Frédric Couchet : Nous sommes avec Isabella Vanni. Bonjour Isabella.
Isabella Vanni : Bonjour.
Frédric Couchet : Première question : qui es-tu ?
Isabella Vanni : Je m’appelle Isabella Vanni. Je fais partie de l’équipe salariée de l’April désormais depuis cinq ans et demi. Pour l’April je m’occupe notamment des actions liées à la sensibilisation, donc l’organisation de la participation de l’April aux différents événements. Je coordonne aussi l’initiative nationale Libre en Fête [1] qui a lieu chaque année autour du 20 mars, donc l’équinoxe de printemps, et qui voit la participation de nombreuses structures partout en France qui organisent des événements de découverte du logiciel libre à destination du grand public. C’est une façon de donner un coup de projecteur sur le Libre, la culture libre en général au niveau national. Je suis aussi en charge de la production des documents de communication et surtout des documents de sensibilisation. Pour ces documents, les idées, le graphisme, la rédaction des textes sont le fruit du groupe de travail Sensibilisation que j’anime. Voilà pour mes missions principales à l’April.
Frédric Couchet : Outre ces missions principales, tu t’occupes ponctuellement de la réalisation de l’émission Libre à vous ! en direct et tu fais une chronique une fois par mois autour des actions de sensibilisation. Qu’est-ce que cela représente pour toi de participer à cette émission ?
Isabella Vanni : Ça a été quelque chose de complètement nouveau pour moi. Je dois avouer que ça n’a pas été hyper-simple au début, au départ, parce qu’il y a quelques bonnes habitudes à prendre quand on parle à la radio. Il faut parler lentement, faire des phrases courtes, se concentrer sur quelques idées essentielles sans trop se disperser. Ce n’est pas du tout ma nature, naturellement je parle très vite, je parle de plein de choses en même temps. Ça a été intéressant d’apprendre, de digérer, d’intégrer ces habitudes et ça va beaucoup mieux depuis un an et demi.
Je m’occupe aussi ponctuellement de la régie. Là, j’ai aimé dès le début, j’aime beaucoup l’aspect technique et aussi manuel de la régie, les boutons, les curseurs, etc., j’aime bien être aux manettes de la régie.
Frédric Couchet : Très bien. Tu souhaitais ajouter quelque chose ?
Isabella Vanni : Non.
Frédéric Couchet : Non. OK.
Dernière question : quelle suggestion de livre, de podcast, de série ou de film ferais-tu aux personnes qui écoutent l’émission ?
Isabella Vanni : J’ai pensé à un livre et à un film.
Pour le livre, je viens de terminer l’autobiographie d’Edward Snowden dont le titre a été traduit en français par Mémoires vives, choix malheureux parce que le titre original est Permanent Record en anglais alors que la mémoire vive en français renvoie plutôt à la mémoire volatile dans l’informatique ; c’est malheureux que ce titre ait été traduit comme ça mais tant pis ! J’imagine que la plupart des personnes qui nous écoutent connaissent Edward Snowden en tant que lanceur d’alerte, en tant que la personne qui a, finalement, sacrifié sa vie — il est en exil, en ce moment, en Russie — pour dénoncer un système de surveillance de masse de la part du gouvernement américain. C’est quelqu’un qui travaillait dans les services du renseignement américain donc quelqu’un qui connaît très bien ce système. À ceux qui ont déjà lu sur Edward Snowden ou qui ont déjà vu le documentaire Citizenfour ou le film Snowden d’Oliver Stone, je conseille quand même la lecture de ce livre, parce que c’est une autobiographie et Snowden ne parle pas que de ce qu’il a fait en 2013, du fait qu’il a dénoncé le système de surveillance de masse, mais il raconte tout son parcours depuis son enfance, l’évolution de ses idées, du coup c’est très intéressant. Il y a une phase que j’ai beaucoup aimée dans le livre où il dit que c’est dangereux de laisser une personne faire une carrière trop fulgurante dans les renseignements, parce qu’elle n’a pas le temps de devenir cynique et d’oublier ses idéaux. En fait, lui a commencé à travailler dans le renseignement à 22 ans et au bout de sept ans il était déjà un pilier dans le système informatique de la NSA, de la National Security Agency américaine. Du coup, heureusement pour nous, il a fait une carrière très fulgurante donc il n’a pas oublié ses idéaux. À un moment il était hésitant. J’ai beaucoup aimé dans ce livre le fait qu’il se met à nu. Il met aussi en exergue ses défaillances et ses points faibles. À un moment, quand il n’avait pas encore les preuves mais qu’il soupçonnait, il a dit peut-être que je peux vivre dans le déni, je peux profiter du fait que j’ai plein d’argent et vivre ma vie. Finalement sa curiosité intellectuelle mais, encore plus, le respect qu’il avait pour les principes dans lesquels il travaillait l’ont poussé à faire ce qu’il a fait. Je vous conseille cette lecture.
Frédéric Couchet : Il y avait un deuxième conseil.
Isabella Vanni : Oui. J’aimerais parler d’un film qui s’appelle J’ai perdu mon corps. Le réalisateur est Jérémy Clapin. C’est un film d’animation destiné à un public d’adultes, C’est un film qui est très intéressant pour la communauté du Libre, parce qu’il a utilisé le logiciel Blender [2] pour le réaliser, donc il a utilisé des techniques mixtes 2D et 3D, troisième dimension mais aussi deuxième dimension. Blender a été choisi parce que ça permet, en fait, de faire des dessins en deux dimensions sur des éléments d’animation en trois dimensions. En gros, ça permettait d’améliorer, de corriger, de rajouter des éléments sur les dessins qui avaient déjà été animés en 3D. Ce n’est pas seulement ça qui fait l’intérêt du film. J’ai été vraiment impressionnée par la beauté des dessins, mais aussi par l’histoire. Ça parle principalement d’un jeune homme qui débute dans la vie, qui a traversé des épreuves très dures enfant et qui essaie de dribbler son destin, comme il dit dans le film. Du coup c’est un film sur la perte, sur la quête et c’est magnifiquement écrit, il y a de super cadrages. Pour les personnes qui, comme moi, aiment beaucoup le cinéma c’est vraiment amusant parce que c’est une réalisation vraiment très prenante, du coup je le conseille vivement.
Frédéric Couchet : Rappelle-nous le titre du livre et le titre du film pour terminer.
Isabella Vanni : Le livre c’est Mémoires vives d’Edward Snowden et le film c’est J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin.
Frédéric Couchet : Merci Isabella, Je te souhaite une bonne fin de journée.
Isabella Vanni : Merci. Merci à vous.