Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Étienne Gonnu : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
La politique logiciel libre de la commune d’Échirolles, c’est le sujet principal de l’émission du jour. Avant cela Vincent Calame, dans sa chronique « Jouons collectif », reviendra sur le sujet long de l’émission Libre à vous ! numéro 116 qui portait sur les CEMEA et, en fin d’émission, Véronique Bonnet nous parlera de logiciel libre et d’éthique dans sa chronique « Partager est bon ».
Soyez les bienvenus pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Étienne Gonnu, chargé de mission affaires publiques pour l’April.
Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou nous poser toute question.
Nous sommes le 18 janvier 2022, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
À la réalisation de l’émission mon collègue Frédéric Couchet, épaulé par Isabella Vanni. Salut Fred.
Frédéric Couchet : Salut à tous et à toutes. Et comme tu le dis, nous sommes en direct du studio et non pas en direct d’Ibiza [Référence au ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, qui, depuis Ibiza, édicte des normes sanitaires dans un entretien avec un quotidien, la veille du retour en classe des élèves, le 3 janvier, NdT]> ! Bonne émission à vous.
Étienne Gonnu : Tout à fait. Nous vous souhaitons une excellente écoute.
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Chronique « Jouons Collectif » de Vincent Calame – Retour sur l’émission 116 dont le sujet long était « CEMEA et logiciel libre »
Étienne Gonnu : Nous allons commencer par la chronique « Jouons Collectif » de Vincent Calame.
Salut Vincent. De quoi souhaites-tu nous parler aujourd’hui ?
Vincent Calame : Comme tu l’as dit en introduction, j’aimerais revenir dans cette chronique sur une émission passée Libre à vous !, plus exactement la n° 116 de Libre à vous du 29 septembre de l’année dernière. Son sujet principal portait sur les CEMEA et le logiciel libre avec, pour invités, Jean-Luc Cazaillon, qui était ancien directeur général, et Morgane Péroche, permanente, ainsi que Laurent Costy, qui est aussi chroniqueur à cette antenne et membre du CA de l’April mais également nouvellement arrivé aux CEMEA. D’ailleurs, Étienne, c’est toi qui étais à l’animation ce jour-là.
Étienne Gonnu : Oui, tout à fait. Une émission que j’avais pris beaucoup de plaisir à coanimer avec Laurent. Je garde le souvenir d’un échange très enrichissant, même à un niveau personnel en fait. J’en profite pour préciser que CEMEA veut dire, « Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active », c’est donc un mouvement d’éducation populaire. Du coup, je suis curieux de savoir ce que tu souhaites nous dire de cette émission.
Vincent Calame : Tout d’abord, on ne peut que se réjouir qu’une structure aussi importante – un peu moins de 400 salariés – et aussi ancienne – 1937, excusez du peu – investisse du temps, de l’énergie et aussi de l’argent dans le logiciel libre. Pour toutes les personnes – j’en suis du nombre – qui essaient de convaincre des structures associatives ou militantes à utiliser du logiciel libre, c’est un exemple précieux à mettre en avant pour montrer que ce n’est pas une question réservée à un petit cercle d’initiés à l’informatique.
Ensuite, tout au long de l’émission, les différentes interventions fourmillent de pistes de réflexion et de sources d’inspiration. J’invite d’ailleurs les personnes intervenantes à me remplacer le temps de quelques chroniques car, en matière de « Jouons collectif », elles ont beaucoup de choses à dire et ont une expérience beaucoup plus riche que la mienne. On sent notamment cette touche « éducation populaire » dans la question de l’appropriation du logiciel libre par des publics très variés. Bref, je ne peux que vous inciter à la réécouter ou lire la transcription faite par Marie-Odile si le sujet vous tient à cœur, comme moi.
J’aimerais revenir plus particulièrement sur un point qui m’a frappé à l’écoute, c’est l’importance, dans le processus d’appropriation de cette question du logiciel libre par les CEMEA, du fait que les CEMEA ont soutenu le développement d’un logiciel libre. Ce dernier s’appelle Zourit et c’est une plateforme qui rassemble plusieurs logiciels de travail collaboratif. Jean-Luc Cazaillon a une phrase éclairante, je cite : « Pour moi, déjà, c’était fort de pouvoir se dire qu’au lieu d’acheter quelque chose on allait soutenir un développement porté par une association et que nous aussi on a contribué, qu’on contribue aujourd’hui, dans l’approche collective, à faire progresser cet outil-là ».
Étienne Gonnu : Ce qu’il conclut d’ailleurs par « Et ça, c’est génial ! ».
Vincent Calame : Oui. Tout à fait. On voit que nous sommes dans un cas qui va bien au-delà d’une simple migration où on remplace un logiciel privateur par un logiciel libre. La migration vers des logiciels et des systèmes libres est évidemment très importante mais, au fond, elle ne fait pas toucher du doigt l’aventure qu’est le développement d’un logiciel libre. Cette aventure ce n’est pas juste écrire du code, c’est prendre en main, tester, documenter, transmettre le logiciel, en un mot le faire vivre et le rendre utile pour le public auquel il est destiné. On sent, c’est en tout cas mon impression à l’écoute, que le développement d’un logiciel porté par les CEMEA leur a permis de démythifier l’enjeu, de l’incarner dans un objet concret, de rendre ces questions tangibles. Et cet apprentissage a facilité l’appropriation des autres logiciels libres utilisés. J’enfonce une porte ouverte en rappelant que c’est en faisant qu’on apprend le mieux. C’est aussi en faisant qu’on comprend mieux la valeur des choses et le temps nécessaire à leur élaboration. Pour prendre une petite image agricole, comme je les aime, « cultivez votre propre potager et vous vous rendrez compte que les fruits et légumes ne sont pas si chers que ça ». Oui, notamment car la terre est basse !
Morgane Péroche a une belle formule à propos de Zourit, je cite également : « Je souhaite que ça puisse perdurer dans le temps et que ça donne aussi envie à d’autres organisations de pouvoir créer par elles-mêmes leur propre progiciel, en tout cas de s’en donner les moyens. » Je ne peux que souscrire à cette formule. Bien sûr, se lancer dans une telle aventure n’est pas simple et il ne faut pas non plus réinventer la roue juste pour avoir son truc à soi. Mais, par exemple, écrire une extension pour un logiciel libre existant, qui répond à un besoin interne, faire l’effort de rendre cette extension libre et utilisable par d’autres dans des contextes différents, c’est déjà une très belle contribution et un bon moyen, pour une structure, de comprendre les enjeux d’une informatique libre.
Étienne Gonnu : Belle formulation, en effet, et un enjeu essentiel que tu soulèves dans ta chronique et qui résume bien, je trouve, un point politique essentiel lorsqu’on pousse pour une priorité qu logiciel libre dans les administrations comme le fait l’April. On nous oppose parfois une sorte de fausse neutralité qu’il faudrait avoir entre logiciel libre et logiciel privateur, qu’il ne faudrait comparer que sur une stricte base technique. Or non ! Une priorité au logiciel libre vise justement à sortir d’une posture purement consommatrice de logiciels pour rentrer dans une dynamique de contribution et de partage, que tu as bien évoquée, et qui est, en fait, beaucoup plus démocratique aussi.
En tout cas merci beaucoup Vincent pour cette super chronique et je te dis au mois prochain pour une nouvelle chronique.
Vincent Calame : Merci et merci à Marie-Odile pour la transcription. Quand on reprend une émission, on la réécoute, mais ensuite, quand on doit retrouver les passages, c’est super d’avoir le texte à disposition.
Étienne Gonnu : Je vais te rejoindre et remercier Marie-Odile qui fait vraiment un travail inestimable avec ses transcriptions.
Merci Vincent. À bientôt.
Vincent Calame : Merci. À bientôt.
Nous allons faire à présent une pause musicale.
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Étienne Gonnu : Je vous propose d’écouter une interprétation à la guitare électrique de L’été des Quatre saisons de Vivaldi réalisée par Daniel Bautista. On se retrouve juste après. Je vous souhaite une elle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : L’été - Les quatre saisons de Vivaldi, interprétation réalisée par Daniel Bautista.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Étienne Gonnu : Nous venons d’écouter une interprétation à la guitare électrique de L’été des Quatre saisons de Vivaldi réalisée par Daniel Bautista, disponible sous licence libre Creative Commnons Partage dans les mêmes conditions, CC By SA, qui permet la réutilisation, la modification, la diffusion, le partage de cette musique pour toute utilisation, y compris commerciale, à condition de créditer l’artiste, c’est-à-dire le nom, la source du fichier original, d’indiquer la licence et d’indiquer si des modifications ont été effectuées.
Juste avant la pause musicale nous remerciions Marie-Odile pour son travail sur les transcriptions. Occasion de rappeler pourquoi ce travail de transcription est aussi important. Déjà parce qu’il permet effectivement de faire de la recherche, parce qu’il permet l’indexation, parce qu’il permet l’accessibilité. C’est pour ça que pour nous c’est aussi important de transcrire l’intégralité des émissions Libre à vous !. C’est une manière de contribuer à l’April. Si vous avez envie d’aider un petit peu, vous pouvez nous contacter et proposer votre aide, pour transcrire, pour relire. Toute aide sera appréciée.
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Étienne Gonnu : Passons à présent à notre sujet principal.
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Politique logiciel libre d’Échirolles, lauréate d’un label niveau 4 et meilleure première candidature à l’édition 2021 du label Territoire Numérique Libre
Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte aujourd’hui sur la politique logiciel libre d’Échirolles, une commune de 37 000 habitants environ de la banlieue grenobloise. N’hésitez pas à participer à notre conversation sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
J’ai le plaisir de recevoir, via le logiciel libre d’audioconférence Mumble, Aurélien Farge qui est conseiller municipal délégué au développement du numérique, à l’informatique et aux logiciels libres de la ville, ainsi que Nicolas Vivant, directeur de la stratégie et de la culture numériques d’Échirolles.
Bonjour. Est-ce que vous êtes bien avec nous ?
Aurélien Farge : Bonjour. Oui.
Nicolas Vivant : Oui. Bonjour.
Étienne Gonnu : Je vous propose de commencer de manière très classique. Est-ce que vous pourriez vous présenter en quelques mots ainsi que la collectivité que vous représentez, pour laquelle vous travaillez respectivement. Aurélien Farge.
Aurélien Farge : Bonjour. Déjà merci de votre invitation pour cette émission.
Vous l’avez dit, la commune d’Échirolles est une commune qui est située au sud de l’agglomération grenobloise, une commune de 37 000 habitants, une commune de banlieue, certes, mais qui foisonne d’un dynamisme et d’une activité, c’est notamment le deuxième bassin d’emplois, le deuxième bassin économique de l’agglomération grenobloise et qui a également fort taux d’associations sur le territoire.
J’ai l’honneur d’être élu au développement du numérique, à l’informatique et aux logiciels libres sur ce mandat, dans la majorité du maire actuel Renzo Sulli.
Étienne Gonnu : Très bien. Merci. Nicolas Vivant.
Nicolas Vivant : Bonjour. Je suis le directeur de la stratégie et de la culture numériques de la ville d’Échirolles depuis le 1er février. Auparavant j’étais le directeur des systèmes d’information de la ville de Fontaine, également dans l’agglomération grenobloise.
Une de mes premières missions a été la rédaction d’un schéma directeur numérique comme un fil conducteur pour la durée du mandat pour ce qui concerne le numérique dans la ville.
Étienne Gonnu : On va revenir sur ce schéma directeur.
Vous avez dit 1er février, 1er févier 2021, du coup, effectivement, vous êtes arrivé récemment. Pour nos auditeurs et auditrices fidèles, vous avez mentionné votre ancien poste de DSI à Fontaine. Vous nous aviez déjà fait le plaisir d’intervenir dans Libre à vous ! en janvier 2020, on mettra, bien sûr, le lien en référence.
Avant qu’on rentre dans le dur de notre sujet, il y a une question que j’aime bien poser aux personnes qui interviennent dans Libre à vous ! : en une ou deux minutes chacun, qu’est-ce que le logiciel libre pour vous ? Comment définiriez-vous ce qu’est le logiciel libre ? Nicolas Vivant.
Nicolas Vivant : Pour moi qui suis plutôt, du coup, du côté technique de cette affaire, le logiciel libre c’est avant tout quelque chose qui marche, quelque chose que je n’ai pas toujours connu, que j’ai découvert justement en arrivant à la ville de Fontaine. Je dois avouer que ça a été une surprise de me rendre compte qu’en logiciel libre, que je connaissais quand même sur la partie serveurs, infrastructures – ça fait très longtemps que les logiciels libres sont utilisés sur la partie infrastructure des services informatiques –, y compris au niveau de l’interface utilisateur, il existait des outils, il existait des systèmes d’exploitation, il existait tout un tas de logiciels qui présentent des avantages que n’ont pas les logiciels propriétaires. Il y a évidemment l’avantage de la gratuité qui est, pour une collectivité territoriale, quelque chose d’important. Il ne faut pas oublier que les collectivités sont des centres de coût, nous ne sommes pas des entreprises privées, nous ne faisons pas de bénéfices, donc chaque coût évité est une opportunité de mettre en place un nouveau service sans impacter les gens au portefeuille. C’est évidemment un avantage et c’est d’ailleurs pour ça que j’ai toujours un peu de mal avec la phrase « le logiciel libre n’est pas gratuit », je crois que c’est quelque chose qu’il faut aussi revendiquer, en tout cas pour ce qui concerne les collectivités. Mais surtout je me suis rendu compte que ça fonctionnait très bien et qu’il y avait une dimension que j’avais complètement sous-estimée avant d’arriver à Fontaine qui est l’interopérabilité et la possibilité d’interfacer les différents logiciels, de les faire fonctionner sur n’importe quelle plateforme. Bref ! En fait, j’ai découvert un univers de liberté et d’autonomie, c’est-à-dire que j’ai réalisé qu’on pouvait assez facilement faire monter en compétences une équipe qui se retrouvait, du coup, à faire vraiment de l’informatique et pas de la gestion de contrats ou de la gestion de sous-traitants. C’est évidemment un plaisir partagé avec l’équipe quand on se retrouve à travailler sur des problématiques dont on a le sentiment qu’elles sont à la fois innovantes et utiles.
Pour moi le logiciel libre a été vraiment un univers. Ça a été, en même temps, une prise de conscience que s’il n’était pas plus massivement adopté, au-delà du fait qu’il n’y a ni publicité ni marketing autour du logiciel libre, c’est qu’il y a un changement culturel à opérer, c’est-à-dire qu’il faut que les gens prennent conscience des valeurs associées, mais surtout qu’ils prennent tout simplement conscience de l’existence des logiciels et de la façon dont on peut s’en emparer. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à réfléchir stratégie, comment on peut aider les gens à prendre conscience de ça. Pour moi le logiciel libre c’est cette richesse-là
Étienne Gonnu : Super. Merci beaucoup. Je pense que ça nous fait une très bonne introduction. Vous avez brossé plusieurs des sujets que nous pourrons aborder au cours de notre échange. Je vais quand même vous relancer un tout petit peu. Il me semble, de mémoire, vous allez pouvoir me corriger, quand nous avions échangé sur votre action à Fontaine, que vous n’étiez pas forcément libriste quand vous êtes arrivé DSI à Fontaine et que c’est justement vraiment à cette occasion, dans le cadre de ce poste, que vous aviez pris conscience de ce que vous venez de développer, si mes souvenirs sont bons.
Nicolas Vivant : Oui, tout à fait. Je suis aussi arrivé à un moment où notamment les distributions GNU/Linux, les logiciels, arrivaient à un niveau de maturité qui faisait qu’on pouvait s’en emparer quand même très facilement, là où le Libre, auparavant, souffrait encore un peu de cette image, en gros, de truc réservé aux ingénieurs.
Étienne Gonnu : Entendu. OK. On en avait parlé plus longuement dans cette émission de janvier 2020, du coup j’invite les personnes que ça intéresse et vraiment tout le monde à écouter cet échange. Je garde le souvenir d’un échange très intéressant.
Aurélien Farge, même question : en quelques mots c’est quoi, pour vous, le logiciel libre ?
Aurélien Farge : Avec ma casquette d’élu je dirais que pour moi et pour nous, collectivité d’Échirolles, le logiciel libre ce sont d’abord des valeurs qui sont communes, des valeurs qui sont partagées. On place notamment les valeurs d’éthique et de liberté très en avant au niveau de la ville d’Échirolles. Vous savez que les collectivités territoriales sont très attachées à leur liberté d’administration et cette valeur de liberté est partagée avec le logiciel libre.
Notre objectif c’est la qualité du service qui est rendu aux usagers, Nicolas l’a dit, ce que nous avons ce sont bien des usagers et des usagères, pas des clients, et nous sommes là pour répondre aux besoins de notre population à travers le service public. Ce service public fait aujourd’hui face à des situations qui sont de plus en plus complexes. Échirolles est une ville qui a un vrai dynamisme, une ville populaire qui rencontre parfois des situations sociales qui sont complexes, donc on a besoin d’avoir un service public qui s’adapte. Les outils qui sont au service de ce service public, si je peux m’exprimer ainsi, ont aussi besoin de s’adapter aux besoins de notre population et c’est une possibilité qui est offerte par le logiciel libre.
Ensuite, je dirais que le choix du logiciel libre est aussi, pour nous, une opportunité parce que, en tant que majorité politique, on y reviendra peut-être un petit peu plus tard, on porte un programme pour lequel on a été élu, sur lequel il y a des valeurs qui sont fortes, la transition écologique notamment, les transitions démocratiques, et, une fois encore, le logiciel libre répond et est en capacité de venir en soutien à cette volonté que nous avons au niveau politique dans le programme pour lequel nous avons été élus. C’est la raison pour laquelle nous avons fait le choix du logiciel libre sur notre commune, en tout cas nous avons soutenu ce choix depuis plusieurs années déjà.
Étienne Gonnu : Très bien. Merci beaucoup.
Du coup, à vos propos introductifs, on aura bien compris que ce n’est pas un hasard que nous vous ayons invités pour nous parler de l’engagement d’Échirolles pour le logiciel libre. Outre le parcours de Nicolas Vivant que nous avons mentionné, précisons qu’Échirolles a obtenu un label 4 sur 5 à l’édition 2021 du label Territoire Numérique Libre et la mention spéciale du jury pour son excellente première candidature, jury dont l’April est membre. J’ai représenté l’April dans ce jury, j’ai pu voir votre dossier, un excellent dossier de candidature, très fouillé, et de ce que j’ai pu voir c’est effectivement que cet engagement s’est particulièrement concrétisé en 2021 me semble-t-il. Du coup, pour commencer, j’aimerais voir avec vous le pourquoi de cet engagement, ce que vous avez commencé à développer, et comment il s’est construit, d’ailleurs j’ai bien l’impression qu’il est encore en construction.
Échirolles semble être une municipalité assez stable politiquement. Wikipédia me permet de voir que le maire actuel a été réélu en avril 2020, mais qu’il occupe effectivement cette fonction depuis 1999. Je ne sais pas, Aurélien, si vous êtes nouveau au conseil municipal, si vous étiez là dans les mandatures précédentes, j’aimerais savoir s’il y a eu un tournant en avril 2020 qui a fait qu’il y a eu une amplification vers le logiciel libre. Est-ce que c’est juste une concrétisation d’un travail antérieur, d’un engagement antérieur et là c’est un peu plus visible ? Qu’en est-il ? Et je vais juste peut-être, et je pense que ça va faire partie de la question, souligner que je trouve très intéressant l’intitulé de votre mandat parce que vous n’êtes pas juste conseiller municipal délégué au numérique, mais délégué au numérique, à l’informatique – déjà, en plus, il y a peut-être une distinction entre les deux, vous pourrez y revenir ou pas – et aux logiciels libres et je pense que ce n’est pas anodin que ce soit dedans. Qu’en est-il ? Est-ce que ça date d’avril 2020 ? Est-ce qu’il y a eu un changement ? Est-ce que c’est la continuité ? Pouvez-vous nous en dire plus s’il vous plaît ?
Aurélien Farge : Oui, bien sûr. Il se trouve que mon premier mandat a été le mandat 2014/2020. J’étais alors conseiller municipal délégué au développement du numérique. Effectivement, vous avez raison de le dire, sur ce premier mandat il n’y avait pas « informatique et logiciels libres ». Néanmoins on avait déjà, en 2014, signé en tant que collectivité la Charte du logiciel libre pour Échirolles, donc on s’engageait à faire la promotion, en tout cas à privilégier le choix des logiciels libres dès 2014. Du travail a déjà été fait pendant de mandat-là, un certain nombre de logiciels ont été installés, des logiciels ont été passés sur du Libre. Je sais que la téléphonie, par exemple, a été passée sur du Libre durant ce mandat-là. Un certain nombre de choses avaient été faites, néanmoins c’est vrai qu’à la fin du mandat 2014/2020 nous sommes arrivés à une réflexion selon laquelle il fallait qu’on ait une prise en considération beaucoup plus transversale. C’est la raison pour laquelle il y a eu, dans le nouveau mandat, cette distinction entre informatique et numérique. Je dirais que la création d’un poste de directeur de la stratégie numérique, c’est-à-dire un poste qui est en transversalité, n’est pas anodine non plus. Effectivement, l’informatique c’est ce qui est sous la DSI, par contre le numérique concerne, finalement, un peu tous les champs d’action d’une collectivité territoriale. Ça concerne bien évidemment l’éducation, ça concerne l’administration générale, ça va concerner la jeunesse, ça va concerner l’action sociale, etc. Et c’est la prise en considération de cette transversalité qui nous fait d’abord modifier la délégation qui m’est attribuée par le maire en développement du numérique, informatique et logiciels libres et ensuite qui nous fait choisir d’avoir un poste de directeur de la stratégie numérique, qui est occupé par Nicolas, dont le rôle, en plus d’avoir un lien privilégié avec l’informatique et les équipes, bien évidemment, c’est de travailler en transversalité avec l’ensemble des services de la ville pour cette prise en considération du numérique.
Étienne Gonnu : Super. Quand une collectivité décide de s’engager vers le Libre, on sait l’importance d’avoir une action conjointe et solidaire entre les instances élues et les agents opérationnels, pour dire les choses simplement ; c’est clairement ce qui se produit à Échirolles.
Du coup, concrètement, comment s’est passé le recrutement de Nicolas Vivant ? Vous l’avez directement sollicité ? Vous avez ouvert un poste et, Nicolas Vivant, vous avez vu cette proposition et elle vous a intéressé ? Comment ça s’est présenté ? Comme on l’a dit, on pourra y revenir très rapidement, Nicolas Vivant était effectivement DSI à Fontaine où il a fait une migration, a opéré un vrai engagement pour le logiciel libre. C’est quelque chose qui était connu, Fontaine avait beaucoup communiqué là-dessus, Fontaine était une référence de migration réussie, donc Nicolas Vivant avait peut-être un peu cette aura-là, j’imagine que ça a pu jouer. Pour revenir à ma question, comment s’est passé ce recrutement ? L’un ou l’autre, je ne sais pas qui souhaite évoquer ce passif. Aurélien Farge.
Aurélien Farge : Je peux répondre. C’est un recrutement qui s’est passé tout à fait classiquement dans la fonction publique, avec une ouverture de poste qui a été publiée, suivie d’un jury. Il se trouve que Nicolas a répondu à cet appel à candidature et correspondait finalement à ce que l’on souhaitait porter parce qu’il a su se positionner justement sur cette vision transversale du numérique qu’on attendait. C’était vraiment le premier point, parmi d’autres, qu’on attendait, cette capacité de porter une vision en transversalité, de savoir prendre un peu de hauteur sur le sujet pour pouvoir agir sur tous les leviers disponibles. Nous sommes très contents que Nicolas, qui est effectivement connu et reconnu, soit aujourd’hui dans notre collectivité. En tout cas ça a été une ouverture de poste et un recrutement assez classique par la collectivité.
Étienne Gonnu : D’accord. De votre côté, Nicolas Vivant, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans ce projet parce que, du coup, ce n’est plus le même métier, même si j’imagine qu’il y a des ponts entre DSI et directeur de la stratégie et de la culture numériques.
Nicolas Vivant : Ce que j’ai trouvé très intéressant dans ce poste, c’est justement qu’un travail avait été fait en transversalité au niveau des élus, une réflexion. Un groupe numérique d’élus, six ou sept élus, je ne sais plus exactement, s’était créé pour travailler spécifiquement sur cette problématique du numérique. Ça veut dire qu’il y a, depuis le début de ce mandat, un portage très fort de l’équipe des élus sur cette problématique-là.
Quand je quitte Fontaine, je quitte Fontaine après 12 ans parce que ça fait 12 ans et que j’ai envie de changer d’air, mais aussi parce que ce poste est une opportunité vraiment très intéressante et rejoint l’engagement qui est le mien sur la stratégie possible de déploiement des logiciels libres. Répondre à ce travail en transversalité qui avait été fait par les élus, avec un travail en transversalité réalisé par les services, me semblait être quelque chose d’efficace pour travailler sur du numérique libre de façon un peu innovante et d’y aller quoi ! Donc j’ai trouvé ça vraiment passionnant.
Quand je suis arrivé Aurélien Farge et les autres élus venaient de finaliser une feuille de route avec des orientations politiques, un document de six ou sept pages qui était parfaitement positionné, c’est-à-dire qui se positionnait vraiment en termes de valeurs, en termes de priorités au niveau politique. Donc ça a été agréable d’arriver dans un environnement avec des orientations déjà très bien définies et ça a facilité, évidemment, la déclinaison opérationnelle de ces orientations.
Étienne Gonnu : OK. Du coup vous devancez ma question suivante. Vous êtes arrivé en février 2020, je voulais avoir un petit peu l’état des lieux vous faisiez en 2020. Déjà, vous aviez l’air tout à fait aligné sur le projet politique, j’imagine que ça a pu vous inciter d’autant plus à chercher à obtenir ce poste. Du coup techniquement, où en était la ville d’Échirolles d’un point de vue DSI par rapport au logiciel libre ? Et, par ailleurs, parce que c’est aussi vers ça que se tourne notre conversation, vous mentionnez le schéma directeur sur lequel vous avez pu, j’imagine, travailler dès votre arrivée, comment le schéma directeur s’est-il construit à partir de là ?
Nicolas Vivant : Le schéma directeur est la résultante de trois choses, de ces orientations politiques, cette feuille de route qui avait été formalisée par les élus, mais aussi par un travail qui avait été lancé en septembre 2020 et réalisé par un cabinet extérieur sur le numérique dans la ville et qui avait, là aussi, donné un certain nombre d’orientations possibles, qui avait soulevé un certain nombre de problématiques. Je pense notamment à la problématique de la fracture numérique en interne qui est quelque chose qui est rarement mis en avant dans ce genre d’étude. On connaît la problématique de la fracture numérique avec, en gros, 10 % d’illectronisme qu’on retrouve un peu partout, Échirolles n’échappait pas à ce constat. Mais il y avait, en plus, un travail fait en interne au niveau des agents et tout ça qui m’a paru très intéressant.
Donc le schéma directeur repose sur trois piliers : ces orientations politiques, ce rapport réalisé par un cabinet et puis un périmètre défini par la direction générale des services qui nous demandait de travailler aussi bien à destination des usagers, des habitants, des partenaires économiques, des partenaires associatifs et puis, évidemment, en interne.
Voilà mes trois piliers. Un périmètre très bien défini par la DG, des orientations politiques claires et un bilan du numérique dans la ville. C’est de ça que je suis parti pour réaliser ce travail qui a d’ailleurs été validé à l’unanimité des conseillers municipaux, début novembre en conseil municipal.
Étienne Gonnu : Très bien. Ce qu’est un schéma directeur peut nous paraître évident, ça ne l’est peut-être pas tant que ça. Est-ce qu’on peut détailler ce qu’est un schéma directeur, la place que ça occupe en termes de politique publique au niveau des collectivités ? Et, finalement, quelle est l’importance, pourquoi c’est important de formaliser une politique publique, notamment une politique publique tournée vers le logiciel libre, dans ce genre de document ? Aurélien Farge.
Aurélien Farge : Je peux donner quelques éléments. Un schéma directeur c’est, en fait, un plan d’action que l’on définit pour les prochaines années. Nicolas a déjà donné quelques éléments en disant qu’il y avait des orientations politiques qui sont fixées dedans. Il s’agit de grandes orientations, mais également d’un périmètre d’action qui a été défini. II s’agit, si vous voulez, à la fois d’allier des grands axes de travail sur lesquels on souhaite aller et des actions qui sont extrêmement concrètes.
Ce schéma directeur contient effectivement la question des logiciels libres et l’engagement que l’on a autour des logiciels libres, mais il est plus large que ça. Il prévoit également un plan d’action de lutte contre les fractures numériques, que ce soit à destination de nos habitants et habitantes ou que ce soit dans le cas des agents et agentes du service public qui peuvent la rencontrer parfois. Il prévoit également des actions à destination des associations, c’est notamment le cas d’un site web gratuit qui a été proposé récemment aux associations échirolloises à travers l’outil WordPress. Il prévoit les actions que l’on souhaite mener notamment dans le cadre de la transition énergétique avec la question de la sobriété énergétique des équipements que l’on utilise mais, plus largement, comment le numérique est en capacité d’accompagner ces transitions-là. Il prévoit aussi des actions – je ne vais pas toutes les faire, le document est assez conséquent – dans le cadre de la transition démocratique et du renforcement de la participation citoyenne locale que nous avons intitulée La Fabrique citoyenne sur Échirolles.
C’est un document qui est très complet, qui part d’un état des lieux, d’orientations politiques, de grands axes de travail et qui décline sur plusieurs années l’orientation et le travail que l’on souhaite mener en matière de numérique, d’informatique, de logiciels libres sur tous ces sujets-là.
Je dirais que c’est extrêmement important. C’était d’abord, pour nous, un enjeu démocratique donc il a été présenté en conseil municipal, et Nicolas a dit qu’il avait été effectivement voté à l’unanimité, ce dont on se réjouit bien évidemment. Le travail a d’abord été démocratique, c’est-à-dire que l’ensemble du travail que l’on va mener sur la thématique du numérique a été partagé publiquement avec l’ensemble des conseillers municipaux mais également à destination de la population, parce que tout conseil municipal est retransmis en direct à la ville d’Échirolles. Ensuite c’est un enjeu parce que ça permet, finalement, à tout le monde de savoir où on va. Du coup les services le connaissent, les agents et agentes savent quels sont les objectifs pour les prochaines années, les élus savent quels sont ces objectifs-là et ça permet aussi de rendre compte à la population en disant « nous sommes partis de tel point et nous sommes arrivés ici. Voilà ce qu’on avait décidé d’effectuer sur ce mandat et voilà où on en est aujourd’hui. »
Voilà un peu les éléments que je peux donner sur ce qu’est le schéma directeur du numérique à Échirolles, étant entendu que des schémas directeurs peuvent être faits sur d’autres sujets d’intervention des collectivités territoriales.
Étienne Gonnu : Super. Merci, c’est très clair.
Avant qu’on rentre justement un peu plus dans les détails de ce qui a pu être fait en interne, à destination aussi des usagers et des usagères, des habitantes et habitants d’Échirolles, je vous propose de faire une courte pause musicale.
Nous allons écouter Essaouira par Amine Maxwell. On se retrouve dans un peu moins de deux minutes. Je vous souhaite une très belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Essaouira par Amine Maxwell.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Nous venons d’écouter Essaouira par Amine Maxwell, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By 3.0. Vous pouvez retrouver une présentation de l’artiste et du morceau sur le site auboutdufil.com. Je vais en profiter pour remercier ce site qui nous permet de faire énormément de découvertes musicales libres et qui est d’une grande aide pour préparer Libre à vous !. Je vous invite fortement à aller faire un tour sur auboutdufil.com
[Jingle]
Étienne Gonnu : Nous allons poursuivre notre discussion avec Nicolas Vivant, directeur de la stratégie et de la culture numériques d’Échirolles et Aurélien Farge qui est conseiller municipal délégué au développement du numérique, à l’informatique et aux logiciels libres de la ville.
N’hésitez pas à participer à notre conversation sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton « chat ».
Aurélien Farge et Nicolas Vivant nous présentaient les motivations politiques de l’engagement d’Échirolles pour le logiciel libre ainsi que le schéma directeur de la ville qui a été voté en novembre 2021, qui pose les bases de cet engagement.
Je vous propose de rentrer un peu dans les détails de ce qu’Échirolles est en train de mettre en place. Peut-être commencer, du coup, au niveau des équipes techniques qui sont, j’imagine, les premiers acteurs et actrices de la concrétisation de ce plan d’action.
Quelle était la situation en 2021, quelle est-elle maintenant et quels sont les projets en termes tout simplement d’infrastructures techniques, que ce soit au niveau des serveurs, au niveau des postes de travail et au niveau de la culture logiciel libre, on va dire, au sein des équipes techniques ? Sont-elles tout à fait convaincues par le logiciel libre ? Est-ce qu’il faut encore travailler là-dessus ? Que pouvez-vous nous en dire ? Nicolas Vivant peut-être.
Nicolas Vivant : Il y a avait un certain nombre de choses qui avaient déjà été faites quand je suis arrivé. La téléphonie était passée sur une solution XiVO, la messagerie était passée sur une solution BlueMind, donc il y avait déjà un certain nombre de choses qui avaient été faites.
Ce que j’ai essayé d’apporter et ce que j’essaye toujours d’apporter ce sont deux choses, à la fois une méthodologie, une façon de procéder et, en même temps, un changement culturel à opérer quand même dans le service informatique. Il y a une problématique, dont on parle quand même rarement, qui est la problématique de la formation. La plupart de nos informaticiens sont biberonnés au logiciel propriétaire, donc le changement culturel n’est pas seulement à opérer au niveau de nos agents et de notre population mais également au niveau du service informatique. C’est un changement culturel donc ça passe par une approche très progressive et très douce.
Il faut bien réaliser que personne n’a jamais réclamé les logiciels propriétaires et personne n’a jamais mis en avant le fait que son logiciel de messagerie ou que son serveur de fichiers c’est un serveur Microsoft. On ne met pas en avant ce genre de chose. La force des logiciels propriétaires c’est qu’ils ont réussi à s’imposer comme une évidence. Annuaire informatique, aujourd’hui, c’est quasiment synonyme d’Active Directory dans l’esprit des gens et ce n’est pas passé par de la publicité à la télévision. Nos informaticiens ont été formés comme ça et passer au-delà de ça c’est quelque chose qui nécessite de faire tomber un certain nombre de barrières, de faire preuve de curiosité.
L’objectif c’est d’abord que les gens puissent bosser et qu’ils puissent bosser efficacement évidemment. Quand on a une demande d’un service pour un nouveau besoin informatique, la façon qu’on a de la prendre en compte c’est de se dire est-ce que j’ai déjà un logiciel en interne qui permet de répondre à cette demande ? Si oui, évidemment, on va l’utiliser. Sinon est-ce qu’un logiciel libre permet de répondre à ce besoin ? Et s’il n’y a pas de logiciel libre qui permet de répondre à ce besoin est-ce qu’un logiciel propriétaire permet de répondre à ce besoin et si aucun logiciel ne permet de répondre à ce besoin spécifique alors on envisage un développement en interne. C’est un exemple de méthodologie pour la prise en compte, par exemple, de demandes de nouveaux logiciels.
Sur le déploiement des postes clients, même chose, c’est quelque chose qu’on fait très progressivement avec une méthodologie que j’avais déjà mise en œuvre à Fontaine et qui n’a pas trop mal fonctionné. Progressivement à la fois parce que c’est un changement culturel à opérer au niveau des agents mais aussi parce que, au sein du service informatique, il faut qu’on prenne le temps de monter en compétences sur la distribution GNU/Linux qu’on déploie, que tout ça se fasse sans à-coups et en minimisant les efforts de formation nécessaires.
Étienne Gonnu : Très bien. Deux questions se croisent dans mon esprit. Vous avez abordé la question de la commande publique qui me paraît effectivement importante, on y reviendra peut-être après. Je vais juste mentionner que vous avez cité, et peut-être que vous le ferez encore, des outils comme XiVO, comme BlueMind. Pour les personnes que ça intéresse on mettra les références sur le site, n’ayez pas d’inquiétude par rapport à ça.
Du coup ça évolue, j’imagine que la culture libriste se développe au sein des agents. En dehors des équipes techniques, qu’en est-il un peu de la réception de ce qu’est le logiciel libre plus globalement pour les agents de la municipalité ?
Aurélien Farge : On est vraiment au tout du début du passage.
Étienne Gonnu : Il faut rappeler que le schéma directeur date de novembre 2021, j’imagine que vous entamez vraiment le travail.
Nicolas Vivant : C’est ça. Sur la partie logiciel les gens ne mesurent pas vraiment, ils ne font pas vraiment la différence entre un logiciel propriétaire et un logiciel libre en réalité, ils s’attachent au service rendu par le logiciel. C’est vraiment une préoccupation que nous avons en interne mais à laquelle les gens s’intéressent peu. En fait, ce n’est pas un sujet pour eux.
En revanche, sur le poste client, les choses sont un petit peu différentes, d’où l’importance de travailler sur le déploiement d’une distribution qui minimise le changement pour les gens. En fait, il faut que pour les gens la différence ne soit pas évidente entre l’avant GNU/Linux et l’après GNU/Linux. Si vous voulez l’objectif, ce que je disais tout à l’heure, c’est que GNU/Linux devienne une évidence comme Windows est devenu une évidence pour les gens. J’étais très heureux à Fontaine quand les utilisateurs qui appelaient le service informatique, qu’on leur demandait s’ils étaient sous Windows ou sous GNU/Linux, ne savaient pas répondre. C’est un motif de fierté pour moi parce que ça veut dire que le travail de mise en place de GNU/Linux avait été correctement effectué, les gens ne savaient pas s’ils étaient sous GNU/Linux ou sous Windows et c’est très bien comme ça ! Un changement culturel n’est pas quelque chose qui s’opère à coups de communication et de revendications. C’est quelque chose qui doit s’opérer tranquillement, lentement et efficacement. Quand vous avez une machine qui fonctionne, qu’elle répond à votre besoin, vous ne vous posez pas la question de la machine sur laquelle vous êtes.
Donc la stratégie de déploiement de GNU/Linux, qu’on a démarrée ici au mois de septembre, est passée typiquement d’abord par une appropriation par le service informatique d’une distribution qui nous semblait la mieux adaptée pour s’intégrer dans notre système d’information tel qu’il est, qui permettait à la fois de s’adapter à un environnement hybride – quand je dis hybride ça veut dire à la fois avec du Microsoft et du GNU/Linux parce que c’est une migration qui prend du temps et il faut que pendant toute cette période de migration les choses se passent sans difficultés. Ensuite il y a le travail sur l’ergonomie, sur l’intégration dans le système d’information, avant de partir sur une phase de tests avec un certain nombre d’utilisateurs choisis et volontaires, c’est la phase dans laquelle on est ce moment. Là on est vraiment dans une phase de bêta-test et de perfection de notre distribution pour s’assurer que toutes les problématiques sont bien prises en compte. Et puis on va entamer, premier trimestre 2022, donc très bientôt, un appel à volontariat pour que les gens en interne, qui souhaitent passer sous GNU/Linux, puissent le faire et qu’ils aient un niveau de support qui soit équivalent à celui qu’on pouvait fournir sur les postes clients jusqu’à maintenant.
Cette approche très douce permet à l’équipe de monter en compétences et permet à GNU/Linux de rentrer dans le paysage, dans la ville, sans à-coups. Il y a des postes GNU/Linux qui vont naître, sur lesquels les gens vont travailler, ce ne sera un problème pour personne. Ça va naître dans le paysage et l’objectif c’est vraiment que GNU/Linux devienne un sujet, dans un premier temps, pour qu’à la fin ce ne soit plus un sujet.
Étienne Gonnu : C’est intéressant ce point sur la transparence de l’outil qui doit presque être indifférent tant qu’il répond au besoin. Du coup, y a-t-il une compréhension sur le pourquoi du changement ? Est-ce qu’il y a une compréhension des motivations de ce changement ou est-il remis en cause ?
Nicolas Vivant : Ce qui est important c’est de pouvoir répondre à la question si elle nous est posée. Si on nous pose la question de pourquoi le changement de pouvoir y répondre, mais, en fait, on nous pose très rarement la question.
Étienne Gonnu : Parce que le changement est bien et, comme vous l’évoquiez, ça n’empêche pas le travail.
Nicolas Vivant : Oui et je suis attaché au fait qu’il y a un petit plus pour les gens qui passent sous GNU/Linux, qu’ils aient accès à un certain nombre de fonctionnalités, de petits outils ou de gadgets qui ne sont pas forcément disponibles sur Windows. Ça joue aussi beaucoup dans le choix des gens. L’ergonomie est simple, l’interface est belle et je peux faire des choses que mon voisin sous Windows ne peut pas faire. C’est un facteur déterminant plus que le choix des valeurs. Le choix des valeurs c’est ce qui porte le projet globalement. Évidemment, quand on nous pose la question on est capable d’y répondre, mais ce n’est pas avec des valeurs qu’on convainc des gens. Les gens disent « ça a très bien marché jusqu’à maintenant pourquoi changer ? » Pourquoi changer ? Parce qu’on vous propose quelque chose de mieux ! Microsoft n‘a pas mis en avant les valeurs du capitalisme pour vendre Windows. Il a mis en avant les fonctionnalités. C’est ce qu’on fait ! Un changement culturel s’opère comme ça, en s’appuyant sur ce que les gens attendent et pas sur la volonté politique qui sous-tend le changement.
Étienne Gonnu : C’est vrai qu’une chose qu’on met beaucoup en avant avec le logiciel libre c’est que , structurellement, il permet de s’adapter au mieux et au plus près des besoins des personnes, aux besoins de travail des personnes qui sont finalement les plus à même de connaître leurs besoins et de les définir. Est-ce que vous êtes aussi dans cette optique, peut-être plus à moyen/long terme, je ne sais pas, de former les agents et agentes publics pour qu’ils sachent et qu’ils soient plus en mesure de mieux exprimer leurs besoins en termes d’adaptation des outils, etc. ? Est-ce que c’est quelque chose qui est dans votre approche, dans votre procédure ?
Nicolas Vivant : Pas particulièrement sur les postes clients. Sur les postes clients l’objectif c’est vraiment de minimiser l’effort de formation. Une bonne gestion du changement, encore une fois, c’est, autant que possible, le truc le plus transparent possible. Montrer un terminal GNU/Linux à un utilisateur, c’est exactement la même chose que lui montrer les lignes de commande sur Windows, pour lui c’est un truc d’informaticien, ça ne l’intéresse pas du tout. Il n’y a pas d’effort particulier de formation sur le passage à GNU/Linux. Par contre, ça nécessite un gros travail en amont. Pour ne pas avoir à fournir cet effort-là ça veut dire qu’il faut qu’on soit à l’écoute de nos utilisateurs et que ce qu’on leur propose corresponde parfaitement leurs besoins. À ce moment-là il y a quelques petites subtilités sur lesquelles on insiste au moment de la remise du poste, mais pas au-delà.
Étienne Gonnu : Je voudrais souligner – vous n’êtes pas obligés de réagir mais, si vous le souhaitez, bien sûr faites-le – quelque chose que j’ai trouvé vraiment intéressant et remarquable à Échirolles. On parlait du Territoire Numérique Libre et de votre dossier de candidature, vous avez une action sur le poste de travail, mais vous intégrez aussi, vous n’avez pas négligé les systèmes d’exploitation. Souvent on a l’impression que ce travail sur la migration des systèmes d’exploitation est absent, d’autant que c’est moins facile, j’imagine, comme changement, mais cela me semble quelque chose d’important. C’est effectivement sur l’ensemble du poste de travail et pas seulement sur certains logiciels, qu’ils soient métiers ou plus généraux, qu’il faut agir.
Nicolas Vivant : Oui. En fait, ça se fait d’autant plus facilement qu’on a commencé à travailler sur les logiciels. Quand votre navigateur par défaut c’est Firefox, que votre client de messagerie par défaut c’est Thunderbird, que votre logiciel de bureautique par défaut c’est LibreOffice, le passage à GNU/Linux est quasiment transparent puisque les gens retrouvent les outils auxquels ils sont habitués. Et si l’interface graphique reste proche de celle qu’ils ont connue c’est quelque chose qui se passe bien.
S’il fallait tout changer d’un coup, si on passait d’un coup de Microsoft Office à LibreOffice, de Edge à Firefox et, en même temps, si on changeait de système d’exploitation, ce serait problématique. Le système d’exploitation c’est vraiment ce qu’il faut changer en dernier. Le travail était déjà fait à Échirolles, mais si je devais repartir de zéro dans une commune qui repose entièrement sur des logiciels propriétaires, je commencerais d’abord par travailler sur les logiciels bureautiques avant de changer le système d’exploitation.
Étienne Gonnu : D’où la démarche progressive que vous évoquiez.
Je vois aussi que vous avez pas mal recruté en interne, j’imagine pour porter et concrétiser le schéma directeur. J’avais une question d’un fidèle auditeur de l’émission qui demande comment on recrute des libristes – j’ai l’impression que c’est aussi une problématique qui s’est posée, comment faire venir des talents, des personnes qui connaissent aussi le monde du Libre et qui sont capables d’agir – donc comment recrute-t-on des libristes ? Il demande aussi, à l’inverse, « quels conseils pour des libristes qui cherchent à être embauchés notamment dans des collectivités qui œuvrent pour le Libre ? ». Il me semble d’ailleurs que vous cherchez à recruter un DSI, si je ne me trompe pas.
Nicolas Vivant : Le passage au Libre dans une commune est un projet qui va bien au-delà du service informatique, donc le recrutement tient évidemment une part importante, c’est un point sur lequel il faut être particulièrement vigilant. Ça passe évidemment par un travail avec la direction des ressources humaines et par une réécriture ou une petite modification des profils de poste pour s’assurer que l’appétence pour les logiciels libres fait partie des critères d’un recrutement. C’est la première chose. La deuxième chose c’est évidemment de communiquer sur ce que fait la commune. On n’est pas non plus dans un milieu gigantesque et les gens savent qu’en postulant à Échirolles ou à Fontaine on va être particulièrement attentifs sur les compétences qu’ils ont pu développer sur les logiciels libres. C’est quelque chose qui se fait assez naturellement. Je suis assez attentif.
Sur le poste de DSI dont vous parliez, qui est ouvert jusqu’au 4 février dans la commune, on a fait apparaître clairement, dans les priorités, l’appétence du candidat pour les logiciels libres, ça fait effectivement partie des critères. Si on est face à quelqu’un qui n’a aucune compétence là-dedans, toutes choses égales par ailleurs, on lui préférera quelqu’un qui a déjà une expérience sur les logiciels libres ; c’est quelque chose qui se fait assez naturellement.
Après, ce sont des postes qui sont assez attrayants. Généralement, qui dit logiciel libre dit justement autonomie, dit travail de réflexion sur la mise en place des logiciels et tout ça et c’est quelque chose qui est plutôt attirant pour un informaticien. La plupart des informaticiens préfèrent travailler sur ce type de problématique que sur de la gestion de contrats.
Étienne Gonnu : Oui, on s’en doute. Mon collègue dit souvent que le logiciel libre permet le plus d’exprimer de la créativité et de l’intelligence par rapport à des logiciels qui, effectivement, restreignent, que ce soit par des contrats ou par un cadre technique beaucoup plus rigide. Donc oui, j’imagine que c’est beaucoup plus stimulant comme poste.
Sauf si vous avez des choses à compléter, je vous propose de passer sur un autre pilier que vous aviez mentionné qui est plutôt tourné vers les citoyens et les citoyennes d’Échirolles et la politique publique qui leur est destinée par rapport aux libertés informatiques. Aurélien Farge, peut-être, qu’auriez-vous à nous dire là-dessus ?
Aurélien Farge : Je peux vous dire pas mal de choses. Il faut savoir qu’à Échirolles on est porteurs, depuis le début de ce mandat, d’une démarche qu’on a surnommée La Fabrique citoyenne. La Fabrique citoyenne c’est quoi ? C’est la volonté que l’on a de donner un coup d’accélérateur à la participation citoyenne locale. On a une histoire de participation citoyenne, de démocratie participative, néanmoins, tous les schémas de participation citoyenne ont besoin d’être constamment réinventés pour permettre la participation du plus grand nombre et la situation sanitaire qu’on a traversée n’a pas aidé à ce niveau-là. Le numérique est complètement inscrit dans cette Fabrique citoyenne sur Échirolles comme accompagnateur, finalement, de la démocratie participative, parce qu’il est effectivement en capacité de fournir des outils. Je donne un seul exemple, la retransmission en direct du conseil municipal, la possibilité de faire des retransmissions en direct via notre serveur PeerTube qui a été mis en place par les équipes, mais ça peut aller du simple sondage, de la consultation, à des choses qui sont beaucoup plus complexes. Le numérique s’inscrit également dans cette Fabrique citoyenne dans ce que l’on appelle la mise en débat du numérique auprès des citoyennes et des citoyens. On l’inclut un petit peu aussi dans ce qu’on appelle l’inclusion numérique, donc la lutte contre la fracture numérique, parce qu’on sait que le numérique pose aujourd’hui des débats et des questions qui sont dans la société que ce soit sur la question de la protection des données, que ce soit sur la question du libre consentement. Tous ces sujets-là sont, finalement, des sujets qui peuvent être parfois assez complexes, en tout cas qui touchent le quotidien de nos habitantes et de nos habitants. On a décidé sur la durée de ce mandat, et ça figure dans le schéma directeur du numérique, de mettre ce numérique en débat à travers notamment l’organisation de conférences sur le territoire.
Il y en a déjà eu puisqu’on a organisé, modestement, une semaine du numérique sur Échirolles au cours de laquelle on a eu un débat sur la question des logiciels libres, on en a eu un sur la question de l’empreinte écologique du numérique, on en a eu sur les questions d’obsolescence programmée avec des intervenants. On souhaite mettre ces sujets-là en débat pendant toute la durée du mandat, organiser à nouveau des conférences avec des intervenants, des experts et des personnes qui sont un peu référentes sur certains sujets, mais également avec la participation des citoyennes et des citoyens.
J’ajoute par ailleurs que, dans ce travail-là, on a recruté notamment quatre conseillers et conseillères numériques, qui agissent au quotidien dans les équipements de la ville, que ce soit les bibliothèques, les Maisons des habitants dans les quartiers, dans tous les équipements ou événements qui sont organisés par la ville, au contact des citoyens pour lutter contre cette fracture numérique. Ça passe parfois, d’un côté, par de l’accompagnement à l’utilisation – j’ai envie de dire que c’est la partie un peu évidente –, mais ça passe par beaucoup d’autres actions et, par exemple, par de la sensibilisation par rapport à un certain nombre de questions, notamment la question de la protection des données et la question du consentement.
Je dirais que la question démocratique du numérique est extrêmement prégnante pour nous. On essaye de la prendre par tous les leviers en même temps, que ce soit au niveau institutionnel, que ce soit auprès des habitants. Le numérique est à la fois un accompagnement pour plus de démocratie locale, mais aussi un sujet de discussion en tant que tel.
Étienne Gonnu : C’est intéressant, c’est presque à l’opposé de ce qui se fait habituellement. On voit, dans les pratiques internes, une volonté de transparence des outils. On voit clairement, à destination des citoyens et des citoyennes, une vraie volonté d’en faire l’objet politique que c‘est en réalité ; on voit tous les enjeux importants que ça peut représenter.
Quel est l’accueil fait par la population ? Ça marche, pour dire les choses très prosaïquement, ou c’est encore naissant ?
Nicolas Vivant : Si je peux dire simplement un mot sur les conseillers numériques pour compléter. Ce qui est très intéressant dans la façon dont les choses sont organisées ici c’est que ces quatre conseillers numériques qui interviennent dans les bibliothèques qui dépendent de la direction des affaires culturelles, à la Maison des associations qui dépend de la vie associative, dans les Maisons des habitants qui dépendent du CCAS [Centre communal d’action sociale], sont rattachés, en fait, à la direction de la stratégie numérique. Ça veut dire que ces quatre conseillers numériques sont porteurs de ce schéma directeur qui a été voté début novembre, qu’ils le connaissent très bien, auquel ils ont été formés dès leur arrivée. Donc même s’ils répondent en priorité aux besoins, typiquement dans les Maisons des habitants, autour de l’accès aux droits, ça peut être des problématiques autour de la lecture dans les bibliothèques et tout ça, ils sont porteurs de ces orientations-là. Donc, quand ils vont proposer des outils aux habitants, ils vont plutôt proposer des logiciels libres parce qu’ils s’inscrivent dans ce schéma directeur. C’est très intéressant et ça montre tout l’intérêt de travailler en transversalité. C’est-à-dire que le rayonnement n’est pas simplement limité à l’interne, mais il touche y compris les citoyens et les citoyennes et les associations puisqu’on propose, typiquement, une aide à la création de sites web pour nos associations. Les sites web reposent sur WordPress, on explique que c’est un logiciel libre. Bref ! On essaie à la fois de coordonner les actions pour s’assurer qu’on est bien présents sur le territoire et qu’on est aussi efficaces que possible et, en même temps, d’être dans une cohérence globale sur l’approche qu’on peut avoir, que ce soit au niveau des agents, des citoyens ou des associations.
Étienne Gonnu : Dans ce que vous nous dites on sent qu’à Échirolles, du moins, c’est vraiment compris comme relevant de la mission de service public de la municipalité que de permettre aux habitants et aux habitantes de s’émanciper aussi du point de vue de leurs outils numériques, d’en devenir davantage maîtres, de devenir davantage souverains et souveraines sur leurs technologies. On sait que l’importance de la liberté passe par les outils informatiques donc l’enjeu d’avoir des libertés informatiques est d’autant important. Je trouve intéressant cet engagement de la ville et assez rapidement, finalement, après la mise en œuvre du schéma directeur, d’être acteur, de se donner cette mission, de faciliter cette émancipation. Vous avez évoqué PeerTube qui est un projet logiciel libre porté notamment par l’association Framasoft, qui se veut une alternative, et plus encore finalement, à YouTube, qui permet notamment la diffusion vidéo. Ça pourrait presque paraître secondaire mais, en fait, c’est très important d’avoir dès le départ ce genre d’alternatives et de les mettre en œuvre. Je trouve que c’est aussi révélateur du sérieux, finalement, avec lequel vous menez vos politiques publiques.
Je vois que le temps avance. En introduction vous faisiez beaucoup de parallèles avec le fait que cette politique publique vers le logiciel libre s’intègre plus globalement dans un souci aussi d’une action pour plus de justice sociale, pour une meilleure prise des enjeux environnementaux. Peut-être voir à nouveau, et ça permettra de boucler notre conversation, quel lien vous faites entre logiciel libre et enjeux environnementaux, entre logiciel libre et justice sociale ? Finalement faire une synthèse de ce que vous avez pu évoquer par-ci par-là dans notre échange. Aurélien Farge.
Aurélien Farge : Je peux dire quelques mots. Effectivement les questions que l’on porte de justice sociale, de l’action sociale en général ou de ce qu’on appelle les transitions, qu’elles soient démocratiques ou énergétiques, sont extrêmement importantes. C’est ce que je disais effectivement au début : le logiciel libre est pour nous l’outil qui nous semble le plus à même, finalement, de nous permettre de répondre à ces enjeux-là.
J’ai déjà détaillé un petit peu sur la question démocratique et on voit bien comment le logiciel libre peut accompagner là-dessus.
Sur la question environnementale, ne serait-ce que la possibilité de pouvoir lutter contre l’obsolescence programmée, de pouvoir utiliser des machines et des PC qui sont un peu plus âgés parce qu’on peut installer dessus un système d’exploitation un peu plus léger, etc. Je vais faire un parallèle avec le passage un peu forcé à Windows 11 que certains ont pu connaître récemment, c’est aussi quelque chose d’assez concret, finalement, sur la question environnementale et notamment dans la lutte contre l’obsolescence programmée. On pourrait dire que c’est une petite chose, mais j’ai envie de dire que c’est assez représentatif de pourquoi le logiciel libre nous permet d’accompagner.
La question environnementale est très importante pour nous, majorité municipale à Échirolles, on la porte sur tous les sujets et de façon complètement transversale. Il n’était pas question, pour le numérique, de passer à côté de cette question-là, d’abord parce qu’il a une responsabilité notamment dans la consommation énergétique et dans les rejets de CO2. Que faire le choix d’héberger dans nos propres serveurs d’abord ou dans des serveurs qui sont localisés en France, ce n’est pas un choix anodin par exemple en termes d’empreinte énergétique. On a d’abord une responsabilité dans les choix qu’on fait, dans les choix en termes de matériel, je pense notamment aux smartphones, je pense notamment dans la réutilisation des outils.
Ensuite, l’action du numérique dans la transition énergétique c’est aussi, pour nous, ce qu’on appelle communément l’accompagnement au changement des pratiques. Vous avez des initiatives citoyennes sur le territoire échirollois qui émergent, notamment un groupe qui s’appelle « Je donne sur Échirolles », qui permet de s’échanger, tout simplement, des objets dont on n’a plus l’utilité, qui sont encore parfaitement fonctionnels, qui peuvent être échangé avec son voisin. Ce groupe-là, finalement, fonctionne via les outils numériques. C’est un exemple, il y en a d’autres, et nous souhaitons que notre action, en termes de numérique, puisse accompagner ce changement des pratiques.
Je pourrais donner d’autres exemples, par exemple la question des repair cafés : comment on peut lutter contre l’obsolescence programmée en accompagnement à la réparation des objets, c’est quelque chose que l’on souhaite accompagner fortement sur la durée de ce mandat ou sur le choix qui est fait, dans notre matériel, d’objets qui sont réparables ou qui bénéficient d’un certain nombre de labels, d’un indice de réparabilité afin de ne pas avoir à renouveler systématiquement.
Pour ce qui est de la question sociale, on l’a portée, effectivement, sous l’angle de l’inclusion numérique. Échirolles est une ville qui connaît des quartiers populaires. Il faut savoir qu’en France le non-recours, notamment aux prestations sociales dont les gens peuvent bénéficier, est plus important que le chiffre de la fraude qu’on a tendance à nous mettre en permanence en avant. Cette question du non-recours est extrêmement importante dans l’action sociale parce que ce sont des droits que les gens ont et dont ils ne bénéficient pas, souvent c’est parce qu’il y a un certain nombre de démarches qui doivent se faire maintenant obligatoirement en ligne. Je vais vous donner un exemple qui est tout bête concernant deux services publics d’État sur le territoire échirollois : un qui est en train de fermer, c’est la trésorerie, et un qui est en train de réduire son offre au public, c‘est la poste. Ce sont des lieux de démarches qui sont extrêmement importants pour les habitants et habitantes de la ville et nous souhaitons accompagner pour que nos habitants puissent continuer à faire leurs démarches. Bien souvent on les renvoie sur des outils qui sont numériques, eh bien nos conseillers et conseillères numériques les accompagnent pour faire leurs démarches et bénéficier de leurs droits.
Ce sont des actions qui sont finalement très concrètes mais qui sont extrêmement importantes sur un territoire comme le nôtre.
Étienne Gonnu : On voit comment ça peut effectivement recouper la question des libertés informatiques.
Merci parce que vous avez été très synthétique sur une question extrêmement large, je n’avais mesuré à quel point ma question était large.
On arrive vraiment sur la toute fin du temps que nous avions pour notre échange. En une minute maximum est-ce que, Aurélien ou Nicolas, il y a un point que vous souhaiteriez mettre en avant, soit que nous avons abordé soit qui vous paraît essentiel, de notre conversation ?
Aurélien Farge : Je peux dire très rapidement. C’est vrai qu’on a beaucoup abordé le logiciel libre sur la question des valeurs et j’ai commencé là-dessus, elle est extrêmement importante. Je dirais que le choix du logiciel libre, pour nous, c’est d’abord le choix de rendre un service public avec une qualité la plus haute possible auprès de nos habitants. Pour nos collectivités territoriales, finalement, c’est vraiment ça qui est le plus important, c’est la qualité du service qui est rendu aux habitantes et aux habitants. Je dirais que le logiciel libre est, pour nous, vraiment une évidence dans le choix du service public.
Étienne Gonnu : Merci beaucoup. Nicolas Vivant.
Nicolas Vivant : Une chose que j’aimerais dire c’est à quel point, quand on s’engage dans une démarche telle que la nôtre, l’échange d’expériences, l’échange entre communes est important pour réussir.
Quand on se lance dans ce type de démarche on a quand même une difficulté : trouver l’information, notamment, par exemple, sur les logiciels métiers, n’est pas toujours simple. On a des choses comme le Socle interministériel des logiciels libres, également sur le site de l’ADULLACT, mais souvent ce sont des listes de logiciels possibles. Choisir parmi ces logiciels possibles n‘est pas toujours simple. Ce qui nous sauve ce sont les échanges entre professionnels, les échanges entre élus au sein des collectivités territoriales. Je crois qu’il faut qu’on saisisse chacune de ces opportunités. Typiquement il y a très bientôt l’assemblée générale de l’ADULLACT. Je crois que ce sont les 20 ans de l’ADULLACT cette année.
Étienne Gonnu : L’ADULLACT est l’association de promotion des logiciels libres pour les collectivités, pour faire court. [Association des développeurs et utilisateurs de logiciels libres pour les administrations et les collectivités territoriales]
Nicolas Vivant : Exactement. C’est l’occasion de rencontrer des collègues d’autres communes et de pouvoir échanger. Cet échange d’informations est vraiment très important et la ville d’Échirolles se tient évidemment à la disposition des autres communes qui pourraient choisir une démarche comparable ou qui sont simplement à la recherche d’informations sur la migration, la mise en place d’un logiciel et tout ça. On tient vraiment à cet échange avec les autres communes parce que, quand on est dans le logiciel libre, on peut parfois se sentir un peu seul dans sa démarche alors qu’il y a de multiples expériences dans de multiples collectivités territoriales. Les partager permet de s’inspirer des succès, des échecs et d’avancer sur ce sujet.
Voilà une chose dont on a peu parlé mais qui me semble très importante, la collaboration et l’échange intercommunal sur ce sujet.
Étienne Gonnu : Absolument. On parle parfois de mutualisation. C’est bien de mutualiser des points de vue techniques, mais mutualiser et échanger sur les savoir-faire, sur les expériences c’est aussi quelque chose d’essentiel. L’April avec Libre à vous ! et ce genre d’émission comme nous avons aujourd’hui est une modeste pierre dans cette perspective.
Aurélien Farge, Nicolas Vivant pour la commune d’Échirolles, un grand merci pour ce temps que vous nous avez accordé. C’était très intéressant, j’espère que ça aura plu à nos auditeurs et auditrices. Je vous souhaite vraiment mes meilleurs vœux de réussite pour la mise en place de votre politique publique pour le logiciel libre.
Je vous souhaite une très bonne fin de journée.
Aurélien Farge : Merci beaucoup.
Nicolas Vivant : Merci à vous. Au revoir.
Étienne Gonnu : Exceptionnellement nous n’allons pas faire de troisième pause musicale. Je vous propose de passer directement à notre dernier sujet.
[Virgule musicale]
Chronique « Partager est bon de » Véronique Bonnet, professeur de philosophie et présidente de l’April sur le thème du logiciel libre et éthique
Étienne Gonnu : Véronique Bonnet, professeur de philosophie et présidente de l’April nous rappelle chaque mois, dans ses chroniques, que partager est bon. D’ailleurs ça fait bien écho aux derniers propos de notre intervenant précédent. « Partager est bon » pourrait d’ailleurs être une définition intéressante de ce qu’est l’éthique du logiciel libre.
Justement aujourd’hui, Véronique va nous parler du logiciel libre et d’éthique, une chronique pré-enregistrée par mon collègue Frédéric Couchet, en novembre 2021. On se retrouve dans 12 minutes environ. Je vous souhaite une très bonne écoute.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : Nous allons passer à la chronique « Partager est bon » de Véronique Bonnet, présidente de l’April et professeur de philosophie. Véronique nous propose une lecture philosophique du logiciel libre. Le thème de la chronique du jour « Logiciel libre et éthique ».
Bonjour Véronique.
Véronique Bonnet : Bonjour Fred.
Comme tu l’as dit, l’une des grandes forces du logiciel libre c’est qu’il mobilise effectivement quiconque, quel que soit son métier. Les outils qui sont les miens sont ceux de la philosophie, donc je vais exposer pourquoi, selon moi, le logiciel libre met en œuvre une éthique, je dirais même davantage une morale ; il me semble que parler d’éthique n’est pas assez fort. En effet, l’éthique est plutôt une forme de prudence, c’est une forme d’optimisation, c’est-à-dire j’essaie de m’en tirer le mieux possible dans un contexte donné, alors que la morale, elle, c’est beaucoup mieux qu’une optimisation, c’est beaucoup mieux que comment se sortir d’affaire, comment gagner à tous les coups, la morale fait intervenir une émancipation.
La question est : le logiciel libre fait-il intervenir une éthique ou plutôt une morale et de quelle proposition philosophique le logiciel libre peut-il se rapprocher en ce sens ?
En français, les deux mots éthique et morale ont une étymologie qui est quand même assez proche.
Éthique vient de ethos, un mot grec qui désigne la manière de se comporter.
Morale vient du latin mores, les mœurs, et on désigne, encore une fois, une manière de se comporter.
L’anglais est plus ambigu, l’anglais utilise un seul mot ethics, ce qui parfois brouille les choses.
Quelle différence ? La question est la suivante : est-ce que le logiciel libre est fait simplement pour nous arranger, pour nous permettre d’être davantage gagnants que perdants ? Ou est-ce qu’il s’agit d’autre chose ? Est-ce que le logiciel libre vise simplement un bon fonctionnement ?, et là il y aurait une éthique qui essaierait de tirer du logiciel libre le plus qu’il est possible en un sens technique, en un sens pragmatique. Je pense que là nous pouvons aller beaucoup plus loin.
C’est vrai que la notion de open source est apparue dans les années 90 et c’est vrai que le but de l’open source était de rechercher ce qui était avantageux. Effectivement, si on ouvre le code source, il y aura plus d’utilisateurs, il y a plus de rapports de bugs, l’open source recherche ce qui est bon au sens de ce qui est rentable. Donc son éthique, là c’est une éthique, est celle de la culture du résultat ou de la performance technique.
Alors que le projet qui a vu le jour en 1983, le projet GNU, le projet qui a donné lieu à l’écriture de code et progressivement est arrivé aux usages que l’on connaît, est beaucoup plus qu’une éthique opératoire, puisque là il s’agit humainement de se déterminer comme autonome et de vouloir aussi l’autonomie des autres. Ici on est dans quelque chose qui relève du « je dois, je ne dois pas ». Pour servir ma propre autonomie et mes propres intérêts, est-ce que je peux vouloir écraser l’autonomie des autres, est-ce que je peux vouloir les rançonner, est-ce que je veux faire d’eux des moyens ? Bien évidemment, c’est ce à quoi s’oppose le logiciel libre.
Le but de celui-ci est non pas de combattre l’imperfection, mais de combattre l’oppression ce qui, bien sûr, n’a rien à voir. Ici il me semble que l’on peut très nettement parler de morale : je ne dois en aucun cas, dans aucun contexte, même informatique, considérer des personnes humaines comme des choses. Je ne dois pas confondre des êtres humains et des objets. Les humains ne sont pas des moyens, ne sont pas simplement des outils pour tirer le meilleur bénéfice d’une situation. Effectivement, si je prends les humains pour des ressources, pour des sources de profit, en estimant que leur autonomie n‘importe pas, mon comportement est immoral.
Rousseau et Kant, deux philosophes, ont, au siècle des Lumières, fait la différence entre être habile, et ceci relève du registre technique, pratique, et être moral. Celui qui est simplement habile essaie de ne pas avoir d’ennuis, essaie de tirer le meilleur parti possible d’une situation. Si je suis ingénieux, si je suis puissant, pour autant mon comportement ne sera pas nécessairement respectable.
Dans la recherche qui est celle du Free Software, dans sa version originale non édulcorée, c’est-à-dire pas dans sa version open source, il y a une visée de la justice, c’est-à-dire faire en sorte que l’homme soit un utilisateur et non pas un outil.
Donc le combat le plus fondamental du logiciel libre c’est non pas de s’intéresser à ce qui fonctionne le mieux, à ce qui marche le mieux – même si ça peut avoir un intérêt ça n’est pas une finalité. Le but du Free Software, de cette version originale de 1983, qui commence en 1983, c’est la préservation de ce qui est le plus fragile et le plus précieux chez l’individu, c’est-à-dire ce qu’il fait de lui-même et ce qu’il fait de lui-même évite, en général, d’admettre, de supposer que c’est aux dépens des autres.
Il se trouve que l’April va fêter bientôt ses 25 ans. Ce qui anime l’April n’est pas tiède. L’April est héritière de la cause des humanistes qui font de l’être humain celui qui ne doit pas être opprimé par des dispositifs qui verrouillent ses pratiques. On peut dire aussi que l’April est héritière de l’existentialisme qui prolonge l’humanisme. Effectivement Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir concevaient que l’être humain n’avait pas d’autre législateur que lui-même. L’être humain décide de lui-même et, lorsqu’il le fait, c’est évidemment en se posant la question « est-ce que ce que je fais, est-ce que ce que je veux, écrase la liberté de l’autre et la mienne ou non ? »
Le délégué général que tu es, Fred, peut témoigner, comme moi, que l’April donne toujours priorité à l’humain. Elle va fêter ses 25 ans et je pense qu’au cœur de cet anniversaire il y aura ce qu’on appelle la cause de l’humain qui porte très haut ce que la condition humaine peut faire de plus beau.
Frédéric Couchet : Je ne peux qu’être d’accord avec toi, Véronique. On enregistre la chronique le 15 novembre 2021. Les 25 ans de l’April c’est bientôt, on les fêtera probablement plutôt en mars ou avril 2022, il fera un peu meilleur d’un point de vue sanitaire et aussi au niveau du temps.
Sur l’humain, oui, on ne peut être que d’accord. Je peux peut-être préciser que dans le monde associatif ce n’est pas toujours le cas ; des fois c’est la cause qui passe avant l’humain, on peut souffrir aussi dans le monde associatif donc c’est important de prendre soin de chacun et chacune dans nos actions au quotidien.
Peut-être une petite précision aussi sur le projet GNU dont tu as parlé tout à l’heure. C’est un des projets fondateurs si ce n’est le projet fondateur du mouvement du logiciel libre, initié, comme tu l’as dit, en 1983 par Richard Stallman, les premiers développements ont commencé réellement en janvier 1984. Les personnes qui veulent en savoir plus peuvent aller sur le site gnu.org. On mettra les références sur le site de l’émission, libreavous.org.
En tout cas, Véronique, c’est une chronique qui, je pense, va faire réfléchir beaucoup de monde, moi le premier, sur les concepts que tu as évoqués et présentés et je t’en remercie.
Est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose ?
Véronique Bonnet : Avec grand plaisir. Je pense que, anniversaire après anniversaire, l’April s’interroge puisque le monde change, puisque nos rapports aux autres sont amenés à évoluer, à se dire autrement. Il me semble que l’April est toujours attentive, comme tu le disais très bien, au confort et à la libre expression dans un contexte aussi bien de travail que de réflexion que de faits. Encore une fois, en mars il va se passer quelque chose qui va être important aussi pour nous. Il me semble très important de dire que ces différents rapports aux autres et à l’autonomie ont besoin d’être régulièrement repensés et définis.
Frédéric Couchet : Tu as tout à fait raison. C’est un travail quotidien sur le long terme et il ne faut jamais s’arrêter à ce niveau-là.
Véronique je te remercie. Je te souhaite de passer une belle fin de journée et on se voit bientôt pour les prochaines chroniques.
Véronique Bonnet : Très bien. À très bientôt Fred.
[Virgule sonore]
Étienne Gonnu : Nous voici à nouveau en direct toujours sur Cause Commune 93.1 FM en Île-de-France et partout dans le monde sur causecommune.fm.
Nous venons d’écouter la chronique « Partager est bon » de Véronique Bonnet, professeur de philosophie et présidente de l’April, enregistrée en novembre dernier par mon collègue Frédéric Couchet.
En tant que membre de l’équipe salariée de l’April, je ne peux qu’aller dans le sens de ce qui a été dit. L’April offre vraiment un cadre de travail exceptionnel où on se sent très respecté en tant qu’être humain, du coup on a envie de s’engager, on est fier d’y travailler. Bref !
[Virgule musicale]
Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre
Étienne Gonnu : Nous approchons de la fin de l’émission, nous n’avons malheureusement pas le temps de proposer quelques annonces. Je vais donc directement remercier les personnes qui ont participé à l’émission : Vincent Calame, bénévole à l’April, Nicolas Vivant et Aurélien Farge de la commune d’Échirolles, Véronique Bonnet, présidente de l’April
Aux manettes de la régie Frédéric Couchet, d’ailleurs félicitations pour sa deuxième régie réalisée en solo.
Merci également à l’équipe qui s’occupe de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, bénévoles à l’April, ainsi qu’Olivier Grieco, directeur d’antenne de la radio.
Merci également à Quentin Gibeaux, bénévole à l’April, qui découpe les podcasts complets en podcasts individuels par sujet.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission.
Si vous avez aimé cette émission, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous et à faire connaître la radio Cause Commune, la voix des possibles.
La prochaine émission aura lieu le mardi 25 janvier 2022 à 15 heures 30. Nous parlerons de vote électronique.
Nous vous souhaitons une bonne fin de journée. On se retrouve le 25 janvier et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh tone par Realaze.