puis plus modestement l’April essaye de mutualiser les efforts notamment d’influence pour faire de la promotion et la défense de logiciel libre. Et on a choisi un modèle entre bénévoles, puisqu’on a 5000 membres et on a également trois salariés. Et donc ces trois salariés sont payés grâce aux dons des entreprises et des membres de l’April. Alors je vous disais que je m’apprêtais à parler de manière un petit moins sérieuse et à un public un peu plus estudiantin. Il se trouve qu’on a la chance en France d’avoir des projets libres Français très variés. L’Europe et notamment la France est hyper bien placée en terme de nombre de développeurs et de formations de développeurs en logiciels libres. Il se trouve qu’il y a un certain nombre de projets dont vous avez entendu parlé. Je cite Videolan, Mandriva, Centreon mais on en a quelques dizaines en France, qui ont été faits par des fondateurs qui avaient moins de 25 ans en France. Je vous parlais tout à l’heure de mon ami Fabien, qui a écrit Stellarium qui est maintenant un logiciel hyper diffusé, lorsqu’il avait 22 ans. Et j’espérais que les prochains étaient peut-être dans cette salle mais je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de gens qui aient moins de 25 ans dans la salle, mais bon, voilà, c’était un petit peu l’idée de dire qu’on est tous capables de participer à ce mouvement du logiciel libre et évidemment que chacun est le bienvenu pour créer de l’innovation sociale puisque c’est aussi ce que propose le logiciel libre, cette manière de contribuer et de créer de la connaissance de manière assez atypique et peut-être avec de la chance, de participer à une innovation économique et de créer de la valeur, de participer à cette création de milliards d’euros de chiffre d’affaires en France.
Voilà donc pour la présentation un petit peu formelle. Je ne sais pas si ça suscite chez vous quelques questions mais s’il y en a, je suis disponible pour y répondre si vous le souhaitez.
Question : Bonsoir, j’aurais deux questions, c’est sur le chiffre d’affaires, est-ce que ça inclut les smartphones, les tablettes, tous les ordinateurs, y compris les smartphones et les tablettes, dans le chiffre d’affaires en France du logiciel libre ?
Tangui : J’en ai aucune idée, je ne connais pas la méthodologie, elle n’est pas publique. Visiblement on me dit non mais je ne sais pas pourquoi, si c’est lié à un aspect technique. Mais à priori, je ne pense pas, en tout cas je ne connais pas beaucoup d’entreprises qui sont spécialisées en France. Il y avait OpenMoko il y a quelques années, mais je ne suis pas sûr qu’ils aient énormément de ça. C’était quoi, Quesh ?
Murmures dans la salle, sans micro
- Tangui
- : Alors, il faut quand même que je ... parce qu’en entendant ça, ça me fait penser à quelque chose, on a quand même dans le logiciel libre d’avoir des logiciels libres comme Asterisk et SPIP, avec des entreprises en France notamment comme Proformatique qui sont hyper innovantes là-dedans et eux font du logiciel. Donc il y a une partie de la téléphonie pure et dure qui est à mon avis calculée là-dedans.
- Question
- : J’avais une deuxième question. Et la deuxième question c’est : il y a quelques années les entreprises étaient sous Windows 2000, elles ont pensé à passer en XP. Et après on a eu Vista et les entreprises se sont arrêtées en XP vu les problèmes qu’il y avait avec Vista. Je cherche une explication, pourquoi Linux n’a pas profité de cette faille de Microsoft, comment on peut expliquer ça, comment les entreprises n’ont pas fait un choix Linux à ce moment-là alors qu’elles devaient changer leur système d’exploitation assez souvent. Et certaines ont pris Vista car il n’y avait rien d’autre, d’après elles.
- Tangui
- : Alors il y a deux choses. Effectivement, le fait que Windows Vista soit un système d’exploitation qui soit hyper mauvais a été plutôt favorable à la diffusion de systèmes d’exploitations libres. Maintenant, il y a deux vrais problèmes qui sont liés au fait que malheureusement, en entreprise le choix informatique n’est pas forcément, ne profite pas d’une concurrence totalement égale. Il y a un monopole de fait pour les systèmes d’exploitation qui est lié à la position de Microsoft, lié à leur politique autour des standards. Ils n’utilisent pas de standards ouverts, ils ne veulent pas les utiliser. Du coup, en termes de bureautique ça pose un peu un problème, notamment en termes de concurrence d’alternatives à la suite Microsoft Office. Si Libre Office et Open Office sont des solutions matures, n’ayant pas la recette totalement exhaustive de ces différents standards, malheureusement ça ne rassure pas notamment les grands comptes. Donc ça, ça pose un vrai problème et le deuxième vrai problème c’est la vente liée. Si vous voulez avoir des ordinateurs sans système d’exploitation, il faut être un énorme compte, parce que des petites entreprises elles sont obligées d’acquérir des ordinateurs avec des systèmes d’exploitation pré-installés et c’est une situation qui est illégale au regard de la vente liée mais également au regard de la fiscalité parce qu’il n’y a pas de facturation du système d’exploitation, ça posait des problèmes avant la révision de la taxe professionnelle notamment parce que le logiciel était amorti de manière immatérielle alors que l’ordinateur était matériel. Donc l’ordinateur en théorie comptait dans la partie taxe professionnelle et le logiciel ne comptait pas dans la partie taxe professionnelle et on faisait payer le prix de l’OS dans la partie taxe professionnelle. Donc ça posait de vrais problèmes mais malheureusement les pouvoirs publics ont du mal à se bouger là-dessus, on sait pas trop ce qui se passe notamment sur la vente liée on avait de très bons contacts il y a quelques années et tout d’un coup ça s’est refermé et maintenant, ils ne veulent plus en entendre parler de manière très franche, donc c’est quelque chose qui nous inquiète et effectivement c’est une situation qui fait que les entreprises si elles s’intéressent aux solutions libres notamment hébergées ont un peu plus de mal car on leur met des bâtons dans les roues et ça pose un vrai problème de concurrence.
- Question
- : Il y a vraiment un problème en ce moment avec les ventes liées parce que c’est vrai que moi, quand je vais à la FNAC ou chez Darty, il y a quelques mois encore on voyait les étiquettes comme quoi on pouvait se faire rembourser le logiciel. Maintenant ça a complètement disparu ça et même si on demande au vendeur de la FNAC combien on peut se faire rembourser l’OS qu’il y a sur un ordinateur, il est in-foutu de répondre. Et pourtant la loi existe et doit être appliquée.
- Tangui
- : Absolument c’est une situation illégale et les pouvoirs publics ne veulent pas faire grand chose. On a beaucoup travaillé avec Racketiciel et l’UFC Que choisir, la situation, l’étiquetage était lié au procès Darty qui a été fait par l’UFC Que choisir et il se trouve qu’il a pas forcément eu de conclusion positive en appel et donc du coup les distributeurs ont cessé de faire cet effort-là. Et lorsque l’on avait des réunions avec les constructeurs, eux, avaient l’interdiction totale de donner le coût réel que Microsoft leur facturait pour leur OS. C’est quelque chose qu’effectivement le consommateur ne sait pas, le distributeur ne le sait pas et le constructeur a l’interdiction d’en parler. C’est une situation hallucinante, au regard de la vente liée mais aussi au regard de tout ce qui est facturation car normalement chaque élément acquis doit avoir une facturation différente. Donc on essaye de sensibiliser le plus possible, cela fait plusieurs années que l’on est sur ce thème-là avec Racketiciel et UFC Que choisir. Malheureusement, on commence un petit peu à s’essoufler en attendant qu’une relève institutionnelle, une porte institutionnelle s’ouvre à nouveau. Mais pour l’instant il faut attendre un petit peu.
- Question
- : Votre avis là-dessus ? Vous avez bon espoir ou mauvais espoir sur la vente liée, sur les logiciels ?
- Tangui
- : Pour l’instant le moral n’est pas forcément des plus optimistes. Il y a des procès qui se gagnent, c’est-à-dire que si on est motivé on peut se faire rembourser son OS mais c’est hyper fastidieux pour le consommateur. UFC Que choisir a totalement abandonné la partie, on essaye d’en parler régulièrement lorsque l’on a des rendez-vous avec des députés ou avec des membres de l’exécutif mais après le procès Darty, l’UFC s’est un petit peu démobilisée.
Mais rien n’est perdu. C’est aussi cette qualité de faire partie de cette utopie en réalisation qu’est le Logiciel Libre, c’est pas toujours facile mais il y a toujours un peu d’espoir.
- Question
- : Je voudrais savoir, il y avait trois séances. Est-ce que ces trois séances c’est un cycle de trois séances ou est-ce trois séances indépendantes ?
- Tangui
- : Je ne vois pas de quoi vous parlez ? Des conférences c’est ça ?
- Question
- : Oui.
- Tangui
- : Alors l’Ubuntu Party dure pendant trois jours et effectivement il y a pendant les trois jours des conférences.
- Question
- : Alors je me suis trompé d’atelier, j’étais venu pour la web TV.
- Tangui
- : Euh... non... Je crois que c’est filmé donc vous allez peut-être pouvoir le regarder sur Internet mais là, ce n’est pas l’atelier web TV.
- Question
- : Bon alors là, il y a une autre... je comprends pas trop... on parle pas de web TV ?
- Tangui
- : On parle de modèle économique du Logiciel Libre.
- Question
- : Ah non je venais pour l’atelier web TV...
- Tangui
- : Ben c’est pas là.
- Question
- : ...ça doit être à côté. Je vais aller voir. Bonne continuation.
- Tangui
- : Est-ce que vous avez d’autres questions ?
- Question
- : En fait, bonjour, ma question lorsque l’on utilise tout ce qui est suite bureautique, si j’utilise OpenOffice et que j’envoie par exemple un document à mon employeur ou à un des employés et que j’ai un format .odt parfois ça passe pas avec les .doc ? Du coup je peux avoir un CV qui se retrouve complètement décalé par rapport à l’original ? Est-ce qu’il y a un moyen pour qu’on trouve une entente lorsqu’on a ce genre de fichier ?
- Tangui
- : Il y a une situation un peu paradoxale, c’est que les logiciels libres utilisent des standards ouverts pour justement éviter que ce soit discriminant envers d’autres personnes et l’entreprise qui a la majorité du marché refuse d’être compatible avec les standards ouverts. Donc effectivement. Mais si jamais vous utilisez un .doc, vous n’avez aucune garantie que si la personne en face n’a pas exactement la même version ça s’ouvre correctement. Convertissez votre document en .pdf ,par exemple, peut-être que vous aurez une garantie d’un affichage un peu plus correct.
Autrement ils peuvent très facilement installer Open ou LibreOffice et lire l’.odt si c’est au sein de votre entreprise par exemple .
D’autres questions ? Et ben,écoutez, je suis encore là un petit peu et je serai là demain donc n’hésitez pas à venir me parler, ou aux autres membres de l’April qui auront un stand à partir de demain. Je vous souhaite un bon après-midi et à bientôt.