Présentation
Transcription
Présentateur : Je vous laisse découvrir Pierre-Yves Gosset qui fait sa conférence « Linux pour les nuls. Le logiciel au-delà du logiciel. Le libre au-delà du logiciel ». On y arrive. Donc je vous laisse l’applaudir.
Applaudissements
Pierre-Yves Gosset : Alors j’ai 40 minutes pour essayer de vous présenter le sujet, alors cette conférence est vraiment très grand public.
Donc bonjour à tous. L’objectif de cette conférence c’est vraiment une conférence très très grand public, donc si vous savez déjà parfaitement ce qu’est le logiciel libre et encore plus si vous savez ce qu’est la philosophie du logiciel libre, vous pouvez déjà ressortir, ce n’est pas la peine de rester, sinon vous allez vous embêter. Mais on va parler justement du libre au-delà du logiciel et de ce que le logiciel libre change dans la société, dans différents domaines autour du logiciel. Je ne me vexe pas si vous quittez la salle. Promis !
J’ai oublié de me présenter. Donc je m’appelle Pierre-Yves Gosset. Je suis délégué général d’une association qui s’appelle Framasoft. Framasoft c’est une association qui fait la promotion du logiciel libre et de la culture libre auprès du grand public. Donc nous, on sert un petit peu de porte d’entrée pour les gens qui veulent découvrir ce qu’est le libre et on essaye petit à petit de les sensibiliser, de les informer et de les accueillir dans ce monde merveilleux mais parfois un peu chaotique et un peu bordélique qu’est le logiciel libre. Et donc le premier slogan de Framasoft au départ était « Quittez Windows pour découvrir le libre. » C’était bien pour dire qu’on avait cette particularité d’accueillir des gens qui étaient sous système d’exploitation propriétaire typiquement Windows ou Mac OS, pour les attirer vers le monde du logiciel libre essentiellement GNU-Linux, ou d’autres systèmes d’exploitation libres.
Mais le sujet de la conf traitera finalement très très peu du logiciel. On va parler de tout ce qu’il y a autour et de tout ce que ce mouvement a engendré ailleurs. Et la première citation finalement que j’ai ici est extraite du Framablog. Donc Framasoft c’est un réseau de sites web qui fait différentes choses, je n’aurai vraiment pas le temps de vous le présenter aujourd’hui, on a un stand là-bas si vous voulez venir nous voir, et sur le Framablog qui est le blog de Framasoft on a cette citation qui est extraite d’un documentaire qui a été diffusé sur Arte qui s’appelle « Nom de code Linux » et qui dit « Mais ce serait peut-être une des plus grandes opportunités manquées de notre époque si le logiciel libre ne libérait rien d’autre que du code. » Et pour nous qui ne sommes pas informaticiens Framasoft, fra et ma c’est français/mathématiques, on est plutôt issus du milieu de l’éducation et du coup, on souhaitait déborder du cadre purement logiciel pour s’intéresser à d’autres types de questions et notamment aux questions de citoyenneté, aux questions philosophiques et éthiques qui sont portées par le libre, qui pour nous est un mouvement social avant d’être un mouvement technique.
Donc, si on part de cette citation, je vais quand même faire un mini rappel puisque la conférence est intitulée « Le libre pour les nuls », mini rappel en moins de 10 minutes de ce que c’est que le logiciel libre et d’où ça vient. Dans les années 80, Richard Stallman crée les premières licences libres et les valeurs libres qui sont portées par le logiciel libre, nous français en tout cas, on les connaît bien, en Suisse en tout cas pour les francophones ça doit vous évoquer quelque chose, liberté, égalité, fraternité. Liberté normalement c’est liberté d’utiliser le code pour ce que vous souhaitez. Égalité, finalement on est tous égaux face au logiciel, il n’y a pas de différence entre les utilisateurs, il n’y a pas des utilisateurs qui ont le droit d’utiliser un logiciel et d’autres pas. Et fraternité, parce que nous c’est ce qui nous intéresse particulièrement à Framasoft, c’est la possibilité de partager le code source des logiciels avec son voisin, ou les logiciels eux-mêmes et ça permet de créer des espèces d’écosystèmes, de cercles vertueux où on va créer de la fraternité et du partage, ce qui est évidemment très différent de ce qu’on va retrouver au niveau du logiciel propriétaire, donc typiquement les logiciels Adobe, Microsoft, etc.
Pour situer un petit peu en 2 minutes ce qu’est un logiciel libre, ce qui caractérise un logiciel libre, on peut le caractériser par 4 libertés. La 1ère liberté c’est celle d’utiliser le logiciel donc utiliser le logiciel, ça c’est une liberté que vous avez quasiment toujours : vous avez le droit d’utiliser le logiciel lorsque vous l’avez acheté, qu’il soit libre ou pas libre. Par contre il y a une différence dans le logiciel libre, c’est qu’on ne fait pas de différence entre utilisateurs, c’est-à-dire que vous avez des logiciels qu’on n’a pas le droit d’utiliser par exemple si vous faites partie de ce que les américains appellent encore aujourd’hui « l’axe du mal », donc si vous êtes nord-coréen, vous n’avez pas le droit d’utiliser Adobe Photoshop. Dans le monde du logiciel libre, on n’applique aucune de ces restrictions. Lorsque vous avez obtenu un logiciel libre, vous êtes libre de l’utiliser quel qu’en soit l’usage que vous en faites.
Deuxième possibilité, deuxième liberté, la liberté d’étudier le logiciel. Alors pour la plupart d’entre vous qui logiquement ne sont pas informaticiens, sinon je ne vois ce qu’ils font dans une conf pour découvrir le libre, la logique c’est de se dire qu’on a le droit de regarder le code source du logiciel. Alors le code source ça ne parle pas à tout le monde. Le code source, c’est un peu la recette de cuisine du logiciel, c’est-à-dire que nous informaticiens, on se partage la recette de cuisine, comment est-ce que le logiciel va être écrit, c’est-à-dire les différentes lignes de code qui vont composer ce logiciel, on le met au four, ce que nous on appelle un compilateur et derrière on obtient le produit fini, que vous vous allez utiliser, qui s’appelle le logiciel, nous on appelle ça un binaire, mais la plupart du temps, vous n’utilisez vous que la sortie de ce que nous on a codé avant. Cette notion de code source elle est importante parce qu’on va la retrouver finalement – allez-y entrez, il reste de la place – cette notion de code source elle est très importante et on va la retrouver dans tout ce que je vais détailler un petit peu par la suite. C’est-à-dire que le fait de décrire quel est le fonctionnement finalement du logiciel, c’est important pour la transparence et du coup cette transparence donne confiance dans le logiciel et permet à d’autres de venir participer, et développer, rajouter des fonctionnalités au logiciel.
Donc je viens déjà de citer la troisième liberté qui est celle de partager le logiciel autour de soi. C’est-à-dire que cette recette de cuisine, une fois qu’on l’a écrite, nous on ne la protège pas de la façon classique, c’est-à-dire en mettant soit des brevets soit en la copyrightant, même si le terme de copyright n’existe pas vraiment en droit français, on ne protège pas la recette de cuisine d’une façon classique. On va juste dire que si jamais vous partagez la recette de cuisine du logiciel autour de vous, ce logiciel lui-même doit rester libre et les autres devront les partager sous le même type de licence. Je caricature un peu mais je fais vite parce qu’on n’a pas énormément de temps.
La quatrième liberté c’est celle de modifier le logiciel et donc ça c’est une liberté qui encore une fois puisque vous n’êtes pas informaticien, vous vous dites que ça ne vous sert pas à grand chose parce que ce n’est pas vous qui allez modifier le logiciel, mais c’est une liberté qui est accordée à toutes les personnes qui vont pouvoir accéder au code source du logiciel et c’est important parce que par exemple même quand on n’est pas informaticien, ça permet de pouvoir faire des traductions sur le logiciel. Donc on va pouvoir traduire le logiciel dans une langue qui n’était pas prévue au départ et le fait d’avoir accès à la recette de cuisine du logiciel, ça veut dire que l’informaticien qui a développé le logiciel ou la communauté qui a développé le logiciel va pouvoir vous transmettre les fichiers en anglais, le plus souvent, les logiciels sont développés d’abord en anglais et puis vous vous allez le traduire en français, vous allez renvoyer au développeur, il n’y a pas besoin d’être informaticien pour ça, et lui il va pouvoir intégrer finalement vos modifications dans le logiciel et en faire une version française.
Donc ça c’est le principe du logiciel libre. Je ne sais pas si ça paraît clair pour tout le monde. Mais donc c’est la grosse différence finalement entre le logiciel libre et le logiciel que nous on appelle propriétaire, c’est-à-dire cette possibilité finalement de partager, d’essayer de créer une communauté, des valeurs de partage et de fraternité qui paraissent forcément un peu utopiques aujourd’hui en 2012 et finalement ça marche bien, la preuve encore aujourd’hui aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre.
Mais je vais arrêter de vous parler de logiciel. On va essayer de faire le tour de tout ce que ces 4 libertés qu’on accorde sur le logiciel changent dans plein d’autres domaines. Le premier domaine que je voulais évoquer c’était le domaine de ce que j’ai appelé le monde réel, c’est-à-dire celui essentiellement du matériel libre et de ce qu’on peut en faire. Donc je vais vous faire un petit inventaire à la Prévert. Il y a beaucoup de projets, vous n’êtes pas obligés, normalement il y a les adresses qui sont marquées du coup en sur impression sur les photos. J’espère que vous voyez bien les photos, je ne sais pas si on peut éteindre la lumière peut-être pas la lumière, peut être pour y voir plus clair ;si ça ne se fait pas c’est pas grave.
Arduino est un projet, je ne sais pas si vous voyez un peu mieux, ça a l’air mieux, merci, Arduino c’est un projet de matériel libre. Le principe c’est un petit peu de travailler avec des petites briques matérielles comme on travaille avec des légos qu’on va assembler ensemble et la particularité donc c’est qu’on va pouvoir brancher, souder, organiser ces petits matériels pour faire des produits à bas coût et totalement originaux. L’autre particularité d’Arduino c’est que le kit de développement en fait est libre lui aussi et on va pouvoir développer de nouveaux projets et faire travailler ensemble des informaticiens, des designers, des électroniciens, etc. sur des projets. Alors vous allez me dire à quoi ça sert. Peu importe. Donc là j’ai quelques vidéos. La première, je n’ai peut-être pas de son, oh ce n’est pas bien grave, on va laisser tomber le son.
La première en haut à gauche vous voyez une cantatrice qui chante, c’est un peu son métier et du coup en fonction des notes qu’elle va chanter, la robe va s’illuminer d’une couleur ou d’une autre, en temps réel.
La deuxième vidéo juste en dessous on a des petits cubes qui vont réagir les uns par rapport aux autres qu’on peut du coup programmer en fonction de la position d’un cube, de l’éloignement etc, de l’un par rapport à l’autre, etc.
Troisième projet, troisième vidéo, on a une table qui en fonction du temps de parole d’un des interlocuteurs va s’illuminer d’une façon ou d’une autre. On a une captation finalement du son qui se fait et la table va s’illuminer en fonction de si la personne parle de plus en plus ou pas.
La vidéo en haut à droite montre une personne qui a développé un système qu’il a branché sur son tee-shirt qui va vérifier en temps réel le nombre de mails qu’il reçoit. Alors vous allez me dire ça ne sert pas à grand chose, mais ça lui permet de savoir s’il a des mails qui ont été reçus. Il a une bonne tête de vainqueur en plus je trouve, voilà.. On voit bien l’ingénieur derrière et c’est assez intéressant parce que ça se connecte en WIFI à sa machine et ça lui dit le nombre de mails qu’il a reçus. Donc il a réussi à interfacer finalement du matériel avec du logiciel pour créer un produit qu’aucun industriel n’aurait créé parce que il n’y a probablement pas au départ de business model derrière. Mais il s’est dit pourquoi est-ce que je ne le ferais pas et il l’a fait. Et c’est intéressant parce que dans le monde du logiciel libre c’est exactement comme ça qu’on fonctionne, c’est-à-dire que c’est d’abord une envie du développeur de créer quelque chose, qui nous pousse finalement à créer quelque chose, souvent des logiciels qui n’existaient pas avant, alors qu’il n’y a pas forcément d’argent à gagner derrière.
La dernière vidéo montre un système Arduino avec une puce GPS et ça permet par exemple, là, le système qu’il a sur le bras permet de suivre le sac et d’indiquer la direction du sac qui est posé sur son lit. Ça peut être pratique pour les clefs de voiture ou pour des choses comme ça. Là forcément c’est un peu gros, ce n’est pas super joli on est d’accord, mais on peut imaginer qu’avec un peu de miniaturisation etc, on peut créer des systèmes comme ça et inventer finalement de nouveaux objets. Et ce qui nous paraît nous, intéressant c’est de voir comment les gens peuvent s’approprier du matériel, peuvent transformer leurs idées pour en faire quelque chose de réel derrière.
Le projet suivant que je voulais vous présenter, c’est le projet REPRAP. Il me semble qu’il y en a sur certains stands des RMLL. Ce sont des imprimantes 3D ;alors qu’est-ce qu’une imprimante 3D ? C’est une imprimante qui permet de fabriquer des objets, un petit peu comme les imprimantes 2D permettent d’imprimer sur une feuille, l’imprimante 3D va vous permettre de créer des objets, sur une base de cire, petite vidéo je crois qui suit derrière, et là aussi ça nous paraissait intéressant dans le cadre de ce qu’on appelle des FabLabs ou des Hackerspaces, c’est-à-dire des personnes qui vont souhaiter réaliser des objets, ça permet de faire du prototypage d’objets qui n’est pas forcément évident au début. Là on voit l’imprimante qui vient déposer une résine. Là on voit l’objet en 3D au départ qui est une patère tout simplement et donc on peut créer soi-même ses propres patères, les faire imprimer par l’imprimante et voilà, on voit ici la sortie, le produit fini.
Il faut voir que les machines de prototypage existent depuis très très longtemps, mais qu’elles coûtaient une fortune. Depuis que les projets d’imprimantes 3D sont sortis on peut se construire maintenant des imprimantes 3D pour quelques centaines d’euros, et donc ça permet que ça soit à des enseignants, profs de Technologie, mais aussi à des particuliers finalement de se dire : « Ben tiens moi je créerais bien une tasse, un mug voilà d’une forme particulière ». On va prototyper son objet d’abord en 3D, on va l’envoyer à l’imprimante 3D et on a l’objet fini. Ça permet d’avoir des objets qui sont uniques, mais surtout de tester des modèles et de vérifier si oui ou non ça fonctionne bien.
Je vais passer la vidéo. Je reste dans le monde réel avec OSCAR project. OS c’est pour Open Source Car project, qui est un projet de voiture en libre, c’est-à-dire dont toutes les spécifications des roues jusqu’au moteur les essieux etc. ont toutes été documentées. Donc si je reviens à ce que je disais au départ, c’est-à-dire quelles sont les 4 libertés qui vous sont accordées, là aussi vous avez la possibilité d’étudier les plans de la voiture et de les modifier si jamais vous constatez qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas. Vous êtes mécanicien, pas du tout informaticien mais vous pouvez vous dire il y a quelque chose qui cloche dans la création de cette voiture et on souhaite le modifier.
Open Prosthetics, c’est tout simplement un projet de prothèses libres. Il faut savoir que les prothèses sont souvent brevetées, ce qui évidemment coûte cher pour des pays qui souhaiteraient faire fabriquer ou acheter des prothèses fabriquées à l’étranger. Pendant très longtemps les prothèses étaient faites manuellement dans les pays où il y avait notamment beaucoup de mines anti-personnelles. Là on peut très bien imaginer de produire les plans des prothèses libres et de les faire réaliser dans différents pays avec différents types de technologie. Là on a quelque chose qui ressemble vraiment aux légos, ou des choses plus classiques en plastique et on peut imaginer de coupler d’avant c’est-à-dire d’utiliser une imprimante 3D pour créer des prothèses.
Projet suivant OpenCola, ou alors la FREE BEER. Je vais commencer par là parce qu’aux RMLL je ne sais pas si vous l’avez vue il me semble qu’il y en a en vente ici, mais il y a de la bière libre qui n’est pas mauvaise d’ailleurs. Le principe étant qu’évidemment là encore la recette de la bière est disponible et vous pouvez parfaitement la refaire chez vous, vous avez les temps de fermentation, les ingrédients dont vous avez besoin et la méthode pour la faire.
OpenCola est un projet qui n’existe plus je crois, mais du coup le fait qu’il ait existé et que les sources aient été diffusées, ça permet éventuellement le jour où quelqu’un veut faire un OpenCola version 2, de ressortir une nouvelle version de cet OpenCola.
Hackerspace et Fablabs ben j’en ai déjà plus ou moins parlé tout à l’heure. On voit ce genre de lieu se multiplier dans la plupart des villes. Moi qui habite Lyon, je crois qu’il y en a 2 qui sont en création aujourd’hui. Il y a le laboratoire ouvert lyonnais et la fabrique des objets libres qui sont 2 lieux sur lesquels on va avoir des gens qui se réunissent. Au départ c’était plutôt des passionnées un peu barbus, un peu velus, mais petit à petit on accueille du grand public et ça permet de dire aux gens « mais venez faire vos objets, venez vous finalement le monde physique de ces objets ». Ce que vous faites sera sous licence libre. Donc on vous pousse quand même à créer des objets sous licence libre et on peut avoir des modèles économiques, des gens qui souhaitent créer une entreprise je ne sais pas de décoration intérieure et qui veulent créer des objets et il y a sur place des gens qui vont vous aider à créer les objets de façon la plupart du temps bénévole juste parce que eux, ça les amuse et parce que vous, vous en avez besoin et on retombe sur la valeur de fraternité dont je vous parlais tout à l’heure.
Deuxième partie c’était le monde du savoir pour voir un petit peu ce que le logiciel libre a changé notamment dans le monde de l’éducation. J’ai pris un certain nombre, encore une fois un petit inventaire non exhaustif évidemment, mais un certain nombre de projets qui nous, nous paraissent clefs dans le monde de l’éducation et qui sont portés par les mêmes valeurs que celles du logiciel libre.
Le premier projet c’est Sésamaths. Sésamaths est à la base une association de profs de maths qui ont décidé de créer des ressources libres autour des mathématiques. Le plus gros projet, celui pour lequel sans doute ils sont aujourd’hui les plus reconnus sur le territoire francophone. En Suisse il y a d’ailleurs eu une déclinaison. Ce sont les manuels scolaires scolaires de Sésamaths, c’est-à-dire qu’ils ont produit des manuels scolaires sous licence libre, c’est-à-dire des manuels scolaires créés par les profs mais qu’on peut modifier, redistribuer et partager autour de soi. Évidemment les manuels sont vendus, mais le coût est beaucoup plus faible que des manuels scolaires des maisons d’édition classique, typiquement Hachette ou d’autres pour ne pas les citer et évidemment il sont téléchargeables librement, donc on peut avoir accès aux PDF et aux sources du manuel si jamais on souhaite modifier un exercice. Ça nous paraissait pertinent que le monde de l’éducation s’approprie ces valeurs du logiciel libre puisque entre le monde de l’éducation, enfin le monde de la diffusion du savoir et le monde de la création de logiciels libres, on a énormément de valeurs communes et ce projet de manuel scolaire aujourd’hui, je crois, représente, enfin Sésamaths doit avoir autour de 15 % il me semble du marché de l’édition scolaire en mathématiques ce qui est assez exceptionnel, quand on connaît la puissance des lobbies du milieu de l’édition scolaire, ce n’était pas vraiment évident au départ.
Ils ont été regardés un petit peu de travers, l’association a plus de dix ans et je pense aujourd’hui que la croissance, le développement de ces manuels scolaires continue à se faire. Et il y a des déclinaisons. Hier j’ai croisé un prof de maths suisse qui me disait qu’il y a avait une version suisse, en tout cas il y a un Sésamaths suisse roman je crois, qui a créé une déclinaison de ce manuel. Ils sont aussi connus pour faire des choses un petit peu plus logiciels, notamment des logiciels typiquement labo, Maths-en-poche, donc là MEP, et Trace-en-poche, qui sont des outils qui sont à disposition de tous les élèves, que les enseignants peuvent mettre à disposition de leurs élèves et sur lesquels les élèves vont se connecter et vont pouvoir travailler. Ils ont des outils de géométrie, ils vont pouvoir résoudre des exercices proposés par l’enseignant et du coup c’est cette association qui gère l’ensemble non seulement du code source mais aussi des serveurs qui sont derrière tous ces projets-là. Donc il y a énormément de projets chez Sésamaths. On ne désespère pas il y a d’autres associations, d’autres filières ou d’autres domaines de l’enseignement qui s’intéressent aux logiciels libres. Il faut avouer que les profs de maths ont une sacré avance. Ils servent de moteur pour d’autres filières comme le français, l’hisoire-géo, etc..
Deuxième projet plus imposant en terme de taille et assez représentatif, enfin pour nous, qui était important par l’aura de l’institution qui porte ce projet-là. C’est le opencourseware.mit.edu Le MIT étant probablement une des plus grandes écoles d’ingénieurs américaine, en tout cas université scientifique, qui met à disposition une très grande partie de ses cours, parfois sous licence libre parfois sous licence que nous on va nommer de libre diffusion., c’est-à-dire vous avez le droit de la partager, de la re-modifier etc, mais vous n’avez pas le droit de la revendre.
Le logiciel libre vous avez le droit de le revendre. Sur le site du MIT tous les cours ne sont pas mis à disposition de façon à ce que vous pouvez revendre les cours, cependant ça change quand même, enfin je ne sais pas si ça vous parle, mais ça change quand même quelque chose que la plus grande université scientifique diffuse les cours des meilleurs enseignants américains de façon libre, en tout cas gratuite sur internet. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que quelqu’un qui est au fin fond aujourd’hui du Mali peut venir télécharger les cours faits par les meilleurs enseignants américains et c’est une notion finalement de partage qui n’était pas possible avant internet et qui a sans doute été portée par le fait que beaucoup d’enseignants du MIT sont sensibilisés finalement au logiciel libre sachant que Richard Stallman dont je vous parlais tout à l’heure qui est un peu le père du logiciel libre, a longtemps travaillé et je crois a toujours un poste au MIT. Un poste honorifique, mais, un poste quand même.
Autre projet cette fois-ci que tout le monde ici doit connaître. Est-ce qu’il y en a qui ne connaissent pas Wikipédia ? OK. Tout de suite ça pose un petit peu le projet. Wikipédia est une encyclopédie, la particularité et ça la plupart des gens ne le savent pas, c’est que c’est une encyclopédie gratuite oui mais libre, ça veut dire que les licences de Wikipédia sont exactement les mêmes que celles des licences des logiciels libres. Ça veut dire que non seulement Wikipédia est écrit par le public, ce que les gens commencent un petit peu à voir, mais il y a encore beaucoup de gens qui ne se rendent pas compte qu’il y a un bouton modifier sur Wikipédia, Wikipédia ou tous ses autres projets puisqu’il y en a beaucoup, mais il y a aussi cette possibilité du coup de pouvoir réutiliser le contenu de Wikipédia, ce qui n’est évidemment pas possible avec une encyclopédie type Britannica ou autre.
Ça veut dire qu’on vous encourage même à copier Wikipédia, à insérer dans vos travaux scolaires ;les conditions par contre évidemment sont les mêmes que le logiciel libre. Vous devez citer les auteurs. Sur la page Wikipédia, il y a, vous pouvez chercher, il y a un petit lien qui permet de dire voila je veux réutiliser ce contenu issu de Wikipédia, vous pouvez, ben ça vous dit, vous devez rajouter ce morceau de texte après avoir cité Wikipédia et c’est la seule contrainte qu’on va vous imposer. Et cette contrainte elle a un sens : c’est justement de reconnaître la valeur du travail de ceux qui ont participé à la rédaction de Wikipédia puisque la totalité finalement des rédacteurs de Wikipédia, ou la quasi totalité sont des bénévoles, en tout cas ne sont pas salariés du projet Wikimédia.
Autre projet dans le monde du savoir, il va falloir que j’accélère un petit peu, le projet Personal Genome, bon là c’est plus pour le fun. C’est le fait de pouvoir décoder le génome humain et de le placer sous licence libre. Donc ça veut dire que c’est un ensemble de chercheurs qui va essayer de décoder, de la même façon que le font les grandes entreprises pharmaceutiques ou de biotechnologies qui existent aujourd’hui ;la différence c’est que leur résultat au lieu d’être protégé, verrouillé etc... et de s’approprier le savoir du génome humain, c’est partagé sur internet sous une licence Créative Commons Zéro qui correspond plus ou moins on va dire à du domaine public. Et il y a un site intéressant, enfin intéressant je ne vous conseille pas forcément d’y aller parce que ça ne vous parlera pas beaucoup, mais sur GitHub pour ceux à qui ça parle. GhitHub c’est une forge logicielle sur laquelle on va déposer du code source, il y a un gars qui décode son propre ADN. Donc petit à petit à chaque fois qu’il y a des nouveaux résultats qui sont publiés par les machines dans lesquelles il essaye de décoder son ADN, c’est publié sur une forge logicielle et on peut accéder à son ADN qui est décodé jour après jour. Ça prendra évidemment très très longtemps. Mais là aussi c’est intéressant parce que le code génétique humain n’appartient logiquement à personne et il ne devrait pas appartenir à des entreprises privées.
Open Access Open Content, je vais aller très vite. C’est la possibilité de mieux diffuser les publications scientifiques qui vous le savez sans doute sont aujourd’hui beaucoup verrouillées par des revues scientifiques qui, enfin je ne sais pas s’il y a des chercheurs ou des universitaires du coup dans la salle, mais lorsqu’on veut publier un article dans une revue, c’est extrêmement compliqué, les places sont extrêmement chères et l’achat, l’acquisition de ces revues pour les universités a tendance à coûter de plus en plus cher. Donc il y a eu des initiatives qui visent à promouvoir finalement la publication scientifique libre et ouverte. Ça commence soit par juste de l’archivage des publications pour que tout le monde puisse accéder aux publications scientifiques y compris lorsqu’on n’est pas un universitaire ou un chercheur. C’est-à-dire que moi je peux accéder à un certain nombre de publications scientifiques auxquelles je n’avais pas accès avant, mais c’est aussi de pousser les chercheurs et les universitaires à publier leurs contenus finalement, le résultat de leurs recherches, sous licence libre. Ça prendra des années pour changer les mentalités, vu que pour les chercheurs souvent le fait d’être publié c’est la reconnaissance et donc ils souhaitent absolument verrouiller ça. Mais on espère que petit à petit ils vont prendre conscience que le fait de partager finalement le résultat de leurs recherches, c’est plutôt bénéfique en terme de reconnaissance vis-à-vis de leurs pairs plutôt que verrouiller et de dire non ça c’est moi qui l’ai trouvé. Oui question ?
Intervention inaudible.
Ça dépend des revues. Il y a des revues, clairement Nature ou Science, pour ce que j’en sais, c’est verrouillé. Je ne dis pas que vous vendez votre âme mais pas loin en même temps. Il y a d’autres revues, il me semble où la publication est beaucoup plus ouverte et sur lesquelles vous pouvez poser différentes licences.
Intervention inaudible.
Merci de la précision, que je ne savais pas.
Troisième et avant dernier type de domaine sur lequel on voit que le monde, enfin que les valeurs du logiciel libre ont permis de faire avancer les choses, c’est le monde des données. Alors, il y a un mouvement, il y a au moins plusieurs conférences sur l’Open Data dans les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, donc je vous encourage à regarder un petit peu le programme et à aller voir des conférences sur l’Open Data.
L’Open Data c’est quoi ? C’est tout simplement la publication des données qui sont souvent collectées par les villes, les collectivités, etc. Ça peut aller du plan des bus de la ville pour que quelqu’un puisse faire une carte des accès des bus qui sont accessibles, par exemple, en fauteuil roulant ou pas. Ça peut aller sur le coût et une transparence finalement des collectivités sur le coût des réalisations immobilières de la ville. Donc on pourrait imaginer que si la ville de Genève fait construire un rond-point juste à coté, on pourrait savoir en tant que citoyen combien a coûté ce rond-point, etc.
Je ne sais pas comment ça marche en Suisse. En France on a les comptes de la Nation qui permettent normalement de vérifier ce genre de choses, mais les comptes de la Nation, l’accès a beau être normalement ouvert à tous, ça reste assez compliqué de mettre le nez dedans et il faut du coup faire confiance à d’autre personnes pour aller vérifier ça. Le fait de faire de l’Open Data finalement au niveau au moins des collectivités, permet à des citoyens, un petit peu comme tout à l’heure les personnes hackaient le matériel, ça permet de hacker les données et d’en tirer des choses qu’on n’avait pas forcément prévues avant, des informations qu’on n’avait pas anticipées avant. Donc il y a une petite liste de villes qui commencent à de plus en plus publier leurs données. Malheureusement c’est de l’Open Data mais pas du Libre Data, c’est-à-dire que les données ne sont pas forcément libres en tout cas elles sont en accès libre, mais on n’a pas le droit forcément de les repartager derrière.
Un projet qui par contre est totalement libre : OpenStreetMap. OpenStreetMap a un stand. Là je vous encourage carrément à aller les voir. Le principe étant de cartographier finalement les routes, les villes, l’ensemble de la planète. Évidemment les villes les plus fournies sont souvent les plus grosses villes. Mais il suffit d’un passionné qui va faire une ballade en vélo avec un GPS et qui va passer sur toutes les routes de son village, pour cartographier finalement toutes les routes du village. C’est un peu le Wikipédia du coup de la cartographie et ça peut avoir des intérêts pratiques par rapport à Google Maps ou autre. Donc là par exemple c’est la carte d’Haïti, suite au tremblement de terre qu’il y a eu en Haïti il y a 2 ans je crois, si je ne dis pas de bêtise, non 2 ans, ça a permis à des gens qui étaient sur place, à des ONG de cartographier les immeubles détruits, où se trouvaient les camps de réfugiés etc.. Ce n’était du tout évident au départ et ils ont pu le faire entre autre grâce à OpenStreetMap.
Le datajournalisme, je vais passer dessus très rapidement. C’est le fait finalement de pouvoir partager des informations. Donc là il y avait la photo de Julian Assange qui était le responsable de WikiLeaks. Ça mériterait une conf à part. Il y en aura de toute façon au niveau des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre.
Et le dernier monde, on va dire c’est le monde de la culture. Donc l’Open Source Démocratie, on a bien vu les révolutions arabes qui certes sont parties, qui ont utilisé souvent des outils propriétaires, typiquement Facebook, mais ont utilisé aussi beaucoup d’outils libres. On a vu du coup des gens recréer des réseaux Wifi en Tunisie pour pouvoir échanger de l’information non vérifiée, non contrôlée par les gouvernements. Tous ces mouvements-là, y compris dans les projets politiques et démocratiques qu’ils souhaitaient mettre en place, se sont inspirés du monde du Libre. Malheureusement j’ai un peu l’impression que ça n’avance pas aussi bien que les citoyens le voudraient. Ça sortirait du cadre de la conférence, mais du coup ces valeurs du logiciel libre, on les retrouve aussi là-dedans.
nosdéputés.fr est issu du travail d’un collectif qui s’appelle Regards Citoyens. C’est le fait là aussi d’exploiter des données publiques, typiquement celles de l’Assemblée Nationale pour repérer l’activité de nos députés. Parce qu’on sait qu’on vote et on l’a fait il y a peu de temps pour des députés, mais on ne sait pas forcément ce qu’ont fait, ni ce qu’ils font une fois qu’on a voté pour eux. Et ça permet sans vouloir forcément attribuer des bons points ou des mauvais points, de se rendre compte que certains députés ne vont jamais à l’Assemblée Nationale, qu’ils posent 2 questions dans l’année et qui finalement ne vous représentent pas. Ça permet aussi de voir ceux qui posent des questions, ceux qui sont actifs et les projets sur lesquels ils travaillent. Il me reste 3 minutes officiellement.
Open Source écologie est un projet qui moi me plaisait beaucoup. C’est un groupe d’étudiants, je vais lancer la vidéo tout de suite, un groupe d’étudiants je crois polonais qui voulait monter un village en Pologne. Un village totalement écologique et sur lequel ils n’avaient pas de moyens, tout simplement. Et donc ils se sont dit ben plutôt que d’acheter des machines, on va les créer nous-mêmes. Ils ont fait les plans des machines. Il y a aujourd’hui, je crois, une quarantaine de machines qui sont prévues, il y a en a au moins une quinzaine qui ont été vraiment réalisées. Ça va du tracteur qu’on va voir tout à l’heure à la machine à fabriquer des briques. Donc voilà le plan 3D du tracteur, où acheter les pièces, combien ça coûte par exemple sur ebay ou autre. On voit ici la courbe des coûts et donc on voit qu’un tracteur qui coûtait peut-être 150 000 dollars d’un côté, on va pouvoir le fabriquer pour 10 000 dollars en assemblant les pièces nous-mêmes. Donc en mettant de l’huile de coude, on va pouvoir réaliser des projets. Ça c’est une machine qui fabrique des briques pour les maisons, à partir de la terre qui est évidemment sur place, 16 briques minute, 5 000 briques par jour et on a d’autres types de véhicules qui ont été créés, j’attends juste que vous voyiez la gueule du tracteur, parce qu’il paraît un peu rough on se croirait un peu dans Magmax.
Mais du coup c’est assez intéressant de voir que finalement les plans sont disponibles. Donc là ça permet, une espèce de tondeuse à gazon du 22ème siècle, je ne sais pas. Pourquoi pas ? Le fameux tracteur avec ses chenilles etc. Forcément c’est un peu moins joli, on est bien d’accord, qu’un Caterpillar classique, mais ça a quand même de la gueule. Sur l’autoroute je ne sais pas si ça va très vite. Mais c’est assez intéressant du coup de voir qu’ils ont créé leurs propres machines et que ça leur permet de développer et de créer leur propre village eux-mêmes. Évidemment il y a un wiki qui est disponible pour tout ça.
Des projets d’Open Money il y en a plusieurs. Donc c’est en fait là aussi de remettre de la transparence et de la diffusion au niveau des monnaies. Puisque cette fois-ci ce sont les citoyens eux-mêmes qui vont créer leur monnaie. On voit ça avec les systèmes d’échanges locaux ou des petits, je ne sais plus comment ça s’appelle, des monnaies locales tout simplement, qu’on va retrouver dans beaucoup de villes aujourd’hui en France et ailleurs. Les informaticiens réfléchissent aujourd’hui, il y a différents projets, mais comment est-ce qu’on peut mettre en place une monnaie libre, sur laquelle il y aurait une totale transparence et dont les taux directeurs ne seraient pas fixés par des banques centrales sur lesquelles vous n’avez aujourd’hui, finalement aucune transparence, aucun moyen de pression.
Et je termine par ce qui fait partie de notre mission associative, c’est-à-dire de promouvoir la musique, la vidéo et la littérature libre, en gros la culture libre. Vous aller pouvoir trouver sur Dogmazic par exemple de la musique libre, c’est-à-dire de la musique dont les auteurs, les compositeurs et interprètes ont accepté de diffuser sous les mêmes types de licences que le logiciel. Donc vous avez le droit d’utiliser la musique, vous avez le droit de la re-modifier le plus souvent, on peut récupérer des partitions etc., et vous pouvez la rejouer sans forcément avoir de droit à payer. Évidemment on vous encourage à faire un don aux musiciens et aux artistes qui ont créé la musique mais ça permet d’avoir des cas intéressants. Je pense à un groupe qui s’appelle Triad où un guitariste américain, une violoniste japonaise, sans jamais s’être rencontrés ont créé un album complètement à 2, et un album qui aujourd’hui marche plutôt bien et qui est largement diffusé.
Vous avez de la littérature libre, typiquement sur notre projet qui s’appelle Framabook, c’est-à-dire des livres que vous pouvez trouver en bas sur le stand Framasoft et qui sont des livres que vous pouvez télécharger, imprimer. Vous avez les sources soit Open Office soit LaTeX et vous aller pouvoir finalement re-diffuser ces livres de la même façon que le logiciel.
Conclusion et je suis à peu près dans les temps, c’est le slogan du coup de Framasoft « La route est longue mais la voie est libre », c’est-à-dire que ces valeurs du logiciel libre, j’espère vous avoir fait toucher du doigt assez rapidement que finalement elles débordent du cadre du logiciel et qu’on les retrouve aujourd’hui dans plein d’autres domaines, et que même si vous n’êtes pas informaticien, vous pouvez participer à ce mouvement et vous dire que finalement ces 4 libertés, utiliser, modifier, partager, redistribuer etc, sont une bonne base pour créer ce que nous on pense être une société meilleure.
Ce n’est pas totalement utopique vu que dans le logiciel libre ça fait maintenant plus de 20 ans, quasiment 30 ans qu’on le fait et qu’on le voit. Internet repose sur du logiciel libre, c’est bien la preuve qu’on sait faire des choses qui fonctionnent avec du logiciel libre. Et on espère que des citoyens non informaticiens pourront se ré-approprier ces valeurs pour les appliquer à d’autres domaines. Je vous encourage évidemment à réfléchir à comment est-ce que vous, vous pouvez hacker votre vie, donc modifier votre vie au quotidien, en portant, en appliquant finalement ces valeurs-là pour inviter les gens à participer et vous aider, à repartager derrière de façon fraternelle les projets que vous aurez inventés. Voilà. Il est 17 heures 02.
La licence évidemment de cette présentation est sous licence libre, libre d’où la licence Creative Commons by SA, licence Art libre, les photos sont toutes des photos libres et si vous avez besoin de me contacter, vous pouvez le faire par mail. Et si vous avez des questions je ne sais pas combien de temps j’ai pour les questions et s’il n’y a personne qui suit, on peut prendre un petit moment du coup pour poser des questions.
Avant tout, est-ce que j’ai un peu pulsé du coup, c’est une conf que je fais d’habitude en une heure donc en 20 minutes il faut compresser. Ça vous a paru clair ? Ouais ? A peu près ? Je vois que personne ne secoue la tête. Première question.
Intervention inaudible.
Pierre-Yves Gosset : Alors c’est une vaste question. C’est une question qu’on nous pose très régulièrement. Il n’y a pas de réponse à cette question. Il y a différents étages. Ce qui est sûr c’est que le modèle économique où on vend une galette sur cédérom avec un logiciel dessus,est cassé par le logiciel libre. Tout comme le modèle économique de la Major qui vendait le CD de l’artiste est cassé par le fait qu’Internet et la diffusion aujourd’hui de l’information numérique ait facilité, encouragé même souvent et ne permet plus de mettre des barrières à l’entrée en disant voilà vous voulez un objet physique, ça coûte tant etc.
Je rappelle qu’on peut facilement copier, multiplier un CD et que contrairement à ce que dit Patrick Bruel, quand on va dans une boulangerie et qu’on prend une baguette de pain au boulanger, ça c’est du vol, on est bien d’accord, puisqu’il n’a plus la baguette qu’il avait produite. Quand on copie un album de musique, la Major n’a pas forcément perdu de l’argent parce que vous n’étiez pas forcément acheteur et elle n’a pas perdu l’objet. Je n’encourage évidemment pas à faire des copies illégales d’albums de musique mais je vous invite en tout cas à réfléchir au fait que d’un point de vue purement économique, ça ne met pas en péril la création artistique. Ça met en péril le modèle de la création artistique de l’industrie culturelle aujourd’hui. Ce qui n’est pas du tout la même chose. Il y a des artistes qui vivent très bien de leurs concerts et qui se foutent complètement d’être chez Universal ou autre.
Donc pour répondre plus précisément à la question, le modèle économique aujourd’hui du logiciel libre tourne essentiellement autour du service, vous avez quelques entreprises aujourd’hui aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, je vous invite à aller les voir, à aller les rencontrer et leur demander : « Mais finalement comment est-ce que vous faites pour payer et remplir votre frigo à la fin du mois ? » Ils vous répondront que eux ils ont créé un logiciel et que leur business model c’est de vendre du service autour. C’est–à-dire que vous, vous avez un logiciel, je ne sais pas par exemple tiens un logiciel de comptabilité qui s’appelle OpenERP, il y a beaucoup d’entreprises aujourd’hui qui vivent du service qu’ils vendent autour d’OpenERP. C’est-à-dire que lorsqu’on est dans une entreprise et qu’on récupère ce logiciel et qu’on l’installe, on se dit : « Ah oui mais moi dans mon entreprise ça ne marche pas tout à fait comme ça, il faudrait modifier le code » et soit vous avez des informaticiens qui ont le temps, l’envie, les compétences et vous, vous avez l’argent pour les payer en interne pour qu’ils fassent les modifications, soit vous appelez, vous décrochez votre téléphone, vous envoyez un mail et vous dites : « Voila vous êtes, vous, développeurs d’OpenERP, est-ce que vous pouvez m’aider à adapter le logiciel à mes besoins ? » Et eux ils vous font une prestation tout simplement vis-à-vis de ça. Ça c’est pour le logiciel, clairement c’est quelque chose qui fonctionne bien.
Il y a aujourd’hui beaucoup de sociétés de service en logiciel libre qui gagnent leur vie comme ça. Elles peuvent le faire de différentes manières, donc de façon plus ou moins éthique, elles peuvent plus ou moins coller aux valeurs du logiciel libre. Il y en a qui sont des mercenaires du logiciel libre, il y en a d’autres qui sont des intégristes du logiciel libre et on peut avoir des entreprises intégristes du logiciel libre qui vont décider de tout partager et de dire ben voilà de toute façon toute modification qu’on fera pour vous, tous les autres clients l’auront. Ça bloque parfois certaines personnes qui souhaitent acheter un développement de se dire « Ah oui mon concurrent aussi il pourrait en profiter ». Oui mais finalement tout le monde bénéficiera de tout ça parce que votre concurrent il fera peut-être la même chose et du coup vous aurez du logiciel efficace.
Dans le monde du matériel dont je parlais tout à l’heure, finalement les gens qui vendent du Arduino peuvent très bien gagner de l’argent en vendant du matériel et puis ça leur donne suffisamment de ressources pour améliorer le logiciel, l’outil de développement logiciel, etc.
Sésamaths gagne de l’argent en vendant des manuels. Après tout moi je pourrais très bien télécharger leur pdf et l’imprimer. Mais je préfère acheter le manuel qui est déjà imprimé à des milliers et des milliers d’exemplaires donc qui du coup a un coût de réalisation et de diffusion assez bas. Ça coûte beaucoup moins cher que si je l’imprimais juste pour une classe de 25 élèves, d’appuyer sur imprimer finalement ça me coûterait beaucoup moins cher d’aller acheter le manuel tout fait chez Sésamaths. Et en plus ça soutient l’association et ça permet d’imaginer que les manuels sont mis à jour.
Donc il n’y a pas aujourd’hui de réponse toute faite et je mentirais en disant que c’est un monde merveilleux et qu’on a inventé un modèle économique, mais c’est en tout cas quelque chose qui est en émergence. Le modèle économique se cherche toujours, mais il progresse et potentiellement on espère que d’ici quelques années il y aura des pistes qui seront beaucoup plus concrètes et qui seront beaucoup plus facilement duplicables et duplicables à plein de mondes. Autre question ? Oui !
Public : Je suis arrivé 5 minutes avant la fin de votre exposé. Alors je poserai ma question de manière masquée. Tout à l’heure quelqu’un a posé la première question a parlé de l’argent qui est le nerf de la guerre. Alors je me suis demandé mais au fond d’où vient cette expression. On l’utilise sans cesse. On sait qu’elle est fausse en plus de ça, parce que je ne crois pas que Jésus était très riche quand il a lancé le christianisme, je ne crois pas que Lénine avait énormément de fonds lorsqu’il a fait la révolution bolchévique et la dernière fois que j’ai entendu cette expression avant aujourd’hui c’était dans le cadre d’une association très idéaliste, très contre tout ce qui a beaucoup d’argent et où on a eu toutes sortes de tirades contre Liliane Bettencourt mais on a quand même terminé par l’argent est le nerf de la guerre et comment chercher des subventions et des sources.
Donc je me pose la question quelle est l’origine de cette expression. Je suis allé voir en ligne, puisque c’est un peu le sujet ici, j’ai trouvé des réponses très controversées. On indique que c’est Cicéron qui disait l’argent est le nerf des affaires et que Rabelais dans Gargantua l’a transformé en l’argent est le nerf de la guerre. Dans une autre source c’est marqué que c’est Thucydile, historien de la guerre du Péloponnèse et chez Wikipédia c’est totalement confus alors que je viens de sortir d’une séquence sur Wikipédia que j’aime beaucoup où on nous a expliqué que toute la connaissance pouvait se trouver sur Wikipédia. Alors pourquoi je pose cette question un peu emberlificotée, c’est parce qu’effectivement il y a certain malentendu sur le fait de savoir est-ce que lorsque tout sera gratuit, la science se portera mieux, la littérature se portera mieux, le bonheur se portera mieux, etc ? Vous avez dit que vous n’avez pas inventé l’utopie parfaite, mais il y a quand même, de manière sous-jacente cette idée que nous vivons dans une société sclérosée, pesante, bloquée par des alter-égoïstes mais que les idéalistes qui eux veulent tout rendre gratuit ils vont créer une société de créativité sans fin, dans les 48 heures. Ce n’est pas sûr. Ce n’est pas sûr. Jacques Julliard, un politologue français a quitté le Nouvel Observateur parce qu’il dit qu’il y en a marre de cette idéologie que si les choses ne marchent pas c’est qu’il y a quelque part un coupable et qu’une fois qu’on aura attrapé le coupable tout ira bien. La science est en crise, la littérature est en crise, l’informatique est en crise même le web est en crise et je ne suis pas sûr que le logiciel ouvert va forcément résoudre toutes ces crises.
Pierre-Yves Gosset : D’un autre coté à mon avis c’est le propre de l’être humain justement de savoir se dépasser par delà ses crises et voilà.
Non pas forcément, non, non
Public : Le nerf de la guerre, effectivement si c’est pour faire une guerre.
Pierre-Yves Gosset : Pas forcément les transformations peuvent se faire aussi au niveau local. Pour répondre à votre question, je n’ai pas rebondi, je me suis fait la même réflexion le nerf, est-ce que l’argent c’est vraiment le nerf de la guerre. Je suis d’accord avec vous, on peut poser la question. Le fait est qu’un des problèmes qu’a le logiciel libre pour dépasser le cadre, c’est bien on est aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, enfin un salon Microsoft attire plus de monde. Il faut aussi être conscient de ça. Il faut être conscient que Linux sur le poste de travail ça représente un pourcentage absolument ridicule, je n’ai pas honte, enfin personnellement je le dis, même si aujourd’hui on le retrouve dans d’autres types de matériels etc. Ce que je veux dire par là c’est qu’il y a quelque chose que permet l’argent et sur lequel on a forcément aujourd’hui, nous militants du logiciel libre, et quand je dis militants c’est parce que pour la plupart des gens qui sont là, 99 % des gens qui sont là aujourd’hui sont tous bénévoles, ils ont pris du temps, ceux qui sont derrière les stands, je parle bien, après en tant que public ça dépend, mais ils sont là en tant que bénévoles, ils ont pris une semaine de congés pour venir ici, ce n’est pas seulement parce que la bière libre est bonne, c’est aussi parce que on a envie de se retrouver, de créer des choses ensemble. C’est bien parce qu’on réagit à une crise qu’on a envie de créer des choses ensemble.
On n’a pas attendu le logiciel libre pour ça. Le logiciel libre c’est les années 80. Ça fait longtemps que l’être humain crée des choses sans avoir forcément besoin d’argent derrière. Là où le modèle est intéressant et pas seulement le modèle économique, c’est que justement le modèle pour nous qui nous paraît intéressant enfin dans les 4 libertés du logiciel, le coté partage nous paraît intéressant parce qu’on se rend compte que cette valeur de partage elle a été complètement galvaudée ces dernières années, les années 80/90, sont passées par là. Et du coup remettre du partage aujourd’hui dans la société, on s’aperçoit que les esprits ont changé et qu’il y a une partie de la population qui s’ouvre à nouveau à l’idée de créer des choses ensemble. Et créer des choses ensemble ce n’est pas juste parce qu’on a envie de créer des choses ensemble, même si je reste assez persuadé que l’être humain a envie de créer des choses parce que c’est dans sa nature finalement d’essayer et de tâtonner, voilà on va aller prendre l’arbre en feu d’à côté on va le tester sur la viande pour voir si c’est meilleur ou pas. Le premier mec qui a bouffé de la viande cuite il ne savait pas ce que ça allait faire quoi. Il faut bien à un moment donné se dire bon ben je vais tester des trucs et puis je verrai bien si ça marche.
Et dans le logiciel libre on fait un peu la même chose. Ça a toujours existé. Et finalement, nous, on arrive à faire des choses sans argent, ce qui est certain c’est que avec de l’argent on pourrait être plus visibles. C’est difficile aujourd’hui pour nous, enfin si moi je crée un logiciel, demain de le faire connaître. Je peux le publier sur internet et c’est exactement valable finalement donc là j’avais ressorti la diapositive de l’Open Money mais c’est exactement valable pour un artiste qui crée de la musique libre. Ce n’est pas parce qu’on met sa musique sur internet qu’on va être connu mondialement et qu’on va être invité à tous les concerts du coin. Ce n’est pas ça qui fonctionne. Ce n’est pas juste le fait de diffuser, c’est le fait d’inviter les gens à participer à quelque chose et d’essayer finalement de laisser son ego de côté et de créer quelque chose de plus grand que soi. On verra du coup. Je vais prendre d’autres questions et après on reviendra à la votre si vous voulez.
Intervention inaudible.
Pierre-Yves Gosset : Non, non, non non. Il n’y aura pas d’autre question. Voilà ! Évidemment vous pouvez nous retrouver sur le stand Framasoft qui est dans l’îlot central en bas et si vous avez des questions, on est là. Merci.
Applaudissements