Voix off : Libre à vous !, l’émission pour comprendre et agir avec l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Frédéric Couchet : Bonjour à toutes. Bonjour à tous dans Libre à vous !. C’est le moment que vous avez choisi pour vous offrir 1 heure 30 d’informations et d’échanges sur les libertés informatiques et également de la musique libre.
OpenStreetMap est, en quelque sorte, le Wikipédia de la cartographie. La Fédération des professionnels d’OpenStreetMap représente les intérêts des entreprises françaises proposant des prestations liées à OpenStreetMap, ce sera le sujet principal de l’émission du jour. Avec également au programme le reconditionnement pour toutes et tous et aussi l’intérêt de contribuer à des projets libres. Nous allons parler de tout cela dans l’émission du jour.
Soyez les bienvenu·e·s pour cette nouvelle édition de Libre à vous !, l’émission qui vous raconte les libertés informatiques, proposée par l’April, l’association de promotion et de défense du logiciel libre.
Je suis Frédéric Couchet, le délégué général de l’April.
Le site web de l’émission est libreavous.org. Vous pouvez y trouver une page consacrée à l’émission du jour avec tous les liens et références utiles et également les moyens de nous contacter. N’hésitez pas à nous faire des retours ou à nous poser toute question.
Notre émission est diffusée, depuis 2018, sur les ondes de radio Cause Commune. Cette diffusion permet de toucher un très large public dont vous qui nous écoutez sur la bande FM.
La radio Cause Commune traverse une période difficile et nous avons besoin de vous.
Cause Commune fonctionne grâce à l’engagement de bénévoles, sans personnes salariées, mais a, bien sûr, des frais de fonctionnement. Une subvention qui tarde à arriver, la seule que la radio sollicite du ministère de la Culture via le fonds de soutien à l’expression radiophonique, d’autres subventions, locales et régionales, que la radio ne va pas chercher pour garder sa liberté de parole, sa liberté éditoriale. Une augmentation progressive des charges, ces deux dernières années, a eu raison de la trésorerie de la radio. Cause Commune fait donc face, actuellement, à de gros soucis pour payer les factures de fin d’année et de début d’année 2024.
Nous vous encourageons, si vous le pouvez, à faire un don pour permettre à radio Cause Commune de continuer à exister et pour nous permettre, aussi, de continuer à proposer notre émission, Libre à vous !, auprès d’un large public.
Si vous nous écoutez via la bande FM ou le DAB+, aidez Cause Commune à passer ce cap difficile et à faire vivre votre radio locale. Pour nous aider, rendez-vous sur le site causecommune.fm et cliquez sur le bandeau d’appel à dons.
Nous sommes mardi 14 novembre 2023, nous diffusons en direct, mais vous écoutez peut-être une rediffusion ou un podcast.
J’ai le grand honneur que l’émission du jour soit réalisée par la présidente de l’April en personne, Magali Garnero. Salut Mag.
Magali Garnero : Salut à tous.
Frédéric Couchet : Nous vous souhaitons une excellente écoute.
[Jingle]
Chronique « Que libérer d’autre que du logiciel » avec Antanak - « Le reconditionnement pour toutes et tous »
Frédéric Couchet : Nous allons commencer par la rediffusion d’une chronique d’Antanak sur le reconditionnement pour toutes et tous.On se retrouve en direct juste après.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : « Que libérer d’autre que du logiciel », la chronique d’Antanak. Isabelle Carrère et d’autres personnes actives de l’association Antanak se proposent de partager des situations très concrètes et/ou des pensées mises en actes et en pratiques au sein du collectif : le reconditionnement, la baisse des déchets, l’entraide sur les logiciels libres, l’appropriation du numérique par toutes et tous.
Bonjour Isabelle.
Isabelle Carrère : Bonjour.
Frédéric Couchet : Quel est le thème de la chronique du jour ?
Isabelle Carrère : C’est une private joke parce que Fred trouve que je ne dis pas assez vite, dans le mois, ce que va être mon sujet. Mon sujet, Fred, c’est le reconditionnement pour tous.
Frédéric Couchet : Nous t’écoutons.
Isabelle Carrère : Pourquoi ? Nous avons été invités, c’est une grande première, par la mairie de Paris dans le cadre d’un groupe de travail Paris Action Climat Biodiversité, c’est beau !, notamment par la Direction de ce qu’ils appellent la transition écologique [Direction de la Transition Écologique et du Climat]. Définitivement, « transition écologique » est un terme que je n’aime pas du tout, je ne le comprends pas bien. Si on était dans le cadre d’une transition ça se saurait, je ne vois pas transition de quoi vers quoi. Quand Hopkins avait lancé ce terme, en 2005, je comprends, il avait peut-être particulièrement quelque chose à en dire et lui était sur la permaculture. Bref ! Là, la transition écologique au sens large, je ne vois pas. Ça ne fait rien ! On ne va pas être bégueules, nous étions invités, nous sommes venus.
J’étais d’autant plus contente de ça qu’il y avait avec nous Fanny Cohen de la mairie de Paris, il y avait quelqu’un que, je pense, les auditeurs et auditrices de l’April connaissent bien, Samuel Sauvage de HOP, Halte à l’Obsolescence Programmée, ainsi que des gens d’Emmaüs Connect dont je parlerai après.
C’était bien parce que Samuel Sauvage a repris un certain nombre de faits très parlants et marquants de ces questions, notamment la question du tonnage d’extraction des ressources dans le monde, l’évolution depuis 1970, autour de quatre fois entre 1970 et maintenant, 2020/2023. Il a reposé la question des ressources nécessaires à la fabrication d’un ordinateur, juste quelques chiffres, comme ça, parce que c’est toujours sympathique de s’en souvenir régulièrement : une tonne et demie d’eau, 800 kilos de matières premières, 240 kilos de combustibles fossiles et 22 kilos de produits chimiques. Ça fait bizarre. Eh bien oui ! Et ensuite les émissions de carbone, toujours en hausse malgré les belles paroles et les promesses, ici ou là, avec une orientation de trois fois plus en 2050 que celles de 2020, si on ne fait rien d’autre.
C’est peut-être de cela dont ils veulent parler quand ils parlent de la transition, mais je ne sais pas où est le début.
Il a ensuite recentré sur les différents réflexes potentiels de consommation plus durable tels que l’allongement de la durée d’utilisation des matériels et produits du numérique, l’achat, l’usage de matériels reconditionnés. C’est là que nous, du coup, nous intervenions juste après lui. En fait, j’avais demandé que ce soit Emmaüs Connect qui parle avant nous. Vous allez comprendre pourquoi.
Emmaüs Connect a donc commencé à parler notamment de son travail de collecte. Emmaüs Connect fait partie du groupe Emmaüs, ils ne sont pas exactement des reconditionneurs puisqu’ils sous-traitent le reconditionnement, donc eux collectent, ils ont une logistique phénoménale, ils sont très doués pour ça, ils ont tous les contacts avec les entreprises, etc.
Ensuite il y a notamment deux, peut-être d’autres, en tout cas deux structures d’insertion qui ont vocation à bénéficier d’emplois aidés, Ateliers Sans Frontières et Ecodair, par ailleurs tous deux membres du réseau REFIS (Réemploi francilien & informatique solidaire]. Emmaüs Connect sous-traite vers eux toutes les opérations de reconditionnement.
Du coup, c’était assez intéressant, et c’est pour cela que mon titre c’était « Reconditionnement pour tout le monde » : on aimerait bien, à Antanak, qu’on arrête définitivement de penser que le reconditionnement ce n’est que pour les pauvres et que ça serait uniquement pour ceux qui n’ont pas d’argent, pour ceux qui ne peuvent pas faire autrement, pour ceux et celles qui, en attendant, vont d’abord avoir un matériel reconditionné, puis, plus tard, quand ils seront riches, ils vont s’acheter un vrai ordinateur.
Tout cela est déprimant, dépitant. Du coup, j’étais vraiment contente de pouvoir marquer, si ce n’est la différence, en tout cas ce point-là par rapport à Emmaüs Connect et aux autres. Tous les gens, pas tous, mais une bonne moitié de la salle quand même, prenait des notes sur des ordinateurs. J’ai posé la question : sont-ce des ordinateurs reconditionnés que vous avez tous, là, membres de ce groupe de travail sur la transition ? On a rigolé, mais on ne m’a répondu !
En tout cas, ça m’a permis de reparler de cela, ça m’a également permis de reparler de la question du droit d’usage puisque, pour nous à Antanak – peut-être que je radote pour celles et ceux qui ont déjà écouté – le droit d’usage est une chose vraiment importante : indiquer qu’on n’a pas obligatoirement besoin, sur cette planète, d’être propriétaire de ce qu’on utilise et qu’on peut partager les choses, momentanément, comme si c’était à moi. Mais qu’est-ce que ce « à moi » veut dire ? On ne sait pas trop. Il n’y a besoin de quoi que ce soit d’autre que « c’est à ma disposition » ou « je peux l’avoir quand j’en ai besoin ». Bref ! Je pense que de plus en plus, maintenant, les gens comprennent bien cette notion-là. Du coup à Antanak, quand on confie un ordinateur, on commence à avoir des personnes qui viennent et qui nous disent : « Ça c’était bien pour la période que je viens de vivre. Maintenant j’ai besoin d’autre chose, est-ce que je pourrais avoir un autre ordinateur ? ». On dit : « Oui, super ». On reprend celui-là, on en donne un autre, parce qu’ils sont passés étudiant, il faut quelque chose de plus léger, quelque chose de plus rapide, que sais-je, quelles que soient les raisons des personnes.
C’était plutôt pas mal. À la fois nous étions contents d’être reçus par tout ce monde-là parce que Antanak est plutôt une petite structure, et puis d’avoir l’opportunité, l’occasion, de raconter des choses qui nous importent là-dessus.
J’ai également appris que la mairie de Paris à pour projet d’ouvrir, en tout cas de soutenir — je n’ai pas très bien compris — l’ouverture d’une recyclerie numérique à Paris. Je ne sais pas ce que c’est, je ne sais pas ce que ça va être. Il y a quatre grands projets, ont-ils dit, dont une recyclerie numérique. On va voir.
En tout cas, j’en profite pour finir cette chronique ici : si vous connaissez, auditeurs et auditrices, des structures qui font un petit peu, dans leur coin, du reconditionnement, il serait important pour nous que le Réseau REFIS s’agrandisse. On reçoit de plus en plus de matériel en nombre important et plus on peut le partager, le mutualiser, mieux on se portera.
Frédéric Couchet : Rappelle-nous ce que veut dire réseau REFIS.
Isabelle Carrère : C’est une bonne remarque. Le réseau REFIS c’est le Réemploi francilien pour une informatique solidaire. On a créé ça en 2021 et il y a désormais une douzaine de structures.
Frédéric Couchet : Merci. Tu as cité Ecodair, une des structures qui participe au réseau REFIS, ordinateurs reconditionnés. Je précise que les ordinateurs de l’April, notamment nos ordinateurs portables, viennent de chez Ecodair, nous les avons achetés chez Ecodair, celui qui est en face de moi, celui qui est utilisé par Isabella. Peut-être que dans quelques semaines ou quelques mois il y aura des annonces intéressantes autour d’Ecodair et de pré-installations de laptops avec du logiciel libre par défaut.
Isabelle Carrère : Oui, absolument, c’est la bonne nouvelle.
Frédéric Couchet : Mais ce n’est pas encore confirmé.
Isabelle Carrère : Mais si !
Frédéric Couchet : Je rappelle que vous êtes nos voisines : Antanak est au 18 rue Bernard Dimey, la radio Cause Commune est au 22, et le site d’Antanak c’est antanak.com, Antanak avec un « k ».
Isabelle Carrère : Absolument. Merci.
Frédéric Couchet : Je pense qu’on se retrouvera probablement plutôt en septembre pour la prochaine chronique, on va finir fin juin/début juillet Libre à vous !. En tout cas, c’était un grand plaisir d’avoir encore cette année ta présence. Avec grand plaisir on te retrouvera début septembre ou courant septembre pour la prochaine chronique d’Antanak.
Merci Isabelle. Je te souhaite une belle fin de journée.
Isabelle Carrère : Merci, à vous aussi.
[Virgule sonore]
Frédéric Couchet : Nous sommes de retour en direct. Cette chronique a été diffusée il y a quelques mois. Concernant Ecodair, pour l’instant il n’y a pas encore de système préinstallé en logiciel libre chez Ecodair, mais ça viendra sans doute à un moment ou à un autre.
Nous allons faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Après la pause musicale nous parlerons de la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap.
Je vous rappelle que Cause Commune fait actuellement face à des problèmes financiers au point que la radio n’est pas à l’abri d’un défaut de paiement dans les semaines qui viennent, donc d’une coupure de l’antenne. Pour nous aider, rendez-vous sur le site causecommune.fm et cliquez sur le bandeau d’appel à dons. Vous pouvez faire ça tout en écoutant la pause musicale à venir.
Nous allons écouter Booth Street Psychosis par Tom Woodward. On se retrouve dans environ deux minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Booth Street Psychosis par Tom Woodward.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Booth Street Psychosis par Tom Woodward, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By.
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons passer au sujet principal.
[Virgule musicale]
La Fédération des pros d’OSM, OpenStreetMap, avec Florian Lainez, président, et Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April et de la Fédération
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre par notre sujet principal qui porte sur la Fédération des pros d’OSM, OpenStreetMap, le Wikipédia de la cartographie, fédération qui a été officiellement lancée il y a un an, en novembre 2022, mais qui a peut-être été créée quelques mois avant. Nos invités du jour, Florian Lainez qui est avec moi en studio. Bonjour Florian.
Florian Lainez : Bonjour.
Frédéric Couchet : Et normalement, nous avons Jean-Christophe Becquet à distance. Bonjour Jean-Christophe.
Jean-Christophe Becquet : Bonjour à tous. Bonjour à toutes.
Frédéric Couchet : Avant de commencer, de vous laisser la parole de présentation, je voulais quand même préciser qu’initialement c’était Cécile Guégan, de la Fédération, qui devait intervenir, mais elle ne peut pas, donc merci à Jean-Christophe d’avoir pris le temps de la remplacer aujourd’hui.
N’hésitez pas à participer à notre conversation, soit par téléphone au 09 72 51 55 46 ou sur le salon web dédié à l’émission, sur le site causecommune.fm, bouton de « chat » ou, nouveauté, expérimentation, vous pouvez aussi utiliser le hashtag #libreavous sur Mastodon ou nous envoyer un message sur notre compte mastodon aprilorg.
Première question traditionnelle, tout simplement de présentation. On va commencer par Florian Lainez. Florian.
Florian Lainez : Je m’appelle Florian Lainez et je suis membre de l’April depuis 2007 déjà, c’est la première chose à noter. Par la suite, je me suis impliqué dans OpenStreetMap, je suis contributeur assidu, ce qui m’a amené à prendre quelques responsabilités et, en particulier, je suis président de la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap. À côté de cela, j’ai monté une entreprise qui s’appelle Jungle Bus, qui crée des données de mobilité dans OpenStreetMap.
Frédéric Couchet : D’accord. Déjà je m’excuse pour la prononciation du nom. Ça fait très longtemps que nous ne nous étions pas vus, j’avais oublié la prononciation de ton nom, mais c’est noté.
Jean-Christophe Becquet.
Jean-Christophe Becquet : Je suis vice-président de l’April, très impliqué dans l’association depuis à peine plus longtemps que Florian puisque moi c’est 2006. Je suis également le directeur et fondateur d’Apitux, une entreprise spécialisée dans le conseil sur le logiciel libre et la donnée ouverte, qui fêtera ses 20 ans l’année prochaine.
Frédéric Couchet : Merci Jean-Christophe, je vous remercie et je remercie tous les membres de l’April, notamment les membres avec une telle fidélité, ça fait plaisir !
Le sujet du jour c’est la Fédération des professionnels d’OSM, OpenStreetMap. On va commencer, même si on a déjà abordé ce sujet dans l’émission, par faire peut-être un petit rappel sur c’est qu’est OpenStreetMap et pourquoi c’est important. J’ai introduit en disant que c’est le Wikipédia de la cartographie. Florian, veux-tu commencer sur OpenStreetMap, la présentation générale ?
Florian Lainez : C’est vrai que des personnes sont déjà venues en parler dans cette émission. Le 11 juin 2019, des membres de l’association OpenStreetMap France étaient venus présenter un peu le projet.
Je pense que c’est hyper-pertinent de parler de OpenStreetMap comme du Wikipédia des cartes. OpenStreetMap est un projet cartographique mondial, comme Wikipédia est un projet encyclopédique mondial. La cartographie du monde est quelque chose qui ne s’arrête jamais, le monde change donc on continue à cartographier et puis les données sont en open data, elles sont donc libres d’utilisation pour tout le monde.
Toute l’infrastructure d’OpenStreetMap est basée sur des logiciels libres et puis c’est collaboratif, évidemment, c’est un wiki, c’est donc une carte avec un bouton « Modifier ».
Frédéric Couchet : Comme pour Wikipédia, pour les personnes qui connaissent un petit peu, on peut donc à la fois consulter le site cartographique, comme on peut consulter les articles dans Wikipédia, mais, en plus, il y a un bouton « Édition » qui permet de rajouter des données, d’enrichir cette carte du monde, comme on peut enrichir l’encyclopédie collaborative Wikipédia.
Florian Lainez : C’est tout à fait ça et ça marche très bien. C’est lancé depuis 2004. Je contribue depuis 2009. Je suis hyper-passionné, c’est vraiment un projet sans fin. On y rencontre des personnes absolument extraordinaires avec lesquelles on construit des projets pour cartographier le monde ensemble.
Frédéric Couchet : Jean-Christophe, est-ce qu’il faut être une personne un peu experte pour contribuer à OpenStreetMap ?
Jean-Christophe Becquet : Non. C’est justement l’une des particularités de la communauté des contributeurs et des contributrices d’OpenStreetMap : c’est une communauté qui est extrêmement ouverte, c’est un projet qui est extrêmement facile d’accès. Il y a, aujourd’hui, de nombreux groupes locaux de contributeurs et contributrices à OpenStreetMap qui se réunissent régulièrement dans pas mal de villes. Des événements sont aussi organisés, qu’on appelle des cartoparties, qui sont des invitations à venir contribuer ensemble à OpenStreetMap dans une ambiance conviviale. Je pense vraiment qu’une des caractéristiques d’OpenStreetMap qu’il faut mettre en avant c’est son ouverture. D’ailleurs, ce n’est peut-être pas pour rien que plus de dix millions d’utilisateurs et d’utilisatrices se sont créé un compte pour contribuer à OpenStreetMap. C’est bien la preuve que ce projet est extrêmement accessible et ouvert.
Frédéric Couchet : D’accord. Tout à l’heure, Florian a parlé de l’émission de juin 2019, c’était l’émission 29 de Libre à vous !, il y a quand même déjà quelque temps. Je renvoie les personnes qui veulent en savoir plus sur OpenStreetMap à écouter cette émission ou à lire la transcription. Comme c’est l’émission 29, pour la retrouver c’est facile : c’est sur le site web libreavous.org/29 ; chaque numéro d’émission permet, en effet, d’y accéder directement.
Rapidement une petite question, quand même, pour continuer sur OpenStreetMap. Il y a un site web, il y a aussi plein d’applications qui existent. Je pense notamment à StreetComplete, une application sur téléphone mobile qui permet, par exemple, de compléter très facilement des informations manquantes quand on se balade dans la rue. Est-ce que l’un de vous deux veut en parler juste 30 secondes ? Florian.
Florian Lainez : Je peux en parler. Au début tu as dit « il y a un site internet » et je veux revenir là-dessus. En fait OpenStreetMap est une base de données cartographiques, ce sont donc, avant tout, des données. Le site openstreetmap.org est un site qui permet de voir les données et qui permet de les modifier directement, c’est donc hyper-utile, mais c’est un des outils parmi d’autres. Et, en effet, il y a plein d’applications mobiles très diverses et très variées et StreetComplete est l’outil par excellence pour les débutants, c’est vraiment très simple, ce sont des quêtes. Il suffit donc de se balader dans la rue, de regarder le monde autour de soi et l’application demande de compléter des données déjà existantes. C’est du type : y a-t-il un abri sur cet arrêt de bus ? Est-ce que ce passage piéton est accessible aux personnes touchées de handicap ? Ce sont des questions comme ça, c’est donc très simple, il n’y a pas besoin de connaissances techniques.
Frédéric Couchet : Ou des horaires de magasin, etc.
Jean-Christophe, est-ce que tu veux faire une dernière intervention sur cette partie introductive qui est volontairement courte. Je renvoie les personnes à l’émission précédente, aussi pour découvrir OpenStreetMap. Jean-Christophe, veux-tu rajouter quelque chose ?
Jean-Christophe Becquet : Oui. Juste souligner vraiment le dynamisme de cette communauté, peut-être en donnant un chiffre : aujourd’hui OpenStreetMap ce sont 50 contributions par seconde partout dans le monde, c’est-à-dire 50 fois par seconde un contributeur ou une contributrice vient ajouter une information, corriger une information, mettre à jour une donnée et cela jour et nuit, partout dans le monde. Dire aussi qu’en France la communauté est très dynamique, puisque la communauté des contributeurs et contributrices français/françaises est troisième après les USA et l’Allemagne.
Frédéric Couchet : On est sur le podium, c’est bien ! Troisième marche ! Super ! En tout cas merci.
C’était la présentation d’OpenStreetMap, le Wikipédia de la cartographie. Si vous voulez en savoir plus, vous allez sur libreavous.org/29 pour retrouver l’émission qui était consacrée, en 2019, à OpenStreetMap. Je crois, de mémoire, mais je fais peut-être une erreur, je n’ai pas vérifié, j’aurais dû, c’était avec Christian Quest et Noémie Lehuby, que Florian Lainez connaît bien vu que c’est son associée à Jungle Bus.
OK. On comprend donc ce qu’est OpenStreetMap. Il y a un an est annoncé le lancement d’une Fédération des professionnels d’OpenStreetMap, qui a peut-être été créée un peu avant. Justement, quel est l’historique qui a mené à la création de cette fédération ? Je crois que Jean-Christophe voulait commencer là-dessus.
Jean-Christophe Becquet : Effectivement la création de l’association c’est il y a un an, mais, en fait, ça fait longtemps, au moins depuis 2017 que nous sommes plusieurs à nous retrouver chaque année au SotM, State of the Map, la conférence des contributeurs et contributrices à OpenStreetMap et à se dire qu’on a en commun d’avoir une activité autour d’OpenStreetMap, une activité de formation, une activité de contribution, une activité de prestations techniques, réalisations techniques, développement avec les données d’OpenStreetMap. A donc infusé, au fil du temps, l’idée, l’envie de se regrouper pour pouvoir échanger, partager à plusieurs. Cela a abouti, en 2022, à la création de l’association Fédération des pros d’OpenStreetMap.
Frédéric Couchet : Donc début des discussions 2022, sans doute des discussions internes, AG, lancement officiel en 2022. Combien d’entreprises, combien de structures au moment du lancement officiel, Florian ?
Florian Lainez : Au tout début nous étions quelques structures, nous étions cinq ou six entreprises, déjà, parmi lesquelles, il faut le souligner, pas mal d’auto-entrepreneurs, de personnes qui sont seules, qui souhaitent pérenniser leur activité de consultant. Ce sont développeurs, des data analysts qui veulent vraiment vivre d’OpenStreetMap et c’est un mouvement qu’on essaye d’accompagner.
Frédéric Couchet : Peut-être pour préciser, avant que tu continues, c’est important : même si OpenStreetMap ce sont des bases de données sous licence libre, on va en reparler après, comme Wikipédia, cela ne veut pas dire que tout est gratuit, on peut en vivre en faisant et en offrant des services, de la valeur ajoutée. Les deux ne sont pas forcément séparés. On peut contribuer simplement bénévolement aussi. C’est important de le dire.
Florian Lainez : Je crois que s’il y a un message à passer aujourd’hui, c’est celui-là. Pourquoi a-t-on lancé la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap ? C’est aussi pour montrer que c’est très sain : on peut protéger le commun – c’est un commun numérique qu’on essaye de protéger – et, en même temps, faire du business. C’est vraiment la raison pour laquelle on a lancé OpenStreetMap et c’est là où on diffère un peu de Wikipédia : sur Wikipédia, les contributions rémunérées sont strictement interdites. Avec l’expérience, on s’est rendu compte que Wikipédia était dégradée avec ce genre de contribution, alors que sur OpenStreetMap c’est vraiment différent, les entreprises ont l’habitude. Beaucoup de grosses entreprises, de petites, contribuent à OpenStreetMap, utilisent les données dans leur business, au cœur de leur business, ça ne pose pas de problème et, même, ça apporte quelque chose à OpenStreetMap.
Frédéric Couchet : Petite question : Fédération des pros d’OSM. Est-ce que c’est strictement français, francophone ? Est-ce que ça a vocation à s’élargir ?
Florian Lainez : Pour l’instant on a pris un nom français. Nous ne sommes pas limités à la France. Il faut dire que notre initiative, en fait, est unique au monde. Aujourd’hui, il n’y a pas d’autre fédération qui ait le même statut que nous, c’est vraiment un projet pilote. On espère que ça va essaimer partout dans le monde. En tout cas, nous sommes reconnus par la Fondation OpenStreetMap : on a un accord par lequel on a le droit d’utiliser la marque OpenStreetMap pour faire ce que l’on fait. C’est donc quelque chose d’assez nouveau, on essaie de créer quelque chose qui n’existe pas jusqu’à présent.
Frédéric Couchet : D’accord. Par rapport à ce que tu viens de dire, si je comprends bien et que je ne savais pas, le nom OpenStreetMap est une marque et, pour son utilisation dans un cadre précis, il faut l’autorisation de la Fondation OpenStreetMap.
Florian Lainez : La Fondation OpenStreetMap a donné ce droit avec grand plaisir à tous les chapters locaux, c’est-à-dire les associations qui représentent OpenStreetMap un peu partout dans le monde. En France, le chapter local c’est OpenStreetMap France qui gère un peu les activités et qui représente l’association, ne fait que représenter, mais, en fait, c’est la communauté OpenStreetMap qui contribue à OpenStreetMap. Donc là il y a un nouveau statut qui, aujourd’hui, est assez inédit au monde : les membres de cette nouvelle structure sont des entreprises ; la Fédération n’a que des entreprises comme membres.
Frédéric Couchet : D’accord. Aujourd’hui, Jean-Christophe, combien êtes-vous d’entreprises ? Ça représente combien de personnes ? Peut-être une petite typologie des entreprises, des structures ou même des entrepreneurs/entrepreneuses, individus, qui sont membres de cette fédération.
Jean-Christophe Becquet : Effectivement, huit entreprises à la création. Aujourd’hui 20 entreprises membres qui prouvent, pour moi, la pertinence de notre démarche, le fait que c’était le bon moment de créer la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap parce qu’il y avait des attentes.
Aujourd’hui ça représente une vingtaine d’entreprises de toutes tailles, du travailleur individuel à la TPE de deux/trois personnes à quelques PME un peu plus conséquentes avec une vingtaine de personnes. Ça représente, au total, 200 contributeurs et contributrices, plusieurs millions de chiffres d’affaires annuels et puis, peut-être, passer la parole à Florian pour citer nos plus grosses entreprises parce que ce sont, sans doute, des noms connus, en tout cas pour une partie de nos auditeurs et auditrices.
Frédéric Couchet : D’accord. Florian.
Florian Lainez : On a Geovelo, une appli qui permet de faire des calculs d’itinéraires en vélo. Cette entreprise fait partie de la fédé. On a quelques entreprises type Latitude-Cartagène ou Datactivist, qui sont un peu connues dans le monde du logiciel libre, qui contribuent. Et puis on a pas mal d’autres PME de taille moyenne, qui font partie de la fédé.
Frédéric Couchet : D’accord. Avant de parler de vos projets, si, aujourd’hui, une entreprise qui nous écoute, même une personne qui a une activité professionnelle autour d’OpenStreetMap souhaite vous rejoindre, comment ça se passe ?
Florian Lainez : C’est simple. Il suffit d’aller sur notre site internet, fposm.fr, de prendre connaissance de nos statuts, du projet qu’on veut faire qui est vraiment améliorer, protéger le commun OpenStreetMap tout en continuant à faire du business ; c’est vraiment ce qu’on cherche à faire. Donc, si vous êtes une entreprise, que vous partagez nos valeurs, bienvenue !
Frédéric Couchet : Tu parles de valeurs, je me souviens que sur le site il y a une charte éthique. Jean-Christophe, peux-tu nous dire quel est le but de cette charte éthique ? Les entreprises ou les fédérations n’affichent pas toujours des chartes éthiques.
Jean-Christophe Becquet : Pour que les actions des acteurs économiques autour du commun OpenStreetMap soient vertueuses, comme l’a souligné Florian, et viennent contribuer au projet, eh bien il faut respecter un certain nombre de règles.
Il faut d’abord respecter la licence d’OpenStreetmap, la licence ODbL, Open Database License, qui est une licence copyleft, c’est-à-dire avec une obligation de partage à l’identique, sous la même licence, des versions modifiées de la base de données. Et surtout, comme dans toutes les licences libres, l’obligation, l’impératif de citer l’auteur, de citer la source. Donc, à chaque fois qu’on va utiliser des données OpenStreetMap, il faudra mettre cette mention « les contributeurs et contributrices d’OpenStreetMap », pour respecter cette obligation de crédit.
On peut d’ailleurs boucler la boucle. Tout à l’heure Florian a cité, parmi nos membres, Latitude-Cartagène. La prochaine fois que vous attendrez le bus dans votre ville, regardez, ce n’est pas du tout improbable que les plans de réseau de bus aient été faits par Latitude-Cartagène et vous trouverez sans doute les crédits OpenStreetMap au pied de la carte, pour respecter la licence.
Au-delà de la licence, la communauté des contributeurs et des contributrices OpenStreetMap s’est dotée de bonnes pratiques, de choses qu’on doit faire ou qu’on ne doit pas faire pour améliorer la base de données.
Donc, pour adhérer à la fédération des professionnels OpenStreetMap, il faut s’engager sur le respect le plus strict de cette licence et de ces bonnes pratiques. Le fait d’avoir une activité économique autour d’OpenStreetMap nous paraît tout à fait bénéfique au projet, par contre, il faut être vigilant : cette activité ne peut pas s’exercer n’importe comment. D’ailleurs, on peut souligner que des contributeurs qui ne seraient pas des professionnels pourraient aussi manquer à ces obligations de respect de la licence et des bonnes pratiques. Il est donc important de rappeler cela, de sensibiliser les contributeurs et les contributrices à ces principes pour le bien du projet.
Frédéric Couchet : D’accord. Ça me permet de faire l’enchaînement avec, justement, la raison d’être, la finalité du projet. Finalement, si je comprends bien, la raison d’être initiale c’est la structuration de la filière professionnelle d’OpenStreetMap.
Florian Lainez : C’est exactement cela.
Frédéric Couchet : Y avait-il vraiment un besoin ? Pourquoi y avait-il un besoin ? Et qu’entend-on par structuration de la filière des pros ?
Florian Lainez : Nous commencions à être quelques pros un peu isolés et nous nous sommes dit « on a déjà réussi à pérenniser notre propre activité, mais, en fait, il y a d’autres personnes qui souhaitent se lancer, donc on va les aider ». C’est vraiment le premier réflexe qu’on a eu. Après on s’est dit « on va se mettre ensemble pour mettre en commun nos moyens, répondre ensemble à des appels d’offres, construire des offres commerciales et avoir plus de force de frappe. »
Frédéric Couchet : D’accord. C’est donc à la fois accompagner effectivement de nouvelles structures ou de nouvelles personnes qui souhaitent faire de l’activité professionnelle autour du logiciel libre et faire aussi, ce qui est finalement une activité classique, traditionnelle, des fédérations, se regrouper. Tu as cité des grosses structures, mais globalement, dans le monde du logiciel libre, ce sont souvent des petites structures, des PME/PMI, est-ce que se regrouper c’est permettre de répondre, par exemple, à des appels d’offres plus gros que ce que vous pourriez faire en termes de structure individuelle ? Ou est-ce que c’est pour avoir un paramètre plus large de réponse ?
Florian Lainez : C’est pour avoir un périmètre plus large de réponse et pouvoir combiner nos compétences. Certaines entreprises ont vraiment des compétences clés, d’autres ne les ont pas, on arrive donc à mieux se coordonner. C’est aussi pour faire plus de poids, parce que, face à des acteurs cartographiques mondiaux, on n’est rien, on n’est rien du tout ! Le fait d’exister et d’avoir une voix commune, c’est déjà beaucoup.
Frédéric Couchet : Jean-Christophe, comment a été accueillie l’annonce de cette fédération dans le monde d’OpenStreetMap ? Est-ce qu’il y a eu des réactions par le chapter français dont on parlait tout à l’heure. Tout à l’heure, vous disiez que cette initiative, dans le monde d’OpenStreetMap, est quelque chose d’unique. Comment ça a été accueilli ?
Jean-Christophe Becquet : Pas forcément de manière facile au départ. D’ailleurs, ça m’inspire une réflexion. Je pense que depuis toujours, dans le monde du logiciel libre, il y a une tension entre le travail bénévole et le travail rémunéré. J’ai vécu cette tension en 2006 avec la création de Libertis. À l’époque, c’était le groupement des entreprises du logiciel libre en région PACA, qui existe toujours d’ailleurs, qui est la représentation des entreprises de la région PACA au sein du CNLL, le Conseil national du logiciel libre. Quand on crée ce genre de structure, on est confronté à une partie de la communauté qui nous renvoie « en fait, vous cherchez à gagner de l’argent avec nos contributions bénévoles et ça ne va pas du tout, ce n’est respectueux ». Ça nécessite de faire de la pédagogie, ça nécessite de montrer patte blanche et aussi de démontrer que nos activités professionnelles autour du logiciel libre, autour d’OpenStreetMap, viennent soutenir et renforcer le projet OpenStreetMap et pas du tout le phagocyter ou profiter simplement des contributions des bénévoles.
Si on crée un écosystème respectueux des valeurs et des principes qu’on a été édictés précédemment – la licence, les bonnes pratiques de contribution – alors on soutient le commun et on évite de laisser nos vies contrôlées par des géants du numérique qui, eux, n’ont pas ce souci de respect des valeurs et des utilisateurs et des utilisatrices.
Frédéric Couchet : Avant de parler des géants du numérique, tu viens de parler de la licence. Tout à l’heure, Jean-Christophe, tu l’as abordé très rapidement, Open Database License, la licence de base de données ouvertes. C’est une des rares fois, une des premières fois qu’on aborde ce sujet-là. Florian, peut-être peux-tu expliquer un peu ce qu’est que cette licence.
Florian Lainez : À la base, le projet OpenStreetMap avait la même licence que Wikipédia donc Creative Commons. Comme c’est une base de données, ce n’est pas vraiment le même droit qui s’applique, il y a eu un besoin de créer cette licence ODbL qui, dans sa philosophie, est à peu près similaire : partage à l’identique, ouverture par défaut et puis citer les auteurs, c’est vraiment quelque chose qui est commun avec la philosophie des Creative Commons. Après, les spécificités du droit liées aux bases de données s’appliquent aussi, c’est donc vraiment une licence qui est adaptée pour ça.
Cette licence est l’une des deux licences officiellement reconnues par l’État français comme open data en France, elle est donc très largement utilisée par les collectivités locales, par les administrations centrales. C’est une licence vraiment très populaire, c’est LA licence de l’open data.
Frédéric Couchet : On mettra la référence sur le site de l’émission. Un décret liste les licences effectivement autorisées en termes d’usage dans l’administration, à la fois en termes de logiciels, en termes de base de données, parce que, comme tu le dis, le droit d’auteur n’est pas le même concernant les logiciels et les bases de données.
Avant de venir sur les géants du numérique, je sais que c’est un sujet qui vous intéresse, tout à l’heure Florian disait « on est là pour favoriser, soutenir, encourager de nouvelles personnes, de nouvelles structures à se lancer dans de l’activité commerciale, professionnelle autour d’OpenStreetMap ». Jean-Christophe, au bout d’un an, avez-vous déjà eu des premiers retours ?
Jean-Christophe Becquet : Certains de nos membres sont effectivement venus nous voir, soit en nous disant « j’ai une activité autour d’OpenStreetMap, mais ce n’est pas structuré, je ne sais pas quel statut je dois adopter, est-ce que je dois être plutôt auto-entrepreneur, rejoindre une coopérative d’activités et d’emploi ou une autre forme juridique ? Comment je m’y prends pour trouver des clients, pour définir et calculer mes prix ? ». Il est arrivé, effectivement, qu’on puisse conseiller des personnes qui démarrent une activité, voire qui n’ont pas encore d’activité et qui réfléchissent. La Fédération des professionnels d’OpenStreetMap peut être un interlocuteur, peut être un soutien parce que nous sommes plusieurs à avoir une petite expérience d’activité entrepreneuriale, sous différentes formes, sous différents statuts, avec différentes typologies de clients aussi : certains d’entre nous travaillent plutôt avec des collectivités et administrations, d’autres avec le secteur privé. Le fait de pouvoir partager ces expériences avec des personnes qui souhaitent se lancer, c’est quelque chose qu’on a déjà fait et qu’on va continuer à faire.
Frédéric Couchet : D’accord. Ça arrive justement sur une question je voulais poser, que je venais juste de cocher ici, sur les typologies de clientèle que vous pouvez avoir, peut-être même en donnant des exemples si vous pouvez. Quels sont les types de structures clientes qui s’intéressent à OpenStreetMap, qui utilisent OpenStreetMap, qui font appel à des pros d’OpenStreetMap ? Florian.
Florian Lainez : C’est très varié. Les métiers sont très différents dans la base de données : il y a de l’analyse de données, de la création de données, de la maintenance de données, c’est ce qu’on fait, par exemple, chez Jungle Bus. Il y a des business modèles très différents : on a, je le disais tout à l’heure, Geovelo qui travaille sur son appli mobile, qui est utilisable pour faire des calculs d’itinéraires à vélo. Eux travaillent avec les collectivités locales, ils font du conseil, de l’accompagnement de collectivités locales. Et puis il y a des business qui sont très spécialisés sur le géocoding, sur des activités très métiers, très particulières. Le géocoding c’est rechercher une adresse, ça te trouve un point, une géolocalisation, une adresse. Tu as donc des métiers comme ça, des moteurs de recherche cartographiques : si tu cherches un lieu, ça te trouve exactement un point.
Ce sont tous des métiers très spécifiques ; il y a de l’embarqué, il y a du logiciel, il y a du développement. Tout cela ce sont des compétences que les membres de la fédé ont.
Au final, les typologies de clients sont très différentes : il y en a qui travaillent dans le tourisme, dans la mobilité, dans la tech directement. C’est vraiment très varié.
Frédéric Couchet : Avant la pause musicale, Jean-Christophe est-ce que tu veux compléter sur cette partie-là, sur la typologie des clients ?
Jean-Christophe Becquet : Peut-être donner quelques noms, à nouveau, qui peuvent parler à nos auditeurs. Dans les clients des membres de la Fédération des pros d’OpenStreetMap, on va trouver la SNCF, on va trouver Île-de-France Mobilités, on va trouver plusieurs offices de tourisme, partout en France, et des agences départementales et régionales du tourisme ; on va trouver des fédérations de professionnels d’autres domaines, notamment, par exemple, dans l’économie sociale et solidaire s’ils souhaitent faire des cartographies de leurs membres et s’appuyer sur OpenStreetMap pour cela ; on va trouver des collectivités locales de toutes tailles, des métropoles, des départements, des communes, des parcs naturels régionaux. C’est donc extrêmement diversifié à la fois dans la taille, à la fois dans la répartition géographique, à la fois dans les thématiques métiers.
C’est parce qu’on est aujourd’hui une vingtaine d’entreprises, avec des compétences complémentaires, qu’on peut adresser une telle étendue de clients.
Frédéric Couchet : OK. Merci.
On va faire une pause musicale pour respirer un petit peu. Nous allons écouter Peau Rouge par Les Gueules Noires. On se retrouve dans trois minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Peau Rouge par Les Gueules Noires.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : J’espère que vous avez dansé avec nous. On vient d’écouter Peau Rouge par Les Gueules Noires. J’ai noté une phrase à laquelle je n’avais jamais fait attention en écoutant cette chanson : « Le capitalisme a fini ce que le fascisme n’avait pas réussi ».
C’était donc Peau Rouge par Les Gueules Noires, disponible sous licence Creative Commons Attribution CC By.
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre notre discussion sur la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap avec Florian Lainez, président de la Fédération, et Jean-Christophe Becquet, vice-président de la Fédération.
Dans la chanson, on parlait de capitalisme. Je ne sais pas si vous vous considérez comme des capitalistes, ou pas. Florian.
Florian Lainez : Plutôt, oui. Dans le mouvement du Libre, il y a des tendances anticapitalistes et d’autres qui sont plutôt capitalistes. On est plutôt fièrement capitalistes.
Frédéric Couchet : D’accord. Jean-Christophe.
Jean-Christophe Becquet : En tout cas pas hostiles à la réalité économique. Je pense qu’on peut avoir une activité économique et être respectueux d’une certaine manière de produire, de consommer et de répartir l’argent.
Frédéric Couchet : C’est une belle réponse, sachant qu’on n’avait pas prévu d’aborder ce sujet-là. C’est l’écoute de la musique qui m’a fait venir ce sujet.
Juste avant la pause musicale, vous avez évoqué plusieurs fois ces fameux géants du numérique – Google, Microsoft, Apple, Amazon, etc. On a bien compris tout à l’heure, avec vos explications, que la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap c’est plutôt un réseau de PME, voire de personnes individuelles. J’ai donc envie de vous demander comment vous vous positionnez face aux géants du numérique. Florian.
Florian Lainez : Avec les géants du numérique, la position est un peu ambiguë. Dans les années 90, le problème était facile : on voulait détruire Microsoft. On faisait du logiciel libre, il y avait les méchants qui nous traitaient de communistes, c’était vraiment violent !
Le combat pour la liberté informatique et le contrôle de l’outil informatique s’est un peu diversifié. Avant on n’avait que le logiciel, maintenant on a les données, les algorithmes, il faut vraiment s’y plonger, construire des solutions pour que les gros groupes ne se les accaparent pas.
Avec la licence open data, avec l’ODbL, la porte reste ouverte et il y a vraiment une grosse implication de grands acteurs dans OpenStreetMap qui y voient, on ne va pas être naïfs, un outil pour contrer le quasi-monopole de Google Maps. Les plus grands contributeurs financiers à la Fondation c’est donc Microsoft qui vient, par exemple, de donner 150 000 euros.
On est, en fait, dans une situation qui n’est pas extrêmement claire : on essaye de créer quelque chose d’indépendant, mais on a quand même besoin du soutien des gros acteurs et puis, au final, ils sont les bienvenus, on n’a pas envie de les exclure. S’ils veulent faire de l’open data intelligemment, avec nous, ils sont les bienvenus.
Frédéric Couchet : On peut peut-être penser à la contribution d’IBM dans le noyau Linux et à d’autres grands acteurs. Juste avant de te donner la parole, Jean-Christophe, sur le salon web de l’émission – d’ailleurs vous pouvez nous rejoindre sur causecommune.fm, bouton « chat » – une personne signale que « communiste » n’est pas une insulte. C’est vrai qu’à l’époque de Microsoft c’était vu comme une insulte, notamment parce que, aux États-Unis, la principale licence du logiciel libre était vue comme un cancer par Microsoft, donc de façon négative. Évidemment que ce n’est pas une insulte d’être communiste.
Jean-Christophe, sur cette question du positionnement par rapport aux géants du numérique ?
Jean-Christophe Becquet : En écoutant la question, je réalise peut-être une erreur de vocabulaire qu’on fait quand on dit « les géants du numérique ». Est-ce que ce qui pose problème c’est tellement leur taille que leur rapport à l’éthique ?
Dans la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap, même nos membres entreprises les plus gros ne comptent effectivement que quelques dizaines de personnes. C’est donc sans commune mesure avec ceux qu’on appelle les géants du numérique.
En fait, le grief n’est pas tant leur taille que leur monopole et, surtout, leur absence d’éthique, le fait qu’ils ne sont pas respectueux des libertés des utilisateurs et des utilisatrices, qu’ils sont dans une posture de captation de l’attention, de captation des données et c’est ce contre quoi on s’insurge au sein de la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap. En fait, on défend des pratiques de l’informatique plus vertueuses et plus respectueuses des personnes.
Frédéric Couchet : Tout à fait. Dans les géants du numérique, on fait souvent référence à Google, Amazon, Facebook évidemment, mais dans votre domaine, la cartographie, il y en a un autre. Je ne sais pas si vous le traitez de géant du numérique, c’est TomTom.
Florian, Jean-Christophe, rappelez-nous ce qu’est TomTom et quel est le positionnement de TomTom par rapport, justement, à ces bases de données géographiques, notamment OpenStreetMap ?
Florian Lainez : TomTom est un groupe néerlandais qui fait de la carto, qui a changé, qui change vraiment de configuration ces dernières années. Il y a dix ans il nous disait qu’OpenStreetMap c’était vraiment horrible. Je cite, en 2012, il disait : « Malgré leurs qualités, les études récentes soulignent les défauts majeurs de la cartographie open source en particulier concernant la sécurité, la précision et la fiabilité ». C’était il y a 11 ans, sur leur site internet et ce n’est plus disponible. Nous sommes allés retrouver cette citation. Ils l’ont enlevée de leur site internet, ils ont fait un virage à 90 degrés l’année dernière, ils ont lancé ce qu’ils ont appelé TomTom V2. Pour eux, c’est vraiment un changement total et je cite encore, fin 2022, la traduction est de moi : « Utiliser OpenStreetMap est un changement de paradigme pour l’industrie. OSM est constamment mis à jour par des millions de contributeurs actifs. Cela permettra à TomTom de produire en continu la carte la plus riche, la plus à jour, la plus détaillée et la plus précise dans le monde entier. » Donc changement total, c’est vraiment un retournement complet de situation. TomTom et les gros acteurs, en fait un peu tout le monde sauf Google, j’ai l’impression, ont créé une fondation qui s’appelle Overture Maps Foundation, la fondation pour ouvrir les cartes. Ils ont créé ça l’année dernière. On a donc des interrogations sur ce qu’ils cherchent à faire avec ça. En tout cas, OpenStreetMap est une source primaire de cette nouvelle initiative.
Frédéric Couchet : Vas-y Jean-Christophe.
Jean-Christophe Becquet : C’est drôle. Tout à l’heure, on faisait écho à l’évolution de la position de Microsoft sur le système GNU/Linux, qui a commencé par le traiter de cancer avant de l’incorporer dans son système d’exploitation maison. C’est exactement la même chose qui se passe avec TomTom, entre des critiques virulentes d’OpenStreetMap en 2012 pour, finalement, venir dire que c’est une « super source » et qu’ils vont l’inclure dans leur projet. Finalement la boucle est bouclée. Le projet Overture Maps de TomTom et de quelques autres géants, dont on parle, a fait le choix de s’héberger sous l’égide de la Fondation Linux. C’est donc la même chose juste 20 ans plus tard !
Frédéric Couchet : On parlait tout à l’heure d’OpenStreetMap le Wikipédia de la cartographie, ça me fait penser aussi qu’il y a une vingtaine d’années, quand Wikipédia s’est créée, eh bien les mêmes, notamment Microsoft, disaient que jamais il ne pourrait y avoir une encyclopédie en ligne, accessible, et qu’il fallait absolument utiliser celle de Microsoft dont je ne me souviens pas du nom [Encarta]. On voit que 20 ans plus tard ça a beaucoup évolué.
Ça me fait penser à une question. J’ai plutôt l’impression que ce que veulent dézinguer ces gens-là, notamment TomTom et compagnie, c’est Google et Google Maps. Même si TomTom utilise, de ce que je comprends depuis novembre 2022, OSM comme source de ses cartes, est-ce que pour autant les services qu’il propose sont éthiques, pour reprendre les termes employés tout à l’heure par Jean-Christophe ? Qui veut réagir là-dessus ?
Florian Lainez : C’est difficile à dire. Dans Overture Maps on n’a pas que TomTom, on a AWS, donc Amazon, Bing Maps de Microsoft. En fait, c’est un peu un deal : TomTom et Microsoft vont créer des données, on va héberger tout ça sur AWS et, comme ça, les développeurs du monde entier pourront utiliser très rapidement ces données libres en continuant à passer par les services de ces entreprises. C’est un peu un couteau à double tranchant. Comment est-ce que ça va évoluer ? Aujourd’hui on n’en sait rien, on sait très peu de choses sur ça. On sait qu’OpenStreetMap devient une référence pour les données cartographiques dans le monde, on le savait déjà, c’était vraiment le cas. À part Google Maps, on a Apple Plans, on a TomTom, on a deux/trois fournisseurs de données qui étaient sérieux, mais OpenStreetMap prend maintenant un rôle qui est tout à fait majeur et on ne peut pas s’en passer : dans la majorité, dans de très nombreux services cartographiques, dans plein d’applications mobiles les données d’OpenStreetMap sont utilisées par défaut.
Frédéric Couchet : Avant de relayer une question du salon web, est-ce que tu veux réagir là-dessus Jean-Christophe, sur ma question sur TomTom et compagnie ?
Jean-Christophe Becquet : Ma posture, en tout cas, est une posture de grande méfiance. Aujourd’hui, on est plutôt en observation. Il y a eu de grosses annonces de la part d’Overture Maps, mais, pour l’instant, pas grand-chose de concret, de visible en termes de données et de services. Le point de vigilance ce sera de regarder comment ce projet est mis en œuvre, si les licences sont respectées et, même si les données restent libres, s’il n’y a pas des dispositions qui sont prises pour rendre les utilisateurs et les utilisatrices captifs, ensuite, d’un univers. Le ticket d’entrée pour rejoindre la fondation Overture Maps est d’un million d’euros, on ne parle pas vraiment de la même chose entre Overture Maps et la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap.
Frédéric Couchet : J’allais justement vous demander si vous comptiez un jour rejoindre cette fondation. Au-delà de la question éthique, j’ai la réponse économique.
Je vais relayer une question sur le salon web. D’abord merci à mmu_man qui précise que l’encyclopédie de Microsoft s’appelait Encarta, merci mmu_man. Marie-Odile demande quels sont vos interlocuteurs physiques chez les GAFAM parce que, en fait, ce sont des entités lointaines. Est-ce que vous avez des gens, chez les GAFAM, avec qui vous échangez sur ces sujets-là ?
Florian Lainez : Pas directement en France. Je vais répondre au nom de la Fédération, parce que certaines de nos entreprises ont des contacts avec, qui peuvent, potentiellement, être des partenaires commerciaux. Pour l’instant, côté Fédération française, on n’a pas de liens directs, on a peut-être un lien avec TomTom France. Pour l’instant, on attend de voir comment on pourrait travailler avec ces acteurs.
Après, je pense que la Fondation OpenStreetMap a quand même des liens assez étroits avec ces personnes qui sont des sponsors récurrents de l’événement annuel qui s’appelle le State of the Map, qui a d’ailleurs eu lieu ce week-end à Anvers, State of the Map Europe. Ce sont des sponsors récurrents.
Frédéric Couchet : Le temps avance vite quand on parle de choses intéressantes.
On va revenir sur un sujet qui a été évoqué tout à l’heure par Jean-Christophe, je crois, quand je demandais comment l’annonce de la Fédération avait été accueillie, notamment par les personnes qui agissent bénévolement autour d’OpenStreetMap. Finalement, vous représentez une fédération et des entreprises qui contribuent d’un point de vue professionnel à OpenStreetMap. Comment envisagez-vous la relation entre les personnes qui contribuent bénévolement et les personnes ou structures qui contribuent professionnellement, qui ont une activité professionnelle dans les communautés du Libre ? Quelles sont les relations ?
Florian Lainez : Déjà, il faut savoir que les deux s’interconnectent énormément. Beaucoup d’entreprises, qui sont nos membres, dans lesquelles des personnes contribuent bénévolement, et moi je suis le premier à contribuer à OpenStreetMap le soir.
Deuxièmement, c’est déjà le cas depuis longtemps : de très nombreux professionnels contribuent à OpenStreetMap, des collectivités locales, des offices de tourisme, des entreprises qui créent des données et Jungle Bus, mon entreprise, crée des données de mobilité sans avoir demandé l’autorisation à qui que ce soit : on respecte les règles d’OpenStreetMap, on est donc contributeur tout à fait légitime à ce projet. De ce point de vue-là, il n’y a rien qui change.
Notre structure vise vraiment à dynamiser, à structurer, une filière économique qui est en train d’émerger. En fait, il n’y a pas une relation directe avec les contributeurs bénévoles, c’est en parallèle. On contribue tous à OpenStreetMap en respectant le commun numérique.
Frédéric Couchet : D’accord. Jean-Christophe.
Jean-Christophe Becquet : Je pense que ce qui est important c’est qu’on puisse se parler entre contributeurs et contributrices bénévoles, passionnés, et professionnels, les professionnels ne sont pas moins passionnés d’ailleurs ! L’important c’est qu’on puisse se parler.
Je pense que ça a pas mal commencé parce que les premières discussions entre les professionnels d’OpenStreetMap qui ont abouti, comme je l’expliquais tout à l’heure, à la création de la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap ont eu lieu lors du State of the Map France, la rencontre annuelle des contributeurs et contributrices d’OpenStreetMap. On se retrouve chaque année à cet événement, nos entreprises y participent. On propose des conférences et voilà ! Je pense qu’il est important qu’un dialogue soit préservé, soit renforcé entre ces différents intervenants, ces différents contributeurs et contributrices d’OpenStreetMap.
Aujourd’hui, dans les contributeurs et contributrices d’OpenStreetMap, il y a des personnes qui contribuent à titre individuel, il y a des personnes qui contribuent au titre d’une collectivité, d’une association, d’une entreprise, de tout type, de toute taille. Il faut juste qu’on apprenne à mieux travailler ensemble. Ne perdons pas de vue notre raison d’être qui est de fabriquer une base de données géographiques, mondiale, sous licence libre.
Frédéric Couchet : Tout à l’heure, vous avez parlé de l’événement mondial autour d’OpenStreetMap, est-ce que vous êtes présents dans d’autres types d’événements, peut-être non orientés données libres ou logiciel libre, soit en tant qu’entreprise, soit en tant que fédération ?
Florian Lainez : Oui. La fédération et les entreprises essayent d’être présentes à plusieurs événements. Les entreprises ont leur propre spécialité et leur propre secteur d’activité et, en fait, elles sont déjà présentes sur ces événements spécifiques. C’est vrai que ça permet de démultiplier la bonne parole OpenStreetMap, si je puis dire, dans ces événements en particulier.
Cette année nous étions présents aux GéoDataDays, la réunion des acteurs de la carto en France, c’était vraiment un moment important.
On essaye d’être présents sur d’autres salons : il y a bientôt le salon des maires, il y a Open Source Expérience.
Frédéric Couchet : Open Source Expérience, les 6 et 7 décembre à Paris.
Florian Lainez : Tout à fait. Il y a plusieurs événements. Je n’ai plus tout en tête. Peut-être que Jean-Christophe a envie de compléter.
Jean-Christophe Becquet : Peut-être, pour compléter, dire qu’en plus des événements plusieurs membres de la Fédération font un prosélytisme actif en faveur d’OpenStreetMap. Nous sommes quelques-uns et quelques-unes à faire régulièrement des conférences. Nous sommes plusieurs à faire de l’enseignement, de la formation, c’est extrêmement bénéfique à la communauté parce que ça contribue à faire connaître le projet, à mobiliser de nouveaux contributeurs, de nouvelles contributrices et utilisateurs/utilisatrices aussi de la base de données, à générer de nouvelles initiatives, de nouvelles dynamiques. D’ailleurs, je trouve frappant et intéressant de voir apparaître aujourd’hui de plus en plus de territoires qui publient des marchés dont l’objet est de créer une dynamique autour d’OpenStreetMap sur leur territoire. Je pense, par exemple, au Parc naturel régional du Haut-Jura qui a engagé ce type de dynamique et, lors de la fête du Parc naturel régional du Haut-Jura, il y avait un stand OpenStreetMap avec des ateliers proposés pour permettre aux visiteurs de découvrir OpenStreetMap.
Notre action de communication et de sensibilisation est extrêmement diverse.
Frédéric Couchet : D’accord. Une petite question avant de passer à la partie contribution à OpenStreetMap, la motivation. Je trouve que c’est intéressant d’y passer quelques minutes, même si le temps avance vite. Est-ce que la Fédération a des objectifs de faire de la sensibilisation auprès de l’action politique ?
Florian Lainez : Ça pourrait venir. Le lobbyisme est toujours quelque chose qu’on a un peu dans l’angle de vue. Pour l’instant, c’est assez distribué. Les membres, nous, qui contribuons à cette action, la fédé n’a pas encore de grande action. Cette année, on aimerait bien expliquer mieux la licence ODbL qui est très mal comprise par beaucoup de personnes, notamment les acteurs publics. Il faut vraiment qu’on fasse un travail de pédagogie, ce qu’on a commencé à engager en traduisant : il y a une traduction en français des bonnes pratiques communautaires liées à la licence. On en train de voir, avec la Fondation, s’ils peuvent approuver la traduction en français, ce serait la première étape. Après on travaillerait, on créerait du matériel pédagogique, on ferait des événements pour vraiment expliquer cette licence, c’est le travail qu’on s’est donné en cours de cette année.
Frédéric Couchet : D’accord. On avait envisagé un sujet subsidiaire, qui n’est pas si subsidiaire que ça, on a encore quelques minutes : qu’est-ce qui pousse, finalement, et qu’est-ce qui vous pousse à contribuer à OpenStreetMap, à la fois sur du temps bénévole, on l’a bien compris, mais aussi sur du temps professionnel. Quelles sont les motivations ?
Florian Lainez : Sur le temps bénévole, ça a déjà été bien documenté par des études académiques qui ont identifié plusieurs facteurs de contribution, et je coche toutes les cases !
Le premier c’est le fun, c’est s’amuser, c’est vraiment un facteur extrêmement important. Il y a la reconnaissance par les pairs, l’accomplissement personnel, agir en cohérence avec ses valeurs, ce sont tous des facteurs qui ont été bien été identifiés. En fait, les outils qu’on a créés, dont StreetComplete, nous permettent d’aller sur le terrain et de prendre ça comme un jeu. C’est vraiment « la carte n’est pas complète à cet endroit-là… »
Frédéric Couchet : C’est une quête de mise à jour de carte, comme tu as dit tout à l’heure.
Florian Lainez : C’est ça. C’est comme Pokémon GO ! C’est le Pokémon GO des libristes.
Frédéric Couchet : D’accord. Jean-Christophe, de ton côté ?
Jean-Christophe Becquet : On peut peut-être donner quelques exemples, du coup, de motivation professionnelle à la contribution à OpenStreetMap. Pour cela, à nouveau se référer à la diversité des membres de la Fédération.
Aujourd’hui, un de nos membres accompagne les offices de tourisme à cartographier, sur leur territoire, toutes les offres d’hébergement, culturels, les services, etc. ; il fait ça en s’appuyant sur OpenStreetMap pour éviter de créer de nouveaux silos de données, pour mieux mutualiser, partager l’effort.
Un de nos membres cartographie les gares, notamment pour faire du calcul d’itinéraires pour les personnes en situation de handicap, à mobilité réduite ou déficients visuels par exemple, en ayant une cartographie de précision de l’intérieur des gares et cela se fait sur OpenStreetMap.
Pour donner un dernier exemple, il y a deux ans j’ai réalisé, dans OpenStreetMap, l’intégration des itinéraires cyclables du département des Alpes-de-Haute-Provence. Pourquoi fait-on cela ? Aujourd’hui, la plupart des applications que les personnes utilisent, lorsqu’elles se déplacent à vélo, s’appuient sur les données OpenStreetMap. Les itinéraires cyclables des Alpes-de-Haute-Provence étaient mal décrits dans OpenStreetMap, c’était donc pénalisant pour le département parce qu’il dépense de l’argent, de l’énergie pour promouvoir et entretenir ces itinéraires et, ces itinéraires n’étant pas présents dans OpenStreetMap, ils ne redescendaient pas dans les applications. La motivation c’était d’utiliser OpenStreetMap comme un diffuseur de données.
La motivation c’est, ensemble, produire et maintenir à jour des données, mettre à disposition, rendre visibles des données existantes et puis, autour d’OpenStreetMap il y a bien sûr la contribution, mais il y a aussi l’utilisation des données OpenStreetMap et ça peut être une motivation de dire « j’ai une application qui s’appuie sur les données OpenStreetMap, j’ai donc tout intérêt à contribuer pour avoir de meilleures données, donc une application plus belle, plus à jour, plus efficace. »
Frédéric Couchet : Je crois que c’est une belle explication et, en plus, on va être juste sur le timing. J’ai rajoutée, à la fin, une dernière question, je sais pas si vous l’avez vue, c’est notre question habituelle en fait. On a passé à peu près une heure ensemble, je vais vous demander quels sont les éléments clés à retenir ou les derniers messages que vous souhaiteriez faire passer, en moins de deux minutes chacun ? On va commencer par Jean-Christophe, ça permettra à Florian de se préparer.
Jean-Christophe Becquet : Je voudrais dire que des entreprises travaillent sur et avec OpenStreetMap depuis de nombreuses années. Il est possible de concilier activité économique et respect de la licence libre et des bonnes pratiques de la communauté. Ces professionnels participent au projet OpenStreetMap, le soutiennent et le renforcent, par exemple en participant à le faire connaître, à former des nouveaux contributeurs et contributrices, à améliorer encore les données et les outils qui sont souvent des logiciels libres.
Rejoignez la Fédération des professionnels d’OpenStreetMap pour contribuer, avec nous, à un monde plus libre !
Frédéric Couchet : Merci Jean-Christophe. Florian.
Florian Lainez : Après cette page de publicité, je vais peut-être dire un message un peu sur le futur de l’informatique et de l’outil informatique. J’ai l’impression qu’on arrive dans un monde où il y a de plus en plus de couches qui se superposent les unes les autres. On a des logiciels avec de l’intelligence artificielle, qui se basent sur des données, qui, elles-mêmes, se basent encore sur des sous-couches. On est en train de revoir le même système d’empilement qu’on a vu dans le logiciel, au début tu as un OS et tu finis avec du CSS [Cascading Style Sheets], c’est un peu sans fin ! Des personnes vont se préoccuper de plus en plus et uniquement du dernier du dernier étage. En fait, si les étages du dessous ne sont pas libres, on ne va pas pouvoir créer des choses super libres au-dessus.
Le futur de l’informatique est intéressant, mais il faut que le logiciel soit libre, que les données soient ouvertes, que les algorithmes soient lisibles, soient ouverts et soient compréhensibles par l’humain parce que sinon on n’arrivera à rien.
Je pense que si on reste dans des postures idéologiques et qu’on dit qu’on va faire les choses dans son coin et surtout pas interagir avec la société, ça ne va pas mener à grand-chose. Nous, au contraire, on essaye de se dire qu’on a un système qui existe, avec ses défauts, avec ses gros acteurs qui prennent toute la place, comment arrive-t-on à créer quelque chose à la fois bon pour tout le monde, d’intérêt général, et qui soit pérenne, sur lequel on puisse construire des choses à long terme, bénéfiques à tous, notamment aux utilisateurs finaux.
Frédéric Couchet : C’est une belle conclusion. Je vais citer deux sites web : fposm.fr pour Fédération des pros d’OpenStreetMap et aussi openstreetmap.org. Sachez que sur la page de l’émission on a ajouté plein de références utiles, donc je vous renvoie sur le site de l’émission, sur libreavous.org/191 ou sur la page de l’émission sur le site de la radio, causecommune.fm.
Nos invités étaient Florian Lainez, président de la Fédération des pros d’OSM, dirigeant associé de Jungle Bus, contributeur OpenStreetMap depuis 2009 et Jean-Christophe Becquet, vice-président de l’April et de la Fédération des pros d’OSM, ingénieur conseil, directeur d’Apitux, expert conseil informatique libre, open data et OpenStreetMap.
Je vous remercie tous les deux. Je vous souhaite une belle fin de journée et à bientôt.
Florian Lainez : Merci.
Jean-Christophe Becquet : Merci Fred pour cette nouvelle émission et à bientôt pour une prochaine.
Frédéric Couchet : Nous allons faire une pause musicale.
[Virgule musicale]
Frédéric Couchet : Nous allons écouter Burn par Zoo Shapes. On se retrouve dans quatre minutes. Belle journée à l’écoute de Cause Commune, la voix des possibles.
Pause musicale : Burn par Zoo Shapes.
Voix off : Cause Commune, 93.1.
Frédéric Couchet : Nous venons d’écouter Burn par Zoo Shapes, disponible sous licence libre Creative Commons Attribution, CC By.
[Jingle]
Frédéric Couchet : Nous allons passer au sujet suivant.
[Virgule musicale]
Chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture » de Marie-Odile Morandi, animatrice groupe Transcriptions et administratrice de l’April, sur le thème « L’intérêt de contribuer à des projets libres ». Chronique écrite par Marie-Odile et lue par Laure-Élise Déniel
Frédéric Couchet : Nous allons poursuivre avec la rediffusion d’une chronique de Marie-Odile Morandi. On se retrouve juste après.
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Isabella Vanni : Nous allons commencer avec une nouvelle chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture », une chronique préenregistrée, proposée par Marie-Odile Morandi, administratrice de l’April, et lue par Laure-Élise Déniel, bénévole à l’April. Le thème du jour : « De l’intérêt de contribuer à des projets libres ». On se retrouve juste après, dans environ sept minutes, en direct sur Cause Commune, la voix des possibles.
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Marie-Odile Morandi, avec la voix de Laure-Élise Déniel : Bonjour à toutes. Bonjour à tous.
Dans la présentation de la chronique « Les transcriptions qui redonnent le goût de la lecture », on entend et on peut lire qu’il s’agit de partager des coups de cœur pour mettre en valeur une ou deux transcriptions. La transcription dont je souhaite parler aujourd’hui a été un véritable coup de cœur que je souhaite donc partager.
Il s’agit de la présentation proposée par Mathieu Ferment au salon Open Source Experience, qui s’est tenu à Paris en novembre 2022, intitulée « Les contributions au logiciel libre sont-elles uniquement destinées à des fins humanistes ? » d’une durée de 47 minutes. Vous trouverez la référence sur la page consacrée à l’émission d’aujourd’hui sur le site libreavous.org. Une remarque cependant : les libristes que nous sommes regrettent que dans le discours les expressions « open source » et « logiciel libre » soient employées de façon indifférenciée ; dans cette chronique le terme « logiciel libre » sera privilégié.
Mathieu a une formation de développeur PHP et travaille actuellement pour PrestaShop, une entreprise qui édite un logiciel libre permettant de construire une boutique en ligne.
Mathieu explique que toute sa carrière s’est construite sur des projets libres : PHP, langage de programmation qui permet de produire des pages web ; Apache, logiciel de serveur web ; MySQL, système de gestion de bases de données et GNU/Linux. Il se sent donc redevable envers le monde du Libre. En contribuant, il a ainsi l’impression de redonner un peu de ce qu’il a reçu. C’est cette même raison humaniste qui pousse de nombreux développeurs et développeuses à contribuer, mais ce n’est pas la seule.
Quel moyen plus efficace, pour apprendre, que de pratiquer, c’est-à-dire écrire du code ? Dans les projets libres, les contributions qui parviennent sont revues gratuitement par les mainteneurs, les experts du projet, qui en contrôlent la qualité, échangent avec les personnes qui contribuent et leur donnent des indications en retour. Une excellente manière de s’améliorer et de se créer une réputation ; les développeurs et développeuses en recherche d’emploi mentionnent ces contributions sur leur CV, contributions qui sont attentivement regardées par les recruteurs.
Cependant, souvent par manque de temps disponible, ces contributions, faites de façon bénévole et à titre individuel, risquent de ne pas être régulières dans le temps et de ne pas aboutir de façon sérieuse.
Il est donc important que ce soient les entreprises qui contribuent, c’est-à-dire qui missionnent certains de leurs salariés, sur leur temps de travail rémunéré. Il faut donc convaincre les entreprises de contribuer, participation salariée et participation bénévole restant, certes, complémentaires.
L’objectif d’une entreprise est de gagner de l’argent, de faire du profit, il faut donc s’adresser à elle en termes économiques. Mathieu Ferment va démontrer pourquoi les contributions au Libre sont très intéressantes économiquement pour les entreprises et représentent des investissements durables.
Un développeur qui construit une solution logicielle, une application, ne crée pas tout ce dont il a besoin ex nihilo. Il utilise des librairies libres, certes gratuites, mais ont-elles un support ? Bénéficient-elles d’une maintenance ? En cas de bogue dans le produit fini, si, en analysant ce bogue, on découvre qu’il provient de l’une de ces librairies, il va falloir exécuter des corrections, peut-être de façon précipitée, puis maintenir cette librairie, voire faire des montées de version, et cela aura un coût pour l’entreprise, d’autant plus si ce code est critique et que les problèmes engendrés lui font perdre de l’argent.
À partir du moment où ce code est nécessaire à l’entreprise pour son activité, Mathieu Ferment lui conseille de le traiter comme si c’était son propre code, ce qu’il est devenu puisqu’il tourne dans son application.
L’entreprise doit en prendre soin, donc contribuer, afin d’assurer sa survie, mais aussi afin qu’il progresse.
Avant d’être acceptée, une contribution passe devant un processus qualité qui n’existe peut-être pas en interne dans cette entreprise. Lorsque le changement de code est validé, les mainteneurs en acceptent aussi le fardeau de la maintenance qui vient avec : d’autres développeurs vont donc maintenir ce code en échange de l’avoir donné au projet. Ainsi, en contribuant, l’entreprise bénéficie des processus de qualité et de maintenance et ceci gratuitement ! Pour un entrepreneur, ce n’est que du bonheur, affirme Mathieu Ferment.
Avec ce mécanisme, vu que les contributions de toutes les entreprises sont mises en commun, chaque entreprise peut, en plus, récupérer l’intégralité du travail des autres. Ce qu’elle a investi est ainsi démultiplié, donc économiquement, là encore, c’est très intéressant pour son budget.
Les entreprises qui contribuent ne le font pas par bonté d’âme. En contribuant, en faisant du code, leurs développeurs et développeuses interagissent avec d’autres personnes, deviennent peut-être des mainteneurs, font de la revue de code puis participent à la gouvernance du projet. Du coup, une telle entreprise acquiert une légitimité et une expertise qu’elle peut monétiser. En affirmant « je connais très bien le domaine, je suis un expert », elle pourra vendre son propre produit plus cher que ses concurrents !
Quand les développeuses et développeurs s’investissent, contribuent régulièrement à un projet libre qui est nécessaire à leur entreprise, au fur et à mesure elles et ils commencent à être connus, à faire partie de la communauté. Il est alors courant qu’on leur demande de faire partie du groupe de mainteneurs de ce projet libre. Si certains de ses salariés endossent ce statut de mainteneur, l’entreprise acquiert une sorte de pouvoir d’influence, est en capacité d’orienter la direction que prend ce projet. Cela devient très intéressant, d’autant plus si ce projet est un projet critique pour elle. Encore une raison très importante, pour les entreprises, de contribuer au Libre.
Certes, comme dans tout groupe d’humains qui travaillent ensemble, comme dans toute gouvernance de projet, des désaccords existent. Mathieu affirme que le jeu en vaut la chandelle, c’est-à-dire que les avantages et les intérêts dépassent largement ces petits tracas.
Développeuses et développeurs, n’hésitez pas à participer à des projets libres à titre individuel. Cependant, comme le suggère dans cette conférence de Mathieu Ferment, dont nous vous conseillons de lire, voire relire la transcription, convaincre les entreprises de donner à leurs salariés des missions pour contribuer à des projets libres, sur leur temps de travail, permettra d’obtenir des contributions plus régulières, plus poussées et pérennes dans le temps. Objectif noble que de préserver et améliorer l’ensemble de l’écosystème du patrimoine commun logiciel libre.
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Isabella Vanni : C’était une nouvelle chronique de Marie-Odile Morandi, lue par Laure-Élise Déniel. Je vous invite vraiment, si cela vous a inspiré, à aller regarder aussi la source de cette transcription.
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Frédéric Couchet : Nous sommes de retour en direct ce 14 novembre 2023.
Nous approchons de la fin de l’émission, nous allons terminer par quelques annonces.
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Quoi de Libre ? Actualités et annonces concernant l’April et le monde du Libre
Frédéric Couchet : Comme chaque premier vendredi du mois, la radio vous propose une soirée-radio ouverte dans les studios de la radio, au 22 rue Bernard Dimey dans le 18e à Paris. La prochaine aura lieu le vendredi 1er décembre 2023 à partir de 19 heures 30.
Plus proche de nous, en fin de semaine, les 18 et 19 novembre 2023, l’April sera présente à Capitole du Libre à Toulouse, l’un des événements les plus importants dans le monde du logiciel libre francophone. Nous aurons un stand et notre présidente, Bookynette, qui est actuellement à la régie, donnera deux conférences, donc à Toulouse, dans le cadre du Capitole du Libre.
La semaine suivante, le samedi 25 novembre 2023, de 14 heures à 19 heures à Marseille, il y aura une install-partie de systèmes d’exploitation libres.
Le 24 octobre, à Vernon, en Normandie, il y aura une fête d’installation et d’aide à la résolution de petits problèmes informatiques.
Ensuite, le prochain gros évènement, en a parlé tout à l’heure dans l’émission dans le sujet principal, c’est Open Source Expérience à Paris les 6 et 7 décembre 2023. Nous aurons également un stand et nous donnerons aussi une conférence, c’est ma collègue Isabella Vanni qui donnera une conférence. Vous retrouverez les références sur le site de l’émission du jour, libreavous.org/191 ou sur le site de la radio, causecommune.fm
En parlant de la radio, j’insiste un petit peu, mais la période est difficile pour la radio et nous avons besoin de vous.
Comme je vous le disais en début d’émission, la radio fonctionne grâce à l’engagement de bénévoles, sans aucune personne salariée, mais a bien sûr des frais de fonctionnement, ne serait-ce que le studio, la diffusion en FM et en DAB+. Une subvention qui tarde à arriver, c’est la seule que la radio sollicite, celle du ministère de la Culture via le fonds de soutien à l’expression radiophonique ; la radio refuse d’avoir recours à d’autres subventions, notamment locales et régionales, pour garder sa liberté de parole et liberté éditoriale. Malheureusement, une augmentation progressive des charges, ces deux dernières années, a eu raison de la trésorerie de la radio en attendant le versement de la subvention attendue.
Cause Commune fait donc face, actuellement, à de gros soucis pour payer les factures de fin d’année et de début d’année 2024.
Nous vous encourageons donc, si vous le pouvez, à faire un don pour permettre à la radio Cause Commune de continuer à exister et, incidemment, pour nous permettre de continuer à vous proposer notre émission sur les libertés informatiques auprès d’un très large public.
Pour nous aider, rendez-vous sur le site causecommune.fm et cliquez sur le bandeau d’appel à dons. L’émission va se terminer dans quelques instants, vous pourrez le faire juste après. Merci à vous et, si vous ne pouvez pas faire un don, vous pouvez aussi relayer la campagne.
Notre émission se termine.
Je remercie les personnes qui ont participé à l’émission : Isabelle Carrère, Florian Lainez, Jean-Christophe Becquet, Marie-Odile Morandi, Laure-Élise Déniel.
Aux manettes de la régie aujourd’hui, Magali Garnero.
Merci également aux personnes qui s’occupent de la post-production des podcasts : Samuel Aubert, Élodie Déniel-Girodon, Lang1, Julien Osman, bénévoles à l’April, et Olivier Grieco, le directeur d’antenne de la radio.
Merci également à Quentin Gibeaux, bénévole à l’April, qui découpe le podcast complet des émissions en podcasts individuels par sujet.
Vous retrouverez sur notre site web, libreavous.org, toutes les références utiles ainsi que sur le site web de la radio, causecommune.fm.
N’hésitez à nous faire des retours pour indiquer ce qui vous a plu, mais aussi des points d’amélioration. Vous pouvez également nous poser toute question et nous y répondrons directement ou lors d’une prochaine émission. Toutes vos remarques et questions sont les bienvenues à l’adresse contact chez libreavous.org.
Nous vous remercions d’avoir écouté l’émission. Si vous l’avez aimée, n’hésitez pas à en parler le plus possible autour de vous. Faites également connaître la radio Cause Commune, la voix de possibles et, si vous pouvez, n’hésitez pas à faire un don.
La prochaine émission aura lieu en direct mardi 21 novembre à 15 heures 30. Le sujet principal sera animé par mon collègue Étienne Gonnu qui vous donne rendez-vous au Café libre avec sa brochette de libristes qui discuteront de l’actualité du logiciel libre.
Nous vous souhaitons de passer une belle fin de journée. On se retrouve en direct mardi 21 novembre et d’ici là, portez-vous bien.
Générique de fin d’émission : Wesh Tone par Realaze.