Bonjour à toutes et tous.
Je veux ici saluer l’ensemble des DANE [Délégation académique au numérique éducatif], leurs équipes, les chargés de mission e-éducation et l’ensemble des moodleurs de la communauté IAM [1]].
J’aurais préféré, évidemment, être présent parmi vous, c’est d’ailleurs ce qui était prévu initialement, mais j’ai été retenu, hélas, à Paris. Pour pallier cette absence physique parmi vous j’ai quand même souhaité faire cette vidéo pour vous faire passer un certain nombre de messages qui me tiennent à cœur.
Premier message. C’est, mais vous le savez tous, l’importance qu’a pris l’enseignement à distance et la collaboration entre pairs parmi les professeurs. Ce sont des modalités à la fois d’enseignement avec les élèves et de travail entre professeurs qui sont beaucoup ressorties ces derniers mois et pas seulement pendant la période de confinement. Je pense que la période de confinement a été assez singulière. Il y a eu, derrière, un rebond, un bond dans les usages du numérique qui est absolument spectaculaire et qui explique l’importance qu’ont pris ces modalités de travail. Je pense que ces modalités, à la fois d’enseignement et de travail, sont au cœur des raisons d’être du numérique éducatif. Ce sont les raisons d’être que l’on met en avant dans le cadre de la stratégie du numérique pour l’éducation que nous sommes en train de coconstruire avec l’ensemble des partenaires. Je veux citer ici les trois principales raisons d’être, à mes yeux, du numérique éducatif :
- la première raison d’être c’est ce qu’on a l’habitude d’appeler la citoyenneté numérique ; c’est tout simplement le fait que nous vivons dans un monde numérique qui est de plus en plus informatisé, numérisé à tous les étages, dans les professions, dans la vie sociale et, évidemment, l’école a un rôle primordial dans le fait de former nos enfants pour en faire des citoyens numériques, des citoyens éclairés dans un monde numérique. Et en cela, le fait de former par le numérique, c’est-à-dire en utilisant l’outil numérique, permet également, indirectement, de former au numérique. C’est une première raison d’être du numérique éducatif ;
- la deuxième c’est tout simplement le fait de rendre plus efficace le système scolaire. Pourquoi ? Parce que l’outil numérique peut permettre d’améliorer les enseignements en différenciant les apprentissages, en permettant de la remédiation personnalisée auprès de nos élèves ; parce que cela permet aux enseignants d’avoir des tableaux de bord qui permettent de visualiser clairement les difficultés individuelles de chacun pour pouvoir y remédier de façon personnalisée ;
- la troisième raison d’être du numérique éducatif c’est la résilience de notre système éducatif. On l’a vu, pour le coup, pendant le confinement mais, de façon plus quotidienne, lors de l’absence d’un professeur, l’outil numérique permet de pallier l’absence en fournissant des contenus numériques, en permettant une continuité pédagogique.
J’ai conscience que je prêche ici auprès de convaincus. J’en veux pour preuve le nombre de plateformes qui ont été mises en place dans les académies et mises à disposition des professeurs pendant ces dernières années, avec un rebond, évidemment, depuis la crise mais c’est une trajectoire qui avait déjà cours avant. Souvent, d’ailleurs, ces plateformes sont basées sur le LMS [Learning Management System] Moodle qui est l’objet de ce séminaire. Les usages sont réels. Pour s’en convaincre il n’y a qu’à regarder les statistiques d’usage, les statistiques de connexion avec, encore une fois comme je le disais, un réel bon depuis le mois de mars 2021, que nous avons tous en tête.
Deuxième message que je voulais vous passer, c’est la nécessité, pour moi, de bâtir une offre autour de Moodle [2] qui soit d’un niveau national. Vous le savez, il ne suffit pas d’utiliser un moteur Moodle pour permettre une pleine interopérabilité de l’ensemble des contenus, pour permettre un partage de ces contenus entre professeurs, aux quatre coins du territoire, à tout moment, ou pour permettre une pérennité, une continuité tout au long de la carrière d’un professeur dans l’accès à ces ressources parce qu’un professeur mute, peut aller d’une académie à une autre, changer du coup de plateforme. Donc tant qu’on n’aura pas un outil national fédérateur, eh bien on aura des ruptures à la fois géographiques, temporelles ou en matière d’interopérabilité.
C’est précisément la raison d’être du programme IAM qui a été lancé juste avant la crise, en 2019, et qui avait, pour moi, deux grands objectifs :
- d’une part former une communauté des acteurs Moodle, former cette communauté pour mettre l’ensemble des acteurs en synergie et pour permettre, in fine, une démocratisation de l’usage de Moodle ;
- le deuxième objectif est de mutualiser les ressources produites par les professeurs et de faire converger l’ensemble des solutions technologiques sur la base de Moodle.
Je me retrouve pleinement dans ces objectifs, dans ces finalités. Cette volonté est tout à fait convergente avec la stratégie du numérique pour l’éducation que nous sommes en train de coconstruire, à laquelle on réfléchit depuis mon arrivée, qui s’inspire du concept d’État-plateforme pour ceux qui sont peut-être familiers avec cela. En deux mots, l’État-plateforme c’est dire que l’État a trois grands rôles principaux :
- le premier c’est de fixer un certain nombre de règles, notamment d’interopérabilité, pour que l’ensemble des services fonctionnent correctement les uns avec les autres ;
- le deuxième rôle de l’État c’est de mettre à disposition un certain nombre de socles, de services socles qui permettent à l’ensemble des services de fonctionner. ÉduConnect [3] est un service socle parmi d’autres. Le GAR [Gestionnaire d’Accès aux Ressources] [4] en est un autre également extrêmement important dans le fonctionnement du numérique éducatif ;
- troisième rôle de l’État, et c’est là où j’en viens à notre sujet du jour, c’est offrir des communs numériques qui permettent de faire fonctionner un certain nombre de services essentiels. Parmi les services essentiels auxquels on peut penser il y a les services de classe virtuelle, notre commun numérique BBB, BigBlueButton [5], que nous sommes en train de déployer, et un commun numérique qui est absolument au cœur de notre stratégie du numérique pour l’éducation, un commun numérique Moodle avec la mise à l’échelle nationale du projet Éléa [6], la plateforme initialement mise en place par l’académie de Versailles.
C’est sur ce point que je voulais insister avec, et c’est le troisième message que je voulais faire passer auprès de vous, la nécessité absolue que nous avons de coconstruire ensemble la trajectoire de généralisation, de déploiement, de mise à l’échelle nationale du projet Éléa dont l’ADN est l’expérience utilisateur ; c’est quelque chose auquel je tiens beaucoup.
L’ouverture d’Éléa se fera évidemment de façon progressive, de façon concertée, région académique par région académique. Il va nous falloir établir ensemble une stratégie de convergence qui va s’appuyer sur vos expertises et c’est là où on aura besoin des expertises de vous toutes et tous pendant ce séminaire, avec des sujets d’ordre technique et des sujets d’ordre organisationnel.
Je citerai quelques sujets d’ordre technique pour l’exemple : la liste des plugins, quelque chose de tout bête, mais vous savez bien, vous toutes et tous qui êtes utilisateurs de Moodle, qu’il faut s’entendre sur quels sont les plugins qui sont utilisés pour permettre une interopérabilité parfaite entre les contenus. Il va nous falloir décider de la liste des modules qui seront dans la solution Éléa et comment, progressivement, nous ferons converger ces modules dans les différentes plateformes Moodle existantes pour, progressivement, converger vers ce que l’on mettra en place, in fine, dans la plateforme Moodle nationale. On peut parler également des formats d’interopérabilité pour pouvoir intégrer des contenus externes. Pour beaucoup de ces sujets techniques il faudra qu’on s’appuie sur votre expertise pour les mettre en commun et définir la trajectoire.
Les sujets organisationnels sont absolument essentiels. L’accompagnement du changement est clé dans le succès de ce projet. Il va falloir qu’on accompagne le changement chez les professeurs pour intégrer ces nouvelles pratiques pédagogiques, ces nouvelles utilisations de l’outil Moodle dans leurs enseignements. C’est un sujet absolument clé : comment accompagner sur le terrain l’ensemble des utilisateurs et notamment, en premier lieu, les professeurs.
Voilà des sujets auxquels vous êtes confrontés déjà aujourd’hui. Ce séminaire sera l’occasion de partager vos expériences, vos succès, les limites que vous avez identifiées et, finalement, de bâtir une stratégie de déploiement d’Éléa qui soit là la meilleure et qui tire parti de l’ensemble des enseignements que vous avez jusqu’ici.
Je voulais terminer par quelques mots de conviction et de rappel de l’objectif du projet Éléa.
Nous sommes en train de bâtir un commun numérique au sens le plus pur du terme. Je dis cela parce que le terme « commun numérique » peut parfois être un peu galvaudé ; là il ne l’est pas du tout. Nous sommes en train de bâtir une plateforme basée sur un logiciel libre auquel nous allons contribuer en reversant le code source, à chaque fois que nous le faisons évoluer, auprès de la communauté de Moodle. Cette plateforme va être mise à disposition de l’ensemble, de la multitude des professeurs qui vont pouvoir créer leurs parcours, les partager, les mettre en partage en libre accès, en libre réutilisation avec des licences libres à la clé, où chaque professeur pourra venir récupérer des contenus, se les réapproprier, les modifier, les améliorer, les reverser à l’ensemble de la communauté.
Si j’avais un rêve, ce serait de bâtir, d’avoir bâti dans cinq ans le Wikipédia des ressources pédagogiques des programmes français, que chaque professeur puisse réutiliser les contenus des autres, les améliorer, les reverser à la communauté. C’est ça la définition même d’un commun numérique.
Voilà le rêve. Voilà l’objectif que l’on peut se fixer collectivement.
En guise de conclusion, je souhaite remercier très chaleureusement la DRANE [Délégation Régionale Académique au Numérique Éducatif du Grand Est] et plus particulièrement la DANE de Strasbourg pour avoir, d’une part, lancé le programme IAM qui sera, encore une fois, clé dans le déploiement d’Éléa, pour continuer de le soutenir, et puis pour avoir organisé ce séminaire qui va mettre en relation l’ensemble des acteurs de Moodle pendant ces 24 heures.
Je vous souhaite un excellent séminaire et je suis évidemment extrêmement impatient de découvrir tout le fruit de votre travail sur ces prochaines heures.
Très bon séminaire !