Frédéric Couchet a participé les 27 et 28 novembre aux Journées Méditerranéennes du Logiciel Libre (JM2L) organisées par Linux Azur à Sophia Antipolis.
Il y a présenté la conférence L’April, promouvoir et défendre le logiciel libre.
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- Réalisation : Les étudiants de Polytech Nice
- Durée : 2 h 17 m 13 s
- Date : 28 novembre 2009
- Langue : Français
- Licence : Creative Commons by sa 2.0
Transcription
Frédéric Couchet : En 89, à l’université de Paris 8 en tant qu’étudiant de première année de Deug, je n’avais pas d’accès Internet. Pour avoir un accès Internet, pour télécharger les logiciels, parce qu’on avait appris l’existence des logiciels du projet GNU, il fallait qu’on aille au laboratoire d’intelligence artificielle de Paris 8 pour demander un accès. Donc quand vous téléchargiez un logiciel, ils vous transféraient sur un réseau interne. Donc il y avait peu de gens finalement qui étaient connectés à cette époque-là pour travailler ensemble, et la diffusion du logiciel libre elle était limitée parce que de fait, peu de gens avaient une connexion Internet.
A partir de 98, démocratisation de l’Internet qui arrive dans les entreprises, sur les postes de travail, dans les universités, au grand public et donc vous avez de plus en plus de développeurs qui sont connectés, et qui peuvent donc produire du Logiciel Libre, et d’un autre côté vous avez une diffusion massive du Logiciel Libre, parfaitement facilitée par le fait qu’on peut aller sur le site Internet et télécharger.
Aujourd’hui on peut télécharger des distributions en quelques minutes, à l’époque ce n’était pas tout à fait le cas. Donc ça c’était 98, c’est le début véritablement…
Intervention pour des problèmes de micro
Frédéric Couchet : …donc ça c’est 98, expansion, et depuis, en gros les craintes que je vous ai évoquées jusqu’à maintenant...
Intervention pour des problèmes de micro
Frédéric Couchet : …les craintes sur le Logiciel Libre sont levées, les outils sont destinés pour tous les usages. Aujourd’hui on peut très clairement dire que les outils quels que soient les usages sont disponibles ; même pour le grand public. Il y a quelques années ce n’était pas totalement vrai. L’un des récents exemples, c’est la migration des députés français au poste de travail qui a été entièrement écrit en Logiciel Libre. Le marché est en pleine expansion, par exemple à l’April, sur l’ensemble des adhérents vous avez 200 entreprises, donc 200 entreprises qui font du Logiciel Libre. Et vous avez de plus en plus d’entreprises qui font du business autour du Logiciel Libre.
Et puis globalement c’est aussi devenu un outil de politique publique. Avec effectivement quelques limitations importantes dont Charline parlera sans doute tout à l’heure sur l’éducation, mais en tout cas, c’est devenu vraiment une réflexion d’outils et de politique publique.
Ça c’est l’expansion et le développement, et en même temps, dans la même période, il y a aussi un développement des menaces sur le Logiciel Libre. Alors ces menaces ont commencé à peu près à la même période, là on voit un petit peu une citrouille d’Halloween avec le logo d’une fameuse entreprise nord-américaine. En 1998, c’est aussi la publication de ce qu’on a appelé les documents « Halloween » par toujours Eric Raymond d’ailleurs, donc ces documents qui sont les mémos internes de Microsoft, Microsoft analyse le développement du Logiciel Libre, prend acte du fait qu’il y a un acteur qui se développe, non pas un acteur mais un modèle de développement qui va arriver à le concurrencer et ce n’est pas un acteur traditionnel dans le sens où ce n’est pas un acteur économique unique, ce n’est pas une entreprise unique et donc ils vont réfléchir aux méthodes pour contourner, pour restreindre la diffusion du Logiciel Libre.
Parmi ces méthodes, il y a ce que l’on appelle les brevets logiciels, et puis au fur et à mesure des années, il va y avoir d’autres méthodes. Je les détaillerai d’ailleurs tout à l’heure, mais l’important c’est que à partir de 1998, Microsoft a identifié le Logiciel Libre comme un concurrent très sérieux qu’il faut combattre et qu’on ne peut pas combattre avec les méthodes traditionnelles, commerciales. Donc ça va être les méthodes juridiques, et puis tout ce qu’on appelle le FUD qui en français se traduit par « peur, incertitude et doute », c’est à dire en fait des guerres de propagande.
À l’époque par exemple c’était de dire que le Logiciel Libre c’est communiste. Aux États-Unis ça marchait très bien. Ça marche de dire que le Logiciel Libre va manger tous vos droits d’auteur, à partir du moment où vous utilisez la GPL. Donc faire de la propagande sur des faits totalement faux.
Des exemples aujourd’hui de menaces qui se sont développées. Elles ne sont pas toutes liées à Microsoft heureusement :
* Les brevets logiciels.
* Les DRM ; vous savez ces fameux dispositifs de contrôle d’usage, qui ont notamment été mis en avant lors de la loi DADVSI en France mais qui remontent à plus longtemps. En fait, dans le premier document officiel dans lequel ce terme est apparu, ça remonte à 1996, traité ONPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle).
* La vente liée, le fait que quand on achète un ordinateur aujourd’hui, et bien on achète un package ordinateur-logiciel et qu’on ne peut pas acheter les éléments séparément, on ne connait pas les conditions d’utilisation des licences. Par exemple la vente liée c’est un frein formidable pour le grand public par rapport au Logiciel Libre. Quelqu’un qui va acheter un ordinateur aujourd’hui, s’il n’a jamais entendu parler de Logiciel Libre, il ne risque pas d’en avoir entendu parler : pour lui, il achète un package entier : ordinateur équipé de Microsoft. La personne qui a entendu parler de Logiciel Libre et qui éventuellement voudrait essayer est obligée quelque part d’acheter l’ensemble, donc de payer une licence Microsoft, pour peut-être s’installer après un Logiciel Libre. Donc elle paye un racket à Microsoft ; c’est pour ça qu’il y a un double travail de l’AFUL auquel l’April participe qui s’appelle racketiciel. Donc c’est vraiment un frein très important par rapport au Logiciel Libre pour le grand public.
*Et puis trusted computing c’est ce que l’on appelle l’informatique de confiance. En tout cas c’est ce que eux appellent l’informatique de confiance, c’est toutes les technologies qui visent en fait à prendre le contrôle de votre ordinateur.
En gros, un certain nombre de personnes, dont les éditeurs de logiciels propriétaires, les majors, considèrent qu’à partir du moment où vous avez un ordinateur, forcément vous allez vouloir ne pas respecter le droit d’auteur. Télécharger des films de façon illégale, faire des choses… et comme ils n’ont plus confiance en l’utilisateur, leur but c’est d’avoir confiance dans votre machine. Et pour cela, d’en prendre le contrôle. C’est ce qu’ils appellent de l’informatique de confiance. Nous c’est ce que l’on appelle l’informatique déloyale.
Donc ces 4 dangers principaux du Logiciel Libre sont notamment dans mon dos sur le tee-shirt de l’April, ils se sont développés au fur et à mesure des années.
Intervention pour des problèmes de micro
Frédéric Couchet : Donc là je vous ai fait rapidement le développement du Logiciel Libre, on va dire depuis en gros une dizaine d’années, et en même temps le développement de menaces du Logiciel Libre. Maintenant je vais vous expliquer par rapport à ça, quel a été le rôle de l’April et son évolution. Ce qui est à priori le but de la présentation.
Donc April au début, c’est sa création en 1996, à l’Université de Paris 8 – j’étais un des créateurs — donc créée par 5 étudiants en informatique, qui ont appris l’informatique à partir du Logiciel Libre. Paris 8 c’est une fac un peu particulière dans le sens où d’abord le centre de calcul était ouvert 24 heures sur 24, il n’y avait pas de mot de passe root sur les machines, pas de mot de passe administrateur, on était là pour apprendre, les enseignants considéraient que pour apprendre il fallait avoir accès à tout. Et très rapidement on a téléchargé les logiciels libres. On a installé GNU/Linux après, DBSD également.
Donc on a appris l’informatique comme ça, donc en sortant de cette fac-là on s’est dit, on est en 1996, on va faire connaître. Ce qu’on appelait nous à l’époque l’informatique libre, on ne parlait pas de logiciel libre, pour nous c’est de l’informatique globale. Donc l’objectif à l’époque, c’était démocratiser l’informatique libre, le Logiciel Libre, le faire connaître tout simplement.
Dans les statuts de l’April, il y a ça : la démocratisation. Parce qu’en 1996, on n’imaginait pas qu’on allait devoir défendre le Logiciel Libre. En 1996, les brevets logiciels, on ne connaissait pas, les DRM on n’en avait pas entendu parler, la loi OMPI venait d’être signée, nous on était étudiant on n’avait pas suivi à l’époque, je pense que très peu de personnes de la communauté avaient suivi ce genre de choses.
Donc pour nous c’était quelque chose juste de faire connaître le Logiciel Libre, le démocratiser. En terme de fonctionnement, on va fonctionner pendant 8 ans en pur bénévolat. Et on va en 2004 atteindre à peu près les 200 membres. Ces chiffres-là je vous les montre pour vous montrer l’évolution de ces derniers années.
Jusqu’en 2004 on fonctionne en pur bénévolat. Et il va se passer un moment, qui est autour des années 2000, plus exactement très précisément à la fin des années 1999, quand quelqu’un nous dit tout d’un coup, les petits gars ce que vous faites c’est bien, d’essayer de faire connaître le Logiciel Libre, les actions, vous faîtes des confs, vous allez voir des journalistes et tout, mais regardez ce qui se passe au niveau européen. Il y a un livre vert, sur les inventions mises en œuvre par ordinateur. Les fameux futurs brevets logiciels. A l’époque c’est Jean-Paul Smets qui nous informe, et nous année, 2000, on a créé l’association il y a trois ans, tout d’un coup on se rend compte que des libertés peuvent être mises en danger par un projet de directive européenne.
En occurrence, à l’époque ce n’est même pas un projet de directive, c’est un livre vert. Et donc on prend conscience du fait qu’il va falloir agir et donc ça va être la première action qu’on va mener avec d’autres, dans le cadre de ce qu’on a appelé l’alliance Eurolinux, c’est la lutte contre la brevetabilité du logiciel.
Et pour la première fois on va essayer d’aller voir des politiques, on va travailler sur ces dossiers-là. Donc c’est une vraie rupture, car à partir des années 2000, les activités promotions et défense du Logiciel Libre vont être menées de front.
Avant 2000 on considérait, comme je vous disais, que des activités de promotion, et puis à partir de 2000, les activités de défense.
Et puis finalement les activités de défense ont monté. La promotion ça fonctionne toujours, mais de plus en plus il va y avoir des activités de défense. Il va se passer à l’April comme dans la communauté du libre, deux évènements, deux moments qui sont différents, mais ils sont aussi importants l’un que l’autre.
Le premier c’est la prise de conscience de l’importance de défendre ses libertés. Ça c’est le premier élément, c’est qu’on se rend compte tout d’un coup qu’il y a des libertés qui peuvent être mises en danger.
Mais certaines personnes restent à cette prise de conscience et derrière se disent soit on ne peut rien faire, qu’est-ce qu’on peut faire contre une commission européenne ? Qu’est-ce qu’on peut faire contre Microsoft ?
D’autres personnes se disent qu’il n’y a rien à faire, parce que c’est un système de toute façon décadent qui va disparaître d’ici 5 ou 10 ans donc ça ne sert a rien, laissons-les faire. Ce sont deux positions.
Et puis il y a pleins de positions d’autres gens qui se disent, certes peut-être que ce système va disparaître dans quelques années mais en attendant, on va peut-être s’en prendre plein la gueule, vulgairement parlant. Donc il faut agir. Nous ces deux moments-là, on va les voir très rapidement. A partir du moment où on est informé de cette prise de conscience qu’il faut agir, en tout cas qu’il y a un danger qui arrive, on décide d’y aller. On décide de lancer Eurolinux avec des associations : l’Aful, la FFII en Allemagne, etc. ; et on va faire ce qu’on peut pour lutter contre ça. Et à l’époque on est toujours en mode bénévole, on est à peu près une centaine de personnes et par ailleurs on travaille dans des entreprises de logiciels libres ou dans le secteur éducatif, etc.
Et on va travailler au fur et à mesure sur un certain nombre de dossiers, les brevets logiciels, et puis un dossier dont vous avez tous entendu parler qui est la loi DADVSI. Est-ce que vous avez tous entendu parler de la loi DADVSI ? Non ?
Donc c’est la loi de 2006, votée en 2006, dont les premiers projets vont arriver en 2002. Donc c’est la loi qui veut dire « Droit d’Auteur et Droits Voisins dans la Société de l’Information », c’est la première loi, la loi HADOPI va être en gros une suite, qui vise officiellement à essayer de mettre un terme au téléchargement illégal sur Internet, et qui de facto va en fait valider juridiquement et protéger juridiquement les fameux DRM. Donc concrètement, empêcher le contournement de ces DRM, de ces dispositifs de contrôle d’usages, quelque soit l’objectif. Même si l’objectif est un objectif parfaitement « légal », en tout cas normal, légitime, ils deviennent de facto interdits ces contournements. Alors concrètement ça posera un problème à VLC, pour lire des DVD du commerce il doit contourner un DRM qui s’appelle CSS, et bien avec la loi DADVSI, l’utilisation de cet outil-là, la création de cet outil-là devenait illégale. Donc c’est la loi DADVSI en 2006.
Mais au delà de ce que fait réellement cette loi-là, ce qui est intéressant c’est que en 2002 l’avant projet de loi arrive et jusqu’en 2006, on va se battre contre ce projet de loi, à travers une initiative qu’on a créé à plusieurs qui s’appelle eucd.info.
Et on va se rendre compte en fait, au fur et à mesure un certain nombre de choses sur la façon dont les gens en face travaillent et dont les politiques travaillent. Alors des choses qui peuvent paraître parfaitement évidentes à plein de gens mais qui pour nous ne l’étaient pas et qu’on a apprises.
Alors c’est résumé sur ce slide-là, sur ce diaporama-là. Les responsables politiques, première chose, ont besoin d’acteurs identifiés, représentatifs et pérennes. Alors ça veut dire quoi ? Identifiés ça veut dire qu’ils doivent parfaitement comprendre ce qu’on défend comme position, il faut donc que notre positionnement soit très clair, il faut donc en gros qu’il sachent ce qu’on défend, ce qu’on veut. Ça veut dire quoi, ça veut dire exprimer ce qu’on veut, l’écrire, faire éventuellement des propositions.
Deuxième chose « pérenne », ça veut dire que les politiques aiment bien les gens qu’ils ont côtoyés sur un dossier soient encore là sur un autre dossier. Des structures qui disparaissent comme ça au bout de 6 mois, ils sont obligés de traiter avec, mais ils aiment bien pouvoir travailler avec les gens sur la durée. D’abord parce qu’on apprend à se connaître, on apprend à travailler ensemble, ils ont vraiment besoin de gens qui sont présents sur la durée.
Et troisième point, c’est « représentatif », le fameux combien de divisions. Oui parce qu’au delà du discours qu’on porte, au delà des évènements qu’on apporte, au delà éventuellement des amendements qu’on peut apporter au projet de loi, le politique reçoit ce message-là mais il se pose toujours la question, qui c’est les autres électeurs, combien ils sont derrière. Est-ce qu’ils sont soutenus ou pas. Et vous, vous pouvez avoir tort sur un dossier au fond, mais si vous êtes soutenus par beaucoup beaucoup de gens, vous pouvez faire plier le politique. On a plein d’exemples, je ne vais pas en citer, c’est enregistré en plus, ça va être long à citer. Et à partir du moment où vous pouvez avoir raison sur le fond mais perdre parce que au fond vous êtes 200 dans votre association.
A l’époque, il faut bien savoir qu’en 2002, quand on a vraiment commencé cette bataille-là, on était 150 à 200, principalement des individus, donc pour le politique, comme dans le Logiciel Libre il n’y a pas vraiment beaucoup de chiffres, l’image qu’il pouvait avoir c’est en gros les fameux « 5 gus dans un garage » de Christine Albanel, simplement 200 adhérents de personnes physiques, bon, pas très important.
Ça c’est la première chose, être un acteur identifié, pérenne, et représentatif.
Deuxième chose c’est que par rapport aux activités de promotions du Logiciel Libre qui peuvent être menées sur son temps libre. Par exemple faire une conférence ici aujourd’hui on est samedi, on peut venir. Par contre ce genre d’actions politiques, juridiques, ça nécessite de prendre des rendez-vous en journée. Le journaliste, le politique, vous ne donnez pas un rendez-vous un samedi ou un dimanche, ou à 19 heures après votre travail. Vous allez le voir à ses horaires de bureau à lui. Donc ça nécessite de prendre des jours de congés à chaque fois, vous allez le voir.
De plus, ces dossiers-là sont très complexes, une directive européenne, c’est des tas de textes écrits souvent en anglais juridique, le projet droit d’auteur c’est pareil. Donc vous devez vous plonger dans ce dossier-là pour le comprendre, d’abord, pour comprendre les dangers et ensuite, pour pouvoir faire des propositions. Parce qu’au delà de dire, ça c’est pas bien, il ne faut pas que ce soit voté, le type il vous dit, oui d’accord, mais qu’est ce que vous proposez contre ce projet de loi ? donc il faut proposer des amendements. Est-ce que par exemple, pour sauver les malheureux artistes qui sont tous en train de mourir dans le caniveau, est-ce que vous avez quelque chose à proposer ? Ils ne sont pas tous en train de mourir, rassurez-vous. Mais en gros il faut être force de proposition. Et ça, ça nécessite du temps, des compétences mais aussi, beaucoup de temps. Donc des gens qui travaillent si possible à temps plein là-dessus, parce que on ne peut pas après sa journée de travail – en tout cas c’est très difficile – d’éplucher des textes juridiques et les travailler. Il y en a qui l’ont fait, et qui le font encore, et heureusement qu’ils sont là. Mais globalement, si on n’a pas des personnes à temps plein pour faire ça, on avancera beaucoup moins vite.
Troisième point, ben c’est le travail à faire par rapport aux politiques, c’est l’informer des dangers potentiels de tels projets de loi, ou des avantages potentiels de tel projet ou de telle directive et essayer également de faire porter nos propositions. C’est-à-dire d’influer sur le texte final. Le but c’est quand même au final d’essayer que si on se bat contre une loi elle ne passe pas. Ou d’obtenir des avantages collatéraux, même si la loi passe, essayer d’obtenir des avantages collatéraux. Alors je vais prendre deux exemples complètement différents. L’un c’est sur la directive brevet logiciel, qui a été repoussée en seconde lecture par le Parlement européen. Ce débat global mené par des tas d’organisations, des tas d’individus, a réussi à faire tomber une directive européenne en seconde lecture et c’était la première fois.
Ça c’est extraordinaire.
Si on prend le projet de loi, droit d’auteur dont je vous ai parlé tout à l’heure, DADVSI, au final en 2006 on va dire que le projet de loi a été voté donc quelque part, on a perdu. Alors on n’a pas totalement perdu, parce qu’on a obtenu des avancées collatérales dans le sens où au moment des débats vraiment parlementaires sur DADVSI, c’était un projet de loi culturel. L’enjeu c’était les artistes. Nous notre objectif c’était si possible de faire passer des amendements, de faire tomber ce projet de loi mais au minimum de faire transformer ce projet de loi culturel en un projet de loi « société de l’information », et de faire parler de Logiciel Libre, d’interopérabilité. Donc de faire arriver dans le débat public parlementaire ces thèmes qui nous sont chers comme l’interopérabilité logicielle. Et quand on regarde les débats à la fin, les compte-rendus des débats, on se rend compte que le Logiciel Libre a été cité par tout le monde, l’interopérabilité, que des amendements ont été votés. Donc on a obtenu des avancées collatérales qui sont importantes pour le combat ultérieur suivant, de manière à sensibiliser les politiques. Donc ne pas simplement s’arrêter sur un texte voté ou pas mais voir aussi qu’à côté on peut avoir des avancées positives.
Et puis les deux derniers points c’est que l’action auprès du politique ne peut pas se faire sans aussi maintenir les actions auprès du grand public. Parce que c’est en créant une vraie conscience de l’importance des biens communs informationnels qu’on va réussir aussi à obtenir des résultats. Parce que le politique il écoute aussi ce que lui disent ses électeurs.
Il y a une semaine j’étais à une conférence sur le droit à l’oubli numérique, à la limite peu importe, mais j’étais à côté de quelqu’un qui est élu local, UMP et qui me disait que sur les marchés, pour la première fois, des électeurs lui avaient parlé du numérique, lui avaient parlé en gros du projet de loi HADOPI.
C’est la première fois. Sur DADVSI c’était pas arrivé jusqu’à ce point-là. Sur HADOPI, il me disait, là pour la première fois il y a des gens qui sont venus me voir et puis ils ne sont pas venus me voir sur des problèmes locaux, ils sont venus me voir pour me dire pourquoi l’UMP avait fait n’importe quoi sur ce projet de loi HADOPI, en votant cette loi HADOPI. Et ça c’est important parce que ça veut dire qu’on touche, enfin quand je dis « on » c’est globalement, on touche le grand public qui va lui pouvoir toucher les gens qu’il connait et puis toucher les gens politiques. Donc c’est fondamental de continuer à avoir des actions orientées grand public à côté des actions institutionnelles.
Et l’importance aussi évidemment des actions des relais locaux entre national et local, typiquement par exemple, quand nous on doit sensibiliser des politiques qu’on ne connait pas forcément et bien ça passera toujours mieux si c’est des gens en local qui vont les contacter.
Quand par exemple sur le projet de loi DADVSI, dans les années 2002/2003, un petit peu avant que ça arrive à l’Assemblée nationale on a dit aux gens, aux militants, bien écoutez on a besoin d’identifier des politiques qui vont pouvoir éventuellement nous écouter ou en tout cas qui sont prêts à nous recevoir, on a dit aux gens, allez en circonscription, téléphonez à votre député, envoyez un courriel, un message écrit, parce que si ça vient de vous, vous aurez peut-être une écoute supérieure à nous. Et simplement vous allez vous expliquer avec vos mots, en quelques minutes pourquoi ce projet de loi vous pose problème, et si éventuellement il va être sensibilisé et qu’il veut aller plus loin, nous on est disponible pour rencontrer son assistant parlementaire etc.
Ce genre de choses nous a permis d’identifier des députés que nous on ne connaissait pas du tout, qui se sont impliqués sur ce projet de loi, à l’époque notamment du côté UMP, et qui se sont battus pour défendre le Logiciel Libre et l’interopérabilité. Et parce qu’ils ont été sensibilisés en local, et ça c’est vraiment important. Ça montre qu’il y a un support local, qu’il y a un tissu local qui soutient.
Alors le rôle de l’April, globalement, ça a été de se dire à un moment en plein DADVSI, on est reçu, on a quand même du mal à être reçu par les ministères, certains politiques nous reçoivent, en gros on sent quand même bien qu’il manque quelque chose. A l’époque on arrivait à financer un petit peu à l’arrache quelqu’un qui était quasiment à plein temps avec un salaire indigne d’un plein temps et on s’est dit, en gros, ça va continuer, on sait bien, c’est-à-dire que l’augmentation de ces projets de lois, de ces actions pour défendre nos libertés va continuer. Et donc on s’est posé la question de se dire est-ce qu’on peut continuer en mode pur bénévole ? C’est en 2004 on a réfléchi à la question et on s’est dit, en gros on a deux options. Soit on acte le fait qu’on ne peut pas tout faire dans la vie, il faut faire un choix et à ce moment-là on retourne à une action de promotion du Logiciel Libre et il nous faut plein de gens ; soit on se dit il est important de se battre et à ce moment-là il faut se donner les moyens de se battre.
Et donc dès 2004, on s’est dit, on ne va pas arrêter le combat parce que c’est trop important, donc on va se donner des objectifs pour avoir les moyens de se battre.
Et prenant conscience, enfin simplement en considérant les points que je vous ai mis avant donc être pérennes, représentatifs, identifiés, avoir des personnes à temps plein, ça veut dire quoi concrètement ?
C’est pouvoir embaucher des gens, pour pouvoir être représentatif, plus il y a d’adhérents, plus il y a des gens qui vous soutiennent et mieux c’est, si vous avez tout un tas d’adhérents, ça peut permettre de financer des permanents. Donc on s’est dit, c’est simple, on va dire aux gens qu’on a besoin d’eux, pour pouvoir financer des actions, pouvoir embaucher des gens qui travaillent sur les dossiers, et pour pouvoir être représentatif. Dire à un moment à un politique, bien voyez, par exemple l’April ce n’est pas seulement 200 membres, aujourd’hui c’est 500 membres, ou 1000 membres, ou 5000.
En 2004, on n’avait aucune idée de ce que ça pourrait donner. On ne savait même pas si ça allait marcher. On s’est dit simplement, on essaye, parce qu’il faut le faire.
Donc on a choisi un mode de développement basé exclusivement sur des cotisations pour des questions d’indépendance. On refuse toute subvention, toute prestation de service, pour justement se concentrer sur nos actions de promotion et de défense du libre, et avoir des adhérents de tout type : individus, entreprises, collectivités, associations, nous permet d’être représentatif et de représenter la diversité du Logiciel Libre.
Donc le but, enfin le rôle en tout cas c’est d’établir cette structure de promotion et de défense avec des moyens à la hauteur des enjeux, et de pouvoir embaucher les gens, de pouvoir financer les actions, d’augmenter la diversité des acteurs, d’avoir le maximum d’adhérents possible, et la plus grande diversité, et avoir des moyens humains et financiers.
Avoir aussi des gens, des bénévoles aussi qui sont actifs, parce que il y a des bénévoles qui vont être actifs dans d’autres domaines, par exemple dans le monde de l’éducation, dans les traductions ; il y a des gens à l’April qui font des traductions d’anglais à français, et de français en anglais qui sont très utiles pour diffuser l’information.
Aujourd’hui l’April c’est 5500 membres, en 2004 c’était même pas 400, c’est-à-dire que de 2004 à 2009 on a multiplié par 10. L’April c’est une équipe pour l’instant de 3 permanents, et 4000 heures de bénévolat. C’est peut-être le chiffre le plus important. Ça montre qu’une structure, parce que l’un des risques pour créer une structure, enfin tenter de passer d’une structure de pur bénévole à une structure avec des permanents, c’est qu’en fait finalement toutes les actions sont faites par les permanents et finalement il n’y a plus de bénévolat parce que les gens se reposent sur les permanents ou il y a un décrochage entre les deux.
Et nous là-dessus on fait attention, parce qu’il y a une animation globale, pour que tout le monde puisse s’investir. Et donc il y a aujourd’hui encore au moins 4000 heures de bénévolat, de bénévolat déclaré, qui va de l’animation de stand, comme ce que certains ont fait au stand de l’April là, jusqu’à la traduction, faire des conférences, aller voir des gens.
Et aujourd’hui qu’est-ce qu’on constate ? Bien évidemment que l’on peut mener de nouvelles actions, parce qu’on est plus nombreux qu’à l’époque. Et puis on a une influence renforcée. Là où il y a quelques années, il fallait en gros vraiment du coup ramer pour avoir des rendez-vous dans les ministères et autres, ou auprès de députés, aujourd’hui les rendez-vous on les a. Je ne dis pas qu’on est forcément tout le temps écouté, mais au moins en tout cas on les a. Et souvent on est même invité à des tables rondes pour dire en gros quel est notre avis.
Et pourquoi ? Parce que les politiques ils ont une structure qui a plus de 5000 adhérents, qui est capable de répondre à leurs problématiques, en gros avoir l’avis de l’April sur tel ou tel sujet, ils se disent, si au moins je les écoute, je saurais à peu près ce que pensent les gens du Logiciel Libre. Donc ils nous invitent pour ça. Et certains évidemment nous écoutent encore plus et ils portent les propositions.
Je vous montre un petit chiffre non pas simplement pour vous montrer le pic, mais parce que en fait, ce qui est intéressant c’est à partir de quand ça s’est déclenché.
Là vous ne voyez pas très bien, mais là on est à peu près en 2004, c’est-à-dire à peu près le moment où on est en retard pour la DADVSI , c’est pas encore au niveau du Parlement français, c’est encore dans les ministères, les cabinets etc., c’est là où on commence à réfléchir. Début permanent, c’est là, mars 2005 et voyez ça monte peu en fait.
Alors que pourtant on expliquait aux gens :"On a besoin de vous, il y a un combat qui se prépare au niveau législatif qui va arriver en fait à partir de fin 2005 et 2006" et en fait ça montait peu. Et à l’époque on ne comprenait pas trop, on se disait c’est bizarre, parce qu’on leur explique quand même qu’on a besoin d’eux, on leur explique qu’on pourra peut-être embaucher une personne pour travailler à temps plein sur ces dossiers-là, qu’on sera plus écouté, et ça montait peu. Et en fait c’est normal, quelque part. Si vous vous souvenez au tout début je vous ai parlé des deux instants. Le premier on se rend compte que nos libertés sont en danger, et le deuxième moment c’est on peut agir ou il faut agir.
Et en fait à cette époque-là, pleins de gens en étaient à la première étape. C’est-à-dire ok, nos libertés sont en danger et en gros, plein de gens nous disaient : mais de toute façon vous n’y arriverez pas, vous avez quand même Microsoft en face de vous, vous avez la SACEM et compagnie, ils sont surpuissants, vous n’y arriverez pas. Enfin ces gens-là à cette époque il disaient :"ça ne sert à rien en gros parce qu’il n’y aura pas de résultat". Et ce qui s’est passé en fait et où la tendance a vraiment remonté, c’est quand les gens se sont rendus compte que après DADVSI, dans le bilan qu’on a fait et qu’on a publié, en mars 2006, il y avait des amendements qu’ont été votés.
La fameuse nuit de mars 2006 où le projet de loi est totalement inversé par les amendements, qui pour 80% sont des amendements de eucd.info. A tel point que Apple menace le lendemain de quitter la France, je ne sais pas si vous vous souvenez, il y a eu un barouf terrible, les gens se sont rendus compte : nous avons réussi à faire passer nos amendements.
Après il y a les députés qui ont migré leur poste de travail, décision politique vers le Logiciel Libre.
Et alors les gens ont commencé à comprendre en fait qu’on avait obtenu des résultats, qu’on pouvait obtenir des résultats. Et c’est là que ça a commencé simplement à monter, alors après les pics sont liés évidemment aux campagnes d’adhésions, la première portée par Richard Stallman, et la deuxième plus récente portée par Tristan Nitot. Mais voilà, en quelques mois, ce qu’on n’avait pas forcément compris au début c’est que les gens ne pensaient pas qu’on pouvait réussir à faire des choses.
Aujourd’hui ils ont parfaitement conscience qu’on peut obtenir des choses mais pour cela, il faut être nombreux, il faut être organisé.
Alors quelques actions récentes : il y a eu évidemment le projet Hadopi où on a contribué notamment sur la partie Logiciel Libre, le principal acteur étant évidemment la Quadrature Du Net pour le projet de loi Hadopi.
Ce qui peut être intéressant là c’est qu’il y a des actions diverses et variées. Institutionnelles et toujours quand même orientées grand public. Par exemple, important, émission de France Inter sur le service public, deuxième émission en moins d’un an sur le thème de la vente liée [NDT : le 26 janvier 2008]. Sur cette émission-là, en gros le thème c’était voilà, j’étais opposé ...au débatteur Marc Mossé de chez Microsoft, il y avait l’UFC Que Choisir [NDT : Edouard Barreiro] qui était avec nous. Ça c’est important parce que ça montre qu’une émission de radio grand public est capable de se saisir de ces sujets-là, pense que son public est capable de se saisir de ces sujets-là. Et très clairement, c’est l’une des émissions, enfin les émissions sur ces sujets-là sont des émissions écoutées, fortement écoutées, dans lesquelles il y a beaucoup de commentaires.
Il y a eu pas mal d’entretiens au cabinet ministériel ces dernières semaines et ces derniers mois, notamment avec les derniers remaniements, Xavier Darcos, Nathalie Kosciuski-Morizet, Hervé Novelli sur la vente liée, Estrosi c’est tout ce qui concerne l’innovation, responsables des conférences, on met un large panel d’actions, celles-là étant quelques exemples.
A côté de ça, on a des groupes de travail plus ponctuels, dont la plupart sont ouverts aux membres de l’April. Il n’est pas nécessaire d’être membre de l’April pour participer à des groupes de travail. Les deux seuls qui sont à peu près réservés, dans ceux qui sont là en tout cas, aux membres de l’April c’est notamment adminsys et site web, ce qui est un peu normal parce que ce sont des gens qui ont un accès sur la machine, donc il vaut mieux qu’ils soient membres de l’April tant qu’à faire.
Mais par exemple, un groupe, alors c’est dommage qu’elle ne soit pas là Delphine parce qu’elle intervient juste après moi, qui a été créé récemment c’est le groupe diversité. L’objectif de ce groupe c’est de réfléchir aux moyens d’amener des publics qui sont très peu représentatifs, euh non très peu représentés dans le monde du Logiciel Libre, notamment les femmes. A l’April il y a 6% de femmes qui sont membres de l’April.
Globalement dans l’informatique on va dire entre guillemets « propriétaire », c’est plutôt de l’ordre de 20%. Ceci dit 6% je pense que dans les groupes d’utilisateurs, ils ne sont pas à 6%, ils sont bien en dessous. Dans les conférences c’est pareil, il y a relativement peu d’intervenantes femmes, pourtant il y a des intervenantes qui existent.
Récemment au Forum mondial du Logiciel Libre qui avait lieu à Paris, c’était absolument de ce côté-là catastrophique, c’est qu’il y avait des intervenantes femmes, sur la page d’accueil du site, ils avaient mis je ne sais plus, une centaine d’intervenants en photos, ils avaient mis une sélection de photos, il n’y avait pas une seule femme représentée. En gros vous arrivez là-dessus en vous disant « c’est encore un monde d’homme ». Donc le groupe diversité travaille sur ces sujets-là, notamment aussi la place des jeunes, l’un des animateurs a 14 ans, c’est aussi la magie de l’internet et du Logiciel Libre, c’est qu’un gamin de 14 ans, débarque comme ça et participe à ce genre de chose. Donc ça c’est un certain nombre de groupes de travail, et comme je vous le dit, il n’y a pas besoin d’être membre de l’April pour participer à ces groupes de travail, il se fait principalement par mailing liste et wiki, il suffit juste de s’inscrire.
Quelques campagnes à plus long terme, j’en ai déjà évoqué certaines, une qui est intéressante en terme de promotion, et que vous avez juste là c’est l’expo libre qui en est à sa version 3, je crois. Donc c’est 10 panneaux d’information autour du Logiciel Libre. Quand vous descendrez l’escalier à droite et à gauche, les panneaux que vous voyez c’est l’expo libre. On travaille sur une version 4, peut-être une version internationalisée, peut-être une version aussi si possible pour le monde du handicap avec des versions braille ou gros caractère. Ça c’est une expo qui peut-être commandée, qui peut-être imprimée et notamment être utilisée dans d’autres conférences, et puis des dossiers qui sont classiques aujourd’hui, tout ce qui est vente liée, tout ce qui est... le fameux dossier OXML, tout ce qui est format ouvert dont vous a parlé Thierry juste avant moi. Et puis un sujet sur lequel on commence à se mobiliser, ce sont les marchés publics discriminants, vous savez, les marchés publics qui disent en gros, vous devez répondre avec Microsoft, « machin » ou telle suite, c’est à dire que dès le départ, un peu comme la vente liée, le libre est exclu. Donc on essaye de référencer l’ensemble des ces actes de marchés publics discriminants déjà et de voir quelles actions on peut mener pour y mettre un terme. Donc ça c’est quelques campagnes.
Bientôt on va aller à des présences évènementielles ou des Ubuntu party, donc en ce moment même il y en a une à Paris qui se finit demain, la semaine prochaine c’est Toulouse, La Rochelle dans deux semaines.
Au niveau européen, une directive qui va arriver et qui va nous concerner, c’est la protection du consommateur, dans laquelle on va essayer de parler de vente liée, etc.
Candidats.fr sur les régionales 2010, alors je pense que tout le monde ne connaît pas Candidats.fr. Candidats.fr c’est une initiative que l’on a lancé en 2007, pareil, c’est les suites de DADVSI dans notre réflexion, on s’est dit, sur DADVSI on a passé pas mal de temps à identifier les politiques qui s’intéresseraient à ces sujet- là, pour se rendre compte qu’il y a au final en gros sur les différents dossiers que traite l’Assemblée nationale, à chaque fois il y a quelques députés qui traitent le dossier ce qui est normal, on s’est dit et si on gagnait du temps en identifiant les députés avant même qu’ils soient députés, c’est-à-dire lors des élections. Et donc en 2007 dans le cadre de la présidentielle et également des législatives, on a commencé un site Candidats.fr. Pour la présidentielle c’était un questionnaire très long d’une quarantaine de pages, envoyé à tous les candidats. Les 8 premiers candidats qui sont arrivés en tête, enfin pas en tête, les 8 principaux candidats ont répondu, donc la majeure partie des candidats ont répondu ; malheureusement pour nous ou peut-être heureusement pour nous je n’en sais rien, la réponse la plus mauvaise est celle du candidat élu, en l’occurrence Nicolas Sarkozy, mais au moins il avait clairement dit qu’il allait mettre en place la riposte graduée, etc. Donc les gens ne peuvent pas dire qu’ils n’étaient pas prévenus.
Et par contre pour la partie législative, c’était plutôt une sorte de pacte en disant on ne va pas demander à des députés de s’engager globalement sur plein de questions mais au moins d’avoir conscience de ce qu’est le Logiciel Libre, et de le prendre en compte dans les prochaines échéances législatives et en se disant, on va dire aux gens, écoutez vos députés quand vous allez sur le marché, ils vous distribuent un tract, bien en échange d’un tract, vous leur donnez un pacte, et vous essayez de les sensibiliser.
Aujourd’hui il y a 76, 77 députés qui sont signataires du pacte du Logiciel Libre, et quand on regarde les interventions en séance lors des différents projets de lois, questions au gouvernement, généralement à 98%, quasiment tout le temps, le député qui a posé la question est signataire du pacte. Ça ne veut pas dire que tous interviennent, mais par exemple sur Hadopi, côté UMP, Lionel Tardy qui s’est vraiment opposé à son propre groupe et au gouvernement est signataire du pacte du Logiciel Libre.
On a renouvelé l’expérience ensuite, pour les municipales et les cantonales, on a renouvelé cette année pour les élections européennes, ¼ des élus français sont signataires du pacte. Dans d’autres pays, la campagne a été un petit peu relayée donc il y a des signataires en Angleterre, en Espagne en Italie je crois, et donc on va renouveler l’expérience pour 2010 donc pareil, je pense que deux mois avant la campagne sur Candidats.fr vous aurez l’ensemble des candidats, avec les moyens de les contacter, le pacte et puis une plate forme de mobilisation qui permet de dire par exemple, moi j’ai contacté tel candidat, moi je m’occupe de telle liste, etc.
Une préparation, bon là ça va bientôt commencer de mini-formation pour des intervenants de Logiciel Libre, l’idée c’est de fournir du matériel, à la fois textuel, vidéo et aussi en présentiel, c’est à dire des mini-formations, pour des gens qui veulent faire des conférences autour du Logiciel Libre. Mais des conférences, enfin des interventions, globalement ça peut être des vrais conférences lors d’un événement mais simplement expliquer le Logiciel Libre en repas de famille, expliquer le DRM en repas de famille. Parce que ce n’est pas forcément évident d’expliquer ce qu’est un DRM ou un Logiciel Libre. Moi j’avoue fréquemment que ma maman n’a toujours pas vraiment compris ce que je faisais dans la vie. Mais quand même je tente de temps en temps de lui expliquer. Alors il y a des moyens d’expliquer en gros ce que l’on fait et ça c’est important, parce que très clairement c’est par la capillarité, par le fait qu’on va toucher des gens qui aujourd’hui n’ont jamais entendu parler de Logiciel Libre et à la limite qui n’utilisent que du logiciel propriétaire etc., mais au moins ils sont informés que.
Hadopi, ah bien oui Hadopi au fond c’est quoi, c’est couper l’accès à iIternet d’accord, mais surtout on n’oublie le juge, présomption de culpabilité, donc c’est un renversement total de la charge de la preuve.
Bien ça, il n’y a pas besoin de rentrer dans le détail d’Hadopi sur machin, non, il suffit d’expliquer ça en quelques minutes, les gens ils peuvent saisir. Donc on est en train de mettre en place une mini-formation, la première a lieu demain. A Paris, demain mais elle est enregistrée. Parce que l’idée effectivement c’est que toutes les mini-formations qui auront lieu seront enregistrés de manière à ce que n’importe qui puisse les voir et puis on va mettre en place du matériel de formation, donc si ça vous intéresse, n’hésitez pas à participer aussi.
Et puis, on a mis en place une feuille de route 2009-2014, l’idée c’est quoi, dans le développement de l’April on a eu pour l’instant deux étapes. 96 à 2004, mode pur bénévole, on agit sur des actions de promotion et des actions de défense qui commencent à monter.
En 2005 quand on se lance vraiment en disant aux gens on veut une équipe structurée, on a déjà en tête le fait qu’il fallait au moins deux à trois personnes. On voulait au moins une personne qui ne s’occupe que des dossiers institutionnels, qui fasse ça à temps plein, donc actuellement c’est le poste occupé par Alix Casenave, alors en terme de diversité, l ’April c’est trois permanents dont deux filles, alors certains disent que c’est parce que c’est moi qui embauche, mais pas du tout, c’est les compétences, et Alix Casenave, beaucoup de politiques savent qu’elle est redoutable, donc on s’est dit une équipe de trois c’est un minimum. Là on a atteint, on se dit c’est quoi l’étape d’après. C’est quoi pendant les cinq ans qui vont venir. Pourquoi on a mis 5 ans, c’est parce que en 2009 c’est une élection européenne, et comme beaucoup de choses se passent au niveau européen, on s’est dit, on va mettre une législature européenne jusqu’encore 2014.
En gros, c’est un document très court qui est sur le site de l’April, qui fait même pas trois pages, qui développe en gros nos objectifs, ce qu’on pense qu’il va arriver, et puis qui fait une projection thématique en dossier prioritaire et en dossier de veille. Il y a des dossiers qu’on a estimé prioritaires sur lesquels vraiment on va mettre l’accent, il y a un certain nombre de dossiers qu’on met en mode veille, sur lesquels il y a moins d’actions qui sont faites mais qu’on suit quand même.
L’idée c’est tout simplement, au fur et à mesure des années, transformer ce plan de feuille de route en des plans d’action et tous les ans de le remettre à jour en disant, bien voilà, on en est où sur tel dossier, qu’est ce qu’on va faire cette année ?
Donc là par exemple, l’assemblée générale de l’April, va avoir lieu le 13 février 2010, on va commencer à mettre à jour cette feuille de route pour dire voilà où on en est, voilà ce qu’on va essayer de faire dans les mois dans les années qui viennent, et on se donne rendez-vous.
Et puis d’un point de vue projection, là c’est vraiment que de la projection, car on a aucune idée de ce qui va arriver, on se dit qu’en 2014, l’April ça pourrait être entre 10 et 15000 adhérents, une demi-douzaine de permanents ce qui voudrait dire évidemment encore plus d’actions, et plus d’influence et donc une meilleure prise en compte du Logiciel Libre. Mais ça, c’est comme ça, on n’en sait rien. Il y a ne serait-ce que deux ans, début 2007 on était 500, 550 membres, aujourd’hui on est 5000, personne ne pouvait vraiment le prévoir. C’est de la projection. Mais ce qui est important au delà de ça, c’est qu’il y a une projection thématique pour d’autres dossiers prioritaires et de veille.
L’idée c’est qu’on affiche vraiment ce qu’on va faire et puis les gens ils sont libres de commenter en nous disant peut-être que là vous n’avez pas vu ça, peut-être que ce dossier-là m’intéresse et que j’aimerais bien contribuer. Sur le site de l’April, vous allez directement sur April.org, il y a un lien, dès la page d’accueil.
Alors comment nous aider ou vous aider ? Parce qu’au fond, on est là aussi pour vous aider.
Première chose, si il y a des développeurs de Logiciel Libre dans la salle, continuez. Parce que franchement, si il n’y a pas de logiciel libre, nous on n’a rien à faire. Moi ma contribution au Logiciel Libre,elle n’est pas de développer, même si à la base j’ai une formation d’informaticien, mais il y a pleins de gens qui font du Logiciel Libre bien mieux que moi. Moi ce qui m’amuse plutôt, c’est d’aller voir des gens, expliquer, mener des dossiers de promotion et de défense, ça ça m’amuse, je suis plutôt pas mauvais là dedans, donc aujourd’hui, c’est ma contribution au Logiciel Libre. Mais sans développeurs de Logiciel Libre, nous on n’a rien à faire. Continuez, développez !
Ceux qui ne sont pas développeurs, utilisez du Logiciel Libre, faîtes connaître le Logiciel Libre, dîtes aux gens que vous utilisez du Logiciel Libre. Les gens qui viennent chez vous, faîtes leur une copie de Firefox, d’OpenOffice, de Gimp ou je ne sais pas quoi.
Utilisez du Logiciel Libre ça nous aidera, très largement.
Ensuite vous pouvez aller un peu plus loin en restant informé de nos actions, pour pouvoir ensuite peut-être les relayer. Pareil, sur le site de l’April, vous avez un lien qui vous donne des adresses des flux RSS, on a une lettre d’information publique, qu’on envoie tous les mois, qui fait le point sur les dossiers, et sur les actions à venir. On a aussi un chat IRC, on a des plate-formes de micro-blogging sur Identica et Twitter, donc relayez les campagnes et la pub pour faire connaître éventuellement participer. Un exemple en 2010 c’est Candidats.fr. Candidats.fr sur les régionales il suffit simplement de contacter qu’une liste de candidats dans votre région, peu importe le parti, et que vous arrivez à les informer sur le Logiciel Libre, voire à leur faire signer un pacte, ça sera vraiment quelque chose de très bien.
Et puis sinon pour participer au niveau je dirais plus financier sur le financement des actions, il est possible de faire un don, d’aldhérer à l’April, l’adhésion est en ligne et la prochaine assemblée générale de l’April c’est le 13 février 2010, donc la préparation va bientôt commencer sur les listes de l’April.
- Public
- : Excusez-moi, juste une chose, vous avez envisagé des échanges de liens avec des sites relais justement qui vous feraient connaître ?
- Frédéric Couchet
- : Oui ça se fait. En fait pour toute personne sur le site de l’April il y a des bannières de communication et puis il y a des liens. Il y a pas mal de sites qui nous ont relayés, notamment pendant la campagne d’adhésion.
- Public
- : Il y a des liens retours ou comment ça se passe ?
- Frédéric Couchet
- : Ça dépend des sites, il peut y avoir aussi des liens en retour. Ça dépend des sites. Et donc AG le 13 février 2010, l’assemblée générale de l’association, c’est un moment important, parce que c’est le moment où il y a les votes des bilans financiers et moraux qui sont votés, le conseil d’administration est élu et puis c’est l’occasion de faire le point. Donc là ça va être tout commencé en terme de préparation, c’est-à-dire d’échanges sur les listes, sur justement la feuille de route, donc je pense d’ici la mi-décembre, ça va commencer, l’écriture aussi du rapport moral, le rapport moral de l’April, c’est à peu près 80 pages, donc il faut déjà l’écrire. Ça montre une idée des actions qui sont faites, donc ça c’est en 2010.
Et puis, - je suis perdu là, il n’y a plus rien, c’est marrant, il y avait un slide de plus normalement, ah bon, c’est mon truc, il ne répond plus du tout -
Public : Ah voilà, bravo le logiciel libre, continue à développer ! [rires]
Frédéric Couchet : Ceci dit, oui continue à développer, là..., ceci dit le dernier slide c’est une citation, parce que je connais quand même mon diaporama, c’est une citation que j’aime bien qui est attribuée à Gandhi. Vous savez toujours les citations en disent beaucoup plus que les gens ont vraiment dites, et sa citation, je ne sais pas si vous la connaissez c’est « au début, ils vous ignorent, ensuite ils se moquent de vous, ensuite ils vous combattent et à la fin vous gagnez » et ce que j’essaye de vous expliquer en fait c’est que dans ces 4 étapes, au départ effectivement les gens ignoraient le Logiciel Libre, ensuite ils ont commencé à rigoler à la fin des années 90 en disant, ok, c’est des trucs d’amateurs, c’est fait pour les geeks, jamais compris et ça me fait un peu chier, et puis à partir de 98, là tout d’un coup, il y a le combat qui commence, et les gens se mettent à combattre, et vous l’avez bien compris normalement après on gagne.
Bon très clairement comme vous avez bien compris, on n’est pas encore dans la quatrième partie, on est encore dans la troisième partie, donc on a encore besoin effectivement de mener des actions de promotion et de défense du Logiciel Libre. Même si nous, la seule chose qu’on espère dans les années à venir, c’est qu’un jour on ne pourra que faire des actions de promotion, qu’il n’y aura plus besoin de faire des actions de défense du Logiciel Libre. Ceci dit ce n’est pas terminé.
Et le dernier slide qui était après, c’était le lien vers le site de l’April, donc ça c’est facile, c’est april.org, et moi après c’est le mail si vous avez des questions ultérieures ou des demandes de précisions c’est fcouchet chez april.org, et je réponds très rapidement.
Donc maintenant, si vous avez des questions, avant que Delphine arrive, je pense que je ne suis pas trop en retard.
- Public
- : C’est une question en poupée russe. En 1998, tu avais invité Richard Stallman à la fac de Paris 8, le jour où Harald Wertz n’a pas pu aller au resto avec vous, et Stallman avait dit, on a besoin d’associations bureaucratiques, c’est dans la conférence, pour défendre le Logiciel Libre et ma question est la suivante : ce qui me dérange un peu dans ton exposé, c’est que le seul objectif qui apparaît aujourd’hui, c’est nous partîmes 500 en arrivant au port etc., c’est-à-dire c’est le nombre, c’est un certain nombre de permanents, c’est à dire c’est de développer l’association pour l’association. Et je ne vois pas dans ton discours, quelle garantie tu te donnes, pour éviter ce que l’humanité a pratiquement toujours connu quand il y a des associations qui se créent sur des objectifs qui sont justes, que l’association ne se sclérose pas en bureaucratie, et quels objectifs réels suivants de cette expérience tu tires, notamment pour aller à l’essentiel, lorsque la prise de conscience qu’il y a des enjeux se jouent au parlement européen, donc il y a une prise de conscience qu’il y a des enjeux qui dépendent d’institutions internationales et politiques ; quelle convergence tu entrevois avec d’autres forces sociales, maintenant que tu as compris que le modèle propriétaire ce n’est pas seulement de la technique ou du logiciel, c’est un modèle économique financier. Quelles perspectives plus grande on peut offrir comme perspective de sortie de crise culturelle économique et modèle que le Logiciel Libre grâce à Richard Stallman a mis en lumière. Quelle convergence avec d’autres forces sociales ?
- Frédéric Couchet
- : Alors je vais répondre à la première parce que la deuxième...la première sur l’aspect bureaucratique, je pense qu’il suffit de lire les rapports moraux...
- Public
- : Comment faire pour se préserver ?
- Frédéric Couchet
- : Alors ça comment faire, le fait déjà de reposer exclusivement sur des cotisations, le fait qu’en fait ceux qui sont responsables de l’April et des décisions, ce ne sont que des bénévoles. Les permanents ne sont pas responsables des positions. Ça c’est un enjeu qui a été très clairement identifié dès le départ. Dans beaucoup de structures dans lesquelles il y a des permanents, les décisions sont prises de facto par les permanents parce que les membres du CA n’ont pas la possibilité de suivre. Nous ce qu’on a dit c’est simple, si on va sur un mode avec des permanents, ça nécessite un engagement des gens du CA de suivre et d’être fortement présents. Il suffit de voir le temps que passent les membres du CA dont par exemple le président de Benoît Sibaud et d’autres pour contrôler ce qui se passe.