Quentin Cellerier : Bonsoir à tous et à toutes. Bienvenue sur cette troisième journée de conférences.
Je suis avec Bastien Guerry qui va parler du logiciel libre dans l’État. Je prends juste deux petits secondes pour vous présenter un petit peu les fonctionnalités auxquelles vous avez accès. Vous avez le chat pour faire des remarques, discuter entre vous si vous le voulez. Je vous invite à poser vos questions en passant par l’onglet « Questions » comme ça ce sera plus facile pour Bastien, à la suite de sa présentation, pour y répondre. C’est tout. Je laisse la parole à Bastien. Je vous remercie et bonne conférence à toutes et à tous.
Bastien Guerry : Bonjour à tous. Merci beaucoup Quentin pour l’introduction. On est ensemble pendant une demi-heure, je vais essayer de restreindre mon temps de parole à un quart d’heure qu’on ait bien le temps d’échanger.
Je voudrais faire plusieurs choses.
Je voudrais d’abord vous présenter ce qu’est le logiciel libre de façon très générale. J’imagine que les uns et les autres êtes familiers du sujet, mais ça ne fait jamais de mal de rappeler un peu ce que c’est.
Ensuite vous présenter le plan d’action « logiciels libres et communs numériques » qui a été annoncé par la ministre Amélie de Montchalin mi-novembre, donc très récemment, qui est un plan qui s’inscrit dans la continuité de ce que la DINUM porte depuis au moins trois ans, voire plus pour beta.gouv et Etalab et qui apporte aussi quelques nouveautés sur lesquelles je tiens à insister parce que ces nouveautés n’ont pas forcément été relayées dans la presse.
Vous dire aussi comment les administrations en général, l’administration publique, peut participer à la réussite de ce plan d’action dont la finalité ultime est d’aider à la transformation numérique de l’État.
Faire un focus plus particulier sur un produit qu’on porte à Etalab qui est le site web code.gouv.fr.
Vous parler aussi d’un produit vénérable qui est le socle interministériel de logiciels libres et son articulation avec un nouveau catalogue, dont vous avez entendu parler, qui est le catalogue GouvTech qui référence des solutions numériques pour l’ensemble de l’administration.
Ma tête n’est pas très intéressante, je vais tout de suite proposer un visuel plus intéressant qui sera l’ensemble de mon écran. Vous voyez bien mon écran, Quentin peux-tu me confirmer ?
Quentin Cellerier : C’est parfait Bastien.
Bastien Guerry : Avant de vous parler du plan d’action de l’État, revenons aux fondamentaux que sont le logiciel libre et, comme un citoyen ordinaire, je tombe sur la page Wikipédia [1] que je vous conseille, qui présente vraiment bien les choses, qui est un bon point d’entrée.
Le logiciel libre est un mouvement qui est né il y a maintenant 40 ans et qui est né en résistance au fait que les grands éditeurs de logiciels qui, auparavant, partageaient librement les codes sources des applications, notamment avec les universités américaines qui contribuaient, où les pratiques d’échange de programmes étaient monnaie courante entre chercheurs, parce que toute la valeur et les coûts étaient surtout dans le hardware plutôt que dans le logiciel qui, à cette époque-là, n’était pas encore vu comme une façon de faire de l’argent, il est né en résistance au fait que les éditeurs utilisaient de plus en plus le droit d’auteur pour dire « non, vous n’avez pas le droit de modifier ce logiciel, c’est le nôtre ». Il est né à l’initiative de Richard Stallman [2], un hacker qui voyait sa communauté se restreindre et qui s’est dit « il faut faire perdurer cette tradition de partage et, pour cela, nous allons faire deux choses : construire un système qui soit un système entièrement libre d’utilisation et ensuite, après la création de la Free Software Foundation dans les années 80, nous allons protéger ce système juridiquement en créant – ce que vous voyez mentionné ici dans la page – les licences qu’on appelle copyleft, c’est-à-dire qu’elles s’appuient sur le droit d’auteur, mais elles en inversent la logique de réappropriation en permettant le maintien de ses droits aux utilisateurs. »
Quels sont ces droits ?
Le droit d’utiliser le logiciel comme on veut et c’est un droit universel, on ne distingue pas dans les utilisateurs, on ne dit pas « vous, vous avez le droit d’utiliser, vous, vous n’avez pas le droit ».
Le droit d’étudier le logiciel. Ça veut dire qu’on a conscience qu’un logiciel est soit sous une forme exécutable sur un ordinateur, le .exe que vous avez sous Windows ou les fichiers binaires dans d’autres systèmes. On distingue cet exécutable du code source qui la partie visible, qui est vraiment la partie où il y a de la connaissance. J‘insiste sur le mot « connaissance » parce que si on voit le logiciel juste comme un objet technique, obscur, et c’est forcément obscur pour plein de gens, on ne voit pas que dans le code source il y a avant tout de la connaissance. Si on dit « partage de la connaissance », d’un coup les enjeux du logiciel libre apparaissent plus clairement pour tout le monde.
Ce mouvement s’est diffusé, il a pris de l’ampleur avec l’apparition, dans les années 90 grâce, notamment, à l’émergence du Web, du noyau Linux qui est venu permettre à plein d’utilisateurs de se servir du système GNU, c’est pour ça qu’on parle du système GNU/Linux. Il s’est popularisé dans les années 2000 parce qu’il est parti à l’assaut du marché. C’est pour ça qu’il s’est rebaptisé le mouvement open source. Des gens se sont dit « n’insistons pas sur les valeurs civilisationnelles ou sur les droits des utilisateurs, mais insistons sur le fait que ce sont avant tout des logiciels qui sont meilleurs - on va baptiser ce mouvement l’open source » et ce mouvement de l’open source a aussi inspiré les efforts pour l’open data, l’open access, donc ça a été vraiment une matrice pour repenser les droits numériques.
Aujourd’hui l’administration s’y intéresse. Je dis aujourd’hui, en fait je me reprends, l’administration s’y intéresse depuis 20 ans, elle utilise des logiciels libres, elle produit des logiciels libres depuis très longtemps.
La DGFiP [Direction générale des Finances publiques], du côté des impôts, a été l’une des administrations pionnières dans ce domaine-là à vouloir utiliser des logiciels libres pour ses systèmes d’information avec un souci de cohérence technique, d’une part, mais aussi un souci de maintenir un système de paiement en ligne des impôts ou de le développer à l’époque, qui soit accessible à tous. Si on a la mémoire un peu longue on se souvient des difficultés de créer un certificat pour signer sa feuille d’impôts. Il y avait, derrière tout ça, le souci d’utiliser des logiciels libres pour que vraiment ce soit accessible.
J’en viens maintenant au plan d’action logiciels libres et communs numérique [3]. Ce plan d’action est assez court, il tient sur deux pages A4. Je vous laisserai le lire ici. Il a trois objectifs :
le premier c‘est de mieux utiliser, mieux connaître les logiciels libres et les communs numériques ;
le deuxième de développer et accompagner l’ouverture et la libération des codes sources ;
le troisième, qui passe parfois inaperçu mais qui est essentiel pour nous, c’est de s’appuyer sur les logiciels libres et les communs numériques pour renforcer l’attractivité de l’État-employeur. C’est vrai que c‘est un enjeu pour toute l’administration que de recruter non seulement des data scientists mais aussi des développeurs, des designers. Il s’avère que le logiciel libre propose des valeurs de partage qui sont à la croisée de l’intérêt général et du service public et que ce sont des valeurs qui permettent d’aller cibler des personnes qui veulent s’investir dans le service public en voyant [son coupé] dans le logiciel libre.
Si on va un peu plus en détail, soutenir l’utilisation ça veut dire quoi ? Ça veut dire que le rôle de la DINUM [Direction interministérielle du numérique] va être de donner des points de repère aux administrations. Aujourd’hui le cadre légal n’oblige pas les administrations à utiliser du logiciel libre et elles ne l’utilisent que si elles y trouvent un avantage avéré. Pour les aider à découvrir les bonnes pratiques et les bonnes solutions, du côté des bonnes pratiques on a le socle interministériel de logiciels libres [4]. Vous avez une liste de logiciels.
Si je prends par exemple Ansible, vous voyez plusieurs éléments, quelques infos sur le logiciel. Si vous arrivez sur sa fiche, vous voyez – c’est trop petit, mais on est en train de refondre ce SILL – la proposition d’aider à utiliser ce logiciel, ce qui signifie qu’on va mettre en contact une administration avec le porteur technique de Ansible dans l’administration qui s’est proposée de référencer ce logiciel dans ce catalogue. Le SILL c’est d’abord un point d’entrée pour trouver de l’aide technique sur des logiciels libres. Il y a aujourd’hui plus de 200 logiciels, 215 dans le SILL, donc autant de référents.
Vous voyez ici la solution BigBlueButton [5], qui est une solution de visioconférence, donc vous pouvez entrer en contact avec des personnes qui vous aideront à installer BigBlueButton. On signale aussi des logiciels similaires.
Ça c’est pour le point d’entrée technique, c’est pour le catalogue de référence des logiciels libres pour les administrations. Attention à bien noter que ce n’est pas parce qu’un logiciel n’est pas dans le SILL qu’il n’est pas recommandé. En réalité tous les logiciels libres sont recommandés, mais ceux-ci disposent d’un référent qui peut aider techniquement.
Si je reviens maintenant à cette page-là, donc c’est soutenir l’utilisation avec le catalogue, le SILL, et c’est aussi le catalogue GouvTech [6] qui référence des solutions libres et non libres, qui est surtout un point d’entrée pour découvrir les offres des éditeurs. Là vous avez 41 solutions en logiciel libre proposées par différents éditeurs, une solution d’e-mail avec BlueMind ou une solution de gestion de fichiers collaborative avec Cloudeezy ou CryptPad qui est une solution de partage temps réel de documents chiffrés.
Donner des points de repère. Vous avez remarqué, avec moi, que le plan d’action porte aussi sur les communs numériques, donc on donne quelques points de repère sur les communs numériques. On avance très modestement, côté DINUM, d’abord parce que ce n’est pas notre cœur de métier d’être dans les communs en général, mais il y a deux types de communs qu’on connaît bien qui sont les communs logiciels et les communs autour de la donnée. Notre ambition ici ce sera d’aider à référencer et surtout à valoriser les actions des ministères sur les communs numériques.
On a pris trois grands communs numériques [7] que vous connaissez tous OpenStreetMap, Open Food Facts, les projets Wikimedia. On les a pris pas seulement pour un critère de notoriété mais parce qu’ils reçoivent déjà des contributions de la part d’administrations publiques. On a référencé ici des actions, des démarches de mise en commun initiées par l’administration avec des gouvernances diverses les unes et les autres.
Ça c’est l’ensemble des points de repères pour renforcer le recours aux logiciels libres et aux communs numériques.
Je suis déjà un peu en retard, donc je vais galoper un tout petit peu.
Je passe tout de suite à la présentation de code.gouv qui est la liste de tous les dépôts de codes sources [8] proposés par les administrations. Vous les voyez ici classés en fonction des organisations les plus productrices, en tête desquelles beta.gouv.fr suivi par Etalab suivi par le médialab de Sciences Po. En cliquant ici je vais arriver sur l’espace où le médialab de Sciences Po partage des codes sources. C’est un espace sur GitHub, mais on a aussi de l’utilisation côté gitlab.com et des instances GitLab hébergées par des laboratoires ou par d’autres.
Là on a l’ensemble de la liste des dépôts, donc si vous cherchez un dépôt particulier… Je sais qu’artoo est un logiciel [son coupé] médialab, je vais pouvoir très facilement accéder à ce logiciel-là via sa description. Le petit moteur de recherche dynamique que vous avez ici va chercher dans la description, donc si vous cherchez « metaprogramming », vous tombez sur ce logiciel Spoon, en voyant aussi que c’est un logiciel assez connu et qui a de nombreuses réutilisations vers lesquelles vous pouvez aller.
On va continuer de faire évoluer code.gouv.fr pour faire ressortir des solutions en logiciel libre qui sont déjà réutilisées par plusieurs administrations et faire ressortir aussi les librairies publiées par l’administration.
Je passe rapidement.
Je vous ai déjà présenté le catalogue GouvTech, donc je crois que j’ai fait le tour de ce dont je voulais vous parler. Voici le décor.
L’enjeu, vous l’avez bien compris, c’est de monter en compétences les équipes des ministères pour que chacune puisse s’approprier ce sujet du logiciel libre à son rythme, en ouvrant ce qui est le plus opportun d’ouvrir de son point de vue et on encourage les ministères à vraiment nommer des personnes en charge du logiciel libre en interne pour trouver des bons relais. On continue de valoriser les choses j’allais dire aussi par le bas, d’être attentifs aux signaux faibles que l’on trouve partout dans l’administration. Ces signaux faibles se concrétisent dans le fait qu’on a lancé, il y a trois ans, la communauté BlueHats.
Les BlueHats [9] ce sont les personnes qui s’intéressent au logiciel libre dans l’administration avec trois produits.
On a la gazette BlueHats qui est une lettre d’information. Vous avez ici tous les numéros de la gazette BlueHats par le passé et je vous incite à vous inscrire à la gazette BlueHats, c’est très simple, vous mettez votre e-mail ici.
On a en plus les ateliers BlueHats, ce sont des ateliers de partage d’expertise sur les logiciels libres. Vous voyez ici la liste des 30 derniers ateliers. Si vous voulez tout découvrir sur le pôle EOLE de l’Éducation nationale, vous avez ici le replay de cette présentation par Luc.
On vient de lancer le BlueHats Semester of Code où l’administration s’engage sur la contribution à des logiciels libres qu’elle utilise. On a un partenariat avec CentraleSupélec et on propose aux étudiants de deuxième année de faire un stage de six mois où ils pourront contribuer à des logiciels libres utilisés par l’administration. Vous avez ici tous les détails du programme et vous avez, sur cette page, la liste des projets pour lesquels on propose de la contribution. On a, par exemple, l’Assistant du référentiel général d’amélioration de l’accessibilité, mais aussi Thunderbird et on présente ici les enjeux de la contribution à ce logiciel, par quels ministères il est utilisé et l’impact qu’aura l’étudiant en contribuant à ce logiciel libre.
Vous voyez que l’engagement est assez large. Ça se concrétise en termes de moyens avec une équipe dédiée à Etalab qui est le pôle logiciels libres. C’est une petite équipe pour l’instant, mais nous serons quatre d’ici quelques mois.
À votre disposition pour répondre à toutes vos questions. Je me tais en attendant les questions. Merci à vous.
Quentin Cellerier : Il y a une question de Olivier dans le chat. Je te laisse voir Bastien.
Bastien Guerry : Il faut que je mette mes lunettes.
Quelle alternative professionnelle crédible, pas LibreOffice [10], face à la suite bureautique Microsoft Office et notamment sur son usage systématique ou presque en collège, lycée et université ?
Je n’ai pas de réponse directe à cette question, d’abord parce que je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi LibreOffice n’est pas une alternative crédible. Je pense que la plupart du temps il faut vérifier en fonction des besoins. Je comprends très bien que selon certains besoins LibreOffice ne soit pas une alternative crédible si on a des besoins compliqués en termes de feuille de calcul ou de mise en forme. Mais il me semble que pour l’équipement des collèges, des écoles et autres, si le but est d’apprendre le traitement de texte, LibreOffice est un logiciel de traitement de texte tout à fait respectable.
Oui, bien sûr, je réponds à Patrice, c‘est tout à fait possible d’avoir tous les liens des sites cités. Je vais les mettre dans le chat. C’est votre point d’entrée et je vais aussi vous mettre le lien vers l’inscription à la gazette BlueHats pour que vous puissiez, au fur et à mesure, suivre. On envoie un e-mail tous les deux mois.
Quels sont les profils requis pour renforcer le pôle ?
On a reçu quelques candidatures spontanées et on ne recrute pas comme ça, malheureusement. On a un ETP [Équivalent Temps plein] qui est ouvert, dont la fiche de poste va paraître d’ici quelques semaines. L’intitulé du poste c’est « Chargé de communautés et de contributions ». On cherche un profil qui a une culture technique et juridique autour des logiciels libres, une expérience significative dans l’administration parce que nos interlocuteurs premiers ce sont les administrations, on fait de l’accompagnement en premier lieu, mais avec une sensibilité non technique sur les enjeux de gouvernance. Ce poste-là servira à permettre à des projets de l’État qui ont envie de devenir des projets collaboratifs, de passer cette étape et de vraiment jouer la carte de « si nous publions notre code source c’est que nous attendons des retours en contribution et que nous essayons de construire une communauté ». Donc « communautés et contributions » parce que cette personne sera aussi en charge notamment du BlueHats Semester of Code, c’est-à-dire de valoriser les contributions de l’État vers l’écosystème du logiciel libre.
On a beaucoup de contributions, on en parle aujourd’hui dans la gazette BlueHats, mais on devrait référencer et valoriser plus systématiquement l’ensemble des contributions de l’État. On a par exemple l’Éducation nationale qui aide sur PeerTube [11], on a plein de ministères qui s’engagent et qui contribuent.
Y a-t-il un organisme qui accompagne une collectivité pour la mise en place d’un logiciel libre en référence, un peu comme l’ANSSI [Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information] pour la sécurité ?
Du côté de l’administration il y a l’Agence nationale de la cohésion des territoires qui accompagne les collectivités notamment aujourd’hui dans le cadre du plan France Relance [12] et qui va leur permettre de financer des projets de numérisation, de transformation numérique, à condition que ces projets soient mutualisés et à condition que le code source de ces projets soit libre. Donc on a l’ANCT d’un côté qui va encourager l’acculturation au logiciel libre à travers ce programme du plan de relance.
On a aussi une association qui s’appelle l’ADULLACT [Association des Développeurs et Utilisateurs de Logiciels Libres pour les Administrations et les Collectivités Territoriales] [13], qui a fêté cette année ses 20 ans et avec laquelle la DINUM a un partenariat. Je vous mettrai aussi le lien. C’est une association qui travaille depuis 20 ans avec les collectivités pour les aider à utiliser des logiciels libres. Le partenariat qu’on a avec cette association porte, j‘allais dire, essentiellement sur deux choses. La première c’est que, comme vous avez vu, la plupart des codes référencés sur code.gouv.fr sont hébergés ailleurs, on n’a pas de forge centrale qui vient héberger tous les codes sources de l’État. Mais, pour des enjeux de souveraineté, une administration peut vouloir héberger ses codes sources auprès d’un acteur français, qui a ses serveurs en France. On a un partenariat avec l’ADULLACT qui dispose d’une forge logicielle donc l’ADULLACT accueille des projets de l’État, des collectivités.
[Problème technique]
Bastien Guerry : Le logiciel m’a demandé de rafraîchir la page, j’ai eu peur et j’ai obéi.
Je parlais de l’ADULLACT pour dire que, d’une part, elle est hébergeur pour des projets d’administration et d’autre part, sur le site du socle interministériel de logiciels libres, le SILL, de temps en temps vous avez peut-être vu une petite icône en bas qui symbolise le Comptoir du Libre qui est un autre catalogue entretenu par l’ADULLACT.
Je ne sais pas si ça répond tout à fait votre question.
En général, pour les autres besoins d’accompagnement, c’est le pôle logiciels libres qui sera l’organisme de référence ou qui renverra vers la mission Label de la DINUM s’il s’agit simplement de trouver une solution numérique en général, sans exigences sur son côté open source ou non.
Quentin Cellerier : Est-ce qu’il y aurait d’autres questions ?
Bastien Guerry : Vous dites que l’open source permet de recruter des développeurs dans l’administration. De mon expérience professionnelle, ça n’a pas changé la politique d’externalisation de cette prestation. En ce qui me concerne, ce n’est pas forcément l’open source qui attire les devs mais les projets.
Comme je en sais pas exactement d’où vous parlez, est-ce que vous êtes dans l’administration, est-ce que vous êtes dans le privé, n‘hésitez pas à le préciser. Je conçois très bien que ce soient les projets qui attirent les développeurs en priorité, si on ne parle que des développeurs, mais je suis convaincu que le fait que beta.gouv.fr, par exemple, ouvre tous ses codes sources permet plus facilement à un développeur de se projeter dans une équipe. D’abord il a accès non seulement à la stack [pile logicielle], il voit les technologies utilisées, mais il a aussi accès au code et il voit d’avance, il peut faire un onboarding [embarquement] accéléré, en voyant comment intégrer l’équipe.
On a un autre programme porté par Etalab qui s’appelle Entrepreneurs d’intérêt général [14]. C’est un programme qui permet aux administrations de recruter des développeurs sur des contrats d’une année. Le retour qu’on a de toute cette communauté, qui maintenant s’est élargie parce qu’on en est à la cinquième année du programme Entrepreneurs d’intérêt général, c’est que c’est la dimension d’ouverture des données et de développement en open source qui les attire. Ce sont des promos de développeurs et de développeuses qui sont assez jeunes, en général autour de 25 ans, qui sortent d’école ou qui ont une expérience intéressante dans le privé, dans le public ou ailleurs. Une conférence est prévue sur EIG, ouverte à inscription, merci pour la précision. Je vous incite à aller découvrir ce programme. On a vraiment le sentiment qu’il y a une adhésion à l’envie de faire progresser l’administration, l’intérêt du projet, le fait que le projet soit en open source donne à ces gens-là le sentiment qu’ils vont participer à une communauté apprenante. Je pense que c’est un peu la même chose pour beta.gouv, c‘est un peu l’état d’esprit qu’on essaye de distiller à travers les ateliers BlueHats. C’est-à-dire que les personnes qui rejoignent les ateliers BlueHats viennent de toutes les administrations et elles sont là pour apprendre. Moi-même étant développeur et dans le mouvement du logiciel libre depuis une vingtaine d’années, je pense que c’est le moteur central de la participation à des projets libres. On apprend les uns des autres, on apprend soit des nouvelles technologies, soit des modes de collaboration et on essaye de distiller cette culture de la collaboration dans l’administration.
Quentin Cellerier : Est-ce qu’il y a une autre question. Je vois qu’Olivier est en train d’écrire. Peut-être qu’on prendra la dernière question d’Olivier. C’est plus une affirmation.
Bastien Guerry : Oui et non. C’est aussi que ce serait compliqué de baser l’enseignement du développement sur des logiciels non libres. Je pense que c’est un débat plutôt pour un apéro que pour ce webinaire. N’hésitez pas à m’envoyer un mail. Je vous mets tout de suite mon mail dans la discussion comme ça on peut avoir une conversation privée. Je vous indique aussi le point de contact pour le pôle logiciels libres si vous voulez découvrir toutes les actions ou s’il vous manque des liens parmi ceux qu’on vous a partagés.
Quentin Cellerier : Super. Merci Bastien. Je pense que nous allons conclure. Je vois qu’Aurélie est en train d’écrire. Bonne soirée à vous Aurélie. Merci à Bastien. Bonne soirée à toi.
Bastien Guerry : Bonne soirée Quentin. Bonne soirée à tout le monde.
Quentin Cellerier : Vous pouvez encore vous inscrire aux conférences. Les inscriptions pour postuler aux offres d’emploi sur s’achèvent demain à 14 heures, mais vous pourrez toujours continuer à vous inscrire pour les conférences de la semaine prochaine. Nous vous attendons nombreux au forum physique à Paris le 16 décembre.
Je souhaite à tous et à toutes une bonne soirée.
Bastien Guerry : Merci beaucoup.
Quentin Cellerier : Au revoir.